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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 08:02

Depuis hier après-midi, j'ai mal à ma gauche et mes convictions socialistes ont souffert avec violence.

post-twitter.pngJe n'ai pas été surpris de l'orientation générale que le Président de la République a donné à sa conférence de presse semestrielle. On a pu constater à plusieurs reprises depuis et dès le début du quinquennat que le Président François Hollande avait tourné le dos au discours du Bourget du candidat à la présidentielle. Je n'étais pas naïf au point de croire qu'il se range enfin à la raison en entendant ceux qui nombreux dans le Parti Socialiste, et bien au-delà des rangs de la motion Maintenant la Gauche, lui réclamaient un tournant de la relance.

1555315_10152230133148304_11113216_n.jpgLe Président a mis un terme définitif à ceux qui faisaient encore semblant de s'interroger sur son orientation politique : il n'y a pas de tournant mais une accélération. Pas de tournant parce que comme je l'écrivais quelques lignes plus haut, le discours du Bourget est depuis plus d'un an remisé dans un placard obscur des archives de campagne ; accélération sans précédent car le Président, malgré le peu de résultats positifs des solutions libérales imposées aux Etats européens, a creusé un peu plus le sillon d'une "politique de l'offre" en rupture complète avec le socialisme démocratique. Les seuls qui se réjouissent sincèrement de cette conférence de presse sont les journalistes économiques libéraux, le MEDEF et Madame Parisot.

Il y a par ailleurs une tartufferie odieuse dans la revendication énoncée par François Hollande de son orientation "social-démocrate". Malgré les débats abscons au sein du PS dans les années 1970 de savoir s'il y avait une différence infranchissable entre socialistes et sociaux-démocrates, ce qu'a présenté hier le Président de la République n'est en rien social-démocrate. La Social-Démocratie, c'est - comme le rappelait France Inter ce matin dans une archive de la campagne présidentielle de 1995 avec Lionel Jospin - la capacité d'un parti socialiste, travailliste ou social-démocrate à agir de concert avec des organisations multiples, syndicales et mutualistes notamment, capable de mettre en branle la société pour arracher après un rapport de force et une négociation un compromis avec les représentants des entreprises. La recherche du consensus a priori n'aboutit qu'à une capitulation en rase-campagne face aux détenteurs du capital et des moyens de production et à nos adversaires libéraux et conservateurs. Il y a en France une profonde difficulté à mettre en oeuvre par ailleurs un telle expérience au regard de la faiblesse des organisations syndicales et mutualistes et la culture conflictuelle du patronat français. Donc soit François Hollande est un social-démocrate sans bras, soit il n'arrive pas réellement à assumer là où sont ces réels modèles politiques : Tony Blair et Gerhardt Schröder qui ont tous deux rompus avec les politiques keynésiennes de la social-démocratie et surtout travaillé à limiter autant que possible les marges d'action des alliés syndicaux traditionnels de leurs partis respectifs. En Grande-Bretagne et en Allemagne, les chefs de gouvernement pré-cités ont conduit des politiques libérales, accrus la pauvreté dans leur corps social, dans le but de renforcer les intérêts des entreprises, dans l'idée naïve et erronée que le patronat finirait par concéder des contreparties. François Hollande est donc social-libéral. [je me permets de vous rappeler en référence la question de la crise de la social-démocratie européenne ici]

Il est social-libéral, quand il annonce qu'il propose de réduire les "charges" des entreprises - rupture grave dans le vocabulaire pour qualifier les cotisations qui financent notre système solidarité nationale et de protection sociale. L'attaque est d'autant plus grave qu'il s'agit ici de supprimer les cotisations sociales des entreprises d'ici 2017 pour la branche famille ; cette même branche famille avait déjà été mise à mal dans la réforme des retraites qu'il a fait adopter au forceps et qui aboutit à un recul inédit des droits sociaux des salariés. Comment financer ce manque de cotisations patronales ? sans compensation par les ménages ? en faisant des économies ? mais comment faire des économies sur la politique familiale de la France sans conduire vers sa perte un système de solidarité qui nous est envié et qui est l'une des raisons du dynamisme démographique de notre pays...

François Hollande nous annonce qu'en échange la négociation sociale aboutira de la part des entreprises à des créations d'emlois. Un "observatoire des contreparties" sera créé à cet effet, mais en quoi est-ce une garantie quand on voit qu'il n'y a eu aucune contrepartie à la création du Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi (CICE), cet allègement inconsidéré du "prix du travail" financé par l'aggravation du coût de la TVA pour les Français ; il n'y a pas eu plus de contreparties en emploi à la transcription - là encore imposée au forceps - dans la loi de l'accord national interprofessionnel sur la flexibilisation du marché du travail. Aucun cadeau fait au patronat ne trouve de contreparties.

Cette absence de retour en emplois n'est parfois même pas une question de mauvaise volonté pour la majorité des chefs d'entreprises de ce pays ; il n'y a qu'à entendre les commentaires des représentants locaux de la CGPME - qui sont tout de même contents de prendre ce qu'on leur offre - qui rappellent que l'on ne peut créer des emplois qu'à la condition de remplir les carnets de commandes, grâce à l'investissement et à la croissance. Voilà l'erreur du président : sa "politique de l'offre" ne peut pas marcher, elle mettra à mal la cohésion sociale et restera économiquement bancale. Maintenant la Gauche propose pourtant une alternative équilibrée tenant compte autant des enjeux d'offre et de demande dans son plan de relance écologique et social... sans investissement, pas de retour de la croissance, pas de réduction de la dette. L'aggravation de l'austérité annoncée par le Président, à hauteur de 50 milliards d'euros, n'aboutira qu'à une mise à mal des services publics et finalement à éloigner le Graal de la réduction de la dette.

François Hollande est également social-libéral lorsqu'il oublie la nécessité de porter haut la remise à plat de la fiscalité française portée par Jean-Marc Ayrault, son premier ministe, et pour laquellle nous nous étions fortement engagés. Cet oubli sonne comme un enterrement de première classe de cet impératif et de l'autorité du locataire de Matignon.

Le caporalisme social-libéral s'incarne enfin dans l'annonce du Président d'engager la responsabilité du gouvernement sur la politique économique qu'il a annoncée hier. L'usage du 49.3 sur des mesures qui vont forcément fracturer la gauche ne peut aboutir qu'à deux solutions pour ceux - nombreux - qui sont en désaccord avec cette rupture avec tous les référents économiques du socialisme démocratique :

  • - abdiquer devant l'autorité de l'exécutif et ronger sa frustration et son humiliation ;
  • - être exclu de la majorité en assumant son désaccord avec le Président et sa fidélité à la volonté de transformation sociale et à son camp social.

François Hollande vient définitivement de briser la majorité électorale qui l'a portée au pouvoir. L'incapacité du PS a faire vivre une pensée autonome de l'exécutif et sa plasticité pour accepter du jour au lendemain sans barguigner le contraire de ses orientations (ça me rappelle plus la façon dont les partis staliniens racontaient un jour le contraire de la veille parce que le "Petit Père des Peuples" avait changé de stratégie) parce qu'il faut suivre les injonctions de l'Elysée marque également une défaite du socialisme démocratique.

J'ai mal à ma gauche.

Frédéric Faravel

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