Invité de Jean-Pierre Elkabbach à répondre à Christian Estrosi qui l'avait cité en référence comme un ministre qui avait cumulé des fonctions au sein d'un parti, l'ancien premier Ministre Lionel Jospin a tenu à infirmer ces mises en cause, dénonçant sous le règne de Sarkozy les relations incestueuses entre les politiques et le grand pouvoir financier.
La veille sur la même antenne, en mauvais camarade, c’est peu dire, Christian Estrosi a « balancé » les noms de Juppé et Jospin, anciens premiers ministres présumés cumulards eux-mêmes de fonctions gouvernementales et au sein de leur parti.
Le sang de Jospin n’a fait qu’un tour : « l’intervention de Monsieur Estrosi est faite pour créer une idée d’équivalence. « Tous pareils », en somme. Or, c’est totalement faux pour ce qui concerne les socialistes ».
Et Lionel Jospin d’énumérer point par point sa carrière : « Quand François Mitterrand me demande d’être premier secrétaire, il me dit « vous ne serez pas au gouvernement et durant le premier septennat, je ne serai pas au gouvernement». Quand je rentre au gouvernement, lors du second septennat, en 1988, je démissionne immédiatement de mon poste de premier secrétaire du PS» a précisé l’ancien ministre de l’Education nationale. « Même chose en 1997 quand je gagne les législatives, je démissionne et François Hollande prend ma place au parti. Et jamais un trésorier du PS depuis 30 ans n’a été membre du gouvernement ».
Lionel Jospin estime qu’il y a « entre les dirigeants d’aujourd’hui, le président et les membres du gouvernement, une promiscuité trop grande entre le pouvoir politique et le pouvoir de l’argent, les milieux d’affaires et les grandes fortunes ». En référence à Lévi-Strauss, l’ancien premier ministre évoque une relation « presque incestueuse, loi universelle qui devrait s’appliquer aux relations entre les politiques et le grand pouvoir financier ».
Pour un retour à des règles saines entre politiques et puissances financières
Sans aller jusqu’à reprendre les mots de Ségolène Royal qui évoquait la « corruption d’un système », Jospin continue à appuyer là où ça fait mal, distinguant les conditions d’exercice du pouvoir sous Jospin et Sarkozy : «J’étais bien sûr attentif aux grandes entreprises et je défendais leurs intérêts mais jamais en cinq ans, je n’ai passé un week-end ou pris un déjeuner ou un dîner privé en tête à tête avec un grand patron. Ces hommes et ces femmes défendent leurs intérêts, font toujours du lobbying » a-t-il assuré. « Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est le mélange de relations privées, de gens qui dinent ensemble, chassent ensemble, font des croisières ensemble et de rapports publics. C’est ça qu’il faut éviter et rétablir des règles saines ».
Si la leçon vaut sans doute pour Jospin, l’histoire a montré aussi que la gauche de gouvernement ne maîtrisait pas ses cours sur le bout des doigts…