Hier soir, se tenait à Gonesse le conseil fédéral du PS Val-d'Oise. Nous avions le plaisir de recevoir en première partie de réunion Jean-Paul Huchon, Président du conseil régional d'Île-de-France, et Emmanuel Maurel, vice président, qui faisait là ses adieux socialistes à sa vice présidence pour se mettre en conformité, une fois le budget de la région votée, avec ses convictions sur le non cumul des mandats. Nous avons eu doublement du plaisir, puisque le président du conseil régional a réclamé plus d'équilibre dans la politique menée par le gouvernement, histoire de ne pas totalement désespérer les électeurs socialistes et permettre aux collectivités territoriales de conduire leurs missions. Il donnait d'autant plus de force à cette demande qu'il revendiquait un bilan de gauche à la tête de la région, un bilan d'actions acquis grâce à une majorité de gauche rassemblée dans toutes ses composantes. Comme quoi c'est possible.
Evidemment ce point de l'ordre du jour nous a conduit au-delà de 23 heures et j'ai dû rogner sur l'intervention que j'avais prévue ; je la restitue donc ci-dessous en intégralité.
Avant d'aborder les élections départementales, je souhaite faire quelques remarques sur la situation politique. Ce week-end avait lieu une élection législative partielle dans une circonscription il est vrai difficile, puisqu'il s'agissait de celle que François Baroin a abandonné pour rejoindre le Sénat. Mais cette partielle, comme les précédentes qui se sont accumulées depuis 2012, apporte des enseignements graves : le candidat socialiste, notre candidat recueillait 29% des suffrages en juin 2012, il n'en recueillait plus que 14,5% dimanche soir, il est éliminé, le second tour verra s'affronter à nouveau FN et UMP.
Election après élection, les résultats se confirment et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les mêmes causes produisent les mêmes effets : les électeurs socialistes votent avec les pieds.
J'ai bien lu que certains - le député PS du Val-d'Oise Dominique Lefebvre n'ayant rien trouvé de mieux dimanche soir que d'agresser publiquement sur twitter le Président du conseil général et ancien député de l'Essonne Jérôme Guedj - n'avaient aucune retenue et tentaient d'écarter la responsabilité collective des socialistes au pouvoir pour la rejeter toute entière sur les camarades qui proposent - oui proposent - un changement de politique économique.
Qui peut sérieusement penser que les électeurs socialistes de l'Aube auraient déterminé leur choix, leur désaveu sur autre chose que leur déception, leur désaccord avec une politique gouvernementale, qui ne porte pas de fruits, qui est même contre-productive en termes d'activité économique et d'emplois, une politique qui est en décalage pour rester poli avec nos engagements de campagne ? Ce désaveu a commencé dès les premiers mois du quinquennat, dès les premiers accrocs à nos engagements, avant même que les voix "dissidentes" se soient faites entendre. Il a été immédiat et brutal dès les premières partielles, mais la défaite serait donc à mettre à la charge de la gauche - au sens très large - du PS... La politique raconté aux télétubbies...
Voilà donc le climat politique qui va encadrer notre prochaine campagne, et pour revenir sur l'intervention de Jean-Paul Huchon, nous devons au minimum exiger du gouvernement que des signes forts soient donnés pour les électeurs puissent à nouveau considérer que voter PS, cela a un sens :
- ne pas donner l'impression une nouvelle fois que l'on cède devant les exigences du MEDEF, car depuis le début du quinquennat seul ce camp social semble avoir l'oreille du gouvernement, quand les salariés encaissent tout à la fois la menace accrue du chômage, la dégradation de leurs conditions de travail et celle du pouvoir d'achat. C'est pourquoi je suis convaincu que le PS et les parlementaires de la majorité de gauche peuvent et surtout doivent rejeter le projet de loi qui sera présenté mercredi - et qui une nouvelle fois ne fait que répondre aux vieilles lunes du patronat - sous peine de voir une nouvelle frange de notre électorat s'éloigner de nous ;
- Nous devons également exiger de sortir de la logique folle qui fait supporter aux collectivités locales une baisse excessive des dépenses publiques, dont non seulement elles ne sont pas responsables du déficit et de la dette, et qui aujourd'hui les empêchent d'assumer correctement leur rôle auprès des habitants : le Département est censé agir pour les plus faibles, pour les familles, ses investissements remplissent les carnets de commandes des PME. Car les collectivités locales font 66% des investissements publics, baisser les dotations c'est donc affaiblir l'activité économique.
Le budget n'est pas encore définitivement voté, incitons donc nos parlementaires à un sursaut pour nous donner les moyens d'agir de faire campagne dans des conditions à peu près normales.
J'en viens à la question des accords avec nos partenaires politiques : je le redis, et je l'ai fait plusieurs en conseil, en bureau fédéral, au sein de la commission électorale, nous n'aurons aucun accord ni départemental (le PCF et EELV n'en veulent pas c'est donc réglé) ni même local sans aborder les questions de fond, dont font partie la question du financement des collectivité locales et le périmètre du département du Val-d'Oise sur lequel planent les nombreux risques engendrés par la réforme territoriale. Je ne connais pas d'élu communiste ou écologiste qui accepterait de discuter avec nous pour un accord local, sans que ces questions soient traités dans la discussion et soient donc abordées durant la campagne.
Par contre, je le redis à nouveau il n'est pas non plus possible de tomber dans des marchés de dupes, que certains ont proposé : on ne fait pas d'accord départemental, on ne discute de rien, mais on ne présente pas de candidat ici contre vous, vous ne présenterez pas de candidats là. Un tel gentleman agreement serait fondé sur du sable, il évite toutes les questions qui nous exploseraient à la figure durant la campagne, il empêcherait de porter notre discours socialiste - pas gouvernemental, socialiste - sur un canton entier ! Croyez-vous sérieusement un seul instant qu'une telle combinazione amenérait les électeurs communistes à voter pour les candidats socialistes sur le canton où le PCF se serait effacé ? Croyez-vous un seul instant par ailleurs que cela vous protège d'une éventuelle candidature Front de Gauche sur ce même canton ?
Je suis contre tout montage bancal, certains membres de ses instances refusaient même l'idée de construire un ticket d'union dans un ou plusieurs cantons si c'était pour avoir des candidatures communistes opposées ailleurs dans le département ; a contrario, j'aurais là plutôt choisi l'efficacité politique qui nous aurait permis d'espérer un ou une conseiller(e) départemental(e). N'ayant pas eu de réponse claire à ce sujet je ne voterai pas pour donner la complète latitude à la direction fédérale pour boucler les négociations avec les partenaires.
Frédéric FARAVEL
mandataire fédéral de la motion 3
membre du bureau fédéral du PS95