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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 12:34

| Par Stéphane Alliès - Mediapart.fr

Il y a un an, l’Élysée. Il y a dix ans, Dijon. Depuis que le hollandisme est à l’épreuve du pouvoir, chez de nombreux socialistes, l’antienne est récurrente, souvent désolée et accompagnée d’un soupir : «Hollande gère le pays comme il gérait le parti.» Les similitudes entre les deux expériences de gouvernance n’ont cessé d’accompagner les analyses des socialistes interrogés tout au long de cette première année de pouvoir.

À chaque renoncement, volte-face et temporisation ; à chaque fois que l’Élysée a fait savoir son refus systématique de la bataille idéologique ; à chaque fois qu’il a été jugé prioritaire d’apaiser la situation, l’allusion au PS d’après le congrès de Dijon revient. Le constat est très souvent le même : dans l’exercice du pouvoir à la sauce hollandaise, l’habileté se mue en immobilisme. On peut même retrouver dans les conditions de l’accession réelle du futur président à la tête du PS les raisons et les conséquences de son appréhension du pouvoir.

 

En patron des socialistes, Hollande a effectué deux quinquennats. Le premier en cohabitation avec Lionel Jospin (1997-2002), “à la Harlem Désir”, en chef d’un “parti-courroie de transmission”, rangé derrière le chef d’État socialiste. Son bilan est alors bien moins critiqué que ne l’est d'ores et déjà celui de Désir. Il était sans doute plus aisé de diriger un PS sans opposition interne d’importance dans la gauche plurielle. Quant au bilan du 21-avril ? Il est celui de Jospin, en aucun cas le sien.

C’est au congrès de Dijon (16-18 mai 2003) que Hollande entame son deuxième quinquennat solférinien, désormais en première ligne, en chef de l’opposition. Et c’est ce congrès, où les socialistes sont censés tirer les leçons de leur élimination au premier tour de la présidentielle, qui va constituer le “péché originel” du hollandisme en responsabilité. Comme si cette prise de pouvoir avait déterminé une orientation et un style que Hollande paye aujourd’hui à l’Élysée, tour d’ivoire imperméable au mouvement social, comme l’était Solférino au terme de son mandat.

Décryptage des sept symptômes, comme autant de péchés capitaux, du «syndrome de Dijon» au fondement de la pratique hollandiste du pouvoir.

S’accommoder des insuffisances démocratiques

Comme Mitterrand, Hollande s’est accommodé quand il le dirigeait des errances de son parti et des dérives de ses barons. Lorsque Mediapart l’a reçu, avant la présidentielle, le 13 avril 2012, s’il n’esquivait pas les critiques en inertie sur les votes truqués de certaines fédérations, elles n’ont pas semblé l'atteindre outre mesure. Il confia même dans un sourire, après l’émission : «Mitterrand aussi a triché à Épinay, en s’appuyant sur les grosses fédérations», lors du congrès de 1971, où il s’était emparé du PS sur les ruines de la SFIO.

À la manœuvre de ce congrès de Dijon, dans l’entourage de François Hollande, on trouve tous ceux qui traverseront avec lui les années de direction du PS, tous devenus ministres ou responsables des postes clés des institutions : François Rebsamen, Stéphane Le Foll, Jean-Yves Le Drian, Bruno Leroux, Kader Arif ou Michel Sapin. L’opposition, divisée, frise les 40%, mais beaucoup assurent encore aujourd’hui que le scrutin a été volé.

Laisser prospérer les comportements coupables

Hollande se repose sur les trois puissantes fédérations des Bouches-du-Rhône, du Pas-de-Calais et de l’Hérault, qui représentent alors à elles trois 30% des cartes du parti. Et qui votent au canon – un terme du jargon socialiste pour dire “bourrer les urnes”. Au congrès de Dijon, Hollande recueille entre 80% et 90% dans ces trois départements. Alors que les résultats sont bien plus serrés, voire défavorables, dans les autres fédérations. Les «Bouches-du-Nord», qui avaient fait le congrès d’Épinay, sont ressuscitées.

Une autonomie absolue est alors laissée à ces trois fiefs, laquelle aboutira, sans que jamais le parti de l’ère Hollande ne s’en saisisse, à des dérives clientélistes et antidémocratiques. Sous le mandat de Martine Aubry, elles occasionneront des mises sous tutelle plus ou moins importantes. Et des procédures judiciaires ont été déclenchées, visant trois des plus ardents soutiens de Hollande à l’époque : Jean-Pierre Kucheida, Jean-Noël Guérini et Robert Navarro (lieutenant de Georges Frêche, souvent suspendu sous Hollande, mais exclu seulement sous Aubry). Il faut l'écouter répondre aux interpellations de Fabrice Arfi, lors de notre émission durant la campagne présidentielle.


Mediapart 2012 - Les questions qui fâchent, les... par Mediapart

À chaque fois, le même constat : pas au courant, jamais mêlé directement. Le premier secrétaire d’alors a le laisser-faire coupable, gagne du temps, se contentant d’assurer qu’il fait confiance à la parole de ses amis, et ne tranche pas malgré les alertes nombreuses. Au bout du compte, c’est la justice qui se charge aujourd’hui d’examiner des dérives qu’il a tolérées. Toute ressemblance avec une affaire récente…

S’en remettre au socialisme des territoires

Corollaire de cette assise socialiste dans les baronnies, Hollande développe dès le congrès de Dijon une vision territoriale de la politique, où les « grands élus » sont érigés en exemple d’administration des citoyens. «Nous avons cette chance au Parti socialiste d’avoir des élus. Je dirai même que nous n’en avons pas encore suffisamment», lance-t-il depuis la tribune du congrès. L’action de Gérard Collomb, François Rebsamen, Jean-Yves Le Drian ou Alain Rousset sera souvent citée en exemple au cours de l’ère Hollande au PS… Ah, les élus locaux… S’il y a bien un succès à retenir de l'action de Hollande au PS, ce sont ses victoires aux élections municipales, régionales, ou cantonales. Entre 2004 et 2008, la «France des territoires» est presque devenue entièrement socialiste, permettant in fine la prise du Sénat en 2011, depuis présidé par un autre fidèle de Hollande, Jean-Pierre Bel.

© dr 

Sa déclaration de candidature à la présidentielle, il la fera depuis sa mairie de Tulle. Depuis cette Corrèze dont il n’a cessé de se prévaloir durant la campagne présidentielle (lire notre enquête à Tulle). Élu président, il n’a pas hésité à se rendre en mars dernier à Sombernon, pour livrer un discours enflammé sur… la ruralité. Comme aux plus belles heures de ses fêtes de la Rose dans le pays profond qu’il affectionnait tant quand il dirigeait le parti, voici le président Hollande vantant le «pays d’Auxois-Morvan» (discours intégral ici) : «La ruralité est à la fois notre histoire et notre avenir. C’est notre histoire parce que c’est dans la ruralité que la France s’est fondée avec son agriculture, sa production, ses paysages, ses traditions. Mais la ruralité, c’est aussi un facteur de confiance en l’avenir parce que c’est dans les territoires ruraux que nous pourrons trouver les leviers de notre propre développement.» 

Aujourd’hui critiqué dans ses propres rangs, comme un «président conseiller général» (par le député PS Pascal Cherki), François Hollande a sans cesse plaidé dans ces années-là pour que la façon dont le PS gérait ses collectivités locales influence jusqu’à la gestion de l’État. Avec lui est né ce «socialisme des territoires», ce modèle de gestion/coopération entre États et collectivités, cette écoute permanente des élus de terrain et la priorité laissée avant tout au compromis, l’amenant finalement à reporter son acte III de la décentralisation (lire ici). De peur de brusquer certains de ces «grands élus», il ne va s’attaquer au mille-feuille institutionnel français que pour proposer d’en rajouter un échelon, avec la métropolisation, et modifier des modes de scrutin, tout en renvoyant le reste des décisions à plus tard.

Mettre au placard une génération

Au congrès de Dijon, François Hollande l’emporte face à la gauche du parti et aux rénovateurs. Hollande préfère alors mettre au placard une génération de trentenaires et quadras (Vincent Peillon, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, et toute l’aile gauche issue de l’Unef et ex-gauche socialiste, rangés derrière Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon). À ce moment, pas question de synthèse avec eux. Pas question de céder aux lubies du NPS (Nouveau parti socialiste) sur le cumul des mandats, ni aux obsessions archaïques de l’aile gauche et de ses critiques du libéralisme. Pas question non plus de transiger avec cette opposition interne sur une éventuelle remise en cause de l’Union européenne.

Sur la scène de Dijon, en bon connaisseur de l’histoire de son parti, il parle toutefois à gauche : «Nous avons même montré un tel goût pour la gestion que, souvent, nous avons pu céder quelque peu à cette tentation de croire séduire nos adversaires en étant plus orthodoxes qu’eux. Je ne crois pas que ce soit nécessaire.» Mais en coulisses, il noue alliance avec strauss-kahniens et fabiusiens, deux écuries organisées dans la perspective de la présidentielle de 2007, plutôt convaincu d'une nécessaire adaptation libérale du socialisme français.

Interrogé par Mediapart en 2008 sur cet épisode, François Hollande assumait. «Je voulais que notre ligne politique ne soit pas fonction des personnalités qui la soutenaient, mais de la cohérence et de la constance de nos positions, disait-il. Dès lors que les rénovateurs se lançaient pour un combat en faveur d’une VIe République parlementaire, contre les institutions européennes et critique de la politique économique que nous avions suivie, la synthèse n’était pas possible entre des intérêts inconciliables. Je ne contestais pas leur souhait de rénovation et je trouvais regrettable que cette génération ne puisse donner sa pleine mesure. Je me suis donc retrouvé, sans que j’aie à le souhaiter ou à le regretter, avec Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius et beaucoup d’autres, moins parce que je les avais sollicités que parce qu’ils étaient à ce moment-là sur la même ligne que moi.»

En fin de compte, lui président, ses adversaires une décennie durant finiront tout de même ministres. Ressortis du placard hollandais, les rénovateurs de Dijon (Montebourg et Peillon) ne sont pas franchement choyés par l'exécutif, plutôt laissés seuls face à leurs difficultés. Quant à l'aile gauche, elle se résume à un ministère délégué pour Benoît Hamon.

Mettre la rénovation en berne

Dans son discours de Dijon, la rénovation était promise, mais elle avait déjà des airs de slogan creux, ne laissant guère de place à l’innovation politique. Diversité et parité sont saluées, même si les instances du parti ne seront plus du tout paritaires par la suite, et que hormis la promotion de cinq camarades représentant «toutes les couleurs de notre parti» au conseil national, la diversité dans la représentation socialiste aura été tellement faible que Nicolas Sarkozy la ringardisera à peu de frais à coups de Rachida Dati, Rama Yade ou Fadela Amara. Ironie de l’histoire, cette dernière avait auparavant été l’une des rares “issues de la diversité” promue secrétaire nationale au sein du PS de François Hollande. Aujourd’hui encore, si la parité est respectée au gouvernement, les principaux postes ont été réservés à des mâles blancs (à l’exception notoire de Christiane Taubira).

À Dijon, la rénovation interne de François Hollande passait aussi par le référendum militant, celui sur la constitution européenne y était déjà annoncé. Mais après le oui des encartés socialistes en décembre 2004 (un vote lui aussi entaché d’irrégularités, mais favorable à 59%), le non des Français (à 55%, et de la majorité des électeurs de gauche) a enterré, semble-t-il à jamais, l’appétence référendaire du président-premier secrétaire Hollande. Bien que promis dans son programme pour le premier semestre de son mandat, le référendum sur les institutions est aux oubliettes, et toute tentative de faire resurgir le sujet (comme récemment sur la moralisation, même par la direction du PS) est jusqu’ici à chaque fois balayée d’un revers de main par l’Élysée.

Quant à la primaire, le François Hollande de Dijon n’en parle pas. Mais elle était déjà pour lui inconcevable au-delà du cercle socialiste, ce cénacle vieillissant composé à majorité d’élus, de collaborateurs d’élus et d’employés municipaux. Pourquoi se risquer à s’embarquer dans des votes incontrôlables ?

C’est en dehors de la direction du parti qu’il se convertit à l’exercice de la primaire ouverte à tous, après s’y être au début opposé. Comme il avait bataillé contre la date trop tardive selon lui du scrutin. Contre son gré, le PS, obligé de se rénover après le coma dans lequel il l’avait laissé, a fait son bonheur présidentiel. Débarrassé du mistigri de l’appareil éléphantesque, il récolte un succès impensable un an avant, profitant du crash de Strauss-Kahn. Juste avant le premier tour, il glissait aux journalistes : «Ce qui m’amuse toujours, c’est que si mes camarades m’avaient écouté, je n’aurais pas été désigné. J’étais contre les primaires et contre le calendrier.»

L’hégémonisme plutôt que l’union de la gauche

À Dijon, François Hollande indique le fond de son analyse stratégique du 21-avril et la leçon qu’il en tire pour son parti : «Ce n’est pas notre hégémonie qui a fait problème l’année dernière, c’est notre faiblesse d’abord qui nous a rendus impropres à figurer au second tour de l’élection présidentielle.» Dans la période post-gauche plurielle, les relations avec Les Verts sont tendues à chaque scrutin local où les accords électoraux se font le plus souvent a minima. Celles avec le PCF sont exécrables au fur et à mesure des conquêtes socialistes dans les bastions communistes. Sur le fond, le PS de Hollande est productiviste et pour l’économie de marché, et les divergences sur ces points ne seront jamais débattues avec des partenaires devenus peu à peu concurrents.

Au terme du mandat Hollande à Solférino, le «grand parti socialiste» appelé de ses vœux à Dijon est bien loin. Le parti n'a pas doublé ses effectifs comme promis, et l'ouverture aux adhérents à 20€ n'a pas été un modèle d'intégration. Le PS verra bientôt les écologistes venir contester le leadership à gauche, aux européennes de 2009. Le périmètre idéologique du PS s’est même réduit, avec le départ de Jean-Luc Mélenchon, lassé du recentrage opéré sous Hollande, qu’il juge irréversible, et qui ouvrira le champ à une autre force contestataire d’importance au PS, le Front de gauche. Hollande souhaitait un PS plus hégémonique à gauche, il doit désormais gérer la tempête récoltée par le vent semé, et faire face à son propre camp, rarement aussi divisé en période de pouvoir.

© Patrick Artinian 

Parler à gauche, mais décevoir les classes populaires

À l’époque, le congrès de Dijon est perçu comme celui d’un retour à gauche pour le PS. En pleine contestation contre la réforme des retraites, François Chérèque a laissé l’invitation au congrès lettre morte, tout à sa négociation avec le gouvernement Raffarin. Le leader de la CGT, Bernard Thibault, est lui présent à Dijon. Et ovationné.

Sans prévenir les représentants des autres motions, François Hollande intègre même au dernier moment dans le texte d’orientation «le droit à la retraite à 60 ans à taux plein». Il s’agira du dernier vote – unanime alors – d’un congrès socialiste sur la question des retraites. À la tribune, François Hollande donne rétrospectivement le sentiment de livrer un “discours du Bourget avant l’heure”, berçant d’illusions une audience socialiste ravie d’entendre une opposition franche à la réforme des retraites.

«Le projet du gouvernement appelle un refus majeur de la part des socialistes», explique Hollande, qui refuse cette «philosophie qui consiste à demander aux salariés de travailler plus longtemps pour gagner moins». Et de lâcher : «L’allongement de la durée de cotisations – 40, 41, 42 ans et davantage encore si c’est nécessaire – était la position du Medef, c’est la solution du gouvernement Raffarin !» Mais une fois devenu président, cet allongement de la durée de cotisations a bel et bien été entériné, et plus encore. L’annonce d’une nouvelle réforme des retraites laisse présager l’achèvement de la trahison de Dijon.

Il faut dire que, depuis ce congrès, François Hollande s’est peu à peu éloigné du mouvement social, et le PS avec lui. Jusqu’à ce 5 mars 2005, à Guéret. Lors d’une manifestation de défense des services publics, Hollande est visé par des boules de neige venues des rangs syndicaux et nonistes. Après le référendum européen du 29 mai, le PS ne descend plus dans la rue. Seul le Mouvement des Jeunes Socialistes va dans les cortèges, et y est plus ou moins bien accueilli. Au départ de Hollande, le PS n’est même plus signataire des collectifs de la Ligue des droits de l’Homme ou du Réseau éducation sans frontières.

De Dijon 2003 à Dijon 2013 : «Elles sont où vos promesses» ?

À la tête du parti, Hollande est apprécié par les militants, mais surtout pour ses blagues, rarement pour des discours marquants. Il est en revanche constamment contesté, voire méprisé, par le reste des cadres et hiérarques du parti. Frontalement par l’aile gauche, puis par les fabiusiens. Plus secrètement par les strauss-kahniens. Parmi les responsables socialistes, son autorité ne lui aura jamais été reconnue. Mais il aura profité de son art de la synthèse (qu’il magnifiera lors du congrès du Mans, en 2005, rassemblant de façon factice un parti fracturé par le référendum européen).

En quittant la direction PS en 2008, François Hollande n’avait pas souhaité rester neutre, et avait soutenu la motion de Bertrand Delanoë, présentée comme largement favorite et dans la continuité de son réformisme social-démocrate converti au libéralisme. Une motion qui avait fini derrière celle de Ségolène Royal, à égalité avec celle de Martine Aubry, et peu devant l’aile gauche de Benoît Hamon. Un constat de désaveu, après un congrès où tous les cadres du parti ont insisté sur la nécessité de «remettre le parti au travail». Comme pour bien souligner qu’il ne travaillait plus sous Hollande.

Depuis, l'ancien premier secrétaire, même devenu président, n’est plus majoritaire au PS. Il a réussi à se faire désigner par les sympathisants en “alchimiste” (lire notre analyse). C'est-à-dire en parvenant à assumer à merveille la posture du “candidat normal”, le plus à même dans les sondages de faire tomber Sarkozy. Mais une fois qu’il a réussi à incarner son “moment”, il n’est pas redevenu majoritaire à Solférino pour autant, incapable d’imposer un proche à sa tête.

François Hollande, le 9 octobre 2011François Hollande, le 9 octobre 2011© Hugo Vitrani

Pour fêter sa première année au pouvoir, le PS a choisi de jouer l’offensive européenne contre l’Allemagne d’Angela Merkel. Avant de se faire recadrer, une nouvelle fois, par l’exécutif. Le texte européen du parti devra néanmoins être voté par les militants, et beaucoup à Solférino s’interrogent sur le résultat des votes. Jusqu’ici, à chaque fois que le parti a essayé de bousculer l’attentisme de son ancien premier secrétaire, sur le non-cumul des mandats, le droit de vote des étrangers, l’usage du référendum sur la moralisation, comme sur la question européenne, Hollande a tranché pour l’enterrement. Des ouvriers grévistes de PSA-Aulnay se font applaudir au conseil national du PS (lire notre article) ? Hollande décide deux semaines plus tard de s’opposer à l’amnistie sociale des syndicalistes, quitte à susciter l’incompréhension et l’amertume (lire notre article).

À Dijon, François Hollande avait évoqué sa vision du socialisme au pouvoir : «Alors aussitôt, s’ouvre l’autre procès, celui de la mauvaise conscience, de la trahison, du reniement, de l’abandon, comme si venir au pouvoir serait nécessairement une compromission et que ça se terminait toujours de la même façon : par la capitulation. Parce que, maintenant, nous dit-on, le capitalisme serait devenu trop fort et la social-démocratie trop faible. Comme si le système devait nous dévorer tout cru, comme s’il était possible, d’entrée de jeu, de se mettre précisément hors du système.»

En mars dernier, François Hollande a tenté une opération de com pour relancer sa dynamique. Deux jours durant, il a quitté Paris pour s’installer en province et retrouver le contact avec les Français. À Dijon, évidemment. De ces deux jours, on retiendra surtout qu’un syndicaliste s’est fait exfiltrer manu militari par le service d’ordre, pour avoir demandé : «Elles sont où vos promesses ?»

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