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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

30 mai 2022 1 30 /05 /mai /2022 09:40

Les accueils périscolaires et l’encadrement de la restauration scolaire font face aujourd’hui à un mouvement de grève particulièrement massif des animateurs qui assurent ces missions auprès de nos enfants. Cela fait plusieurs mois déjà que le conflit dure entre les animateurs et l’équipe municipale divers droite de Mme Nessrine Menhaouara : depuis l’installation de la « nouvelle » équipe, les grèves sont plus nombreuses et plus suivies qu’auparavant. Plus le temps passe, plus cela s’aggrave… La Maire et son équipe se vante d’avoir rénové le dialogue social, on voit en réalité ce qu’il en est ; il suffit de lire les tracts et les courriers adressés tant par la FSU que par la CGT pour comprendre que Mme Menhaouara et M. Cuvillier n’écoutent personne et ne respectent pas les cadres de consultation des représentants du personnel.

Il est déjà totalement faux d’affirmer, comme l’équipe municipale le fait écrire à la direction de l’éducation (dans un mail adressé samedi après-midi aux parents d’élèves – en copie ci-dessous – avec toutes les adresses des destinataires apparentes, bravo pour la protection des données personnelles), qu’elle ne connaîtrait pas de « revendications claires de la part des grévistes » : depuis des mois, les revendications sont les mêmes, conditions de travail, heures fractionnées, rémunérations… Les animateurs ont choisi d’utiliser un préavis national de la CGT pour pouvoir étayer leur mouvement local, mais il est mensonger de dire que les « revendications sont de portées nationales et hors du champ d’action de la municipalité ».

La Mairie a choisi dans ce conflit la stratégie du pourrissement, espérant que les animateurs abandonnent en premier (n’oublions pas que contrairement à ce qu’affirme une légende urbaine les grévistes ne sont pas payés!) : ainsi quand dans le même mail, la direction de l’éducation écrit que « ce mouvement, déclenché à la veille d’un week-end prolongé allait porter gravement préjudice aux familles », elle oublie volontairement de préciser que les premiers responsables du préjudice causé aux parents d’élèves sont la Maire et son équipe ! Nous savons à quel point ce type de situation est difficile pour les parents d’élèves, nous y sommes confrontés également. Mais ne vous trompez pas de responsables : Mme Menhaouara vous désigne les animateurs comme des « boucs émissaires », des fautifs ; rien n’est plus faux ! Nous vous invitons dès demain et les jours qui suivent à apporter votre soutien et à le leur témoigner aux animateurs : plus ils seront soutenus, plus la mairie sera forcée de les entendre et de discuter ! Nous sortirons peut-être alors enfin de l’impasse dans laquelle Mme Menhaouara, M. Cuvillier et leur équipe nous ont enfermés.

« Boucs émissaires » c’est totalement cela… Dans le mail envoyé samedi après-midi, le premier mensonge est donc de vouloir faire croire qu’il n’y a pas de revendications connues et que la mairie ne pouvait pas prévoir (des responsables syndicaux nous ont par ailleurs indiqué qu’ils n’avaient pas dit à l’équipe municipale qu’ils ne savaient pas que le mouvement serait suivi), mais cela ne s’arrête pas là. L’équipe municipale fait ainsi écrire à la direction de l’éducation que la façon de se mettre en grève aurait empêché une information dans les délais : c’est faux ! Et ce mensonge frise l’absurde puisque le mail de samedi après-midi indique lui-même que les tableaux de perturbations ont été diffusés dès mercredi ; les fédérations et associations de parents d’élèves ont d’ailleurs relayé fortement l’information (copie d’écran ci-dessous) immédiatement pour informer largement les parents d’élèves. Or nous n’avons jamais été prévenus plus tôt de ces perturbations lors des mouvements de grève précédents !

Toute cette communication démontre seulement que, sur ce dossier comme sur d’autres, la municipalité divers droite panique et préfère réécrire l’histoire plutôt que d’assumer ses responsabilités. Elle est responsable du blocage actuel et donc commande en catastrophe à la direction de l’éducation d’envoyer un mail le samedi en fin d’après-midi pour désigner les animateurs grévistes comme coupables : c’est minable !

Enfin, nous dénonçons avec vigueur la décision de la mairie divers droite dont nous sommes informés en fin de mail : « la ville organise en urgence un accueil sur le temps du midi assuré par des fonctionnaires volontaires conscients de la difficulté de cette situation pour les familles, ainsi que par des élus mobilisés ». Pour la première fois, la Mairie décide de mettre en place le « service minimum » inventé sous Nicolas Sarkozy – belle référence pour une équipe qui se prétend de gauche mais démontre ainsi sa nature de droite. Voilà des années que M. Cuvillier (déjà quand il était au PS avant de rejoindre EELV) rêve de le mettre en place ce « service minimum », il l’a avoué clairement devant Mme Catherine Pinard et moi… Non seulement, ce dispositif vise à casser les mouvements de grèves (qui sont utilisés pour défendre les droits des salariés… c’est bien de défendre les grévistes à PPG Bezons, mais pourquoi briser la grève des agents municipaux ?) plutôt que pour résoudre les difficultés des parents, mais il ne permet jamais un accueil correct dans des conditions de sécurité satisfaisantes, avec des personnes aptes à encadrer des enfants qui ne sont pas les leurs… Le « service minimum » est donc non seulement une « fausse bonne idée », c’est aussi une idée dangereuse pour les agents qui y participent et les enfants qui en font les frais ! Que des élus annoncent en plus qu’ils vont participer à ce dispositif est tout simplement effarant et malsain : ils ne sont donc pas de gauche mais en plus ils sont irresponsables !

Frédéric FARAVEL
conseiller communautaire et municipal Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

tableau des perturbations de services dues à la grève envoyé mercredi et courrier électronique adressé aux parents d'élèves samedi 28 à 16h36 (nous avons volontairement masqué les adresses mails des destinataires)tableau des perturbations de services dues à la grève envoyé mercredi et courrier électronique adressé aux parents d'élèves samedi 28 à 16h36 (nous avons volontairement masqué les adresses mails des destinataires)

tableau des perturbations de services dues à la grève envoyé mercredi et courrier électronique adressé aux parents d'élèves samedi 28 à 16h36 (nous avons volontairement masqué les adresses mails des destinataires)

Grève des animateurs périscolaires à Bezons le 30 mai : la Mairie cherche des "boucs émissaires" et réécrit l'histoire
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20 mai 2022 5 20 /05 /mai /2022 16:30

Le premier tour de l'élection présidentielle de 2022 se déroulait le 10 avril dernier. Il a vu arriver en tête Emmanuel Macron, président de la République sortant, et Marine Le Pen, sa challenger d'extrême droite... immédiatement derrière se situait Jean-Luc Mélenchon à 425.000 voix de l'accession au second tour. La gauche (puisque le candidat populiste avait redécouvert la nécessité d'afficher cette couleur dans les dernières semaines de la campagne) était à nouveau écartée du second tour de l'élection présidentielle.

Dès le lendemain du premier tour, j'ai commencé à regarder les résultats en détail ; j'ai pris mon temps creusant les chiffres et croisant les échelles géographiques, pour comprendre les dynamiques qui expliquent le vote du 10 avril 2022. Mes amis politiques m'avaient par ailleurs demandé une analyse approfondie du scrutin... Jean-Luc Mélenchon aurait-il pu atteindre le second tour ? Les autres candidatures à gauche, notamment celle de Fabien Roussel, étaient-elles responsables du fait qu'il trébucha encore si près du but ? Quelles ont été les dynamiques à gauche ? Quels ont été les électeurs de Gauche ?

Ainsi après plusieurs jours de travail et d'examen aride de tableaux excell, de conversations plus intéressantes avec des acteurs politiques de différents points du territoire et avec des personnes ayant participé à l'organisation du scrutin sur le terrain (comme je l'avais fait moi-même), je me suis mis à écrire, corrigeant à plusieurs reprises mon propos quand de nouvelles précisions fusaient des témoignages ou des tableaux de calcul... Le texte ci-dessous a donc été rédigé du jeudi 14 au jeudi 21 avril 2022. Je l'ai alors diffusé à un nombre restreint de personnes, amis et responsables politiques, dont Emmanuel Maurel (député européen), Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice), Anthony Gratacos (conseiller départemental), Isabelle Amaglio-Térisse (co-présidente de LRDG) et les membres du collectif d'action national de la Gauche Républicaine et Socialiste en général, mais aussi Pierre Ouzoulias (sénateur PCF) et sa collaboratrice puis mon ami Rémi Lefebvre, essayiste et politiste à l'université Lille 2, qui m'a fait l'honneur de me citer dans l'entretien qu'il avait accordé à la Midinale de Regards.fr du 22 avril 2022 alors que le note n'était toujours pas publiée (ce qui fait que Pierre Jacquemain rédacteur en chef du magazine m'a demandé de la lui transmettre ce que j'ai fait). Il m'avait cependant été demandé de ne pas publier cette note avant le dépôt des candidatures aux élections législatives, les choses étant particulièrement tendues à gauche (et les piques adressées entre responsables politiques de la même alliance électorale ces derniers jours le démontrent encore) : ce délai de publication a été pour moi - je dois l'avouer - particulièrement frustrant.

Je publie donc aujourd'hui cette note d'analyse électorale détaillée...👇 Elle est longue, forcément ; j'espère qu'elle suscitera la réflexion ; je crains que, comme souvent ces dernières années, elle ne suscite chez certains qu'une rancœur irrationnelle... pourtant je le répète ici, quelle que soit la dureté apparente du propos, elle ne reflète que la dureté des faits ; il s'agit de sortir moins bêtes de l'analyse et de sortir des fausses évidences qui ne sont que de la communication politique visant à masquer nos faiblesses collectives.

Bonne lecture,
Frédéric FARAVEL

Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Progressions, limites et échec des gauches au premier tour de l’élection présidentielle de 2022

Le score de Jean-Luc Mélenchon au soir du dimanche 10 avril 2022 constitue un succès indéniable – bien que terriblement frustrant pour le candidat et ses sympathisants, puisqu’il se retrouve à nouveau exclu du second tour de l’élection présidentielle. Il lui manquait en effet quelques 430 000 voix en avril 2017 pour dépasser Marine Le Pen (l’accès au second tour s’était fait dans un mouchoir de poche, Jean-Luc Mélenchon n’étant que quatrième du scrutin derrière le candidat LR, François Fillon) ; il arrive cette fois-ci troisième, clairement détaché de tous ses poursuivants, avec seulement 421 308 voix d’écart avec la candidate d’extrême droite Marine Le Pen.

Le candidat de la France insoumise – même si le mouvement s’est fondu artificiellement dans un « rassemblement » qui se veut plus large et baptisé « Union populaire » – a fait mentir les différents pronostics : ayant rompu avec tous ses partenaires politiques de manière relativement brutale, ayant vu son image durablement abîmée (en grande partie sous l’effet de la séquence des perquisitions de novembre 2018, dont on continue encore aujourd’hui à interroger les véritables causes), ayant raté les différentes étapes que représentent les élections intermédiaires (européennes, municipales, régionales et départementales), ayant rejeté toutes les aspirations au rassemblement exprimées dans le « peuple de gauche » et, enfin, étant accusé d’avoir fortement altérée son orientation politique sur la question républicaine, le mouvement populiste de gauche ne paraissait pas en mesure au début de la campagne présidentielle de renouveler son « exploit » de 2017. C’était un peu vite oublier que la France insoumise était toute entière à la fois tournée vers l’élection présidentielle et (du fait de son orientation populiste) vers la personne de son leader : les équipes de campagne du candidat insoumis ainsi que les militants encore engagés dans LFI ont été malgré les obstacles en permanence « habités » de la certitude qu’ils allaient gagner, ce qui – n’en doutons pas – les mettaient dans des dispositions plus dynamiques – dans l’adversité – que leurs concurrents qui s’étaient rapidement convaincus que la gauche (du fait de sa division) ne pouvait rien espérer de mieux que de poser des jalons pour l’avenir…

D’une certaine manière, les deux postures étaient justes : la marche pour le second tour était trop haute et on peut comprendre que différents candidats de gauche aient souhaité profiter de l’élection présidentielle pour faire entendre un autre son de cloche ; mais, bien qu’il soit resté longtemps dans les sondages à son étiage de 2012, Jean-Luc Mélenchon a toujours largement distancé ses concurrents à gauche (y compris Yannick Jadot et les écologistes qui ont un temps rêvé de lui ravir la primauté) et dans les deux ou trois dernières semaines de campagne a cristallisé sur sa candidature le « vote utile » d’une part non négligeable d’un électorat de gauche exaspéré de voir arriver la reproduction du duel Macron/Le Pen de 2017. De très nombreux électeurs ont donc utilisé le bulletin Mélenchon pour faire barrage à la répétition de 2017, y compris certains de ceux qui n’appréciaient ni l’orientation ni la personnalité du candidat. Différents sondages de « sortie des urnes » ont été publiés pour mesurer cette importance du « vote utile » ou « efficace » en faveur de l’Insoumis ; les sympathisants du candidat prétendront que l’adhésion au programme motivait 80 % des suffrages, les personnes plus critiques affirmeront que l’utilitarisme en représente 50 %… la vérité est sûrement entre les deux, mais nier la dimension « vote utile » pour Jean-Mélenchon, en 2017 comme en 2022, serait absurde.

Toujours est-il que la force de la dynamique du député de Marseille est bien réelle : il passe de 19,58 % en 2017 à près de 22 %, repoussant de beaucoup son plafond de verre. Mais surtout, dans un contexte où l’abstention a fortement progressé (+4,08 points, sans atteindre le record de 2002), il gagne à l’échelle du pays près de 655 000 voix supplémentaires – plus que Marine Le Pen (+455 337) … mais moins que Jean Lassalle (+666 086). Osons le dire, au regard des obstacles auxquels il faisait face, c’est un tour de force…

Pourtant, il existe des faiblesses dans le résultat de Jean-Luc Mélenchon ; comme François Ruffin l’a exprimé dans son entretien accordé à Libération et publié le 13 avril 2022 « Jusqu’ici, nous ne parvenons pas à muer en espoir la colère des “fâchés pas fachos” ». Rémi Lefebvre, politologue qui avait pris position pour le candidat insoumis dans une tribune collective quelques jours avant le 1er tour, ajoute dans un article publié par AOC le même jour « La dynamique de 2022 ne s’est pas nourrie des abstentionnistes (sauf les jeunes) mais du siphonnage des électorats de gauche rivaux (l’enquête du CEVIPOF et de la Fondation Jean-Jaurès l’a bien montré bien tout au long de la campagne). Jean-Luc Mélenchon parle d’un « pôle populaire » installé grâce à lui dans la vie politique mais la sociologie de ses électeurs reste centrée dans l’électorat de gauche classique, diplômé, urbain, inséré ou déclassé. » Enfin, à bien des égards, le procès fait par l’équipe et les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon aux communistes et à Fabien Roussel d’avoir empêché leur candidat d’accéder au second tour est, si ce n’est infondé, tout du moins spécieux…

Nous allons essayer de montrer dans la partie qui suit un certain nombre de limites du vote Mélenchon (évidemment tous les tableaux de résultats et de comparaisons seront tenus en annexe).

évolution du vote Mélenchon entre 2017 et 2022

évolution du vote Mélenchon entre 2017 et 2022

UNE BASE DE PROGRESSION TERRITORIALEMENT ET SOCIOLOGIQUEMENT ÉTROITE

Jean-Luc Mélenchon a donc gagné entre 2017 et 2022 (malgré une participation en baisse de plus de 2,2 millions d’électeurs) 654 623 suffrages. En 2017, sa progression était générale ; Jean-Luc Mélenchon avait alors retenu une partie importante de l’électorat de gauche classique (la majorité des 33 % d’électeurs de François Hollande qui avaient hésité jusqu’au dernier moment entre le futur « président normal » et lui), mais il avait également drainé malgré une abstention en hausse (+1,7 point) une partie des abstentionnistes, dont des jeunes et un électorat populaire qui aurait pu être tenté par Marine Le Pen.

En 2022, sa progression en voix est extrêmement concentrée territorialement : près de la moitié de la hausse correspond à la banlieue parisienne avec près de 327 000 suffrages, soit 49,92 % de sa progression. L’Île-de-France représente à elle-seule 66,3 % des voix gagnées par le candidat insoumis entre 2017 et 2022 ; symptomatiquement, ses deux plus fortes progressions se font à Paris (+107 266) et en Seine-Saint-Denis (+82 509)…

Les Départements ou anciens départements d’Outre Mer représentent presque un quart des gains en voix de Jean-Luc Mélenchon, dont près de 15 % pour les seules Antilles et la Guyane.

Si on ajoute à ces deux catégories territoriales, les métropoles lyonnaises et marseillaises (départements du Rhône et des Bouches-du-Rhône pour faire vite), on atteint 99,4 % des voix supplémentaires conquises par le député de Marseille, concentrées sur 16 départements et Collectivités d’Outre Mer (en comptant Saint-Martin et Saint-Barthélémy). Pourtant c’est dans son département d’élection que le candidat insoumis progresse tendanciellement moins qu’ailleurs (on ne peut pas dire d’ailleurs qu’il y écrase le match, puisqu’il ne rassemble « que » 23,6 % – +1,5 point – des suffrages exprimés, derrière Marine Le Pen 26,2 %)… car il est également intéressant de regarder les progressions de Jean-Luc Mélenchon relativement au poids réels de l’électorat et des votants dans les ensembles concernés :

  • Paris représente 16,4 % des gains alors qu’elle pèse 2,8 % des inscrits et 3 % des votants ;

  • le reste de l’Île-de-France compte 49,9 % des gains pour 12,3 % des inscrits et 12,6 % des votants ;

  • les Antilles et la Guyane représentent 14,8 % des gains pour 1,5 % des inscrits et 0,9 % des votants (!?!) ;

  • plus largement, l’ensemble des DOM et anciens DOM comptent 23,85 % des gains pour 3,1 % des inscrits et 2 % des votants (différentiel de participation terrible entre l’Hexagone et l’Outre Mer) ;

  • le département du Rhône représente 8,25 % des gains pour 2,4 % des inscrits et 2,6 % des votants ;

  • enfin, le département des Bouches-du-Rhône ne compte que 1 % des gains de son député le plus célèbre pour 2,89 % des inscrits et 2,86 % des votants.

La conclusion est limpide : la progression de Jean-Luc Mélenchon se réalise essentiellement au cœur des Métropoles et des quartiers populaires, avec une percée massive et une sur-représentation en Outre Mer. Voilà la dynamique qui conduit Rémi Lefebvre et François Ruffin, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, à la même analyse :

« Jean-Luc Mélenchon parle d’un « pôle populaire » installé grâce à lui dans la vie politique mais la sociologie de ses électeurs reste centrée dans l’électorat de gauche classique, diplômé, urbain, inséré ou déclassé. La géographie électorale le démontre : les zones de force se situent dans les grandes métropoles. Le député des Bouches-du-Rhône a réuni 31 % des suffrages dans les villes de plus de 100 000 habitants, loin devant le chef de l’État (26 %) et Marine Le Pen (16 %).

Certes Jean-Luc Mélenchon a réussi à mobiliser à nouveau les jeunes (35 % des 18-24 ans contre 25 % pour Emmanuel Macron et 17 % pour Marine Le Pen) et a gagné des parts de marché dans les quartiers populaires (Roubaix, Saint-Denis…), en partie grâce à l’évolution stratégique de son discours sur la laïcité et l’islamophobie, [...]. Son électorat s’est comme embourgeoisé depuis 2017 : 25 % des cadres ont voté Mélenchon [...]. » - Rémi Lefebvre, in AOC 13 avril 2022, La tortue, le trou de souris et Sisyphe : Mélenchon et l’élection présidentielle

« On ne peut pas, par une ruse de l’histoire, laisser triompher la logique de « Terra Nova ». Je ne sais pas si vous vous souvenez ? En 2011, ce think tank proche du Parti socialiste recommandait une stratégie « France de demain », avec « 1. Les diplômés. 2. Les jeunes. 3. Les minorités ». » - François Ruffin, Libération, 13 avril 2022

Si l’on en restait à l’analyse des territoires qui lui ont apporté des suffrages supplémentaires, malgré une abstention en hausse, on pourrait considérer que la déduction manque un peu d’arguments. Mais le poids relatif dans la progression de Jean-Luc Mélenchon de ces différents départements est d’autant plus important que dans 54 départements sur 108 (départements, COM, DOM ou ex-TOM), ou même 109 (si on tient compte des Français établis hors de France), le candidat insoumis perd des voix par rapport à 2017 … et l’analyse de ces pertes nous dit quelque chose de plus du mouvement électoral autour du leader populiste de gauche.

tableau présentant la concentration de la progression électorale de Jean-Luc Mélenchon en 2022 par rapport à 2017

QUE NOUS DIT LA CARTE DES DÉPARTEMENTS OÙ JEAN-LUC MÉLENCHON PERD DES VOIX ?

Dans la moitié des territoires de la Républicaine française – la majorité des départements hexagonaux, Jean-Luc Mélenchon recule… Ce n’est pas qu’il y fasse forcément toujours un mauvais score, mais il y perd des suffrages rapport au 1er tour de l’élection présidentielle en avril 2017. Deux explications logiques – sans examen approfondi – viennent immédiatement en tête : 1- alors que l’abstention a progressé de 4,08 points, il faut bien que dans certains territoires le candidat en question perde aussi quelques électeurs ; 2- en 2012 et 2017, le candidat insoumis était soutenu par le Parti Communiste Français (PCF), alors qu’en 2022 il a décidé de présenter la candidature de son secrétaire national, Fabien Roussel, Mélenchon aurait donc logiquement perdu le vote des plus irréductibles communistes.

L’examen attentif de la carte départementale aboutit à une situation beaucoup plus complexe.

Dans certains départements (ou territoires) où l’abstention progresse plus fortement que la moyenne nationale, le candidat Jean-Luc Mélenchon progresse et parfois fortement : les Bouches-du-Rhône (+5,3 points), la Loire-Atlantique (+6 points), le Maine-et-Loire (+6,2 points), l’Oise (+5 points), Paris (+5,5 points), La Réunion (+5 points), ou les territoires de l’Océan Pacifique (même si la faiblesse des suffrages pour le candidat concerné ne les rend pas particulièrement signifiants).

Dans d’autres départements, comme l’Aube, la participation chute fortement (-6,4 points), mais Jean-Luc Mélenchon reste stable (13 voix en moins, -0,06 points) ou en tout cas ne connaît des pertes de voix relativement limitées ; 14 départementaux hexagonaux appartiennent à ce profil. Dans certains départements, la hausse de l’abstention est supérieure à la moyenne nationale, comme l’Aisne (-5,7 points), et Jean-Luc Mélenchon subit une perte de suffrages beaucoup plus forte (- 15,7%, 7679 voix perdues) : c’est le cas de 11 des 54 départements hexagonaux où Jean-Luc Mélenchon perd des voix. Enfin, dans certains départements, la baisse de participation est inférieure à la moyenne nationale et Jean-Luc Mélenchon y connaît des baisses de suffrages également fortes, comme l’Allier où l’abstention grimpe de 2 points mais où le candidat insoumis perd 7298 voix soit 19 % de ses suffrages de 2017 ; c’est le cas de 12 départements hexagonaux. Enfin, dans certains départements, comme les Alpes-de-Haute-Provence, la hausse de l’abstention est inférieure à la moyenne nationale (-3,65 points) et Jean-Luc Mélenchon y limite la casse (-592 voix, soit 2,6 % des suffrages de 2017) ; au moins 4 départements rentrent dans cette catégorie.

On ne peut donc pas tirer d’enseignements sur la baisse du vote Mélenchon dans certains départements hexagonaux au regard de la baisse de participation.

Ces départements répondent à deux caractéristiques distinctes qui parfois se sur-imposent l’une et l’autre. D’une part, Jean-Luc Mélenchon perd des voix dans l’hexagone dans les territoires qui sont à l’écart des principales métropoles : ce sont les territoires ruraux et péri-rubains déclassés ; d’autre part, Jean-Luc Mélenchon perd des voix dans les anciens bassins ouvriers. Ainsi le candidat insoumise perd moins de 5 % de ses suffrages de 2017 dans les départements suivants : les Alpes-de-Haute-Provence, l’Ariège (où il détient les deux sièges de député), l’Aube, le Calvados, la Charente-Maritime, les Côtes-d’Armor, le Gard, le Jura, le Loir-et-Cher, la Haute-Loire, le Lot, la Lozère, la Marne, la Mayenne, la Meurthe-et-Moselle (où est élue Caroline Fiat), le Nord (où sont élus Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis), le Puy-de-Dôme, les Pyrénées Atlantiques, la Haute-Saône, la Sarthe et la Vendée – il n’y a pas d’unité particulière dans cette liste, certains départements sont très ancrés à droite, mais on y trouve aussi des territoires avec une tradition de gauche ancienne, des bassins ouvriers, ce qui peut rassembler la plupart d’entre eux c’est d’être à l’écart des grandes aires métropolitaines ; il perd entre 5 et 10 % de ses suffrages de 2017 dans les départements suivants : l’Aude, l’Aveyron, la Charente, la Corrèze, la Corse-du-Sud, la Haute-Corse, la Creuse, l’Eure, le Gers, le Lot-et-Garonne, la Manche, l’Orne, les Pyrénées-Orientales, la Saône-et-Loire, les Deux-Sèvres, le Var, la Haute-Vienne – évidemment tous ces départements n’ont forcément pas une tradition de gauche (le Limousin, si), mais ce n’est pas le cadre de référence ici, puisqu’on mesure la perte de voix par rapport à 2017 ; il perd entre 10 % et 15 % de ses suffrages de 2017 dans les départements suivants : les Ardennes, le Cantal, la Dordogne, les Landes, la Haute-Marne, la Nièvre, la Seine-Maritime (où est élu Sébastien Jumel, soutien communiste de Jean-Luc Mélenchon), la Somme (où est élu François Ruffin), les Vosges – plusieurs d’entre eux ont une tradition de gauche avérée, les bassins industriels y marquent encore certains territoires, ils sont tous concernés par une forme d’éloignement (voire d’isolement) des métropoles régionales ; il perd entre 15 et 20 % de ses suffrages de 2017 dans les départements suivants : l’Aisne, l’Allier, le Cher, l’Indre, la Meuse et les Hautes-Pyrénées (même remarque que dans la catégorie précédente) ; enfin, le Pas-de-Calais se détache des autres avec la perte de 34 583 suffrages par rapport à 2017, un recul de 21,7 % – pas besoin de faire la description de ce département, de son histoire ouvrière et politique !

Examinons maintenant l’hypothèse que le vote pour le candidat communiste Fabien Roussel aurait pénalisé Jean-Luc Mélenchon, soutenu en 2017 par le PCF, notamment dans ces territoires… Il faut noter que les cas où le vote Roussel correspond peu ou prou à la perte de suffrages de Jean-Luc Mélenchon sont rares. Il s’agit d’abord et avant tout du Cher (où Roussel fait moins de voix que Mélenchon n’en perd) et des Vosges – dans ces deux départements, on peut considérer que l’électorat Roussel est repris directement sur l’ancien électorat Mélenchon ; on peut ensuite ajouter les départements où le différentiel entre les votes Mélenchon et Roussel fait moins de 25 % du vote Roussel : il s’agit de l’Allier, la Dordogne et de la Seine-Maritime, la Somme – dans ces quatre départements il existe une tradition communiste, qui a pu jouer sur la redistribution de l’électorat entre 2017 et 2022 ; les départements où ce différentiel se situe entre 25 % et 50 % du vote Roussel sont l’Aude, le Cantal, la Charente, le Gers, les Landes, la Manche, la Nièvre, les Pyrénées-Orientales et les Deux-Sèvres – on voit mal dans ces départements lesquels disposent d’une tradition communiste, ceux qui ont une histoire politique de gauche (l’Aude, les Landes, la Nièvre) versaient plutôt du côté le SFIO, de l’UDSR puis du PS… Dans les 33 autres départements où le vote Roussel dépasse largement les pertes de suffrages de Jean-Luc Mélenchon que le rapatriement des électeurs communistes de 2017 à la maison Roussel ne suffit pas à expliquer son résultat. Il a donc fallu que Fabien Roussel aille chercher des électeurs ailleurs que dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon en 2017 (voire en 2012) – vraisemblablement dans l’ancien électorat socialiste, mais pas seulement, et chez les abstentionnistes malgré la baisse de la participation. Dans certains cas « extrêmes », le différentiel dépasse 90 % : l’Aube (3094 suffrages pour Roussel), la Charente-Maritime (10 002) et le Lot (3559) – dans l’Aube et le Lot, Mélenchon ne perd quasiment pas de voix. Il a donc fallu que Fabien Roussel compte sur bien plus qu’un électorat anciennement acquis à Jean-Luc Mélenchon. On peut s’interroger fortement sur le fait que ces « nouveaux roussellistes » se soient déplacés pour Jean-Luc Mélenchon en cas d’absence de candidature Roussel.

Mais il existe une dernière catégorie de département où Jean-Luc Mélenchon perd des voix, et c’est une mauvaise nouvelle pour toute la gauche ! Dans 7 départements, Fabien Roussel fait moins de voix que Mélenchon n’en perd. Il s’agit de l’Aisne, des Ardennes, du Cher (cité précédemment), de l’Indre, de la Meuse, du Pas-de-Calais et des Hautes-Pyrénées… La plupart de ces départements appartiennent à ce que certains géographes ont « délicatement » baptisé voici quelques décennies « la diagonale du vide »… Le Pas-de-Calais est l’archétype du département « bastion ouvrier » largement déclassé, qui connaît cependant des reconversions industrielles récentes et également des territoires très ruraux. L’Indre, mais surtout le Cher, l’Aisne et les Ardennes peuvent aussi revendiquer un passé ouvrier et industriel, plus ou moins épars – le Cher dispose aussi d’une implantation communiste ancienne ; quant à l’Aisne et aux Ardennes, elles ont fait partie ces dernières décennies de la chronique, souvent dramatique, des effets de la désindustrialisation massive. On a déjà considéré plus haut que le transfert de l’électorat communiste de Mélenchon vers Roussel était probable pour le Cher, l’écart étant faible entre les pertes de voix du candidat insoumis et le résultat du candidat communiste. Ce n’est pas le cas dans les 6 autres départements concernés : le déficit est de 1694 suffrages dans l’Aisne, 882 dans les Ardennes, 504 dans la Meuse, 1160 dans les Hautes-Pyrénées (entre 25 de 30 % dans ces quatre cas), 282 dans l’Indre (7 %)… l’écart monte à 8431 voix (soit plus de 32%) dans le Pas-de-Calais !

Où sont passés ces électeurs Mélenchon du 1er tour de 2017 puisqu’ils ne sont pas partis chez Fabien Roussel suite à la fin d’alliance avec le PCF ? Nous avons vérifié si ces 7 départements faisaient mentir les résultats nationaux concernant le champ social-écologiste, à savoir celui que couvraient Benoît Hamon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo… L’affaire est vite entendue, ce champ politique perd encore plus de voix entre 2017 et 2022 : 2173 dans l’Aisne, 2047 dans les Ardennes, 1544 voix dans le Cher, 1596 dans l’Indre, 305 dans la Meuse, 1748 dans les Hautes Pyrénées et … 12 170 dans le Pas-de-Calais ! Ces sept départements sont une bérézina pour la gauche, quelle que soit sa sensibilité.

Quelles sont donc les autres possibilités ?

La plus évidente c’est que l’essentiel des pertes de voix de Jean-Luc Mélenchon et de la gauche se retrouve dans l’abstention puisque celle-ci est en hausse dans le pays de 4,08 points. La progression de l’abstention est légèrement plus forte que la moyenne dans l’Aisne, le Cher, l’Indre, la Meuse et le Pas-de-Calais… mais cette progression est légèrement inférieure à la moyenne nationale dans les Ardennes et les Hautes-Pyrénées… donc l’abstention ne peut expliquer à elle seule cette perte de suffrages. On pourra considérer qu’un partie des électeurs social-écologistes de 2017 ont pu voter directement Emmanuel Macron en 2022, mais il est fortement probable qu’ils aient également rejoint en nombre Jean-Luc Mélenchon, ce qui renforce l’interrogation sur la perte de voix du leader insoumis dans ces sept départements.

Le cas des Hautes-Pyrénées est intéressant : Emmanuel Macron y perd un peu plus de 1000 voix, mais Marine Le Pen en gagne près de 4000 et Jean Lassalle plus de 7800… quand Jean-Luc Mélenchon en perd 5699. Le plus probable dans cette configuration c’est qu’une partie de la gauche dont les électeurs de Mélenchon en 2017 participent fortement à la progression du vote Lassalle dans ce département et dans une moindre mesure à celle du vote Le Pen. Les Hautes-Pyrénées permettent d’interroger les dynamiques politiques dans le Sud-Ouest rural : Lassalle gagne près de 20 000 voix dans les Pyrénées-Atlantiques (Le Pen 15 000), près de 6700 dans le Gers (Le Pen 2600) et près de 14 000 dans les Landes (idem pour Le Pen) : dans ces départements, Jean-Luc Mélenchon perd des voix mais Fabien Roussel y fait beaucoup plus que les pertes du premier, or si, comme cela s’est passé dans tout le pays, des électeurs communistes, socialistes et écologistes ont choisi de « voter utile », l’hypothèse pour expliquer ces baisses de suffrages de Mélenchon c’est un transfert vers un vote Lassalle

Examinons les cas de l’Aisne et des Ardennes… la hausse de l’abstention est soit légèrement au-dessus, soit légèrement en-dessous de la moyenne nationale… en nombre de voix, la progression de Marine Le Pen n’est pas mirobolante, respectivement +1572 et +664. Sans même considérer qu’une partie de l’électorat communiste, socialiste et écologiste ait voté Mélenchon dès le premier tour, on peut faire raisonnablement l’hypothèse que le différentiel négatif de voix des électorats Mélenchon et Roussel s’explique donc d’abord par un transfert assez direct vers Marine Le Pen : -1694 et -882…

Enfin il faut explorer le Pas-de-Calais… Dans ce département longtemps emblématique d’une classe ouvrière organisée, objet d’une concurrence (parfois violente) pendant des décennies entre socialistes et communistes, terrain de chasse désormais du Rassemblement National et terre d’élection de Marine Le Pen où Jean-Luc Mélenchon s’était cassé les dents en 2012, la gauche et Jean-Luc Mélenchon essuient une défaite sévère. Jean-Mélenchon perd 34 583 voix par rapport à 2017 ; Fabien Roussel ne récolte que 26 152 suffrages, il y a donc une perte sèche de 8 431 suffrages par rapport à 2017 ; en additionnant les scores de Yannick Jadot et d’Anne Hidalgo, c’est là aussi une perte plus sèche encore de 12 170 suffrages. La gauche accuse donc un retard cumulé de 20 601 voix. La progression de l’abstention est très légèrement supérieure à la progression nationale moyenne. La perte en voix de Jean-Luc Mélenchon représente près de 22 % de son électorat de 2017. Si on prend en compte que, comme partout en France, des électeurs séduits ou attachés initialement à Roussel, Jadot et Hidalgo sont finalement allés voter dès le 1er tour pour Mélenchon et Macron, on ne peut aboutir qu’à une seule conclusion possible : il y a eu un large transfert d’électorat directement de Jean-Luc Mélenchon vers Marine Le Pen qui gagne elle dans le même temps 19 669 suffrages par rapport à 2017.

Ainsi, dans ces départements et dans quelques autres, percevoir les traces ou ressentir la gifle d’un transfert d’électorat de Jean-Luc Mélenchon vers Jean Lassalle et Marine Le Pen devrait interroger toute la gauche et au premier chef les Insoumis, plutôt que de perdre notre temps à déterminer si Fabien Roussel est responsable de l’élimination du député de Marseille au soir du 1er tour, ce qui n’est nullement démontré par les relevés de terrain.

Cette analyse à l’échelle départementale pourrait s’avérer insuffisante ; or nous avons avec François Ruffin et Rémi Lefebvre postulé l’hypothèse selon laquelle la dynamique Mélenchon était essentiellement portée par les Métropoles et leurs zones d’attraction immédiate et que les anciens bassins ouvriers, les zones périurbaines et rurales plus ou moins « déclassées » s’en détachaient : il faut donc vérifier cette hypothèse à l’échelle des circonscriptions.

Comparaison par départements des votes pour Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel le 10 avril 2022 et pour Jean-Luc Mélenchon au 1er tour de l'élection présidentielle en 2017

L’ANALYSE DES RÉSULTATS PAR CIRCONSCRIPTION CONFIRME LE POSTULAT DE DÉPART

Le titre de cette partie « divulgâche » sans doute son contenu, mais nous ne sommes pas là pour faire un récit et rien n’y est de nature à procurer du plaisir. Nous nous emploierons donc seulement à en faire la démonstration. Nous examinerons les circonscriptions en fonction de deux grandes catégories de départements et territoires que nous avons définis dans la seconde partie : celle où il gagne des voix ; celle où il en perd… il y en a autant d’un côté comme de l’autre. Il y a par contre 244 circonscriptions où Mélenchon perd des suffrages contre 322 où il en gagne (hors Français résidant hors de France). L’idée est de vérifier à l’échelle infra-départementale si l’hypothèse de l’interprétation sociologique et territoriale de l’évolution du vote Mélenchon perçue à l’échelle départementale se vérifie. Nous verrons que c’est le cas, parfois jusqu’à la caricature.

Commençons par les départements où Mélenchon progresse (parfois très fortement) de 2017 à 2022.

Premier constat : il n’y a pas une seule circonscription de Région parisienne ou d’Outre Mer où Mélenchon ne progresserait pas… et c’est la même chose pour le Rhône (Métropole lyonnaise).

Les Bouches-du-Rhône sont un premier exemple de résonance à l’échelle infra-départementale de ce que nous avons décrit à l’échelle départementale. Marseille apporte l’essentiel des suffrages qui permettent à Mélenchon de progresser entre 2017 et 2022. Il perd cependant des voix dans les circonscriptions au passé ouvrier – Aubagne/La Ciotat, Gardanne, Marignane/Vitrolles, Istres/Martigues – ou plus conservatrices – St.-Rémy, Berres/Salons… toutes sont d’ailleurs devenues depuis longtemps le terrain de chasse du Rassemblement national. On peut considérer que Fabien Roussel reprend l’électorat communiste dans la circonscription d’Aubagne, analyse qui ne tient pas pour Berres, Marignanne ou St.-Rémy où il agrège un autre électorat… par contre, Communistes et Insoumis (et toute la gauche) doivent s’inquiéter durablement du décrochage des anciens fiefs communistes de Gardanne et Martigues où toute la gauche perd des voix de manière relativement importante.

Si on regarde les départements qui sont parties prenantes d’une dynamique de métropolisation, on retrouve là-aussi une dichotomie marquée dans le territoire. En Haute-Garonne, la circonscription de St.-Gaudens – la plus rurale – est celle où Mélenchon perd des voix. En Gironde, seules les circonscriptions bordelaises font progresser Mélenchon. En Loire-Atlantique, ce sont les circonscriptions nantaises qui jouent ce rôle, il recule ailleurs. Dans l’Hérault, ce sont les circonscriptions directement dans l’orbite de Montpellier où il gagne des voix ; on ne sera pas étonné qu’il puisse régresser à Béziers (où Robert Ménard a même pu mordre sur l’électorat mélenchoniste de 2017), et les informations de terrain sur les bureaux de vote de Sète indique clairement un basculement d’une partie de l’électorat insoumis de 2017 vers l’abstention et Marine Le Pen.

Dans des départements à effet métropolitain plus réduit, c’est la même chose : en Indre-et-Loire, seules les circonscriptions tourangelles le font progresser ; dans la Loire, les circonscriptions rurales et ouvrières de Roanne et Feurs voient Mélenchon reculer ; en Moselle, c’est Metz qui apporte des suffrages supplémentaires à Jean-Luc Mélenchon, il recule sinon dans le rural et les bassins ouvriers de Florange, Hayange, Thionville et Cattenom, dans celui de Bitche/Rohrbach Roussel ne compense pas les pertes et la gauche recule globalement ; dans le Vaucluse, seule Avignon fait progresser Jean-Luc Mélenchon ; dans la Vienne, ce sont les deux circonscriptions pictaviennes ; en Ille-et-Vilaine, Rennes fait l’essentiel des suffrages supplémentaires, Mélenchon recule dans les circonscriptions de Fougères, Cancale/Dol/St.-Malo. En Alsace, Mélenchon régresse dans les circonscriptions rurales. Là encore, rappelons le, la question n’est pas de savoir si ces territoires sont par nature favorables ou défavorables à la gauche.

Dans les départements plus ruraux, comme l’Yonne et la Côte-d’Or, ce sont les grandes villes du territoire qui rapportent des voix supplémentaires (Sens, Auxerre, Dijon), Mélenchon recule ailleurs. Dans le Morbihan, il recule dans les circonscription plus rurales (Baud, Locminé, Pontivy ; Hennebon, Faouët). Dans le Maine-et-Loire, il recule dans les deux circonscriptions rurales de Saumur, mais aussi dans les Mauges autour de Cholet où se maintient encore une culture ouvrière catholique qui avait largement basculé vers l’engagement à gauche au début des années 19701. Dans le Tarn, Albi soutient la dynamique Mélenchon qui recule dans les circonscriptions de Carmaux (et à Carmaux même où il perd 22 voix) et de Castres et Mazamet… Dans le Tarn-et-Garonne, c’est la circonscription de Montauban (et Montauban même, pourtant dirigée par une droite dure depuis 20 ans, +600 voix) qui lui apporte des gains.

Pour finir le tableau, dans deux départements dans l’orbite de la Région parisienne, l’Oise au nord et l’Eure-et-Loir au sud-ouest, Mélenchon recule dans les circonscriptions les plus rurales (Noyon/Compiègne – très travaillée depuis longtemps par le RN – et Châteaudun/Brou) ou qui ont une histoire ouvrière importante (les deux de Beauvais).

Dans cette énumération/déconstruction, un profil se dessine immanquablement à l’échelle infra-départementale : Jean-Luc Mélenchon progresse – parfois très fortement – dans les territoires métropolitains, d’agglomération centrale, recrutant à la fois un public diplômé et très inséré et un public « quartier populaire » ; il recule quasi-systématiquement dans tous les autres : rural, péri-urbain déclassé, bassins ouvriers. Un seul département semble faire mentir cette logique, c’est le Territoire-de-Belfort, où l’empreinte ouvrière reste importante et où malgré un territoire densément peuplé on ne peut pas parler de métropolisation sauf à considérer l’attraction des aires urbaines de Mulhouse dans le Haut-Rhin et Bâle en Suisse (c’est peut-être l’explication).

Après avoir examiné les départements où Mélenchon engrange des suffrages supplémentaires, retrouve-t-on une logique confirmant notre analyse dans les départements où il en perd ?

Dans ces 54 départements, il n’y a que 33 circonscriptions où le candidat insoumis recueille des suffrages supplémentaires. Nous ferons cependant aussi quelques remarques sur des circonscriptions où il recule comme dans le reste du département en fin de sous partie.

Les circonscriptions où Mélenchon gagne des suffrages supplémentaires dans des départements où il en perd sont presque systématiquement celles où on trouve les villes-centres et leurs banlieues ou quartiers populaires : Troyes dans l’Aube, Caen dans le Calvados, Angoulême en Charente, La Rochelle en Charente-Maritime, Nîmes dans le Gard, Blois dans le Loir-et-Cher, Reims dans la Marne, Laval en Mayenne, Nancy et Vandœuvre en Meurthe-et-Moselle (ce qui signifie que Jean-Luc Mélenchon recule, avec toute la gauche d’ailleurs car il n’est pas même compensé par Fabien Roussel, dans la 6e circonscription ouvrière – Pont-à-Mousson – où est élue Caroline Fiat, députée particulièrement mise en avant par le groupe LFI ces derniers mois), la métropole de Lille-Roubaix-Tourcoing dans le département du Nord, Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme (celle où il en gagne le moins est la circonscription la plus rurale des deux), Rouen en Seine-Maritime, Amiens dans la Somme et Toulon et Fréjus dans le Var…

Quelques pas de côté pour des cas particuliers : dans les Côtes-d’Armor, Mélenchon progresse dans les circonscriptions de Dinan et de Tréguier/Perros-Guirec/Lannion, qui ne sont pas les plus urbaines et les plus à gauche du département mais les plus touristiques, il en perd ailleurs là où existait une tradition de gauche (Tregor, St.-Brieuc) ; dans le Jura c’est la circonscription de St.-Claude qui lui octroie quelques 290 supplémentaires ; dans le Lot, c’est celle de Figeac avec 136 voix de plus ; dans les Pyrénées Atlantiques, dont on parlait plus haut, Mélenchon progresse de 243 voix dans la circonscription de Bayonne/Anglet ; et en Vendée, c’est la circonscription côtière des Sables-d’Olonne qui lui offre 51 voix supplémentaires.

Nous avions dit plus haut que nous dirions quelques mots de circonscriptions où Mélenchon recule pour préciser les dynamiques. Dans le Pas-de-Calais, la gauche recule partout massivement donc et le phénomène de transfert de Mélenchon vers le vote Le Pen et l’abstention se vérifie constamment ; une seule circonscription se distingue, c’est la 2e autour d’Arras, préfecture du département, où Fabien Roussel fait 1005 voix de plus que Jean-Luc Mélenchon n’en perd. Dans l’Aisne, même profil, la seule circonscription qui se distingue est la 5e avec Châteauthierry, où là-aussi les voix engrangées par Roussel sont légèrement supérieures à celles perdues par Mélenchon (290) et qui se situe dans l’orbite de la Région parisienne. En Charente, la circonscription où la gauche régresse fortement dans toutes les sensibilités est celle de Confolens (la plus rurale) où est élu le député divers gauche (ex PS) Jérôme Lambert. Dans le Cher, la gauche régresse partout, seule la première circonscription avec la préfecture de Bourges (là où il a existé une implantation communiste ancienne) permet à Fabien Roussel de rassembler plus de suffrages que Jean-Luc Mélenchon n’en perd (618). En Seine-Maritime, la circonscription de Dieppe (la ville est un point d’appui du PCF mais très régulièrement disputée, le reste de la circonscription est assez rurale), où est élu Sébastien Jumel – député communiste qui soutenait Jean-Luc Mélenchon au premier tour – voit toute la gauche reculer et les voix de Roussel ne compensent pas celles perdues par Mélenchon. Enfin, dans la Somme, la 1ère circonscription où est élu de François Ruffin voit Jean-Luc Mélenchon reculer de plus de 700 voix, mais le différentiel par rapport à 2017 reste positif car Fabien Roussel recueille 1592 suffrages – mais Jadot et Hidalgo perdent 1001 voix par rapport à Hamon) ; c’est une circonscription socialement composite avec les quartiers populaires du nord d’Amiens, les territoires périurbains, peuplés par une ancienne classe ouvrière qui a beaucoup perdu ses dernières décennies, et les territoires ruraux autour d’Abbeville…

Un dernier mot sur la Corse… Jean-Luc Mélenchon y perd plusieurs centaines de voix dans chacune des 4 circonscriptions comparé à 2017. Différents commentateurs ont parlé d’opportunisme politique quand la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon ont, sur fond d’affrontements sur l’Île de Beauté, soutenu les revendications des nationalistes corses pour une autonomie de l’île ; il y a plus vraisemblablement à parier que le candidat et son mouvement sont sincèrement convaincus par leur propre discours sur le dépassement de la République unitaire (ce n’est pas forcément plus rassurant). Opportunisme ou conviction, peu importe, cela n’a pas été suivi. Marine Le Pen y explose ses scores alors que son père ne pouvait pas y mettre les pieds. Et Fabien Roussel fait plus que combler les pertes de voix de Mélenchon sur ce territoire sur une ligne qui est à l’opposé de la complaisance avec l’autonomisme.

Ainsi à l’intérieur même des départements où le nombre de voix en faveur de Mélenchon recule (et sauf erreur, il n’existe pas de département où la somme des voix de Yannick Jadot et Anne Hidalgo dépasserait les suffrages obtenus par Benoît Hamon), le phénomène que nous voyions à l’échelle de l’hexagone se reproduit : Les centres-villes, les agglomérations, les petites métropoles, avec leur classes moyennes supérieures et leurs quartiers populaires font progresser le candidat insoumis ; il régresse dans les territoires ruraux, le périurbain déclassé et les anciens bassins ouvriers. À nouveau, à regarder de plus près, on ne voit pas de lien direct entre le vote Roussel et l’incapacité de Jean-Luc Mélenchon à se qualifier pour le second tour… Dans la plupart des cas, le vote Fabien Roussel est allé chercher au-delà des suffrages perdus par le leader populiste, des électeurs qui n’auraient sans doute pas voté pour ce dernier – en tout cas, affirmer une certitude en la matière est relativement présomptueux.

1Lire Les mauvaises gens, Étienne Davodeau, 2005, roman graphique publié aux éditions Delcourt

Analyse des pertes départementales de Jean-Luc Mélenchon en 2022 par circonscription

Analyse des pertes par circonscription de Jean-Luc Mélenchon dans les départements où ils progressent en 2022

La gauche est dans une impasse… Elle paye son incapacité à vouloir travailler un projet alternatif commun pendant 5 ans, alors qu’objectivement le bilan du mandat d’Emmanuel Macron démontre une brutalité rarement vue à l’égard des catégories populaires et a mis en exergue les faillites du néolibéralisme qu’il promeut à l’occasion de la crise sanitaire. Il y avait la place pour une contre-offensive de gauche, d’autant plus nécessaire qu’il n’est jamais inscrit que la colère sociale débouche forcément vers un renforcement de la gauche quand celle-ci est atone ou divisée – on le voit depuis des années, et en 2022 plus encore, l’extrême droite connaît une progression continue.

Ce n’est pas l’objet de cette note que de faire le compte des responsabilités dans l’absence de travail et de rassemblement ; il a été assez dit qu’en 2017 une opportunité historique avait existé pour recomposer la gauche et qu’elle n’avait pas été saisie, bien au contraire. Les querelles de leadership et d’hégémonies concurrentes se sont ensuite succédées les unes aux autres, avec le résultat que l’on connaît. Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ont fait le pari qu’ils imposeraient leur force au reste de la gauche et que dans un « trou de souris », ils réussiraient avec leur stratégie d’« union populaire » à faire mentir les faits et les pronostics : ils y sont presque arrivés.

Mais faute d’une véritable démarche de rassemblement, ils ont échoué à 421 000 voix près… Il ne sert à rien de vouloir faire porter à la candidature de Fabien Roussel la responsabilité de cet échec, d’abord parce que cette affirmation est pour une part indémontrable et que, dans de larges parties du territoire et de la société, le candidat communiste est allé chercher des électeurs qui n’auraient sans doute pas voté pour Jean-Luc Mélenchon, ce que laissent percevoir les éléments chiffrés de cette note. L’aspiration au « vote utile » ou au « vote efficace » a été si forte dans les trois dernières semaines de cette « drôle de campagne » que nous connaissons tous nombre d’électeurs de Fabien Roussel, Yannick Jadot ou Anne Hidalgo, voire des militants qui ont fait campagne pour ces derniers, qui ont finalement glissé un bulletin Jean-Luc Mélenchon dans l’urne le 10 avril. Les Insoumis – au regard de la hausse de l’abstention – pas plus que les autres candidats n’ont réussi à convaincre suffisamment d’abstentionnistes de quitter leur Aventin pour renverser la tendance ; avec une baisse de 4 points de participation, dans les grandes masses c’est l’inverse qui s’est passé : des électeurs de gauche du 1er tour de 2017 se sont parfois abstenus 2022. Il serait plus intéressant de comprendre les raisons pour laquelle dans certains territoires la gauche recule alors qu’elle gagne nationalement plus de 1,4 millions d’électeurs par rapport à 2017 ; de comprendre pourquoi certains électeurs de Jean-Luc Mélenchon ont rejoint cette année Marine Le Pen ou Jean Lassalle…

Avec 21,95 % et 7 712 520, le député de Marseille – dont c’était a priori le dernier combat présidentiel – semble cependant avoir atteint un nouveau plafond de verre. C’est peut-être dû à sa personnalité et un nouveau candidat issu de son camp pourrait le briser… mais il existe quelques doutes raisonnables sur le fait qu’une personnalité moins connue que lui arrive dans 5 ans à faire mieux. Il y a une interrogation sur la stratégie mise en œuvre. Et cette stratégie « populiste de gauche » interroge aussi sur la cohésion de l’électorat récolté le 10 avril 2022. Rémi Lefebvre le 13 avril dernier insistait le manque de cohérence de cet électorat : « l’électorat de l’Union populaire est celui où le vote « de conviction » (50 %) est le plus faible dans les enquêtes à la sortie des urnes. La dynamique de 2022 ne s’est pas nourrie des abstentionnistes (sauf les jeunes) mais du siphonnage des électorats de gauche rivaux […]. Jean-Luc Mélenchon parle d’un « pôle populaire » installé grâce à lui dans la vie politique mais la sociologie de ses électeurs reste centrée dans l’électorat de gauche classique, diplômé, urbain, inséré ou déclassé. » Dans son dernier essai, Faut-il désespérer de la gauche ? (2022), il rappelle que les responsables insoumis se sont mépris sur la nature de leur électorat plus classiquement de gauche qu’il n’y paraissait… Cet électorat de gauche classique attaché à la redistribution et moralement à la « solidarité » mais devenu aussi méfiant à l’égard des catégories populaires (qu’elles soient des « quartiers populaires » ou de la « classe ouvrière ») se retrouve aujourd’hui empilé avec une forme de révolte des Outre Mer devant le mépris du gouvernement central, dont il ne comprend rien, et avec les jeunes et adultes des quartiers populaires pour qui la redistribution n’est plus une évidence après que la gauche a failli à plusieurs reprises à leurs yeux et qui a cru souvent au mirage de l’auto-entreprenariat, ce sont des « déçus de Macron » qui sont par ailleurs mus par un ressentiment légitime contre les discriminations qu’ils vivent immédiatement au quotidien. Cet électorat composite semble se distinguer de plus en plus d’une autre partie du pays avec des classes populaires qui se sentent exclues du système. François Ruffin le dit assez bien dans Libération en parlant de ces départements que nous avons décrits où Mélenchon perd du terrain : « C’est là qu’on perd. Au-delà même de la gauche, ça pose une question sur l’unité du pays, ces fractures politico-géographiques : comment on vit ensemble ? Comment on fait nation, sans se déchirer ? »

Le recul de Jean-Luc Mélenchon dans ces territoires, et donc in fine l’absence de la gauche au second tour de l’élection présidentielle, découle ainsi sans doute de sa stratégie « populiste de gauche » et de son pari de prendre en charge une partie de la radicalité et non toute la radicalité qui s’exprime dans le pays. Il fallait incarner une fonction tribunitienne également pour transformer la colère des « fâchés pas fachos », mais les approximations et ambiguïtés de 2021 n’y ont sans doute pas contribué. Ainsi par une « ruse de l’histoire », la « logique Terra Nova » triomphe en faveur du vote Mélenchon quand elle avait été pensée pour trouver un électorat de rechange à une gauche déjà sociale-libérale et déjà abandonnée par les classes populaires qui voulait solder les comptes.

Le quinquennat qui va s’ouvrir devra, s’il n’est pas trop tard, permettre de faire le tri dans l’échec d’une hégémonie culturelle du « populisme de gauche » mais qui vient de donner les moyens au mouvement qui la portait d’écraser (au sens propre du terme) politiquement tous ses partenaires/concurrents. Elle devra aussi régler la manière dont une force de transformation sociale qui veut conquérir et exercer le pouvoir pourra à la fois prendre en charge toutes les radicalités sociales qui s’expriment, créer du commun en réduisant les fractures territoriales et apaiser la communauté nationale.

Frédéric Faravel,
21 avril 2022

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9 mai 2022 1 09 /05 /mai /2022 08:40

J'ai rédigé hier pour la Gauche Républicaine et Socialiste l'article publié ci-dessous sur l'événement historique que représente la victoire électorale du Sinn Féin en Irlande du Nord lors du scrutin pour le renouvellement du parlement provincial qui s'est tenu le jeudi 5 mai 2022. C'est Michelle O'Neill, cheffe du parti républicaine dans la province, qui devrait donc logiquement être appelée au poste de première ministre dans les semaines qui viennent. Je tiens à adresser chaleureusement mes plus sincères félicitations à Michelle O'Neill, à la président du Sinn Féin, Mary-Lou Mc Donald, à Declan Kerney (le secrétaire général du parti que j'avais rencontré et avec qui j'avais discuté en 2015 place du Colonel-Fabien) et à tous nos camarades républicains irlandais pour cette victoire qui je l'espère marquera une nouvelle étape dans l'apaisement civil et politique du nord de l'île et vers la réunification de l'Irlande.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes et républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Le 5 mai 1981, Bobby Sands, 27 ans, décédait dans les H-Blocks de Long Kesh des suites d’une seconde grève de la faim qui avait duré 66 jours. Le jeune cadre de l’IRA avait été élu membre du Parlement britannique le 9 avril 1981 ; prétextant ne pas vouloir négocier avec des « terroristes » Margareth Thatcher l’avait laissé mourir en prison… Plusieurs autres prisonniers irlandais connurent dans les semaines qui suivirent le même destin. Plus de 100 000 personnes assistèrent aux funérailles de Bobby, les plus importantes funérailles républicaines depuis celles deLe Terence MacSwiney en 1920, poète et auteur dramatique, maire Sinn Féin de Cork et membre du Parlement irlandais, lui-même mort d’une grève de la faim dans les prisons anglaises.

Le jeudi 5 mai 2022, les citoyens d’Irlande du Nord votaient pour renouveler leur parlement provincial : l’enjeu était inscrit depuis plusieurs années et prédit par les enquêtes d’opinion. Il s’agissait de déterminer si pour la première fois de l’histoire de la province britannique le poste de premier ministre allait revenir à un dirigeant non unioniste. Les résultats issus du dépouillement bouclé samedi soir indiquent très nettement que les Unionistes ont perdu l’élection et que Michelle O’Neill, vice présidente de Sinn Féin et cheffe du parti parti républicain dans la province britannique, devrait devenir la prochaine première ministre. 101 ans et deux jours1 exactement après la création de la province autonome d’Irlande du Nord, et d’un régime d’apartheid fait pour les Unionistes et qui devaient leur assurer de toujours conserver le pouvoir, le renversement est total : les citoyens d’Irlande du Nord vont peut-être avoir enfin une « première ministre pour tous et chacun ».

D’aucuns pourraient penser que cette introduction est chargée de pathos, pourtant c’est bien une des dimensions du processus qu’il est nécessaire de maîtriser pour comprendre la portée symbolique de ce scrutin et de ses conséquences.

Le contexte de l’élection

Depuis 2007, le gouvernement provincial d’Irlande du Nord est dirigé conjointement par le Democratic Unionist Party (DUP) – organisation du Révérend ultra-conservateur Ian Paisley (1926-2014) – et le Sinn Féin… Les statuts provinciaux hérités du Good Friday Agreement de 1998 obligent à un cabinet de coalition entre les principaux partis de la région : le Social Democratic and Labour Party (SDLP – nationalistes irlandais modérés) et l’Ulster Unionist Party (UUP – conservateurs unionistes), qui ont dirigé le premier gouvernement après les accords de Paix en 1998, y sont associés tout comme plus récemment l’Alliance Party, parti libéral qui se veut a-confessionnel (et théoriquement indifférent au débat sur la réunification de l’Irlande).

Les difficultés à constituer un tel gouvernement de coalition ont déjà conduit à plusieurs reprises le gouvernement britannique à suspendre les institutions autonomes de la province – notamment de 2002 à 2007 (après des affaires d’espionnage sur fond de déclassements des stocks d’armes des différents groupes paramilitaires de la guerre civile), de 2017 à 2020 (sur fond de conséquences du Brexit et d’affaires de corruptions impliquant directement la cheffe du DUP, Arlene Foster, et son entourage). Pourtant pendant près de 10 ans, les pires « frères ennemis » ont gouverné ensemble ce pays pour assurer sa transition pacifique, l’apprentissage d’une cohabitation entre communautés qui se sont affrontées et son développement économiques : si on avait dit à Tony Blair (dont il faudra reconnaître l’intelligence dans la conclusion de l’accord de paix) en 1998, que le Révérend Paisley, principal instigateur des milices paramilitaires loyalistes, et Martin McGuinness, chef opérationnel de l’IRA pendant la plus partie de la guerre civile, dirigeraient ensemble la province durant plusieurs années sans véritable drame, il nous aurait sans doute ri au nez.

Le passage de relais entre les générations a paradoxalement tendu les relations politiques : Michelle O’Neill a tenu la dragée haute à Arlene Foster, dont le parti (fondé en opposition aux dirigeants traditionnels de la province (UUP) jugés trop mous avec les Irlandais) se raidit de plus en plus dans la perspective de perdre un jour ou l’autre le pouvoir. Le DUP et Arlene Foster sont les principaux responsables du blocage de 2017-2020 : indispensables à la Chambre des Communes à Theresa May, qui ne devait qu’aux unionistes d’avoir une majorité parlementaire, ils ont de fait empêché l’émergence d’un compromis sur l’Irlande du Nord avec l’Union Européenne – le Good Friday Agreement impliquait de ne pas recréer de frontière entre les deux parties de l’Irlande – et retarder la mise en œuvre pratique du Brexit, faisant du mandat de Theresa May un véritable chemin de croix. Cela explique pourquoi le cabinet de la Première ministre britannique a été si conciliant avec le DUP, pourtant accusé de graves faits de corruption, qui lui avait coûté la confiance tous ses partenaires politiques en Irlande – et pas seulement du Sinn Féin comme la presse le répète ad nauseam. Le remplacement forcé de May par Boris Johnson, puis la victoire électorale sans appel des conservateurs en 2019 sous la conduite du nouveau premier ministre britannique, a paradoxalement perdu le DUP et Arlene Foster : l’accord imposé par Dublin et Londres pour restaurer l’autonomie provinciale en janvier 2020 était une forme de désaveu de la patronne du DUP, qui conservait néanmoins sont poste de Premier ministre.

Nous avions traité dans un précédent article les conséquences pratiques du Brexit et du « protocole nord-irlandais » entre l’Union Européenne et le Royaume Uni. Début avril 2021, quelques mois après l'officialisation du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, des émeutes éclatent dans des zones loyalistes à majorité protestante, où les conséquences du « Brexit » ont nourri un sentiment de trahison (sans oublier quelques liens avec le trafic de drogue qui crée une tension logique entre certains chefs paramilitaires loyalistes « économiquement reconvertis » et le « Service de police de l’Irlande du Nord »). En effet, le « protocole nord-irlandais » prévu par l'accord commercial avec l'UE négocié par le Royaume-Uni et l'Union européenne a rétabli des contrôles douaniers au niveau des ports en mer d'Irlande et non dans les terres, entre le marché britannique et le marché intérieur européen dont l'Irlande du Nord reste membre pour éviter le retour d'une frontière terrestre en Irlande. Cette nouvelle frontière douanière mécontente les loyalistes qui se sentent « éloignés » voire « isolés » du reste du Royaume-Uni. Le 28 avril, Arlene Foster, annonça donc sa démission, victime d'une fronde dans son parti liée à sa gestion du Brexit et de ses conséquences sur l’Irlande du Nord comme « nation constitutive britannique ». Elle était en outre critiquée par les durs du DUP pour s'être abstenue, plutôt que d’avoir voté contre, lors du vote d’une motion appelant à interdire les thérapies de conversion pour homosexuels. Arlene Foster n'en demeure pas moins conservatrice sur les sujets de société, étant opposée à l'avortement et au mariage homosexuel, que l'Irlande du Nord venait d'autoriser. Elle a cependant été dépassée par la base du parti, où les fondamentalistes évangélistes sont influents.

Edwin Poots – ultra-conservateur et protestant fondamentaliste – lui succédait à la tête du DUP le 28 mai 2021. Arlene Foster démissionnait formellement du gouvernement le 14 juin 2021, transmettant le flambeau à Paul Givan (DUP) comme premier ministre. Ce dernier démissionnait en février dernier pour marquer son désaccord avec les négociations sur la prorogation du « protocole nord-irlandais ».

On imagine bien que les élections provinciales étaient particulièrement attendues et que l’équilibre issu du précédent scrutin était devenu intenable. Les Irlandais du Nord avaient hâte de retourner aux urnes et il était bien question dans toutes les enquêtes d’opinion de retrouver une stabilité politique en mettant fin au leadership du DUP.

Une victoire sans appel du Sinn Féin

L’Irlande du Nord utilise depuis 20 ans le même mode de scrutin pour les élections provinciales que celui utilisé depuis 1922 en République d’Irlande : le scrutin à vote unique transférable, une forme de scrutin uninominal à un tour, couplé à un classement des préférences de chaque électeurs, qui permet de transférer au second choix les suffrages, une fois que le candidat choisi en premier a été élu ; cela apporte à ce mode de scrutin un effet proportionnel non négligeable pour élire les 90 parlementaires. Cela implique cependant un dépouillement extrêmement long : les Nord-Irlandais ont voté jeudi, le dépouillement s’est étalé dans des bureaux centralisés par circonscription tout au long des journées de vendredi et samedi.

L’autre conséquence plus politique, c’est que la victoire nette de Sinn Féin apparaît amoindrie. Alors que le parti républicain irlandais a nettement progressé en suffrages – 29 % (+1,1 point, +26 000 voix) –, il ne gagne aucun siège supplémentaire par rapport aux 27 qu’ils détenaient déjà, ses candidats ont juste été annoncés élus beaucoup plus rapidement qu’en 2017. Sinn Féin devient bien le premier parti de la province avec près de 8 points et 66 000 voix d’avance sur les suivants, le DUP qui a été forcé de reconnaître rapidement sa défaite – ils passent de 29 % à 21,3 % des voix et de 28 à 25 sièges. L’autre grand vainqueur du scrutin est l’Alliance Party qui bondit de 44 000 voix passant de 9 à 13,5 % et de 8 à 17 sièges.

Les grands perdants du scrutin sont le vieux UUP qui perd deux points et un siège, le SDLP qui perd 3 points et 4 sièges (il est probable que nombres d’électeurs irlandais modérés ce soient portés directement sur les Républicains) et les écologistes qui perdent leurs deux sièges. Une scission plus conservatrice du DUP, la Voix Unioniste Traditionnelle, passe par contre de 2,5 à 7,6 % (gagnés directement sur le DUP) mais ne remporte pas plus que le siège unique dont elle disposait. Aontú, une scission anti-mariage gay et anti-avortement du Sinn Féin, se présentait pour la première fois et ne remporte que 1,48 % des voix et aucun siège.

En toute logique, c’est donc Michelle O’Neill qui devrait devenir première ministre de l’Irlande du Nord qui a toujours été dirigée par un Unioniste. Elle veut être une « Première ministre pour tous et chacun », sous entendant un peu perfidement que ses prédécesseurs (et partenaires) tentaient malgré les coalitions légales de continuer à privilégier les loyalistes plutôt que l’intérêt général. Elle aura pour difficile tâche de trouver un accord de coalition dans un cadre institutionnel contraint, avec le DUP, l’Alliance, l’UUP et le SDLP… Les pro-européens et les plus conciliants avec l’Irlande peuvent cependant compter avec le Sinn Féin sur 52 sièges et donc une domination réelle dans le cabinet (les mêmes forces avec les verts n’en comptaient que 49).

Protocole nord-irlandais et réunification

Les membres de l'assemblée qui sont élus devront voter sur le maintien des parties du protocole qui créent la frontière commerciale intérieure du Royaume-Uni. Ce vote doit avoir lieu avant la fin de 2024. Le vote sera décidé à la majorité simple plutôt que d'exiger le consentement intercommunautaire. C’est une grande nouveauté et cela rend les Unionistes minoritaires par avance, les marginalisant politiquement.

Les partis unionistes s'opposent au protocole tandis que les républicains, les nationalistes et le parti de l'Alliance considèrent qu'il s'agit d'un compromis acceptable pour atténuer certains des impacts du Brexit.

Le protocole d'Irlande du Nord a jeté une ombre sur la campagne électorale suite à la démission du premier ministre Paul Givan en février. La décision du DUP visait à forcer le gouvernement britannique à agir sur les accords commerciaux post-Brexit en exerçant une forme de chantage sur Boris Johnson pour qu’il mette fin à la frontière maritime entre la province et le reste du Royaume-Uni.

Le secrétaire d'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a indiqué que le gouvernement ne présentera pas de législation relative au protocole dans le discours de la reine la semaine prochaine.

Le Sinn Féin se retrouve désormais le premier parti dans les deux Irlandes avec 24,53 % en République et le groupe parlementaire le plus important au Dáil (égalité avec les conservateurs du Fianna Fail) et 29 % en Irlande du Nord. La Présidente du Sinn Féin Mary Lou McDonald a bien l’intention de profiter de la désignation de sa vice présidente comme première ministre d’Irlande du Nord pour négocier un référendum sur la réunification de l’Île dans les deux ans.

En 24 ans, Sinn Féin qui était inexistant politiquement en République est devenu le premier parti et n’a été écarté du pouvoir que par une coalition de circonstance entre les deux partis de droite traditionnels du sud, « frères ennemis » de la politique irlandaise. Les Républicains disposent aujourd’hui d’atouts majeurs pour peser et obtenir enfin une Irlande unie, qui serait somme toute un cadre de vie bien plus simple pour tous les Irlandais, d’autant que la République d’Irlande est sortie – au cours de la même période où Sinn Féin s’y réimplantait progressivement – d’un conservatisme social d’un autre âge en légalisant le divorce, l’avortement et le mariage gay (adopté avec plus de calme qu’en France).

Sinn Féin ne dispose pas seulement de son poids incontournable, mais aussi d’alliés avec le SDLP ou d’interlocuteur compréhensifs comme l’Alliance Party, et pourrait bénéficier de la faiblesse des gouvernements irlandais et britanniques : la coalition au pouvoir à Dublin l’est par défaut avec pour seul viatique d’écarter Sinn Féin du pouvoir ; Boris Johnson et les Tories britanniques sont en mauvaises postures avec le Party Gate et leurs défaites massives aux élections locales qui se déroulaient en Grande Bretagne le même jour que celles pour l’assemblée parlementaire d’Irlande du Nord.

1De fait, la province du Nord a vu reconnu son statut d’autonomie par le gouvernement britannique avant qu’une indépendance relative ne soit accordée au reste de l’Île avec la signature du traité de décembre 1921.

Irlande du Nord : Une première ministre pour tous et pour la réunification ?
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6 mai 2022 5 06 /05 /mai /2022 11:38
J'avais proposé voici plusieurs semaines maintenant à Génération.s Argenteuil que les principaux responsables de gauche ancrés dans la 5e circonscription du Val-d'Oise s'expriment collectivement et publiquement pour demander que les différents protagonistes se mettent autour de la table et discutent de la manière dont nous pouvons construire une candidature gagnante - et pas seulement une candidature tout court. Cette proposition n'a pas connu de suites.
Ce rassemblement apparaît logique autour de la #NUPES et de la candidature proposée pour Argenteuil et Bezons par l'accord national de la nouvelle union populaire écologique et sociale. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, car les suffrages du 1er tour de l'élection présidentielle ne se sont précédemment jamais retrouvés automatiquement au 1er tour de l'élection législative qui suivait : créer les conditions de la victoire ça se construit donc, ça n'est pas une donnée en soi. La Gauche Républicaine & Socialiste Val-d'Oise (section départementale de la Gauche Républicaine & Socialiste) ne présentera pas de candidat(e) dans la circonscription car nous ne voulons pas ici créer de divisions et que le candidat pressenti par la NUPES ne présente aucune contre-indication (ce n'est pas le cas partout, si l'on pense à plusieurs députés macronistes sortants investis par la NUPES comme Cédric Villani, Hubert-Julie Laferrière, ou encore Aurélien Taché dans la 10e circ. du Val-d'Oise, des militantes de droite recyclées sous l'étiquette Génération Ecologie dans le Var ou la 3e circ. du Val-d'Oise, ou encore des candidats racistes comme Taha Bouhafs à Vénissieux dans le Rhône).
Mais je ne peux à ce stade que constater que les responsables de l'Union Populaire et de La France insoumise n'ont pas même daigné répondre à la proposition de discussion qui leur a été adressée voici deux semaines par les partis de la Fédération de la Gauche Républicaine, dont le tort de plusieurs d'entre est d'avoir soutenu la candidature de Fabien Roussel, candidat du PCF, pourtant signataire de l'accord national de la NUPES. je constate aussi que les communistes de Bezons (PCF Bezons Jacky Leser) sont largement tenus à l'écart, cela n'est pas tenable.
Construisons donc et montrons que le sectarisme est moins présent localement que nationalement, mais pour l'instant on n'en voit pas la trace.
 
Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine & Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la Gauche Républicaine & Socialiste
Créer les conditions de la victoire de la gauche dans la 5e circonscription du Val-d'Oise
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21 avril 2022 4 21 /04 /avril /2022 21:00
Ça faisait bien 3h00 à cette heure-ci [je poste vers 22h] qu’un ami qui m’appelle encore aujourd’hui me prévenait il y a 20 ans de l’élimination probable de la gauche par l’extrême droite (je n'étais pas à "l'atelier", le QG de campagne de Jospin, car étant secrétaire de la section socialiste de Méry-sur-Oise - je l'avais montée à une 40ne d'adhérents -, j'avais passé la journée dans les bureaux de vote et à organiser avec mes camarades le scrutin ; je n'ai jamais aimé non plus ces soirées "pince fesses" de l'entre soi politique). J’étais sidéré et en colère, déjà parce que la droite – et Jacques Chirac auquel tout le monde tresse des lauriers et évoque sa conscience du cordon sanitaire contre l’extrême-droite (quelle blague !) – avait joué pour obtenir ce scénario. Il m’a fallu 10 jours pour me résoudre à l’impensable : voter pour « super menteur » et éviter le « vieux facho ».
 
20 ans après, nous devons encore subir un front républicain qui sert toujours à élire un scélérat de droite afin d’éviter un monstre d’extrême-droite. Car Marine Le Pen n’est rien d’autre qu’un monstre.
 
Colère encore, colère à nouveau, car la plupart des responsables de gauche et une grande partie des révolutionnaires de canapé et de l’internet ne cherchent qu’une chose : se refiler le mistigri de la cause de l’élimination, « Roussel is the new Chevènement, Taubira, Hue et Hamon ». On a fait raison des accusations ridicules de 2002, il faudra attendre quelques années pour arrêter de raconter n’importe quoi sur Benoît Hamon et Fabien Roussel ; ils ont dans cette affaire toute ma solidarité. La réalité c’est que les dirigeants du PS, d’EELV et de LFI ont scellé notre sort dès l’automne 2017, s’excommuniant les uns et les autres tout en signant ensemble les mêmes recours au Conseil constitutionnel.
 
Seront-ils moins bêtes et surtout moins sectaires dans les semaines et les mois qui viennent pour nous éviter de revivre la même chose en 2027, s’il n’est pas déjà trop tard ?
 
Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS
La foule apprenant les résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 21 avril 2022 au rez-de-chaussée du QG de campagne de Lionel Jospin

La foule apprenant les résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 21 avril 2022 au rez-de-chaussée du QG de campagne de Lionel Jospin

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11 avril 2022 1 11 /04 /avril /2022 08:26

L'élection présidentielle rend fou... plus le temps passe, plus le régime de la cinquième république produit ses effets délétères sur notre vie politique. Hier soir, le "vote utile" a joué à plein avec une ampleur inédite et je ne vois pas en quoi il produirait des effets positifs ou des perspectives : hier la plupart des électeurs ont voté dès le 1er tour pour "faire barrage", faire barrage à Macron, faire barrage à Le Pen, faire barrage "aux extrêmes". Le vote d'adhésion a été réduit à la portion congrue et je ne pense pas que ce soit une bonne base pour construire l'avenir. Que peut-on attendre d'une dynamique politique qui conduit à voter pour un(e) candidat(e) que parfois on rejette uniquement pour empêcher un autre que l'on juge pire...? N'oublions pas non plus que l'abstention atteint 26%, 2 points de moins que le record de 2002 mais 4 de plus qu'en 2017... chez les jeunes, dans les catégories populaires, l'abstention reste le "choix" principal (42% d'abstention chez les 18-24 ; 46% d'abstention chez les 25-34), malgré ce que j'ai pu voir dans le bureau de vote où j'officiais hier c'est-à-dire l'arrivée (très) importante de jeunes gens et de personnes qui n'avaient jamais voté afin de répondre à la consigne de vote reçue l'avant veille – là encore pour faire barrage. Tout ça pour ça...

Il est difficile d'en dire plus là-dessus car une analyse rationnelle sur le sujet sera difficilement audible pendant de nombreux mois. Et je crains qu'à la moindre parole un peu dissonante, on ne se prenne des cailloux.

Qu'avons-nous immédiatement devant nous ?

La photo qui illustre cette publication date de 2017, il n'y a pas de raison d'en prendre une autre. Le Président candidat Emmanuel Macron a consciencieusement travaillé à la reproduction de ce duel morbide entre extrême centre libéral-autoritaire et extrême droite national-populiste. Le macronisme et le lepénisme sont le stade terminal du cancer institutionnel de la 5e République sur-présidentialisée (et sans doute que le 3e larron y participe aussi). Mais à avoir travaillé pendant 5 ans à cela pour se garantir une forme d'assurance électorale, le prince président a joué avec nos vies et avec notre avenir... il a joué avec notre avenir car la candidate qu'il a non pas "choisie" – car ce sont les électeurs (tout conditionner médiatiquement qu'ils soient) qui ont fait leur choix – est un danger pour le pays et un danger plus spécifiquement pour la vie d'une large partie de nos concitoyens : depuis 2 ans, Marine Le Pen se construit un vernis "républicain", tout le marketing électoral qu'elle a déployé lors de cette campagne visait à masquer son projet d'extrême droite pour la maquiller en "social-démocrate scandinave" (les éléments de langage de ses portes paroles hier soir sur les plateaux TV et radio étaient des sommets de dissonance cognitive), la campagne d'Eric Zemmour a achevé de la banaliser. Ne nous y trompons pas : elle n'a pas changé, c'est toujours l'amie des fascistes et des néo-nazis qui fréquentent les bals de Vienne où elle a l'habitude de danser avec eux. Mais cette année, elle bénéficiera d'abord d'un score record pour elle-même et de plus de 10% de réserve de voix presque automatiques (Zemmour et Dupont-Aignan) sans compter ceux qui n'ont pas voté pour des candidats d'extrême droite au premier tour mais qui soit sont proches idéologiquement de Marine Le Pen (les électeurs qui apprécient Eric Ciotti), soit sont en colère contre Emmanuel Macron, et il y en a beaucoup (et légitimement), et qui seraient tentés du vote du pire pour exprimer leur colère.

Alors je le dis clairement : oui le risque que Marine Le Pen gagne l'élection présidentielle existe plus que jamais, et si cela se produit, Emmanuel Macron, ses gouvernements et les partis qui le soutiennent en seront totalement et exclusivement responsables. Ils ont matraqué le peuple français pendant 5 ans, faisant reculer les libertés publiques (intégration des principales mesures de l'état d'urgence de 2015 dans le droit commun, loi sécurité globale), les droits sociaux (Ordonnances contre le droit du travail, massacre de l'assurance chômage), faisant exploser les inégalités sociales et réprimant violemment la colère qui en découlait (les "gilets jaunes" le remercient), poursuivant enfin la purge néolibérale qui détruit peu à peu nos services publics – est-il besoin de rappeler l'état de désorganisation générale de l'éducation nationale, de l'école maternelle à l'université, ou de délabrement de l'hôpital public qui aurait pu s'effondrer lors de la crise sanitaire s'il n'y avait eu le dévouement et l'engagement des soignants, alors que Macron et Véran continuaient de fermer des lits et des services...
Que propose Emmanuel Macron pour la suite ? La même chose en pire, puisque sa politique ne changera pas et qu'il a annoncé le recul de l'âge de la retraite à 65 ans, ce qui condamne plusieurs milliers de nos concitoyens à mourir au travail ou à une retraite courte et misérable en mauvaise santé avant de mourir rapidement derrière...

Donc oui Emmanuel Macron le 24 avril 2022 peut perdre face à Marine Le Pen car les Français ont quelques raisons de refuser de voter pour lui. Je conclue donc par un message très clair :

SI EMMANUEL MACRON VEUT ÉVITER À LA FRANCE ET AUX FRANÇAIS LA CATASTROPHE QUE SERAIT L'ÉLECTION DE MARINE LE PEN À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE, IL DOIT S'ENGAGER SOLENNELLEMENT À NE PAS METTRE EN ŒUVRE LE PROGRAMME QU'IL A ANNONCÉ... IL DEVRAIT MÊME SE RÉSIGNER À INAUGURER LES CHRYSANTHÈMES AVANT DE LAISSER LA PLACE : LA PAIX CIVILE DANS NOTRE PAYS EST À CE PRIX.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la Gauche Républicaine et Socialiste

[NB : je m'attends à recevoir ici ou là quelques messages d'insultes ou violents... c'est comme ça depuis deux ans... L'élection présidentielle rend fou... et c'est pas comme ça qu'on progresse, on l'a vu pendant 5 ans]

la photo date de 2017 ... ben on a la même qu'en 2022 et le troisième du scrutin et quelques autres ont tout fait pour qu'il en soit ainsi...

la photo date de 2017 ... ben on a la même qu'en 2022 et le troisième du scrutin et quelques autres ont tout fait pour qu'il en soit ainsi...

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8 avril 2022 5 08 /04 /avril /2022 14:34
Dimanche, je voterai pour Fabien Roussel à l'élection présidentielle. C'est un choix longuement réfléchi et je vous invite chaleureusement à faire de même. Je fais ce choix par adhésion à cette candidature et au projet qu'elle porte, j'y reviendrai plus bas...
 
Mais je voudrais dire un mot de l'adjuration - qui monte depuis plusieurs jours - au "vote utile"...
 
Je pourrais dire que cet argument est mortifère en soi et qu'il n'a jamais apporté quoi que ce soit de bon : la dernière fois que je m'y suis fait prendre, c'était il y a 15 ans en 2007, car tout militant socialiste, membre du PS alors, que je fus je dus me faire une incroyable violence pour voter Ségolène Royal. On a vu tout le mal qu'elle avait fait pendant la campagne et ensuite en s'appuyant sur capital de ce #voteutile. J'ai juré ensuite de ne plus jamais m'y laisser prendre et si ensuite, en 2012 et en 2017, j'ai choisi de voter pour Jean-Luc Mélenchon c'est par plus grande proximité politique avec le projet qu'il portait à ce moment-là, et dont il a dévié depuis sur plusieurs sujets. Voir ce même "vote utile" devenir le principal argument des insoumis (qu'ils conspuaient encore voici peu) et de certains électeurs qui paniquent en ayant une mémoire de "poisson rouge" pourraient prêter à rire si la situation n'était pas grave. J'ai répondu hier en fin d'après-midi à mon amie Elsa Faucillon qu'il était malheureusement illusoire (si on met de côté le caractère mortifère en soi du vote utile) depuis plusieurs mois et aujourd'hui plus que jamais de parier sur la présence de #Mélenchon au 2nd tour. Le combat pour la présence de la #gauche au 2nd tour a été perdu depuis au moins 2 ans. Aucune des initiatives prises pour créer les conditions d'un accès de la gauche au second tour de l'élection présidentielle, aucune des initiatives prises pour tenter de rassembler la gauche (ce qui suppose de le faire aussi avec les organisations institutionnelles et pas contre elles - grosse erreur ridicule de La Primaire Populaire), ou du moins le camp du progrès, dont la Gauche Républicaine & Socialiste était avec d'autres partie prenante (elle en avait même initiée quelques unes) n’a été suivie… Elles furent systématiquement rejetées, voire consciencieusement sabotées, par les « grosses » organisations (PS, EELV et LFI). Europe Écologie-Les Verts et La France insoumise, notamment, avaient pour objectif conscient d'arriver à peu près à la situation où nous en sommes aujourd'hui, espérant qu'elle leur profite à elles seules. Pari totalement raté pour EELV, mais pari suicidaire pour l'une et l'autre. Et pour nous, car elles nous ont entraînés dans une chute collective : elles ont cloué notre cercueil clou après clou. Aujourd’hui l’argument du vote utile est avant tout entendu à l’extrême-droite, Mélenchon a bien gagné quelques points mais plus le temps passe, plus Marine Le Pen rassemble largement plus d'intention de vote que le leader de la FI rebaptisée "Union Populaire" ("populaire" mais qui rassemble surtout des cadres bourgeois comme l'essentiel des autres organisations politiques ; plus le temps passe, plus cet argument éloigne Mélenchon du 2nd tour, graal déjà improbable devenu impossible. L’autre effet de cet argument, c’est l’assèchement du reste de la gauche. Quel que soit le bout par lequel on le prend le vote utile aboutit à un gâchis et à une stérilité hégémonique. Il conviendrai au regard des dégâts déjà visibles que nous nous concentrions sur les élections législatives pour éviter la débandade générale et pour éviter que le futur et détestable chef de l'Etat qui sortira des urnes le 24 avril prochain n'ait aucune opposition ... mais là encore, non décidément, EELV et LFI refusent toutes discussions et sont convaincues qu'elles régénèreront seules contre tous la vie politique... et elles entretiennent là-aussi leur stratégie suicidaire, car il ne saurait être question de discuter avec ceux qui n'ont pas fait acte de vassalisation. 😓  Sur ce sujet, un dernier mot : amis insoumis qui hantaient les réseaux sociaux, comprenez bien que ce n'est pas par l'insulte ni par l'admonestation que vous gagnerez les voix qui vous manquent...
REVENONS AU FOND DU SUJET !
La France et les Français font face à des maux terribles : les défis à relever sont immenses. Je pense que nous devons les surpasser avec la mobilisation de la société et avec toute la force de l'Etat Républicain... voilà pourquoi tous les discours d'EELV à LFI, en passant par le PS, qui visent à remettre en cause la puissance de celui-ci me sont profondément étrangers. J'ai organisé le travail pour l'élaboration du programme électorale de la Gauche Républicaine et Socialiste (vous le trouverez ici 👉  https://bit.ly/3jiU30o) : ces propositions sont donc ma boussole comme elles le sont pour tous les militants de mon parti. Nous avions choisi très majoritairement de soutenir la candidature d'Arnaud Montebourg à l'automne dernier car il était le plus proche de nous ; après son retrait, le soutien à Fabien Roussel, candidat du PCF - Parti Communiste Français, a fini au sein de la GRS par s'imposer de lui-même, et notre collectif d'animation national en lien avec nos adhérents l'a voté à 93,5%.
Je ne peux que le constater en travaillant depuis plusieurs semaines à publier les points programmatiques qui nous sont communs sur le site de mon parti et sur les réseaux sociaux :
 
✅ notre priorité absolue qui vise à rendre sa dignité au monde du #travail (https://bit.ly/3xaaDHF)!
 
✅ notre plan convergent pour refonder l'#hôpital public et tout notre système de #santé, saccagé par 15 ans de purges néolibérales (https://bit.ly/3uo0Ufj) !
 
✅ notre stratégie pour redonner un avenir à la #jeunesse française, qui ne se limite pas à étendre aux moins de 25 ans le RSA (https://bit.ly/3JnGFSU) !
 
✅ notre feuille de route pour une #école de l'égalité et de l'émancipation républicaine (https://bit.ly/3ulRQrf) !
 
✅ notre attachement sans faille à une #République laïque et sans discriminations, une République qui se rende concrète (https://bit.ly/3v0MEYN) !
 
✅ une stratégie affirmée de réindustrialisation, de relocalisation et du choix du #madeinFrance, qui n'a pas peur des #nationalisations (https://bit.ly/3xiYtwt / https://bit.ly/3LNFCNU) !
 
✅ le choix de faire entrer la France dans une révolution énergétique qui lui permette de sortir du #pétrole et du carbone en moins de 20 ans, ce qui implique par la planification sobriété, énergies renouvelables et #nucléaire, et d'offrir aux plus modestes des Français la capacité d'y participer (https://bit.ly/35ToW8l) !
 
✅ le retour de la #souverainetépopulaire avec une République parlementaire et l'association démocratique des citoyens, mais aussi un Etat garant de l'intérêt général et réellement présent dans la proximité avec des services publics actifs, car sinon tout le reste ne sont que des mots (https://bit.ly/3uk46IO) !
 
✅ La défense de notre système de #retraites avec le droit à 60 ans pour 37,5 annuités de cotisations (https://bit.ly/3DSLN0k) !
 
✅ une refondation radicale de la construction européenne(https://bit.ly/3DQKdMF), enfin !
 
Mais il y a plus avec Fabien Roussel... il y a cette revendication tonitruante que les Français ont droit au bonheur et que la caste qui nous dirige va devoir en rabattre un peu pour nous le céder ! Le sujet c’est le ton, l’état d’esprit, une forme d’intention générale, de générosité et d’optimisme que donne Fabien Roussel à cette campagne terne et morose parce qu’on crève d'avoir perdu tout cela… et qu’on a crevé de voir un programme de gouvernement se transformer en programme de trahison (ça me fait penser à une saillie du canard enchaîné sur le cabinet Herriot du cartel des gauches : « il a tellement respecté son programme qu’il ne l’a pas même touché ».), qu’on a crevé que cela ait détruit notre crédibilité tout court. Parce que Fabien Roussel a parlé de ce qui fait notre vie de tous les jours, la vie de mes voisins à #Bezons, de la volonté d'offrir à nos enfants de bonnes écoles, d'être en sécurité, de ne pas avoir peur pour le lendemain, de ne pas avoir peur de notre capacité à remplir le frigo (et d'avoir à arbitrer si on remplit le réservoir ou le garde manger), de ne pas avoir peur de se ruiner parce qu'on veut profiter et en faire profiter nos famille d'une alimentation de qualité.
 
Voilà tout ce qui me motive de voter Fabien Roussel : cette expression d'une gauche populaire et sincère, d'une gauche républicaine et sociale...
Une gauche qui veut proposer une alternative et pas seulement des éructations vaines ou des lamentations de veille ou de lendemain de soirée électorales. La gauche est à terre ; on pensait qu'on ne pouvait pas faire pire qu'en 2017, Hidalgo, Jadot, Mélenchon, Taubira nous l'ont fait ... Il faudra tout reconstruire pour lutter et puis pour proposer un avenir nouveau aux Français. Je crois que Fabien Roussel ouvre un chemin, qu'on peut emprunter avec lui.
 
DIMANCHE 10 AVRIL, JE VOTERAI FABIEN ROUSSEL ET JE VOUS ENCOURAGE À FAIRE DE MÊME !
DIMANCHE 10 AVRIL JE VOTE FABIEN ROUSSEL, VOTEZ POUR LES JOURS HEUREUX !
DIMANCHE 10 AVRIL JE VOTE FABIEN ROUSSEL, VOTEZ POUR LES JOURS HEUREUX !
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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 08:44

Le conseil municipal du 30 mars 2022 a encore démontré à quel point la majorité municipale divers droite conduite par Nessrine Menhaouara conduit la Ville de Bezons dans l'impasse. Cette majorité a voté un budget de droite et elle a pour le reste opposé un comportement violent et méprisant... vous pouvez découvrir cela dans les deux vidéos ci-dessous.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

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31 mars 2022 4 31 /03 /mars /2022 10:26

"Taisez vous !"
C'est ce qui pourrait résumer la soirée du conseil municipal d'hier à Bezons, où la Maire s'est livrée à de nombreux propos violents et désobligeants tout azimut.

👉 Agression gratuite contre l'équipe et la direction du Théâtre Paul Eluard - TPE - Bezons, qu'elle a accusées d'avoir "pris en otage" (rien que cela) les membres du conseil d'administration. Les Bezonnais et les Valdoisiens qui fréquentent avec plaisir ce haut lieu culturel apprécieront dont elle traite le travail qui est fait... Autant les prévenir tout de suite : il faudra s'attendre à un effondrement de la politique culturelle dès que la convention avec le TPE pourra être révisée par la municipalité divers droite.

👉 Expression de haine évidente à l'égard de Dominique Lesparre, ancien maire, à qui le "Taisez Vous !" fut directement adressé. L'ancien Maire a sans doute fait de nombreuses erreurs, dont il a peut-être minimisé l'importance auprès de ses collaborateurs et élus de l'ancienne majorité, mais Mme Menhaouara qui prétend avoir été en désaccord dès l'origine avec les fautes qu'il aurait commises et qu'elle dénonce aujourd'hui pour justifier les ratés de sa propre politique est pourtant restée 8 ans l'adjointe de ce Maire qu'elle voue aux gémonies aujourd'hui sans jamais exprimer publiquement de bémol à un quelconque moment. Si le 1/4 de ce qu'elle reproche directement à M. Lesparre était vrai, je ne serais à sa place jamais resté son adjoint. Elle est donc soit complice, soit de "mauvaise foi"... dans tous les cas, l'agression dont a été victime l'ancien Maire marque une absence totale d'humilité, de savoir-vivre et de respect de la part de celle qui prétend que son poste de première magistrate de la commune devrait nous en imposer automatiquement sans que nous puissions avoir quoi que ce soit à dire de la façon indigne dont elle se comporte.

👉 En attendant la Maire et son équipe ont été bien incapables de répondre aux questions que nous lui avons posées sur la diminution de la subvention au CCAS, alors que la situation sociale se dégrade et risque de se dégrader encore pour de nombreux Bezonnais et que l'insuffisant recours au soutien municipal de ses mêmes Bezonnais qui justifie aujourd'hui qu'elle baisse le crédits ne l'interroge pas sur l'action municipale pour toucher le public concerné ; incapable aussi de donner des explications claires sur un plan Vélo dont les budgets varient d'une année sur l'autre à un point astronomique (mais sous le manteau des membres de son équipe nous ont expliqué que tout cela était "très mal présenté"...) ; incapable d'expliquer la baisse des crédits pluriannuels en faveur des véhicules propreté alors que c'est un sujet qui se dégrade terriblement dans la commune ; incapable de justifier sérieusement (sauf pour se moquer de la "journée de la dinde" que plus personne n'appelle ainsi depuis les années 1950) la raison laquelle elle retire plus de jours de congés aux femmes du personnel municipal qu'aux hommes, tout en prétendant mener une action forte pour l'égalité femmes-hommes...

👉 Incapable d'expliquer pourquoi, le 14 décembre, elle nous annonçait et faisait voter avec Mme Beltaïef une augmentation de la redevance payée par les habitants pour la gestion des eaux pluviales par la Communauté d'Agglomération Saint Germain Boucles de Seine et pourquoi, le 24 mars, Pierre Fond, président de l'agglomération, et ses Vice Présidents nous assuraient en conseil d'agglomération (où elle était absente) que c'était faux ...

👉 Attaques ad hominem car lorsqu'elle propose que la représentation de la commune à la Mission Locale Argenteuil-Bezons, en déshérence du fait des propres membres de sa majorité, soit proposée à l'opposition, elle exige dans le même temps de choisir qui dans l'opposition est digne de le faire. La désignation de Christian Hoerner ne nous pose aucun problème - il y fera sans doute un meilleur travail que d'autres - mais à partir du moment où elle ouvre à l'opposition ce n'est pas à elle de décider qui représente l'opposition et de décider que Marjorie Noël, Dominique Lesparre, Arnaud Gibert ou moi-même sont inaptes à le faire, car en réalité elle ne supporte pas que nous arrivions à pointer régulièrement les failles béantes de son action municipale. J'ai pour ma part une haute idée de l'intérêt général, je suis engagé professionnellement et politiquement depuis 25 ans pour le service public et je sais ce qu'est la représentation d'une commune et je crois que les élus qui siègent à la commission développement économique de la Communauté d'Agglomération Saint Germain Boucles de Seine pourront témoigner que j'y défends les intérêts de Bezons et des habitants sans m'émouvoir des bêtises politiques de la maire de notre ville. Mme Menhaouara ne supporte pas la contradiction. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle a porté plainte contre moi pour injures et diffamation, selon la bonne vieille technique du #Lawfare qui vise à effrayer les opposants : je vous donne un scoop, elle perdra son procès !

👉 Illégalité assumée quand elle affirme avec son adjoint M. Rebagliato qu'elle ne rendra pas publique la position des caméras de vidéosurveillance, qui est pourtant une obligation légale.

👉 Irrespect, enfin, envers Mme Florelle Prio à qui elle a coupé le micro car elle n'a pas supporté que son aînée la rappelle à l'ordre sur son comportement indigne envers les élus, avant de littéralement lui hurler dessus sur le parvis de la salle Elsa-Triolet et de finir en hurlant au même endroit que je manipulerais (à moi tout seul hein, attention je suis très fort et j'ai un grand pouvoir hypnotique) la Cgt bezons...

VRAIMENT IL EST TEMPS QUE TOUT CELA CESSE ET QU'ELLE ET SES AMIS POLITIQUES À ARGENTEUIL COMMENCENT À RECEVOIR LA MONNAIE DE LEUR PIÈCE !

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

à Bezons, la démocratie c'est "Ferme ta gueule !"
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22 mars 2022 2 22 /03 /mars /2022 15:08

J'ai rédigé la note ci-dessous pour la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) à propos du programme défendu par la GRS, le PCF et leur candidat Fabien Roussel sur l'hôpital public et le système sanitaire français. Cet enjeu devrait être au cœur de la campagne après deux années de crise sanitaire, qui n'est d'ailleurs pas terminée.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Les Jours Heureux : Vite un plan pour l’hôpital public et la santé des Français !

La crise sanitaire a mis à jour les terribles dégâts des politiques austéritaires et néolibérales imposées au forceps à l’hôpital public sous les quinquennat de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Pire, pendant les deux dernières années, alors que notre système de santé était exsangue et que les soignants se battaient avec des moyens dérisoires contre le COVID, Emmanuel Macron et ses ministres ont continué à supprimer des lits, des services et à contraindre les budgets sanitaires, ne tirant aucune leçon de la catastrophe dans laquelle ils nous avaient plongés. Qui peut croire aujourd’hui le président candidat quand il affirme qu’il donnera désormais les moyens nécessaires, qu’il recrutera massivement, résorbera les déserts médicaux et amplifiera les mesures d’un Ségur de la Santé qui a terriblement déçu tous les soignants ?!?

La GRS choisit de soutenir Fabien Roussel et son programme des Jours Heureux, car nous portons ensemble le même diagnostic depuis de nombreuses années sur les dégâts sur le système de soin causés par les politiques libérales ; nous portons également les mêmes propositions pour les réparer et refonder les politiques de santé publique :

◾️ 100 000 emplois seront créés dans tous les métiers : infirmier·e·s, aides-soignants, auxiliaires de vie, aides à domicile.
Pour aider au maintien en poste des personnels ou faciliter les recrutements nécessaires, les équipes soignantes seront reconstituées, avec des conditions de travail améliorées, le respect de l’éthique professionnelle, une collaboration au sein des services et des instances représentatives dotées d’un pouvoir de décision.

◾️ Les privatisations des hôpitaux publics seront arrêtées, de même que tous les projets en cours de restructuration des établissements de santé. Un moratoire sera établi avec les élus, professionnels et leurs représentants, y compris pour les établissements et structures relevant de la psychiatrie.
◾️ Il sera mis fin au financement à l’activité (T2A), instauré par Roselyne Bachelot sous Sarkozy en 2009 et systématiquement reconduit par Hollande et Macron. Un budget de fonctionnement couvrira l’ensemble des charges et obligations des établissements, sur la base de l’obligation de moyens et non de résultats. Le financement intégral et immédiat de la dette hospitalière sera assuré.
◾️ Les hôpitaux de proximité seront développés et reconstruits, en les inscrivant dans une politique globale d’aménagement du territoire et d’amélioration de l’accès aux soins. Leur rôle sera redéfini à cet effet, afin qu’ils soient des établissements disposant d’un service d’urgence, d’une maternité de niveau 1, de services de médecine et de chirurgie, et qu’ils bénéficient de services de soins de suite ou de structures pour les personnes âgées, s’adossant à un réseau de centres de santé et à la psychiatrie de secteur.
◾️ Chaque bassin de vie devra disposer d’un établissement de santé, à moins de 30 minutes (en conditions réelles) de transport terrestre du domicile des patients.
◾️ Les Agences régionales de santé seront remplacées par des services régionaux démocratiques de l’État, composés de trois collèges (usagers, professionnels de santé et élus locaux) et ayant en charge trois missions : permettre l’expression des besoins de manière diversifiée ; être le lieu de réponse à ces besoins ; exercer un contrôle démocratique des réponses apportées aux besoins exprimés.
◾️ Les franchises médicales et les participations forfaitaires seront supprimées.
◾️ Les dépassements d’honoraires devront disparaître et le retour à un secteur conventionnel unique sera négocié. Le tiers payant sera généralisé afin qu’il devienne effectif.
◾️ La puissance publique agira contre les déserts médicaux : dans les zones denses, un médecin ne devra s’installer que si un autre part à la retraite (conventionnement sélectif à l’installation). La GRS propose également d’augmenter la Dotation globale de fonctionnement et d’équipement des collectivités locales, au cœur des « déserts médicaux », pour les encourager à embaucher des jeunes médecins ou à prendre en charge une partie du coût des études des étudiants en médecine, avec obligation d’installation pour 5 à 10 ans dans ces collectivités.
◾️ Les centres de santé seront massivement développés.
◾️ Nous mettrons fin réellement au numerus clausus : Les quotas officiels ou officieux pour les formations initiales, médicales comme paramédicales, seront supprimés, des moyens supplémentaires étant donnés aux universités, avec des pré-recrutements ouvrant un pré-salaire aux jeunes pendant leur formation. 12 000 places d’étudiants en médecine seront ouvertes par an (au lieu des 8 000 actuelles).
◾️ Nous proposons également que soient élaborés des contrats de rattrapage des professions médicales et paramédicales dans chaque région et de mettre en place un grand plan de soins palliatifs. Les efforts de rattrapage sanitaire devront être particulièrement intenses dans les Outre Mer ;
◾️ Enfin, il sera mis fin à la mainmise du patronat sur la médecine du travail, et des services de prévention au travail…

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