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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 16:56
Le premier tour des élections régionales du dimanche 14 mars 2010 a de nouveau recelé une surprise électorale : le Parti socialiste et ses alliés, du Parti radical de gauche, du Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement et du Mouvement unitaire progressiste de Robert Hue, devancent de plus de 3 points, avec 29,5%, les listes de la majorité présidentielle, dans un rassemblement hétéroclite voulu par l'Elysée, avec l'UMP, la "Gauche moderne" de Jean-Marie Bockel, le Nouveau Centre, Chasse Pêche Nature et Traditions, et le MPF de Philippe de Villiers qui atteint 26,3%.

La désespérance sociale et une campagne crapoteuse qui nourrit l'abstention et le vote FN
Évidemment, la force de l'abstention et la remontée non surprenante du FN viennent quelque peu modérer notre enthousiasme. Les élections régionales de mars 2004 avaient été couplées à des élections cantonales, ce qui peut expliquer une différence de participation, mais pour un tel fossé entre 2004 et 2010, il faut aller chercher des causes plus profondes : la désillusion devant les promesses non tenues du candidat Sarkozy devenu un Président de la République, aveugle et sourd aux souffrances du peuple, une crise économique et sociale violente qui tend à démoraliser les citoyens sur la capacité du pouvoir politique à agir, d'autant que la crise a une origine internationale et que les puissances publiques nationales semblent de plus en plus dépassées.
Sans même réexpliquer ici ce qu'ont coûté et provoqué les politiques libérales mises en place de part et d'autre de l'Atlantique sur fond d'une mondialisation réduite à la libéralisation des échanges, on pourra constater encore une fois que les effets de manche du président de la République qui court les estrades internationales pour expliquer qu'il va supprimer les "paradis fiscaux", discipliner les banquiers et contrôler les marchés financiers, ont fait long feu. Car tout le monde peut constater que la financiarisation de l'économie mondiale reprend de plus belle, que l'Elysée cajole toujours autant sa clientèle politique du Fouquet's, et a contrario, les Etats sont de plus en plus désemparés après avoir socialisé les pertes des Groupes financiers, alors que les hedge fund s'attaquent désormais à l'Euro par ses maillons faibles (Italie, Grèce, Portugal, Espagne), Euro qui était censé nous protéger.

Si la Gauche a été entendue partiellement, c'est qu'elle a tenu ce discours lucide sur la nécessité de conserver et d'amplifier là où elle le pouvait ces services publics locaux qui sont autant d'amortisseurs de crise, quand la droite réactionnaire gouvernementale s'évertue elle à les briser un à un. C'est bien la politique de l'UMP qui a été sanctionnée dimanche, en redonnant une confiance vigilante aux présidents de région socialistes au regard de bilans méritant. Mais combien sont ceux des électeurs qui sont allés voter sans convictions hier, faisant le constat que malgré la volonté des collectivités territoriales de Gauche, les actions qui y seraient menées pourraient n'être qu'une cautère sur une jambe de bois, sans changement profond de la nature du pouvoir politique national et même européen (et l'on mesure bien là sur quelle usurpation s'est jouée l'élection européenne de juin dernier).
Combien aussi ce sont abstenus pour les mêmes raisons, ne voyant pas bien l'intérêt et la pertinence de l'action régionale ou désespérant tout simplement que la politique puisse désormais changer quoi que ce soit à leur vie ? Evidemment la Gauche n'est pas vierge de tous reproches qui auraient contribué à cette démoralisation que le médiateur de la République qualifiait dernièrement de "fatigue psychique", mais les poudres et fumées de Sarkozy ont considérablement aggravé le phénomène, la France risque de vivre avec une gueule de bois prolongée !

Il est évident qu'on trouvera là aussi les causes de la remontée du Front National. Le candidat Sarkozy s'était gargarisé d'avoir supprimé le FN, en absorbant au passage une partie de son patrimoine idéologique, élaborant une synthèse politique de la droite parmi les plus dangereuse que ce pays ait connu. Mais le boomerang est revenu fortement : échec sur la sécurité, stigmatisation de l'étranger, division de la communauté nationale par l'instrumentalisation d'un débat sur l'identité, la Droite et le Président de la République ont permis le retour du refoulé, ils ont déculpabilisé la droite de sa vieille matrice discriminatoire, ils ont légitimé le discours raciste du FN. Depuis plusieurs mois, les élus UMP se lâchent, ils pensaient sans doute rattraper quelques voix en s'abaissant dans le populisme, ils ont surtout au passage montré leur véritable nature, renforcé les rangs des électeurs frontistes et sans doute écoeuré (heureusement) une partie de la "droite morale" d'inspiration chrétienne qui ne s'accomode pas des incohérences économiques du culte de l'argent et du naufrage de l'éthique humaniste qui devrait dominer la politique en régime républicain. Il est notable qu'un abstentionnisme de droite marque fortement les résultats du 14 mars et il n'est pas dit qu'il soit si évident que Nicolas Sarkozy puisse retrouver aussi facilement les voix de cet électorat.

Le visage de la Gauche évolue
Le Parti socialiste constitue de nouveau au lendemain du premier tour la force structurante de la gauche démocratique en France. Près de 30% des suffrages exprimés se sont portés sur les listes qu'il avait constituées autour de lui, et s'il ne faut pas négliger l'apport du PRG, du MRC et du MUP, on sait bien que ces suffrages sont à mettre essentiellement à son crédit.
Le bilan des régions, ou en tout cas la bonne image de gestionnaires consciencieux et de promoteurs de services publics locaux que l'opinion publique attribue aux collectivités territoriales socialistes, explique ce résultat. S'appuyant dessus, les candidats ont présenté des projets cohérents dans leur continuité, offensif dans leur contenu avec la volonté de créer autant que faire se peut un bouclier social.
Mais il apparaît clairement que l'image du PS évolue. Après le congrès de Reims et les Européennes de 2010, le peuple de gauche sait gré à la direction du Parti d'avoir mis de côté les querelles intestines, d'avoir mis l'agenda social au coeur de son discours et de ses priorités. Martine Aubry s'est évidemment imposée comme leader de la Gauche, quant il y a encore un an, François Bayrou lui disputait auprès des instituts de sondage le titre de premier opposant. L'essentiel du travail reste à faire, il ne faut pas que 2010 soit un nouveau 2004, où l'on avait vu le PS multiplier les erreurs politiques et stratégiques en s'enfonçant dans la torpeur confortable de la "cohabitation territoriale", sous la conduite de son premier secrétaire de l'époque.
Il faut que le PS apprenne de ses erreurs passées et la première des leçons est de ne pas traiter ses partenaires comme de simple réserve de voix. Car si ce n'est pas la première fois que les écologistes dépassent la barre des 10% (ils atteignent en moyenne nationale 12,5%), ils semblent s'installer durablement et solidement dans un certain nombre de secteur urbain avec un électorat bien identifié. Leurs propositions politiques sont plus cohérentes qu'auparavant et il ne servirait à rien aujourd'hui de caricaturer le discours des Verts en dénonçant "la décroissance" qui n'est défendue que par une minorité d'entre eux. Les Verts ont accédé à bien des endroits aux responsabilités, ils n'ont pas gagné partout un brevet de crédibilité, mais il n'est plus possible de les traiter avec dédain. La réalité territoriale est très inégale, sachons néanmoins rapprocher nos points de vue et nos équipes, pour une gauche unie durablement et qui s'enrichisse de sa diversité.
Cependant il est à noter que les Verts vont être face à une vraie difficulté stratégique de long terme, car pour bâtir un accord durable avec le Parti socialiste et le reste de la Gauche, ils vont devoir clarifier les conséquences stratégiques, idéologiques et programmatiques de leur dépassement au sein d'Europe-Ecologie. Car si l'élargissement à des figure comme José Bové ou Philippe Meyrieu peut rassurer la gauche, d'autres tendances se font sentir qui tire l'écologie politique vers des errements qu'on lui croyait avoir abandonner depuis 1994-1995. En effet, à force de dire que l'écologie était au-dessus des clivages traditionnels, l'électorat écologiste répond désormais au 2/3 dans les enquêtes d'opinion qu'Europe-Ecologie ne doit être ni de droite ni de gauche, plutôt qu'un mouvement ancré à gauche. Il y a urgence à éviter le quiproquo et j'appelle mes amis verts à rappeler à certains de leurs colistiers les mots de Chantal Jouanno, actuelle sous ministre UMP à l'écologie : "il n'y a pas d'écologie de droite..."
La Gauche de la gauche devrait stabiliser son paysage également puisque la constitution d'un Front de Gauche durable semble confirmer par les urnes. Jean-Luc Mélenchon a fini par sauver ses alliés communistes de la submersion par les trotsko-guevaristes de Besancenot, qui se sont vus eux sanctionnés pour leurs incohérences politiques (candidates voilées...) et la facilité de s'enfermer dans une posture protestataire sans perspective révolutionnaire quand le peuple souffre. Il faudra regarder attentivement ce qui sortira du prochain congrès du Parti communiste français pour savoir si nos camarades communistes valident définitivement une démarche ouverte au Parti de Gauche et à la Gauche unitaire de Christian Picquet, ou s'ils reprennent le chemin de la lente décomposition.

Les résultats du premier tour des élections régionales en Île-de-France sont assez encourageants
Reconnaissons néanmoins que le score de la gauche parlementaire est très favorable et nous ouvre les portes avec plus de 48% des suffrages exprimés d'une large victoire au second tour face à un adversaire réactionnaire.
On remarquera en Île-de-France le score élevé des liste d'Europe-Écologie avec 16,58%, une légère baisse du Front de Gauche qui ne réitère pas le score de Marie-George Buffet en 2004, malgré l'appoint du Parti de Gauche et le score assez moyen mais classique du Parti socialiste et de ses alliés dans cette région (comparée aux autres). Les Hauts-de-Seine et les Yvelines expliquent le score traditionnellement moyen du PS dans la Région, mais il faut également noter que c'est sur Paris que l'on enregistre un très faible écart entre le Parti Socialiste (26,25%) et Europe-Écologie (20,5%), ce qui ne pourra évidemment rester sans conséquences, y compris dans les politiques mises en place à Paris, qui ne privilégient sans doute pas assez les classes populaires.

Le Parti socialiste et ses alliés présentent par conséquent un score très favorable dans le Val-d'Oise au dessus de la moyenne régionale à 27,15%, ce qui est assez peu fréquent. Nous creusons l'écart avec nos partenaires écologistes qui ne recueillent "que" 14,47% et le Front de Gauche paye sa stratégie très alternative avec 5,3%. Le NPA tangeante dans le Val-d'Oise les 4% au-dessus de sa moyenne régionale. Le score du Front National à 12% est inquiétant, on peut y voir là à la fois les conséquences des désillusions d'un électorat populaire capté un temps par Sarkozy et celles de la campagne nauséabonde, raciste et diffamatoire, que la droite "parlementaire" a méné depuis le débat sur l'identité nationale et les attaques infondées sur Ali Soumaré.

Cependant rien n'est gagné. Nos camarades travaillent actuellement au rassemblement de la Gauche, nous y sommes engagés au plus haut niveau. Nous les croyons capables de déboucher sur un projet fort et des listes qui respectent chaque partenaire tout en permettant aux socialistes d'être la puissante colonne vertébrale de la future majorité régionale.
Le second tour n'est pas gagné d'avance pour autant. Il ne faut pas laisser penser aux électeurs qu'ils ont fini "le job" hier, mais leur rappeler que la mobilisation doit se poursuivre et s'amplifier dimanche prochain. Dès aujourd'hui, il faut reprendre le porte-à-porte en appelant à voter à gauche, à signifier que les électeurs doivent sanctionner encore plus qu'avant l'UMP et un gouvernement qui ont tenu hier soir sur les plateaux de TV un discours autiste, en attendant que nos camarades sortent le projet et la liste avant mardi 18h00.
Par ailleurs, je reste convaincu que des réserves de voix existent pour la gauche chez les abstentionnistes car une nouvelle fois la jeunesse et les quartiers populaires se sont massivement abstenus ; c'est qu'il faut aller rechercher les possibilités d'amplification de la victoire en demandant à ces électeurs désabusés d'aggraver la sanction de droite. Tout cela dépend encore de nous.

Repartons donc sur les marchés et dans les portes-à-portes.

Frédéric Faravel
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