Si la mauvaise foi partisane alimente beaucoup le ton du Figaro au service de l'UMP, force est de constater que le débat sur la manière de réagir au Traité Merkozy, à peine amendé d'un pacte de croissance détaché, commence mal.
Frédéric FARAVEL
Un traité budgétaire qui divise à gauche
Le Figaro - mardi 7 août 2012
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste: «Il va y avoir une forte pression de François Hollande pour que le traité soit adopté sans les voix de la droite.» Crédits photo : OLIVIER CORSAN/PHOTOPQR/LE PARISIEN
L'extrême gauche réclame un référendum, l'aile gauche du PS s'inquiète, les Verts se divisent.
• Le Front de gauche veut un référendum
Réunis sous la bannière du Front de gauche, le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon sont à l'unisson sur le traité européen. Ils réclament un référendum, en raison des «abandons de souveraineté» auxquels aboutirait la mise en œuvre du pacte budgétaire et de la récession dans laquelle il précipiterait l'Europe. «C'est un cadenassage, une camisole de force pour les politiques budgétaires, économiques et donc sociales» affirme le député européen Patrick Le Hyaric. «C'est le traité de Lisbonne en plus plus!!!», renchérit le secrétaire national du Parti de gauche, Éric Coquerel. Le Front de gauche, qui n'a pas voté la confiance au gouvernement, va continuer à plaider pour la consultation des citoyens, notamment lors de ses universités d'été prévues les 25 et 26 août, en même temps que celles du PS. Mais personne ne se fait d'illusions. «Que ce soit à Versailles ou au Parlement, le texte passera grâce aux voix de la droite et du centre», admet Éric Coquerel qui est, par ailleurs, convaincu que «François Hollande ne tiendra pas compte des demandes du Front de gauche».
• L'aile gauche du PS s'interroge et hésite
La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann ne décolère pas contre le pacte budgétaire. «Je suis, dit-elle, contre les dogmes économiques. Je suis une keynésienne qui pense qu'à certains moments il faut des déficits et qu'à d'autres moments, il faut les réduire.» Marie-Noëlle Lienemann votera «contre» le traité européen parce que si François Hollande «a bien complété le traité par un volet sur la croissance, il ne l'a pas modifié comme il s'y était engagé durant la campagne». Lienemann est convaincue qu'elle ne sera pas seule. Que les parlementaires de l'aile gauche du PS, regroupés dans le courant Un Monde d'avance (UMA) dont le ministre Benoît Hamon est le chef de file, iront aussi «jusqu'au bout». «20 à 25 députés et 3 à 5 sénateurs ne voteront pas le traité», affirme la sénatrice. Un Monde d'avance a déjà posé ses conditions. «On en discutera (entre nous), mais s'il reste sous-tendu par les mêmes logiques, qui nous amèneraient à avoir une politique d'austérité, je pense que l'on ne peut pas le voter», admettait à la fin de la session parlementaire la députée du Doubs Barbara Romagnan, première signataire de la «contribution» d'UMA.
• Les écolos avancent en ordre dispersé
«Ce traité, c'est quoi au juste? C'est un texte qui fait disparaître la politique budgétaire de la France. En tant que fédéraliste, les transferts de souveraineté ne me posent pas de problèmes. Mais, dans ce cas précis, je constate que l'Europe n'a pas de politique économique à proposer. Ce traité est apolitique.» Jean-Vincent Placé, président du groupe Europe Écologie-Les Verts (EELV) au Sénat, fait partie des écolos qui ne voteront pas le traité européen.
Son alter ego de l'Assemblée nationale, François de Rugy, est sur la même ligne: «Le groupe n'a pas encore arrêté sa position. Mais, à titre personnel, je voterai contre, comme certains députés EELV. En l'état, ce texte est synonyme de super-austérité.» Face à eux, d'autres écolos se mobilisent pour que le vote soit favorable au traité européen, notamment les eurodéputés Yannick Jadot et Daniel Cohn-Bendit. Quant aux deux ministres Verts, Cécile Duflot et Pascal Canfin, «ils devraient rester en retrait», assure Jean-Vincent Placé.