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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

28 mars 2006 2 28 /03 /mars /2006 10:42
Démystifier la stratégie de Lisbonne

Déclinées selon le principe de subsidiarité  par chaque pays membre, les « réformes structurelles » recommandées fixent l’objectif d’adapter les marchés du travail pour de faire entrer l’Europe dans l’ère de « l’économie de la connaissance ».

On pouvait imaginer que l’entrée dans l’ère des nouvelles technologies nécessitait un investissement fort et coordonné des puissances publiques européennes. Cette idée triviale aurait pu conduire à écarter les dépenses d’investissement du calcul des déficits publics, voire à accroître les ressources du budget communautaire. Aucunement ! La stratégie de Lisbonne est bel et bien une stratégie néo-libérale centrée « sure l’offre ». Elle déclare sa foi en la volonté des firmes ouvertes à la concurrence libre et non faussée, privatisées et sous emprise des fonds de pension, à piloter le devenir de la politique industrielle européenne. Il resterait aux travailleurs à « adapter leur offre » sur un marché du travail débarrassé de ses « rigidités ». Les quatre lignes directrices de la stratégie de Lisbonne préconisent ainsi :
. Des « allègements de charges fiscales et sociales » pour favoriser la rentabilité nécessaire à l’investissement dans la « nouvelle économie »,
. Une plus grande « fluidité du marché du travail» pour favoriser la mobilité des travailleurs vers les nouveaux secteurs à l’issue des restructurations,
. Une « réforme des systèmes d’indemnisation chômage » pour « inciter les chômeurs à la  reprise d’emploi », ce qui sous-entend une réduction de la durée et du montant des indemnités,
. Le « suivi des parcours professionnels » en contrepartie des indemnités perçues, afin d’améliorer le « capital humain » des travailleurs licenciés, appelés à se « former tout au long de leur vie » pour s’adapter à la nouvelle économie.

Les promoteurs de tous poils de la flexisécurité persévèrent à présenter la stratégie de Lisbonne comme étant compatible avec une approche progressiste des politiques de l’emploi. Elle considère pourtant les travailleurs comme des malades à soigner au point qu’une « sécurité sociale professionnelle » soit désormais proposée pour couvrir le risque qu’ils courent d’être « inemployables », mal formés, inadaptés à « l’économie de la connaissance ». Elle sous-entend que la cause essentielle du chômage relève d’un problème « d’appariement » entre l’offre et la demande de travail, les chômeurs-offreurs étant munis d’un « capital humain » insuffisant. L’activation des dépenses passives signifie que le droit aux indemnités chômage (relevant traditionnellement de la dépense passive) est dès lors assorti de l’obligation d’accepter formations et emplois proposés par les agences pour l’emploi. Mais en aucun cas, les travailleurs ne sont perçus comme les victimes d’un système économique extrêmement profitable, mais qui s’avère incapable de stimuler l’investissement, la consommation et l’emploi. En culpabilisant les chômeurs, suspectés de « profiter » des allocations chômage sans chercher à améliorer leur « capital humain », la stratégie de Lisbonne finira par lutter contre les chômeurs et non contre le chômage, comme l’expérimente déjà le plan Hartz IV en Allemagne !

En France, les propositions du rapport Cahuc-Kramarz sont abondamment citées au titre des alternatives possibles au CPE-CNE. Leur prise en compte par la gauche parachèverait l’entreprise de destruction du code du travail, amorcée par la droite. La proposition centrale du rapport est la fusion des contrats de travail en un contrat unique, assorti de la liberté totale de licencier moyennant le paiement d’une taxe pour financer la « sécurité sociale professionnelle ». Or dans le droit du travail qui fait du CDI le pivot de l’intégration sociale, il existe déjà un certain nombre de dispositions permettant aux entreprises d’user de « souplesse » : les CDD, le recours à l’intérim, mais aussi au travail saisonnier et intermittent est prévu et encadré. Le droit à la formation existe également et mérite d’être étendu. L’amélioration du suivi des chômeurs par le service public de l’emploi est naturellement souhaitable. C’est l’application stricte de la loi qui, seule, permet de limiter le recours abusif aux contrats précaires, lorsqu’ils ne sont pas motivés. La liberté de licenciement moyennant taxation est une « externalité » qui sera très vite intégrée par les entreprises dans leur « calcul d’optimisation », a-fortiori lorsque les profits sont assurés par la flexibilité de l’emploi, des salaires et la mise en concurrence des salariés au pouvoir de négociation fragilisé.

Le « retrait du CPE !» n’est pas seulement un mot d’ordre tactique. Il est nécessaire pour retirer le pied mis par la droite dans la porte d’un droit du travail qui s’avérait parfaitement compatible avec le plein-emploi et la cohésion sociale.

 

Liem Hoang Ngoc

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