L'inénarrable Olivier Régis nous avait déjà largement distraits durant la campagne des élections municipales l'an passé. Militant sarkoziste valdoisien, carte d'adérent de l'UMP en main, il tentait de se présenter comme un candidat UDI, posant aux côtés d'un ancien boxeur international dont tout le monde a oublié le palmarès (beau message aux électeurs : « votez pour moi sinon vous le prendrez dans la g... »), et faisait preuve d'un excès verbal bien peu cohérent avec la modération qui devrait convenir à un centriste : ainsi avait-il comparé la situation de la ville de Bezons aux combats de la place Maïdan de Kijev (Ukraine) et la municipalité (assez modérée) PCF-PS à la Roumanie de Ceaucescu ou à la Russie néo-impériale de Vladimir Poutine (au demeurant, on cherche encore ce qu'il y a de communiste en Poutine, mais que voulez-vous, qu'importe le flacon quand on sombre dans l'ivresse de la campagne). On s'étonne qu'à l'époque il n'ait pas poursuivi dans la même veine en dénonçant en Michel Campagnac, l'éternel candidat de Lutte Ouvrière, le digne successeur des « sanguinaires » soldats de l'Armée Rouge conduits par Léon Trotsky, et lui-même en nouveau Général Denikine, pressé de rétablir un tsarisme débonnaire sur les rives de la Seine.
Le MODEM, parti de François Bayrou (oui rappelons le car ils ont disparu des écrans radars), avait hésité à le soutenir durant la campagne municipale, ne se résolvant à le faire qu'après avoir perdu Arnaud Gibert, son seul représentant local devenu colistier du maire communiste Dominique Lesparre et de ses alliés socialistes. Mais il faut croire que les dérapages multiples du personnage ont échaudé ce parti habitué aux platitudes puisque le MODEM du Val-d'Oise a exigé qu'il retire de ses documents de campagne pour les élections départementales le logo que l'UMPiste local s'était arrogé sans les consulter. Qu'à cela ne tienne, il y figure toujours en bonne place, et il est peu probable que le MODEM aille courageusement au bout de ses menaces et lui colle un procès. Mais, rappelons le bien haut et fort, Olivier Régis ment … sur tout et à tout le monde. Illustrations.
Un slogan de campagne pas piqué des vers
Depuis la réforme du mode de scrutin (2013) dans les départements, la géographie électorale a été quelque peu bousculée. Bezons n'est plus un canton-ville et s'est vu adjoindre le quartier du Val-Notre-Dame, partie de la commune d'Argenteuil, sans doute à l'époque dans le but de compliquer la tâche au conseiller général communiste sortant et maire de Bezons.
Ainsi, le slogan des candidats UMP – Olivier Régis, conseiller municipal de Bezons, et Rizlaine Oujjat, adjointe au maire d'Argenteuil – pourrait faire croire à la platitude totale si l'on ne tenait pas compte du contexte politique territorial. En effet, Régis et Oujjat sont donc « Unis pour défendre Argenteuil et Bezons ». Quoi de plus anodin quand il faut associer deux territoires communaux et tenter de défendre un programme local commun dans l'optique des élections départementales ?
Sauf que... Vexé de n'avoir pas été désigné en avril 2014 Président de la communauté d'agglomération d'Argenteuil-Bezons, le revanchard maire UMP d'Argenteuil Georges Mothron s'est décidé à briser un outil au service des habitants et à dépouiller un peu plus son adversaire municipal [la franche victoire de la gauche aux municipales à Bezons a compensé la victoire étriqué de la droite à Argenteuil, donnant ainsi une courte majorité au PS et au PCF au conseil communautaire et permettant le maintien de Philippe Doucet – député PS et candidat malheureux à sa réélection à la mairie d'Argenteuil – à la présidence. Les représentations des deux communes au conseil communautaire avaient pourtant été avalisé en 2001 par Monsieur Mothron, mais la démocratie et ce qu'il avait décidé auparavant ne semblent plus lui convenir].
C'est la raison essentielle pour laquelle la municipalité d'Argenteuil a décidé de rejoindre à marche forcée, sans aucune analyse des intérêts de la commune, de l'agglomération et surtout de leurs habitants, la Métropole du Grand Paris, usine à gaz dont on doute encore de la pertinence en l'état et dont le premier résultat concret sera d'amoindrir la capacité des Départements et de la Région à agir pour les Franciliens. Georges Mothron avait-il des arguments que nous aurions éludés pour asseoir ce ralliement ? Non aucun : son principal intérêt était de briser l'agglomération d'Argenteuil-Bezons, qu'il avait pourtant fondé avec Dominique Lesparre, pour dépouiller de tout pouvoir local Philippe Doucet, sachant parfaitement que la municipalité de gauche bezonnaise avait affirmé à juste titre et à plusieurs reprises dans s'embarquer dans la galère du Grand Paris.
Ainsi, Olivier Régis fait campagne « pour défendre [unis] Argenteuil et Bezons » avec une adjointe de Monsieur Mothron qui a décidé de détruire l'outil commun des deux villes. Voilà qui est savoureux. Les conséquences de ce choix politicien ne s'arrête pas là : isolée du reste du Val-d'Oise par la désertion d'Argenteuil vers des horizons incertains, la ville de Bezons se retrouve rejetée vers une communauté d'agglomération des Yvelines dominée par des municipalités UMP. Nonobstant leur orientation politique conservatrice, il n'est cependant pas dit que les élus de droite de la Communauté d'agglomération de la boucle de la seine soient aussi farfelus et irascibles que le sont Messieurs Régis et Mothron. À court terme, donc Bezons pourrait y gagner au change. Cependant, le premier ministre Manuel Valls et ses opposants de droite considérant que la Métropole du Grand Paris a vocation à moyen terme à remplacer les départements, la Ville d'Argenteuil pourrait donc prochainement abandonner le Val-d'Oise et la Ville de Bezons serait contrainte d'intégrer le département si progressiste et solidaire des Yvelines. On comprend mal comment Monsieur Régis, complice de cette entreprise de démolition, peut ainsi prétendre avec colistière représenter Argenteuillais et Bezonnais au futur conseil départemental du Val-d'Oise, alors que toute son action vise à soustraire les territoires et les habitants dont il sollicite les suffrages à cette collectivité !? Décidément, Olivier Régis doit avoir un sens de l'humour qui m'échappe. On pourrait à la rigueur en rire si les conséquences n'étaient aussi négatives pour les Bezonnais. Car ce n'est pas encore fini !
« Non à la privatisation d'AB-Habitat ! » : on se pince !
Depuis quelques jours, notre sinistre clown UMP diffuse dans Bezons un nouveau tract dans lequel il dénonce la décision de Dominique Lesparre, président d'AB-Habitat – Office HLM d'Argenteuil et Bezons – et de Philippe Doucet, président de la communauté d'Agglomération d'Argenteuil-Bezons (CAAB), de vendre ABH. Grave accusation à l'encontre de deux élus de gauche, dont les convictions sont connues en faveur du service public de l'habitat.
Ce serait risible si Olivier Régis n'était à nouveau complice de Monsieur Mothron dans l'opération de mise à mort de l'agglomération... qui implique forcément l'implosion de l'office HLM qui lui est lié ! En effet, avec la fin de la CAAB, ABH telle qu'elle existe aujourd'hui devra elle-même se transformer sous peine de se dissoudre. Ce sont donc Messieurs Régis et Mothron qui place l'office HLM dans une situation intenable et créent une grave insécurité pour les agents d'ABH et surtout ses locataires.
On connaît par ailleurs les penchants avoués de la droite pour la vente par morceaux du patrimoine des offices HLM afin de créer une mythique et improbable « France des propriétaires », voir Olivier Régis se muer en défenseur du service public de l'Habitat n'est pas sans un certain effet comique. Jouant au passage sur les peurs du personnel de l'office et de ses représentants CGT, le conseiller municipal minoritaire vitupère donc contre la « privatisation d'ABH », la menace pour les 11 000 familles locataires à travers l'augmentation des loyers qui en résulterait, les menaces contre l'emploi public ; au passage, un sous-titre annoncent « plus de 500 emplois en danger ! », quand le paragraphe qui le suit n'évoque plus que « l'emploi des 140 agents » d'ABH, Monsieur Régis doit être fâché avec les chiffres ou ne relit pas ses tracts... ou les deux. Bref, un véritable brûlot contre les projets politiques de l'UMP pour la France !
Encore une fois, au-delà des délires du candidat, ce tract est un tissu de mensonges. Il serait simple de répondre que la première manière pour Monsieur Régis et ses maîtres de l'UMP Argenteuil de protéger les locataires et les agents d'ABH était de mettre fin au projet fou de rejoindre la Métropole du Grand Paris. Mais l'orgueil de notre voisin revanchard est au-dessus de cela.
Donc Messieurs Lesparre et Doucet ont proposé une solution qui permet de protéger les agents et les locataires d'ABH de la dissolution, de l'absorption et de la privatisation, que leur aurait sinon fait subir les avanies de l'UMP. Un projet de transformation d'ABH en Société Coopérative HLM a été mis sur la place publique ; il n'a pas encore été compris par les représentants CGT du personnel mal informés, mais il représente de très nombreux avantages :
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protéger ABH de l'absorption par Val-d'Oise Habitat (VOH, présidé par Georges Motrhon) dont on connaît la politique antisociale depuis que le Département du Val-d'Oise est à nouveau dirigé par une majorité conservatrice et réactionnaire ;
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conserver ABH dans un giron para-public, puisque les sociétés coopératives appartiennent au secteur de l'économie sociale et solidaire et sont connues pour leur pratique éprouvée de la participation des agents et des locataires ;
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maintenir le niveau de loyer à un niveau abordable ce qui est absolument vital pour une commune comme Bezons, dont la très grande majorité des habitants appartiennent aux classes populaires ;
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conserver une capacité de développement, ce qui est impératif au regard des besoins en logement des habitants et s'oppose à la logique malthusienne de VOH ;
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offrir un droit d'option pour les agents d'ABH qui sont fonctionnaires, qui pourront ainsi le rester en rejoignant les collectivités locales, celles-ci pouvant les mettre à disposition de la nouvelle société coopérative HLM ;
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garantir aux agents contractuels d'ABH, qui sont la grande majorité, une amélioration de leur condition de travail, de gestion de carrière et de rémunération (salaire brut ET régime indemnitaire).
Ainsi, confronté aux faits et à la réalité, le nouveau torchon d'Olivier Régis de se binôme argenteuillaise ne tient pas 30 secondes. C'est un nouvel épisode dans la série des mensonges éhontés auxquels ce mauvais comique nous a tristement habitué.
Ainsi, à défaut d'apporter un cadre territorial et démocratique durable pour Bezons (cf. les perspectives de quitter le Val-d'Oise à cause des délires de Monsieur Mothron et de son complice bezonnais), les élections départementales des dimanches 22 et 29 mars 2015 offrent une nécessité impérieuse : faire battre un candidat UMP qui ment depuis des années à ses concitoyens.
À défaut d'avoir su faire la nécessaire union autour du conseiller général sortant, qu'était Dominique Lesparre, les partis de gauche et de centre-gauche (PCF, PS, MUP et FDES) offrent un éventail de possibilité variées qui permettent de décliner sur tous les modes et pour toutes les sensibilités sa manière de dire NON à Olivier Régis et de lui signifier définitivement la fin de bail politique à Bezons. Les 22 et 29 mars, tout doit être fait pour faire battre ce sinistre personnage et conserver ce canton pour la gauche.
Mes convictions et mes engagements sont connus, je n'ai pas besoin de les préciser à nouveau. Mais, quels que soient vos inclinaisons personnelles, la défaite de Messieurs Régis et Mothron est une priorité absolue.
Frédéric FARAVEL