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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:00

colombe-3.gifDepuis plusieurs semaines, j'éprouve le besoin de réaffirmer qu'il existe une voie/voix pour les chrétiens progressistes dans le monde. C'est peut-être anachronique ou démodé d'aborder le sujet pour certains, les préoccupations sur les "cathos de gauche" appartenant aux années 1960 et 1970, leur assimilation à une gauche sociétale et bien-pensante, ayant parfois même disqualifié cette réflexion pour d'autres.

La façon dont a été engagé le débatsur le "mariage pour tous", c'est-à-dire l'égalité des droits pour les couples homosexuels et hétérosexuels, et notamment les postures empreintes du pire conservatisme dans les Eglises et certaines institutions confessionnelles, pousse à camper une saine protestation ou affirmation, qu'on ne saurait caricaturer la foi dans ses érucations réactionnaires. Rien dans la "Loi" ne justifie l'opprobre et la vindicte contre les homosexuels uniquement les a priori et les lois humaines (lire dans Mediapart "Un athlète du mariage pour tous : Jésus-Christ").

J'ai toutefois également été surpris de la réaction de certains camarades ou proches concernant une initiative pétitionnaire de chrétiens favorables à la concrétisation de l'égalité des droits : "Sur le mariage, l'Église aussi est diverse". Les remarques, souvent hostiles, parfois blessantes, étaient à mon sens totalement décalées et contreproductives. Elles semblaient exprimer une défiance naturelle, instinctive, onthologique à l'égard d'individus toujours suspects d'une certaine coupable complicité envers une forme ancienne du totalitarisme, que serait en soi toute confession et religion.

Outre le fait que cette vision s'attaque en la matière à des camarades, des partenaires ou des alliés, elle est réductrice - comme cherchent à faire tous les réactionnaires du monde en caricaturant la pensée socialiste à l'expérirence totalitaire (et finalement césaro-papiste) du stalinisme - et elle est aussi une dénégation de la liberté de conscience et d'expression.

Car nous avons tous le droit d'exprimer (pourvu qu'on n'appelle pas à la haine, au meurtre, aux discriminations, sur telle personne ou tel groupe, pourvu également que cela ne soit pas du prosélytisme), nos opinions, nos convictions, dans l'espace public.

Et pour certains d'entre nous, la foi - chrétienne en l'occurence (mais je suppose, en tout cas j'espère, que cela doit marcher pour d'autres confessions) - a largement structuré notre pensée. Le "Salut" auquel nous croyons nous laisse libres d'agir pour la transformation du monde. L'inspiration et l'éducation que nous en avons tirées nous a conduit à l'engagement socialiste. Léon Blum, dans son fascicule de formation et son enregistrement audio "Pour être socialiste" posait clairement la question "de quoi est né le socialisme ?" (1919) ; il y répond ainsi :

"De la révolte de tous ces sentiments blessés par la vie, méconnus par la société. Le socialisme est né de la conscience de l'égalité humaine, alors que la société où nous vivons est tout entière fondée sur le privilège. Il est né de la compassion et de la colère que suscitent en tout cœur honnête ces spectacles intolérables : la misère, le chômage, le froid, la faim, alors que la terre, comme l'a dit un poète, produit assez de pain pour nourrir tous les enfants des hommes, alors que la subsistance et le bien-être de chaque créature vivante devraient être assurés par son travail, alors que la vie de chaque homme devrait être garantie par tous les autres. Il est né du contraste, à la fois scandaleux et désolant, entre le faste des uns et le dénuement des autres, entre le labeur accablant et la paresse insolente. Il n'est pas, comme on l'a dit tant de fois, le produit de l'envie, qui est le plus bas des mobiles humains, mais de la justice et de la pitié, qui sont les plus nobles.
Je n'entends pas soutenir, vous le comprenez bien, que tous les sentiments généreux et désintéressés de l'âme humaine ne se sont manifestés dans le monde qu'avec les doctrines socialistes. Ils sont plus anciens, s'ils ne sont pas éternels. L'instinct de justice, de solidarité, de moralité humaine qui trouve aujourd'hui son expression dans le socialisme a, tout le long de l'histoire, revêtu d'autres formes et porté d'autres noms. C'est cet instinct qui a fait la force des religions modernes, puisque toutes, à leur naissance, dans leur première phase de prosélytisme populaire, se sont tour à tour adressées à lui. Un encyclopédiste du XVIIIe siècle, un jacobin de la Convention, un démocrate de 1830 étaient probablement mus par les mêmes sentiments qui font aujourd'hui le ressort et la force vive de notre action. Mais - là est le point essentiel - la foi socialiste est la seule forme de cet instinct universel qui réponde exactement aux conditions actuelles de la vie sociale, de la vie économique. Toutes les autres ont été dépassées par le cours des temps. Toutes les autres sont discordantes et retardataires. Que ceux qui s'y obstinaient de bonne foi le comprennent et viennent à nous.
Le socialisme est donc une morale et presque une religion, autant qu'une doctrine. Il est, je le répète, l'application exacte à l'état présent de la société de ces sentiments généraux et universels sur lesquels les morales et les religions se sont successivement fondées."

Je ne pourrais mieux décrire les sentiments qui m'animent que ne le fit alors Léon Blum... C'est donc pleinement en tant que chrétien que je suis socialiste et, selon et pour moi, ces deux aspirations se nourrissent l'une et l'autre. Il serait particulièrement incongru de réfuter cette situation et de dénier la légitimité de son expression.

Nul ne conteste d'ailleurs l'engagement de personnalités mondialement connues :

  • l'engagement humanitaire, en faveur de l'annulation de la dette des PVD, de Bono ou écologiste de Peter Garett (chanteur du groupe australien Midnight Oil, devenu ministre de l'environnement)... pourquoi oublier que leurs motivations - qui transparaissent pourtant dans l'inspiraiton mystique d'une partie de leurs chansons - ont leur foi pour origine ;
  • doit-on mépriser les actions entreprises par Martin Luther King, les prêtres ouvriers, Mgr Desmond Tutu, ou l'Abbé Pierre, pour les droits civiques, contre l'apartheid, pour l'égalité sociale (et parfois le tout en même temps) parce qu'ils ont agi sous l'inspiration de leurs croyances et en tant que religieux ?
  • Doit également entamer une critique de l'action de Nelson Mandela ou de Barack Obama au regard de l'inspiration chrétienne de leurs convictions...?

On voit bien ici le ridicule de la situation.

C'est un plaisir intense pour moi de me confronter et de me nourrir de la lecture des philosophies du soupçon initiées par Friedrich Nietzsche, Karl Marx ou Sigmund Freud. Ils nous maintiennent en éveil, nous bousculent dans nos certitudes et nous amènent à renverser les présupposés que l'on croyait indéboulonnable... mais qui pourra soutenir qu'il n'y eut aucune influence à ce que le premier fut fils de Pasteur luthérien, le second petit-fils de Rabbin et le troisième pétri de culture judaïque...

Pour ma part, je préfère croire - avec une distance critique - et agir selon ce que je définis comme ma foi, que d'affecter une indépendance à toute pensée religieuse et avoir remplacé Dieu par d'autres maîtres bien plus dévorant : l'argent, le pouvoir, l'apparence ou leur propre image... Ne retenant que cela du matérialisme (historique ou non). Où la pensée et l'engagement serait réduit à une figure imprimée sur un t-shirt (payé fort cher au demeurant) Che Guevara le disputant à MLK ou à JP2 fumant un joint...

A mes amis anti-religion (à ne pas confondre avec les athées) je veux dire ceci : il faut savoir retenir l'aspiration libertaire existant chez certains chrétiens qui ont retenu du message du Christ le refus de l'ordre établi, il faut savoir retenir retenir l'amour et la joie de l'étude qui habite une partie du judaïsme (je ne saurais me prononcer sur l'Islam que je ne connais pas). Elles ne s'imposent à personne, elles font partie d'un fond global dans notre société et animent encore quelques uns d'entre nous qui se battent à vos côtés.

Car, enfin, face à la montée des communautarismes et des intégrismes, il faut avant tout nous accepter et nous unir dans le respect de nos différence. C'est plus important que de savoir si ma foi et celles de quelques autres devraient ou non invalider notre combat.

Frédéric FARAVEL

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