Taxé de parti de la «gau-gauche» coûteuse par l’ADQ et de suppôt de la droite par Québec solidaire, le Parti québécois est plutôt «à la bonne place» parce qu’il possède la «meilleure synthèse», a soutenu André Boisclair, hier en soirée, de passage dans son ancienne circonscription de Gouin.
L’ancien chef Jacques Parizeau, en après-midi dans Laprairie, a déclaré que le PQ restait le parti le plus progressiste dans notre société. Plus tôt, la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David avait soutenu le contraire : «Le PQ n’est plus progressiste depuis longtemps, ce sont ses dirigeants de droite qui m’ont conduit à faire de la politique» pour défendre des idées de gauche, a-t-elle déclaré. «Le mot progressiste sonne faux dans la bouche de monsieur Boisclair» a pour sa part affirmé l’autre porte-parole, Amir Khadir.
Au chef adéquiste Mario Dumont, qui a violemment pris à partie le PQ pour son «virage à gauche», le qualifiant de «gau-gauche», André Boisclair a répondu qu’en voulant abolir les commissions scolaires et les conseils d’agglomération, Mario Dumont «casserait le Québec en 2», créerait des îlots d’égoïsme et «des écoles de riches pour des gens qui vivent dans des villes riches».
Le «vote ethnique» se diversifie
lundi 19 mars 2007 - cyberpresse.ca - Mario Girard
En déclarant le soir du référendum de 1995 que le «vote ethnique» était en partie responsable de l'échec du oui, Jacques Parizeau avait lancé une véritable polémique. Mais, du coup, il a suscité une importante réflexion sur le comportement électoral des groupes ethnoculturels. Au cours de la dernière décennie, le vote des immigrés s'est diversifié.
«Même s'il a été politiquement incorrect, Jacques Parizeau avait raison, dit Carolle Simard, professeure au département de science politique de l'UQAM. Cela dit, les choses ont changé depuis.»
Une croyance veut que les communautés culturelles votent massivement pour le parti le plus fédéraliste. «Il est vrai que, au Québec, les membres des groupes ethnoculturels ont longtemps favorisé le Parti libéral, dit Carolle Simard. Ce comportement est maintenant différent.»
Samir Georges Moukal, spécialiste du comportement électoral des communautés ethnoculturelles au département d'histoire, de sociologie et de politique de l'UQAM, observe lui aussi une diversification des votes. «Le regard est plus réfléchi, dit-il. Les immigrés ne représentent pas qu'une seule voix. C'est fini, cela.»
Salam Elmenyawi est président du Conseil musulman de Montréal, qui regroupe environ 175000 membres. Il affirme qu'on ne peut plus parler d'un vote monolithique. «Oui, ils ont encore des craintes, celle de perdre des droits. Mais je remarque qu'il y a une plus grande liberté dans les choix.»
Les candidats qui se battent actuellement pour obtenir un siège auraient tort, selon Carolle Simard, de ne pas tenir compte de ces changements. «Les immigrés me disent qu'on tient trop souvent leur vote pour acquis. Et ils détestent cela.»
Le récent scandale des commandites et le débat sur les accommodements raisonnables ont contribué à modifier la perception des électeurs d'origine étrangère. «M. Dumont a peu de chances d'aller chercher le vote des immigrés», dit M. Moukal, qui croit par ailleurs que la question de l'immigration occupe peu de place dans l'actuelle campagne.
Il est difficile, voire impossible de décortiquer les choix politiques des immigrés. «On sait peu de choses là-dessus à part que les Haïtiens sont les plus susceptibles de faire un vote souverainiste», dit Mme Simard.
«Je remarque que les immigrés francophones ont plus de chances d'être charmés par le PQ», ajoute de son côté M. Moukal.
Ce qui semble plus clair, c'est que les immigrés s'intéressent de plus en plus à la politique québécoise. «Je ne sais pas ce qui se passe avec l'actuelle campagne, mais les gens de la communauté haïtienne en parlent beaucoup, dit Jean-Ernest Pierre, directeur de Radio-Union. On fait des tribunes téléphoniques et on entend des discussions passionnées de la part de partisans du PLQ, mais aussi du PQ et de l'ADQ.»
Études à l'appui, les électeurs appartenant aux groupes des minorités visibles sont moins nombreux à s'inscrire sur les listes électorales que les autres. «Dans tout le processus d'intégration pour un immigrant, la participation à la vie politique est la dernière étape, explique Carolle Simard. On peut en déduire que, lorsqu'il vote ou discute de la politique de son pays d'adoption, il se sent pleinement intégré.»
Même si le «vote ethnique» est de plus en plus diversifié, les immigrés continuent de craindre les partis qui symbolisent le conflit. «C'est normal que certains aient peur du projet souverainiste, dit Carolle Simard. Plusieurs quittent des situations difficiles. Ils viennent ici pour trouver la quiétude. Ils sont admiratifs face à notre démocratie. Peut-être est-ce trop leur demander ?»
Le mérite d'un règlement au déséquilibre fiscal revient aux souverainistes
Le chef péquiste André Boisclair a avancé que si le budget fédéral de lundi règle le déséquilibre fiscal, le crédit en reviendra aux souverainistes qui ont lutté pour cet enjeu durant des années.
Il a même ajouté que la résolution du déséquilibre fiscal favorisera la souveraineté.
En point de presse dans un théâtre de Montréal dimanche pour souligner l'entrée en vigueur de la Convention sur la diversité culturelle de l'UNESCO, le leader souverainiste a voulu répliquer à la déclaration du ministre fédéral de l'Industrie, Michael Fortier. Ce dernier a expliqué qu'Ottawa réglera le déséquilibre fiscal lundi à la satisfaction du Québec et que le mérite revient au chef libéral Jean Charest.
«Le mérite revient aux souverainistes», a plutôt plaidé M. Boisclair en citant la bataille du chef bloquiste et allié Gilles Duceppe en Chambre des communes sur le sujet, le rapport de la commission Séguin, ainsi que Bernard Landry. Du temps où il était ministre des Finances, M. Landry avait fait valoir l'enjeu auprès de ses homologues provinciaux.
«C'est parce que les souverainistes ont fait des pressions que M. Harper a pris ce genre d'engagement. Nous allons récolter le fruit de mois de travail, d'années de travail, s'il y a un règlement. Reste à voir s'il est satisfaisant.»
André Boisclair ne se satisfera du budget fédéral de lundi que s'il comporte non seulement une solution financière, mais aussi une dévolution fiscale pour régler en permanence le déséquilibre fiscal.
«Au delà d'un règlement «monétaire» (sic), nous sommes à la recherche d'un règlement fiscal, parce que s'il y a une entente qui est signée et si c'est à recommencer dans 3 ans ou 5 ans, on n'a rien réglé.»
Il a rappelé que le règlement du déséquilibre fiscal est fixé par le Conseil de la fédération à 3,9 milliards $ supplémentaires accordés au Québec. Mais il réclame également le transfert de points d'impôt pour assumer de façon permanente les responsabilités financières de l'État québécois.
M. Boisclair s'est demandé si le premier ministre conservateur Stephen Harper tiendra sa promesse de régler ce contentieux financier.
«Le jour où il (le gouvernement fédéral) règle la question, nous serons les premiers contents, a-t-il maintenu, en se défendant de placer la barre trop haute. On sera juste mieux placé pour faire la souveraineté du Québec. (...) On aura encore plus de moyens pour la faire, encore plus de responsabilités, encore plus d'outils pour construire ce pays.»
Selon lui, le problème de fond demeure le même : «Nous nous sommes fait imposer il y a 25 ans par le peuple canadien une Constitution qui a été rejetée par le quart de la population canadienne, à savoir nous les Québécois.»
Enfin, il n'a pas manqué aussi de décocher une flèche à l'endroit du chef adéquiste Mario Dumont, qui a appuyé le budget de lundi avant même d'en avoir pris connaissance.
«Ce qui est clair, c'est qu'il y a de la confusion chez les fédéralistes; nous, on parle d'une même voix», a-t-il assuré. Il a précisé plus tard que les bloquistes de Gilles Duceppe travaillaient de concert avec le PQ sur cette question, mais il a refusé de s'avancer sur la stratégie d'adoption ou d'opposition au budget.