Alors que le congrès du Parti Socialiste est enfin (!) convoqué pour le début du mois de juin 2015, les militants socialistes vont être appelés à voter le mercredi 3 décembre sur le projet de "charte des socialistes pour le progrès humain".
Ce projet est censé être l'aboutissement du travail fourni par les militants et les sections socialistes, dans une synthèse préparée par Guillaume Bachelay. Il ne s'agissait pas pour nous de faire de ce temps un pré-congrès, et nous avons choisi d'infléchir au maximum cette charte. Nous avons notamment obtenu l’abandon de l’idée de «nouveau progressisme» que l’actuelle direction du PS voulait progressivement substituer à l’affirmation du Socialisme, dans la droite ligne de la troisième voie de Tony Blair et Gerhardt Schröder et des "espoirs" de Manuel Valls.
Malgré notre participation loyale et sérieuse à cet exercice, il est évident que tous nos amendements n'ont pas été acceptés. Certains ont été repris, permettant de réparer plusieurs de ses défaillances. Ce texte conserve néanmoins beaucoup trop d’ambiguïtés et nous parait très déséquilibré au regard des priorités que nous défendons et des attentes du peuple de gauche. Nous l'avons déjà dit nous ne pourrons donc pas voter pour ce texte.
Dès son titre, il présente le principal écueil que nous avions craint dès l'origine de ces états généraux : il y a un risque de distorsion terrible entre ce qu'on écrit, des beaux principes, des belles valeurs, un beau programme et ce qu'on fait quotidiennement au gouvernement, qui est largement différent.
La direction actuelle du Parti Socialiste n'a même pas eu le loisir de goûter tranquillement aux belles formules, parfois technocratiques, de la plume du n°2 ; en effet, elle a été confrontée directement aux contradictions dans lesquelles le plonge son soutien automatique au gouvernement : Emmanuel Macron s'est rappelé dès jeudi dernier à notre bon souvenir, en exigeant un nouvel assouplissement des 35 heures et une aggravation des règles concernant les accords de maintien de l'emploi (créés par l'ANI). Dès lundi matin, l'annonce de la publication d'un rapport qu'il a commandé laisse planer une inquiétude en réclamant un gel des salaires en France, ce qui serait non seulement injuste mais rajouterait en inefficacité économique à la politique actuellement menée.
Depuis, la direction sortante du PS rame et ne sait plus comment faire pour désavouer ces nouveaux ballons d'essai, sans rien vouloir changer sérieusement à la politique gouvernementale.
Ici, la charte qu'elle a élaboré ne lui sera pas d'une grande utilité. Et nous savons une nouvelle fois que c'est de l'affirmation d'une ligne politique dont le Parti Socialiste a besoin. Une ligne politique choisie par les militants à qui on aura enfin laissé la liberté de se prononcer. Se prononcer après un débat où les difficultés créées au pays et à la gauche par la politique économique et sociale de nos gouvernements ne seront pas éludées.
Mais ceci est encore devant nous !
Frédéric FARAVEL