Le Sénat, la Chambre haute du parlement français, cette grande assemblée des collectivités françaises vient de passer à gauche et de belle manière.
Prévue pour être le pôle de stabilité de la Vème République, avec un mode de scrutin, qui reste majorité de gauche ou de droite, antidémocratique et peu représentatif, la Chambre Haute a subi une évolution continue parallèle à celle de la société française. Les grands électeurs sont issus de collectivités plus urbaines et sont plus politisés. Oui évidemment, comme l'indique l'Elysée, les réussites successives de la gauche aux élections locales depuis mars 2004 ont modifié substantiellement le corps électoral.
Mais c'est Jean-François Copé, qui - avec l'Elysée et Matignon - se trompe sur l'analyse du scrutin malgré ses mises en garde de mauvaise foi sur la méprise de la gauche. Si on avait simplement appliqué les résultats des élections locales à ce scrutin indirect, la droite conservatrice pouvait compter en alliance avec les centristes sur le maintien d'une majorité de 2 à 5 sièges. La multiplication des dissidences mais également une volonté claire des grands électeurs de sanctionner le parti du Président de la République a favorisé très largement la gauche : 2 sièges de majorité pour la gauche.
Les dissidents de l'UMP ont généralement fait une bonne opération ce qui marque qu'il vaut mieux se détacher de l'étiquette UMP ; les centristes emportent un certain nombre de siège aux dépends de l'UMP, donc même remarque. Mais les grands électeurs ont aussi voté à gauche car la réforme des collectivités territoriales, la réformes de la fiscalité locale et notamment de la Taxe Professionnelle, et aussi le contexte économique et sociale ont influencé leur jugement.
Quand on connaît le caractère souvent plus modéré que celui de leurs électeurs des élus locaux, les espoirs sont donc permis à la gauche pour 2012, à la condition expresse qu'elle ne se tire pas une balle dans le pied.
Maintenant que Sénat est à gauche, celle-ci a enfin la possibilité d'avoir une responsabilité politique qu'elle n'avait jamais eu, pas même sous Mitterrand. Si le Sénat ne peut bloquer le cours des évènements parlementaires en général, il a toujours été un rempart contre des modifications profondes du cadre politique que revendiquait la gauche : sans accord du Sénat pas de révision de la constitution, pas de loi organique sérieuse.
Il est donc temps que les candidat(e)s aux primaires citoyennes indiquent très clairement qu'elles sont les réformes démocratiques qu'ils voudront engager s'ils accèdent à la magistrature suprême. Les socialistes n'ont plus aucune excuse sur le droite de vote des étrangers aux élections locales, ils seront également tenus de revenir sur la réforme des collectivités territoriales et de mettre en oeuvre une des grandes réformes proposées par Martine Aubry, le mandat unique parlementaire ! Martine Aubry et Arnaud Montebourg sont les plus institutionnellement ambitieux ; au mieux avec eux, on sait que le PS et la gauche sauront quoi faire du Sénat, quand les autres nous proposent un immobilisme sénatorial ancienne formule.
Dernière chose importante que l'on peut dès aujourd'hui impulser : la Gauche va pouvoir créer des commissions d'enquête. Puisque la gauche demande unanimement que l'on fasse la lumière sur plusieurs des affaires qui entachent la République et notamment depuis 2007, on verra si les sénateurs socialistes ont un peu de suite dans les idées.
A condition que le samedi 1er octobre 2011, l'élection du président du Sénat vienne confirmer le vote du dimanche 25 septembre 2011 ; pour cela, il faut que les sénateurs RDSE ne trouve pas certaines accointances franc-maçonnes avec Gérard Larcher plus importante que la cohérence politique.
Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures