Le site Atlantico a publié une vidéo "volée" dans les locaux du Syndicat de la Magistrature (SM), sur laquelle on découvre un "murs des cons". Les militants de ce syndicat se sont semblent-ils défoulés en chargeant un panneau d'affichage interne, auquel le public n'a pas d'accès, des photos des principaux zélateurs du sarkozisme, de quelques journalistes (comme le très chiracophile David Pujadas), le responsable du syndicat concurrent (USM) et même d'"hommes de gauche" comme Jack Lang.
Depuis, une partie des responsables politiques de droite a décidé d'enfourcher cette vidéo - Atlantico vole ce qu'elle peut, son directeur (le camarade Ferjou, avec qui j'ai fait mon service national) doit penser qu'il tient là l'équivalent des enregistrements de Médiapart dans les affaires Bettencourt et Cahuzac (oui faut bien le dire tout le monde n'est pas au même niveau d'investigation et de journalisme) - pour dénoncer les "juges rouges" et vitupérer sur l'absence d'impartialité d'un bon tiers des magistrats du pays, puisque c'est le score du SM. Jean-François Copé exige une commission d'enquête parlementaire, rien que cela, que la Garde de Sceaux sévisse et certains réclament même la dissolution du syndicat.
Cette manoeuvre cache mal la tentative de diversion de l'UMP et de toute la droite en général, qui depuis plus de 10 ans a fait des magistrats et de l'indépendance de la justice une de ses principales cibles. En effet, il est parfaitement hypocrite d'expliquer qu'une décoration intérieure destinée aux permanents et aux responsables du SM met en cause l'impartialité de la justice française, quand les conservateurs et les centristes ont pendant 10 ans multiplié les entraves aux investigations judiciaires, les pressions par parquet interposé pour orienter les procédures, et les réformes visant à dévaloriser le juges et le fonctionnement démocratique de la justice.
C'est également une bien piètre manipulation de responsables qui ont de nombreuses casseroles et qui s'attendent tous un jour ou l'autre à recevoir une lettre d'un juge (rouge, forcément), dès que l'opportune diversion de l'affaire Cahuzac permettra à nouvau de jeter un oeil tranquille sur Sarkozy, Woerth, Balladur ou Copé. Ces personnages ont été tellement habitués dans le même temps à obstruer la marche de la justice ou à manipuler les procureurs, qu'ils ne peuvent imaginer que des militants syndicaux, pétris de convictions et de détermination, soient capable de faire preuve de professionnalisme et d'impartialité lorsqu'ils exercent leurs missions de fonctionnaires. Il est vrai que la nature du service public et du service de l'Etat est devenue depuis longtemps étrangère à la droite française.
Sur le fond de l'affaire, tout cela montre bien que le monde syndical est étranger à Atlantico et à l'UMP. On pourra peut-être les emmener dans les locaux de la CGT ou de FO, de la plus petite UD ou UL jusqu'à Montreuil... le pauvre Jean-François risque de faire une attaque sous le choc. Mais s'il souhaite aujourd'hui une commission d'enquête contre le SM, je lui propose de faire un tour à Solférino pour vérifier les stocks d'affiches du MJS qui des "Arnaqueurs" à "La Honte" pourraient être soumis à des poursuites pour diffamations si l'on suivait l'analyse de Christian, Jean-François et les autres.
Que dire de la poupée vaudoue Sarkozy que mon épouse a imposée depuis plusieurs années dans notre domicile : piétié ne vous en prenez pas à moi, je n'y suis pour rien je vous le jure !...
Rassurons tout de même nos amis de l'UMP... Il est probable qu'au rythme où vont les choses - de volte-face sur l'aministie sociale concernant les faits entre 2007 et 2012 (alors que s'exerçait une véritable répression d'Etat sur toute une partie de l'action syndicale) à l'absence d'encadrement sur les licenciements profitabilité, en passant par l'oubli de la loi sur les reprises d'entreprises industrielles - il es probable que les prochains "murs des cons" que l'on découvrira dans des locaux de syndicats de salariés compteront de nombreux responsables politiques et élus de gauche... malheureusement.
Frédéric FARAVEL