"Le mouvement ouvrier d'aujourd'hui, sa fatigante lutte économique de tous les jours, son organisation de masse [on aimerait bien], sont basés sur la collaboration de tous les pays de la production capitaliste. Si la phrase a de la valeur, que ce n'est que sur le terrain d'une vie économique saine, au pouls puissant, que la cause des ouvriers peut prospérer, elle ne vaut pas seulement pour l'Allemagne, mais aussi pour la France, l'Angleterre, la Belgique, la Russie, l'Italie. Et si le mouvement ouvrier de tous les pays capitalistes d'Europe est en état de stagnation, s'il y existe de bas salaires, de faibles syndicats, une force minime de résistance des exploités, le mouvement syndical ne peut - c'est impossible - être florissant en Allemagne. De ce point de vue, que le capitalisme allemand soit renforcé aux dépends du capitalisme français ou le capitalisme anglais [ou américain] aux dépens du capitalisme allemand, c'est la même perte, en fin de compte, quant à la situation du prolétariat dans sa lutte économique."
Rosa Luxemburg, 1915, dans La crise de la social-démocratie