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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 14:00
Dans l'ornière communautaire, la Belgique s'embourbe

Le Premier ministre belge a présenté sa démission au Roi, qui a réservé sa réponse. Retour sur un an de crise institutionnelle.

Manif de l'extrême droite flamande contre la tenue de réunions en français à Wezembeek-Oppem (Thierry Roge/Reuters).

La nouvelle est tombée dans la nuit du 14 au 15 juillet 2OO8: le Premier ministre belge, Yves Leterme, a présenté sa démission au Roi, qui a réservé sa réponse. Ce troisième échec d’Yves Leterme est porteur de lourds nuages sur la Belgique.

Au cours du deuxième semestre 2007, la crise politique belge, issue des élections du 10 juin, a attiré l’attention des observateurs internationaux et suscité l’inquiétude des cercles dirigeants européens. L’absence d’accord entre les négociateurs flamands et francophones appelés à former une majorité gouvernementale menaçait en effet l’existence même du pays.

Vers une Belgique confédérale

Rappelons que le cartel associant les chrétiens démocrates flamands (CD&V) et les nationalistes flamands de la Nieuw-Vlaams Alliantie (N-VA), emmenés par Yves Leterme avait remporté un grand succès aux élections. Ce cartel avait inscrit une profonde réforme de l’Etat à son programme. Une très nette majorité des partis flamands exigeait donc de nouveaux transferts de compétences de l’autorité fédérale vers les entités fédérées.

L’idée d’une Belgique confédérale était avancée. Même si, comme l’ont souligné plusieurs constitutionnalistes et politologues, le concept de confédéralisme n’était pas, en l’occurrence, utilisé de manière appropriée, l’ambition flamande était de faire des communautés et des régions les échelons principaux de l’édifice institutionnel belge. Une telle approche éveilla la méfiance des partenaires francophones qui soupçonnaient les Flamands de vouloir garder un simple "habillage" belge, en vue de remettre en cause les mécanismes de solidarité entre le nord et le sud du pays sans apparaître, aux yeux de l’Europe, comme les fossoyeurs de l’un des Etats-membres et sans se séparer de Bruxelles.

Aux exigences flamandes de communautarisation ou régionalisation d’importantes compétences, les francophones répondaient en insistant sur la nécessité de maintenir un véritable cadre fédéral. Il en résulta un raidissement de part et d’autre. La présidente des démocrates humanistes francophones, Joëlle Milquet, était qualifiée de "madame non" dans la presse flamande en raison de la ténacité dont elle faisait preuve dans les négociations et des personnalités politiques et académiques flamandes notifiaient aux francophones que l’absence de réforme de l’Etat était le plus sûr moyen de mener au séparatisme.

Les flamands pour la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde

La tension culmina le 7 novembre 2007, quand l’ensemble des membres flamands de la commission de l’Intérieur de la Chambre –à l’exception d’une élue verte- vota en faveur de la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Ce vote des élus de la communauté majoritaire contre les élus de la minorité francophone agissait comme un révélateur implacable de la fracture belge.

L’attachement des francophones au maintien de cet arrondissement, qui enjambe les frontières entre les régions bruxelloise et flamande, s’explique, non seulement par les droits qu’il garantit aux francophones (droit d’être jugé par des magistrats francophones, droit de voter pour des candidats qui se présentent sur des listes communes à Bruxelles et à Hal-Vilvorde), mais aussi parce que son existence pourrait, en cas d’éclatement de la Belgique, être invoqué en droit international pour attester d’un lien territorial entre Bruxelles et la Wallonie.

Suite aux échecs d’Yves Leterme de former un gouvernement "orange bleue", c’est-à-dire, associant chrétiens-démocrates et libéraux flamands, d’une part, démocrates humanistes et libéraux francophones, d’autre part, le Roi fit appel au Premier ministre sortant, le libéral flamand Guy Verhofstadt. Celui-ci ouvrit le jeu aux socialistes, grands perdants des élections –seuls les socialistes francophones rallièrent cependant la majorité- et parvint à mettre en place un gouvernement provisoire qui obtint la confiance de la Chambre le 23 décembre 2007.

Privée de gouvernement pendant plus de six mois, la Belgique respirait. Un accord sur une légère réforme de l’Etat intervint le 25 février 2008. Fidèle à son engagement de ne pas exercer sa fonction au-delà de Pâques, Guy Verhofstadt céda la place à Yves Leterme le 20 mars. Une déclaration gouvernementale relative à un deuxième paquet de réformes institutionnelles, que les Flamands voulaient bien plus substantiel, était programmée pour le 15 juillet.

Les francophones revendiquent un lien entre Bruxelles et la Wallonie

Dans la nuit du 8 au 9 mai 2008, un vote opposa une nouvelle fois Flamands et francophones à propos de l’inscription de la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde à l’ordre du jour de la séance plénière de la Chambre. Une manœuvre de retardement fut relancée grâce à la procédure de conflit d’intérêt. Toutefois, la détermination flamande de parvenir à scinder cet arrondissement, dans un contexte de vexations imposées aux francophones de la périphérie bruxelloise, renforça la conviction des partis francophones que ce problème devait être abordé dans la négociation sur un accord institutionnel. La revendication d’un lien entre Bruxelles et la Wallonie revint alors avec insistance.

Par ailleurs, les deux formations écologistes, Ecolo (francophone) et Groen (néerlandophone) acceptaient de contribuer à la recherche d’une solution avec les partis de la majorité, comme ils l’avaient déjà fait pour l’accord du 25 février.

A Rhode-Saint-Genese, ville à majorité francophone en territoire flamand (Francois Lenoir/Reuters).

Tandis que se rapprochait la date butoir du 15 juillet et que les positions apparaissaient toujours aussi figées, le vice-président du parti socialiste francophone, Philipe Moureaux, accordait le 18 juin un entretien au journal Le Soir, dans lequel il appelait les francophones à "bouger de leurs lignes". Habile négociateur, ce vieux routier de la vie politique belge a joué un rôle-clé dans les précédentes réformes de l’Etat. Ses propositions ne sont donc pas passées inaperçues.

Constat: on voit se créer un Etat flamand à l’intérieur de l’Etat belge

Accueillies assez fraichement par les autres partis francophones de la majorité, elles ont par contre éveillé l’attention du camp flamand. Le vice-président socialiste part d’un constat: on voit se créer un Etat flamand à l’intérieur de l’Etat belge. Il faut donc négocier une nouvelle Belgique sur une base confédérale. Déjà utilisé par le président des libéraux francophones, Didier Reynders, dans une interview au Monde le 12 novembre 2007, le terme de confédéralisme suscite de profondes réticences chez les francophones.

Mais Philippe Moureaux entend prendre les Flamands au mot: se référant au concept européen de subsidiarité, ceux-ci affirment que leur intention est d’étendre les compétences régionales et communautaires afin de pouvoir apporter des réponses "sur mesure" aux problèmes de la Flandre, qui sont différents de ceux des autres régions, et non de rompre la solidarité entre Belges.

On pourrait donc, Philippe Moureaux, "faire des pas dans une défédéralisation forte de certaines matières", à condition que l’on maintienne la solidarité interpersonnelle entre les Belges et que l’on garantisse sur les bases actuelles le financement des matières sociales et de santé, que tout transfert de matière aux entités fédérées s’accompagne de l’argent afférent à cette matière et que la Belgique confédérale soit construite à partir des trois régions, dont la bruxelloise. Philippe Moureaux pousse également les francophones à sortir de leur tranchée à propos de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde:

"Les francophones doivent faire le pas, dire que l’on peut aboutir à une scission de l’arrondissement électoral, si l’on obtient des garanties fondamentales pour la gestion de Bruxelles (revoir les lois linguistiques qui permettent à la minorité flamande de bloquer toute décision), un lien territorial entre la Wallonie et Bruxelles, et la préservation des majorités francophones de la périphérie."

Les francophones devront s’adapter à la Région dans laquelle ils vivent

Un tel prix serait pourtant bien lourd pour la Flandre. Le socialiste francophone en est conscient. Aussi développe-t-il un raisonnement de nature à être entendu dans le nord du pays: la protection des francophones ne serait plus exigée au-delà d’un certain périmètre autour de Bruxelles:

"Si nous souhaitons vivement redessiner les frontières autour des Régions, ajoute-t-il, il faut pouvoir rassurer les Flamands sur la 'tâche d’huile'. Cette crainte historique les mine. Il faut trouver un moyen de les rassurer à ce sujet. En leur disant: au-delà d’une limite fixée en négociation, nous demanderons aux francophones de s’adapter à la Région dans laquelle ils vivent."

L’argument est porteur compte tenu de l’obsession flamande d’une homogénéité linguistique du territoire flamand. Si l’on pousse la logique de Philippe Moureaux plus loin, les francophones pourraient disposer d’un atout non négligeable. En effet, le 26 septembre 2002, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a reconnu le statut de minorité aux francophones vivant en Flandre, suite à une démarche initiée par le député du parti francophone FDF, Georges Clerfayt.

De ce fait, si la Belgique, comme l’exigent les francophones, ratifiait la convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la protection des minorités nationales, les francophones de Flandre se verraient accorder une série de droits collectifs, bien au-delà des communes à statut spécial proches de Bruxelles. L’opposition crispée de la Flandre à la ratification d’un tel texte porte atteinte à son image internationale.

Il en irait tout autrement si les francophones renonçaient à leur demande d’une telle ratification –sans abandonner bien sûr la vigilance quant aux mesures attentatoires aux droits individuels dont pourraient être victimes les francophones en Flandre. La contrepartie demandée à la Flandre pour la non-ratification de cette convention pourrait alors être le rattachement à Bruxelles de plusieurs communes de la périphérie bruxelloise majoritairement peuplées de francophones.

Radicalisation communautaire d'un côté, séparatisme de l'autre

La voie vers un accord institutionnel est hélas obstruée par la difficulté qu’éprouve la formation du Premier ministre, le CD&V, à se résoudre aux concessions nécessaires à l’obtention d’un compromis équitable. Cela s’explique, notamment, par la radicalisation croissante de ce parti sur le plan communautaire et par la pression de son partenaire de cartel, la N-VA, parti flamand ouvertement séparatiste.

Alors qu’un accord socio-économique, comportant une réforme fiscale et une hausse des pensions, a pu être engrangé le 12 juillet entre les partenaires de la majorité, la perspective d’un accord sur une réforme de l’Etat paraissait peu probable ces derniers jours. Ne se trouvant pas en mesure de respecter l’échéance du 15 juillet à cet égard, Yves Leterme proposait, le 14 juillet, de confier la recherche d’une solution à un groupe de vingt-deux personnes (onze Flamands et onze francophones) dans lequel siègeraient des responsables des communautés et des régions.

Ce groupe devait être co-présidé par le ministre-président flamand, Chris Peeters, et le président du MR (libéraux francophones), Didier Reynders, par ailleurs ministre des Finances. Bien accueillie du côté francophone, l’idée du Premier ministre suscitait d’emblée la mauvaise humeur de la N-VA, mais ne semblait pas rejetée par le CD&V. Fin de soirée pourtant, ne voulant apparemment pas prendre le risque d’être désavoué par les siens ou assumer la rupture de son cartel, Yves Leterme décidait de jeter l’éponge. On évaluera dans les prochaines heures (ou jours) l’ampleur de la nouvelle crise qui frappe la Belgique.

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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 14:34
Le premier ministre belge confronté à la reprise des hostilités entre Flamands et francophones
LE MONDE | 23.04.08 | 15h09  •  Mis à jour le 23.04.08 | 15h09
BRUXELLES CORRESPONDANT

ves Leterme doit affronter de nouvelles difficultés liées à la cohabitation tendue entre Flamands et francophones au sein de l'Etat fédéral belge. Le premier ministre a, depuis son entrée en fonctions, en mars, opté pour une démarche d'apaisement déjà mise à mal.

Après une année de crise ouverte, le premier ministre espérait d'abord calmer les esprits, tant au sein de son parti chrétien-démocrate (CD&V) que chez ses alliés indépendantistes de la Nouvelle alliance flamande (NVA), et chez ses 3 partenaires francophones (libéraux, socialistes et centristes chrétiens). Il voulait, ensuite, ramener les uns et les autres à la table de négociation, en vue de mettre au point des réformes institutionnelles avant la mi-juillet, date butoir fixée aussi bien par la NVA que le CD&V.

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Une relance de la polémique sur le refus flamand de nommer 3 bourgmestres (maires) francophones perturbe ce scénario. Réélus dans la périphérie flamande de Bruxelles, à Kraainem, Linkebeek et Wezembeek-Oppem, ces personnalités se heurtent au refus de la Flandre, autorité de tutelle, de les confirmer dans leurs fonctions. Le pouvoir régional souligne qu'ils ont envoyé des convocations électorales dans la langue des habitants et pas uniquement en néerlandais, comme la loi les y oblige.

Vendredi 11 avril, les 3 bourgmestres ont réintroduit une demande officielle de nomination. L'ensemble des partis francophones évoque le "déni de démocratie" que commet, selon eux, le gouvernement régional flamand et menace de ne pas reprendre les discussions institutionnelles voulues par M. Leterme.

Les présidents francophones vont se réunir dans les prochains jours pour déterminer leur attitude. Derrière cette affaire se profile la question de la scission, très symbolique, de l'arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde que la Flandre veut réaliser pour assurer l'unité de son territoire. Une majorité flamande l'a votée dans une commission parlementaire en octobre 2007, contre l'avis de la minorité francophone. Le dossier a fait l'objet d'un recours francophone mais pourra, si aucun accord n'est trouvé, reprendre son cheminement parlementaire dès le 1er mai.

CRITIQUE DES NATIONS UNIES

La Flandre est d'autant plus énervée par cette affaire que le Conseil de l'Europe doit, à la mi-mai, envoyer un émissaire en Belgique pour enquêter sur ce dossier. Il rentera un rapport sur le respect des droits politiques des francophones. "Les Flamands n'acceptent plus d'être diabolisés en tant que racistes ou égoïstes à l'étranger", a expliqué récemment Marino Keulen, le ministre régional flamand de l'intérieur et de l'intégration. M. Keulen est le ministre qui s'oppose à la nomination des maires francophones de la périphérie bruxelloise. Il est aussi celui qui a mis au point un "code du logement" qui prévoit que, pour obtenir un logement social, les candidats doivent s'engager à apprendre (gratuitement) le néerlandais.

La mesure n'aurait pénalisé aucun francophone et vise à "l'intégration civique des allophones (personnes qui parlent une autre langue) et des défavorisés", assure M. Keulen. Elle fait toutefois l'objet de critiques du Comité des Nations unies pour les droits de l'homme et d'un recours de la Région wallonne.

Un dernier élément complique les projets de M. Leterme. Jeudi 17 avril, les présidents des Régions wallonne et bruxelloise, Rudy Demotte et Charles Picqué, ont lancé une "bombe institutionnelle", selon la formule de divers observateurs. Les 2 socialistes ont plaidé pour un fédéralisme basé sur les 3 régions belges (Flandre, Wallonie et Bruxelles) et non plus sur les "communautés linguistiques".

S'il se réalise, ce projet donnerait naissance à une Fédération Wallonie-Bruxelles (un "Etat", disent déjà certains) gérée par un gouvernement unique. Le président du gouvernement flamand se réjouit officiellement d'avoir, à l'avenir, un "partenaire fort" face à lui. Mais le monde politique flamand sent bien que le projet est de tracer les contours d'une éventuelle "nation francophone", solution de rechange en cas d'aggravation des tensions au sein de l'Etat fédéral. Elle inclurait Bruxelles, capitale belge et flamande, mais très majoritairement peuplée de francophones.

Jean-Pierre Stroobants

Chronologie

Novembre 2007. Les partis flamands unanimes votent, contre les francophones, la scission de l'arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde dans une commission de la Chambre des députés.

Décembre. Le libéral flamand Guy Verhofstadt prend la tête d'un gouvernement intérimaire de crise.

Février 2008. Premier ensemble de réformes institutionnelles jugées insuffisantes en Flandre.

Mars. Yves Leterme, leader du parti chrétien-démocrate flamand, devient premier ministre. Ses alliés indépendantistes de la Nouvelle Alliance flamande exigent une vaste réforme du système fédéral, sous peine de lui retirer leur soutien. La "date butoir" des partis flamands est fixée au 15 juillet.

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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 17:26
 
Krzysztof Pomian, historien, conseiller scientifique du Musée de l'Europe à Bruxelles
En Belgique, c'est l'Europe qui se joue
 
LE MONDE | 19.01.08 | 12h19  •  Mis à jour le 19.01.08 | 14h24

a Belgique va rouvrir un débat sur son fédéralisme et ses institutions. Comment analysez-vous la longue crise qu'a connue ce pays ? La mésentente entre Flamands et francophones a-t-elle des implications pour l'Europe ?

Par les problèmes qui y sont posés, ce pays apparaît comme une Union européenne en miniature. D'abord, je suis pantois d'entendre qu'il s'agirait d'un Etat "récent et artificiel". A 177 ans, il n'est certes pas très ancien, mais les provinces qui composent la Belgique d'aujourd'hui forment un ensemble depuis le XIVe siècle, et ses frontières ont été dessinées au XVIIe. Ce pays a acquis son intégralité, en tant que Pays-Bas espagnols d'abord, Pays-Bas autrichiens ensuite. Il a donc un enracinement historique profond. L'Union européenne aussi est "jeune" : officiellement, elle n'a que 50 ans, mais ses racines sont, elles aussi, profondes et très anciennes.

Deuxième dimension : la question des langues et du multilinguisme, hélas essentielle dans la vie belge, est tout aussi centrale dans la vie européenne. Nous assistons partout à un conflit entre une langue mondiale, l'anglais comme langue de services, et une langue régionale, ou nationale, à l'échelle d'une petite nation. En ce sens, les déboires linguistiques de la Belgique ne sont pas séparables du contexte européen, et peuvent même être interprétés comme une mise en garde à l'Union : ne pas tenir compte de la question linguistique, privilégier partout l'anglais comme elle le fait, pour des raisons de rationalité, est idiot et peut avoir des conséquences politiques majeures. Je compare cela à l'attitude de la bourgeoisie francophone belge au début de l'existence du pays : convaincue de parler une langue mondiale à l'époque, elle a méprisé le néerlandais. On en voit aujourd'hui les conséquences.

La troisième dimension du caractère européen que revêt le problème belge, c'est simplement la position géographique de cet Etat. Il est au coeur de la ceinture urbaine européenne, vaste ensemble dont les racines remontent au Moyen Age, épine dorsale du continent. Une séparation comme celle de la République tchèque et de la Slovaquie a été douloureuse mais acceptable. Une fracture de la Belgique rendrait l'Europe tétraplégique : ce pays est l'un des éléments par lesquels "tient" l'ensemble européen. Rappelons aussi que la reconnaissance de l'indépendance de la Belgique, en 1830, a découlé d'un engagement fort de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre, cette dernière y voyant une protection contre les menaces des deux autres. Aujourd'hui encore, la centralité belge est un fait majeur, dont le symbole est que Bruxelles est devenue la capitale de l'Europe.

Que la Belgique soit le point de croisement des cultures romane et germanique vous semble-t-il déterminant ?

Bien sûr. La Belgique a rayonné sur l'Europe et a été au coeur de l'histoire artistique du continent. Au XVIIe siècle, avec Rubens et son entourage, du XIXe siècle à aujourd'hui avec son courant symboliste, James Ensor, puis René Magritte ou Marcel Broodthaers, les architectes Van de Velde et Horta, les poètes Verhaeren et Rodenbach, etc. Bruxelles fut un lieu d'enseignement et d'accueil pour de nombreux jeunes d'Europe centrale avant la première guerre mondiale. La Belgique, dans ce qu'elle avait de meilleur, était bien un pays multiculturel, et la richesse de sa culture vient du fait qu'elle est un lieu de rencontre.

Diriez-vous qu'il existe une "identité belge", ce dont doutent beaucoup d'habitants de ce pays ?

J'ai vécu des années dans ce pays où je suis arrivé à 14 ans, en 1948. J'y ai appris le français et la grammaire de Grevisse, visité les musées, fréquenté les bouquinistes. Le jeune Polonais que j'étais en a tiré la conclusion que l'identité belge existait. Cette conviction s'est raffermie quand j'ai lu l'Histoire de Belgique, d'Henri Pirenne, dont il fut de bon ton d'affirmer, dans certains cercles belges, qu'elle était une "foutaise" et que, non, l'Etat et l'identité n'avaient pas de réalité. Cela dit, l'identité belge est difficile à définir. Elle relève de diverses caractéristiques, dont l'aptitude au compromis est l'une des principales.

Je connais la force du sentiment flamand, je suis en contact avec de nombreux francophones, qui clament désormais qu'ils en ont "marre" de leurs voisins du Nord, mais je pense, ou j'ose espérer, qu'il existe encore des éléments communs à ces communautés, qu'on ne vit pas impunément pendant des siècles dans la même entité territoriale, puis au sein d'un Etat, en ayant partagé la même histoire, celle du duché de Bourgogne, de la domination espagnole, de la révolution brabançonne contre les Français, de la Révolution française. Je n'imagine pas que cette histoire n'ait pas laissé de traces.

Autre interrogation à portée européenne, le fédéralisme : il semble, à première vue, avoir davantage éloigné que rapproché les communautés belges...

La Belgique, rappelons-le, fut au départ une monarchie centralisée à la française, dominée par des francophones qui ne reconnurent officiellement la langue néerlandaise que six décennies après l'indépendance du pays. Le démontage du centralisme initial et le recours à la formule fédérale ont permis que certains problèmes ne se posent pas plus tôt. C'est aux Belges de définir vers quoi ils veulent désormais aller. Je note simplement que le confédéralisme à la suisse a lui aussi ses limites : désormais, les francophones et les germanophones ne connaissent presque plus la langue de l'autre. D'où, encore une fois, l'urgence d'une réflexion européenne sur le problème linguistique.

La montée du régionalisme flamand n'a-t-elle pas, comme d'autres, été encouragée par une Europe communautaire, soucieuse d'affaiblir les Etats- nations ?

La question des régions et des moyens d'endiguer un centralisme excessif s'est en fait posée dès la fin du XIXe siècle. Elle n'a rejoint celle de la question européenne qu'un siècle plus tard, mais, entre-temps, les problèmes avaient crû en Belgique, en Ecosse, en Catalogne, au Pays basque, etc. L'Autriche avait procédé à des réformes dans les années 1920. Réorganisée après Hitler, l'Allemagne a résolu ses difficultés en 1949, en procédant à une large dévolution des pouvoirs aux Länder. L'Italie est lentement sortie du centralisme à partir des années 1970. C'est ensuite que l'Union européenne a tenté de rééquilibrer certaines situations. Son intérêt, comme celui de la démocratie, était de promouvoir les régions. Le reproche à lui faire est d'avoir, au cours des quinze dernières années, non pas attisé les revendications, mais évité de prendre une position nette sur ces sujets.

Il fallait, selon vous, condamner explicitement certaines dérives égoïstes ?

Quand des Tchèques n'ont plus voulu payer pour les Slovaques, les Slovènes pour les Macédoniens au moment de la dissolution de l'ex-Yougoslavie, les Italiens du Nord pour les "nègres du Sud", on attendait des plus hautes instances européennes, le Conseil et la Commission, qu'ils condamnent explicitement des argumentations qui sont, d'abord, anti-européennes ! Dans les années 1990, j'ai écrit que le virus nationaliste européen restait tapi dans l'ombre. Je me demande s'il ne prend pas désormais la forme du régionalisme poussé jusqu'à l'indépendance. Il faut condamner l'égoïsme des riches, inconciliable avec une construction qui organise la péréquation et réduit les écarts de richesse. Si les Flamands voulaient se détacher de la Belgique, ils ne pourraient plus faire partie de l'Union. On ne peut prôner un nationalisme extrémiste et espérer bénéficier des avantages d'une appartenance à une instance supranationale, aux plans monétaire, douanier, frontalier, etc.

L'Union n'a aucun intérêt à ce que la Flandre ou la Catalogne deviennent indépendantes demain. Il n'y a aucune raison de penser qu'une Europe à 40 ou 50 sera plus efficace qu'à 27. Où veulent nous mener certains ? Au XIIIee, on a tenté de remettre de l'ordre dans les affaires du continent... Il est grand temps de briser le silence officiel qui encourage les mouvements actuels. siècle ? Car dès le XIV

Les citoyens belges méconnaissent en général le fonctionnement de leurs institutions. Le citoyen européen comprend mal comment est gouvernée l'Europe. C'est un autre parallèle à établir ?

La Belgique et l'Europe se sont construites à partir de systèmes centralisés très clairs et ont évolué vers des architectures au sein desquelles personne ne se retrouve. La Belgique est gouvernée au niveau fédéral, à l'issue d'élections libres et démocratiques, mais sa structure constitutionnelle est illisible. La démocratie européenne s'exerce de manière indirecte, le Parlement n'est pas encore un vrai Parlement, la Commission n'est pas un vrai gouvernement. Des deux côtés, il faudrait donc une simplification...

Si Bruxelles n'était pas capitale européenne, le pays éclaterait-il plus vite ?

Bruxelles resterait de toute façon une pomme de discorde en raison de ses caractéristiques : une ville très majoritairement francophone en territoire flamand. Mon seul voeu est que la Commission, représentante de l'intérêt général européen, et le Parlement puissent émettre des avis si la crise belge perdurait. Il faudrait qu'ils énoncent des vérités européennes...

Peut-on imaginer un remembrement au coeur de l'Europe avec un rattachement de la Wallonie à la France ?

Oui, en théorie pure, si une majorité écrasante de Wallons votaient une demande de ce type et si l'Assemblée nationale l'admettait. Mais je ne crois ni à la force du rattachisme ni à l'enthousiasme de l'opinion française face à ce scénario...



Propos recueillis par Jean-Pierre Stroobants
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7 décembre 2007 5 07 /12 /décembre /2007 15:30
Sondage: le PQ prend les devants
jeudi 6 décembre 2007 - Denis Lessard - La Presse - Québec

Le Parti québécois de Pauline Marois prend les devants dans la course serrée que se livrent les 3 partis politiques depuis les dernières élections générales. Rien n’est joué, mais l’ADQ aurait été reléguée en troisième place si un scrutin avait été tenu cette semaine.

 

C’est le constat auquel en arrive la maison CROP dans une enquête menée pour La Presse du 22 novembre au 2 décembre. Le coup de sonde, réalisé auprès de 1002 personnes, est précis à trois points près. Il s’agit du dernier sondage politique de CROP pour 2007, fait au déclin d’un automne qui avait pourtant paru plutôt favorable aux libéraux de Jean Charest.

Or, après répartition proportionnelle des 12% d’indécis, CROP observe que le Parti québécois aurait obtenu 34% des suffrages, 3 points de plus qu’au sondage d’octobre. Les libéraux restent au même niveau avec 30%, tandis que l’ADQ baisse de 2 points, à 26%. Le mois passé, libéraux et péquistes étaient au même niveau, à 31%, et l’ADQ juste derrière, à 28%.

La marge d’erreur pouvait alors se traduire par une égalité PQ-PLQ. Cette fois le Parti québécois mène véritablement d’une tête, tandis qu’il ne fait pas de doute que le parti de Mario Dumont ferme désormais la marche, selon Claude Gauthier, l’analyste de CROP.
«On ne peut pas dire qui gagnerait les élections, mais l’ADQ ne serait ni au pouvoir ni l’opposition officielle», estime M. Gauthier. Les verts récoltent 6% et Québec solidaire un minuscule 3%.
Si on compare aux scores obtenus aux élections de mars dernier, on constate une perte de 3 points chez les libéraux, un gain de 6 points pour le PQ et un recul de 5 points pour l’ADQ.
Chez les francophones, les libéraux restent en queue du classement. Le PQ y domine avec 39% d’appuis, suivi de l’ADQ avec 29. Les libéraux ferment la marche avec 23%, soit le même score qu’en octobre.

Même s’ils marquent le pas dans les intentions de vote, les libéraux peuvent se consoler en jetant un coup d’œil du côté de la satisfaction à l’endroit du gouvernement – désormais 47% des gens se disent satisfaits du gouvernement Charest, 4 points de plus qu’il y a un mois. Il faut remonter à l’automne 2003, quelques mois après son arrivée au pouvoir, pour retrouver un tel niveau d’appréciation du gouvernement libéral. De plus, en trois mois, le niveau de mécontentement à l’endroit du gouvernement s’est corrigé : désormais 49% des gens se disent insatisfaits du gouvernement, une embellie pour un gouvernement qui suscitait 62% de mécontentement en septembre.
«On constate qu’il y a eu moins de bévues, des gens ont changé dans l’entourage de M. Charest et les communications semblent plus efficaces», explique Claude Gauthier devant la hausse de la satisfaction, qui ne se traduit pas ce mois-ci en intentions de vote.

Les résultats par région donnent une autre photo. Dans la région de Québec, le parti de Mario Dumont domine encore, avec 36% d’appuis, une baisse toutefois de 6 points sur le sondage précédent. Le PQ monte à Québec, avec 30%, 5 points de mieux qu’en octobre, et les libéraux marquent le pas, à 25% contre 26 il y a 1 mois.
En province, le PQ a pris les devants avec 39% d’appuis contre 27 aux 2 autres partis. Dans la région de Montréal, la situation est plus embrouillée. Dans l’ensemble le PLQ est en avance avec 34% d’appuis, suivi du PQ avec 30% et de l’ADQ avec 22%.
Mais si on observe la situation dans la couronne nord et sur la Rive-Sud, c’est le PQ qui prend les devants avec 33%, suivi de l’ADQ à 29% et du PLQ à 28%.
C’est dans l’île même de Montréal que les libéraux dominent avec 39% des intentions de vote contre 27% aux péquistes et seulement 16% à l’ADQ.

Une étoile qui pâlit
D’autres mauvaises nouvelles pour Mario Dumont : son étoile pâlit comme meilleur premier ministre. Avant l’été, plus de 30% des électeurs voyaient en lui le meilleur chef de gouvernement. On ne trouve désormais que 23% de cet avis, 2 points de moins qu’il y a 1 mois. Après des scores de 21 à 23% avant l’été, M. Charest se retrouve à 27%, 1 point de mieux qu’il y a 1 mois. Pauline Marois, à 36%, monte de 3 points par rapport à octobre, revenant presque au niveau qu’elle avait atteint en septembre.

Au moment où le premier ministre canadien Stephen Harper a décidé de se rendre dans la circonscription de Mario Dumont, signe évident d’appui pour le chef de l’opposition, les Québécois estiment néanmoins que les relations avec les conservateurs sont plus harmonieuses avec les libéraux de Jean Charest qu’avec l’ADQ.

Ainsi, 45% des gens pensent que les rapports entre Charest et Harper sont «harmonieux», contre 29% qui pensent que la lune de miel est plutôt entre Mario Dumont et le premier ministre fédéral. 1 répondant sur 4, 26%, n’a pas d’opinion. Les électeurs conservateurs sont aussi d’avis, à 53%, que le premier choix de Stephen Harper est le PLQ, mais les supporteurs de l’ADQ estiment à 61% que c’est avec leur chef que le premier ministre canadien entretient les relations les plus cordiales.

Hier, le premier ministre Charest a voulu banaliser ce passage de M. Harper dans le fief de M. Dumont à Rivière-du-Loup. Il faut se réjouir d’un séjour du premier ministre canadien dans les régions du Québec, s’est-il borné à déclarer.

Finalement, la question mensuelle sur l’appui à la souveraineté du Québec ne montre guère de mouvement : 39% des répondants voteraient Oui (après répartition proportionnelle des indécis) contre 37% le mois précédent et 41% en septembre.

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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 12:09
Faut-il encore en rajouter ?
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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 14:06

Marois oriente son discours sur le débat identitaire
La Presse - Québec - mercredi 17 oct 2007 - Tommy Chouinard

Pauline Marois tente de s'approprier le débat identitaire que Mario Dumont a monopolisé au cours de la dernière année. À cette première intervention à l'Assemblée nationale hier, la chef du Parti québécois a demandé aux nouveaux arrivants de respecter une série de «valeurs» et aux Québécois de ne pas renier leur «identité» pour accommoder «l'autre».

«Celles et ceux qui choisissent de se joindre à nous doivent savoir qu'ils viennent habiter un jardin qui porte déjà des fruits», a affirmé Pauline Marois au cours de son premier discours en Chambre.

Selon elle, les nouveaux arrivants doivent respecter des valeurs chères à la société québécoise. «Notre langue commune est le français, et nous avons le droit et le devoir de la faire respecter. La liberté d'expression, l'égalité des hommes et des femmes, les droits des enfants, le caractère laïque des règles de fonctionnement de notre société sont des valeurs que doivent accepter les nouveaux arrivants pour être membres de notre famille», a-t-elle affirmé.
La «nation québécoise» doit «défendre son identité» et refuser de remettre en question ses valeurs pour répondre aux demandes d'accommodements de nouveaux arrivants. «Cette nation a une identité. Je crois profondément que ce n'est pas en s'effaçant ou en se reniant nous-mêmes qu'on respecte l'autre», a-t-elle dit.
Pauline Marois a tenu à souligner que «les Québécois ne sont pas portés à la violence». Ils veulent éviter de reproduire ici «les multiples conflits qui existent entre les nations, les religions, les cultures».
La chef du PQ trouve cependant important d'«assainir le débat qui a cours actuellement». «Il faudra très rapidement envoyer à tous et à toutes les bons signaux avec sérénité, ouverture et fermeté», a-t-elle lancé.

Cette sortie sur le débat identitaire a marqué le premier discours en Chambre de la nouvelle chef péquiste. Autrement, Mme Marois a voulu envoyer des signaux aux membres de son parti, au moment où elle se penche sur une refonte du programme. «Le parti que je dirige veut construire une société plus juste, plus solidaire, mais notre ambition est de redistribuer la richesse, pas la pauvreté. Pour défendre les valeurs de justice qui nous habitent, il faut créer la richesse.» Le PQ doit selon elle «ajuster» sa «vision du rôle de l'État». Elle a également fait un plaidoyer en faveur de la souveraineté, reprochant au passage à Mario Dumont de manquer de «transparence» au sujet de son option.

Contrairement à ce qui était attendu, Pauline Marois n'a pas abordé la crise forestière au moment de poser sa première question au premier ministre Jean Charest. Grâce à son statut de chef de l'opposition officielle, Mario Dumont lui avait coupé l'herbe sous le pied en interrogeant le premier le gouvernement sur cette question.

Mme Marois a plutôt choisi de demander au premier ministre quelles étaient ses attentes face au discours du Trône de Stephen Harper. Jean Charest a indiqué qu'il allait «se battre bec et ongles» si Ottawa annonçait un projet de commission nationale des valeurs mobilières.

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17 octobre 2007 3 17 /10 /octobre /2007 08:55
Marois lève le voile sur les orientations du PQ
Norman Delisle - Presse Canadienne - Québec

MaroisAN.jpgÀ peine arrivée à l'Assemblée nationale, mardi, la chef du Parti québécois a tracé un portrait du genre de Québec qu'elle souhaite.

 

Aux nouveaux venus immigrants, Mme Marois a demandé de respecter les valeurs des Québécois. «Le Québec n'est pas parfait, mais il est notre pays. Le Québec moderne est une société accueillante. Celles et ceux qui choisissent de se joindre à nous doivent savoir qu'ils viennent habiter un jardin qui porte déjà des fruits», a averti Mme Marois.
Ces valeurs communes sont la langue française, la liberté d'expression, l'égalité des hommes et des femmes, les droits des enfants, le caractère laïc des règles de fonctionnement de notre société. «Ce sont des valeurs que doivent accepter les nouveaux arrivants pour être membres de notre famille», a dit Mme Marois dans sa première intervention en Chambre.

Elle a aussi rappelé que les Québécois ne sont pas portés à la violence. «Ils désirent qu'on ne reproduise pas ici les multiples conflits qui existent entre les nations, les religions, les cultures
«Pour assainir le débat qui a cours actuellement, par respect pour nous-mêmes autant que par honnêteté pour ceux que nous accueillons dans notre maison, il faudra très rapidement envoyer à tous et à toutes les bons signaux avec sérénité, ouverture et fermeté», a poursuivi la chef péquiste.

La chef péquiste a aussi mis en relief les points forts que sa formation politique défendra sous sa gouverne. Pour les malades, le PQ entend se battre pour l'universalité des soins, l'accessibilité à des services de qualité et dans des délais médicalement requis. Dans les écoles, le Parti québécois veut que les enfants soient «bien formés, sachent mieux lire, écrire et compter, qu'ils connaissent l'histoire de leur pays, qu'ils maîtrisent les savoirs essentiels à leur épanouissement et à leur autonomie».
«Les travailleurs et les travailleuses du secteur public doivent savoir ce qu'on attend d'eux et disposer des moyens pour répondre aux attentes qu'on leur fixe. Ils doivent savoir qu'ils pourront donner des services dans un État qui accepte de se moderniser», a dit Mme Marois.
«Nous sommes capables de bâtir ici un pays riche, un pays prospère qui respecte l'environnement. Nous insisterons dans cette Chambre pour que la politique de développement durable ne soit pas qu'une politique, qu'elle soit plus qu'un discours. Nous insisterons pour que notre marche vers la prospérité ne fasse pas plus de victimes que de gagnants», a poursuivi la chef péquiste.

Mme Marois a aussi lancé un avertissement aux 2 autres formations politiques, le Parti libéral de Jean Charest et l'Action démocratique de Mario Dumont, les invitant à la transparence.
«Je profite de l'occasion pour vous dire que nous serons très clairs sur notre vision et sur nos ambitions pour le Québec. Nous avancerons à visière levée et, je ne m'en cache pas, nous demanderons à tous d'être clairs sur leurs convictions et sur leurs démarches. Nous avons tous un devoir de transparence», a soutenu la chef du Parti québécois.

Le PQ est partisan de la souveraineté du Québec. Les autres partis politiques devront eux aussi être clairs, tant les libéraux de Jean Charest «eux qui veulent maintenir le lien fédéral même au prix de l'érosion des pouvoirs du Québec», que les adéquistes de Mario Dumont «qui prétendent qu'ils permettront au Québec de s'affirmer davantage sans nous dire comment ils le feront», a conclu Mme Marois.

Elle a été accueillie chaleureusement par les députés de tous les partis en Chambre. Même ses adversaires politiques, le premier ministre Jean Charest et le chef de l'opposition adéquiste Mario Dumont, lui ont souhaité bonne chance dans ses nouvelles fonctions.
Mme Marois a accédé à l'Assemblée nationale comme députée de Charlevoix, où elle a été élue lors d'une élection complémentaire le 24 septembre dernier.

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16 octobre 2007 2 16 /10 /octobre /2007 15:45
André Boisclair se retire
La Presse - lundi 15 oct 2007 - Québec - Denis Lessard

Chef du Parti québécois aux dernières élections générales, André Boisclair a confirmé lundi dans un communiqué qu'il quitte la politique. Il démissionnera de son poste de député de Pointe-aux-Trembles, le 15 novembre prochain, comme l'a appris La Presse dimanche.

Plusieurs sources ont confirmé hier que M. Boisclair avait pris sa décision il y a un bon moment. Il ne réapparaîtra pas à l'Assemblée nationale, ayant eu tous les hommages imaginables lors de l'annonce de sa démission, en mai dernier, explique-t-on.

Le 15 novembre 2005, André Boisclair a été élu chef du Parti québécois, devançant de loin sa plus proche rivale, Pauline Marois, qui est devenue à son tour chef du PQ, sans course à la succession, à la fin juin. M.

Boisclair avait obtenu 54% des suffrages auprès des militants péquistes appelés à voter par téléphone, sa rivale avait obtenu 30% des suffrages.

Aux élections du 26 mars dernier, le PQ dirigé par André Boisclair avait récolté 28% des suffrages, son plus faible score depuis 1970. Le chef péquiste avait, avant et après la campagne, été durement critiqué par l'aile orthodoxe de son parti et les membres du SPQ libre, les éléments plus gauchisants du PQ. Les centrales syndicales avaient aussi critiqué le chef péquiste. Après les élections, la grogne avait atteint le caucus des députés.

M. Boisclair avait été élu la première fois à l'Assemblée nationale dans Gouin, en 1989. Il avait occupé plusieurs ministères (Emploi, Affaires municipales, Environnement) sous la direction de Lucien Bouchard et de Bernard Landry. Il avait été aussi leader parlementaire du gouvernement, puis de l'opposition à l'Assemblée nationale. Il avait quitté ses fonctions pour aller faire une maîtrise en administration publique à Harvard avant de revenir au Québec, en juin 2005, après la démission surprise de Bernard Landry.

M. Boisclair a annoncé ses intentions à Mme Marois hier. Ils avaient eu, au cours des dernières semaines, deux brefs entretiens lors desquels la nouvelle députée de Charlevoix avait souligné au député de Pointe-aux-Trembles qu¹elle souhaitait le voir rester à l¹Assemblée nationale.

M. Boisclair s'était contenté de lui faire savoir qu'elle serait fixée sur ses intentions avant la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, demain.

Avant de revenir en politique M. Boisclair avait laissé tomber un emploi prestigieux chez MacKenzie, le bureau torontois d'une firme multinationale de consultation. Cette fois, il annonce son départ sans connaître exactement ce que sera son prochain emploi.

M. Boisclair démissionne de son poste de député de Pointe-aux-Trembles où il avait été élu à l'été 2006. Celle qui l¹avait précédé, Nicole Léger a déjà indiqué qu'elle faisait l'objet de pressions pour revenir en politique; elle avait été l'une des rares députés péquistes à appuyer Mme Marois. Parmi les députés péquistes actuels, aucun n'avait appuyé Mme Marois lors de la course qui l'avait opposée à André Boisclair entre juin et novembre 2005.

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12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 13:35
La crise entre les Flamands et les francophones enflamme la Chambre belge des députés
LE MONDE | 11.10.07 | 15h59  •  Mis à jour le 11.10.07 | 15h59
BRUXELLES CORRESPONDANT

n incident survenu à la Chambre belge des députés, mercredi 10 octobre, a entraîné un approfondissement de la crise qui oppose les partis flamands et francophones. Invitée, au lendemain de la rentrée officielle du Parlement, à examiner des propositions flamandes visant à scinder l'arrondissement électoral et judiciaire bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde, au nord de la capitale belge, la commission de l'intérieur a été le théâtre d'une division claire : les néerlandophones sont restés en séance, alors que tous les francophones quittaient la salle. L'histoire des relations entre les deux communautés a beau être tumultueuse, elle a rarement été marquée par de tels épisodes.

L'affaire a eu des conséquences immédiates sur les difficiles négociations gouvernementales. Celles-ci avaient repris sous la conduite d'Yves Leterme, chef de file des démocrates-chrétiens flamands. Mercredi soir, M. Leterme a annulé une conférence de presse au cours de laquelle il devait annoncer un accord sur les questions de politique étrangère et européenne. Lundi, les quatre partis censés former un jour l'"Orange bleue" avaient trouvé un terrain d'entente sur l'asile, l'immigration et l'acquisition de la nationalité.

L'incident survenu en commission, prélude à un probable vote Flamands contre francophones sur une question institutionnelle très sensible, pourrait ruiner la stratégie du formateur. Tirant la leçon d'une première expérience de formation ratée, celui-ci espérait engranger divers accords avant d'en venir au chapitre de la réforme du fédéralisme, sur laquelle les deux communautés restent en totale opposition.

HOMOGÉNÉITÉ LINGUISTIQUE
Tous les représentants flamands demandent la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit BHV, invoquant la nécessaire homogénéité linguistique du territoire flamand. Contraints de revoir le statut BHV suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle, Flamands et francophones formulent des propositions radicalement différentes. Tandis que les Flamands prônent une séparation nette, les francophones veulent préserver les droits dont jouissent plusieurs dizaines de milliers des leurs vivant à la périphérie de Bruxelles. Les différentes formations francophones proposent, par exemple, une extension des limites de Bruxelles, région bilingue, ou une consultation de la population sur sa volonté d'appartenance à l'une ou l'autre région.

Le débat est byzantin mais divers observateurs estimaient qu'un éventuel vote de la majorité flamande contre la minorité francophone sur Bruxelles-Hal-Vilvorde serait l'un des possibles déclencheurs d'un vrai divorce belge. Des négociateurs de l'Orange bleue avaient suggéré de former le gouvernement avant de rechercher un compromis sur ce dossier.

C'est le président de la commission de l'intérieur, Pieter De Crem, membre du même parti que M. Leterme, qui a mis le feu aux poudres. Il s'est rangé à une demande du Vlaams Belang - extrême droite xénophobe et séparatiste - qui exigeait une conclusion de la discussion et un vote.

Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 12.10.07
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9 octobre 2007 2 09 /10 /octobre /2007 15:25
Enclavée en territoire flamand, Bruxelles craint d'être victime de la crise du fédéralisme belge
LE MONDE | 09.10.07 | 15h34  •  Mis à jour le 09.10.07 | 15h41
BRUXELLES CORRESPONDANT


uatre mois après les élections législatives du 10 juin, Yves Leterme, le leader démocrate-chrétien flamand chargé pour la deuxième fois, le 29 septembre, de former un gouvernement, semble encore aussi loin d'un accord.

Confronté à cette situation confuse, Charles Picqué, le ministre-président socialiste de la région bruxelloise, troisième composante de l'ensemble belge avec la Flandre et la Wallonie, dit s'inquiéter d'une rupture toujours possible entre Flamands et francophones. M. Picqué estime que "si l'on veut éviter l'accident, la négociation devra déboucher sur des résultats équilibrés et des concessions mutuelles. Trop de concessions francophones, imaginées dans le but de sauver le pays, ne feraient, en réalité, qu'accélérer le processus".

La négociation fédérale n'a, jusqu'ici, que brièvement évoqué la question de l'avenir de Bruxelles. Pas de quoi rassurer le ministre-président, qui gère une situation aussi difficile que paradoxale. Très majoritairement francophone, Bruxelles est enclavée dans le territoire flamand et est aussi la capitale proclamée de la région flamande. Classée parmi les cinq régions les plus productrices de richesse en Europe, son produit intérieur est très supérieur à la moyenne nationale belge, mais elle bénéficie peu de cette manne : l'impôt de ceux qui viennent y travailler tous les jours est réimporté dans les autres régions. En Flandre surtout, puisque les Flamands forment 71% de la main d'oeuvre de la ville-région.

Bruxelles, qui assume toutes les contraintes de son statut de capitale fédérale et européenne, se débat, pendant ce temps, avec un taux de chômage record (21% en moyenne, plus de 30% chez les moins de 25 ans), des finances à la corde et un sous-investissement chronique du pouvoir fédéral.

"PROTECTION DES MINORITÉS"

Les deux partis francophones qui négocient avec M. Leterme, le Parti libéral et le Centre démocrate humaniste (centre-droit) réclament une extension des limites de la ville-région afin de mieux assurer son développement. Problème : aucun négociateur flamand n'accepte cette demande. Tous, en revanche, veulent scinder l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ce qui priverait les 150 000 francophones vivant dans la périphérie flamande de la ville d'une grande partie de leurs droits actuels. "Ce problème renvoie à la protection des minorités, donc au respect des gens, et à l'enclavement de Bruxelles, alors que nous demandons, au contraire, à mieux coopérer avec les zones proches", souligne M. Picqué, qui invite les négociateurs francophones à la fermeté.

"Je suis pour une réforme de l'Etat qui assurerait, notamment, la viabilité de Bruxelles. Pas pour des concessions destinées à sauver une Belgique qui ne serait plus qu'une coquille vide", indique le président de la région bruxelloise. "Chagriné mais réaliste", il se prépare, dit-il, à un scénario "confédéral". M. Picqué espère seulement que cela n'engendrera pas le "pire", c'est-à-dire "une cogestion de Bruxelles par les deux autres régions ou, pire, une mainmise flamande sur la ville". "En fait, ajoute-t-il, je crois qu'une majorité de Flamands n'a pas envie d'une rupture, mais des éléments irrationnels peuvent jouer et le ressaisissement que j'espère ne se manifeste guère."

Bruxelles pourrait-elle, alors, être "sauvée" par l'Union européenne, comme l'espère une partie de ses habitants ? "Je préfère l'idée d'une Belgique à trois régions viables. Je doute que l'UE veuille s'incarner en meilleure alliée de ma région. Elle n'a sans doute pas envie de mettre la main dans le panier de crabes belge..."


Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 10.10.07

Violente manifestation d'extrémistes flamands en Belgique
LEMONDE.FR avec AFP | 07.10.07 | 19h52

'est aux cris de "Que la Belgique crève !" qu'environ 350 extrémistes flamands ont manifesté, dimanche 7 octobre, près de Bruxelles en Belgique. Brûlant des drapeaux belges, symbole d'un royaume "artificiel" qu'ils espèrent voir disparaître à l'issue de la crise politique actuelle, ils manifestaient dans le centre de Rhode-Saint-Genèse. Cette commune de la périphérie de Bruxelles fait officiellement partie de la Flandre, la région néerlandophone du nord de la Belgique, mais sa population est à plus de 60 % francophone. Elle constitue l'un des enjeux majeurs de la crise que traverse la Belgique depuis les élections législatives du 10 juin.

La marche était organisée par le Voorpost ("Avant-poste" en néerlandais), un groupe radical qui milite pour une partition de la Belgique au nom des "intérêts de la communauté ethnique néerlandaise". Dix-sept parlementaires du parti d'extrême-droite indépendantiste Vlaams Belang étaient présents dans un cortège où flottaient de nombreux drapeaux jaunes frappés du lion noir, symbole de la Flandre.

"LA SOLUTION, C'EST DE SÉPARER FLAMANDS ET WALLONS"

Quatre mois après les législatives, la formation d'un nouveau gouvernement belge bute notamment sur la question du droit des francophones de la périphérie flamande de Bruxelles de voter pour des listes francophones de la capitale, que les partis néerlandophones souhaitent abolir.

"C'est le moment crucial pour demander l'indépendance de la Flandre", a souligné un responsable du groupe nationaliste, Michael Debronett. "La solution, c'est de séparer Flamands et Wallons. On demande une Flandre indépendante, avec l'intégrité de son territoire", a-t-il ajouté.

Au même moment, une centaine de défenseurs de l'unité de la Belgique, dont de nombreux jeunes, manifestaient dans le centre de Bruxelles, arborant les couleurs belges et portant des autocollants "Touche pas à ma Belgique".

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