Nous nous sommes tous réjouis de l’élection, dimanche 6 mai 2012, de François Hollande à la présidence de la République. C’est un moment qui restera inscrit dans l’histoire de la gauche et de tout le pays, tant l’aspiration à tourner la page de 10 ans de gouvernements conservateurs était forte.
Mai 2012 n'est pas comparable à mai 1936 ou mai 1981, l'exercice de l’État ayant laissé quelques traces, entre réussites et désillusions. Mais si l'espoir de l'accession prochaine de la gauche au pouvoir n'est pas aussi naïf qu'il y a 31 ans, les attentes de nos concitoyens vis-à-vis de la nouvelle présidence de gauche n'en sont pas moins importantes, tant les solidarités républicaines ont été défaites pendant 10 ans. L'état de grâce – si jamais il existait – n'en sera que plus court, car les Français seront réalistes mais exigeants.Et l'équilibre sera difficile à trouver entre la responsabilité du redressement financier du pays, traduit aujourd'hui dans l'objectif affiché du retour à l'équilibre budgétaire en 2017 (ce qui ne saurait être une fin en soi), et la nécessité revendiquée de rétablir le sentiment de justice dans le pays, reconstruire les services publics ou de restaurer l'autonomie et les marges de manœuvre des collectivités territoriales, par exemple.
C'est pour répondre à ces enjeux majeurs qu'a été constitué le gouvernement Ayrault 1. Cet article vise à décrypter cet exercice politique déterminant avec ses intuitions fortes et ses insuffisances, tout en souhaitant bonne chance à ce gouvernement de combat électoral, qui n'a pas le droit à l'échec ni dans la perspective des élections législatives qui doivent donner une majorité parlementaire au Président Hollande, ni à l'échelle du mandat, face à une droite à la fois déboussolée et lepénisée.
L'architecture générale du gouvernement comporte à la fois des bonnes surprises et des insuffisances.
Parmi les bonnes surprises…
D'une manière générale, ce gouvernement fait le pari du renouvellement et du rajeunissement. Bien que la moyenne d'âge soit classiquement à la cinquante, de nombreux ministres trentenaires et quadragénaires font leur entrée au gouvernement, entrée sans doute facilitée par l'absence de gouvernement de gauche durant 10 ans.
Cette jeunesse et ce renouvellement est compensée par la présence de ministres particulièrement expérimentés dans des ministères clefs ou régaliens. C'est le cas du Ministère des Affaires étrangères confié à Laurent Fabius, qui aura un rôle majeur alors la crise économique et géostratégique est patente ; c'est également le cas du Travail avec Michel Sapin, et de la Réforme de l’État & de la Décentralisation avec Marylise Lebranchu.
La deuxième bonne surprise vient de certains intitulés de ministères qui donnent un aperçu intéressant de l'orientation politique potentielle du gouvernement (à vérifier dans les actes évidemment) :
« Égalité des territoires », avec Cécile Duflot, qui marque le retour d'une volonté d'égalité républicaine dans l'action du gouvernement quand les gouvernements conservateurs successifs avaient peu à peu mis en concurrences les collectivités les unes contres les autres, et avaient déshabillé les services publics locaux là où les territoires étaient les plus déshérités ;
« Redressement productif », avec Arnaud Montebourg, qui marque le retour d'un véritable ministère autonome de l'industrie, et qui peut augurer de la restauration d'une véritable politique industrielle au moment où l'appareil productif industriel français est en passe de succomber faute d'innovation et de coordination, laissant sur le carreau des centaines de milliers de salariés. C'est une politique de long terme dont nous avons besoin, sans doute l'un des enjeux nationaux et européens les plus vitaux pour les années à venir. On verra si le ministre Montebourg a les moyens de sa politique ;
« Droits des femmes », avec Najat Vallaud-Belkacem. Ce ministère avait disparu des gouvernements Fillon, qui s'étaient illustré par un recul graduel mais constant des droits des femmes, notamment avec la diminution des Centres IVG. Ce ministère apparaît d'autant plus important que la gauche s'est engagée fortement durant la campagne sur la question de l'égalité salariale femme-homme et que le conseil constitutionnel vient de supprimer la notion de harcèlement sexuel du droit français et s'apprête à le faire pour le harcèlement moral :
« Décentralisation », avec Marylise Lebranchu, qui marque la volonté d'effacer les régressions territoriales engagées par Nicolas Sarkozy et de réparer les erreurs et les insuffisances de l'Acte II de la décentralisation mis en œuvre par Jean-Pierre Raffarin, alors même que le rôle des collectivités locales et des EPCI s'avère de plus en plus crucial pour l'activité économique du pays et l'égalité d'accès aux droits et aux services publics ;
« Éducation populaire », avec Valérie Fourneyron, qui indique le sens de l'action que pourrait mener la nouvelle ministre au sein d'un ministère élargie des sports, de la jeunesse et de la vie associative ;
« Économie sociale & solidaire », avec Benoît Hamon. C'est une thématique méconnue de l'action économique mais déterminante avec 10 % des emplois français et qui pourrait permettre d'impliquer les salariés dans la résolution de certaines crises de propriété, de gestion et d'organisation productive. Indispensable à tout projet de gauche cohérent, l'économie sociale & solidaire n'a cependant jamais eu la place qu'elle méritait dans l'action gouvernementale… en tout cas jusqu'ici ;
« Développement », avec Pascal Canfin. Peut-être enfin la volonté d'en finir avec la funeste Françafrique en confiant à cet économiste écologiste, député européen, spécialiste des questions financière, la mission de refonder le partenariat et l'action de la République française auprès des pays en voie de développement. C'est aussi un des avantages que sa personnalité représente : ne pas appartenir aux principaux réseaux à gauche et à droite décrédibilisés par les compromissions multiples de 40 ans de « coopération et de développement ». Ce ministère avait été assimilé avec une politique répressive de l'immigration sous les deux premiers cabinets Fillon avant de disparaître dans le troisième ;
« Francophonie », avec Yasmina Benguigui. Si le casting ministériel laisse pour le moment songeur, la recréation de ce ministère de la francophonie permet de concevoir la relance d'une politique essentielle au rayonnement culturel, intellectuel et idéologique de la République française et donc de son message universel.
Enfin, la nomination aux Affaires étrangères et aux Affaires européennes, de deux ministres qui ont en 2004 et 2005 plaidé pour le « NON » au projet de Traité Constitutionnel Européen – avec la nomination également d'autres responsables politiques éminents qui avaient fait le même choix (Christiane Taubira, Vincent Peillon, Benoît Hamon) – est un message fort adressé au peuple de gauche mais surtout et avant tout à nos partenaires européens au moment où le sort de la construction européenne est en jeu et qu'il faut construire des alternatives aux politiques austéritaires, des convergences industrielles, économiques et sociales, ainsi que les conditions d'émergence d'une véritable souveraineté populaire européenne.
Malgré ses excellentes orientations, le gouvernement Ayrault 1 n'a pas su éviter quelques écueils ou manque un peu de courage sur certains secteurs.
La principale est la persistance d'un ministère autonome de l'agriculture. Depuis le « Grenelle de l'environnement », il devrait être mis sous la férule du ministère de l'écologie. L'insistance faite sur la question agroalimentaire marque par ailleurs une certaine distance avec la nécessité impérieuse de construire une vision durable et moins productiviste de l'agriculture, alors même que nous devrions adopté des positions innovantes et offensives à la veille de la renégociation de la PAC pour 2013.
Le second écueil est de l'ordre des symboles. Mais évidemment, si ce gouvernement pleinement paritaire ne peut que nous satisfaire, si les femmes ministres occupent des postes souvent importants, seul le ministère de la Justice fait partie des ministères régaliens confiés à une femme. Pire, les femmes deviennent pléthoriques dans les ministères « compassionnels » ou intergénérationnels : « personnes âgées & dépendances », « famille », « personnes handicapées »… sans doute un écho aux paroles de cette grande philosophe politique cannoise, Bérénice Béjo et le résultat de réflexes sexistes e machistes des « hommes politiques » qui rechignent sans doute à se commettre dans de telles missions.
Enfin - et c'est dommage pour un gouvernement qui semble avoir fait un réel travail sur la terminologie et le sens politique des ministères créés - il est regrettable d'avoir intitulé le ministère confié à George Pau-Langevin "Réussite éducative". En effet, c'est une terminologie définie par la droite comme "égalité des chances" et qui a donné son nom à un dispositif par ailleurs assez limité dans le cadre de la politique de ville. Fortement contesté au moment de son lancement en juillet 2005, car les présupposés idéologiques étaient assez flous, il ne doit sa pérennité qu'au détournement de ses fonctionnements par les collectivités qui se sont appropriées le programme.
La composition du gouvernement Ayrault 1 répond également au sens aigu de l'équilibre et de la synthèse politiques développé par le Président François Hollande pendant plusieurs dizaines d'années de vie publique. Mais il ne peut masquer certaines logiques de revanche interne à la gauche.
Le meilleur équilibre commence évident par l'établissement d'un axe ferme autour duquel se structure le gouvernement. Selon moi, cet axe n'est pas réductible à l'ordre protocolaire établi par le gouvernement Ayrault 1. Le rang donné à Laurent Fabius, Vincent Peillon ou Christiane Taubira n'établit pas forcément une proximité politique mais répond à d'autres considérations : antériorité de l'ancien Premier Ministre, priorités phares affichées pendant la campagne pour l'éducation et la justice…
Les principaux lieutenants du nouveau Président de la République sont au nombre de deux plus un.
Parmi les deux premiers, le plus évident est bien sûr le nouveau Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, qui jouit d'un respect réel dans les troupes socialistes, notamment parmi les parlementaires, et qui pourra de ce fait imposer sans difficulté son autorité de chef de gouvernement et de la majorité parlementaire. Sa proximité avec le Président de la République est ancienne, n'a jamais fait de mystère pour personne, sans que jamais il ne soit mis en difficulté pour cela, y compris quand François Hollande subit sa « traversée du désert ». François Hollande a choisi une personnalité solide, discrète, honorable, travailleuse, en qui sa confiance est évidemment totale.
Le second personnage clé du président n'arrive qu'en 10ème rang : il s'agit de Michel Sapin. L'ami de régiment et de promotion de François Hollande se voit confier le « travail, l'emploi, la formation professionnelle et le dialogue social ». D'aucuns ont vu dans le fait qu'il ne soit pas ministre des finances une sorte de relégation ; je n'en crois rien. François Hollande avait fait, lors de sa campagne des primaires citoyennes, de sa conception propre des relations contractuelles et du dialogue social un déterminant, un distinguo important. Le nouveau Président de la République avait indiqué qu'il souhaite donner la primauté à la négociation et au contrat dans le domaine social et professionnel, et ne se résoudre à la loi qu'en dernier recours. C'est une rupture pratique importante avec l'exercice du pouvoir par la gauche en France, y compris avec la méthode Jospin-Aubry des années 1997-2000. Enfin, sur des dossiers déterminants comme ceux des retraites et des salaires, avec des syndicats de salariés meurtris dans leurs relations avec le gouvernement par 5 années de sarkozysme, le rétablissement du dialogue social sur ces bases ne sera pas forcément une mince affaire, d'autant que des divergences risquent d'apparaître dans le mécano visant à rétablir le droit plus ou moins effectif à la retraite à 60 ans. Le rôle de Michel Sapin sera donc essentiel et le président a confié une mission difficile (quel que soit le jugement que l'on porte sur l'orientation privilégié – pour savoir ce que j'en pense, vous pouvez lire les articles de Gérard Filoche sur l'articulation de la loi et du contrat) à un de ses plus fidèles soutiens.
Enfin, le troisième pilier est Pierre Moscovici. 4ème du gouvernement, il reçoit l'économie, les finances et le commerce extérieur. Il s'agit de récompenser le directeur de campagne du candidat Hollande, de saluer à travers lui ceux des strauss-kahniens qui ont choisi l'ancien premier secrétaire du PS pendant la primaire, et de s'adjoindre l'un des représentants les plus affirmés de l'aile social-libérale du PS pour mener le redressement économique et financier du pays dans un cadre européen et mondial agité. Avec Pierre Moscovici, ancien ministre délégué aux affaires européennes, on ne sera pas trompé sur la marchandise concernant les grandes orientations de la politique financière et budgétaire du pays (surtout quand on lui adjoint Jérôme Cahuzac au budget) et on peut même penser rassurer conservateurs allemands et britanniques, malgré la posture « guerrière » adoptée par François Hollande sur le projet de « traité budgétaire » : en effet, si Pierre Moscovici défend comme les socialistes français une version plus ambitieuse du rôle de la Banque centrale européenne, il défend surtout au sein du parti français les arguments des autres social-démocrates européens sur le bien-fondé des nouveaux cadres budgétaires imposés dans l'accord Merkozy, pour peu qu'on y ajoute un petit chapitre « croissance ». Là aussi, la nomination est très politique et vise à mettre en application parfaite la ligne du candidat devenu président.
La distribution des cartes aux partenaires est assez intéressante : deux ministères pour le PRG ; deux autres pour Europe Écologie / Les Verts. Aucun du Front de gauche, mais dans les circonstances actuelles et avant les élections législatives, c'était plus qu'improbable.
Le PRG est donc parfaitement bien servi puisqu'il a rarement eu autant de ministres, et jamais un ministère régalien comme celui de la Justice. Et encore, la nouvelle Garde des Sceaux est une radicale atypique et fortement indépendante ; sa nomination peut donc apparaître comme un pied de nez à ce parti de notables, bien qu'il se soit rallié avec entrain derrière la campagne de François Hollande.
Les écologistes disposent désormais de deux ministres en même temps (au maximum on avait compté un ministre et un secrétaire d’État sous Jospin) : ils n'ont pas eu l'écologie et l'énergie mais c'était prévisible, du fait des désaccords importants entre le président et eux (et bien d'autres militants de gauche) sur la question du nucléaire. D'autant que de nombreuses associations écologistes ou environnementales demandaient à ce que ce ministère soit confié à un(e) socialiste pour s'assurer que les décisions de ce ministère soit pleinement assumée par le parti central de la nouvelle majorité. Avec l'égalité des territoires et le logement, Cécile Duflot se voit confier une mission qui a aussi retenu fortement l'attention du nouveau président dans la campagne : retour à la décentralisation, égalité territoriale et sociale, logement. Enfin, si on a peu parler du développement pendant la campagne, le fait même d'attribuer ce portefeuille à un écologiste peut s'avérer un véritable gage de transparence et d'innovation. Nommer deux jeunes ministres écologistes – s'ils réussissent dans leurs missions – peut également permettre de leur mettre le pied à l'étrier et de renforcer leur crédibilité.
Une manière d'asseoir les relations avec les nouveaux partenaires privilégiés du Parti Socialiste, alors même que le Président de la République n'était pas forcément leur meilleur allié ?
L'absence de ministres issus du MRC de Jean-Pierre Chevènement et du MUP de Robert Hue marque la prise en compte d'une réalité politique. Outre les quelques circonscriptions qui ont été réservées à ces deux tous petits partenaires, François Hollande malgré les liens privilégié qu'il peut avoir avec l'un et l'autre a tenu compte de leur faible poids électoral.
Enfin c'est au cœur du Parti Socialiste que se jouent les équilibres de ce premier gouvernement Ayrault. Toutes les sensibilités sont représentées, parfois jusqu'à tenir compte des différentes sous-chapelles nées de l'éclatement des différents courants du PS depuis le calamiteux congrès de Reims.
Cependant deux marqueurs identifient ce cabinet :
- l'absence remarquée de Martine Aubry ;
- la sous-représentation de la gauche du PS.
D'aucuns diront que la place de Martine Aubry n'était pas évidente du fait de la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon. C'est un argument qui peut s'entendre. Mais François Hollande a fait un choix politique en ne lui proposant aucun ministère régalien ou économique et social… et en ne positionnant aucun de ses proches sur l'un ou l'autre.
Entendons-nous bien, les portefeuilles confiées à Marylise Lebranchu et François Lamy sont importants, mais le poids de la première secrétaire du PS et de ses amis semble négligé. Marylise Lebranchu notamment – du fait de son antériorité comme Garde des Sceaux de Lionel Jospin – aurait pu prétendre à un rang plus élevé dans le protocole gouvernemental et à des missions qui colorent l'orientation politique générale du gouvernement. Ici aussi nous avons une information assez claire des choix de politique économique et sociale qui seront opérés par le tandem Hollande-Ayrault.
Uniquement deux ministres appartiennent historiquement et politiquement à l'aile gauche du PS :
- Alain Vidalies, ancien responsable des poperènistes maintenus, partenaire d'Emmanuelli et Mélenchon dans le courant « Nouveau Monde » (2003-2005), soutien de la motion Fabius (2005-2008) puis de la motion Aubry, qui est nommé ministre délégué aux relations avec le parlement ;
- Benoît Hamon, porte parole du PS, mandataire national du courant « Un Monde d'Avance » et ancien animateur du NPS, qui est délégué à l'économie sociale et solidaire.
Ces deux ministères délégués ne sont pas forcément les deux plus prestigieux du gouvernement ; pourtant « Un monde d'avance » représente près d'un cinquième du PS, sans même parler de Vidalies. Je ne renie pas ce que j'ai écrit plus haut sur l'importance théorique de « l'économie sociale & solidaire » dans un projet socialiste et donc de sa signification pour la gauche du PS. Mais cette thématique est malheureusement considérée comme mineure par la plupart des responsables politiques – y compris à gauche – et des technocrates ; Benoît Hamon est placé sous l'autorité de Pierre Moscovici qui n'a jamais porté dans son cœur les militants de la gauche du PS et avec qui il aura fort à faire pour conquérir les moyens nécessaires à son ministère. Je ne doute pas de la ténacité de Benoît Hamon et de ses collaborateurs, mais il n'aura pas la partie facile, s'il veut tirer son épingle du jeu et surtout obtenir de réelles avancées, concrètes et visibles pour les salariés et les entreprises.
L'avenir dira ce qui ressortira de ce nouveau gouvernement. Nous avons besoin qu'il réussisse pour espérer construire une base suffisante pour des politiques plus ambitieuses. Je ne sais pas si le concept de « Hollandisme révolutionnaire » inventé par Emmanuel Todd peut être autre chose qu'une formule, mais je suis convaincu qu'aux côtés de ce gouvernement doit exister une force politique capable de l'aiguillonner et de développer/renforcer les liens entre les socialistes et toute la gauche. La réussite de ce gouvernement social-écologiste est essentielle au redressement de la France ; la réussite d'un véritable congrès du PS à l'automne 2012 est essentiel à celle du gouvernement.
Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures