Ce matin, le Sénat a adopté à son tour une résolution demandant que la République Française reconnaisse l'Etat de Palestine à 153 contre 146 ; cette résolution était présentée conjointement par les groupes socialiste, communiste et écologiste (voir plus bas les vidéos sur les positions des différents groupes parlementaires), comme quoi il est encore des sujets où le rassemblement de la gauche n'est pas récusé. La gauche n'étant pas majoritaire seule au Sénat, il aura fallu que des parlementaires de droite rallient cette résolution, c'est une bonne chose car elle renforce la position traditionnelle de la France sur le conflit israélo-palestinien. L'opération de terrorisme intellectuelle de Nicolas Sarkozy aura fait long feu (voir plus bas le détail nominatif du vote).
C'est également un acte fort alors que Benyamin Netanyahu a obtenu de la Knesset qu'elle vote sa dissolution pour une élection le 17 mars prochain. Tous ceux qui ont un peu de jugeotte expliquent aujourd'hui ouvertement que Netanyahu est incapable de concevoir des négociations ; avec lui Israël n'aura donc ni paix ni sécurité, comme en témoigne l'escalade de la violence depuis plusieurs mois. La mort en Cisjordanie, dans une manifestation, du ministre palestinien en charge de la question des colonies, Ziad Abou Eïn, à la suite de heurts avec des soldats israéliens, marque encore un peu plus au fer rouge la dérive destructrice de la droite israélienne. Celle-ci est de plus en plus prisonnière de son extrême droite.
Il y a désormais urgence que la Présidence de la République et le gouvernement suivent pour une fois le vote des parlementaires et que François Hollande réalise ce qui l'une de ses promesses de campagne. Le Président est désormais au pied du mur.
Tout la question est savoir quelle peut être l'alternative. On aura compris que depuis plusieurs années le Parti Travailliste Aha'voda, à la dérive depuis l'assassinat de Yitzak Rabbin et surtout la trahison d'Ehud Barak et de Shimon Peres, a choisi de se tourner vers le centre plutôt que d'unifier le camp de la Paix ; il a dans le même mouvement échoué à offrir un débouché politique au mouvement israélien des Indignés, malgré l'engagement de Stav Shaffir, une de ses leaders, à ses côtés.
Aujourd'hui, le parti travailliste a choisi de faire alliance avec le parti Hatnuah de Tzipi Livni, ancienne ministre des affaires étrangères d'Ehud Olmert. La crédibilité et la qualité politique de l'attelage est sans propre à rassurer des politiciens professionnels. Mais il n'est pas sûr qu'elle soit suffisante pour retrouver une position politique centrale à l'issue des élections, alors que le Likud et le Hamas chacun avec leurs moyens se sont acharnés l'un comme l'autre à convaincre les citoyens israéliens que la paix étaient impossible.
Je vous renvoie à l'article que j'avais écrit précédemment sur le sujet.
Frédéric FARAVEL
détail du vote
Groupe Union pour un Mouvement Populaire (143)
Groupe socialiste et apparentés (112)
M. Jean-Marc Todeschini, membre du Gouvernement
Groupe Union des Démocrates et Indépendants - UC (42)
Groupe communiste républicain et citoyen (18)
Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (13)
Groupe écologiste (10)
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9)