Lia Lévesque et Karine Fortin - cyberpresse.ca - Ottawa - jeudi 22 mars 2007
Les conservateurs qui menaçaient de ne pas négocier avec un éventuel gouvernement souverainiste ont reculé devant le tollé provoqué par leurs déclarations et promettent désormais de respecter le résultat des élections de lundi.
Le premier ministre Stephen Harper étant absent de la Chambre des communes, c'est son lieutenant québécois Lawrence Cannon qui a répliqué jeudi au Bloc québécois qui exigeait des excuses pour la «grossière ingérence» du fédéral dans la campagne électorale québécoise.
«Je tiens à rassurer mon collègue que, de ce côté-ci de la Chambre, il est bien évident que nous allons respecter le choix des Québécois, lundi soir prochain», a déclaré le ministre des Transports à la période des questions.
Juste avant, M. Cannon avait assuré que le gouvernement allait continuer à réformer le fédéralisme «de façon à ce que le Québec, encore une fois, puisse être renforcé à l'intérieur d'un Canada fort et uni».
Pour le chef bloquiste Gilles Duceppe, les conservateurs n'avaient pas le choix de reculer, après avoir été dénoncés non seulement par le péquiste André Boisclair, mais aussi par le chef adéquiste Mario Dumont et par le premier ministre sortant Jean Charest.
En anglais, il a souligné que le chef du gouvernement canadien pouvait avoir une préférence, mais qu'il était de son devoir de discuter avec les élus, quelle que soit leur allégeance politique.
M. Duceppe considère que le Premier ministre a manqué de courage en ne revenant pas lui-même sur ses propos controversés de la veille. Il estime que les déclarations de mercredi sont une preuve que la campagne électorale québécoise rend M. Harper très nerveux.
Nuances de Fortier
Les déclarations de Lawrence Cannon en Chambre diffèrent sensiblement de celles de son collègue des Travaux publics, Michael Fortier. En matinée, celui-ci avait cherché à atténuer l'ampleur des propos de son chef au sujet de la campagne électorale québécoise en soutenant que rien de ce qui avait été dit ne pouvait représenter une surprise.
Le ministre Fortier assistait jeudi à Montréal à l'allocution que prononçait M. Harper au salon des technologies environnementales Americana. Le premier ministre n'a pas rencontré les journalistes après l'événement.
Mercredi après-midi, M. Harper avait déclaré à Ottawa qu'il était «nécessaire» d'avoir un gouvernement fédéraliste au Québec afin de négocier avec le gouvernement fédéral sur un éventuel transfert de points d'impôt ou une limite au pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence provinciale.
«Quand on est un parlementaire à Ottawa, c'est parce qu'on croit au Canada», qu'on veut faire progresser le pays, a insisté M. Fortier, qui ne voyait rien d'étonnant dans les propos du Premier ministre.
«Pour faire avancer le Canada, pour parler de fédéralisme d'ouverture, il est normal qu'il faille que les gens qui sont assis à la table soient des gens qui croient au Canada. C'est du sens commun», a encore commenté le ministre fédéral des Travaux publics.
Lui qui est également responsable de la région de Montréal a ajouté : «Je suis Québécois et personne ne m'a dit pour qui voter».
M. Fortier a également rejeté l'idée que le budget du ministre des Finances Jim Flaherty, déposé à une semaine du scrutin québécois et réglant en bonne partie la question du déséquilibre fiscal, constitue une ingérence dans la campagne électorale québécoise.
«La seule ingérence que je vois dans ce budget, c'est une ingérence positive pour les familles, pour tous les Canadiens et pour les provinces», a-t-il répliqué.
Il a également relevé le fait que le chef bloquiste Gilles Duceppe faisait campagne aux côtés d'André Boisclair sans que personne ne s'en émeuve.