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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 13:04

Vous trouverez ci-dessous la lettre que j'ai adressée à Nicolas Demorand, directeur de la publication et de la rédaction de Libération, suite au "portrait" publié par ce quotidien sur Caroline De Haas.

 

Monsieur le Directeur de la publication et de la rédaction,

1306414328.jpgJe vous écris ce jour pour vous faire part de ma profonde incompréhension et de mon intense énervement à la lecture du "portrait" en quatrième de couverture de votre édition quotidienne du mercredi 25 mai 2011, ayant Mlle Caroline De Haas comme sujet et signée par M. Luc Le Vaillant.
L'auteur de cet article me paraît accumuler sur trois colonnes mauvaise foi et procès d'intention avec la volonté assez évidente de décrédibiliser la parole et la personne de la porte-parole de l'association "Osez le Féminisme !". La mise en exergue dans le dernier paragraphe de son article de sujets qui ont vraisemblablement été secondaires dans l'entretien que Mlle De Haas a accordé à votre journaliste démontre jusqu'à la caricature l'objectif de son exercice.
On pourrait s'interroger pourquoi longuement, mais il est assez évident que M. Le Vaillant semble vouloir venger l'honneur sali de Dominique Strauss-Kahn et qu'il semble considérer que Mlle De Haas et son association n'ont pas eu pour lui le respect de la présomption d'innocence et la moindre compassion.
Plutôt que les combats de cette association, c'est ce sujet qui semble sérieusement animé votre collègue, malheureusement il se fait sur la base d'une interprétation largement erronée des actions et des prises de positions de cette association et de nombre de personnes choquées par la manière dont a été traitée en France l'affaire Strauss-Kahn. Pour suivre assez régulièrement les écrits d'OLF et les articles qui ont cité cette association, jamais celle-ci et donc sa porte-parole n'ont mis en cause la présomption d'innocence de M. Dominique Strauss-Kahn.
Vous permettrez de rappeler deux ou trois choses :
1- OLF s'est étonné que les médias français et nombre de personnes publiques s'exprimant sur l'affaire mette énormément de temps à parler de la situation de la victime présumée, tout en rappelant que DSK bénéficiait par ailleurs de la présomption d'innocence et qu'il fallait que la justice suive son cours.
2- OLF a dénoncé comme d'autres associations les dérives de certaines prises de paroles marquantes, qui tendaient à relativiser la gravité des actes présumés et à relativiser en général la gravité du harcèlement sexuel, du viol et des violences faites aux femmes.

OLF en tire avec d'autres - dont je suis - que ces expressions, sans doute non contrôlées, sont révélatrices d'un sexisme encore profondément inscrit dans la société française. Le caractère latin de notre culture ne saurait à ce titre être en aucun cas une excuse ou une circonstance atténuante.
Depuis plusieurs mois, certains chroniqueurs ou éditorialistes marqués - plus ou moins récemment à droite - s'étaient assignés comme tâche de dénoncer la bien-pensance, la pensée unique ou dévirilisation de la société. En quoi la virilité aurait quelque chose à voir avec la domination de l'homme sur la femme, voici un présupposé qu'il faudra encore longuement argumenter pour me convaincre.
Cependant il a été pour nombre de Françaises et de Français assez choquant de découvrir que certains responsables de gauche et d'autres, certains de mes camarades - oui, je suis socialiste - pouvaient tenir des propos ambigus ou carrément répugnants. La palme revient évidemment à JFK et son fameux "troussage de domestique", empreint à la fois de sexisme et de mépris social, pour lequel l'intéressé s'est depuis excusé. Mais il y a eu également le "il n'y a pas mort d'homme", la confusion entre le fait de draguer lourdement (euphémisme pour "harcèlement sexuel") et "aimer les femmes" ou encore - et j'en passe - le "forcer les choses" quand il s'agit d'évoquer le fait de forcer une femme (sous-entendu les femmes sont potentiellement des "choses"). Enfin comment ne pas s'étonner que d'aucuns glosèrent sur l'absence de profil de violeur, quand on sait qu'il n'existe pas de profil type du violeur.
Je crois profondément que l'ensemble de ces dérapages - je ne les ai pas tous cités - méritaient d'être dénoncés et que la stupeur, que l'abasourdissement (qui m'a moi-même étreint) de voir un camarade ou un ami jeter en pâture à la presse américaine dans une situation humiliante, ne les justifiaient pas, ne les excusent toujours pas (au passage, félicitons Mme Guigou d'avoir fait adopter en France une loi sur la présomption d'innocence). Ces dérapages ont sans doute largement blessé les milliers de femmes qui se font chaque année violer dans notre pays.
J'étais dimanche comme plusieurs milliers de personnes sur la place Igor-Stravinsky près du Centre Pompidou. Les discours d'OLF et des intervenant(e)s politiques étaient clairs et suivaient la ligne que je vous ai décrite.

Revenons à l'article de M. Le Vaillant.
Déduire par ailleurs de la nature de son emploi un présupposé négatif sur la personne et le comportement intime de Dominique Strauss-Kahn est à mon diffamatoire : Benoît Hamon, le courant qu'il anime, a fortiori sa collaboratrice n'ont jamais porté de jugement sur la personne, l'intimité, la vie de DSK ; les désaccords exprimés ont toujours été politiques. D'ailleurs cela aurait été les seuls en capacité d'avoir une quelconque portée au sein du peuple de gauche appelé à se prononcer dans des primaires ouvertes.
La description plus qu'ironique des origines sociales de Mlle De Haas et de son évolution personnelle, l'affichage de son salaire (qui au demeurant n'apporte rien à la compréhension du sujet) sont autant d'éléments qui vise d'une certaine manière à instruire un procès en légitimité sociale à l'égard de cette militante. J'imagine pourtant que votre confrère, comme beaucoup d'entre nous, pouvait être choqué lorsque le même type de procès était fait à l'encontre de DSK.
Enfin, sur quoi se base votre collègue pour définir le caractère "mouvants, évolutifs, hybrides" des positions d'OLF et des convictions de Mlle De Haas ? En quoi les clivages qu'elles portent n'auraient-ils "plus forcément de structures philosophiques précises" ? Si votre journaliste cherche à exprimer le fait qu'OLF sort de la caricature qu'on a régulièrement des militant(e)s féministes, il a sans doute raison, mais je crains tel ne soit pas son propos.
En quoi préférer sur certains sujets Sylviane Agacinski à Élisabeth Badinter marquerait-il une conversion puritaine ? M. Le Vaillant sait-il que ces deux philosophes ont également des positions en commun ? Cela fait-elle d'elles des femmes incohérentes ?
Je trouve au contraire les positions d'OLF d'une grande logique et d'une grande cohérence. Elle sont axées sur le refus absolu de l'exploitation de la femme et de la marchandisation, sous quelque forme que ce soit, du corps humain ; en découle toutes les positions sur la GPA, la prostitution, le viol, la différence salariale, le dénigrement du plaisir féminin, etc. En découle également - ce qu'en tant qu'homme je partage pleinement  - la chose suivante : c'est que le discours erroné sur l'irrépressibilité du désir masculin ne saurait justifier les comportements déplacés comme le harcèlement ou les rapports de domination comme la consommation de la prostitution.

Pour conclure il me paraît que ce "portrait" qui porte bien mal son nom mériterait d'être suivi au minimum d'un droit de réponse et même mieux d'excuses publiques.

Bien à vous,
Frédéric Faravel,
Cadre territorial
Secrétaire fédéral en charge des relations extérieures du PS Val-d'Oise

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