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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

12 mars 2020 4 12 /03 /mars /2020 08:59
LE CORONAVIRUS, LA MONDIALISATION NÉO-LIBÉRALE ET LA BATAILLE CULTURELLE

Le texte publié ci-dessous est une analyse géopolitique et économique de la Gauche Républicaine & Socialiste rédigée le mercredi 11 mars 2020

Les places financières mondiales se sont effondrées en ce début mars. Une telle violence des baisses d’indices, de l’ordre de 20% en quelques séances, n’avait plus été observée depuis le krach de 2008. Plusieurs facteurs se sont conjugués pour aboutir à ce désastre : des anticipations de croissance moroses, l’arrêt de l’activité en Chine pour cause de coronavirus et un vif désaccord entre Saoudiens et Russes sur la production de pétrole.

Chronologiquement, c’est ce dernier facteur qui a précipité la chute. L’Arabie Saoudite était plutôt encline à réduire la production et soutenir ainsi les cours du baril. La Russie se disait pour sa part qu’un baril durablement sous les 40 dollars pourrait détruire l’industrie américaine du pétrole de schiste (dont le seuil de rentabilité se situe au-delà des 50 dollars). C’est le point de vue de cette dernière qui a finalement prévalu. Mais les cours du pétrole étaient déjà bas, reflétant la faiblesse de l’économie réelle, dès avant l’impact du coronavirus. La gestion de la maladie par la Chine n’a fait qu’aggraver une situation latente de surproduction – et donc de survalorisation des cours de bourse.

A présent, on ne peut que redouter les effets dévastateurs de la crise financière sur la sphère productive. Les banques vont essuyer des pertes colossales et réduire encore davantage l’accès des entreprises au crédit (investissements et surtout trésorerie). De l’autre côté, le coronavirus entraîne non seulement des ruptures d’approvisionnement mais aussi des reports voire des annulations pures et simples d'événements, de transports, de voyages touristiques et professionnels, etc. Ce premier trimestre 2020 subit donc à la fois un choc d’offre et un choc de demande. Tout (en tout cas beaucoup) dépend maintenant de la vitesse de récupération de la Chine, atelier du monde.

Si l’Empire du Milieu se remet en marche d’ici quelques semaines, peut-être que l’économie repartira. Mais ça n’est qu’un « peut-être » car pour de très nombreuses entreprises et secteurs d’activité, « quelques semaines » veut dire une éternité. Faute de clients, de pièces détachées et de crédit, des milliers d’entreprises pourraient avoir entre temps déposé leur bilan.

Mis à part les mesures conjoncturelles que prendront les gouvernements pour atténuer ces chocs (inondation de liquidités sur les marchés, dégrèvements fiscaux et sociaux, voire même des relances budgétaires), la grande question que pose évidemment cette crise est celle de notre dépendance matérielle à la Chine. La consommation mondiale et notamment occidentale, s’appuie sur une production dont la chaîne de valeur remonte presque toujours 

là-bas. Hormis quelques niches de type armement ou centrales nucléaires, toute notre industrie contient du Made in China. Si la Chine s’effondre, nous ne pouvons plus produire de voitures, d’avions, d’appareils électroniques, de machines, de médicaments, ni même de vêtements ou de maisons.

C’est si vrai que l’effet le plus catalyseur, intellectuellement, du coronavirus a été de convertir des amoureux de la mondialisation heureuse comme Thierry Breton ou Bruno Le Maire aux vertus de la souveraineté économique. C’est à peine s’il faut se pincer, pour être sûrs de bien les entendre expliquer aujourd’hui le contraire de ce qu’ils nous infligeaient hier. Ils prononcent le mot « relocalisation ». Ils ne font plus des sauts de dix mètres sur leur chaise lorsqu’on leur suggère que le concept de « démondialisation » n’est pas si stupide, ni soviétique, ni vénézuélien que tous les idéologues néolibéraux nous l’enseignaient jusqu’il y a deux mois. On commence à se dire que passer des accords de libre-échange avec l’Australie pour lui acheter du bœuf ou la Nouvelle-Zélande pour lui acheter du lait, n’est pas forcément d’une rationalité économique évidente.

Même l’Union européenne bruisse de ces réflexions sacrilèges – lesquelles ne sont certes pas encore parvenues au cerveau du Commissaire au Commerce international (ce qui s’explique sans doute par la lenteur des influx nerveux chez les dinosaures). Même l’Allemagne (!!!!) convient que la règle d’or budgétaire est un peu trop rigide.

Nous assistons donc aux prémices d’une victoire culturelle. Les faits nous donnent raison. La tension extrême dans laquelle se déploient les flux économiques et financiers mondiaux est en train de se rompre, nous laissant momentanément à poil, et honteux – par exemple de devoir compter sur la Chine pour fournir l’Italie en appareils de réanimation médicale, ou Sanofi en principes actifs médicamenteux.

Tout cela, toutes ces innombrables choses qui nous permettent de vivre dans un confort à peine imaginable pour les humains d’il y a un siècle et demi, nous pouvons le produire nous-mêmes, chez nous. Sans supprimer la mondialisation, nous pouvons et nous devons rapatrier des industries et les compétences, les savoir-faire et les salaires qui vont avec. Le coronavirus vient de nous montrer que la démondialisation n’est pas qu’une question idéologique, ni même principalement sociale; c’est une question de survie.

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6 mars 2020 5 06 /03 /mars /2020 16:22
Dominique Lesparre et ses colistiers de "Vivons Bezons"

Dominique Lesparre et ses colistiers de "Vivons Bezons"

Dans quelques jours, le dimanche 15 mars, vous serez appelés à choisir, à désigner, celles et ceux qui seront vos représentants au conseil municipal de Bezons pour 6 ans.

Je veux rappeler ici en quelques lignes les raisons pour lesquelles je me suis engagé depuis plusieurs mois pour la liste "Avec Dominique Lesparre, vivons Bezons".

Vous connaissez Dominique Lesparre, notre Maire ; vous connaissez son engagement de toujours et de chaque instant pour la solidarité et la justice. Vous connaissez l'action qu'il a menée depuis qu'il a succédé à Jacky Leser, pour défendre le logement pour tous, pour maintenir et développer les services publics locaux, pour la culture et l'enfance, pour mettre aussi le développement économique au service des habitants et de la collectivité.

Dans quelques mois, grâce à lui et aux membres loyaux de sa majorité municipale, nous bénéficierons TOUS de nouveaux commerces et d'un grand supermarché de qualité, d'un nouveau cinéma, et de centaines de nouveaux logements qui par leur diversité répondront à bien des attentes des Bezonnaises et des Bezonnais, tant parmi les nouveaux que les anciens habitants.

Grâce à un effort inédit de l'action municipale, nous profiterons également TOUS dans quelques semaines, dans quelques mois, d'espaces verts plus nombreux (contrairement à ce que je lis parfois Bezons n'en aura jamais compté autant depuis plus de 60 ans), avec un parc Bettencourt rénové et agrandi de deux hectares ! Nos enfants commencent déjà à profiter, à deux pas de l'école Victor-Hugo, des nouveaux jeux de plein air qui viennent d'y être installés.

Dominique Lesparre a réuni cette année autour de lui et à votre service une équipe de gauche, rajeunie et renouvelée profondément, mêlant compétences et enthousiasme, pour porter avec vous les projets qui sont l'avenir de notre ville.

Ensemble et avec vous, nous serons capables de prendre le relais de l'action engagée, d'agir et d'avancer !

Notre Ville a besoin, peut-être plus que d'autres encore, d'être en permanence défendue, auprès des pouvoirs publics, auprès des institutions, que ce soit l'Etat, le département, la Région... Ils ont trop souvent tendance à oublier les villes populaires et fières de l'être. Bezons doit se faire entendre et le Maire qu'éliront les conseillères et les conseillers municipaux que vous aurez choisis devra être quelqu'un de combatif et de déterminé ; quelqu'un qui ne se laisse pas aller au fatalisme ambiant, qui sache tenir tête et ne pas se laisser embobiner par les technocrates et les financiers. C'est ce qu'est Dominique Lesparre et nous continuerons sur cette voie avec lui.

D'ailleurs, où étaient celles et ceux qui se présentent aujourd'hui contre nous pour réclamer votre vote, lorsqu'il y avait besoin de lutter pour le maintien du commissariat de police, pour la Caisse primaire d'assurance-maladie, pour l'hôpital d'Argenteuil régulièrement menacé, pour défendre le logement social ou Argenteuil-Bezons Habitat ? Ah ça, y en a qui sont habitués à faire du bruit avec leur bouche, à raconter tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi) sur de grandes affiches jaunes, à tenter des coups de comm' ou à faire des selfies avec Manuel Valls...! Mais dans les moments cruciaux, ils avaient disparu !

D'autres encore, à droite, prévoient déjà la fermeture de certains services publics municipaux, comme le centre municipal de santé, dont nous connaissons tous l'importance pour nombre de nos voisins.

Et c'est la dernière raison que je veux évoquer et qui doit, selon moi, vous encourager à venir voter dès le 15 mars pour Dominique Lesparre. Nous devons donner un signal politique !

Nous devons sanctionner à l'occasion des élections municipales la politique d'Emmanuel Macron et de son gouvernement. Une politique qui casse les services publics, qui casse nos droits économiques et sociaux, qui abîme nos libertés, qui veut aujourd'hui briser notre système de retraites par répartition. Nos concurrents électoraux naviguent entre ambiguïtés (en négociant pendant des mois pour obtenir sans succès le soutien du parti du Président de la République, en soutenant les initiatives pour empêcher la grève) et soutiens à ces politiques. Menahouara, Roullier ou Stenström, c'est finalement 50 nuances de Macronisme !

Avec Dominique Lesparre et son équipe, vous avez un engagement à 100% contre la réforme Macron des Retraites, à 100% contre Macron, à 100% pour vous défendre, défendre vos intérêts face aux puissants.

Alors, dès le dimanche 15 mars, dès le premier tour des élections municipales, mobilisons nous, votons pour la liste conduite par Dominique Lesparre.

Frédéric Faravel

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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 10:14

Les candidats de la liste "Avec Dominique Lesparre, vivons Bezons" vous présentent nos propositions emblématiques pour les élections municipales des 15 et 22 mars 2020.

Dans cette vidéo : la sécurité, les espaces verts, l'écologie et l'agriculture urbaine, l'urbanisme, le développement économique, les transports, les impôts locaux et les finances.

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 17:31

Les 15 et 22 mars 2020, vous choisirez vos conseillers municipaux et votre maire pour les 6 prochaines années.

Je me suis engagé pour la liste "Avec Dominique Lesparre, Vivons Bezons", pour une ville ancrée à gauche qui agisse pour la solidarité, le progrès social, et s'en donne les moyens.

Ian Brossat viendra au banquet républicain de la liste "Avec Dominique Lesparre vivons Bezons", le 29 février, à la nouvelle salle Elsa Triolet-Aragon.

Au programme, un bon dîner, des beaux échanges, et une soirée festive animée par un DJ.

20€ pour les adultes et 10€ pour les enfants !

Inscrivez-vous au 07 69 69 76 71, ou à l'atelier de campagne, au 13 avenue Gabriel Péri !

Rejoignez nous pour le Banquet républicain de la liste "Avec Dominique Lesparre, Vivons Bezons"
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5 février 2020 3 05 /02 /février /2020 08:57
La jeune Mila lors de l'émission Quotidien le lundi 3 février 2020

La jeune Mila lors de l'émission Quotidien le lundi 3 février 2020

Depuis le déclenchement de l'affaire Mila, c'est-à-dire la révélation par quelques médias d'un mouvement de harcèlement cybernétique violent et haineux à l'égard de cette jeune femme, la presse écrite ou audiovisuelle - chaines d'information en tête - tentent de rattraper le temps perdu (pour elles) en posant le débat dans des formes caricaturales : on devrait adhérer ou rejeter ce que dit Mila et la façon dont elle le dit et malheureusement des responsables politiques (ou plutôt des has been en mal de couverture) alimentent cette dérivation. Il faut remettre les choses en place.

Personne ne demande de partager le point de vue de Mila, personne non plus ne dit que c’est de cette façon dont il faut s’exprimer... là n’est pas le sujet ! Pour ma part, je n'aurais pas dit ce qu'elle a dit, je n'aurais pas choisi ses mots, pourtant cette jeune femme a droit à tout mon soutien en tant citoyenne dont les droits doivent être respectés et la sécurité physique garantie. Ce devrait d'ailleurs être la mission et le seul discours des pouvoirs publics sur cette affaire.

Rappelons au demeurant que Charlie Hebdo, qui est certes un hebdomadaire satirique mais qui aborde sérieusement ses dossiers, exprime régulièrement sur les religions, les réacs et les bigots des propos parfois similaires à ceux de la jeune fille. Le fait que la publication soit satirique ne diminue pas la portée des arguments qu'ils développent à côté des caricatures, avec esprit, talent, réflexion... parfois avec outrance... Cela ne diminue pas non plus le fait que c'est bel et bien leur pensée qui est exprimée. Charlie avait été attaqué devant les tribunaux pour "les caricatures de Mahomet" : l'hebdomadaire avait tout à fait logiquement remporté le procès et heureusement. On sait ce que depuis ont donné les menaces de mort, c'est pour cela qu'il ne faut pas prendre à la légère les propos qui sont tenus contre Mila.

Pour ma part, je considère de plus que son entretien dans l'émission Quotidien fut grandement utile. On y voit une jeune femme posée, sans haine, qui sait que son mode d'expression était outrancier et qu'elle aurait dû argumenter son propos ; je trouve que cette jeune fille n'est pas une folle dangereuse inconsciente en pleine crise d'adolescence comme voudraient le faire entendre certains. Disons lui donc que malgré l'outrance de ses propos initiaux, elle n'est pas pour autant en tort.

En réalité, ce qui est en jeu c’est que cette jeune femme n’a fait qu’exprimer vertement un point de vue sur une idée, une croyance... et non sur des personnes... elle n’a appelé à la haine contre personne. FIN DE L’HISTOIRE : elle n’enfreint aucune loi... des gens peuvent exprimer des choses qui nous choquent ou nous indignent et ça arrive tous les jours dans le débat intellectuel, on accepte c’est exactement la même chose ici.

Rappelons les faits : cette jeune fille a d’abord été insultée, elle, pour sa personne, parce qu’elle avait repoussée des avances un peu insistantes et parce qu’elle était lesbienne, tout cela à grand renfort d’arguments pseudo religieux... C’est dans ce contexte qu’elle explique que « la religion c’est de la merde ». Donc les insultes ont commencé avant les propos qui lui sont reprochés par certains, ces propos ne pouvant justifier à un quelconque moment qu’elle soit menacée de viol ou de mort !

Le problème politique c’est que les gens qui sont censés défendre la liberté en République (sauf quelques uns comme la Gauche Républicaine & Socialiste) ont réagi tard ou pas du tout, que des personnalités comme Mme Belloubet ou Mme Royal donnent à penser qu’on pourrait rétablir le délit de blasphème en dénonçant une « atteinte à la liberté de conscience » et en confondant attaque sur les personnes et critique d’une idée... Il y a ici un réflexe surannée de personnalités, surtout Madame Royal qui cherche aussi à faire du Buzz, marquées par une forme de conservatisme bourgeois (et catholique, pour Mme Royal c'est évident).

Dans ce contexte évidemment la droite conservatrice et l’extrême-droite y voient un moyen supplémentaire de taper sur « les » musulmans (heureusement tous les Français de confession musulmane n’ont pas à être comptables des propos des abrutis qui ont menacé Mila ou du représentant du CFCM)...

Ajoutons à cela ce qui est décrit dans la tribune publiée par Le Monde sur l’influence de la jurisprudence de la CEDH concernant les rapports entre religions et société (https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/04/gwenaele-calves-avec-l-affaire-mila-un-vent-mauvais-s-abat-sur-la-liberte-d-expression_6028318_3232.html). En quelques mots : la position du droit français dans ce type d'affaire est d'une clarté parfaite comme l'illustre le classement sans suite de la demande d'instruction pour provocation à la haine ; la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg influence des responsables politiques dont la réflexion idéologique a disparu.

Tout cela a évidemment des implications politiques dont il faut tirer les conclusions mais pas de la manière dont la presse le traite : il ne s’agit pas de savoir si on est d’accord avec les propos de Mila mais d’assurer qu’il n’y ait pas de tutelles religieuses explicite ou implicite sur les libertés publiques, la liberté d’expression et la règle républicaine en général... Lors du procès des caricatures de Mahomet, le président Chirac avait appelé Charlie à être un journal responsable ; plus personne n'aurait après les attentats de 2015 tenir les mêmes propos, mais dans une classe politique et un gouvernement largement décérébrés il semble que l'appel à l'autocensure ne suffise plus quand il s'agit des citoyennes et des citoyens.

Frédéric Faravel

Ségolène Royal et Nicole Belloubet, les vieilles bourgeoises contre Mila

Ségolène Royal et Nicole Belloubet, les vieilles bourgeoises contre Mila

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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 14:10
Des Lycéens bezonnais victimes de violences policières... La France n'est certes pas une dictature, mais ses citoyens subissent une grave dérive autoritaire

Je me suis rendu ce matin, mercredi 29 janvier 2020, devant l'entrée du Lycée Ronceray de Bezons pour apporter - aux côtés de Dominique Lesparre, maire PCF de la commune et tête de liste "Avec Dominique Lesparre, Vivons Bezons", et de nombreux adjoints au Maire et conseillers municipaux du groupe de gauche (de nombreux citoyens étaient également présents) - mon soutien aux lycéens qui avaient été victimes de violences policières hier.

Quels sont les faits ?

Dans toute la France, les épreuves du bac sont  largement perturbées, que ce soit par des blocages unitaires entre professeurs et élèves, autour de rassemblements pour informer les élèves et protester contre leur tenue, ou encore par la grève pure et simple de la surveillance et la mobilisation des lycéens. Le but est  simple : empêcher le bon fonctionnement des E3C, série d’épreuves de contrôle continu, qui accroissent la sélection, mettent les élèves en concurrence dès le début de l’année et vont renforcer les inégalités, notamment pour les élèves des quartiers populaires.

C'est également le cas à Bezons et les lycéens s'étaient donc rassemblés hier devant leur établissement pour manifester. Les forces de l'ordre sont donc intervenues : jusqu'ici rien qui ne soit logique... en effet la présence de policiers sur ce type de rassemblements souvent spontanés est nécessaire, ne serait-ce que pour assurer la sécurité des enfants eux-mêmes, l'entrée du lycée longeant une route très fréquentée ce qui est en soi risqué dans le cadre d'un rassemblement massif. Or, sans qu'il y ait de raisons proprement identifiées, et surtout sans que les manifestants n'aient fait preuve d'agressivité, les forces de l'ordre ont chargé ; des enfants ont été blessés en lien direct avec cette "intervention musclée" et disproportionnée. Une délégation de lycéens s'est donc rendue en mairie immédiatement et a été reçue par le maire, qui, après avoir visionné photos et vidéos, a immédiatement réagi en adressant une lettre de contestation au préfet du Val-d’Oise (ci-dessous en pièce jointe). Un élève a été sévèrement blessé au bras après avoir reçu plusieurs coups de matraques, il s'est rendu à l'hôpital et selon ses camarades interrogés ce matin portera plainte ; un autre élève a été étranglé par un policier, il est choqué et j'imagine que des démarches équivalentes sont en cours.

Ces faits sont proprement inacceptables ! On sait bien que les rassemblements lycéens sont parfois délicats à gérer, mais rien ne justifiait un usage de la force, par ailleurs totalement disproportionné. Mais en l'occurrence la violence n'est pas le fait des enfants dans cette affaire.

J'avoue avoir été choqué ce matin par le comportement des policiers présents en petit nombre dans le rassemblement organisé par les lycéens eux-mêmes tout à la fois pour poursuivre leur mobilisation contre la politique conduite par le ministre de l'Education nationale et pour dénoncer les violences policières commises la veille. Il nous a semblé que notre présence était d'autant plus nécessaire ce matin pour que de tels faits ne se reproduisent pas et ce que j'ai constaté m'a renforcé dans cette analyse. Alors que le rassemblement était parfaitement calme (des prises de paroles des jeunes encadrant le rassemblement étaient construites et sans aucune agressivité) et que les forces de l'ordre étaient évidemment prévenues de la présence des membres du conseil municipal, au-delà de l'équipement classique de la police nationale, deux agents étaient équipés de lanceurs de balles de défenses (LBD, tristement célèbres, armes de guerre), ce qui au regard de la configuration des lieux était totalement inapproprié et représentait en cas de réaction malvenue de l'un d'entre eux un risque grave de blessures. Les policiers se sont mis à filmer les élèves rassemblés ce qui est une forme d'intimidation ; ils ont tenu des propos parfaitement irrespectueux à l'égard des adultes présents sur place pour s'assurer du bon déroulement de l'événement "ne parlez pas avec ces gens-là !" - ces gens-là étaient des élus locaux, des cadres territoriaux, etc. (!?) ; aucun des agents des forces de l'ordre ne portait son matricule réglementaire ; le commissaire divisionnaire d'Argenteuil est venu avec une morgue invraisemblable accuser le Maire d'organiser "un coup politique", ce à quoi on peut facilement rétorquer que s'il n'y avait pas eu de "coups" portés hier sur les élèves il n'y aurait pas eu de "coup politique" si on peut appeler ainsi l'action d'un maire venu s'assurer de la sécurité des jeunes de sa commune. Plusieurs enseignants nous ont indiqué avoir été la veille par le même responsable qualifié d'"inutiles". Tout cela fleure bon le "nous ne sommes pas dans le même camp !" du Préfet Lallement à Paris à l'endroit d'une manifestante sexagénaire pacifique.

Il y a ici un détournement et un dévoiement patenté des missions de sécurité - alors que nous avons besoin d'une police RÉPUBLICAINE forte et nombreuse pour assurer le maintien de l'ordre et la sécurité publique -, qui plus est en menaçant des enfants ; cette situation est particulièrement inquiétante et révélatrice d'une dérive plus large du pouvoir actuel en France.

Je me permets de développer mon propos plus bas.

Lettre adressée le 28 janvier 2020 au Préfet du Val-d'Oise par Dominique Lesparre, maire de Bezons

Comme il en a pris l'habitude lorsqu'il est en difficulté (ce qui est de plus en plus fréquent), Emmanuel Macron a réagi depuis l'étranger pour parler de politique intérieure et lancer une nouvelle provocation. Ainsi en Israël, il a indiqué à un certain nombre de journalistes : "Aujourd’hui s’est installé dans notre société, et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature [sic] ! La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature c’est un régime où l’on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez !" Il faudra sans doute un jour étudier quel rapport intime le Prince Président Emmanuel Macron entretient avec le personnage d'OSS117 interprété par Jean Dujardin pour faire de telles sorties.

Le président de la République n'a décidément aucune empathie pour son propre peuple et refuse ouvertement de comprendre le désarroi d'une part croissante de nos concitoyens s'exprimant sous la forme évidemment excessive du "nous ne sommes plus en démocratie", qui traduit confusément le malaise qui existe concrètement sur les dysfonctionnements de notre démocratie.

Il est tout de même patent - et nous l'avons vu à plusieurs reprises ces deux dernières années - que de nombreux ressors démocratiques de notre pays ne fonctionnent plus,
1- que les causes soient antérieures à l'élection d'Emmanuel Macron (l'idée même que l'extrême droite serait désormais abonnée au second tour de l'élection présidentielle en est un symptôme évident) et qu'il n'ait rien fait pour le réparer (bien au contraire) :
⭕️ c'est le cas du renforcement du caractère présidentiel de notre régime institutionnel, avec une Assemblée nationale qui n'a plus aucune autonomie vis-à-vis de l'exécutif et n'entend plus l'expression populaire, avec un mode de scrutin qui amène de manière de plus en plus caricaturale une minorité à bénéficier d'une majorité parlementaire écrasante ;
⭕️ c'est le cas de la dérive ordo-libérale de la construction européenne, qui empêche des gouvernements démocratiquement élus de mener (essentiellement dans les domaines économiques et sociaux, car il n'y a pas eu de réactions européennes aussi fortes face aux dérives autoritaires en Pologne, Slovaquie ou Hongrie) les actions pour lesquelles les citoyens les ont mandatés...

2- que la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron introduise de dangereuses ruptures :
⭕️ les invocations à la démocratie sociale et au dialogue social de la part de l'exécutif sont peu de choses quand on mesure à quel point les syndicats, les représentants des salariés sont méprisés ; rappelons nous la "déception" exprimée par la CFDT elle-même lors des Ordonnances Pénicaud qui ont tant abîmé le droit du travail ; rappelons nous le piège tendu aux partenaires sociaux par le gouvernement sur l'assurance chômage pour justifier qu'il décide seul par décret d'évolutions qui fragilisent aujourd'hui les demandeurs d'emplois ;
⭕️ si des prémisses existaient lors de la fin du quinquennat précédent, la façon d'appliquer les doctrines de maintien de l'ordre, la violence déchaînée contre des manifestants pacifiques dans leur immense majorité avec un taux de blessés rarement vu depuis plusieurs décennies, la loi dite "anti-casseur" de 2019, les propos inacceptables d'un préfet de police, la sévérité extrême des interpellations et des sanctions contre des manifestants et des journalistes, sous des prétextes parfois douteux, face à ce que qui a été perçue comme une forme de mansuétude vis-à-vis de représentants des forces de l'ordre suspectés de bavures... tout cela crée un climat délétère.

A l'occasion de la sortie de son dernier livre Les luttes des classes en France au XXIème siècle, Emmanuel Todd a exprimé quelques éléments à prendre en compte dans notre réflexion collective : "La démocratie, c’est voter librement, parler librement (...) [nous pouvons effectivement faire cela], mais la démocratie ce n’est pas juste ça. Ce sont des conditions nécessaires. Il faut aussi pouvoir voter pour des gens qui vont être d’accord pour œuvrer pour le bien des gens qui ont voté pour eux (...) Il faut que le gouvernement élu ait la possibilité de changer les choses. Pour qu'une démocratie existe il faut que le gouvernement puisse agir.”

Il n'est donc pas étonnant que nos concitoyens, confrontés systématiquement au TINA, au discours sur l'absence d'alternative, proféré par un exécutif qui se confond sans cesse avec une forme de caste mêlant une partie de la technocratie aux intérêts financiers multinationaux, confrontés à ce discours d'impuissance sur le caractère indépassable des contraintes, en viennent à douter de la réalité de notre démocratie et finissent par considérer que la dérive autoritaire (et parfois violente) du pouvoir est inversement proportionnelle à sa capacité à agir pour le bien commun.

Frédéric FARAVEL

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20 janvier 2020 1 20 /01 /janvier /2020 13:47

À la veille du 50ème Forum économique mondial de Davos (Suisse), Oxfam France publie son rapport annuel sur les inégalités mondiales. Sans grande surprise, le décalage entre les plus pauvres et les plus riches s'amplifie dans le monde et en France.

L'ONG met à jour les dernières données sur les inégalités dans le monde et chaque année, les richesses se concentrent un peu plus. C'est encore le cas en 2019 : les 1% les plus riches de la planète possèdent désormais plus du double du reste de l'humanité, soit 92% de la population mondiale. Dans le même temps, près de la moitié de la population mondiale, soit près de 3,8 milliards de personnes, vit toujours avec moins de 4,5 euros par jour.

La France ne fait pas exception à cette tendance générale avec 41 milliardaires, quatre fois plus qu'après la crise financière de 2008. Qui sont-ils ? Plus de la moitié ont hérité de leur fortune et seulement cinq sont des femmes. Quant à leur richesse cumulée, 329,9 milliards de dollars, c'est cinq fois plus qu'après 2008. La France maintient un statu quo mortifère alors qu'elle est traversée par la révolte des gilets jaunes et par la plus longue grève générale de la Ve République. Il n'y a pas de doute, ce statu quo sera à nouveau consolidé lors du 3e "Sommet" Choose France que le Prince Président organise pour 200 grands patrons dont 165 étrangers : de Netflix à Youtube en passant par Lime (connu pour ses trottinettes électriques), BMW, Fedex ou encore General Electric, sur qui de forts soupçons de collusion et de conflits d'intérêts pèsent en lien avec l'entourage technocratique et politique d'Emmanuel Macron. Une réception à Versailles, dans la galerie des glaces en compagnie d'une vingtaine de ministres. À l'Élysée, on souligne que "ce sont les réformes engagées depuis le début du quinquennat Macron" qui dynamiseraient les investissements : simplification du droit du travail, allègement des contraintes et des charges pour le patronat. Près de 4 milliards d'euros provenant de grands groupes étrangers seraient en passe d'être investis en France, a annoncé l'Élysée dimanche soir, en amont de ce sommet. Or comme vous pourrez le lire plus bas, c'est bien peu de choses, comparé à la casse de notre modèle républicain et social, aux prébendes cédées aux entreprises étrangères et à la politique fiscale extrêmement favorable aux détenteurs "nationaux" du grand capital.

Symbole de la prospérité des milliardaires français, Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH est devenu l'homme le plus riche du monde le 16 décembre 2019, en l'espace de quelques heures, devançant Jeff Bezos, patron d'Amazon, et évinçant Bill Gates. Avec une fortune de 76 milliards de dollars, il est revenu en 4e position dans le dernier classement du magazine Forbes, publié le 27 décembre 2019.

Parmi les 20 plus grandes fortunes du monde figure un autre Français, ou plus précisément, une Française : Françoise Bettencourt Meyers. L'héritière du groupe de produits cosmétiques L’Oréal, qui se situe au 14e rang avec 59,9 milliards de dollars, est la plus riche femme de la planète, selon Forbes.

Cette démonstration illustre l'indécence de la politique fiscale du gouvernement. La suppression de l'ISF s'est donc opérée à la demande d'Emmanuel Macron au moment où le nombre des ultra riches en France commençait à exploser. Cette mesure, ainsi que l’instauration d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU ou "flat tax") de 30% sur les revenus du capital, auparavant taxés au barème de l’impôt sur le revenu, devait "favoriser la croissance de notre tissu d’entreprises, stimuler l’investissement et l’innovation", selon la lettre de mission de Matignon de décembre 2018.

France Stratégie, dans son rapport d'évaluation mardi 1er octobre 2019, estimait que la réforme a "un impact très incertain" quant à l’atteinte des objectifs de la direction générale du Trésor, à savoir un impact de 0,5 point de PIB et la création de seulement 50.000 emplois. Or ces dispositions ont coûté à la puissance publique 4,5 milliards d'euros par an (pour le remplacement de l'ISF par "l'impôt sur la fortune immobilière"), d'un côté, et près de 1,7 milliard d'euros par an (instauration de la flat tax) de l'autre.

Inefficaces, inégalitaires, ces politiques ont accru tout à la fois les écarts entre catégories sociales mais elles sont également renforcé le sentiment de mépris à l'égard d'une grande majorité de nos concitoyens, alors même que la pauvreté s'est remise à croître sous ce quinquennat. Sans effets réels sur l'activité économique, dans un contexte où la fraude fiscale n'a jamais été aussi forte, alors que nos concitoyens réclament des efforts plus partagés, il faudra revenir sur l'ensemble des cadeaux qu'Emmanuel Macron a accordé à la finance et aux ultra-riches.

Frédéric FARAVEL

Les super riches tricolores : quel bonheur de savoir ... où reprendre l'argent !

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 19:47
SOCIALISTES, NOUS AIMONS BEZONS ET NOUS CHOISISSONS DOMINIQUE LESPARRE

Nous sommes socialistes de cœur et nous aimons Bezons. Nous lui avons apporté notre engagement et nous voulons continuer d’agir pour que notre ville porte nos valeurs et nos espérances, au service des Bezonnaises et des Bezonnais, lors des prochaines élections municipales.

Aujourd’hui, notre ville évolue sans renier son histoire et en offrant la promesse d’une meilleure qualité de vie. Aujourd’hui, notre ville se bat pour l'emploi, le dynamisme économique, l’éducation et le logement pour tous, contre l'habitat indigne. Elle agit pour développer de nouveaux services et commerces, de nouvelles activités culturelles, sportives et de loisirs.

Depuis plusieurs années, en France, solidarités et services publics sont mis à mal. Les attaques contre notre modèle social et républicain ont atteint un niveau invraisemblable depuis l’élection d’Emmanuel MACRON à la Présidence de la République.

Face à cette situation nationale, les équipes municipales successives de notre ville ont toujours été un rempart et une protection (cuisine centrale, centre de santé, centres sociaux, etc.).

Nous sommes profondément convaincus que l'action de notre maire, Dominique LESPARRE, est un atout et que le rassemblement de la gauche et des progressistes, dont il a toujours été l’artisan, est indispensable pour poursuivre cette action.

Nous avons donc été consternés, mais pas étonnés, que des élus « étiquetés PS » (dont certains ont, par opportunisme, pris tout récemment l’étiquette écolo : EELV ou Génération Écologie) avec à leur tête Nessrine MENHAOUARA, pourtant adjointe de Dominique LESPARRE, aient décidé de rompre notre union.

De 2014 à aujourd'hui, les élus PS ont voté tous les budgets permettant les transformations en cours. Rien ne justifie qu'ils critiquent désormais ainsi tout ce qui a été entrepris, sinon les ambitions personnelles de Mme MENHAOUARA.

C’est irresponsable et dangereux car cela met notre ville à la merci de la droite, quand le pays subit déjà les agressions d’Emmanuel MACRON.

ENSEMBLE, NOUS CHOISISSONS EN SOCIALISTES LE RASSEMBLEMENT DE LA GAUCHE & DES PROGRESSISTES, AVEC DOMINIQUE LESPARRE, POUR UNE VILLE SOLIDAIRE, CITOYENNE & ÉCOLOGIQUE

Pierre BORDAS, conseiller municipal et ancien adjoint au maire ; Philippe NGWETTE, ancien adjoint au maire et ancien secrétaire de la section PS de Bezons ; Martin LOLO, adjoint au maire ; Philippe CLOTEAUX, ancien adjoint au maire ; Marie-Christine PASQUET-GRELET, ancienne conseillère municipale ; Farid BERKANE, ancien adjoint au maire ; François MOTAY, ancien conseiller municipal ; Martine COURBEZ, ancienne conseillère municipale ; Patrick BREUNEVAL, ancien conseiller municipal et ancien secrétaire de la section PS de Bezons ; Idriss BROUKSY, ancien conseiller municipal ; Marie-Lucile FAYE, ancienne conseillère municipale ; Luabeya MUTAMBAY, Gaétan GUIBERT et Yves GRELET, militants socialistes ; Frédéric FARAVEL, ancien membre du conseil national du PS et coordonnateur national adjoint des pôles thématiques de la Gauche Républicaine & Socialiste

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tract publié en décembre 2019 par des élus, anciens élus ou responsables socialistes locaux ou nationaux du Parti socialiste militant à Bezons

tract publié en décembre 2019 par des élus, anciens élus ou responsables socialistes locaux ou nationaux du Parti socialiste militant à Bezons

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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 15:41
"Pourquoi la retraite à points du gouvernement est bien une réforme néolibérale" par Romaric Godin

article publié par Romaric Godin dans Mediapart 16 décembre 2019

L’attachement du gouvernement au changement structurel du système de retraites n’est pas surprenant, car cette réforme affaiblit le monde du travail. Elle permet aussi de réduire les transferts sociaux et d’envisager de futures baisses d’impôts. C’est une réforme profondément ancrée dans la pensée néolibérale.

La réforme systémique des retraites est cruciale pour ce gouvernement. L’exécutif s’accroche à cette « retraite à points » malgré l’évidence au mieux d’une méfiance, à tout le moins d’un rejet de ce système par la population. Mercredi 11 décembre au soir, sur TF1, le premier ministre Édouard Philippe assurait encore de sa « détermination » à aller jusqu’au bout de cette réforme. Se pose alors une question centrale : pourquoi ? Pour y répondre, plusieurs éléments de langage du gouvernement sont avancés, mais tous révèlent la vraie nature de cette réforme : l’accélération de la transformation néolibérale du pays.

Une réforme juste ?

Le premier, et sans doute le moins sérieux, est celui de « l’égalité » ou de sa variante, la « justice ». L’universalité du nouveau régime mettrait tous les Français face aux mêmes droits et, a même osé Édouard Philippe dans son discours devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE), achèverait l’ambition du Conseil national de la Résistance (CNR). C’est un des arguments les plus utilisés, sans doute parce que c’est le plus simpliste : mettre chacun dans la même case correspondrait à l’égalité. Cela permettrait d’en finir avec des « privilèges » qu’Édouard Philippe affirme « ne plus pouvoir justifier ».

L’argument ne résiste néanmoins pas longtemps à l’analyse. D’abord parce qu’il est bien étrange d’entendre cette majorité se soucier d’une égalité de façade, alors qu’elle a assumé et revendiqué une politique fiscale qui a, en 2018, creusé les inégalités comme rarement depuis trois décennies. Il est étrange, au reste, de vouloir corriger cette politique par la réforme d’un système de pensions qui est un des plus redistributifs d’Europe et qui permet de réduire le taux de pauvreté des plus âgés.

On pourrait également souligner qu’à peine né, le nouveau régime est déjà criblé d’exceptions, notamment pour les fonctions « régaliennes » de l’État, celles qui sont traditionnellement ménagées par le néolibéralisme. Barricadé depuis un an derrière des forces de l’ordre qui lui permettent d’oublier son impopularité, le gouvernement s’est empressé d’accorder aux policiers une nouvelle exception à l’universalité du nouveau régime. Dès lors, on comprend quelle sera la réalité de celui-ci.

Ce ne sera pas un régime universel, mais, comme le régime actuel, un régime troué d’exceptions. À la différence que, cette fois, ce ne sont pas les luttes sociales ou les rapports de force internes aux entreprises qui décideront de celles-ci, mais les priorités gouvernementales. Or, chacun sait ce que sont les priorités de l’État aujourd’hui : c’est une politique de l’offre et c’est revendiqué par le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire. Les exceptions concédées refléteront cette politique. L’État n’est donc plus le garant de l’intérêt général ou d’un équilibre entre capital et travail, mais bien plutôt le reflet d’une politique favorable au capital.

Derrière l’universalisme de façade et l’égalité en vitrine, on aura donc un désarmement par l’État du monde du travail et de sa capacité de forger des conditions de travail acceptables. C’est assez piquant de la part d’un exécutif qui prétendait, pendant la réforme du marché du travail, qu’il fallait prendre les décisions au plus près du terrain. Mais il est vrai, qu’alors, la réalité devait être favorable au capital…

La justice d’un régime de retraite ne peut être réalisée sous la toise d’une règle unique parce qu’il n’existe pas d’égalité de conditions de travail, ni d’égalité d’espérance de vie, ni d’égalité de départ dans les carrières, ni enfin d’égalités de conditions au sein des entreprises. Placer le fils d’ouvrier sur la même ligne qu’un fils de notaire revient à faire partir le premier avec de lourdes chaînes aux pieds et à le condamner à une retraite difficile et courte. Selon l’Insee en France, les hommes les plus aisés vivent en moyenne 13 ans de plus que les plus modestes. Est-il alors juste de faire partir tout le monde au même âge avec les « mêmes droits » ? N’est-il pas plus juste d’accepter alors des compensations à de faibles revenus par des avantages spécifiques à la retraite ? La justice, dans ce domaine, consiste nécessairement à sortir de l’égalité formelle. Mais la pensée néolibérale ne veut rien voir de ces réalités.

Les différences d'espérance de vie par niveaux de vie. © Insee

Les différences d'espérance de vie par niveaux de vie. © Insee

Ou bien alors faut-il entendre la justice autrement, comme un ajustement par le bas ? L’élargissement du calcul de la pension à l’ensemble de la carrière ne saurait être considéré comme une mesure de justice par rapport à un mode de calcul favorisant les meilleures années. Pour une raison évidente : le calcul va intégrer les moins bonnes années. C’est aussi simple que cela.

Certes, certains pourront acquérir des droits nouveaux s’ils travaillent moins des 150 heures de travail par trimestre, mais beaucoup d’autres verront leurs droits réduits. Lorsque le gouvernement annonce une très lente revalorisation du métier de professeur pour compenser les effets de la réforme, c’est bien qu’il reconnaît que leurs pensions seront beaucoup plus faibles. Ce n’est pas pour rien que le rapport Delevoye avait pris quelques liberté avec la rigueur de ses projections. Quant aux plus précaires, ils continueront à être doublement pénalisés, comme le note l’économiste Éric Berr : dans leur carrière et à la retraite. Autrement dit, la justice de cette réforme ressemble fortement à un écrasement vers le bas dans lequel certains « vainqueurs » passeront de presque rien à trop peu. L’illustration de ce tour de passe-passe est bien la fameuse retraite minimum à 1 000 euros par mois, soit 30 euros de plus qu’aujourd’hui. La justice et l’égalité pour la majorité, c’est donc avant tout partager la misère…

La logique de la retraite à points est de mimer l’épargne individuelle : il faudra glaner le plus de points. Comme le résumait Jean-Paul Delevoye, « celui qui aura fait une belle carrière aura une belle retraite, celui qui aura une moins bonne carrière aura une moins bonne retraite ». Et c’est sans doute cela ce que le gouvernement entend par la justice : refléter les « efforts » individuels. Les statuts et donc les protections issues de la lutte seraient des freins à cette réussite individuelle. Et c’est bien là l’idée de justice défendue par le néolibéralisme : une justice en forme d’égoïsme. Et ce n’est pas pour rien que, précisément, le système de retraite à points « mime » l’épargne individuelle. C’est un système qui promet un rendement de ses choix personnels, sans se soucier des conditions de ces rendements.

Dans ces conditions, l’argument le plus farfelu d’Édouard Philippe est sans doute celui de l’appel aux mânes du CNR. Car cette « égalité » revendiquée consiste surtout à réduire les droits de certains, à rebours de l’ambition du CNR. Rappelons que celui-ci avait défendu l’universalité du système de retraite pour donner des droits à tous dans un pays où l’assurance-vieillesse était une exception. L’universalité était celle de l’accès au droit à la retraite. Mais l’ambition du CNR s’inscrivait dans une logique de rattrapage par le haut, ce qui a motivé de conserver les exceptions pour les régimes plus généreux. Aplanir les pensions et les droits par le bas est l’inverse de l’esprit et de la lettre du projet de 1945.

Un déficit qui justifie la réforme ?

Le deuxième argument avancé en faveur de la réforme, c’est celui des finances. Le système de retraite français serait en péril en raison du déséquilibre croissant entre le nombre de cotisants et celui de pensionnés. Il a été répété le 11 décembre par Édouard Philippe. Ces oiseaux de mauvais augure en veulent pour preuve les prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoyant un déficit pouvant aller jusqu’à 27 milliards d’euros en 2030. Cette partition est jouée à chaque réforme pour défendre l’idée de la nécessité d’un « effort » et de l’allongement de la durée de cotisations. Mais, là aussi, l’argument ne tient pas.

D’abord parce que les réformes successives ont déjà prévu de réduire le montant et la durée des futures pensions. Les prévisions du COR ne prévoient pas de dépassement du niveau de 14% du PIB pour les dépenses de retraites en France d’ici à 2030, ce qui est précisément la limite fixée par la réforme proposée qui, soit dit en passant, n’envisage pas de sortir de ces prévisions. Autrement dit, la retraite à points n’offre pas directement de nouvelles mesures d’économies. Le déficit provient donc principalement des recettes, ce qui s’explique par deux facteurs : une dynamique des salaires trop faibles (notamment du fait d’un rythme modéré de hausse du SMIC) et, surtout, des mesures d’économies dans la fonction publique. En embauchant moins, l’État cotise moins et donc creuse le déficit des retraites. Mais, en théorie, ce déficit est le pendant des économies réalisées. Il n’est donc pas préoccupant en soi. Pointer le seul déficit des retraites, c’est donc viser le modèle de répartition intergénérationnel pour d’autres raisons que des raisons financières.

D’autant que les 27 milliards d’euros de déficit annoncé (chiffre soumis à des conditions très nombreuses et à l’incertitude naturelle de ce type de projection) ne sont guère un souci en soi. À partir de 2024, la dette sociale, autrement dit la dette de l’ensemble de la Sécurité sociale, aura été remboursée. Cela permettra de dégager pas moins de 18 milliards d’euros par an de recettes disponibles pour les caisses de la Sécu, donc des retraites, via la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) et la part de la CSG qui est dirigée actuellement vers la Cades, l’organisme qui amortit cette dette. Dès lors, le déficit peut être fortement minoré sans augmentation d’impôts. Sans compter que le système de retraite français est riche : son patrimoine net est évalué par le COR à 127,4 milliards d’euros, soit pas moins de cinq fois plus que le déficit cumulé maximal de 2030. Et sur cette somme, le Fonds de réserve des retraites (FRR) créé par Lionel Jospin en 1999 pour… faire face aux futurs déficits dispose de 36,4 milliards d’euros fin 2017. Comme avec la baisse attendue des pensions, le système doit se rééquilibrer vers le milieu du siècle, il faut donc bien le dire : le système français des retraites n’a pas de problème de financement ni de déficit.

Le patrimoine du système des retraites. © COR

Le patrimoine du système des retraites. © COR

Le vrai problème, c’est bien la baisse du niveau de vie des retraités futurs qui a été programmée par les anciennes réformes et que la nouvelle n’entend pas corriger. Bien loin de là, puisque le gouvernement entend obliger le nouveau système à être à l’équilibre d’ici à 2027 par ses propres moyens. Comme les cotisations sont désormais fixes (c’est le principe de base de la retraite à points), on ne pourra jouer que sur les dépenses, donc les pensions. Mais alors, la question reste bien de savoir pourquoi le gouvernement veut absolument cet équilibre. Écartons d’emblée, le pseudo bon sens néolibéral des « comptes en ordre ». L’État n’est pas un ménage et la France n’est pas en faillite, n’en déplaise à François Fillon. Un déficit de 27 milliards d’euros en 2030 ne pose pas de problème.

En fait, le cœur de la question est ailleurs. Si le gouvernement insiste tant sur l’équilibre, ce n’est pas par souci d’équilibre financier. C’est parce qu’un tel équilibre va permettre de financer… des baisses d’impôts. Pour comprendre cette réforme, il faut comprendre le point de départ de l’idéologie gouvernementale : la dépense publique en France est trop élevée parce qu’elle empêche des baisses d’impôts qui favoriseront la compétitivité du pays. Or, la dépense publique, c’est d’abord et avant tout de la dépense sociale. Avec la retraite par points à « cotisations définies », on pourra plus aisément maîtriser ces dépenses pour assurer l’équilibre et ainsi financer les futures baisses d’impôts et de cotisations. Avec le système actuel, il fallait une réforme tous les cinq à dix ans pour piloter le système. Désormais, le système se pilotera lui-même par la règle d’or de l’équilibre financier. Mieux même, ce pilotage sera assuré par les partenaires sociaux, permettant à l’État de se décharger de sa responsabilité.

Dès lors, il convient de bien se souvenir de ce qui vient de se passer avec l’article 3 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui met fin à la compensation systématique des exonérations de cotisations. Cet article oblige le système social à s’adapter aux politiques de compétitivité coûts décidées par l’État. L’État « affame la bête » puis, comme vient de le faire avec la retraite Édouard Philippe, tire la sonnette d’alarme du déficit et oblige à des réductions de dépenses et de prestations. Avec la retraite par points, ce système est automatique : le comité de pilotage, soumis à l’obligation d’équilibre et incapable de jouer sur le niveau des cotisations, devra amortir les futures exonérations par le niveau de remplacement des salaires en pensions. C’est donc une formidable machine à permettre de futures baisses d’impôts sur le capital et de destruction du système de solidarité. Immédiatement d’immenses possibilités de baisses d’impôts se présentent : de la CSG, à la CRDS, en passant par le niveau des cotisations, notamment pour les salaires moyens. Le véritable enjeu de cette réforme est là et c’est pourquoi cette réforme centralisatrice et étatiste est défendue bec et ongles par les élites néolibérales.

L’affaiblissement du monde du travail

Enfin, il y a une dernière raison derrière l’attachement à cette réforme. Elle est connexe de la prétention à la justice et à l’égalité du gouvernement : c’est l’adaptation « aux réalités nouvelles du marché du travail ». La construction de « la protection sociale du XXIe siècle », a martelé Édouard Philippe. Cette protection doit prendre en compte « les carrières parfois heurtées » ou le développement du « temps partiel ». Très significativement, le premier ministre termine par ces mots : « On peut à juste titre vouloir changer tout cela : revenir au plein emploi, limiter la précarité. Mais c’est le monde dans lequel nous vivons et il est sage de voir le monde tel qu’il est. » Ce discours fait écho à plusieurs propos d’Emmanuel Macron, notamment un passage de son livre-programme Révolution où il estime que « la France ne doit pas rester en dehors du cours du monde », et à son entretien à Forbes du 1er mai 2018, où le président de la République affirmait : « La meilleure protection, ce n’est pas de dire : “Nous résisterons.” »

La vraie pensée qui motive cette réforme est donc celle de la soumission passive à ce qui est perçu comme l’ordre du monde et qui n’est que l’ordre du capital. Cet ordre agit comme une transcendance qui oblige aux réformes. Puisque le marché du travail change, il faut que le système de retraite change pour s’y adapter. Mais derrière ce fameux « bon sens », dont se prévaudrait Édouard Philippe, il n’y a qu’une pensée circulaire auto-justificatrice. Car ces conditions de travail, cette « réalité que nous vivons », cette précarisation du monde du travail, ne sont pas le fruit d’une force qui dépasserait les hommes et les États. Tout cela provient de choix politiques de ce gouvernement : les réformes du marché du travail, le refus de réguler les travailleurs des plateformes, le développement de l’auto-entreprenariat. Si l’on voulait garantir plus de droits à ces salariés de facto ou de droit, si l’on voulait réduire le travail fragmenté et heurté, il suffirait de renforcer les contre-pouvoirs dans les entreprises et les régulations. On a fait le contraire. Et précisément parce qu’on a fait le contraire, on en profite pour justifier la retraite par points.

Le système de retraite à points est donc le couronnement des réformes précédentes de destruction du modèle social. On a détricoté le système de protection du travail, puis on prétend que le « monde est ainsi fait » et qu’il faut adapter les retraites à cette « réalité ». Cela est d’autant plus vrai que ces réformes successives ont affaibli la capacité des salariés de former leur salaire, ce qui conduit à un affaiblissement structurel et radical du système par répartition (autant que les conditions démographiques). La nécessité de la réforme est donc née des réformes précédentes. C’est le principe fondamental du néolibéralisme : chaque réforme en entraîne inévitablement d’autres…

Et c’est bien ici que le bât blesse. Cette réforme sanctionne la dégradation des conditions sociales et le gouvernement n’entend rien faire pour réduire cette dégradation. En réalité, en assurant un système « adapté » à la précarisation de l’emploi, le gouvernement permet (ou prépare ?) de nouveaux pas dans la libéralisation du marché du travail. L’argumentation sera simple : il n’y aura aucune raison de rejeter une nouvelle libéralisation du marché du travail puisqu’il existe maintenant un système de retraite adapté à la précarité.

Mieux même : puisque la réforme à points est fondée sur une accumulation de droits, il faudra que les salariés acceptent un maximum d’emplois pour engranger un maximum de points. La compétition sera donc renforcée sur le marché du travail et, partant, elle nécessitera encore moins de régulations pour pouvoir « donner leur chance à tous » d’avoir une meilleure retraite. Comme, en parallèle, le gouvernement vient de réduire les droits à l’assurance-chômage, les actifs seront tentés d’accepter le travail comme il vient, quelles que soient les conditions et les salaires. D’autant que beaucoup de salariés âgés seront tentés de rester sur le marché du travail pour améliorer eux aussi leurs pensions dans les dernières années avant la retraite. La retraite à points est donc une garantie future pour une plus grande libéralisation du marché du travail, mais aussi une assurance de plus que le coût du travail va rester bas. C’est donc bien une machine à désarmer le travail face au capital.

Dans ces conditions, la réforme des retraites du gouvernement n’est pas qu’un simple ajustement technique. Elle ne peut être isolée en tant que simple « méthode ». C’est, intrinsèquement, un moyen de réduire les transferts sociaux, de baisser les impôts et de désarmer le monde du travail. Prétendre alors, comme le font certains, que cette réforme est de « gauche » suppose beaucoup d’audace. C’est bel et bien une réforme structurelle néolibérale. Et c’est bien pourquoi le gouvernement et le président de la République y sont si fanatiquement attachés.

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13 décembre 2019 5 13 /12 /décembre /2019 12:04
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Vous trouverez en annexe la présentation détaillée des résultats des élections générales britanniques qui avaient lieu hier, jeudi 12 décembre, par le site Grey-Britain.

Je tenais à vous faire part ci-dessous de mon analyse.

Il y a évidemment d’autres considérations possibles mais le scrutin aura été dominé par l’enjeu de mettre enfin en œuvre le choix référendaire des Britanniques de quitter l’Union Européenne, ce qu’avait parfaitement saisi qu’on l’aime ou non Boris Johnson.

On ne peut pas ne pas tenir compte de l’expression de la souveraineté populaire (quelles que soient les hautes traditions parlementaires de ce pays qui faisaient jusqu’en 2016 de la Chambre des Communes son principal vecteur).

Cela explique largement la chute du « Red Wall » au nord de l’Angleterre, ces circonscriptions qui votaient toujours Labour Party depuis parfois plus de 70 ans et qui avaient choisi très majoritairement le vote Leave en 2016. Jeremy Corbyn était face à une mission impossible : soit il était clair sur le respect absolu du choix référendaire populaire et il risquait de perdre des circonscriptions au profit des remainers LibDems, soit il était flou et on connaît le résultat. Il aura fait le pari d’un discours axé sur la nécessaire transformation économique et sociale du pays (pas si radical que cela en soi, n’en déplaise à la presse sociale-libérale européenne, qui ne s’est toujours pas remise de l’échec du blairisme, le quotidien Le Monde en tête), mais cela n’était pas vraiment audible avec le pays chauffé à blanc depuis 3 ans dans un Brexit juridiquement compliqué à mettre en place et un Parlement tiré à hue et à dia.

Les résultats en Écosse et en Irlande du Nord renforcent cette analyse selon moi : la victoire écrasante (même si moindre qu’annoncée au milieu de la nuit) du Scottish National Party (SNP) au pouvoir en Écosse rappelle le choix des Écossais pour le Remain ; les Unionistes désormais représentés par le seul Democratic Unionist Party (DUP) à Wesminster (petit parti brexiter qui avait fait chanter Theresa May puis Boris Johnson) sont pour la première fois minoritaires électoralement en Ulster (ils perdent 2 sièges et 5,4 points à l'échelle de la province) - leur chef de file à Londres a été battu par un candidat républicain -, derrière l’addition des Républicains de Sinn Féin (qui ne siègent jamais à Westminster par principe, mais gardent leurs 7 sièges malgré une perte de 6,6 points), des nationalistes modérés social-démocrates du Social Democratic and Labour Party (SDLP - reprend 2 sièges et 3,4 points) et de l’Alliance Party (emporte un siège sur un indépendant et bondit de 8,9 points), tous favorables au maintien dans l'Union européenne qui garantissait l'absence de frontière avec la République d'Irlande.

La question de l’unité du Royaume va donc redevenir prégnante : avec la volonté du SNP d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance, préalable à une candidature de l’Écosse à rejoindre l’Union Européenne (n’en déplaise à Ian Murray dernier MP travailliste écossais, le vote s’est bien fait là-dessus plus que sur la personnalité de Corbyn, le rapport au communautarisme ou sur l’antisémitisme supposé de l’appareil du Labour) ; avec une majorité d’élus Nord-Irlandais favorables à un plus grand rapprochement avec la République voire à la réunification, en tout cas radicalement opposés au sectarisme du DUP.

Las, Johnson aura donc les mains libres pour réaliser le #Brexit mais surtout pour maintenir l’austérité et dépecer un peu plus l’économie britannique contre la working class. La guerre civile va reprendre au sein du Labour sauf si Corbyn arrive à imposer un véritable débat de fond dégagé du poids du Brexit avant son départ.

Mais le Royaume sera-t-il encore uni dans 5 ans ?

Frédéric Faravel

 

La carte des résultats des élections générales britanniques du 12 décembre 2019

La carte des résultats des élections générales britanniques du 12 décembre 2019

Boris Johnson dans un clip de campagne extrêmement efficace reprenant la mise en scène d'un passage emblématique du film britannique Love actually

Boris Johnson dans un clip de campagne extrêmement efficace reprenant la mise en scène d'un passage emblématique du film britannique Love actually

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