Marie-George Buffet a fait ses adieux à la tête du Parti communiste français (PCF) vendredi 18 juin. Toute la gauche s'est retrouvée pour l'occasion, de Martine Aubry à Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon dont les velléités présidentielles agacent nombre de communistes réunis au 35e congrès.
Après neuf ans comme numéro un du PCF, l'ancienne ministre des Sports qui restera membre de la direction s'est félicitée d'avoir devant elle Martine Aubry (PS) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) - ses ex-collègues du gouvernement Jospin -, mais aussi Cécile Duflot (Verts), Olivier Besancenot (NPA), Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière).
"Pourrait partir d'ici une manifestation unitaire qui aurait une sacrée allure", a déclaré Marie-George Buffet, visiblement émue à la fin de son discours devant une salle debout applaudissant longuement. "Ce n'est pas une mise au vert, plus les jours passent, plus mes petits enfants grandissent, plus j'ai envie de militer, plus je me sens profondément communiste et féministe", a-t-elle dit.
Au-delà des désaccords
Les trois responsables du NPA et de LO ont été les seuls à ne pas monter sur la tribune pour la photo de famille. "Ca m'a paru être la photo du futur gouvernement", a expliqué Arlette Laguiller, un verre de champagne à la main lors de la réception finale.
Martine Aubry, qui a offert à Marie-George Buffet un foulard en cadeau, a dit toute son "amitié" à l'ex-numéro un communiste, "une femme véritablement de gauche qui n'a jamais renoncé à ses valeurs" et avec qui elle a travaillé "en toute confiance" durant les années Jospin (1997-2002).
Cécile Duflot lui a également rendu hommage, Marie-George Buffet faisant partie de ces gens qui sont "plus des êtres humains que des combattants".
"Au-delà des désaccords notamment durant la "gauche plurielle", on a eu des combats communs comme le Traité constitutionnel européen, le CPE et aujourd'hui la bataille des retraites", a reconnu Olivier Besancenot, arrivé en retard au discours. Nathalie Arthaud, elle, n'est "pas venue saluer l'ancienne ministre" mais la militante communiste.
Un candidat communiste pour la présidentielle
Quant à Jean-Luc Mélenchon, dont beaucoup craignent qu'ils ne fassent une OPA sur le PCF d'ici la présidentielle de 2012, il a salué la "loyauté" de Marie-George Buffet qui a été "un levier dans l'extraordinaire aventure du Front de gauche", au milieu d'une nuée de caméras à son arrivée dans l'amphithéâtre du Cnit de La Défense.
Mais l'éventuelle candidature du président du Parti de gauche crispe dans les allées du congrès. "Il faut un candidat communiste à la présidentielle", a lancé devant les délégués André Gerin, assez applaudi.
Souhaitant que le PCF se décide sur les candidatures avant la fin de l'année et non au congrès de juin 2011 comme le prévoit la direction, le député "orthodoxe" du Rhône déplore "l'effacement du PCF" auquel aspire selon lui Jean-Luc Mélenchon.
Opposé à l'"enfermement" du PCF dans la gauche de la gauche, Daniel Cirera (Communisme21) a déploré que la direction, en décidant quelques jours avant le congrès d'un "programme partagé" avec le FG pour 2012, ait mis les communistes devant le "fait accompli".
"Incolore, inodore et sans saveur"
Alors qu'une résolution de synthèse doit être votée samedi, Pierre Laurent qui doit succéder à Marie-George Buffet dimanche lors du vote des 600 délégués, s'est dit "confiant" sur le désir des communistes de "confirmer et amplifier le rassemblement du Front de gauche".
Son seul concurrent au poste de secrétaire national, l'eurodéputé Jacky Hénin, est conscient de n'avoir aucune chance. Mais "il est des moments où il faut savoir dire trop c'est trop", explique l'ancien maire de Calais, déplorant que le PCF soit "devenu incolore, inodore et sans saveur".
(Nouvelobs.com avec AFP)