Je suis intervenu hier soir lors du débat public organisé par le groupe des conseillers régionaux socialistes d'Île-de-France autour de Jean-Paul Huchon, président de la Région et intitulé "Imaginons notre Île-de-France". Il s'insère dans une tournée de tous les départements de la Région afin d'échanger en direct avec les Franciliennes et les Franciliens à un an des prochaines élections régionales, qui s'annoncent difficiles car l'abstention risque d'être très forte.
Ma préoccupation portait sur le fait de savoir pour quelle région nous serions appelés à voter en mars 2015...
En effet, le 1er janvier 2016 sera créée la Métropole du Grand Paris qui va rassembler toutes les communes des trois départements de premières couronnes et la ville de Paris, en supprimant dans le même temps les communautés d'agglomération (parfois très puissantes, comme Plaine Commune, Grand Paris Seine Ouest ou Est Ensemble) qui existent sur ce territoire, mais sans toucher aux départements. Ce nouvel Etablissement public de coopération intercommunale disposera de pouvoirs extrêmement importants comme l'aménagement du territoire, l'habitat, ou encore la transition énergétique. Mais il risque par ailleurs d'être happé durant plusieurs mois voire plusieurs années par l'organisation de transferts de compétences et surtout de plusieurs milliers d'agents des futures ex-communautés d'agglomération.
Dans cette situation particulière, et la loi de modernisation de l'action publique et d'affirmation des métropoles ayant été votée dans les conditions que l'on connaît, il convient selon moi que la Région travaille sur la garantie que les villes, habitants et territoires du reste de l'Île-de-France ne se retrouve dans une situation de décrochage et de relégation. Il convient donc d'empêcher que se créent une fracture au sein de la Région entre les départements de première couronne et ceux de deuxième couronne (Val-d'Oise, Essonne, Yvelines ou Seine-et-Marne). Il faut également éviter une cassure au sein même de ces départements entre les communes proches de cette nouvelle et proche métropole parisienne, qui pourraient la regarder avec envie (et parfois crainte) sans pouvoir profiter, et plus loin encore les communes et territoires périurbains et ruraux où risquent de s'aggraver un sentiment d'abandon (insuffisance des services publics, des transports, etc.), terreau du vote FN.
J'avoue pour ma part n'avoir jamais bien compris comment on avait pu passer d'une réflexion rassemblant dans un même mouvement Région Île-de-France et Métropole - en effet, le coeur de l'agglomération ne saurait selon moi être coupé de ses territoires de banlieue, péri-urbains, agricoles et naturels - à une logique qui pourrait être préjudiciable à la Région elle-même au profit d'une nouvelle structure.
Il faut cependant désormais faire avec la loi telle qu'elle est ; la Région et la majorité politique - au premier rang, le PS - qui l'anime ont l'impérieuse obligation d'inventer les solutions qui permettront entre l'élection de mars 2015 et la création effective de la Métropole en janvier 2016 d'assurer la cohésion entre Franciliens et territoires d'Île-de-France sur tous les points de vue : habitat, transports, environnement, développement économique, sans oublier la solidarité financière...
Jean-Paul Huchon semble conscient de cet enjeu et a réaffirmé que de la force de la Région dépendait effectivement l'assurance qu'il n'y aurait pas de fracture centre-périphérie en Île-de-France.
Frédéric FARAVEL