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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

24 novembre 2022 4 24 /11 /novembre /2022 18:57

Le conseil municipal du 23 novembre a commencé sur les chapeaux de roue : une décision budgétaire modificative de 424k€ de plus en fonctionnement et 175k€ en moins en investissement. On a vainement cherché le plan d'économie d'#énergie annoncé par la maire et ses amis, on ne l'a pas trouvé (faut dire que le hall de la mairie reste allumé en permanence) et la maire n'a pas voulu nous répondre à nos questions. Attention aux promesses de soutien de l'Etat aux communes, elles risquent de s'avérer piégées.

Dans la période, Florelle Prio et moi-même avons été surpris par une baisse de 10.000 € du budget en faveur des personnes âgées (qui sont dans la commune les plus fragiles financièrement), de 23.500 € pour les crèches et garderies et de 11.000 € pour les bibliothèques et la médiathèque... Il paraît que l'équipe municipale est de #gauche : on n'a pas dût tout comprendre. On vous passe les détails sur la mesquinerie à laquelle nous faisons face pour pouvoir accéder aux dossiers et assumer notre mandat à votre service.

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24 novembre 2022 4 24 /11 /novembre /2022 11:26

Communiqué de presse - Bezons, le jeudi 24 novembre 2022,

Cette nuit à 2h55, le conseil municipal de Bezons a adopté sur proposition de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains" un vœu relatif à l’arrêt de la privatisation des bus pour des transports publics accessibles et de qualité pour toutes et tous.
Ce vœu fait suite à l'initiative du groupe communiste au conseil régional Île-de-France et le Parti Communiste Français, rejoint ensuite par la Gauche Républicaine et Socialiste puis les autres partis de gauche, de dénoncer les logiques de privatisation engagée par la présidente de la Région Île-de-France et présidente d'Île-de-France Mobilité Valérie Pécresse et les gouvernements d'Emmanuel Macron ; l'effondrement des investissements et de l'entretien depuis 2015 et désormais la menace de la dégradation des statuts des agents de la RATP en cas de privatisation ligne par ligne ont gravement dégradé les conditions de transports des Franciliennes et des Franciliens... Valérie Pécresse ajoute à cela la menace d'une hausse de 75 à 100 euros - soit + 33% - en 2023 du Pass Navigo.
Cette situation est inacceptable et tous les usagers peuvent le constater chaque jour en subissant des conditions de transports dignes du bétail.
Nous invitons toutes les Bezonnaises et tous les Bezonnais signent la pétition qui est liée à ce vœu stopgalere.fr et à participer le 7 décembre à 9h au rassemblement devant le siège de la Région Île-de-France à Saint-Ouen.
VIVONS BEZONS FAIT ADOPTER EN CONSEIL MUNICIPAL UN VŒU CONTRE LA DEGRADATION DES SERVICES DE TRANSPORTS EN COMMUN FRANCILIENS
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27 octobre 2022 4 27 /10 /octobre /2022 15:47

J'ai rédigé pour la Gauche Républicaine et Socialiste cette analyse des manoeuvres croisées de l'exécutif et de la droite parlementaire alors qu'Elisabeth Borne vient d'utiliser pour la troisième fois en moins de 10 jours l'article 49.3 de la constitution pour faire adopter ses projet de loi de finances et projet de loi de financements de la sécurité sociale. Des considérations politiques dont les préoccupations essentielles des Français sont totalement absentes et qui renforcent encore Marine Le Pen et le Rassemblement National.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Membre de la direction nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste

De l’Élysée au Parlement : cynisme et désordre

Et de trois ! Élisabeth Borne vient d’engager, quelques heures à peine après la fin de l’entretien télévisé du Président de la République sur France 2 et France info, la confiance du gouvernement sur la suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Le recours au 49.3 avait été activé pour le projet de loi de finances (avant même la fin de l’examen de la première partie – les recettes) et le début du PLFSS. Ce matin, la NUPES a annoncé logiquement le dépôt d’une nouvelle motion de censure après celles qui ont été débattues en début de semaine.

Avant ce nouvel épisode peu glorieux de la séquence budgétaire, Emmanuel Macron s’en est pris hier soir à l’opposition de gauche sur le ton d’une colère surjouée, qui ne sied pas à un Chef de l’État : « Ce qui me met en colère, c'est le cynisme et le désordre […]. Ils ont prouvé qu'ils n'ont pas de majorité, mais ils ont surtout prouvé qu'ils étaient prêts, socialistes, communistes, écologistes, LFI, à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national alors qu'il y a la guerre en Europe, la crise, le désarroi de tant de familles et qu'il faut être du côté des Français. […] Ils ont montré une chose : ils ne sont pas du côté du mérite, de l'ordre, du travail, de la solution, de l'avancée, ils sont du côté du désordre et du cynisme. Et je vous le dis: ça ne mènera à rien. Ces gens-là ne sauront pas demain gouverner ensemble. »

La chute de la tirade macronienne démontre l’absurdité même du raisonnement élyséen : il ne fait de mystère pour personne qu’il ne sera jamais à l’agenda de la gauche de gouverner avec le rassemblement national ou avec son soutien. Il est tout autant excessif – et donc insignifiant pour suivre l’adage – de refuser aux oppositions d’user d’une des rares procédures que leur laisse la constitution pour exprimer la cohérence de leur ligne face au gouvernement. Ainsi au prétexte de la guerre en Ukraine, de l’inflation, de la crise énergétique et économique, il faudrait taire les divergences et ne surtout pas récuser une politique que l’on combat. Un raisonnement aussi spécieux que le tweet de Jean-Luc Mélenchon, le 20 octobre au soir caractérisant le macronisme comme « un régime de violence autoritaire » du seul fait du recours à une procédure constitutionnelle. Les victimes des nouvelles règles d’engagement et d’intervention des forces de l’ordre dans les manifestations depuis 6 ans apprécieront sans doute la mesure du propos. Nous ne serons jamais favorables au parlementarisme contraint et rationalisé de la Vème République (que nous avons toujours dénoncé), mais le registre de l’outrance choisi par deux dirigeants politiques de ce niveau n’est en rien rassurant.

Le jeu de dupes de la majorité parlementaire

Les groupes parlementaires de la NUPES avaient au demeurant d’excellentes raisons pour censurer le gouvernement. Si le contexte actuel empêche l’exécutif de rompre totalement avec le « quoi qu’il en coûte » – les incertitudes liées à la guerre, aux pénuries et aux conséquences des décisions inadaptées de la Banque Centrale Européenne rendent prudents les néolibéraux français qui nous gouvernent – les moyens, la logique politique et l’économie générale du budget présenté par l’exécutif sont incompatibles avec une politique de gauche (salaires, relance, politique industrielle, solidarité sociale…).

Le macronisme sans majorité parlementaire officielle n’a pas changé de méthode ; il n’écoute pas plus qu’avant les parlementaires et encore moins ceux issus de l’opposition. Le gouvernement a prétendu avoir intégré de nombreux amendements dans le texte du budget sur lequel il a engagé sa responsabilité, or sur les 117 concernés 83,7 % sont issues de ses propres soutiens (Renaissance, Modem, Horizons) ou de lui-même (le texte « final » intègre 23 amendements que le gouvernement a déposé pendant les débats dans l’hémicycle – petite bizarrerie institutionnelle française). LR pourra revendiquer l’intégration de trois amendements ; LIOT (groupe rassemblant le centre droit et plusieurs députés ultra-marins) a été gratifié de cinq reprises ; quand à la NUPES, le gouvernement a daigné reprendre onze de ses amendements (à considérer que les six issus de la commission des finances aient été tous portés par son président Éric Coquerel).

L’intervention d’Élisabeth Borne à la tribune de l’Assemblée Nationale a fini de démontrer le marché de dupes de cette supposée largesse d’esprit gouvernementale : énumérant un à un les amendements tolérés, leur caractère cosmétique est apparu clairement. Elle semblait d’ailleurs follement s’en amuser ; elle ne réprimait même plus un grand sourire narquois en direction des bancs de la gauche quand elle citait les amendements qu’elle lui reprenait. Elle est donc pleinement consciente qu’elle proposait au prétexte d’un grain de sel ajouté à la NUPES d’avaler tout entier un plat écœurant : au moins, le débat budgétaire aura permis à Mme Borne de gagner en assurance, c’est toujours ça de pris ; les Français n’y ont rien gagné par contre.

Mais le recours au 49.3 était en réalité inscrit dans les tablettes dès le départ : il s’agit en réalité de camoufler l’existence en pratique d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale, fondée sur la connivence non assumée d’une majorité de députés LR avec les politiques économiques et sociales mises en œuvre par la « majorité présidentielle ». En engageant la responsabilité de son gouvernement, Élisabeth Borne leur permet de ne pas se prononcer sur son budget et son PLFSS tout en les laissant passer. Les députés LR peuvent ainsi continuer de revendiquer la fiction de leur non appartenance à la majorité.

Pourtant, cet épisode risque d’avoir une réplique sénatoriale en lien avec le congrès des Républicains qui se tiendra en décembre. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, est opposé à Eric Ciotti pour prendre la direction du parti. Depuis deux jours, les couloirs du Sénat bruissent de rumeurs annonçant le rejet du PLF dès la première partie : face à celui qui plaide pour l’union des droites réactionnaires mais qui n’aura pas osé censurer le gouvernement, le Chouan Retailleau pourra revendiquer le rejet du PLF pour satisfaire la radicalité des militants LR. Un niveau digne d’une dispute de cour d’école élémentaire, mais symptomatique de la médiocrité de bien des dirigeants politiques actuels.

Un ambiance nauséabonde

La stratégie macroniste a donc fait long feu. Le Président a été contraint hier soir de formuler explicitement le souhait d’une alliance formelle entre LR et ses propres soutiens. En réalité, sur l’économie et le social rien ne les sépare vraiment ; c’est sur la stratégie culturelle et politique que se joue le congrès LR. Emmanuel Macron a presque cité dans le texte les mots de Nicolas Sarkozy dans l’entretien que ce dernier a accordé au Journal du Dimanche : mérite, ordre, travail… il a multiplié les appels du pied à la droite républicaine que ce soit sur les retraites, sur le refus d’augmenter la valeur du travail, sur la sécurité ou sur l’immigration.

Le Président de la République sait que son quinquennat est déjà fini avant même d’avoir réellement commencé (ce qui ne veut pas dire que les Français ne subiront pas les conséquences désastreuses de ses orientations) ; après avoir joué les Matamor sur la dissolution, il sait désormais qu’une conjugaison des contraires le temps d’une motion de censure est possible et que sa menace pourrait se retourner contre ses fidèles. Il lui faut donc formaliser ce qu’il se refusait à faire jusqu’ici.

Marine Le Pen n’a pas seulement pris au piège LR et Emmanuel Macron ; elle a plongé la NUPES dans le désarroi. Depuis lundi, les députés de gauche se voit contraints par les médias de se justifier de n’avoir pas voulu faire une alliance de circonstance avec l’extrême droite. L’hypothèse est en soi absurde, mais tout à leur volonté de mettre en difficulté Olivier Faure pour le congrès du PS en janvier 2023, Jean-Christophe Cambadélis et François Kalfon (copieusement relayés par la macronie) ont cherché à accréditer l’idée que la motion de censure de la NUPES aurait été corrigée après coup pour plaire au RN. Le procédé est à la fois odieux, irresponsable et puérile, mais l’ambiguïté extra-parlementaire de Jean-Luc Mélenchon leur permet de médire à moindre risque : « nul ne votera la motion de censure RN à la #NUPES puisque le #RN a déjà dit qu'il ne voterait pas celle de la NUPES » (tweet du 19 octobre au soir, qui montre la faiblesse du cordon sanitaire) ; ou encore la revendication assumée sur son blog le 26 octobre de faire feu de tout bois.

Pendant ce temps, Marine Le Pen compte les points, se frotte les mains et attend son heure. Et les Français s’apprêtent à passer un hiver froid et déprimant.

De l’Élysée au Parlement : cynisme et désordre
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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 12:45

Vendredi 30 septembre 2022 en conseil municipal, j'ai démontré que la convention par laquelle la Communauté d'Agglomération Saint Germain Boucles de Seine transfère à la Ville de Bezons l'entretien de la passerelle EOLE sur la Seine entre Nanterre et notre commune était particulièrement déséquilibrée. Seule Bezons sera donc amenée à entretenir cette passerelle (les frais étant cependant remboursés par l'agglo) sans que des questions élémentaires aient été traitées dans un tel cas de figure :
⁉️ La Ville a-t-elle les effectifs et les moyens techniques suffisant pour assumer cette responsabilité ?
⁉️ Quel sera le coût ? cela on nous a répondu, ils ne savent pas... on verra avec le temps... la politique du "chien crevé au fil de l'eau", quoi...
⁉️ La Ville a-t-elle mesuré avec l'agglo la durabilité de la couverture de roulement alors qu'exposée aux intempéries au-dessus d'un fleuve il est plus que probable que celle-ci ne tienne pas 15 ans ?
⁉️ Pourquoi les Départements des Hauts-de-Seine, du Val-d'Oise et des Yvelines, la commune de Nanterre et l'établissement public territorial Paris Ouest La Défense ne participent-ils pas à l'entretien de cette passerelle, alors qu'ils sont tous concernés ?
⁉️ En conséquence, la Ville a-t-elle bien mesuré les risques juridiques pour elle et les agents affectés en cas d'accident d'un particulier sur la partie nanterroise de la passerelle en cas de défaut supposé dans l'entretien ?

À toutes ces questions, nous n'avons pas eu de réponse ; toutes les difficultés ont été évacuées sans pour autant que leur pertinence soit contestée, avec comme réponse pratique "De toute façon, on n'a pas le choix"... Bien sûr que si on a le choix : quand une convention est déséquilibrée voire dangereuse pour la collectivité, on la refuse, on la reporte et on la renégocie avant le cas échéant de la re-présenter quand les difficultés ont été traitées.

Mme Menhaouara a fait diversion en critiquant le principe même de la présence de Bezons au sein de l'agglomération St.-Germain-Boucles-de-Seine et en dénonçant les choix politique de la majorité de droite du conseil communautaire : argument absurde, car Mme Menhaouara et ses proches ne contestent jamais rien des délibérations présentées en conseil communautaire par le président Pierre Fond (dont elle est la 15e Vice Présidente) et sa majorité et ils votent toujours TOUTES les délibérations sans émettre aucun bémol.

Si la majorité de droite de l'agglomération est si détestable aux yeux de Mme Menhaouara (ce qu'elle nous a expliqué en conseil municipal), il va falloir qu'elle nous dise pourquoi elle n'a jamais pris la parole en commission ou en conseil communautaire pour contester ses orientations et pourquoi avec les membres de sa majorité elle vote systématiquement toujours les délibérations présentées par la majorité de droite de l'agglomération. Avant juin 2020, il arrivait régulièrement que les représentants de Bezons votent contre les délibérations de la majorité de l'agglomération ; aujourd'hui je suis seul de Bezons à le faire aux côtés du groupe de gauche présidé par mon amie Isabelle Amaglio-Térisse, élue de Sartrouville. Mme Menhaouara et ses amis votent toujours avec Marc Roullier : un peu de sérieux et faits concrets, ça évite de raconter n'importe quoi !

Il ne s'agit pas non plus de savoir si on est pour ou contre le développement des "mobilités douces" (vélo et marche à pied), mais de savoir si on fait les choses n'importe comment ou correctement. Car, en l'occurrence, ce sont les agents municipaux bezonnais (dont les représentants n'ont à nouveau pas été consultés) qui risquent gros dans cette affaire.

Les oppositions de gauche ont donc voté contre cette convention, la majorité a voté pour en fermant les yeux ; sauf le conseiller municipal délégué aux mobilités douces qui s'est abstenu... c'est peut-être là un indice qu'une personne qui a suivi tout le dossier s'inquiète aussi des conséquences probables de cette convention.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"

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10 octobre 2022 1 10 /10 /octobre /2022 18:12

J'ai rédigé avec Gurvan Judas le communiqué ci-dessous pour la Gauche Républicaine et Socialiste concernant le mouvement social des salariés des raffinerie de TotalEnergies et ExxonMobil. Il est clair qu'il faut les soutenir dans un combat qui permettra non seulement une victoire sur les salaires mais une victoire contre les profits indus des sociétés pétrolières.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire de Bezons
Membre de la direction nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"

Pour les salariés et les Français, il faut faire plier les sociétés pétrolières

Depuis plusieurs semaines en France, une situation de pénurie de carburants monte inexorablement sur tout le territoire national mais en touchant plus particulièrement les Hauts-de-France ou l’Île-de-France. La communication gouvernementale a cherché, ces derniers jours, à masquer cette situation en noyant la réalité du terrain sous des moyennes qui n’ont pas de sens.

Cette situation est consécutive au refus du gouvernement de regarder la réalité en face : durant tout le mois de septembre, Bruno Le Maire et Roland Lescure – suivis par tout l’exécutif – ont raconté à qui voulait l’entendre que les super-profits n’existaient pas, qu’il n’y avait donc rien à taxer, tout en reconnaissant que la manne financière des sociétés pétrolières devaient servir à compléter les « ristournes » gouvernementales à la pompe et augmenter les salaires s’il le souhaitait. Un nouvel exemple de l’exercice habituel : « Bruno demande » a toujours été le maître mot de Bercy à l’égard des grandes entreprises, sans que l’on ne lise jamais « Bruno agit » ou « Bruno décide ».

Résultats :

  • Total a décidé de casser les prix provoquant une distorsion de la concurrence qui a rapidement mis à sec ses propres stations face à l’afflux de clients ;
  • les salariés d’ExxonMobil (Esso) et de TotalEnergies se sont mis en grève face à la sourde oreille de leurs dirigeants…

La pénurie dans les stations services s’est donc largement diffusée, touchant d’abord le diesel mais s’étendant rapidement à d’autres types de carburants. Les filles d’attentes sont interminables devant certaines stations, alors que dimanche 9 octobre les mouvements de grève ont été reconduits dans les raffineries chez TotalEnergies et ExxonMobil.

La grève des raffineurs est totalement légitime !

L’exigence d’augmentation de salaires des raffineurs d’ExxonMobil et TotalEnergies est parfaitement justifiée par les bénéfices de ces deux grands groupes, grâce notamment à la hausse des prix des hydrocarbures. TotalEnergies avait engrangé 14 milliards d’euros en 2021, et « a déjà cumulé plus de 18 milliards d’euros sur les six premiers mois de cette année ». Le PDG de Total s’est augmenté de 50% l’année dernière. La société TotalEnergies a annoncé le 28 septembre 2022 qu’elle verserait un acompte sur dividende exceptionnel de 1 € par action en décembre 2022, au-delà de l’augmentation de 5% des acomptes trimestriels déjà annoncée en avril et mise en œuvre. Sur cette base, le montant final du dividende 2022 de l’action TotalEnergies serait de 3,76 €/action. L’« acompte » ainsi annoncé s’élève à 2,6 milliards d’euros !

Il était légitime que les salariés, dont les conditions de travail sont particulièrement difficiles, aient aussi le droit à une augmentation comme tous les actionnaires.

La CGT revendique notamment que les salaires des employés soient revalorisés « à hauteur de 10% pour l’année 2022, soit 7% pour l’inflation et 3% « pour le partage de la richesse » ; elle réclame également une remise en état des raffineries.

La Gauche républicaine et Socialiste soutient ce mouvement de grève et souscrit aux revendications des syndicats demandant une augmentation des salaires et une remise en état des raffineries.

Cette situation ne peut plus durer ! Les bénéfices des actionnaires doivent bénéficier aux employés et à la collectivité. La lutte commence à payer puisque la direction de TotalEnergies qui refusait jusqu’ici toute discussion s’est dit prête à ouvrir des négociations sur les salaires, à la condition que la grève s’arrête : c’est un encouragement à maintenir la pression. Une pression qui doit également s’amplifier concernant la taxation des super-profits.

Les Français pour qui la voiture est indispensable au quotidien souffrent de cette pénurie qui les pénalise injustement : il s’agit de la majorité de la population qu’elle vive en milieu rural, dans la « France périphérique », dans le périurbain ou même en banlieue des métropoles.

Nous exigeons de la part du gouvernement des mesures concrètes pour sortir de cette crise en répondant aux demandes des salariés et des usagers.

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5 octobre 2022 3 05 /10 /octobre /2022 13:14

J'ai rédigé le 17 septembre dernier cette tribune parue ce 5 octobre 2022 dans L'Observateur. Le travail peut permettre de s’émanciper et d’être utile au collectif. La gauche doit défendre non pas la « valeur travail », mais la valeur du travail. Avec pour objectif de lui redonner son sens, estiment avec moi Nathalie Moine et Anthony Gratacos, élus locaux et membres de la direction nationale de Gauche Républicaine et Socialiste.

Le travail n’est pas « de droite », il est humain !

En cette rentrée de septembre, toute la gauche s’ébroue et se dispute sur un sujet majeur : celui du travail, de sa valeur, de sa place dans la société et dans la gauche. On doit à François Ruffin et à Fabien Roussel, chacun à leur manière, de débattre enfin d’une question trop souvent éludée : et c’est tant mieux. Bien sûr, certains ont choisi la polémique et les règlements de comptes qui n’ont plus rien à voir avec le sujet. Mais émerge peu à peu entre la gauche issue du mouvement ouvrier et le versant « écologiste » de la gauche une véritable dispute, riche de sens, au bout de laquelle il faut aller pour clarifier notre projet à l’attention des Français et des classes populaires.

La « valeur travail […] est quand même une valeur de droite » disait Sandrine Rousseau le 15 septembre. « On n’a pas besoin de la force de travail de tout le monde » affirmait sur Public Sénat David Cormand, eurodéputé EELV trois jours plus tôt…

Ces deux déclarations, cohérentes l’une avec l’autre, montrent la conception profondément différente du travail portée par les écologistes. Et si Sandrine Rousseau fait référence à Karl Marx pour dénoncer les propos de Fabien Roussel, elle oublie que l’aliénation du travail dénoncée par le théoricien de la valeur-travail mettait en cause la spoliation des travailleurs par le capital du produit de leurs efforts, les réduisant ainsi ne plus posséder que leur force de travail, qu’ils vendaient contre un subside de misère. L’idée du XIXe siècle, chez tous les philosophes et acteurs d’un mouvement socialiste en construction, c’est que l’émancipation des travailleurs doit passer par leur association, leur rendant ainsi la maîtrise de l’outil de travail et le bénéfice de son produit. « Ouvriers, paysans, nous sommes, le grand parti des travailleurs… » rappelle « l’Internationale », ce grand hymne de la droite ! Il n’a jamais été question pour la gauche de supprimer le travail, mais construire la dignité retrouvée des travailleurs.

 

Il faut aussi répondre à notre ami David Cormand… Quelle situation autorise donc à ce que nous n’ayons « pas besoin de la force de travail de tout le monde » ? Celle où des entreprises multinationales, souvent de connivences avec des Etats peu démocratiques, exploitent la force du travail de centaines de millions de nouveaux esclaves en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, pour produire ce qui permet à relativement bas coût notre mode de vie européen. Il nous rétorquera que c’est ce mode de vie qu’il faut changer – et il n’aura pas entièrement tort –, si ce n’est que seule une partie privilégiée en profite dans nos sociétés. De même, on pourra dire avec lui que nous n’avons pas besoin de la force de travail de tout le monde ou d’abrutir au travail tout le monde : c’est le sens de notre combat pour un système de retraite juste, qui récuse une dégradation de l’âge de départ, ou pour la réduction du temps de travail, qui est une constante de l’histoire sociale.

Mais quand on mesure le nombre de besoins sociaux et de besoins économiques (ceux nécessaires à garantir notre souveraineté, notre autonomie) insatisfaits, ce plaidoyer pour la « fin du travail » est mortifère, sans même parler de tous ceux parmi nos concitoyens qui recherchent un travail décent en vain et que cette posture condamne dans le fond à vivre d’expédients ou de la solidarité nationale.

Redonner du sens au travail, une aspiration révolutionnaire !

Après les Etats-Unis, la France et certains pays européens sont eux-mêmes atteints d’une vague importante de démissions qui pose la question du sens donné au travail par les travailleurs eux-mêmes. Il est urgent de travailler sur la soutenabilité du travail, les conditions de travail, la qualité du travail, dans le secteur privé mais aussi le secteur public (songeons aux démissions massives dans le domaine de la santé ou de l’éducation) et aussi dans le contexte de la crise écologique (notre travail aggrave-t-il la situation ?).

Le travail est-il seulement un effort fastidieux réalisé en contrepartie de rémunérations, sans valeur en lui-même ? A l’opposé, le travail ne serait-il donc qu’une pure expérience d’aliénation dont il faudrait se départir ? Nous réfutons ces visions, l’une comme l’autre : notre conception politique est celle du travail comme activité de transformation du monde, de la nature, de la société et de l’individu lui-même. Toutes les recherches, sur cette question trop souvent éludée par les responsables politiques, ont démontré que le travail est une activité centrale dans la vie des gens, quoi qu’on en dise : personne ne peut nier son importance dans la vie sociale, dans la construction de notre utilité (ou même notre identité) sociale. Par contre on peut contester la façon dont il est organisé aujourd’hui. Le poids croissant des marchés financiers internationaux sur le fonctionnement des entreprises induit ainsi une exigence de contrôle et de reporting à tous les niveaux de la chaîne de travail, qui vise à les (r) assurer sur la rentabilité de leurs placements mais dépossèdent à nouveau les travailleurs. De l’atelier et du bureau jusqu’à la finance libéralisée, il y a bien une révolution démocratique à engager !

Une étude récente de la Dares évalue à 3 % le nombre de démissions aujourd’hui, bien plus élevé que d’habitude (mais moins qu’aux Etats-Unis où l’on parle de Big Quit), elle montre également que ce sont les conditions de travail qui les motivent aujourd’hui bien plus qu’il y a vingt ans : les fameux métiers en tension pour lesquels on n’arrive pas à embaucher sont aussi ceux qui ont les plus mauvaises conditions de travail. Les travailleurs qui décident de changer d’emploi – et cela aussi a été renseigné par une autre étude de la Dares avant la crise sanitaire – le font en général pour trouver un emploi mieux payé avec des conditions de travail plus saines.

Cette démarche reste cependant celle d’une part infime des salariés français… L’immense majorité de nos concitoyens n’ont pas le luxe aujourd’hui (au sens propre du terme, car ils n’ont pas les économies nécessaires pour se permettre une transition) de ce pari : c’est donc là tout l’enjeu qui est devant nous. Il ne s’agit pas seulement de parler de « valeur travail » en suggérant une posture moralisatrice, mais de combattre pour faire reconnaître la valeur DU travail – donc augmenter les salaires –, pour améliorer les conditions de travail – donc renforcer le droit du travail et les moyens pour le faire appliquer (on manque tant d’inspecteurs et de médecins du travail !) –, et pour redonner du sens au travail – construire une société du plein-emploi, où les salariés soient écoutés et participent aux décisions de leur entreprise, qui ne détruise pas notre environnement, pour que chacun puisse trouver le travail qui lui permettra de se réaliser et d’être utile au collectif.

Il s’agit aussi de rappeler que notre Etat social repose essentiellement sur les revenus du travail. Sans travail pas de protection sociale. L’une des applications concrètes de notre Etat social fut d’attacher au statut de salarié un cadre légal visant à sortir de l’arbitraire capitaliste. D’ailleurs, la stratégie des nouveaux acteurs du capitalisme, que sont notamment les plateformes numériques, vise à enfoncer un coin dans le statut protecteur du salariat, faisant passer l’auto-entreprenariat ou la soumission à un algorithme pour une forme de libération alors que cela replonge le travailleur dans la même logique d’aliénation qui est dénoncée.

Le débat engagé est donc celui d’un choix de société… Il est salutaire et commande notre capacité à comprendre nos concitoyens et à apporter à leurs aspirations des réponses concrètes. Il ne s’agit pas seulement de construire le plein-emploi de demain, car on peut l’imposer en renforçant l’exploitation : non ! Nous voulons une société de citoyennes et de citoyens émancipés, fiers de ce qu’ils apportent à la société, fiers du fruit de leur travail. Car le travail est humain !

Frédéric Faravel, conseiller municipal et communautaire de Bezons (95)
Nathalie Moine, conseillère municipale de Saint-Pathus (77)
Membres de la direction nationale de la Gauche républicaine et socialiste
Anthony Gratacos, secrétaire général de la Gauche républicaine et socialiste, conseiller départemental de Seine-et-Marne, chef d’entreprise

Le travail n’est pas « de droite », il est humain !
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5 octobre 2022 3 05 /10 /octobre /2022 09:20

Vendredi 30 septembre 2022, en conseil municipal, j'ai soulevé une situation véritablement lamentable en révélant les choix délirants du syndicat AZUR alors que se met en place progressivement le réseau de chaleur urbaine à Bezons. Ce réseau a été obtenu de haute lutte contre la mairie de droite d'Argenteuil en 2019 car il permettait de protéger les Bezonnais qui y seraient connectés des hausses excessives des factures de chauffage. Il est d'ailleurs étonnant que jamais à partir de juillet 2020, l'équipe divers droite de Mme Menhaouara n'ait voulu communiquer en direction des Bezonnais pour expliquer la raison des nombreux travaux qui les dérangeaient fortement : les habitants auraient sans doute aimé savoir qu'en étant chauffé par la chaleur produite par l'usine AZUR, ils allaient voir progressivement les coût de chauffage se réduire et ne plus dépendre des prix de l'énergie.

⚡️C'était un atout majeur : on le voit aujourd'hui quand les prix du gaz et de l'électricité explosent ! Or en 2021 puis 2022, AZUR a choisi de vendre une partie importante de sa chaleur pour produire de l'électricité et la vendre à haut prix. Cela n'a pas posé de problème en 2021, mais cette année, AZUR a trop vendu de chaleur et doit aujourd'hui compenser ce manque, alors que nous entrons dans l'hiver❄️, en achetant du gaz dont le prix est devenu exorbitant. AZUR a gâché un système prévu pour protéger les Bezonnais : c'est du sabotage !

Si l'on ne fait rien, cette augmentation va se retrouver sur la facture des Bezonnais. Or visiblement, la maire n'a pas l'intention de demander à AZUR de compenser les effets sur la facture et annonce en plus qu'il faudra baisser la température du chauffage dans les logements : c'est scandaleux !

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"

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29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 10:08

Après la tribune publiée par Le Monde samedi 25 septembre, nous avons rédigé avec David Cayla (économiste et essayiste, Maître de Conférences à l'université d'Angers, membre des économistes atterrés), Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice GRS de Paris et ancienne Ministre) et Catherine Coutard (médecin urgentiste et vice-présidente du MRC) le texte de réflexion que je publie ci-dessous. Si le débat public et les médias passent d'une polémique à l'autre sans approfondir les questions, nous estimons que le débat engagé depuis fin août 2022 sur le travail et sa place dans la société, sur les conditions de vie et de rémunération des travailleurs, sur notre capacité collective à créer des emplois utiles et de qualité, décemment rémunérés, est central et mérite d'être pris à bras le corps. C'est le sens de cette contribution au débat de la GRS.

bonne lecture,
Frédéric FARAVEL

Conseiller municipal et communautaire de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Membre de la direction nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS)

La question du travail doit revenir au cœur de la gauche !
Depuis la fin du mois d’août et à la rentrée, la polémique a enflé à gauche : quelle est la place du travail dans la société et dans le projet que la Gauche doit proposer aux Français. Au-delà des slogans et des petites phrases (parfois maladroites) des uns, auxquels répondent les dénonciations de triangulation des thèses de la droite des autres, François Ruffin et Fabien Roussel ont permis ses dernières semaines, par la sortie d’un livre et leurs prises de position dans les médias, de rappeler que cette question est une des préoccupations centrales de nos concitoyens et que la valorisation du travail répond à leurs aspirations prioritaires. Ainsi la reconquête du pouvoir passe par leur prise en compte : il est donc indispensable de remettre le travail au cœur du projet de la gauche !

Un débat vieux comme le mouvement ouvrier

Il n’y a pas de société, ni de richesses créées collectivement sans une implication individuelle dans le travail. Evacuons d’entrée de jeu les faux débats : lorsque Karl Marx développe au milieu du XIXème siècle ses réflexions et ses écrits sur le système capitaliste, il dénonce l’aliénation par le travail du prolétaire qui est dépossédé de son individualité, de sa contribution créatrice personnelle et du produit même de son action, l’essentiel de la création en elle-même et la richesse qui en découle étant détournée par le propriétaire du capital. Le prolétaire est donc celui qui ne possède plus rien d’autre que sa force de travail, qu’il vend contre un subside de misère. L’idée commune du XIXème siècle chez tous les philosophes et acteurs d’un mouvement socialiste en construction, est que l’émancipation des travailleurs doit passer par leur association qui rendra inutile la propriété du capital et par la maîtrise de l’outil de travail ainsi que du bénéfice du produit de leur travail.

La place du salariat

Les conditions d’organisation des économies nationales et du système économique mondial ont été incroyablement transformées depuis le milieu du XIXème siècle, non seulement sous l’effet des évolutions du capitalisme lui-même mais aussi par la mise en branle d’un mouvement de la société pour dépasser le capitalisme ou, à tout le moins, limiter la place du capital dans celle-ci : Marx, les penseurs socialistes du XIXème siècle, Max Weber et bien d’autres ont provoqué une sorte de « paradoxe de Wigner » appliqué concrètement aux sciences sociales et économiques, leurs observations d’un phénomène ayant profondément modifié les conditions de l’expérience… Mais, alors que le salariat était unanimement à gauche voué aux gémonies à l’orée de la première guerre mondiale, les conditions d’organisation de la production et de nos sociétés en ont fait le vecteur principal de distribution des revenus des travailleurs. Les victoires successives quant à l’amélioration des conditions de travail et à l’acquisition des droits sociaux créent les conditions pour un début d’émancipation et la conquête d’une dignité au travail.

L’État social s’est ainsi construit patiemment tout au long du XXème siècle, et plus encore après la seconde guerre mondiale, et l’une de ses applications concrètes a été d’attacher au statut de salarié des droits et des protections, un cadre légal pour la distribution des revenus qui le fait sortir de l’arbitraire capitaliste. Aujourd’hui la stratégie des nouveaux acteurs du capitalisme (que sont notamment les plateformes numériques) et les néolibéraux (depuis presque 50 ans maintenant) visent à faire disparaître à terme ce statut (relativement) protecteur de salarié, tentant de faire passer l’auto-entreprenariat ou la soumission à un algorithme pour une forme de libération, alors que le plus souvent cela replonge le travailleur dans la logique d’aliénation dénoncée par Marx voici 170 ans !

Travail et émancipation des travailleurs

Les politiques néo-libérales, mises en œuvre dans toutes les économies développées, ont modifié fortement le rapport au travail et la place des travailleurs dans notre société, fragmentant le monde du travail et avec la flexibilité croissante (précarité, temps partiel, CDD, externalisation des postes). Ells visaient non seulement à réduire le « cout du travail » (ce qui en dit long sur leur pseudo attachement à la « valeur travail ») mais également à réduire le travailleur à un rôle d’exécutant d’une tache et non comme un acteur de l’entreprise qui pouvait légitimement revendiquer une part de pouvoir, mais aussi une répartition plus juste des profits et richesses produits. Cette tendance de long terme aboutit à une forme de déshumanisation avec de lourdes conséquences dans le profond malaise que vivent les salariés (les salariés français sont parmi ceux qui se sentent le moins bien reconnus et traités dans leurs entreprises, y compris dans la fonction publique). Remettre le travail au cœur de notre projet c’est s’attaquer résolument à ces dérives, que tous les gouvernements de droit comme de gauche au pouvoir ont accompagné, voire accéléré dans la dernière période (avec le quinquennat de François Hollande).

La question de l’émancipation des travailleurs doit donc être au coeur de la vision du monde et de la société proposée par la gauche : cela suppose une organisation collective, un État social, qui s’assure que chacun puisse avoir accès au travail et à des conditions de travail dignes, mais aussi participer d’avantage aux décisions stratégiques des entreprises, en particulier celles qui concernent directement les travailleurs. Que nous demandent la plupart de nos concitoyens ? Le fait de pouvoir travailler, dans un cadre qui assure des conditions de santé et de sécurité dignes, de recevoir en échange une rémunération qui permette de vivre décemment et d’offrir à leur famille un cadre de vie humain, mais qui marque aussi leur utilité sociale. Ils demandent aussi plus de sens à leur travail et un équilibre harmonieux entre temps de travail et leurs loisirs, leur temps libre. Car l’émancipation des travailleurs doit s’opérer dans l’emploi mais aussi dans sa capacité de vivre d’autres engagements, d’autres implications. C’est indissociablement lié.

Cela implique plusieurs choses : D’abord de redonner une valeur concrète au « droit au travail » qui est inscrit dans notre constitution et de raffermir à nouveau le droit du travail (tant mis à mal par la loi Hollande-El Khomri de 2016 et les ordonnances Macron-Pénicaud de 2017) pour s’assurer que celui-ci retrouve son caractère protecteur face à la toute-puissance du capital. Affirmer le droit au travail, c’est bel est bien permettre à chacun d’avoir accès à l’emploi. On observera que cette idée d’avoir accès à l’emploi conduit les soutiens de Bernie Sanders aux États-Unis à promouvoir l’idée d’un État garant de l’emploi en dernier ressort. L’objectif du plein emploi, d’un emploi utile permettant de vivre dignement, est donc aujourd’hui un axe incontournable d’un projet de gauche qui voudrait entrer en résonnance avec les aspirations de nos concitoyens.

Face à cette attente des Français, les libéraux, comme Emmanuel, Macron font de la triangulation à l’envers : avec eux l’objectif du plein emploi devient pour les salariés la contrainte d’accepter un emploi à tout prix, même déqualifié et dévalorisé, mal rémunéré, à temps partiel ; au final, ils construisent une société où la perspective des catégories populaires se réduit à être un travailleur pauvre, précaire et mal reconnu. Il donne une forme contemporaine à la vieille formule réactionnaire : « l’oisiveté mère de tous les vices ».

Or le plein emploi et la valorisation du travail sont pourtant indissociables. Nous n’attendrons en réalité jamais l’objectif du plein emploi sans agir sur la qualité du travail, la reconnaissance des métiers, l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des salaires et des retraites, l’égalité femmes/hommes et la participation aux décisions stratégiques de l’entreprise. Cela implique aussi une politique industrielle volontariste assurant la ré-industrialisation et l’indépendance de la France et prenant en compte les impératifs climatiques. Cela passe aussi par une consolidation de notre protection sociale, qui pour une large part s’appuie sur des droits liés au travail, quand elle ne s’apparente pas tout simplement à l’idée du « salaire différé ». Les dégâts générés par le quinquennat Hollande se mesurent bien à l’aune de cette perspective ; la situation s’est encore davantage détériorée avec Emmanuel Macron qui persiste et signe en prétendant aggraver encore sa première « réforme » de l’assurance chômage et en annonçant une offensive éclair contre notre système de retraites.

La suppression de la gestion paritaire de la protection sociale, en particulier pour l’Assurance chômage et les retraites (ces dernières sont de fait salaires différé) ne date malheureusement pas d’hier ; elle entre dans une stratégie qui a pour but de transformer sa nature même : de pacte entre des droits garantis, fondés sur des cotisations mutualisées, la technocratie gagnée aux idées néolibérales veut la faire glisser vers des politiques publiques de solidarité (aides octroyées). Les allocations chômages deviennent ainsi peu à peu des aides conditionnées à des critères définies par le gouvernement ; hier, la même logique amenait la droite (et une partie de la gauche) à changer la retraite par répartition en un socle de solidarité et des fonds de pensions par capitalisation en complément. Une logique similaire préside à la création (par un gouvernement de gauche) de la prime d’activité qui fait peser sur le budget de l’État une part de la rémunération du travail plutôt qu’augmenter les salaires et de placer les entreprises devant leurs responsabilités économiques. Nous sommes entrés en 2001-2022 dans l’engrenage de l’austérité salariale exigée par le patronat partiellement compensée pour les plus modestes par des primes aléatoires. Cette logique ne cesse de s’étendre. Nous l’avions combattu alors et il nous faut redoubler d’efforts plus encore aujourd’hui contre ce qui est devenu une stratégie pérenne (prime pour l’emploi, primes Macron défiscalisées…).

Ne nous faisons pas d’illusions : cette logique néolibérale n’a rien d’une spécificité française et l’on retrouve partout dans le monde ce même enjeu. C’est le sens de l’intervention récente de Lula qui disait très justement ce 12 septembre : « les gens ne veulent pas vivre tout le temps des prestations du gouvernement. Ce qui rends les êtres humains fiers c’est d’avoir un salaire et d’emporter de la nourriture avec leur travail. Et nous créerons des emplois. »

Conforter le financement de la protection sociale et réussir vraiment le plein emploi

N’oublions pas que l’essentiel de notre système d’État social est fondé sur la contribution des revenus du travail, que ce soit par les cotisations (employeurs et employés) ou par une forme de fiscalité. Quel serait le devenir de notre protection sociale si nous nous satisfaisions de la situation actuelle où des millions de personnes n’ont pas d’emploi ou sont sous-employées, ne cotisent pas ou peu ? Quel sera le devenir de notre protection sociale si nous ne cherchons pas à reprendre, comme le rappelle Christophe Ramaux dans son dernier livre Pour une économie républicaine, au Capital les richesses que nous lui avons abandonnées progressivement depuis une quarantaine d’année ?

Mais cela suppose que l’on mette fin aux baisses massives de cotisations sociales octroyées d’abord aux grandes entreprises (sans aucune contrepartie et sans aucune preuve de leur efficacité économique, et pour cause l’essentiel est parti dans les dividendes). Cela suppose qu’on réponde enfin aux discours libéraux sur le poids excessif de l’État sur l’économie ; et là encore, Christophe Ramaux, dans son dernier livre, livrent un certain nombre de réflexion sur lesquelles nous pouvons nous appuyer : le néolibéralisme a tenté de tuer l’État social dans toutes les économies occidentales, mais il n’y est pas arrivé (même aux USA) et ce dernier a été le recours incontournable face aux crises (financière de 2008 ou sanitaire de 2020-2021), nous avons donc un point d’appui pour reprendre au marché ce que nous lui avons abandonné et c’est le rôle d’une démocratie républicaine d’en fixer les bornes ; nous pouvons et devons revenir sur la libéralisation des marchés financiers et sur le tout libre-échange ; l’État peut et doit conduire la stratégie de transformation écologique avec comme premier enjeu le sujet central de la production d’électricité, l’intervention (et la dépense) publique doit en ce sens pleinement être réhabilitée car seule capable de proposer un projet mobilisateur aux citoyens, aux travailleurs du privé comme du public ; on peut et on doit remettre à plat le fonctionnement des entreprises en s’attachant à redonner de la fierté aux travailleurs comme acteurs à part entière…

Cela suppose aussi qu’on réhabilite le travail ! Et réhabiliter le travail ce n’est en rien flatter le travailleur pauvre pour stigmatiser celui qui n’a pu avoir un travail et n’a que la solidarité nationale pour survivre ! Réhabiliter le travail, c’est considérer qu’on doit le rémunérer correctement à l’inverse de l’austérité salariale relative qui sévit depuis plus de 30 ans, c’est engager des politiques publiques pour offrir un travail à chacun. Donc c’est également sortir du discours sur la fin du travail et sortir du défaitisme qui fait dire à certains dirigeants politiques que « de toute façon, il n’y aura jamais assez de travail pour tout le monde ». La gauche ne doit pas renoncer à un projet de plein emploi. Quand on mesure le nombre de besoins sociaux, économiques (rappelons nous de la « découverte » effarée de certains quand il apparut que la France risquait en mars 2020 une pénurie de paracétamol et devait gérer une pénurie de masques sanitaires) et même écologiques insatisfaits dans nos sociétés, cette posture est mortifère, l’argument des bullshit jobs ne tient pas face à cette réalité, quand bien même on sait qu’il existe des emplois dont on ne comprend pas toujours l’utilité.

Solidarité

Il existera toujours des situations où certaines personnes ne seront pas en capacité de travailler… La solidarité nationale est là pour assurer un filet de sécurité et garantir la dignité de tous. Mais la garantie d’une solidarité nationale efficace qui ne condamne pas ses concitoyens les plus en difficulté à surnager entre les eaux de la pauvreté et de la survie, cela implique une solidarité nationale financée fortement par les revenus créés par le travail. Dans le cas contraire, dans une mondialisation libérale sauvage, nous retomberions rapidement dans la situation décrite en 1847 dans Travail salarié et Capital par Karl Marx : « La grande industrie nécessite en permanence une armée de réserve de chômeurs pour les période de surproduction. Le but principal de la bourgeoisie rapport à l’ouvrier est bien sûr, d’obtenir le travail en tant que matière première au plus bas coût possible ».

Avant la réforme récente de l’assurance chômage, plus de la moitié des chômeurs ne touchaient rien de Pôle emploi, après la réforme, la proportion atteint 60 %. Qui peut encore croire que le durcissement des conditions d’indemnisation est une voie utile pour avancer vers le plein emploi ? Les conditions de travail et le niveau de rémunération ne sont-elles pas plus en cause ? Observons que plus la droite parle de « valeur travail » moins elle soutient la « valeur DU travail ». Voilà la réalité qui doit nous faire réfléchir quand le gouvernement et les organisations patronales continuent de défendre une forme d’austérité salariale alors que l’augmentation des salaires est une revendication générale et qu’elle est une nécessité. La logique visant à dégager les entreprises de leurs responsabilités salariales s’est incarnée dans le transfert vers l’État de la responsabilité du soutien au pouvoir d’achat avec la prime d’activité ou les pseudo-primes Macron.

Être à l’offensive et reconquérir les catégories populaires

François Ruffin et Fabien Roussel ont pu remettre le travail au cœur du débat à gauche. Leur surface médiatique leur permet de réussir là où nous commencions à désespérer de nous faire entendre. Ce qu’ils disent avec nous c’est que la gauche doit arrêter d’être défaitiste, doit arrêter de porter le discours sur la fin du travail parce que ses dirigeants pensent que toutes les politiques économiques de gauche seraient incapables de créer de l’emploi de qualité… Or ce qui a été mis en place à partir de 1985, et à de rares exceptions près, est d’abord une adaptation aux diktats du néolibéralisme triomphant…

Le think tank Terra Nova – qui a hélas inspiré une partie de la gauche – ont tiré en 2011 « les conséquences politiques » de cette fragmentation du monde du travail découlant de ces politiques (dont il partageait l’orientation générale), en plaidant pour un alliance entre les « minorités », les plus démunis et les classes moyennes supérieures intégrées (croyaient-elles) dans la mondialisation, rejetant dans la marginalité politique une large part du monde ouvrier et salariat… ces catégories se tournèrent vers l’abstention et une partie se réfugiera le vote FN/RN, s’éloignant durablement de la gauche qui semblait ne plus avoir grand-chose à lui proposer. Nous en sommes rendus au point que, même dans l’opposition et avec la politique antisociale de Macron, les forces de gauche n’ont pas été capables de retrouver grâce à leurs yeux lors des scrutins récents. Il faut donc rompre avec cette logique et redonner au travail sa place centrale dans le combat de la gauche.

Nous pouvons le faire et reprendre une politique économique ambitieuse qui crée de l’emploi de qualité. Nous sommes convaincus que la reconquête des catégories populaires attachées au travail passe par cette implication politique : c’est elle qui nous permettra de construire une véritable majorité de transformation sociale.

Engouffrons nous avec entrain dans la brèche ainsi ouverte !

Quelques unes de nos propositions issues de notre programme pour 2022

RECONQUÉRIR NOS CAPACITÉS INDUSTRIELLES

● Se libérer des accords de libre-échange, qui mettent en danger la production française au profit d’importations de qualité médiocre et polluantes (notamment le CETA et l’accord avec le Mercosur) ;

● Appliquer une taxe à l’importation sur les produits fabriqués ne respectant pas nos normes sociales et environnementales ;

● Développer le volet français du futur “Buy European Act” ;

● Relancer les 34 plans stratégiques abandonnés par Emmanuel Macron à l’automne 2014 ;

● Organiser avec les partenaires sociaux des plans de filières pour préparer les mutations dans les secteurs existants (notamment en lien avec la transition écologique) et les relocalisations (en réorientant les aides publiques) ;

● Créer un fonds d’accompagnement des reprises ou création d’entreprises par les salariés en particulier sous forme de coopératives (capital de portage transitoire, basculant progressivement vers l’actionnariat coopératif) ; interdire le départ des machines-outils si les salariés veulent reprendre l’activité ;

● Exiger la révision de la directive européenne « aides d’État » et « profiter » de cette période exceptionnelle pour déclarer sa suspension, voire le faire de façon unilatérale si besoin ;

● Lancer des grands plans d’investissements publics pour répondre à des besoins essentiels pour nos concitoyens, qu’ils concourent avec la qualité des services publics à la performance économique du pays, et qu’ils sont indispensables à la réussite de la transition écologique du pays.

RÉMUNÉRER LES TRAVAILLEURS

● Le SMIC sera porté à 1 400 € nets dès le début du quinquennat pour atteindre progressivement 1 600 € à la fin du mandat ;

● Fixer les salaires sur une échelle de 1 à 20, au sein d’une même entreprise ou d’un même groupe. Au-delà de cet écart, les rémunérations ne pourront être déduites de l’impôt sur les sociétés ;

● Plusieurs mesures très précises permettant de faire de l’égalité femmes hommes au travail sont décrites dans notre programme (page 36).

PROTÉGER ET GARANTIR LA DIGNITÉ DES TRAVAILLEURS

● Réduction du temps de travail : 6ème semaine de congés payés et négociation de la semaine de 32h ;

● Abroger les lois Travail et les accords de compétitivité « offensifs » ; rétablir les CHSCT et les délégués du personnel ;

● mettre fin au plafonnement des indemnités et aux barèmes prud’homaux ;

● Abroger les décrets Macron-Philippe-Pénicaud sur l’Assurance chômage ;

● Relancer la progressivité des cotisations en fonction de la valeur ajoutée dégagée par l’entreprise ;

● Mettre en place une garantie d’emploi, passant par un État employeur en dernier ressort des chômeurs de longue durée et la mise en œuvre effective d’un droit opposable ;

● Restaurer la hiérarchie des normes et le principe de faveur dans l’ensemble des négociations professionnelles ;

● Rendre obligatoire la présence de 50% de représentants des salariés avec voix délibérative dans les conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises ;

● Dans le cas d’une faillite ou d’une cessation d’activité, accorder la priorité aux projets de reprise défendus par les salariés ;

● Requalifier en contrat de travail salarié la fausse situation d’auto-entrepreneurs des plateformes type Uber et offrir une protection adaptée à ces travailleurs précaires.

La question du travail doit revenir au cœur de la gauche !
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24 septembre 2022 6 24 /09 /septembre /2022 12:43

Dans une tribune au Monde publiée samedi 24 septembre 2022 à 6h, que je signe avec David Cayla (économiste et essayiste), Catherine Coutard (vice présidente du MRC), Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice GRS de Paris et ancienne ministre) et Emmanuel Maurel (député européen et animateur national de la GRS), nous  expliquons que la gauche doit arrêter d’être défaitiste en renonçant au plein-emploi. Elle ne doit pas oublier l’importance du travail dans la société, et ce que nous devons tous à ceux qui l’assument. Vous trouverez cette tribune ci-dessous.

« Il faut remercier François Ruffin et Fabien Roussel d’avoir remis le travail au cœur du débat à gauche » – tribune dans Le Monde

La place du travail dans la société et dans le projet que la gauche doit proposer aux Français ne devrait pas faire polémique. Au-delà des slogans et des petites phrases qui ont été échangées par les uns et les autres, François Ruffin (député La France insoumise) et Fabien Roussel (député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français) ont rappelé que les aspirations de nos concitoyens ne sont pas celles d’une société post-travail, mais celles d’une société qui puisse apporter à chacun un travail digne et vecteur d’émancipation.

Commençons par rappeler une évidence : il n’y a pas de société sans travail. Cela est vrai pour tout système économique, qu’il soit capitaliste ou non. De fait, le travail, qu’il soit salarié, indépendant, familial ou produit bénévolement pour une association, est la seule source de richesse pour la communauté.

L’Etat social s’est ainsi construit

Karl Marx (1818-1883) lui-même, théoricien de la valeur travail, n’a jamais nié son importance. Lorsqu’il développe au milieu du XIXe siècle ses réflexions et ses écrits sur le système capitaliste, il dénonce l’aliénation par le travail du prolétaire dépossédé de son individualité et de sa contribution personnelle.

Le prolétaire est celui qui ne possède que sa force de travail, qu’il vend contre un subside de misère. L’idée commune du XIXe siècle, chez tous les philosophes et acteurs d’un mouvement socialiste en construction, c’est que l’émancipation des travailleurs doit passer par leur association, leur rendant ainsi la maîtrise de l’outil de travail et le bénéfice de son produit.

Face au travail exploité incarné par le salariat, le socialisme rêvait d’un travail émancipé, organisé collectivement par les travailleurs eux-mêmes. Mais le salariat s’est étendu, tant et si bien qu’au début du XXe siècle, les conditions d’organisation de la production et de nos sociétés en ont fait le vecteur principal de distribution des revenus, notamment par la création de la Sécurité sociale.

De son côté, le droit social est venu protéger le salarié, améliorer ses conditions de travail et défendre l’expression syndicale au sein des entreprises.

L’Etat social s’est ainsi construit patiemment, comme le rappelle l’économiste Christophe Ramaux dans son dernier ouvrage, Pour une économie républicaine. Une alternative au néolibéralisme (De Boeck, 336 pages, 21,90 euros). L’une de ses applications concrètes fut d’attacher au statut de salarié un cadre légal visant à sortir de l’arbitraire capitaliste.

Une même logique d’aliénation

D’ailleurs, la stratégie des nouveaux acteurs du capitalisme que sont notamment les plates-formes numériques vise à enfoncer un coin dans le statut protecteur du salariat, faisant passer l’autoentrepreneuriat ou la soumission à un algorithme pour une forme de libération, alors que cela replonge le travailleur dans la même logique d’aliénation que celle qui fut dénoncée par Marx en son temps.

La question de l’émancipation des travailleurs doit rester au cœur des propositions de la gauche. Mais cela implique plusieurs choses.

Tout d’abord, il faut reconnaître que le travailleur est non seulement celui qui travaille, mais aussi tous ceux qui ont travaillé ou ont vocation à travailler sans être en mesure de le faire.

En ce sens, les chômeurs, les personnes en situation d’exclusion ou de handicap, ceux qui sont empêchés par la maladie, tout comme les retraités constituent ensemble la grande classe des travailleurs, et il est vain de chercher à les opposer. Il n’y a pas d’un côté des assistés fainéants et de l’autre des travailleurs méritants.

Admettre que les chômeurs, les étudiants et les retraités appartiennent à la grande classe des travailleurs implique qu’on réhabilite le travail, ce qui signifie en premier lieu de le rémunérer correctement, et en second lieu de lui donner des conditions dignes sur le plan sanitaire et social pour sa réalisation. Mais réhabiliter le travail, c’est aussi sortir du discours sur la fin du travail qui fait dire à certains dirigeants politiques que, « de toute façon, il n’y aura jamais assez de travail pour tout le monde ». Quand on voit le nombre de besoins sociaux insatisfaits, cette posture est mortifère.

Discours enflammés de la droite

Nous avons besoin de travail, parce que nous sommes pour le progrès social, et parce que nous pensons que chacun a la capacité de contribuer à sa mesure au bien commun. Ainsi, les étudiants ont vocation, une fois leurs études achevées, à contribuer à la création de richesses.

De même, les chômeurs doivent bénéficier d’un service public de qualité pour être accompagnés dans l’emploi. A ce titre, rappelons l’expérience fructueuse qu’ont été les expérimentations territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), qui ont permis d’accompagner dans l’emploi des milliers de personnes en situation d’exclusion.

Nous ne devons pas nous laisser abuser par les discours enflammés de la droite et du gouvernement sur la valeur travail alors qu’ils œuvrent inlassablement pour réduire le coût, et donc la valeur économique du travail. Nous ne devons pas oublier que c’est le capitalisme néolibéral qui détruit le travail, lui fait perdre son sens, le parcellise.

Les droits et la dignité

C’est le capitalisme qui jette les travailleurs usés, qui délocalise et qui pousse les cœurs vaillants au burn-out. Sortir le travail de cette exploitation, ce n’est pas nier son rôle social, sa nécessité, c’est au contraire lui rendre son sens premier, celui de créateur de richesses et de progrès social.

Il faut remercier François Ruffin et Fabien Roussel d’avoir remis le travail au cœur du débat à gauche. Ce qu’ils disent, c’est que la gauche doit arrêter d’être défaitiste en renonçant au plein-emploi. Elle ne doit pas oublier l’importance du travail dans la société et ce que nous devons tous à ceux qui l’assument.

Comme eux, nous sommes convaincus que la gauche doit protéger le travailleur empêché non seulement en lui versant des revenus complémentaires, mais aussi, et surtout, en l’accompagnant dans l’emploi de qualité. Elle doit défendre les droits et la dignité de l’ensemble de la classe des travailleurs, qu’ils soient ou non en emploi. C’est ainsi qu’elle amorcera sa reconquête de l’électorat populaire et sera en mesure de reconstruire une majorité de transformation sociale.

Les signataires : David Cayla, économiste à l’université d’Angers ; Catherine Coutard, vice-présidente du Mouvement républicain et citoyen ; Frédéric Faravel, membre de la direction nationale de la Gauche républicaine et socialiste ; Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre, sénatrice (PS) de Paris ; Emmanuel Maurel, député européen, animateur national de la Gauche républicaine et socialiste

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15 septembre 2022 4 15 /09 /septembre /2022 16:01

Depuis hier, les militants de la section PCF Jacky-Leser et de la Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons et les soutiens de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains" ont commencé à distribuer dans les boîtes aux lettres de notre ville le premier numéro de L'Echo, la gazette bezonnaise qui réplique...

En quatre pages, ce numéro fait le point sur plusieurs sujets essentiels pour les Bezonnaises et les Bezonnais en cette rentrée de septembre 2022 : la mise en danger du Centre Municipal de Santé par la maire, la propreté de la Ville, la détresse des agents municipaux, le besoin d'un second bureau de Poste, la police municipale (à propos de laquelle l'équipe municipale raconte n'importe quoi) ou encore un budget municipal qui traduit l'absence totale de sens de solidarité sociale de l'équipe divers droite de Mme Menhaouara.

Vous pouvez nous contacter aux adresses vivonsbezons@gmail.com ou gauchersbezons@gmail.com, mais vous pourrez aussi nous retrouver dimanche 25 septembre toute la journée sur le stand que nous tiendrons lors de la Foire de Bezons Rue Edouard-Vaillant (à l'angle de la rue Maurice-Berteaux) : venez discuter avec nous, réagir à nos articles et nous parler de vos préoccupations et de vos attentes.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la Gauche Républicaine et Socialiste

les quatre pages du 1er numéro de l'Echo, la gazette bezonnaise qui répliqueles quatre pages du 1er numéro de l'Echo, la gazette bezonnaise qui réplique
les quatre pages du 1er numéro de l'Echo, la gazette bezonnaise qui répliqueles quatre pages du 1er numéro de l'Echo, la gazette bezonnaise qui réplique

les quatre pages du 1er numéro de l'Echo, la gazette bezonnaise qui réplique

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