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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 17:00

Sans contestation possible, François Hollande, candidat du Parti Socialiste et du Parti Radical de Gauche, a réussi son entrée en campagne et son discours du Bourget. Devant plus de 20 000 militants et sympathisants, au cœur d'une scénographie inspirée des conventions démocrates (et des congrès de l'UMP sous Nicolas Sarkozy…), le candidat a pris une posture combattive, visant à démontrer son volontarisme et à répondre à une partie de l'électorat de gauche qui s'interrogeait sur son positionnement politique et s'inquiétait de son profil centriste.
François Hollande a donc rassuré par un discours, qui – malgré sa longueur (près d'1h30) – était en fait largement allégé par une bonne dose de storytelling. Pour ceux donc qui craignait le contraire celui veut être le futur président de la République sera bel et bien un président de gauche, de centre gauche certes, et non un président centriste.

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Un discours pour rassurer le peuple le gauche
Il y a quelques signes qui ne trompent pas ; bien sûr la presse a fait ses titres sur l'ancrage à gauche du discours du candidat socialiste, mais elle est si modérée habituellement que ce n'est pas forcément sur elle qu'il faut fonder son analyse de la perception extérieure du discours ; de fait, dans la presse, les deux principaux titres critiques de la gauche, L'Humanité et Médiapart, saluent de fait cet ancrage : Michel Guilloux note « un discours de gauche, bien loin des eaux tièdes sociales-libérales d'il y a cinq ans ou du “le politique ne peut pas tout” d'il y a dix ans » et la rédaction de Médiapart – qui pointait la veille encore le programme flou du candidat – titrait « François Hollande s'installe à gauche ».
Le président du Conseil général de Corrèze n'a en vérité pas lésiné sur les symboles, tant dans le vocabulaire que dans certaines des propositions qu'il a avancées, surprenant par la même les médias et son équipe (qui avait annoncé un discours généraliste et non un discours programme). Si l'appel à la mémoire historique de la gauche reste très modérée – évocation consensuelle en République de la Révolution Française et de la Résistance (quant 1936 est presque oublié), et passage obligé par 1981, le seul intellectuel "mobilisé" est Albert Camus –, la volonté d'inscrire la Loi de 1905 dans la constitution (au-delà de l'inscription du simple principe de laïcité) et surtout la dénonciation de la finance et de l'argent-roi démontrent la volonté de François Hollande de s'inscrire dans la filiation d'Aristide Briand et de François Mitterrand.

Deux passages resteront comme les marqueurs de ce discours et de cette volonté de parler à la gauche :
« Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. »
« … j’aime les gens, quand d’autres sont fascinés par l’argent. »


Tactiquement donc, le rassemblement du Bourget est une réussite ; il a débordé les critiques de la droite qui ne s'attendait pas à ce qu'il fasse des propositions et il a parlé à la gauche qui ne s'y attendait pas forcément non plus. Sans doute, est-ce l'une des raisons de l'inquiétude croissante dans le camp conservateur, illustrée par l'interview particulièrement hors sol et paniquée d'Henri Guaino, lundi 23 janvier 2012 au matin sur France Inter.


Des innovations, des précisions et … des reculs
Le candidat socialiste a donc aligné des propositions relativement nombreuses qui devraient encore être complétés jeudi en conférence de presse et dans une émission télévisée.
Il s'inscrit dans l'économie générale du projet socialiste – ou de l'accord de majorité parlementaire conclu entre le PS et Europe-Écologie Les Verts – mais s'en écarte à de très nombreuses reprises, soit pour apporter des innovations souvent positives, soit pour opérer des reculs politiques relativement importants.

Revue de détail :

[vous trouverez le détail des propositions faites par le candidat Hollande le 22 janvier 2012 au regard du Projet du Parti Socialiste ou de l'accord de majorité parlementaire PS-EELV en cliquant ici]


Le discours du candidat reste par contre ambigu sur des points d'importance.

La question sociale est finalement peu traitée et surtout rien n'est dit sur la question salariale ; l'annonce sympathique, faite par le candidat sur la radio publique Le Mouv' lundi 23 janvier 2012, de la création d'une notation sociale des entreprises (revendication de la CFDT) ne vient pas encore – et de loin – compenser ce manque qui devra être précisé – espérons-le – jeudi 26 janvier.


centrale-nucleaireNoël Mamère a depuis dénoncé une autre impasse du discours : l'écologie. C'est vrai que le sujet est assez peu traité (hors la rénovation thermique des logements). Mais surtout le candidat, s'il maintient son engagement de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici 2025, lance une véritable provocation à l'égard des écologistes en revendiquant une industrie nucléaire forte qui inventerait les « technologies et les progrès de demain » (ce qui est en soi relativement contestable).


UnionEuropeenneMais le flou est assez important sur la construction européenne. Il est évidemment impossible de mettre en cause l'engagement européen du candidat qui redouble d'assaut pour le réaffirmer. Ses propositions s'alignent sur celles du PS et de la gauche en général quant à la demande répétée d'une intervention plus forte de la BCE pour soutenir les États et la création d'Eurobonds. Mais on ne comprend pas très bien ici l'utilité d'un nouveau Traité de l’Élysée avec l'Allemagne quand le candidat aura fort à faire déjà pour renégocier le projet de traité Merkozy. Enfin, le candidat avalise de fait une discipline budgétaire européenne comme moyen de convergence économique des principaux États membres qui ne peut fonctionner si l'Union Européenne n'est elle-même pas un acteur économique et budgétaire de premier plan : il conviendrait ici de réaffirmer la nécessité d'un véritable budget européen, avec des recettes autonomes, la capacité de recourir à l'emprunt ; il faudrait également rompre avec la logique de l'intergouvernementalité qui a échoué et que Merkel et Sarkozy veulent renforcer. Ce n'est pas de gouvernance dont a besoin l'UE mais d'un gouvernement démocratique où le parlement européen serait le fondement de la légitimité politique du Président de la commission. Henri Weber a fait à ce sujet une excellente tribune dans Libération (le 3 janvier 2012) et sans se faire taper sur les doigts [cliquer ici pour lire l'article] ; François Hollande serait bien inspiré de la relire.


Le candidat doit encore répondre à deux enjeux stratégiques
zoneEuroPSLe premier et le plus évident est de savoir comment un futur président de la République de gauche peut combattre l'adversaire, que François Hollande s'est lui-même fixé «le monde de la finance», en s'étant fixé un plan de charge difficilement réalisable et qui semble être fait pour répondre aux injonctions du système financier néo-libéral : l'objectif de porter à 3 % du PIB le déficit public en 2013 (objectif qu'avait également affiché Martine Aubry, sans que cela soit plus réaliste) puis de rétablir l'équilibre pour la fin du mandat imposera de fait une austérité budgétaire assez contradictoire avec l'ambition affichée par la gauche. On voit mal comment les dépenses nouvelles seraient compensées par des économies nouvelles avec en plus un tel carcan. D'autre part, tout écart sur ce projet serait immédiatement interprété comme un échec par les marchés qui ne manqueraient pas de nous le rappeler. Espérons que le candidat sera amené à réviser une position, que personne à gauche ne lui demande, surtout après la perte du « triple A ».


Enfin, le second enjeu est clairement exprimé par son concurrent de gauche, Jean-Luc Mélenchon : il s'agit du rapport que le candidat entretient avec les partenaires de la gauche. Si Jean-Pierre Chevènement semble déjà préparer son ralliement au candidat socialiste, les différents épisodes de la relation aux écologistes ont complexifié la relation. Le manque évident – et sans doute temporaire – dans les axes du candidat sur la question sociale (salaire, conditions de travail, retraites) et les ambiguïtés vis-à-vis du centre troublent fortement les échanges avec le Front de Gauche, alors même le candidat commun du PCF, du PG, de GU et de la FASE a largement modéré son discours.


ll y a un moment où la question de votre rapport à M. Hollande va se poser, en particulier en vue du second tour…
Vous admettrez que je prépare ce moment avec beaucoup d'énergie. Car ce sera bien différent selon que le Front de gauche fera 5 % ou 15 %. S'il est à 15 %, il va falloir que le PS arrache un paquet de pages de son programme pour coller les nôtres s'il veut convaincre nos électeurs. Est-ce qu'ils pensent qu'ils vont attraper nos électeurs avec ce tract dans lequel ils réduisent la retraite à 60 ans aux seules carrières longues ? Croient-ils les convaincre avec pour seul argument que M. Sarkozy est un agité ? C'est totalement insuffisant. Il faut proposer un contenu radicalement alternatif. Nous le faisons.
Vous pensez donc qu'il y a une stratégie délibérée de la campagne Hollande de ne surtout rien exposer ?
Je ne m'explique pas son comportement. La campagne me paraît très en dessous de tout ce que je connais du mouvement socialiste. C'est quand même une élection majeure ! Si moins de 100 jours avant, ils n'ont toujours rien à dire, c'est qu'il y a un problème. Moi, j'ai fait campagne pour la retraite à 60 ans, les 35 heures, etc. C'est quoi le socialisme pour eux ? Le contrat de génération ? Pour moi, c'est la planification écologique, la VIe République, les conquêtes sociales… En ce sens, je me trouve être aussi un candidat des socialistes.
A vous entendre, vous paraissez inquiet ?
A force, oui. Ils gèrent leurs acquis, sans plus. Et ils se vident de leur sang. Hollande devrait s'en rendre compte ! Si vous regardez les sondages aujourd'hui, le niveau de la gauche face à la droite est très bas : on est à peine à 40 %. La méthode de campagne de François Hollande fragilise la gauche : un programme commun avec les Verts illisible, un refus obstiné de la discussion avec notre mouvance, et une certitude aveuglée qu'il suffira de paraître pour rassembler.
Interview de Jean-Luc Mélenchon pour Lemonde.fr le 21/01/2012


François Hollande a un peu commencé à répondre à Mélenchon ce week-end. Mais il n'est pas possible de donner l'impression que tout sera fait pour ménager le MODEM et l'électorat centriste, c'est-à-dire retirer du programme tout ce qui pourrait sérieusement effaroucher François Bayrou et ses adeptes. On sent d'ailleurs qu'à l'ambiguïté de l'équipe Hollande – ambiguïté renforcée par des déclarations annexes laissant à penser qu'une alliance est possible (ce qui rendrait du même impossible les alliances à gauche), comme l'un des derniers tweets de Bruno Le Roux (ci-dessous) – répond l'ambiguïté de l'équipe de François Bayrou : Marielle de Sarnez le dimanche 22 janvier n'a rien exclu, Jean-Luc Benhamias n'a contesté lundi 23 janvier au matin que la forme du discours du Bourget mais aucune proposition.

LeRouxMODEM
C'est aux socialistes de fixer le périmètre de la majorité et non à ceux qui ont toujours fait partie de nos adversaires politiques d'en décicer.


Autant de précisions et de réponses attendues à partir de jeudi prochain.


Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 10:37

Nous voulons l’égalité femmes-hommes, MAINTENANT !

logo.pngNous entendons souvent que l’égalité entre les femmes et les hommes serait acquise. Et pourtant, en 2012, le quotidien des femmes reste marqué par les inégalités salariales, la précarité, les violences physiques, sexuelles et psychologiques, les difficultés d’accès à l’avortement et à la contraception, les stéréotypes sexistes…

Bien sûr, des droits ont été gagnés, et heureusement. Il y a 50 ans, les femmes de ce pays ne pouvaient ni ouvrir de compte en banque sans l’autorisation de leur mari, ni avorter, ni porter plainte pour viol conjugal. S’il en est autrement aujourd’hui, c’est grâce aux mobilisations féministes qui ont porté ces combats. C’est aussi parce que les politiques, à certains moments, ont su entendre ces revendications et faire preuve de volonté pour les transformer en avancées législatives.

Malgré la défiance grandissante dans notre pays vis-à-vis de l’action politique, nous croyons encore que celle-ci peut changer les choses. Mais nous savons aussi combien elle peut faire régresser l’égalité lorsque les responsables politiques méprisent les conquêtes collectives. Les droits des femmes ne sont jamais définitivement acquis. Ils appellent une vigilance permanente.

Dans les débats qui entourent les élections présidentielles, l’égalité entre les femmes et les hommes est toujours passée à la trappe. Nous exigeons qu’en 2012 l’égalité soit enfin inscrite à l’agenda politique. Les grands discours et les mesurettes sont inutiles : nous voulons des engagements précis et des résultats concrets.

Candidates et candidats à l’élection présidentielle, vous n’aurez pas nos voix si vous ne mettez pas l’égalité femmes-hommes au programme.

Nous, femmes et hommes engagé-e-s pour l’égalité, nous voulons l’égalité maintenant !

J'ai signé ! Et vous ?

Pour signez l'appel, CLIQUEZ ICI.

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 16:25
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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 08:26

Je me permets de diffuser ci-dessous le communiqué de presse et l'appel à manifester le samedi 14 janvier 2012 à Argenteuil, lancé par le Collectif "Justice & Vérité" pour Ali Ziri. Si le non-lieu devait être confirmé dans cette affaire, la justice française serait fortement entâchée.

L'ensemble des partis de gauche et de très nombreuses associations de terrains sont associées au sein du collectif "Justice & Vérité" pour Ali Ziri.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise en charge des relations extérieures

 

Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri
Non au non lieu !

 
Ce que nous redoutions, il y a quelques jours, est bel bien arrivé. Le procureur-adjoint du Tribunal de Grande Instance de Pontoise a requis un non-lieu dans l’affaire Ali Ziri. Il appartient maintenant au juge d’instruction de suivre son réquisitoire ou de décider autre chose.

Dans le réquisitoire définitif du procureur, seuls les faits à charge contre Mrs. Ali Ziri et Arezki Kerfali sont mentionnés. Il est question des circonstances de l’interpellation au volant de leur voiture par la police nationale, puis de leur arrivée au commissariat et de leur transport à l’hôpital d’Argenteuil. Mais jamais des conditions du trajet entre le lieu de l’interpellation et le commissariat d’Argenteuil. Or, pour les avocats et notamment pour Maître Maugendre, c’est au cours de ce trajet que le drame est arrivé, du fait qu’une policière, parmi les trois policiers interpellateurs, avait utilisé ce que l’on appelle la «méthode de pliage». C’est cette technique consistant à plaquer le torse du prévenu sur ses genoux en exerçant une pression «qui est à l’origine de l’asphyxie ayant conduit au décès d’Ali Ziri». Une technique pourtant interdite depuis la mort en 2003 d’un jeune éthiopien expulsé par la police aux frontières. À cela s’ajoutent les conclusions de l’autopsie de l’institut médico-légal de Paris, rendues le 24 juillet 2009, relevant l’existence de 27 hématomes sur le corps de M. Ziri.

Cette même autopsie a conclu qu’«Ali Ziri est mort suite à un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique, généré par suffocation et appui postérieur dorsal». Le 15 avril 2011, les conclusions de nouveaux examens complémentaires affirment que «le manque de discernement des policiers a conduit à des comportements qui n’étaient pas sans conséquence sur l’état de santé de M. Ziri.». Il y a aussi l’avis de l’ex-CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité), qui jugeait «la précipitation et la violence avec lesquelles M. Ali Ziri a été extrait du véhicule étaient disproportionnées et constituent un traitement inhumain et dégradant». On apprend aussi que le 9 juin 2009 au commissariat d’Argenteuil, un jeune homme en garde à vue dit avoir été témoin d'une scène choquante. «L'un des policiers est venu vers cet homme (Arezki Kerfali) et il a posé son pied sur la tête du Monsieur et lui a dit une phrase du genre "Tu vas essuyer", il fait bouger la tête en appuyant avec son pied comme on pourrait le faire avec une serpillière. C'est comme s'il voulait lui faire essuyer son vomi avec sa tête.», explique-t-il, entendu par l'IGPN le 11 décembre 2009. Aucun des policiers n'a pourtant été questionné sur cette grave allégation. Pire encore, tous les actes demandés par les avocats de la famille Ali Ziri, comme l’audition des témoins et des policiers par un juge d’instruction et la reconstitution des faits, ont été refusés par le Procureur de la République de Pontoise. Par contre Arezki Kerfali, pourtant victime et témoin vivant, reste lui poursuivi pour

outrage.


Dès lors peut-on encore parler de justice ?

C’est pourquoi le collectif appelle à un rassemblement le samedi 14 janvier 2012 à 14h, cinéma Jean-Gabin, parc de la mairie d’Argenteuil, 12-14 Bd Léon-Feix, en présence de Stéphane Hessel et de Jacques Gaillot pour exiger vérité et justice ! Après ce rassemblement, le collectif va procéder à la pose d’une plaque commémorative sur le lieu de l’interpellation, angle des rues Jeanne d’Arc et Antonin-Georges-Belin, non loin de la mairie.

Plus d’infos au 01 39 80 45 40  Email : collectifaliziri@yahoo.fr
Blog : http://collectif-ali-ziri.over-blog.com

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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 13:25

On se souvient que Nicolas Sarkozy avait lourdement agi pour assurer la succession de Jean-Claude Trichet. L'omni-président, sauveur du monde et de l'union européenne, a beau s'afficher régulièrement avec la Chancelière Angela Merkel, il faut croire qu'il trouvait quelques limites au modèle allemand, dont il nous fait pourtant l'éloge sur la scène national.

Aussi il était inenvisageable que succède à un « latin » comme M. Trichet (oui oui, on voit très bien notre ex-PSU de grand banquier parler fort et avec les mains un individu pétri de culture germanique et rigoureuse. Le président de la Bundesbank, longtemps sur les rangs et poussé par Angela pour devenir le nouveau patron de la Banque Centrale Européenne (BCE), avait même fini par jeter totalement l'éponge en partant pour le privé.

Mario-Draghi.jpgLa nomination de Mario Draghi, représentant de l'Italie et de Goldman-Sachs au sein de la BCE, avait donc était présentée comme une grande victoire du président français : un latin succèderait à un autre latin et la BCE ne se mettrait pas à la remorque d'une trop austère politique germanique.

Las, bien que l’Élysée explique que face à la crise de l'euro – et malgré l'accord européen de Bruxelles – il faudra bien que la BCE intervienne massivement pour la résoudre « Elle le fera d'ailleurs. La question étant, désormais, de savoir si elle le fera à temps... ou trop tard », le président de la BCE a tenu depuis sa nomination à démontrer à plusieurs reprises qu'il n'était pas indispensable d'être allemand pour soutenir l'austérité et l'ultra-libéralisme (au demeurant ce n'est pas l'exécutif français actuel qui permet de concevoir l'existence d'une alternative).

Les États européens ont besoin d'aller chercher sur les marchés quelques 150 milliards d'euros au premier trimestre 2012, or dans le contexte tendu actuellement (malgré la réussite de la dernière émission obligataire espagnole) cela s'annonce complexe ; les fonds européens de secours sont à sec, et les Européens ont l'interdiction de l'abonder. Mais la BCE refuse d'annoncer qu'elle rachèterait tous les titres de la dette de la zone euro au-dessus d'un certain niveau de taux d'intérêts (attention ! Mesure révolutionnaire !).

Mais lundi 19 décembre 2011, Mario Draghi et son équipe ont durablement douché ceux qui espèrent que l'Europe use enfin de la politique monétaire.

Ainsi dans le Financial Times. Mario Draghi accordait sa première grande interview depuis sa nomination et affirmait avec aplomb : racheter massivement de la dette n'est pas possible car les statuts de la BCE ne le permettent pas ! Et d'ajouter : « la politique monétaire ne peut pas tout. C'est aux États de rassurer sur leur discipline budgétaire et leurs réformes structurelles ». Dans Les Échos, le nouveau patron de la Bundesbank, Jens Weidmann, dit exactement la même chose : « on ne surmontera certainement pas la crise de confiance actuelle... en violant la Loi ».

Ainsi après avoir été ridiculisé par Angela Merkel, auquel il n'opposait qu'une faible résistance, Nicolas Sarkozy est humilié par celui dont il a défendu la candidature à la présidence de la BCE. Mais il est vrai que lorsque l'on explique que l'Europe et la France ont besoin d'austérité et de « règle d'or », il est bien difficile de contredire, les véritables responsables économiques et politiques de la zone euro qui appliquent les conséquences concrètes d'un tel discours.

Cependant Nicolas Sarkozy n'est pas le seul à avoir été démenti par les déclaration de MM. Draghi et Weidmann. Francois-Hollande-casquette.pngEn effet, les maîtres de la BCE ont rappelé des évidences négligées avec trop de légèreté par François Hollande, candidat à la Présidence de la République Française. Les statuts de la BCE ne permettent pas en l'état de mener des actions qui sortiraient l'Union européenne et la zone euro de la spirale dépressive dans laquelle elle s'enfonce. Toutes les décisions qui avaient d'ailleurs été prises sous Jean-Claude Trichet étaient exceptionnelles et temporaires car hors traité donc illégales.

Le candidat, qui s'enfermait déjà dans l'annonce d'une austérité rose et d'une « règle d'or » post-présidentielles, était dans l'erreur en affirmant qu'on pouvait mettre en œuvre des solutions à la crise dans le cadre des Traités actuels, sans avoir à les modifier. Le traumatisme « hollandais » du 29 mai 2005 semble rendre François Hollande incapable (et pour le coup Martine Aubry avec lui) de s'engager dans une dynamique politique dont la France et l'Europe ont besoin. L'accord européen de Bruxelles est mauvais car il institutionnalise une austérité qui asphyxie l'Europe, mais le Traité de Lisbonne n'apporte aucune solution. Il faut donc changer de traité.

Une solution social-démocrate peut être présentée aux peuples européens :

  • zoneEuroPS.jpgmodifier les statuts de la BCE pour qu'elle intègre la croissance et l'emploi dans ses objectifs, qu'elles puissent émettre des eurobonds et monétiser les dettes souveraines des États membre de l'Union européenne ;
  • donner au parlement européen de nouvelles prérogatives pour qu'il puisse devenir le véritable représentant de la souveraineté populaire européenne, auquel serait soumis un gouvernement européen ;
  • doter l'Union d'un réel budget communautaire voté par le parlement européen, avec des recettes propres et une capacité d'emprunt qui permette d'en faire un levier économique.

Mais les Européens et les Français attendent encore qu'un candidat ou qu'une force politique progressiste prenne la mesure des besoins.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 13:47

Sur France inter ce matin (lundi 19 décembre 2011), le conseiller et ami préféré du candidat socialiste à l'élection présidentielle était interrogé sur une proposition inscrite dans le projet adopté ce week-end par Europe-Ecologie / Les Verts pour 2012 concernant l'encadrement des loyers.

MichelSapin.jpgMichel Sapin indiquait qu'il était normal que sur le logement socialistes et écologistes aient des propositions différentes. Alors rafraichissons lui la mémoire :

  • projet PS version longue : "nous élargirons la taxe sur les logements laissés vacants à l'ensemble des agglomérations dans les zones de pénuries [...]. Nous mettrons en place un encadrement des loyers lors de la première location ou à la relocation dans les zones de spéculations immobilière..." + 150.000 logements sociaux construits par an + seuil SRU à 25 % au lieu de 20 (amendes x 5) + règles des 3 tiers bâtis...
  • projet PS version courte : "nous agirons prioritairement sur les factures logement par un encadrement des loyers à la première location et à la relocation dans les zones de spéculation immobilières..." + 150.000 logements sociaux construits par an + seuil SRU à 25 % au lieu de 20 (amendes x 5) + règles des 3 tiers bâtis...
  • accord de majorité parlementaire PS-EELV : "Un objectif de construction de 500.000 logements par an dont 150.000 logements sociaux (dont 15 à 20% de logements très sociaux) [...] la taxe sur les logements laissés vacants sera renforcée et la loi de réquisition systématiquement appliquée. [...] nous renforcerons fortement les sanctions de la loi SRU et la part de logements sociaux à atteindre sera portée à 25%."
  • projet 2012 d'EELV : "Maîtriser les loyers en les encadrant à la relocation, en alignant les premiers loyers au niveau du quartier et en plafonnant les prix au m². Décréter immédiatement un moratoire de 3 ans sur les loyers." + construction de 500.000 logements par an dont 160.000 logements sociaux (dont 30.000 PLAI)...

Est-ce donc si différent ?

Rappelons également au passage que l'accord PS-EELV pour une majorité parlementaire est bien conçu pour la durée d'une mandature. En effet, si vous lisez attentivement, ne serait-ce que la première page du document, vous découvrirez écrit en gros "2012-2017" donc pas "5 ou 10 ans" comme l'a affirmé ce matin Michel Sapin.

Il y a urgence à ce que François Hollande et son équipe de campagne (qui décide unilatéralement qui sont les animateurs départementaux de sa campagne sans tenir compte de la réalité du terrain) se rappellent du projet des socialistes que le PS a mis patiemment 3 ans à élaborer. Ou alors nous ne pourrons voir dans les régulières dérives de ces dernières semaines qu'une anticipation des reniements à venir du candidat.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du Parti Socialiste Val-d'Oise aux relations extérieures

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 11:04

Depuis plusieurs semaines, Bernard Guetta, journaliste et chroniqueur pour les questions internationales sur France Inter et à Libération, est amené à commenter régulièrement les évolutions rapides de la crise de l'euro, conséquence de la crise de système qui met à mal les économies occidentales.

On se souvient qu'il avait été sévèrement dénoncé lors de la campagne référendaire de 2005 pour une présentation que les partisans du NON au projet de TCE jugée excessivement partiale. Mais depuis plusieurs semaines, Bernard Guetta, européen et fédéraliste convaincu, a prononcé des chroniques courageuses et lucides, mettant en exergue la crise démocratique en cours qui ne risque pas seulement d'emporter la zone euro mais également toute la construction européenne.

Ainsi le jeudi 10 novembre 2011, dans sa chronique intitulée "La vraie menace pesant sur l'Union" : "On va vers un noyau dur fédéral mais le problème est que, parti comme c’est, ce fédéralisme à quelques uns ne sera pas politique mais uniquement économique. Ce n’est pas pour rien qu’on ne parle pas de «gouvernement économique» mais de «gouvernance commune» car elle n’aura de fédérale que le nom, totalement usurpé en l’occurrence. Le fédéralisme, c’est un exécutif et un législatif communs, une démocratie commune et non pas du tout des décisions et règles concoctées entre gouvernements nationaux à l’issue de compromis obscurs et qui s’imposeront aux peuples concernés sans qu’ils aient eu leur mot à dire. Non seulement ce vers quoi on se dirige n’est pas le fédéralisme mais ce n’est plus la démocratie. C’est un on ne sait quoi, inacceptable et dont l’inéluctable rejet menacera l’Europe autrement plus que ses dettes publiques."

De même, le jeudi 25 novembre "La cohérence allemande et le silence de la France" : "Ce que veut l’Allemagne, c’est qu’une modification des traités européens empêche à l’avenir un pays de la zone euro de trop s’endetter à l’abri de la monnaie unique et, lorsque cela aura été fait, alors, là, oui, peut-être, sans doute puisque cela se fait déjà et qu’il n’y a pas d’autre solution, les Allemands accepteront-ils que la Banque centrale déroge à ces règles, exceptionnellement, pour la première et la dernière fois, afin de résoudre la crise actuelle.

Le projet allemand est de faire de la rigueur budgétaire la religion de l’Union européenne et, dans le même temps, de lui faire faire un bond vers le fédéralisme économique et politique car cette crise est venue démontrer – c’est son bon côté – que l’Europe ne pouvait pas avoir une monnaie unique et 27 politiques économiques, fiscales, sociales et industrielles divergentes. [...]

Pour être cohérente et claire, la position de l’Allemagne est loin d’être indiscutable mais le fait est aussi qu’on n’en entend pas d’autres. Que pense, sur le fond, Nicolas Sarkozy ? On l’ignore. Il négocie, se dépense, s’escrime mais à quoi ? On ne le sait pas. On ne connaît pas sa vision d’avenir pour l’Europe, pas plus qu’on n’entend la gauche française, les autre gauches européennes, les autres gouvernements et le Parlement de l’Union en proposer une. Ce drame se joue dans un silence assourdissant que seule rompt la cohérence allemande."

Encore le 29 novembre, "Triste compromis pour l'Europe" : "La démocratie paraît partie pour régresser en Europe alors même que Nicolas Sarkozy aurait pu n’accepter le renforcement du Pacte exigé par Angela Merkel qu’en échange d’une progression de la démocratie européenne. Dès lors que nous déciderons ensemble de nos politiques économiques, aurait-il pu dire, il faut doter l’Union d’un exécutif procédant du suffrage universel paneuropéen, d’une démocratie parlementaire. C’eut été la logique. Il aurait pu l’obtenir de Berlin car le congrès de la démocratie-chrétienne allemande, de la droite au pouvoir, vient de se prononcer en ce sens mais il s’en est gardé par crainte de perdre ceux des électeurs de droite pour lesquels le fédéralisme est un chiffon rouge. C’est, peut-être, la sortie de crise mais il n’y a pas de quoi danser de joie."

Et le 2 décembre "Le double danger du compris Merkozy" : "En un mot comme en cent, le deal à venir est scellé : ce sera, comme prévu, l’Europe de la rigueur contre une intervention, conjoncturelle et non pas institutionnalisée, de la BCE en faveur des États en difficultés.

C’est une solution. Elle rassurera tous ceux qu’inquiétait la possibilité d’une évolution fédérale. Elle peut apaiser les marchés et contribuer, ainsi, à une sortie de crise. Elle contribuera également à conforter le candidat Sarkozy qui pourra faire valoir aux Français qu’ils ébranleraient cette construction en ne le reconduisant pas mais l’Europe – c’est le double danger de ce compromis franco-allemand – sera toujours plus identifiée à la rigueur budgétaire et sociale et toujours moins démocratique car ses politiques communes ne seront pas le fruit d’un choix des électeurs européens mais d’obscures tractations entre gouvernements qui pourront tous continuer à dire : «Ce n’est pas moi, c’est l’Europe». C’est une solution mais ce n’est pas forcément la meilleure."

Enfin le mardi 6 décembre, il pouvait décrire le manque de courage et d'alternative réelle "La gauche, la droite et l'Europe" : "L’une de gauche, l’autre de droite, les Français sont maintenant saisis de deux propositions pour l’Europe. Celle que le président de la République et la chancelière allemande ont détaillée hier avant de la soumettre, jeudi, aux autres dirigeants européens se résume au seul mot de rigueur. [...] Concession allemande aux objections françaises, ce n’est pas la Cour de Justice européenne, le pouvoir judiciaire, qui imposerait ces sanctions mais il faudrait, pour s’y opposer, une majorité qualifiée des 17 pays de l’euro. Cela suffit à assurer qu’elles seront prises et, parallèlement, les 17 s’engageraient, par cette même modification des traités, à introduire la «règle d’or» dans leur Constitution et à s’obliger ainsi à un retour progressif à l’équilibre budgétaire sous la surveillance de leurs Cours constitutionnelles. [...]

 

Présentée [...] par François Hollande devant le congrès des sociaux-démocrates allemands, elle est naturellement plus à gauche puisqu’elle prône des investissements communs dans la croissance, une politique industrielle commune, la taxation des transactions financières et l’augmentation des impôts indûment baissés ces dernières décennies. Ce n’est plus seulement la réduction des dépenses mais c’est pourtant aussi la rigueur puisque François Hollande souhaite refaire passer le déficit sous la barre des 3% dès 2013 et revenir à l’équilibre en 2017. Avec des remèdes sensiblement différents, l’objectif essentiel est bien sûr le même – l’assainissement des finances publiques – et ces propositions ont un second point commun.

L’une et l’autre passent à côté de la nécessité d’instaurer une démocratie européenne, de fédéraliser l’Union, dès lors que ses politiques économiques deviendront communes. Elles le font délibérément car la gauche et la droite restent tétanisées par le « non » de 2005 qu’elles attribuent, à tort, à une montée du souverainisme et non pas au refus, légitime, d’une Union ignorant la démocratie."

Bernard Guetta dessinait en creux ce dont a besoin la construction européenne pour dépasser la crise actuelle :

  • modifier les statuts de la BCE pour qu'elle intègre la croissance et l'emploi dans ses objectifs, qu'elles puissent émettre des eurobonds et monétiser les dettes souveraines des Etats membre de l'Union européenne ;
  • donner au parlement européen de nouvelles prérogatives pour qu'il puisse devenir le véritable représentant de la souveraineté populaire européenne, auquel serait soumis un gouvernement européen ;
  • doter l'Union d'un réel budget communautaire voté par le parlement européen, avec des recettes propres et une capacité d'emprunt qui permette d'en faire un levier économique.

Mais voilà, la chronique du 9 décembre (cliquez ici pour écouter) contredit les précédentes. Bernard Guetta craint-il finalement comme nombre de responsables politiques de fragiliser la construction européenne en dénonçant les voies suicidaires qu'elle avait prises ? Toujours est-il qu'alors qu'a été adoptée cette nuit à Bruxelles la logique qu'il dénonçait depuis plusieurs semaines, il salue désormais comme positive la conclusion de cet accord. Voilà un revirement regrettable et inexplicable. A moins que Hess et Val aient rappelé au chroniqueur que leur nomination dépendait de Sarkozy et qu'il ne fallait pas charger la barque, mais je ne veux pas y croire.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du PS du Val-d'Oise

Chronique du 9 décembre 2011 de Bernard Guetta sur France Inter à 8h15 :

Ce n’est pas l’unanimité. L’accord conclu cette nuit à Bruxelles – car accord il y a eu, véritable et important accord – ne liera que les 17 pays de la zone euro et six autres membres de l’Union qui s’y sont joints.
La Hongrie et, surtout, la Grande-Bretagne font bande à part tandis que la Suède et la République tchèque réservent leur réponse. La Grande-Bretagne s’éloigne du cœur de l’Union mais, outre que cela ne nuira pas, et bien au contraire, à la poursuite de la construction européenne, les décisions prises cette nuit à Bruxelles sont maintenant susceptibles d’apaiser la tempête qui ébranlait l’Union depuis la crise grecque.
Fondamentalement, cet accord à 23 repose sur les propositions avancées lundi par la France et l’Allemagne. D’un coté, les pays de la monnaie unique s’engageront, par accord intergouvernemental, à ne plus dépasser le plafonnement de leurs déficits budgétaires et de leur endettement. Sous peine de sanctions quasiment automatiques, les pays de l’euro s’engagent à ne plus laisser se recréer les dérapages financiers qui avaient causé cette crise et, de l’autre côté, la Banque centrale européenne est implicitement autorisée à racheter de la dette des pays les plus affaiblis afin de calmer les marchés. La Banque centrale est implicitement autorisée à intervenir sur les marchés et cet élargissement de son rôle est d’autant plus marqué que c’est maintenant elle qui aura à gérer le fond de solidarité que l’Union avait déjà mis en place.
C’et un véritable accord, d’autant plus important qu’au fil des mois et des alertes, cette tempête avait déjà changé beaucoup de choses en Europe. Dos au mur, l’Union européenne avait commencé par s’asseoir sur ses traités en venant au secours de plusieurs de ses membres alors même qu’elle s’était interdit, à l’origine, toute solidarité financière au sein de la zone euro par crainte que la monnaie unique ne devienne le parapluie à l’abri duquel des Etats creuseraient leurs déficits.
Traités ou pas, des Etats s’étaient tout de même surendettés en profitant de la solidité de l’euro mais, traités ou pas, la solidarité avait tout de même prévalu  et la zone euro, dans l’urgence, l’avait pérennisée avec la création du fonds commun permettant d’épauler un Etat en difficultés et dont la Banque centrale aura désormais la responsabilité. Simple zone monétaire à sa naissance, la zone euro était déjà virtuellement devenue une zone économique en voie d’intégration et avait déjà acté – deuxième changement – la nécessité d’un pilotage commun de ses économies par ses chefs d’Etat et de gouvernements.
Cette gouvernance économique n’avait encore fait que s’esquisser mais sa logique était qu’elle puisse conduire les pays de l’euro à harmoniser leurs fiscalités, travailler ensemble aux conditions d’une relance et définir des projets d’investissements communs et même une politique industrielle commune dont le besoin est criant. C’était une virtualité mais elle devient une probabilité maintenant que l’accord de cette nuit fait émerger, au sein de l’Union, un groupe d’Etats décidés à renforcer leur intégration. Beaucoup plus qu’un plan de sauvetage, ce peut être un nouveau départ pour l’Union.

 

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 08:22

Évidemment, les saillies nationalistes et germanophobes d'Arnaud Montebourg, comparant Angela Merkel à Otho Von Bismarck, et de Jean-Marie Le Guen, comparant les voyages de Sarkozy en Allemagne à celui de Daladier se rendant à Munich, sont d'une bêtise crasse. Sous entendre ainsi que les dirigeants démocratiques d'une Allemagne exemplaire de ce point de vue serait des copies d'ancien dirigeants réactionnaires/militaristes ou nazis est naturellement une insulte qui n'apporte rien au débat politique. Dans le cas de Jean-Marie Le Guen, le ridicule est complet puisqu'en stipendiant les voyages de Nicolas Sarkozy en Allemagne, l'UMP pourra aussi bien lui rétorquer que François Hollande allant aujourd'hui à Berlin pour le congrès du SPD n'est pas en reste.

UnionEuropeenne-copie-2.JPGCependant, tous les voyages ne se valent pas, et sans insulter nos voisins et partenaires allemands, il existe un débat politique à mener avec eux concernant de nombreuses divergences dans l'approche de la construction européenne et dans les solutions politiques nécessaires pour répondre à la crise actuelle. Ce débat, Martine Aubry l'avait annoncé durant la campagne des primaires en rappelant qu'une fois élue Présidente de la République, elle aurait à l'engager sans fard avec Angela Merkel, en attendant que le SPD sous la conduite de Sigmar Gabriel puisse accéder au pouvoir en 2013 à la tête d'une coalition Rouge-Verte.

La crise actuelle est une crise de système ; les réformes libérales, que se sont volontairement imposées les Etats occidentaux durant les 35 dernières années, ont abouti au paroxysme d'une crise financière, économique et sociale, que les partis conservateurs et libéraux ont le toupet d'intituler "crise des dettes souveraines". Les assauts actuels des marchés sur les finances publiques posent crûment désormais la question de la crise démocratique, dont le premier soubresaut avait été le rejet légitime du projet de Traité Constitutionnel Européen par les Français et les Néerlandais, puis le rejet du Traité de Lisbonne par les Irlandais.

Les gouvernements mettent en place des politiques d'austérité - inefficaces au demeurant - sous pression des acteurs des marchés financiers et des agences de notations, alors qu'aucun suffrage civique n'est venu valider une telle option. Les gouvernements sont défaits et sont faits sans retour aux urnes car celui-ci est vécu comme un vecteur d'instabilité par les financiers. Le gouvernement d'union nationale en Grèce et le référendum avorté de Papandréou en sont une nouvelle fois une illustration criante, mais également l'installation du gouvernement technique de Mario Monti en Italie.

Il est évident que la zone euro ne peut pas continuer à être gérée sans un minimum de convergence économique, fiscale et sociale. Les écarts entre les Etats membres ne peuvent qu'être - en période de crise - source de tension et d'éclatement. Chacun des Etats seraient également soumis à une violente dégringolade économique si la monnaie unique venait à disparaître ; et l'Union européenne et la zone euro ont l'avantage de peser suffisamment sur l'économie mondiale pour engager une profonde réorganisation des rapports économiques mondiaux (pour peu que les Européens s'accordent dessus) pour qu'on décide non seulement de sauver la monnaie unique mais également d'en faire des outils politiques efficaces pour les Européens et sur la scène mondiale.

Sarkozy-Barroso-Merkel.jpgOr pour faire face à cet enjeu majeur, nous ne disposons pas aujourd'hui d'acteurs politiques qui prennent la mesure de la situation.

La régression Sarkozy

Alors que l'Union européenne et la zone euro souffrent d'un déficit démocratique majeur, les peuples ne se sentant pas associés à la construction européenne, Nicolas Sarkozy propose de revenir à un fonctionnement inter-gouvernemental, méthode dépassée car les négociations entre gouvernements européens dans un cadre aussi intégré que l'Union européennes ne peuvent prétendre suffisamment à l'onction démocratique nécessaire pour les citoyens européens se sentent engagés par des décisions lourdes de conséquences. Dans nos Etats européens, c'est un fait que l'intégration économique, la monnaie unique et les nombreux transferts de souveraineté ont affaibli les souverainetés nationales. Il n'est plus véritablement possible de revenir sur les transferts de souveraineté déjà engagés sans provoquer un délitement de l'Union et de nos économies respectives. Or si la souveraineté populaire ne trouve pas à s'incarner à l'échelle des décisions européennes, nous agrandirons encore le fossé entre les citoyens et l'Union européenne, et c'est bientôt la construction européenne elle-même qui sera mise en cause. A ce titre, les propositions de Nicolas Sarkozy sont non seulement un recul démocratique, y compris au regard du Traité de Lisbonne, mais également une stratégie suicidaire pour l'Europe.

L'impasse Merkel

Angela Merkel propose une autre impasse pour la construction européenne. Confrontés aux assauts et à la spéculation des marchés, engagés dans des politiques d'austérité inefficaces imposés de l'extérieur, les Etats européens ne sortiront pas de la crise sans un bol d'air financier. Or la Chancelière allemande propose de valider par traité des logiques économiques dangereuses et d'aggraver également le hiatus démocratique européen :

  • Elle exige un approfondissement des politiques d'austérité, alors que celles-ci ont déjà démontré leur incapacité à résoudre les crises. Notons au passage que l'Allemagne - du fait d'une situation économique complexe - s'est très longuement abstenue de respecter les critères de Maastricht qu'elle veut ériger en prison de fer pour les Etats européens ;
  • elle refuse en soi un changement de statut et de stratégie de la Banque Centrale Européenne, par l'émission des Eurobonds et le rachat direct des dettes souveraines, prétextant des questions de doctrines institutionnelles, mais jouant avant tout sur le "traumatisme" historique de l'hyper inflation allemande de 1923 ;
  • elle considère enfin que les Etats qui connaissent des difficultés financières sont laxistes et doivent être soumises à des sanctions juridiques de la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE). C'est une logique institutionnelle purement allemande, de faire primer en toute chose le droit sur la politique quand c'est plutôt l'inverse en France et dans de nombreux autres pays européens (même si nous vivons également et heureusement sous régulation constitutionelle et juridique). Il y a là matière à débat institutionnel entre nous, mais qui n'autorise en rien les insultes et les raccourcis historiques ridicules.

Des solutions existent à gauche

Les acteurs actuels de ce que nous considérons à tort comme un couple ou un moteur franco-allemand doivent donc impérativement être remplacés si nous voulons sortir de l'ornière. Les élections allemandes ne se dérouleront pas avant 2013, mais on peut considérer que le Parti Socialiste français et le SPD allemande avaient entamé sous la direction de Sigmar Gabriel et de Martine Aubry un travail important qui a nourri les propositions alternatives du Parti Socialiste Européen. Les projets de ces différentes organisations politiques peuvent permettre d'envisager des solutions politiques efficaces à l'échelle européenne.

Les Grünnen ont également eu l'occasion d'infléchir une position initiale calquée sur le rigorisme budgétaire de la chancelière allemande sous l'influence d'Europe-Ecologie / Les Verts. Les positions fédéralistes et démocratiques des écologistes européens sont connues ; elles peuvent venir favorablement en appui d'une stratégie sociale-démocrate européenne refondée. En appui seulement, car les écologistes ont tout de même tendance à sous-estimer les logiques nationales.

Les positions de Jean-Luc Mélenchon sont assez floues. Le Parti Communiste Français avait fini par accepter le fait communautaire et commençait à intégrer que les luttes européennes pouvaient avoir des débouchés politiques. Mais l'ancien socialiste a sensiblement glissé d'un combat démocratique commun à une grande partie de la gauche française contre le projet de TCE, à une posture plus "souverainiste" proche de celle de Jean-Pierre Chevènement qui n'est en rien efficace.

Les craintes de François Hollande

FrancoisHollande.jpgLa position de François Hollande, candidat du Parti Socialiste et du Parti Radical de Gauche, doit être scrutée avec attention. Il peut porter l'alternance en France dès mai-juin 2012 et ainsi changer une bonne partie des paramètres du débat européen, notamment dans la relation qu'il inventera au moins pendant un an avec Angela Merkel. Martine Aubry lui avait tracé la voie, il a pris sans doute la mesure du dossier en se déplaçant deux semaines de suite à Bruxelles puis à Berlin ; mais François Hollande est aujourd'hui au milieu du gué si ce n'est ambigu.

Il a évidemment raison de fustiger l'aligement de Sarkozy sur les positions économiques de l'Allemagne. Il a également raison de dénoncer la procédure de sanctions économiques contre les Etats sous l'égide de la CJUE proposée par Merkel, comme son aversion contre-productive pour les Eurobonds. Nicolas Sarkozy courant après Angela Merkel, François Hollande pouvait aisément dénoncer l'impuissance du Président sortant, qui prétend à Toulon que Merkel et lui s'accordent sur l'essentiel et se fait désavouer/ridiculiser le lendemain par la Chancelière sur les eurobonds et la CJUE.

Mais François Hollande ne veut pas de nouveau Traité européen. Et là, il y a incohérence. Car sans nouveau traité européen, toutes les interventions de la Banque Centrale Européenne (BCE) sur les marchés pour soutenir la zone euro sont hors traité et de fait illégales. Sans nouveau traité européen, pas d'Eurobonds. Sans nouveau traité, le parlement européen ne peut acquérir de nouvelle prérogative et devenir le véritable représentant de la souveraineté populaire européenne. Sans nouveau traité pas de réel budget européen voté par le parlement européen, avec des recettes propres et une capacité d'emprunt qui permette d'en faire un levier économique. Sans nouveau traité, pas de réforme des statuts de la BCE et donc pas de prise en compte de la croissance et de l'emploi dans son action...

C'est parfaitement contradictoire avec les aspirations des socialistes français. Mais l'explication est psychologique et le candidat la donne dans son interview au Journal du Dimanche daté du 4 décembre : "J’ai à l’esprit l’expérience du Traité constitutionnel européen : des mois et des mois pour être négocié, puis pour être ratifié et autant pour être repoussé."

François Hollande n'a toujours pas digéré son échec de 2004-2005 sur le projet de TCE ; il est marqué par la défaite du OUI et le désaveu que le peuple de gauche avait alors infligé à la majorité des responsables socialistes. Un nouveau traité réveille donc sa crainte de subir une nouvelle fois cette campagne et cet échec. Mais c'est une erreur car cela impliquerait que les Français (et d'autres) ont repoussé les textes de Bruxelles et de Lisbonne par europhobie ou euroscepticisme : ce n'est pas le cas. Il faut présenter aux Européens une stratégie eurovolontariste sans argumentaire eurobéat. François Hollande doit donc prendre pleinement la mesure de la tâche et dépasser ses propres blocages. La gauche en a besoin pour gagner en 2012, les Français et les Européens attendent des solutions, des vraies !

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 08:08

 

Notre pays connait une situation gravissime. Depuis 2007, l'ensemble de la planète financière a plongé l'économie réelle dans la crise - une crise durable qui met à vif tous les défauts du système, une crise du capitalisme financier dérégulé. Après quelques mouvements d'épaules et déclarations martiales en 2008 sur la fin des paradis fiscaux, sur le contrôle des banques d'affaires et la régulation des marchés financiers, force est de constater que ce sont les politiques et les États – dont tout le monde avait indiqué la renaissance en 2008 – qui se retrouvent le couteau sous la gorge.

Les troubles économiques et financiers ne sont pas totalement abstraits ; ils ont en tout cas des résultats très concrets : allez demander aux Grecs, aux Espagnols, aux Portugais ce qu'ils subissent depuis des mois... allez demander aujourd'hui dans les cortèges londoniens comment se sentent les centaines de milliers de grévistes britanniques face à l'énième attaque du gouvernement conservateur contre les services publics... allez demander aux 30.000 chômeurs français supplémentaires (la courbe vient de repasser au-dessus des 10 % d'actifs n'ayant pas du tout travaillé dans le mois) comment ils vivent la situation... allez même demander aux entreprises et aux collectivités comment elles vont boucler leurs trésoreries quand les banques expliquent qu'elles n'ont plus assez de liquidité pour prêter, y compris à des entités considérées comme financièrement saines...

Les marchés financiers spéculent sur les dettes souveraines, qui ont pour origine trois facteurs essentiels :

  • le choix fait depuis les années 1970 de financer les États sur les marchés et non par les banques centrales ;

  • le choix politique, volontariste, sous l'influence de la "révolution" reagano-thatchérienne, libérale et anti-fiscale, des gouvernements de couper dans les recettes fiscales ;

  • les milliards d'euros engagés en 2008-2009 pour sauver le système bancaire...

Les projets politiques de Sarkozy et Merkel mettent en péril la construction européenne

Aujourd'hui, les États sont dans une seringue aggravant les politiques d'austérité déjà mises en œuvre, sous l'influence des grands groupes financiers, des agences de notation et d'instances internationales dont les vieilles lunes libérales sont l'unique boussole. Il ne s'agit pas ici de dire qu'il faut supprimer les agences de notation - nous en auront toujours besoin - mais de dire que si les pressions sont fortes, il n'est pas encore interdit d'envisager des sorties de crise.

Les attaques contre la zone euro nécessitent une réponse. Les défauts des institutions européennes, tels qu'ils sont aujourd'hui dénoncés (BCE corsetée dans son action - rappellera-t-on assez que toutes les interventions de la BCE sur les marchés en ce moment sont totalement hors traité ? -, illisibilité politique, technocratie, démocratie anémiée), valident a posteriori les arguments des NONistes de 2005. Il est évident qu'un espace économique réuni au sein d'une même monnaie doit être régi par un gouvernement commun qui mène une politique économique, cette politique économique devant être validée par la souveraineté populaire, c'est-à-dire par des élections.

Mais voilà, Angela Merkel – en retrait sur ce point des propres positions de son parti politique, la CDU – a imposé dans le débat une révision des traités qui entérine une aggravation du déni démocratique de la construction européenne : renforcement d'un pacte européen d'austérité pourtant inapplicable et inefficient, sanctions automatiques pour les États "laxistes", et peut-être (ce n'est pas encore sûr) rachat des dettes des États par la BCE... Tout cela sans aucune intervention de la souveraineté populaire et de la démocratie. Nous assistons donc à un transfert de pouvoir d'une souveraineté nationale devenue inefficiente dans la mondialisation vers des institutions européennes toujours plus technocratiques, sans qu'à aucun moment la souveraineté populaire soit rétablie au niveau européen. Ce n'est pas un gouvernement économique qui va être mis en place, c'est une gouvernance technique de la zone euro, mot horrible.

Il paraît peu probable que Nicolas Sarkozy aurait plaidé avec les cadres de la CDU allemande auprès de la Chancelière pour une solution visant à restaurer une part de souveraineté populaire au niveau européen. La droite française vit et cultive pire qu'un déni de réalité, elle développe des mensonges. Le sauvetage de la zone euro par une gouvernance technocratique serait par le petit détour d'une perte de souveraineté nationale une restauration de la souveraineté amputée par nos dettes. La droite française ne veut toujours pas entendre parler d'un véritable fédéralisme démocratique européen. Et face au sentiment de perte de puissance de l’État-Nation, les portes-flingues de Nicolas Sarkozy - Claude Guéant, la droite populaire - développent une rhétorique nationaliste de bas étage. C'est ainsi qu'il faut entendre le discours du ministre de l'intérieur qui annonce qu'il y a "trop d'étrangers en situation régulière" en France.

Nicolas Sarkozy sait que la situation sociale, économique, que les évolutions européennes du moment nourrissent les arguments du Front National et d'une Marine Le Pen dont les niveaux dans les sondages n'ont jamais été aussi élevés à 6 mois de l'élection présidentielle. Le Président sortant veut rameuter pour lui-même au premier tour une partie radicalisée de son électorat et s'assurer pour le second un report de voix qu'il juge aujourd'hui insuffisant (un tiers pour le moment annoncé) en provenance de l'électorat frontiste. D'une certaine manière, Nicolas Sarkozy tente maladroitement copier la stratégie de Mitterrand, c'est-à-dire de rassembler son camp, mais il prend aussi le risque de légitimer le discours de l'extrême droite. Pour l'instant sa remontée dans les sondages – dûe à un rétablissement de sa parole médiatique, de manière mécanique après les primaires socialistes – semble interdire un 21-Avril à l'envers, mais n'oublions pas que le FN est rarement là où on l'attend.

Le rassemblement de la gauche - et lui seul - doit nous guider dans les campagnes de 2012

La situation est donc grave économiquement, elle est grave politiquement. La gauche aurait ainsi de quoi se mettre sous la dent pour enfoncer le clou et démontrer devant les Français l'impérieuse nécessité du changement. Le principal candidat de la Gauche – François Hollande – devrait utiliser son temps à rassembler son camp en s'appuyant sur la dynamique des primaires et un parti remis en ordre de marche par l'action de sa première secrétaire.

Mais le candidat socialiste ne profite pas de ses atouts. Depuis le 16 octobre 2011, d'abord parce que les médias sont « contraints » de rattraper le retard de temps de parole accumulé par la majorité présidentielle, François Hollande court derrière l'agenda médiatique du Président sortant. Ce fut le cas pour son intervention télévisée au journal de France 2, alors qu'il ne devait reprendre la parole que le 20 novembre devant les Jeunes Socialistes, indiquant qu'il voulait donner du sens à la rigueur. C'est le cas pour son rendez-vous à AREVA dans les jours à venir pour répondre aux attaques (par ailleurs fallacieuses) du président de la République sur le nucléaire.

Les difficultés sont surtout importantes dans la manière que son équipe de campagne et lui-même ont de gérer les relations avec les partis de gauche. Je ne reviendrai pas sur l'épisode désastreux de la signature de l'accord de majorité parlementaire et électoral entre le PS et EELV, qui fut « corrigé » après coup à la demande du candidat et de ses proches.

Mais le lundi 28 novembre 2011, François Hollande a fait sur BFM TV plusieurs déclarations qui n'ont pas manqué de provoquer la colère à gauche :

  • François Hollande ne serait « pas le candidat d'un parti » ;

  • François Hollande n'appliquera s'il est élu que les parties qu'ils jugent « essentielles » dans l'accord PS-EELV ;

  • François Hollande a clairement envisagé que François Bayrou, président du MODEM, appartienne à la majorité présidentielle si jamais ce dernier appelait à voter pour lui au 2nd tour.

Ces déclarations appellent donc trois commentaires.

François Hollande devrait comme ancien premier secrétaire du Parti Socialiste et comme concurrent victorieux des primaires citoyennes organisées par le Parti Socialiste être un peu respectueux du PS, dont les militants sont appelés à faire sa campagne, en tant qu'organisation mais aussi respectueux des engagements que prend celui-ci. Le projet du PS contient par ailleurs, avec le travail réalisé en commun dans le PSE, les pistes des solutions alternatives à la politique et aux projets de Merkel et Sarkozy. Plutôt que de mépriser ainsi le PS, son travail et donc ses militants, il conviendrait qu'il s'inspire du travail réalisé pour s'exprimer enfin sur un sujet sur lequel il est attendu.

François Hollande, nonobstant le triste épisode du MOX, a validé l'accord PS-EELV ; il devrait donc considérer également l'accord passé avec les écologistes avec un peu plus de respect sinon c'est sa parole qui sera entachée d'inconstance.

François Hollande sait parfaitement que la participation du MODEM à une majorité de centre-gauche est un casus belli au sein de la gauche française et même du PS. Casus belli dont s'est immédiatement emparé Jean-Luc Mélenchon. Quel intérêt avait-il à faire une telle déclaration, alors que François Bayrou présente des propositions politiques contraires au projet socialiste ? Si M. Bayrou préfère faire battre Nicolas Sarkozy en votant Hollande au 2nd tour, grand bien lui fasse, mais on ne bâtit pas une politique commune, une majorité commune sur le seul rejet d'un président sortant. Ces affirmations du candidat socialiste ne sont pas à la hauteur de l'enjeu.

Aujourd'hui, bien que François Hollande soit encore crédité d'une très forte avance au 2nd tour sur Nicolas Sarkozy, l'écart entre le principal candidat de droite et le principal candidat de gauche a fondu. Mais 47 % des Français déclarent aujourd'hui ne vouloir ni de Sarkozy ni de Hollande comme président de la République, c'est un signal inquiétant. François Hollande et ses équipes doivent se ressaisir ; le projet du PS permet de proposer des solutions pour sortir de la crise économique, de la crise sociale, de la crise démocratique et de la crise européenne ; le projet du PS peut être surtout la base du rassemblement de la gauche, seule garantie de sa victoire en mai et en juin 2012. Il est temps que de hauts dirigeants du Parti Socialiste lui rappelle ces faits incontournables... pour le bien du pays.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du PS Val-d'Oise

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 07:48

Depuis plusieurs semaines, il se prépare un tour de passe-passe dont les conservateurs et les libéraux européens ont le secret, avec souvent la participation active d'une partie des médias (heureusement certains ont tiré les leçons du 29 mai 2005).

Ainsi les dirigeants européens auraient pris la mesure de la situation et décidé qu'il n'était plus suffisant de coller des rustines sur une jambe de bois. Enfin, nos gouvernants auraient choisi d'agir pour sauver 1- la zone euro et 2- la construction européenne.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se seraient accordés sur la modification des Traités pour résoudre les incohérences qui seraient à la base de la crise actuelle de la zone euro. Dans un dialogue à trois avec le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, et en oubliant quelques autres partenaires européens, un certain nombre de propositions seraient intégrées :

  • organiser « une convergence des politiques économiques, budgétaires et fiscales » des pays de la zone euro ;
  • instaurer des sanctions économiques automatiques contre les pays ne respectant pas le Pacte de stabilité ;
  • donner à la Cour de Justice européenne un rôle de garant du respect de ce Pacte ;
  • prévoir une procédure de soutien aux pays en difficulté et prendre acte de la création du Fonds monétaire européen qui aurait les moyens d’une solidarité financière conditionnelle ;
  • établir une procédure de sortie d’un pays de la zone euro...

Barroso et Sarkozy soutiendraient la création à terme d'euro-obligations face aux risques de crise de la dette, ce que refuse encore les Conservateurs allemands, mais en revendiquant en échange pour la Commission un droit d'intrusion renforcé dans les budgets nationaux pour démontrer à Angela Merkel leur sérieux austère.

Il est par ailleurs surprenant à cet effet que ce soit la Chancelière allemande qui donne des leçons de perfection financière et budgétaire, lorsque l'on sait la dette allemande est de loin la plus importante de la zone euro.

Outre que la crise financière actuelle est improprement appelée "crise des dettes souveraines" - car il s'agit en fait d'une crise politique conséquence de près de 40 ans de choix de désaisissement des outils de la puissance publique à quelque échelle que ce soit (notamment en supprimant des recettes) -, ces propositions constituent un véritable hod-up démocratique, un attentat contre la souveraineté populaire européenne, qui risque d'élargir plus encore le fossé entre les citoyens et les institutions européennes qui conduisent (mal) la construction européenne.

Un Traité sur ces bases devra être rejeté par le peuple. Il n'est en rien porteur du fédéralisme et ce que nombre d'entre nous appellent de leur voeux les Etats-Unis d'Europe ou la République Sociale Européenne.

Voilà ce qui doit être mis en oeuvre pour sauver la construction européenne :

  • la nomination de la Commission doit être soumise à une majorité politique définie au sein du Parlement européen, dont les membres doivent être désignés selon le même mode de scrutin dans tous les pays européens ;
  • la Commission doit devenir sur ces bases un véritable gouvernement européen qui travaille à l'harmonisation fiscale et sociale de l'Union européenne et qui favorise la convergence des politiques industrielles européennes pour éviter l'accroissement du fossé entre les situations économiques des Etats européens et de la zone euro ;
  • la Banque centrale européenne doit prendre en compte dans ses statuts la croissance et l'emploi, ses statuts doivent pouvoir être modifiés par le Parlement européen et le Conseil européen (à la majorité qualifiée) ;
  • la Banque centrale européenne doit pouvoir émettre des eurobonds afin de racheter le cas échéant la dette des Etats européens ;
  • l'Union européenne doit pouvoir se doter d'un véritable budget pour financer des grands projets unificateurs, fondé sur la possibilité d'emprunter et surtout sur des recettes venant des Etats mais avant tout indépendantes (notamment la taxe sur les transactions financières). Ce budget fédéral serait voté par le Parlement et incarnerait effectivement concrètement la réalité du projet fédéral européen ;
  • les parlements nationaux seraient seuls maîtres des budgets nationaux, les contraintes des 3% du PIB comme maximum du déficit ne seraient valables qu'en période de croissance économique.

Voilà un programme que devrait porter la gauche européenne. Sans cela, l'Europe ira dans le mur Traité Merkozy ou pas.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du Parti Socialiste du Val-d'Oise

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