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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 17:22
Divisés, les sociaux-démocrates suédois cherchent un nouveau dirigeant

3 mois après leur défaite aux législatives, les sociaux-démocrates suédois se cherchent un nouveau patron. En septembre, l'ex-premier ministre Göran Persson avait annoncé qu'il quittait la politique après 10 ans passés à la tête du parti et du gouvernement. Mais le choix s'avère difficile tant les successeurs potentiels font preuve de prudence.

La semaine dernière, les différents organes nationaux et régionaux du parti ont été consultés. Aucun nom n'est officiellement sorti. Mais, depuis des semaines, déclarations et dénégations se succèdent. Jusqu'à présent, les spéculations ont bien plus porté sur les personnes que sur la politique, même si l'on sait que d'ici au congrès de mars 2007, qui entérinera le choix du futur responsable du parti, la gauche et la droite du parti vont s'opposer. Les premiers veulent abandonner la discipline budgétaire, tandis que les autres sont prêts à revoir le droit du travail.

Mais tous semblent souhaiter une femme. La plus populaire est aussi la moins probable : Margot Wallström, vice-présidente de la Commission européenne, répète qu'elle souhaite aller au bout de son mandat de commissaire chargée de la communication en 2009.

Certains remarquent qu'elle est sans doute trop pro-européenne pour être capable de rassembler un parti profondément divisé sur l'Europe. Mme Wallström a beau dire qu'elle ne veut pas du poste, personne en Suède ne semble vouloir la croire. Ses nombreux partisans citent Göran Persson qui, en 1996, avait dit non plusieurs fois pour finalement dire oui. Et telle semble être la stratégie en vogue chez les sociaux-démocrates. Carin Jämtin, ex-ministre de la coopération, très en vue également, et plus à gauche, a également refusé cet honneur, arguant qu'elle souhaitait se consacrer à la reprise de la mairie de Stockholm. Même discrétion de la part de Mona Sahlin. Vice-première ministre en 1995, elle avait eu le malheur de dire qu'elle était intéressée par le poste. Les traditionalistes du parti, qui appréciaient peu sa liberté, avaient alors fait front. Puis elle avait dû démissionner en novembre de la même année de ses fonctions ministérielles pour avoir utilisé la carte de crédit du gouvernement pour des achats personnels. D'autres femmes sont en lice, comme la présidente de LO, la puissante confédération syndicale, et même quelques hommes comme Pär Nuder, ancien bras droit de M. Persson.

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20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 09:39

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Podcast


France Culture "du grain à moudre"
émission du mardi 19 décembre 2006
L'Algérie malade de son passé ?



Entre 1954 et 1962, la guerre de décolonisation a fait entre 250 et 300 000 morts parmi la population algérienne. Côté français, les « évènements » ont fait 27 500 morts parmi les militaires, ainsi que 5 000 parmi les civils et il faut ajouter un nombre mal connus de harkis – on parle généralement de 30 000 à 100 000 tués. Entre 1991 et 2000, une nouvelle guerre d’Algérie a coûté la vie à environ 100 000 personnes. Comment un pays doté de tant d’atouts a-t-il pu basculer dans de tels engrenages de violence ? Y a-t-il entre ces deux guerres d’Algérie un rapport et si oui lequel ? Comme toute guerre, celle-ci avait deux côtés. Des deux mémoires qui la prennent aujourd’hui en charge, quelle est celle qui, ici, en France, l’emporte sur l’autre ? La seconde guerre d’Algérie a été largement interprétée par les deux camps en référence à la première. Tahar Djaout et les centaines de journalistes et d’intellectuels qui sont tombés victimes des attentats islamistes ont été pris pour cible parce qu’ils étaient considérés par le GIA comme des « Français ». De son côté, le pouvoir algérien dénonçait chez les islamistes des « fils de harkis ». C’est dont l’imaginaire de la Guerre de décolonisation qui a été mobilisé pour mettre en scène la Guerre civile. Y aurait-il une alors une « violence originelle du colonisateur » qui expliquerait, qui excuserait la violence ultérieure du colonisé ?

Invités

Daniel Leconte.  Producteur, Journaliste.

Daniel Lefeuvre.  Professeur d'histoire à l'Université Paris 8.

Benjamin Stora.  Historien. Professeur des Universités.

Abderrahmane Moussaoui (au téléphone).  Enseignant en anthropologie à l'université de Provence et Chercheur au CNRS / Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme.





les livres


Daniel Leconte
Camus, si tu savais... Suivi de Les pieds-noirs
Seuil - 5 octobre 2006

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Reprise d'un titre publié en 1980 et qui retraçait l'histoire des populations d'Européens installées en Algérie suite à la conquête de 1830. La préface qui donne le titre de cette nouvelle édition inscrit le livre dans l'actualité la plus contemporaine autour du retour en force de notions comme "assimilation", "citoyenneté", "intégration".


Daniel Lefeuvre
Pour en finir avec la repentance coloniale
Flammarion - Septembre 2006

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Après celle de la guerre d'Algérie, une nouvelle génération d'anticolonialistes s'est levée, qui mène combat pour dénoncer le péché capital que nous devons tous expier : notre passé colonial, à nous Français. Battons notre coulpe, car la liste de nos crimes est longue Nous avons pressuré les colonies pour nourrir notre prospérité, les laissant exsangues à l'heure de leur indépendance ; nous avons fait venir les " indigènes " au lendemain des deux guerres mondiales pour reconstruire la France, quitte à les sommer de s'en aller quand nous n'avions plus besoin d'eux ; surtout, nous avons bâti cet empire colonial dans le sang et les larmes, puisque la colonisation a été rien moins qu'une entreprise de génocide : Jules Ferry, c'était, déjà, Hitler ! Contrevérités, billevesées, bricolage... voilà en quoi consiste le réquisitoire des Repentants, que l'auteur de ce livre, spécialiste de l'Algérie coloniale et professeur d'histoire à l'université Paris-8, a entrepris de démonter, à l'aide des bons vieux outils de l'historien - les sources, les chiffres, le contexte. Pas pour se faire le chantre de la colonisation, mais pour en finir avec la repentance, avant qu'elle transforme notre Histoire en un album bien commode à feuilleter, où s'affrontent les gentils et les méchants.
- Note de l'éditeur -


Benjamin Stora
Les trois exils, juifs d'Algérie
Stock, coll. Un ordre d'idées - septembre 2006

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L'idée de ce livre est née un matin de novembre 2004, quand Benjamin Stora, accompagné de son fils, s'est rendu pour la première fois à Khenchela, petite ville de l'Est algérien d'où vient sa famille paternelle.
Voyageant entre mémoire et histoire, quête personnelle et enquête historique, il reconstitue les trois exils qui ont marqué le destin des juifs d'Algérie. En moins d'un siècle en effet, ils sont sortis par trois fois de ce qui était jusque-là leur univers familier. Ils se sont éloignés de leur vie en terre d'islam quand le décret Crémieux de 1870, faisant d'eux des citoyens français, les a mis sur la voie de l'assimilation. Ils ont été rejetés hors de la communauté française de 1940 à 1943 avec les lois de Vichy. Et ils ont quitté les rives algériennes avec l'exode de 1962.
À travers cet essai historique sensible et rigoureux, enrichi de documents inédits, on découvre l'originalité de ce judaïsme algérien à la fois passionnément attaché à la République française et profondément pétri de traditions religieuses, mais aussi la complexité et les ambiguïtés des relations entre juifs et musulmans. Et l'on comprend mieux comment, dans les tensions d'aujourd'hui, quand crainte de l'islamisme et montée de l'antisémitisme se conjuguent, revient une « mémoire longue de l'inquiétude ».
- Présentation de l'éditeur -


Abderrahmane Moussaoui
De la violence en Algérie : les lois du chaos
Actes Sud - 3 novembre 2006

Que s'est-il passé en Algérie au cours des "années noires" ? Ce livre, fondé sur un travail d'enquête de plusieurs années, nous permet de mieux comprendre les mécanismes de la violence.
A partir de quels discours cette violence a-t-elle pu sembler légitime ? Comment le passage à l'acte a-t-il été rendu possible ? Ce livre propose une analyse à partir notamment des références aux catégories du discours islamique (djihad, umma...) et des conditions historiques spécifiques à l'histoire nationale algérienne, notamment la guerre de libération nationale.
L'approche anthropologique ici proposée, qui se distingue d'une analyse politique du drame algérien, nous donne des clefs pour comprendre l'incompréhensible. Les lois du chaos de la violence en Algérie apparaissent ainsi au fil de l'analyse.
Un document rare et saisissant, fondé sur une étude en profondeur d'une réalité algérienne complexe.
- Présentation de l'éditeur -
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19 décembre 2006 2 19 /12 /décembre /2006 17:00
Très belle exposition à voir à Metz jusqu'au 10 mars 2007.

L’exposition Huguenots. De la Moselle à Berlin, les chemins de l’exil, a été imaginée à la suite d’une sollicitation du directeur général du Deutsches Historisches Museum de Berlin, en 2002. Le Professeur Hans Ottomeyer préparait une exposition sur les migrations en l’Allemagne et souhaitait traiter de l’immigration huguenote. Il recherchait un partenaire français disposé à présenter une version française de cette exposition.

Immédiatement conscient de l’intérêt de ce sujet pour le public mosellan, le Conseil général a rapidement manifesté son intérêt pour le projet. Un protocole d’accord a été signé en décembre 2003 à Berlin.

La version berlinoise de l’exposition a été présentée du 22 octobre 2005 au 12 février 2006. Elle a accueilli 50 000 visiteurs.

La version française (bilingue) de l’exposition contera le parcours des huguenots, ces protestants , calvinistes, chassés de France – et tout particulièrement de Moselle – par les persécutions consécutives à la révocation de l’ édit de Nantes par Louis XIV (octobre 1685).

Contraints d’abjurer leur foi, ils furent nombreux à choisir l’exil clandestin et à s’enfuir vers d’autres pays européens : Angleterre, Provinces-Unies (Pays-Bas), États allemands dont surtout le Brandebourg et Berlin.

L’exposition s’ouvrira sur la naissance de l’imprimerie et l’apport essentiel de cette nouvelle technique dans la diffusion des idées de la Réforme.

La présentation de l’implantation et du développement de cette religion nouvelle à Metz et dans le Pays messin aux XVIe et XVIIe siècles seront au cœur du premier volet de l’exposition. Les conséquences de la révocation de l’édit de Nantes seront ensuite traitées par l’intermédiaire d’histoires singulières et véridiques s’appuyant sur les témoignages de huguenots messins ayant raconté leur chemin vers l’exil. La deuxième partie de l’exposition sera entièrement située à Berlin.

La présentation de la ville à la fin du XVIIe siècle, l’accueil des Réformés et l’apport des huguenots à la vie administrative et culturelle de leur terre de refuge seront successivement traités. On s’intéressera enfin à la mémoire huguenote dans les familles descendant de ces huguenots et aux traces encore visibles de cette histoire dans les rues et le parler berlinois.

Le propos sera illustré par cent soixante-dix pièces d’archives, de musées ou de bibliothèques (tableaux, gravures, ouvrages, objets d’art) provenant de grandes collections allemandes et françaises. Le parcours sera ponctué de mises en ambiance qui permettront au grand public – et spécialement aux scolaires – d’aborder plus aisément cette histoire un peu complexe. Un groupe de travail a été constitué avec l’Éducation nationale afin d’élaborer des pistes et des outils d’exploitation qui seront proposés aux enseignants souhaitant visiter l’exposition.

Cette exposition sera accompagnée de nombreuses actions culturelles portées par les services du Département ou par ses partenaires : concerts, contes, circuits de mémoire (comme le chemin des huguenots menant de Courcelles-Chaussy à Ludweiler, en Sarre), visite des temples protestants à Metz et en Moselle avec les offices de tourisme, etc.

La manifestation sera l’occasion de la publication d’un ouvrage de référence, rédigé par d’éminents spécialistes français et étrangers. L’Inventaire régional du patrimoine éditera un Itinéraire du patrimoine présentant les temples protestants de Moselle, conjointement rédigé par Christiane Pignon-Feller, docteur en histoire de l’art et Marie Gloc-Dechezleprêtre, conservateur de l’Inventaire au Conseil général.

Les 18 et 19 janvier 2007, un colloque historique portant sur les « Destins huguenots. Du Pays messin au Refuge allemand » réunira les plus éminents chercheurs sous l’égide de l’Académie nationale de Metz, dans la salle des délibérations du Conseil général. Ce colloque sera complété par un cycle de conférences, à raison environ d’une par mois.

L'exposition a leiu au Temple-Neuf de Metz.
Place de la Comédie
57000 Metz

 

Horaires :

Lundi : 14h00-18h00
Mardi à jeudi : 10h00-18h00
Vendredi : 10h00-20h00
Week-end et jours fériés : 10h00-19h00

En décembre : Dimanche 24 et 31 décembre 2006 : 10h00-16h00
Mardi 26 décembre : 14h00-19h00
Fermé les 25 décembre 2006 et 1er janvier 2007

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19 décembre 2006 2 19 /12 /décembre /2006 12:23
Le président de la région wallonne accuse les Flamands de vouloir "la division du pays"

écriés dans un premier temps par le monde politique, les auteurs de l'émission de fiction qui a annoncé, mercredi 13 décembre, l'éclatement de la Belgique vont peut-être réussir leur pari : sensibiliser l'opinion francophone aux risques d'une éventuelle sécession flamande.

Les dirigeants des partis francophones avaient tous vivement critiqué la RTBF, mais, désormais, seul le parti libéral exige encore des sanctions. Constatant qu'une fois passée la surprise, les Belges semblaient plutôt favorables à l'initiative spectaculaire de la chaîne, les autres dirigeants tentent de reprendre le contrôle de la situation en invoquant le principal enseignement du canular : la force de l'attachement d'une majorité de francophones à l'existence du pays.

Elio Di Rupo, président de la région wallonne et du Parti Socialiste, 1ère formation francophone, a indiqué, samedi 16 décembre, qu'il rencontrerait les dirigeants des 3 autres partis démocratiques du sud de la Belgique avant Noël. Estimant, dans Le Soir, que les Flamands veulent "conduire vers la division du pays", le dirigeant socialiste a appelé ses collègues à l'union.

LIER BRUXELLES À LA WALLONIE

Répondant à la revendication des partis flamands qui entendent régionaliser la politique de l'emploi et, pour certains, de la santé, M. Di Rupo juge qu'il faut refuser toute remise en question du caractère unitaire de la sécurité sociale.

Selon des économistes, une telle scission entraînerait une perte de revenus de 20% pour les Wallons, qui verraient augmenter les cotisations et les charges sur le travail. Ce qui aurait des effets dramatiques dans une région où le chômage est déjà largement supérieur à la moyenne nationale et où le revenu annuel des ménages est inférieur de 3 000 € à la moyenne belge.

M. Di Rupo énonce à son tour une idée inacceptable pour les partis flamands : l'extension des limites de Bruxelles - région officiellement bilingue, en fait francophone à 90% - afin d'établir un lien territorial avec la Wallonie.

Cet appel à une union des francophones n'est pas le premier du genre. Il pourrait se heurter aux hésitations des autres formations, peu enclines à appuyer un Parti Socialiste qui tente aussi de faire oublier les récents scandales qui l'ont éclaboussé, et peu désireuses d'envenimer le climat alors que les 2 partis flamands du gouvernement actuel (libéraux et socialistes) jouent la carte de la modération.

Présentant, samedi, le nouveau programme de son parti, le Premier ministre libéral, Guy Verhofstadt, n'a rien dit des questions institutionnelles.

MAIS PEUT-ON DEPASSER LES INCOHERENCES DE LA BELGIQUE ?
L'addition des difficultés rencontrées par la fédération belge pourraient bien cependant renverser toutes les architectures possibles.
La Belgique est entrée depuis 40 ans dans une logique où chaque recul de l'unité du pays porte en germe le suivant. Les formations politiques flamandes de tout bord n'ont cessé de décrédibiliser auprès de leurs populations les notions de solidarité nationale en vantant les mérites de la solidarité linguistique plus évidente à leurs yeux, tout cela sur fond de revanche sociale contre la bourgeoisie francophone. Pensant acheter la paix civile en multipliant les subsidiarité régionale, la droite wallone a encouragé la fin de la solidarité, objectif politique que les droites européennes poursuivent par ailleurs depuis 30 ans.
Aujourd'hui, on assiste au mariage de la carpe et du lapin, avec un gouvernement libéralo-écolo-socialiste, excluant les 2 plus grands partis flamands, le démocrate-chrétien et le néo-fasciste, signe de l'impossibilité de maintenir une fédération viable en écartant d'office la représentation politique flamande qui n'en veut pas non plus puisque les démocrates-chrétiens courent après le Vlaams belang.
La Belgique aura vécu dès que les Wallons auront compris que les Flamands ont décidé de ne plus laisser de marge de manoeuvre à la fédération ; il n'y a pas de réelle raison qui permettrait d'éviter la mise en cause d'une sécurité sociale fédérale sous la pression à la fois des néo-libéraux européens et des nationalismes flamands.
Alors Bruxelles comme Capitale communautaire de l'Union européenne, un DC à l'européenne, et le rattachement d'ici 10 ou 15 ans de la Wallonie à la France, est-ce vraiment de la politique fiction ?
Frédéric FARAVEL

 

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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 15:12
François Hollande, premier secrétaire du PS : "Nous reviendrons sur toutes les baisses d'impôt"
LE MONDE | 18.12.06 | 13h55  •  Mis à jour le 18.12.06 | 14h01

rojet fiscal contre projet fiscal : le débat s'aiguise à quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle. Dans Les Echos, lundi 18 décembre, Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, propose la retenue à la source de l'impôt sur le revenu à partir du 1er janvier 2009. Les contribuables ne paieraient pas d'impôt sur leur revenu de 2008. François Hollande, premier secrétaire du PS, détaille dans Le Monde les mesures économiques et sociales d'un futur gouvernement de gauche.


Si la gauche revient au pouvoir, abrogerez-vous les mesures fiscales du gouvernement ?

Nous reviendrons sur toutes les baisses d'impôt sur le revenu qui ont été accordées sur les tranches supérieures du barème. Nous nous remettrons au niveau de 2002. De même, nous supprimerons le bouclier fiscal, dont on voit, avec Johnny Hallyday, qu'il ne convainc nullement certains de ses bénéficiaires de ne pas pratiquer l'exil fiscal. La retenue à la source est une technique, pas une réforme. Il y a de la supercherie électorale à laisser penser que les Français ne paieront pas d'impôt en 2008. Ils le paieront en 2009.

Vous reviendrez donc sur la réforme de l'ISF ?

Nous ferons une réforme de l'ISF qui maintienne la contribution des plus gros patrimoines à l'effort de solidarité sans pour autant favoriser l'évasion. Nous ferons en sorte que les entreprises familiales ne soient pas rachetées, pour des raisons fiscales, par des fonds d'investissement et ne voient pas ainsi leurs sièges délocalisés, comme c'est le cas depuis une dizaine d'années. Il faut autoriser la création de pactes d'actionnaires qui permettent à leurs signataires d'être soumis au même traitement que ceux qui sont dirigeants ou présents dans les conseils de surveillance. Si on ne vend pas ses titres pendant 15 ans, 20 ans, il est légitime de payer un impôt moins élevé. L'ISF doit jouer son rôle de cohésion sociale. Est-il acceptable que les dirigeants du CAC40 aient une rémunération équivalente à 300 smic et protestent, en plus, sur le niveau excessif des prélèvements !

Exonérerez-vous partiellement la résidence principale de l'ISF ?

La hausse du prix de l'immobilier constitue un enrichissement pour ceux qui ont déjà un patrimoine. Ce serait paradoxal d'y ajouter un avantage fiscal. En revanche, je suis favorable à un système beaucoup plus incitatif pour l'acquisition. Plusieurs réformes sont possibles : opérer une distinction entre le foncier et l'immobilier, créer des systèmes de prêts hypothécaires plus longs, avoir des garanties collectives qui permettent d'accéder à la propriété alors qu'on ne dispose pas de patrimoine de départ.

La droite explore des pistes...

Une des idées les plus contestables, avancées par Nicolas Sarkozy, c'est la privatisation des logements du parc HLM. Elle créerait des situations de copropriétés impossibles à gérer pour les bailleurs sociaux et immobiliserait un patrimoine social dont le principe même doit être la mobilité de ses occupants. Les Français doivent accéder plus facilement à la propriété, mais hors du logement social.

Baisserez-vous les droits de mutation ?

Ils l'ont déjà été singulièrement, et notamment par des gouvernements de gauche. Aujourd'hui ces droits sont perçus par les collectivités locales ; leur suppression supposerait donc des compensations de la part de l'Etat. Mais je le dis clairement : il n'y aura pas de baisse du niveau des prélèvements obligatoires durant la prochaine législature. Tout candidat qui promettra une baisse des impôts, générale et massive, est soit dans le mensonge, soit dans l'irresponsabilité.

Quand on a un niveau d'endettement public proche de 60% de la richesse nationale, toute baisse d'impôt est financée par emprunt. Tout avantage fiscal accordé doit donc être d'un rendement élevé, sinon il est payé par les générations futures. C'est à l'aune de ces deux principes que sera fondée notre politique budgétaire et fiscale.

Reverrez-vous à la baisse les dépenses de l'Etat ?

C'est l'efficacité de la dépense qui compte. Nous aurons à redéployer des moyens et des effectifs, à réorganiser un certain nombre de ministères et à remettre en cause des "aides" ou des dépenses fiscales sans contreparties effectives. Par exemple, en matière de logement, le dispositif De Robien aboutit à la construction de logements vides. Quant aux exonérations de cotisations sociales, elles dépassent 25 milliards d'euros, sans véritable contrepartie en termes d'emplois ! Nous les remettrons sous conditions.

Comment vous y prendrez-vous pour réformer les retraites ?

La droite a fait le plus facile, avec le départ avant 60 ans de ceux qui ont cotisé plus de 40 annuités. Elle a multiplié les injustices, notamment avec le système de la décote, et elle n'a rien réglé financièrement ; le déficit est là, 4 milliards d'euros en 2007, et un rendez-vous difficile s'annonce en 2008, alors même que les Français pensent avoir déjà consenti le plus gros de l'effort. Il faudra d'abord leur dire la vérité sur les comptes sociaux de demain et d'après-demain.

Ensuite, s'ouvrira une négociation avec les partenaires sociaux sur ce qu'il conviendra d'abroger de la réforme Fillon - les décotes qui touchent les carrières non complètes, notamment pour les femmes - et ce qu'il sera nécessaire d'ajouter. Ainsi, nous introduirons la règle de la pénibilité, métier par métier pour tenir compte des espérances de vie au moment du départ à la retraite et fixer à partir de ce critère les durées de cotisations. La négociation ne doit plus simplement porter sur le seul âge de la retraite, mais sur le temps de travail sur toute la vie. Le compte épargne temps, de ce point de vue, doit être complètement reconsidéré pour en faire un outil à la disposition de chacun afin d'organiser librement sa vie professionnelle.

La plupart des pays européens ont fait le choix de retarder l'âge de la retraite, à 67 ans en Allemagne.

Nous n'avons pas la même situation démographique que les Allemands. Notre taux de fécondité permet le renouvellement des générations et le solde migratoire des dernières années a contribué au rajeunissement de la population.

Le problème majeur qu'il nous faut régler c'est celui du taux d'emploi. On entre trop tard et on quitte trop tôt le marché du travail. Il faut mettre fin à un comportement patronal qui écarte les seniors pour des questions de productivité et de rémunération. Pour maintenir les salariés dans l'entreprise, je propose de moduler les cotisations sociales en fin de carrière, de façon à dissuader les licenciements des plus de 55 ans.

Où prendrez-vous les marges de manoeuvre ?

Si l'on veut préserver un taux de remplacement d'au moins 75% pour les petites et moyennes retraites, et ne pas allonger encore les durées de cotisation pour les métiers pénibles, il faudra créer une contribution de solidarité, calculée sur l'ensemble de la richesse produite et pas seulement sur le travail. Une sorte de CSG-retraite. Versée pour moitié par les salariés et les entreprises, elle couvrira aussi le risque dépendance. Enfin, il faudra repenser le dispositif de rachat de cotisations. Son coût est exorbitant, même pour les cadres entrés tard sur le marché du travail. Il faudra encourager fiscalement et socialement ces opérations.

Vous ne toucherez pas aux régimes spéciaux des retraites ?

Ces régimes devront évoluer par la négociation. Il y a des droits acquis : tout changement substantiel ne peut être accepté par les personnes qui sont depuis longtemps dans l'entreprise. En revanche, les conditions pourront évoluer pour les personnes nouvellement embauchées qui entrent dans ces régimes.

Comment inciterez-vous les Français à épargner pour leur retraite ?

L'essentiel pour nous est de préserver le système de répartition et non pas la capitalisation. Les produits que nous avons nous-mêmes contribué à mettre en place n'ont pas connu le succès espéré. Ce qu'il faut, c'est faire évoluer l'assurance-vie, le produit d'épargne préféré des Français, par rapport à l'objectif de préparation de la retraite.

Comment augmenter le pouvoir d'achat des salariés ?

Notre première décision sera d'ouvrir une conférence sur les salaires. Nous donnerons une visibilité à la progression du smic, 1 500 € d'ici à la fin de la législature. Nous reverrons les minima salariaux dans l'ensemble des branches professionnelles et encouragerons les négociations par un nouveau mécanisme d'exonération des cotisations sociales : à chaque fois qu'il y aura augmentation de la masse salariale due à des embauches ou à des hausses de salaires, elles seront prolongées ; à défaut, elles seront progressivement supprimées.

En outre, le passage à l'euro a induit une hausse des prix sans que l'indice l'ait mesuré. Un autre phénomène s'est produit : des oligopoles privés se sont installés dans l'eau, le téléphone, les services financiers, etc., provoquant un relèvement des prix. Il faudra dans tous ces domaines faire jouer une véritable concurrence et prévoir des tarifs sociaux pour les plus modestes.

Enfin, le renchérissement de l'immobilier pèse sur le budget des ménages. C'est pourquoi notre projet prévoit l'instauration d'un bouclier logement afin que les ménages ne consacrent pas plus du quart de leurs revenus aux charges locatives. Nous créerons un service public de la caution qui permette aux foyers en situation de précarité ou d'instabilité de louer ou d'acheter.

Revenons à la BCE. Contestez-vous sa politique monétaire ?

Le vrai sujet, c'est l'euro cher qui pose un problème de compétitivité au sein même de l'Union. Alors que l'Allemagne engrange des excédents records, le déficit commercial de la France atteint un niveau historique : plus de 30 milliards d'euros.

Avant de mettre en cause la BCE, il faut dénoncer la coupable, la négligence des gouvernements européens, qui n'utilisent pas les compétences que les traités leur confèrent. Les autorités politiques ne jouent pas leur rôle, ni de coordination, ni d'affirmation d'une politique de croissance, ni même d'une politique de change qui relève pourtant du Conseil européen. Je propose donc que s'engage, au plus vite, une discussion entre la zone euro, les Etats-Unis et la Chine pour trouver un accord de stabilisation des taux de change.

Le système de Bretton Woods est mort, mais rien ne l'a remplacé. Il n'est pas normal que les fluctuations de change entre l'euro et le dollar altèrent à ce point les conditions de la concurrence. En termes de coordination, la 1ère exigence est de faire vivre le gouvernement économique de l'Union européenne et d'autoriser des dérogations au pacte de stabilité pour les dépenses d'avenir (recherche, environnement, politiques territoriales, etc.).

Comment pouvez-vous juridiquement supprimer les stock-options ?

On ne peut pas les empêcher, mais on peut les dissuader. Je ne connais pas de meilleure arme que la fiscalité. Les généraliser à tous les salariés comme le propose l'UMP relève du miroir aux alouettes. Le salaire doit rester l'élément principal de toute rémunération à tous les niveaux de l'entreprise.

Les entreprises dénoncent l'insécurité juridique lorsqu'elles licencient...

L'insécurité juridique vaut d'abord pour le contrat nouvelle embauche (CNE) ; alors qu'il était censé donner de la souplesse aux entreprises, il est désormais contesté devant les tribunaux. Nous l'abrogerons. Le contrat de droit commun doit être le CDI. Les indemnités de licenciement seront significativement relevées, d'autant plus que l'ancienneté est grande et que l'obligation de reclassement n'est pas réalisée.

On dira que c'est une forme de taxe sur les licenciements. Oui, d'une certaine façon. Mais nous ouvrirons dans le même temps la perspective d'une sécurité professionnelle aux victimes d'un plan social : un contrat passé entre le chômeur et le service public de l'emploi pour établir un parcours de qualification avec une rémunération maintenue en contrepartie d'un effort rapide de retour vers l'emploi.

Sur quelle crédibilité appuyez-vous votre projet ?

La méthode compte presque autant que les mesures elles-mêmes. Il n'y aura pas de réussite durable sans un progrès en matière de démocratie sociale, de décentralisation et de rénovation de nos outils de décision. Je crois à la nécessité d'une programmation stratégique le temps d'une législature, établie en concertation avec les partenaires sociaux et les collectivités territoriales. Je n'ose pas dire d'un "plan". Mais c'est bien de cela qu'il s'agit !

Propos recueillis par Arnaud Leparmentier et Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 19.12.06
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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 14:09
Le pauvre projet européen de l'UMP

Ump_europe_1J'ai lu le projet UMP sur l'Europe.

Timide et inquiète, l'UMP véhicule une vision anxiogène de l'avenir des frontières de l'Europe et défend un projet sous dimensionné au regard de la crise de confiance que rencontre l'Union Européenne.

Aux questions légitimes de nos concitoyens : "que doit on, que peut on attendre de l'Europe" l'UMP propose une vision repliée sur elle même des intérêts de la France dans l'Europe.

Sur la question institutionnelle, deux propositions se combinent pour dessiner le portrait d'une Europe des nations très éloignée de l'objectif d'une Union politique, économique et sociale.

Nicolas Sarkozy propose l'adoption d'un "mini traité" qui reprend plusieurs dispositions du Traité Constitutionnel existant. A la question de savoir quel est l'objectif principal recherché par cette proposition, on finit par comprendre que le contenu de la réponse importe moins que la volonté de contourner l'étape d'un nouveau référendum sur l'avenir institutionnel de l'Europe. Nicolas Sarkozy le confesse lui même quand il affirme que ce mini traité a vocation à être ratifié par voie parlementaire. La droite montre une grande continuité dans son approche du rôle et de la responsabilité de la France dans la relance de la construction européenne en soumettant les grands enjeux européens au diktat des petits calculs politiques nationaux.
[...]
par Benoît Hamon,
député socialiste européen,
secrétaire national du Parti socialiste pour le projet européen

Lire la suite "Le pauvre projet européen de l'UMP"

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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 12:22
La force de l'euro favorise-t-elle la puissance de l'Europe ?
LEMONDE.FR | 05.12.06 | 15h19  •  Mis à jour le 13.12.06 | 16h15

L'intégralité du débat avec Jean-Paul Fitoussi, président de l'OFCE, Centre de recherche en Economie de Sciences Po, mercredi 13 décembre, à 15 h .


andruc1 : De quelle puissance parle-t-on ? S'il s'agit de puissance dans le commerce international, on peut répondre "oui" à la question. Par contre, à l'intérieur de l'Europe, l'euro ne favorise pas la puissance, au contraire, car la BCE a pour unique objectif la lutte contre l'inflation. La création de richesses et d'emplois n'est pas la préoccupation de la BCE et comme l'Europe politique est morte avec le TCE, la puissance de l'euro à l'intérieur de l'Europe est nulle voire négative. Partagez-vous ce constat amer ?

Jean-Paul Fitoussi : Les constats doivent être un peu plus mesurés. Le problème dont nous parlons, c'est essentiellement de la puissance potentielle de l'Europe et de savoir si ses diverses institutions participent à sa puissance, et notamment la politique monétaire. Le problème est que fréquemment est utilisée, dans le vocabulaire politique et médiatique, la notion de force de la monnaie. Alors même que l'on constate qu'il n'existe aucune relation entre le niveau élevé du taux de change d'une monnaie et la puissance de son économie. Que fréquemment, des pays ou des épisodes historiques qui les ont caractérisés ont conduit à montrer exactement l'inverse. Les politiques consistant à apprécier la monnaie rendaient exsangues les économies, les affaiblissaient.

Mais il n'existe pas de relation générale. Ce que l'on peut affirmer, c'est qu'en principe, ce qui génère l'augmentation du taux de change, la "force" d'une monnaie, c'est la bonne santé de l'économie. Et non l'inverse. C'est la raison pour laquelle quelle que soit l'économie, les taux de change ont tendance à se déprécier en période de récession et à s'apprécier en période de croissance. Cela veut dire qu'on se trompe de causalité. Ce n'est pas l'euro fort qui pourrait faire l'Europe forte, mais le contraire. La force de l'Europe pourrait se transmettre à l'euro.

Adil : Un euro fort est-il vraiment un handicap ou juste une façon de justifier la perte de compétitivité des entreprises françaises ? Pourquoi l'Allemagne reste compétitive malgré la hausse de l'euro, alors ?

Jean-Paul Fitoussi : Il y a plusieurs aspects dans cette question. Le premier, c'est parce que l'euro est fort que les entreprises sont peu compétitives, et non pas l'inverse. Un euro fort signifie l'augmentation en devises étrangères des prix des biens et des marchandises produits en Europe. Si l'euro s'apprécie de 50%, par exemple, cela signifie que les prix des biens européens augmentent de 50% sur les marchés américain et asiatique. Donc on voit bien que c'est la force de la monnaie qui rend l'économie moins compétitive. C'est pourquoi je disais qu'il fallait inverser la causalité. C'est lorsque les entreprises sont très compétitives que la monnaie peut s'apprécier.

Non seulement l'appréciation de la monnaie n'est pas un moyen de rendre les entreprises plus compétitives, mais au contraire, de détruire leur compétitivité. Ce qui se passe aujourd'hui pour Airbus comme pour les constructeurs automobiles européens le montre abondamment. Ils ont de plus en plus de difficulté à écouler leur production sur les marchés extérieurs à l'Europe. L'Allemagne a conduit une politique de compétitivité qui consistait à réduire ses coûts de production, et notamment ses coûts unitaires en travail, par une très forte modération salariale, ce qui lui a permis de compenser partiellement l'appréciation de l'euro. Mais l'Allemagne a gagné en compétitivité essentiellement par rapport aux autres pays européens. Donc une part importante de l'excédent des échanges extérieurs allemands s'est faite au détriment de l'Espagne, de l'Italie, de la France, c'est-à-dire des pays de la zone euro. En d'autres termes, la politique allemande revient à remettre au goût du jour ce que l'on a appelé en France la "politique de désinflation compétitive". Et le problème européen se trouve là. Si les autres pays européens, pour gagner des parts de marché sur l'Allemagne, se mettent à poursuivre la même politique, alors évidemment, personne ne gagnera. Si l'Espagne, l'Italie et la France avaient réduit leurs coûts salariaux du même montant que l'Allemagne, il n'y aurait pas eu de boom des exportations allemandes. Et le seul résultat eût été une baisse de la croissance européenne.

En gros, c'est une façon de pratiquer une politique d'import-export du chômage, si je puis dire. Parce que les politiques de compétitivité qui essaient de baisser les prix relativement aux voisins ont pour moteur la modération, si ce n'est la baisse, des salaires. Donc l'Allemagne s'en porte mieux au niveau des exportations, mais ne s'en porte pas mieux au niveau de sa demande interne, c'est-à-dire la consommation allemande, l'investissement allemand. Il ne faut pas oublier que si l'Allemagne va un peu mieux aujourd'hui en termes de croissance, elle a connu une stagnation pendant environ quatre années. Il y a une autre façon de devenir compétitif, qui est d'augmenter la productivité, de ne pas jouer sur les prix. Mais cela exige de l'investissement à la fois public et privé. Or, les gouvernements européens aujourd'hui n'ont plus vraiment, compte tenu de l'état de strangulation budgétaire dans lequel ils se trouvent, les moyens d'investir.

Julien : Malgré un euro fort, la France se place au troisième rang mondial avec 32 milliards d'euro d'investissement de la part des entreprises étrangères. Comment expliquer cela?

Jean-Paul Fitoussi : On ne peut expliquer cela que si l'on se bouche les oreilles au discours ambiant. Si des capitaux étrangers viennent s'investir en France, c'est bien parce qu'ils y trouvent un avantage. Et que donc ils ne considèrent pas la France comme un pays peu compétitif, rigide, ayant une main-d'œuvre paresseuse et étouffé par les réglementations administratives. C'est donc bien une preuve de ce qu'il y a quelque chose, dans le discours sur les rigidités de l'économie française, qui ressort davantage de la rhétorique que de la réalité.

La vraie question n'est pas celle de faire un concours de beauté entre pays européens pour attirer le maximum d'investissements étrangers, l'Europe n'est pas un continent développé, mais au contraire de prendre conscience de la puissance économique de l'Europe – c'est quand même le marché le plus riche du monde (450 millions d'habitants ayant un niveau de revenu élevé) –, et de faire redémarrer en Europe la demande interne, c'est-à-dire l'investissement et la consommation. Mais pour cela, il faut conduire une stratégie presque inverse à celle qui est aujourd'hui conduite. A savoir une stratégie de productivité, d'augmentation des salaires. L'un étant le corollaire de l'autre. Si la productivité augmente, cela signifie que les travailleurs européens produisent davantage en une journée. Et il est donc normal que leur journée leur soit davantage payée. Alors qu'aujourd'hui on essaie de réduire les salaires pour gagner en compétitivité par rapport aux autres pays européens et, dit-on, par rapport au reste du monde, id est la stratégie exactement inverse.

Si je dis "dit-on", "par rapport au reste du monde", c'est parce que l'argument est complètement fallacieux. Si je baisse les salaires de deux points en Europe pour gagner en compétitivité, mais que d'un autre côté l'euro s'apprécie de 50%, cela signifie que d'une main j'ai étouffé la demande interne en Europe, donc le pouvoir d'achat des Européens, mais que de l'autre j'ai augmenté les salaires européens sur les marchés mondiaux. On voit donc bien qu'on est là aussi en pleine contradiction, en pleine rhétorique.

Tintin19 : Comment se fait-il que les pays de l'Union européenne hors zone euro s'en sortent mieux ?

Jean-Paul Fitoussi : Parce qu'ils ont moins de contraintes et qu'ils ont une politique globale plus cohérente. Ils ont davantage de marges de manœuvre sur tous les instruments de la politique économique, sur la monnaie comme sur le budget. Maintenant, il faut bien comprendre que les difficultés dans lesquelles se trouve l'Europe aujourd'hui ne tiennent pas à l'euro en soi, mais à la forme de gouvernement que s'est donnée l'Europe. On a construit l'Europe pour en faire une économie puissante. Une économie puissante doit disposer d'instruments puissants de gestion. Les instruments puissants de gestion d'une grande économie sont : la politique monétaire, la politique budgétaire, la politique industrielle, la politique de change. Mais lorsque l'on observe les choses de près, on s'aperçoit que ces instruments ne peuvent être utilisés en Europe, parce qu'ils sont verrouillés.

L'instrument monétaire est verrouillé non pas par la BCE, mais par les traités européens, qui ne donnent à la BCE que la mission de stabilité des prix, que d'autre part, l'instrument budgétaire est verrouillé par le Pacte de stabilité, et qu'enfin, l'instrument de politique industrielle est empêché par la politique de la concurrence qui, en Europe, est fédérale. On a une grande économie, on a verrouillé les instruments de gestion d'une grande économie, que reste-t-il ? Eh bien, il ne reste que les instruments de gestion des petites économies. C'est-à-dire la compétitivité "prix". Et voilà pourquoi on se trouve dans la situation de croissance molle dont nous souffrons tous, et notamment le pouvoir d'achat des salaires souffre. On est donc en pleine contradiction entre les moyens et les fins.

La fin, c'est la grande économie puissante. Le moyen, c'est l'instrument de gestion de la petite économie ouverte. Alors de cette façon, on ne voit pas très loin. Exemple : les Européens, à grand renfort de déclarations, de rapports et de réunions, ont décidé à Lisbonne de devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive du monde. Bravo ! C'est un bel objectif que celui de souhaiter être plus intelligent que les autres. Mais en même temps, on a ajouté subrepticement la condition qu'il ne devait en coûter pas un centime d'euro aux divers gouvernements européens. Voilà donc un grand objectif et un tout petit moyen. Qu'on ne s'étonne pas alors que les objectifs ambitieux qu'on se donne ne soient pas atteints.

"LE MANQUE EST DU CÔTÉ POLITIQUE"
Pedro : Que faudrait-il faire alors ?

Jean-Paul Fitoussi : Il faudrait accepter l'Europe, ne pas avoir peur de notre propre puissance et avoir les moyens de la gérer, se donner les instruments pour gérer l'Europe. On voit bien où est le manque : il est du côté politique. Ces instruments ne peuvent exister vraiment que dans la mesure où il existe une autorité légitime qui puisse les utiliser. Cette autorité légitime ne peut être que politique, puisque c'est la démocratie qui donne la légitimité dans un système.

Roro : Adieu les 35 heures ?

Jean-Paul Fitoussi : C'est une question qui n'est pas vraiment liée au sujet. Il faut bien voir que si les salaires stagnent, ce n'est pas en raison des trente-cinq heures. Et il faut savoir que ça fait un quart de siècle que les salaires stagnent. Je ne dis pas ça pour défendre les trente-cinq heures, je n'ai jamais pensé que les trente-cinq heures étaient une mesure intelligente pour régler la question du chômage, mais simplement pour rappeler que l'histoire française n'a pas commencé en 2000... Maintenant, je crois aussi que dès le moment où il existe des possibilités de choix, ces possibilités doivent être sélectionnées par les moyens de la démocratie. Donc, si les Français veulent les 35 h, s'ils ont élu un gouvernement qui avait à son programme les 35 h, on ne peut pas les critiquer de ce point de vue. On peut simplement dire que les 35 h ne règlent aucun problème en soi, c'est une conquête sociale pour certains, et c'est à cette aune que les trente-cinq heures doivent être jugées.

Encore une fois, si les salaires n'augmentent pas dans nos pays, c'est parce que la productivité n'augmente pas beaucoup. Si la productivité, quel que soit l'horaire de travail, augmentait, les salaires pourraient augmenter. Il y a un 2ème élément à rappeler, un élément contextuel de grande importance. Si ça fait un quart de siècle que les salaires stagnent, ça fait aussi un quart de siècle que nous vivons dans une situation de chômage de masse. Et donc dire qu'il suffit que les Français travaillent plus pour régler le problème de la croissance et pour régler le problème du pouvoir d'achat est un peu une exigence rhétorique, encore une fois. Car je pense profondément que la grande majorité des Français souhaiterait travailler davantage. Encore faut-il qu'ils trouvent un emploi. Les jeunes ont très envie de travailler et acceptent des conditions de précarité considérables pour pouvoir accéder au travail. Et ils ressentent comme une injure le fait qu'on les traite, d'une façon ou d'une autre, de paresseux.

Tintin19 : Croyez-vous que l'euro a vraiment pénalisé les consommateurs français ?

Jean-Paul Fitoussi : Je ne suis pas partisan de la dichotomie consommateurs-producteurs. Je ne connais pas de pays où les consommateurs sont riches et les producteurs pauvres. Les consommateurs sont pénalisés lorsque leurs revenus stagnent. Cet élément majeur du contexte dans lequel nous vivons est un élément qui a précédé comme suivi l'introduction de l'euro. Alors est-ce qu'à l'occasion de l'introduction de l'euro un certain nombre d'entreprises en ont profité pour augmenter leurs prix, ça très certainement. Mais je crois dans les statistiques de l'Insee pour ce qui concerne l'indice des prix. C'est un indice très certainement perfectible, mais je ne pense pas qu'il soit trafiqué, j'en suis même sûr. C'est vrai que l'impression qu'ont les consommateurs d'avoir été pénalisés par l'euro me semble venir essentiellement de leur situation de producteurs, c'est-à-dire de travailleurs dont les revenus stagnent. Alors que nous vivons une période où de nouvelles consommations apparaissent, en raison de la révolution des technologies de l'information et de la communication.

Zoubida : Pourquoi se poser cette question alors qu'un dollar fort n'inquiète pas les Américains outre mesure ?

Jean-Paul Fitoussi : Personne ne se pose la question de l'euro fort. C'est un contexte essentiellement politico-médiatique, et non un concept économique. Nous avons hérité ce concept parce qu'il a désigné une politique, celle du franc fort. Lorsque les Américains disent qu'ils veulent que leur monnaie soit forte, ils le disent à la fois quand l'euro vaut 0,8 $, quand le dollar est fort, ou quand l'euro vaut 1,32 $. Ils tiennent toujours ce discours quel que soit le niveau du dollar. Aujourd'hui, le dollar est faible par rapport à l'euro, mais les Américains ne sont pas en train de gémir devant la faiblesse de leur monnaie. Au contraire, ils disent que leur monnaie est forte parce qu'ils savent très bien, comme tous les économistes, que le concept de faible ou fort appliqué à une monnaie est une figure rhétorique.

Si aujourd'hui les Européens se plaignent d'un euro fort, c'est parce qu'ils constatent que le niveau élevé du taux de change de l'euro conduit à accélérer la désindustrialisation de l'Europe. Parce que certaines entreprises industrielles n'exportent plus, ou beaucoup moins, et donc finissent par décider de s'implanter, au moins partiellement, en zone dollar, de délocaliser une partie de leurs activités. Il ne s'agit pas de savoir si une monnaie est forte ou faible, la vraie question est de savoir si une économie est forte ou faible. Il est évident que si la gestion de la monnaie conduit l'ensemble des entreprises à délocaliser de plus en plus leurs activités, la force de la monnaie accélérera le déclin de l'économie.

Pedro : L'économie européenne est-elle forte, et en quoi ? Quand on voit l'absence de perspective d'une Europe homogène, des replis partout et l'absence d'un gouvernement européen, notamment économique ?

Jean-Paul Fitoussi : L'économie européenne est quand même une des économies les plus riches du monde. Elle est en situation difficile aujourd'hui parce qu'on n'a pas tiré les conséquences politiques de ce que l'Europe avait accompli dans le domaine économique, et que le problème n'est pas tant que les Européens soient collectivement paressseux, ou que l'économie européenne soit faible, le problème vient de ce que le politique européen est très faible. Si je dis cela, je parle d'un phénomène structurel. Un politique qui ne peut décider qu'à l'unanimité est un politique faible. Or le Conseil européen ne peut décider qu'à l'unanimité sur les sujets importants. Autant dire que la décision politique européenne est paralysée. On voit concrètement que cela conduit à un politique faible. Et donc à une absence de poids politique de l'Europe sur la scène mondiale. Et comme il existe entre le politique et l'économique des relations dialectiques, la faiblesse du politique peut entraîner celle de l'économique. Exemple : tous les gouvernements des pays européens vont chacun à leur tour serrer la main de M. Poutine pour obtenir des conditions plus avantageuses en matière pétrolière ou gazière.

Et donc M. Poutine a beau jeu de mettre les pays européens en concurrence pour obtenir le meilleur "deal". Alors que les pays européens, eux, se trouvent dans une situation d'extrême faiblesse, ce qui conduit à réduire l'indépendance énergétique de l'Europe et le poids de l'Europe dans les négociations géo-politico-économiques. Ce qui se passe avec M. Poutine se passe avec la plupart des autres pays externes à l'Europe. On pourrait raconter la même histoire en constatant que chaque gouvernement national en Europe organise de façon séparée avec ses entreprises un voyage en Chine, et que les Chinois se frottent les mains. Car évidemment, les pays européens se mettent en concurrence, ce qui permet aux Chinois d'obtenir les marchés les plus avantageux. Les choses auraient été complètement différentes si l'Europe était représentée en tant que telle, à la fois vis-à-vis de la Russie et de la Chine. Imaginons quelle serait la puissance à la fois politique et économique américaine si les Etats-Unis, au lieu d'être représentés dans les négociations internationales par leur gouvernement fédéral, étaient représentés par les gouvernements divisés des cinquante Etats qui les composent.

Lakhdar001 : Pensez-vous que le politique devrait reprendre la main sur la Banque centrale, c'est-à-dire que les gouvernements européens devraient avaliser les décisions de la BCE, par exemple à la majorité qualifiée ?

Jean-Paul Fitoussi : Il ne s'agit pas de faire de l'Europe une expérience de laboratoire en allant d'un extrême à l'autre. Aujourd'hui, le problème européen est que la BCE est la seule banque centrale du monde à ne pas obéir à une procédure dite "de responsabilité" ("accountability", en anglais), à savoir une procédure aux termes de laquelle une agence indépendante, banque centrale ou autorité de régulation, fasse rapport devant une assemblée politique qui a le pouvoir de modifier les statuts de l'agence, en l'occurrence de la banque centrale.

Lorsque le président de la Fed va rendre des comptes au Congrès américain, il sait que celui-ci peut modifier ses statuts par une loi. Donc il a conscience qu'il doit internaliser dans sa politique les préoccupations des hommes politiques. C'est cet aspect qui manque en Europe, et c'est cet aspect qu'il convient de rétablir. Mais on voit bien la difficulté de le mettre en œuvre en Europe, car devant quelle assemblée politique la BCE pourrait-elle faire rapport ? Dans les autres pays, c'est devant les Parlements, mais en Europe ? Le Parlement européen n'est pas encore un Parlement de pleine souveraineté.

On pourrait imaginer que ce soit le Conseil européen, mais celui-ci ne peut se décider qu'à l'unanimité, donc on voit bien qu'il y a un vrai problème, qui ne pourrait être résolu que s'il y avait un gouvernement européen. Je crois quand même qu'un gouvernement fédéral européen existera, même si c'est à long terme. On pourrait imaginer des pas en avant qui, même s'ils ne sont pas tout à fait satisfaisants, accroîtraient à la fois la responsabilité de la BCE, et donc sa légitimité. Même si le Parlement européen n'a pas tous les pouvoirs des Parlements nationaux, il suffirait qu'à l'issue des auditions auxquelles procède le Parlement européen de la BCE, il puisse y avoir la potentialité d'une procédure de responsabilité. Je dis "potentialité", car jamais le Congrès américain n'a modifié les statuts de la Fed. Mais s'il ne les a pas modifiés, c'est précisément parce que la Fed, connaissant son pouvoir, a internalisé ses préoccupations.

Chat modéré par Gaïdz Minassian
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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 11:58
Cécile Duflot, nouvelle secrétaire nationale des Verts

31 ans, cécile Duflot devient la plus jeune secrétaire nationale des Verts, record auparavant détenu par son prédécesseur Yann Wehrling, qui avait accédé à ce poste à 33 ans. La jeune femme a été élue, samedi 16 décembre, par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. La nouvelle direction, qui comprend au total 15 membres, a été élue au premier tour de vote, avec tout juste la majorité requise de 60% des exprimés. En la personne de Dominique Voynet, les Verts ont déjà une femme comme candidate à l'élection présidentielle de 2007.

Outre Cécile Duflot à la tête du parti pour 2 ans et Yann Wherling qui avait déjà été porte-parole pendant 2 ans avant de diriger le parti, les Verts ont choisi comme porte-parole femme Anne Souyris. Mireille Ferri, secrétaire nationale adjointe dans la direction sortante, conserve son poste, mais avec de nouvelles attributions (réformes internes du parti). Michel Bock, un proche de Dominique Voynet, est délégué aux élections.

CANDIDATE AUX LÉGISLATIVES DE 2007

Membre influente ces dernières années du courant le plus à gauche du parti, Cécile Duflot en a rejoint un autre pour le congrès de Bordeaux début décembre, "Espoirs en actes", plus composite et qu'elle définit comme "la gauche modérée" des Verts. Née le 1er avril 1975 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), elle est revenue y habiter à 17 ans. Elle aligne aussitôt les petits boulots, "pour être sûre d'être libre", dit-elle : standardiste dans une société de livraison de pizzas, télé-marketing... Dès sa prime jeunesse, elle milite dans des associations. A 16 ans, sous l'influence de sa mère, à la Ligue de protection des oiseaux, puis dans des associations d'éducation populaire "à tendance catholique", comme la Jeunesse ouvrière chrétienne. Elle a également milité au sein du Génépi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées) pendant quatre ans.

Titulaire d'un DEA de géographie sur le thème des "lieux de vacances", ancienne de l'Essec, elle travaille depuis 4 ans dans un groupe immobilier à vocation sociale à Créteil. Elle est mère de 3 enfants, âgés de 9 à 5 ans. Adhérente des Verts depuis février 2001, Cécile Duflot entame son 3ème mandat consécutif au sein du collège exécutif du parti, où elle a été successivement déléguée à l'organisation, puis porte-parole. Selon les statuts des Verts, ce sera forcément le dernier mandat. Conseillère municipale, candidate aux cantonales en mars 2004, elle a été investie pour pour les législatives de 2007 dans la circonscription où elle habite, en attendant un éventuel accord avec le PS.

Les militants PCF vont être reconsultés sur la candidature de Marie-Georges Buffet à la présidentielle

e Parti communiste a décidé, samedi 16 décembre, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux.

"Je ferai une intervention jeudi ou vendredi pour dire qu'on poursuit la bataille du rassemblement et si les organisations continuent de dire non, il faudra alors travailler avec ceux dans les collectifs qui veulent aller de l'avant", a répondu la secrétaire nationale du PCF. "On ne peut pas attendre le mois d'avril pour entrer en campagne", a-t-elle ajouté, en soulignant que lors du conseil national du PCF, "il y a eu une réaffirmation d'une démarche de rassemblement".

Environ 100 000 militants communistes sont ainsi appelés à choisir entre les deux propositions suivantes : "Je choisis la proposition de candidature de Marie-George Buffet, choix le plus partagé des collectifs locaux pour porter le rassemblement anti-libéral à la présidentielle", ou "Je choisis le retrait de Marie-George Buffet et la recherche d'une autre candidature de rassemblement anti-libéral à l'élection présidentielle". Ce vote a été décidé après l'échec du rassemblement anti-libéral du week-end dernier à s'accorder sur un candidat commun pour la présidentielle, la candidature de Mme Buffet ne faisant pas l'objet d'un consensus.

DÉMISSION DE 6 MEMBRES DU COURANT "REFONDATEUR"

2 autres candidats sont sur les rangs, Clémentine Autain, élue de Paris apparentée communiste, et Yves Salessse, président de la Fondation Copernic. Les sensibilités du mouvement anti-libéral hors PCF avaient rejeté le week-end dernier la candidature de Mme Buffet, estimant que la dirigeante d'un parti ne pouvait pas pas représenter la diversité du mouvement. Mais le PCF avait fait valoir que Mme Buffet avait déjà rassemblé autour d'elle 55% des collectifs locaux.

En réaction, 6 membres du comité exécutif national  ont annoncé samedi leur démission de cette instance, accusant la direction de sortir le parti du processus "unitaire" antilibéral en maintenant la candidature de Marie-George Buffet pour 2007. Les démissionnaires, membres du courant "Refondateur" (minoritaire) au PCF, parmi lesquels Pierre Zarka et Roger Martelli, ont accusé dans un texte la direction de "retournement d'orientation politique". La direction "dans sa majorité, a pris la décision de refuser toute recherche de candidature à la présidentielle qui aurait permis le maintien et l'élargissement de cette construction" antilibérale, arguent-ils.

"C'est suicidaire pour le PCF qui va se trouver isolé et sera tenu pour responsable de cette situation", ajoutent les démissionnaires. Selon eux, le bulletin de vote soumis aux militants "n'éclaire pas sur les conséquences qu'aurait le maintien de la candidature de Marie-George Buffet" à savoir "la sortie du processus unitaire", ajoutent-ils.
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 11:28
En réponse à l'annonce d'élections anticipées,
le Hamas joue la politique du pire


ans un discours retransmis en direct à la télévision palestinienne samedi 16 décembre à Ramallah, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a souhaité que l'organisation d'élections générales anticipées. Il a toutefois semblé faire un geste en direction du Hamas en déclarant que dans la période d'intérim, tout devrait être mis en œuvre pour former un gouvernement d'union nationale composé d'experts, afin d'obtenir la levée des sanctions financières imposées par les Occidentaux après l'arrivée au pouvoir du mouvement radical islamiste, en mars dernier.

Une décision aussitôt rejetée par le mouvement islamiste du Hamas. Un conseiller du premier ministre issu du Hamas Ismaïl Haniyeh a affirmé que c'était "un appel à la guerre civile", ajoutant que son mouvement tenterait de "l'éviter". Le Hamas a affirmé, dans un communiqué, que cette décision équivaut à un "coup d'État contre la volonté du peuple palestinien".

En réponse, il a appelé les Palestiniens à descendre dans la rue. "Nous allons organiser de nombreuses manifestations pour prouver au président que nous avons la majorité et que cet appel à des élections anticipées n'est pas acceptable", a affirmé Ahmed Youssef, conseiller politique d'Ismaïl Haniyeh. Samedi en fin d'après-midi, plusieurs milliers de Palestiniens ont commencé à se réunir dans le centre de Gaza. Rassemblés dans l'enceinte du siège du Conseil législatif, ils  ont brandi des drapeaux verts du Hamas et ont scandé des slogans accusant Mahmoud Abbas de "collaborer" avec Israël. Des rassemblements similaires ont également commencé dans d'autres localités de la bande de Gaza notamment à Khan Younes et Jabaliya. À Khan Younes, 5 manifestants ont été blessés en début de soirée lors d'échanges de tirs entre des membres du Fatah et du Hamas, selon des sources médicales et des témoins.

ISRAËL SOUTIENT ABBAS

Selon Saëb Erekat, proche conseiller d'Abbas, des élections anticipées ne pourront pas être organisées avant le milieu de l'année prochaine pour des raisons légales et pratiques. M. Abbas, a-t-il expliqué, doit dans un 1er temps signer un décret pour l'organisation des scrutins anticipés, après quoi 90 jours seront nécessaires pour mettre à jour les listes électorales. Yasser Abed Rabbo, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestinienne (OLP) et proche collaborateur de M. Abbas, a ajouté que"les élections anticipées auront lieu d'ici 3 mois. Toute opposition juridique à ces élections sera examinée conformément aux pouvoirs du président".

Cette décision a été saluée par Israël qui "soutient" le président Abbas. "Le gouvernement israélien soutient les Palestiniens modérés qui tentent de parvenir à des négociations avec Israël sans recourir à la violence. Abou Mazen [Mahmoud Abbas] est un dirigeant de ce type", a déclaré Miri Eisin, porte-parole du gouvernement israélien. "Nous espérons qu'il sera en mesure d'asseoir son autorité sur l'ensemble du peuple palestinien", a-t-elle ajouté.

Les affrontements entre les 2 principales formations politiques palestiniennes font redouter une guerre civile dans les territoires palestiniens. L'exacerbation des tensions est notamment due à l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Vendredi, les dirigeants du Hamas ont accusé le Fatah de "tentative d'assassinat" contre M. Haniyeh portées par les dirigeants du Hamas contre la garde présidentielle relevant de M. Abbas. Le convoi de M. Haniyeh a été la cible de tirs qui ont fait un mort jeudi soir, lors de son passage mouvementé au terminal de Rafah alors qu'il regagnait Gaza, après une tournée dans plusieurs pays arabes et musulmans. Ces accusations ont été démenties par le Fatah.

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16 décembre 2006 6 16 /12 /décembre /2006 11:24

Bienvenue chez les Hérétiques !
Note d'Henri Emmanuelli sur le récent ralliement de Ségolène Royal à une vision critique de l'action et du statut de la Banque centrale européenne

Je ne résiste pas à la tentation de souhaiter à Ségolène Royal une bienvenue chaleureuse parmi les hérétiques de l’orthodoxie monétaire.

Oser rappeler une évidence démocratique de base, à savoir que « c’est aux gouvernements démocratiquement élus de décider de l’avenir de nos économies plutôt qu’à Monsieur Trichet », c’est commettre l’irréparable. C’est bousculer le tabernacle du monétarisme conservateur dont Milton Friedman, successivement conseiller d’Augusto Pinochet et de Margaret Thatcher, fut le messie à Chicago. C’est se condamner - j’allais écrire se damner - à prendre place parmi les manants et les gueux qui contestent l’un des piliers de la pensée économique néolibérale dans sa version européenne ultra-orthodoxe.

Sur le plan politique et institutionnel, l’idée imposée par les financiers et leurs thuriféraires que l’un des instruments essentiels de la politique économique, à savoir la politique monétaire, doit être soustraite du champ politique, c’est-à-dire de toute influence réputée néfaste du peuple souverain ou de ses représentants, est une difformité intellectuelle lourde d’arrières pensées conservatrices. Encenser la démocratie, jusqu’à vouloir l’imposer par la force, tout en lui retirant ses moyens d’action en matière économique (indépendance monétaire de la banque centrale, pacte de stabilité budgétaire et dumping fiscal) explique pour beaucoup l’insupportable carence démocratique de l’Europe telle qu’on veut nous l’imposer. La tentative, due à Monsieur Trichet, d’inclure dans le TCE cette aberration fut, pour ce qui me concerne, l’une des raisons principales de mon opposition à ce traité (avec l’interdiction d’un impôt Européen et de toute possibilité de déficit budgétaire). La démocratie sous tutelle des financiers s’exerçant par le biais d’une institution réputée indépendante n’est pas acceptable, et ne le sera jamais.

Sur le plan économique, ce monétarisme conservateur est tout aussi inacceptable. Aux antipodes de la conception pragmatique et instrumentale des anglo-saxons (eh oui, les ultralibéraux ne sont pas forcément de l’autre coté de l’Atlantique !) elle pénalise lourdement notre croissance et plombe le nécessaire déploiement international de l’Euro.

La surévaluation de l’Euro par rapport au dollar - mais aussi par rapport aux monnaies chinoises et japonaises - a coûté plus d’un point de croissance à la zone euro au cours des dernières années. Et bien davantage si on fait la comparaison avec les zones extra-européennes, comme l’ont démontré diverses études, notamment celles de l’O.F.C.E. Ajouter au handicap de compétitivité que nos modèles sociaux et nos contraintes environnementales font peser sur l’industrie européenne un handicap monétaire est un non sens qui ne trouve d’explication que dans une volonté politique sous-jacente d’araser ces modèles sociaux.

Justifier la hausse des taux par une menace inflationniste dont l’origine se situe dans la hausse des coûts de l’énergie n’est pas crédible : ce n’est pas la hausse des taux qui fera baisser le prix du pétrole. Expliquer que la croissance des liquidités ferait peser des menaces sur la croissance ne l’est pas davantage : en France, l’épargne représente 15% du PIB. Aux Etats-Unis, elle se situe à -10% du PIB ! Il n’y a que Monsieur Trichet pour ne pas le savoir.

En réalité, cette politique n’a qu’un seul objectif : peser sur les salaires en maintenant la croissance au dessous du taux qui réduirait celui du chômage réputé « structurel ». Accordons à Monsieur Trichet une certaine franchise et une constance certaine : aucun des rapports de la Banque Centrale Européenne - comme c’était déjà le cas pour les rapports de la banque de France - ne manque de mettre en garde contre la hausse des salaires ou le coût trop élevé de la main d’œuvre ! Quant aux prévisions de croissance jugée compatible avec la hausse des taux, elles sont, par leur faiblesse, un véritable aveu en creux sur les finalités réelles de ce malthusianisme monétaire ! D’où ma stupéfaction de lire, dans l’éditorial tout entier consacré à la défense de ce malthusianisme monétaire d’un grand quotidien de l’après-midi, que le principal souci de Monsieur Trichet était de sauvegarder le pouvoir d’achat des salariés (sic).

En réalité, cette politique monétaire fait le choix d’une protection sourcilleuse de l’épargne contre l’investissement, au détriment de la croissance. C’est une vieille conception patrimoniale, qui attribue à la monnaie une valeur intrinsèque que les anglo-saxons ne lui reconnaissent pas. Etrangère aux nécessités du dynamisme, exempte de toute imagination, elle véhicule tous les remugles des possédants d’une vieille Europe qui croit venu le temps d’une revanche totale sur la période, à ses yeux maudite, du compromis entre capital et travail qu’incarnait plus ou moins l’Etat Providence.

Du coup, vouloir modifier les objectifs de la B.C .E en y inscrivant, aux cotés de la stabilité de la monnaie, celui du plein emploi, serait un crime ! Comme si ce n’était pas le cas de la banque Fédérale Américaine dont Monsieur Trichet et ses épigones éditorialiste doivent penser qu’elle est une institution gauchiste !

Le dire, c’est encourir les foudres de tous les brahmanes incompétents ou cyniques qui veillent jalousement sur l’indépendance de la B.C.E. et le dogme de la stabilité monétaire.

Mais c’est aussi, ce qui est plus surprenant, voir le premier secrétaire du PS, si l’on en croit une dépêche, s’efforcer de nuancer les propos de Ségolène Royal en affirmant « que nous devons revenir à l’esprit des traités avant de vouloir les modifier ». Sauf erreur de ma part, il me semble pourtant que ce qu’a dit notre candidate figure dans la synthèse du Mans. Qu’il me soit permis de lui rappeler que ce n’était pas un point de détail. Et que l’ignorer serait une double faute : sur le fond comme sur la forme. Vis-à-vis des militants comme des 60% de socialistes qui ont voté Non le 29 Mai 2005, sans parler des deux tiers de la gauche qui a fait de même. Vient un moment où les acrobaties linguistiques ne sont plus de mise.

Quant au point de vue de Jacques Delors, qui, nous dit-on, aurait fait implicitement « la leçon à Ségolène Royal » en expliquant « que d’un point de vue technique, on demande trop à la monnaie et pas assez à l’économie » ou que son rapport de 1989 « reposait sur l’équilibre dialectique entre l’économie et le monétaire », ou bien encore « qu’il aurait fallu un pacte de coordination des politiques macro-économiques » qu’il me soit permis de lui dire, amicalement, que tout ce jargon finit par ressembler à du latin de messe.

Comment dissocier la politique monétaire et la politique économique ? Et que signifie « les inscrire dans un rapport dialectique » ? En quoi le malthusianisme monétaire pourrait être compensé par « une meilleure coordination des politiques macro-économiques » sauf à les aligner toutes sur une vision néolibérale dominée par la logique exclusive de l’économie de marché ? Va-t-il être possible, un jour, d’appeler chat un chat ? Et comment peut-on proposer aujourd’hui, sans rire, un « budget propre permettant d’accompagner les efforts des états » alors même que le T.C.E. excluait toute possibilité d’un impôt européen où d’un déficit budgétaire à ce niveau ?

Qui mentait à qui, en définitive, pour paraphraser la Une retentissante d’un hebdomadaire ?

Quant à reconnaître à la Commission européenne « une capacité de jugement et d’orientation », non merci Jacques : à mes yeux, Monsieur Barroso n’est pas plus compétent en matière économique qu’il ne l’a été en matière de politique étrangère, lorsqu’il paradait avec MM. Aznar et Bush au sommet des Açores ! On connaît son credo, à lui et à l’actuelle Commission, et ce n’est pas le nôtre.

L’Europe peut mieux faire qu’être l’instrument anonyme et non-démocratique d’un alignement forcé des pays qui la composent sur un modèle néolibéral suranné que les Etats-Unis eux même se gardent bien de mettre en œuvre.

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