Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Par Maguy Day - Mediapart.fr
Elie Domota, vous êtes le leader du collectif syndical «contre l'exploitation outrancière LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon)». Où en sont les négociations pour trouver une issue à la crise sociale en Guadeloupe?
Elles sont au point mort. Nous avions un quasi-accord le dimanche 8 février, un texte écrit issu des négociations avec le gouvernement et son secrétaire d'Etat Yves Jégo, le patronat et le collectif LKP. Ce texte a même été lu publiquement en présence du préfet de Guadeloupe. L’Etat avait donné son accord garantissant le versement d’un revenu de solidarité active (RSA) pour les temps partiels, une augmentation de 200 euros pour les salaires inférieurs à 2.100 euros, et une augmentation de minimum 3% négociée avec le patronat pour les salaires entre 2.100 et 2.700 euros. En échange ce dernier voyait ses charges fiscales diminuer jusqu’à 1,6%. Puis le ministre Yves Jégo a quitté précipitamment l’île et depuis plus rien.
Que pensez-vous de déclarations d'Yves Jégo: «Je n'ai jamais fait de promesses sur les salaires et je défie quiconque de trouver un écrit ou un enregistrement qui prouverait le contraire»?
C’est faux. Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo ment effrontément. Nous avons un document écrit (disponible ici) sur lequel s’est appuyé Nicolas Desforges, préfet de la région Guadeloupe. Il l’a lu devant des millions de télespectateurs sur RFO.
Et que penser des propos du secrétaire d'Etat à l'industrie, Luc Chatel, qui a rendu hommage au «gros travail» accompli par son collègue de l'Outre-mer, rappelant qu'il avait permis un accord sur une plate-forme de 131 mesures?
Là encore, ce n’est pas vrai. Il n’y a pas d’accord sur le prix du carburant, pas d’accord sur l’eau, pas d’accord sur le pain et pas d’accord sur les biens de première nécessité. Rien n’est acquis et nos revendications restent inchangées.
Que vous inspirent les mesures validées mardi 10 février par le premier ministre François Fillon pour les Antilles, la Réunion et la Guyane concernant l’anticipation à 2009 au lieu de 2010 du versement du Revenu de solidarité active, l’aide au logement ou à la restauration scolaire?
Nous n’avons rien gagné. Ce ne sont que des discriminations qui ont été supprimées. Même Yves Jégo a admis que le rapport d’expert sur la filière pétrolière en cours d’élaboration, et dont le gouvernement a obtenu certains éléments, fournit les preuves de l’escroquerie dont les Guadeloupéens sont victimes. Aujourd’hui nous payons 1,07 euro le litre d’essence, mais après l’avoir payé 1,60 euro pendant des années, nous considérons que ce n’est rien de moins que le remboursement de ce que l’on nous a volé.
Yves Jégo a de nouveau rejoint Paris, vendredi 13 février, semble-t-il pour ne pas revenir. Etes-vous en contact avec les deux médiateurs du gouvernement qui étaient aujourd’hui en Guadeloupe?
Il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Nous leur avons dit que nous avions déjà négocié avec le secrétaire d'Etat et le patronat un pré-accord et que nous attendons qu’ils le respectent.
Au début du mouvement, vous rappeliez que «le spectre de mai 1967 est perceptible, quand l’Etat français a assassiné plus de 100 Guadeloupéens suite à une grève dans le bâtiment pour, après, accorder 25 % d’augmentation de salaire contre 2,5 réclamés. Toujours le même scénario, ils demandaient aux travailleurs en grève d’être raisonnables, de reprendre le travail». Faut-il craindre ce genre de dérapage?
Peut-être. Mais nous ne sommes pas en 1967. Nous ne nous laisserons pas tuer comme ça.
Que pensez-vous de l’appel à la grève le 5 mars dans l’île de la Réunion, à 13.000 kilomètres des Antilles, dans l'océan Indien, avec des revendications semblables sur la «vie chère»?
C’est une très bonne chose pour notre lutte. Le président français veut absolument éviter un embrasement généralisé. Quand on voit les milliers de Français qui sont descendus dans les rues de France métropolitaine le 29 janvier dernier, on imagine très bien que cela puisse arriver. Le gouvernement a peur de la contagion mais si, quand il s’agit d’aider les travailleurs, les dirigeants se cachent, je suis certain qu’elle finira par gagner la France et même l’Europe.
Par Maguy Day - Mediapart.fr
Elie Domota, leader et porte-parole du Collectif contre l'exploitation outrancière (Lyannaj kont pwofitasyon-LKP), explique à Mediapart les raisons de la colère guadeloupéenne.
Quel est l’ampleur du mouvement social en Guadeloupe ?
Samedi, 65.000 personnes ont manifesté à Pointe-à-Pitre et 4000 à Basse-Terre. C’est la plus grosse manifestation de l’histoire de la Guadeloupe avec 15% d’une population de 460.000 habitants dans la rue. Imaginez simplement une manifestation avec 10 millions de personnes dans les rues en métropole! Le malaise est réel et profond. En Guadeloupe, 100.000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, 120.000 personnes bénéficient de la couverture médicale universelle (CMU) faute de pouvoir être couvertes par le régime général de sécurité sociale.
En tant qu’agent de l’ANPE, je constate tous les jours que la situation est très très difficile particulièrement dans les agglomérations urbaines, même si, ici, on ne meurt ni de froid ni de faim. Seuls les Guadeloupéens dans les campagnes qui possèdent un petit lopin de terre, une chèvre ou un cochon s’en sortent. C’est une situation qui dure depuis longtemps, pas directement liée à la crise, et qui aujourd'hui est explosive.
Qu’attendez-vous de la visite du secrétaire d’Etat à l’outre-mer Yves Jégo qui vient d’arriver en Guadeloupe alors que l’île est en grève générale depuis le 20 janvier ?
Si nous prenons acte qu'Yves Jégo a débuté ses consultations avec le patronat et l’association des maires, nous n’avons toujours pas de réponses à nos revendications. Quoi qu'il en soit, je trouve dommage que, depuis la mi-décembre, les autorités préfectorales ne nous aient pas pris au sérieux. Le préfet a même refusé de nous recevoir, ce qui nous a conduits à appeler au mouvement de grève du 20 janvier. La seule réponse est venue du patronat et des élus qui nous ont dit: « La Guadeloupe va mal, reprenez le travail ! » Aujourd’hui, ils se rendent finalement compte que la région est au bord du chaos social.
Quelle a été la réponse du patronat aux points de revendication de votre plate-forme ?
Les patrons ont donné dimanche une conférence de presse où ils ne répondent à aucune de nos revendications. Ni celles immédiates sur la revalorisation du pouvoir d’achat, des minima sociaux, de la baisse du taux d’octroi de mer sur les biens de première nécessité, ni sur celles, à moyen terme, sur l’aménagement du territoire, la formation professionnelle et tous les autres sujets qui nécessitent des investigations plus poussées et des négociations soutenues.
Au contraire, ils ont dévoilé treize résolutions où il n’est question que d’exiger la réouverture des commerces, des stations-service, de réprimer les grévistes, de demander à l’Etat d’assurer la sécurité des biens et de réclamer des exonérations de charges, de taxes fiscales.
Que pensez-vous des déclarations du président de région, Victorin Lurel, sur la nécessité de « donner au LKP cinq jours pour finir avec ce mouvement (faute de quoi) nous prendrons une décision politique» ?
Ce qui l’intéresse, c’est de croiser le fer avec Yves Jégo mais il n'a jamais rencontré les autorités de l’Etat en Guadeloupe. Or ce genre de guerre politique nous semble contreproductive au regard de la nécessité de défendre l’ensemble des droits de ceux qui souffrent dans ce petit pays là. Si Victorin Lurel nous a fait un certain nombre de propositions, elles ne sont pas opérationnelles sans l’accord de l’Etat. La baisse du taux d’octroi de mer sur les biens de première nécessité doit être accompagnée d’une baisse de la TVA, ce qui n’est pas le cas. Il faut que l’Etat, les collectivités et le patronat se mettent d’accord avant de venir nous voir, mais comme personne ne veut rien lâcher, on ne sait pas jusqu’où cela ira.
Pourquoi les patrons guadeloupéens sont-ils sourds à vos revendications ?
Nous avons les chefs d’entreprises les plus réactionnaires de France. Une bonne frange du patronat local vient de métropole et sont des arrière-petits-fils d’esclavagistes qui pratiquent ouvertement la discrimination raciale à l’embauche. Malgré un taux de chômage de 40%, ils continuent de faire venir leur personnel de métropole.
L’économie de la Guadeloupe est organisée autour de l’import-distribution aux mains de 4 familles «béké» (descendants des colons blancs antillais), parents entre eux, et tous descendants d’esclavagistes. La famille Hayot (GBH) qui construit et exploite les hypermarchés sous l’enseigne Carrefour est la huitième fortune de France. Ces familles possèdent tout et pratiquent ouvertement une discrimination à l’embauche.
Chaque année, environ 1000 hectares de terres agricoles disparaissent au profit de hangars ou d’entrepôts pour ces grands groupes. De plus, la canne à sucre et la banane sont des produits d’exportation, loin de pouvoir remplir les besoins alimentaires de la population. La colonie est là pour servir la métropole. La canne à sucre n’est même pas raffinée sur l’île mais en métropole d'où elle est ensuite réexpédiée et revendue aux Guadeloupéens. Les lois de défiscalisation et d’exonération, qui n’ont eu que des conséquences négatives sur l’emploi, ne sont ni plus ni moins qu’un blanchiment légal d’argent. Sans compter les hôtels qui ouvrent et qui ferment juste pour que les grosses fortunes puissent bénéficier de remises fiscales et qui ont coûté 1500 emplois à la région en dix ans.
Comble de l’absurde, il existe un projet de circuit automobile financé par le Qatar et les Emirats arabes unis de construire un circuit automobile sur un terrain agricole. Soyons sérieux. Plusieurs personnalités politiques ont fait part de leur intention de relancer le débat sur une assemblée unique, mais ce n’est pas le changement de statut de l’île qui réduira les problèmes des Guadeloupéens. Il faut remettre à plat les choix désastreux qui ont été faits par le passé et qui ont consolidé la structure coloniale de la Guadeloupe.
Par Stéphane Alliès - Mediapart.fr
Justin Daniel est professeur de science politique à la faculté de droit et d’économie de la Martinique. Auteur d'un rapport sur les formes d'exclusion à la Martinique (PDF), il décrypte pour Mediapart la structuration de la mobilisation antillaise.
Le mouvement de contestation antillais présente-t-il un caractère inédit, au regard des dernières décennies?
Assurément, le mouvement de contestation aux Antilles présente des caractéristiques singulières au regard des expériences plus ou moins récentes en la matière. D’abord, il frappe par son ampleur, sa durée et son intensité. Surtout, en se fondant sur une revendication transversale et commune à toutes les catégories de la population – la cherté de la vie –, il jouit incontestablement d’un large soutien populaire et d’une forte légitimité. Il convient d’ajouter que le mouvement a été soigneusement encadré afin d’éviter certains dérapages et qu’il ne dégénère en affrontements de rue, dans des pays dont l’histoire sociale et politique est tissée de violence.
De même, si le mouvement révèle un profond malaise, à la fois social et identitaire, il replace la «question sociale», quelque peu négligée durant ces dernières années après avoir dominé la scène politique jusqu’au milieu des années 90, au cœur du débat et des préoccupations de la population. Enfin, derrière les revendications immédiates, se cache une dénonciation implicite d’un modèle de développement fondé sur des graves inégalités, à travers lequel se sont constitués et reconstitués des monopoles qui rappellent singulièrement la période coloniale et nourrissent, en l’absence de toute transparence dans les modalités de fixation des prix, une grande suspicion.
Comment se structure la mobilisation ?
La mobilisation est structurée autour de «collectifs» regroupant des syndicats, des associations et différentes formes d’organisations, dont certaines rejoignent chaque jour le mouvement. L’épine dorsale est constituée par les syndicats majoritaires, dont en particulier l’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe), qui mettent leur expérience et leurs moyens logistiques au service de la mobilisation.
Toutefois, il convient de noter une différence entre les deux îles : le mouvement a très tôt consacré l’émergence d’un leader incontesté en Guadeloupe, Elie Domota, secrétaire général du syndicat UGTG, tandis qu’à la Martinique a régné pendant un certain temps une sorte de polyphonie, ayant d’ailleurs conduit le collectif à recadrer sa communication et à renforcer sa cohésion interne.
Quant aux partis politiques, ils sont extérieurs au mouvement, se contentant de publier des communiqués et jouant un rôle secondaire, voire inexistant, dans le déroulement des événements, même si l’association des maires défilent aujourd’hui aux côtés des manifestants à la Martinique. Les prises de position des exécutifs régionaux et départementaux se font es-qualité et non en tant que représentants de forces politiques qui, de toute façon, sont plus que jamais inaudibles dans un tel contexte. De manière générale, la mobilisation actuelle révèle un rapport de défiance entre les personnels politiques locaux, qui peinent à se faire entendre, et le reste de la population précisément à un moment où les premiers sont tentés de remettre sur le tapis la question de l’évolution statutaire restée sans solution satisfaisante à ce jour.
Comment se situent les acteurs politiques et sociaux face au risque de débordement du mouvement?
Les risques de débordement ne sont pas négligeables, même si de gros efforts ont été réalisés pour encadrer la mobilisation et canaliser les mécontentements divers qu’elle agrège. Pour le moment, nous sommes en présence de rapports de force symbolique qui pourraient du jour au lendemain se transformer en affrontement sur le terrain, ce qui serait dramatique. Les hommes politiques l’ont bien compris, puisqu’ils ont multiplié des appels au compromis tout au long du week-end sans être entendus pour le moment, leur parole étant devenue parfaitement inaudible. L’une des incertitudes est sans aucun doute liée à une éventuelle jonction entre la mobilisation actuelle et les fêtes du carnaval qui, théoriquement, atteignent leur apogée le week-end prochain. Là résident, en effet, les risques d’une perte de contrôle de la situation…
Quant à franchir une nouvelle étape, cela paraît peu probable. Ce constat s’appuie sur la nature du mouvement qui, non seulement jouit d’une forte légitimité populaire, mais mobilise des catégories sociales traditionnellement peu portées à manifester et qui s’en tiennent, pour le moment, à la satisfaction de leurs revendications du moment. Il reste que ces dernières, tout en s’inscrivant dans l’immédiateté, posent des problèmes structurels qui ne peuvent trouver leurs solutions que dans la durée et au prix de révisions – déchirantes pour certains – des politiques publiques de développement mises en œuvre depuis plusieurs décennies ; politiques qui révèlent, sous le prisme grossissant des manifestations actuelles, leurs limites et tous les effets pervers dont elles sont porteuses.
En France, le gouvernement dit redouter la contagion et le PS dit qu'il faut tout faire pour l'éviter. Comment cela est-il perçu?
Il est clair que les citoyens de la Martinique et de la Guadeloupe suivent attentivement l’évolution de la situation sur le continent tout en étant persuadés que nombre de leurs homologues de la métropole s’identifient à leur revendication principale: le coût de la vie. Ils sont également conscients que cela place le gouvernement actuel dans une situation délicate, car «céder» dans l’un des DOM, revient à étendre les solutions dans les trois autres, solutions dont certaines pourraient inspirer les revendications qui émergent actuellement en France.
Par La rédaction Mediapart - Mediapart.fr
Ils sont neuf. Neuf Antillais, Martiniquais ou Guadeloupéens. Le Manifeste qu'ils ont confié à Mediapart et qu'ils souhaitent diffuser le plus largement possible donne sens et ambition, politique et sociale, aux révoltes qui, de la Guyane d'abord à la Réunion demain, en passant par la Guadeloupe et la Martinique, ébranlent la France en son cœur par le détour de ses marges, ces confettis ultra-marins de notre défunt empire colonial.
Autour du poète Edouard Glissant, ils sont huit autres signataires: l'artiste-peintre Ernest Breleur, l'écrivain Patrick Chamoiseau, le sociologue Serge Domi, le comédien et auteur dramatique Gérard Delver, le philosophe Guillaume Pigeard de Gurbert, les universitaires Olivier Portecop et Olivier Pulvar et, enfin, le politologue Jean-Claude William.
Surtitré «Martinique - Guadeloupe - Guyane - Réunion» et sous-titré «Pour les "produits" de haute nécessité», ce texte aussi littéraire dans la forme qu'il est radicalement politique sur le fond défend, contre l'exploitation du travail et l'inégalité des richesses qui sont au cœur du système économique hérité du colonialisme, ces "produits" non marchands – liberté, égalité, fraternité en somme – qui sont autant de valeurs vitales.
Surtout, ce Manifeste des neuf dessine un modèle économique alternatif au modèle dominant aujourd'hui en crise et dont les départements d'outre-mer offrent une caricature aggravée, entre vie chère, pauvreté accrue, dépendance, consommation et subvention. La réflexion écologique y est essentielle, promouvant une réponse à la surexploitation de territoires pollués et appauvris, totalement enchaînés à une économie compradore reposant sur l'import-export, contrôlée pour l'essentiel par la caste béké.
Deux citations ont été placées en exergue par les signataires. L'une du philosophe Gilles Deleuze (1925-1995), tirée de L'Image-temps, paru aux Editions de Minuit en 1985. L'autre d'Aimé Césaire (1913-2008), ce symbole de la cause antillaise disparu l'an dernier, extraite de sa Lettre à Maurice Thorez, texte par lequel il signifia en 1956 sa rupture avec le Parti communiste français.
Gilles Deleuze, d'abord: « Au moment où le maître, le colonisateur proclament "il n'y a jamais eu de peuple ici", le peuple qui manque est un devenir, il s'invente, dans les bidonvilles et les camps, ou bien dans les ghettos, dans de nouvelles conditions de lutte auxquelles un art nécessairement politique doit contribuer. » Aimé Césaire ensuite: « Cela ne peut signifier qu'une chose : non pas qu'il n'y a pas de route pour en sortir, mais que l'heure est venue d'abandonner toutes les vieilles routes. »
Le texte intégral du «Manifeste des neuf»
«C'est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s'est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n'est illégitime. Aucune n'est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu'elle représente, ni dans ce qu'elle implique en relation avec l'ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d'avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu'alors s'était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle -- à savoir les luttes jusqu'alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...
Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj -- qui est d'allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé -- est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d'ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l'on peut saisir l'impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.
Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.
Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d'achat » ou du « panier de la ménagère », se profile l'essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n'ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.
La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d'une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s'est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires -- non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d'épuration éthique » (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain.
Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur ». Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l'unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L'ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l'économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.
Pour les "produits" de haute nécessité
Alors, quand le « prosaïque » n'ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d'achat » ou « le panier de la ménagère ». Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d'une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d'escorter les « produits de premières nécessités », d'une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d'une « haute nécessité ».
Par cette idée de « haute nécessité », nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en œuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d'achat, relève d'une exigence existentielle réelle, d'un appel très profond au plus noble de la vie. Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ? C'est tout ce qui constitue le cœur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d'entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd'hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
D'abord, il ne saurait y avoir d'avancées sociales qui se contenteraient d'elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s'est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l'absence de pouvoir qui lui sert d'ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s‘obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n'arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L'éloignement, l'aveuglement et la déformation président aux analyses.
L'imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu'est l'association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s'est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s'en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s'obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s'arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.
Contre la logique du système libéral marchand
Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d'acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu'une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l'accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d'une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement...
Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l'autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C'est dans l'irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c'est dans la responsabilité que se trouve l'invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C'est dans la responsabilité que l'échec ou l'impuissance devient un lieu d'expérience véritable et de maturation. C'est en responsabilité que l'on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l'essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.
Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s'est étendu à l'ensemble de la planète avec la force aveugle d'une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C'est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l'insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l'immédiat ; mais l'illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « Marché » et par tous ces mécanismes que créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par « l'esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l'octroi de mer, ne sauraient endiguer.
Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L'autre très haute nécessité est ensuite de s'inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n'est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d'un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d'une société non économique, où l'idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d'épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l'humain.
Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » – chefs d'entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes – incapables de tressaillements en face d'un sursaut de souffrance et de l'impérieuse nécessité d'un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n'existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d'un système flou, globalisé, qu'il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu'il nous faut réveiller, à savoir: vivre la vie, et sa propre vie, dans l'élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.
Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l'ampleur du poétique. On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement. On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile. On peut endiguer les agences de l'eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d'un trésor qui appartient à tous. On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd'hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.
Enfin, sur la question des salaires et de l'emploi. Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité. Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu'il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d'œuvre. Quand il délocalise, ce n'est pas dans la recherche d'une main d'œuvre abondante, mais dans le souci d'un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n'est donc en rien illégitime : c'est le début d'une équité qui doit se faire mondiale.
Quant à l'idée du «plein emploi», elle nous a été clouée dans l'imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l'ont accompagnée. Le travail à l'origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d'ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu'il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi », et l'unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s'est mis à n'ouvrir qu'à la consommation.
Une vision du politique enchantée par l'utopie
Nous sommes maintenant au fond du gouffre. Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu'il redevienne un lieu d'accomplissement, d'invention sociale et de construction de soi, ou alors qu'il en soit un outil secondaire parmi d'autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d'arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu'à l'équation d'une activité à haute incandescence créatrice.
Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s'envisagera dans ce qu'il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu'il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s'envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue ». Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l'ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l'étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création – créaconsommation. En valeur poétique, il n'existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l'infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.
Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l'imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l'esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l'artisanat, la culture et l'agriculture... Qu'il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu'il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu'il favorise tout ce qui permet d'entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C'est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l'ampleur des exceptions. C'est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C'est le gratuit en son principe qui devrait s'installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...
Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu'à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un « panier de ménagère », mais le souci démultiplié d'une plénitude de l'idée de l'humain. Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau. Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s'ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.
An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l'utopie.
Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « Marché », mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l'instrumentalisant de la manière la plus étroite.
Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l'individu, sa relation à l'Autre, au centre d'un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.
Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l'assistanat, en nous inscrivant résolument dans l'épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d'un rapport écologique global aux équilibres de la planète....
Alors voici notre vision :
Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d'être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s'inscrit dans l'horizontale plénitude du vivant....
Les signataires:
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| Les Matins | ||
par Ali Baddou |
| émission du lundi 9 février 2009 | |||
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L’opération « île morte » se poursuit, la Guadeloupe est toujours totalement paralysée depuis plus de 3 semaines par une grève générale contre la vie chère. Situation bloquée, donc, malgré les négociations qui se poursuivent. Les guadeloupéens ont été rejoints par les martiniquais jeudi dernier pour exprimer leur ras-le-bol face au chômage endémique qui dépasse les 20% et au coût de la vie — les prix atteignent parfois le double de la métropole. Ce week-end, 50 000 personnes manifestaient encore à Basse-Terre… Alors comment en est-on arrivés là ? Qui a lancé ce mouvement et pourquoi la situation reste-t-elle bloquée ? Pas un mot sur la situation en Guadeloupe et en Martinique en 90 minutes d’émission « face à la crise » de Nicolas Sarkozy… On va en parler tout à l’heure avec nos invités, Axel Urgin, ancien secrétaire national du PS à l’Outre mer et l’écrivain Daniel Maximin.
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| Daniel Maximin. Il est écricain. | ||||||||||||||||
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| Axel Urgin. Il est maire-adjoint de Créteil et ancien secrétaire national du PS à l'outremer. | ||||||||||||||||
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| Jacky Dahomay. Il est professeur de philosophie au Lycée de Baimbridge (Guadeloupe). | ||||||||||||||||
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| Daniel Maximin | ||||||||||||||||||||||
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![]() Autour d'une centaine de photographies aériennes des îles de la Guadeloupe, une soixantaine de poètes et d'auteurs se retrouvent, invités par Daniel Maximin ; des extraits de leurs écrits, en français et en créole, sont ainsi reproduits pour illustrer ces images inédites. L'ouvrage prend, dès lors, l'allure d'une anthologie de la prose et de la poésie guadeloupéenne autant que d'un livre de photographies... | |||||||||||||||||||||||