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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

4 juillet 2007 3 04 /07 /juillet /2007 10:21
Après sa deuxième défaite électorale consécutive (ce qui dans l'histoire politique des 30 dernières années au Québec reste relativement normal), le Parti Québécois traverse une crise profonde. Celle-ci est avant tout dû au fait d'avoir été devancé par un petit parti néo-libéral et populiste emmené par un certain Mario Dumont - l'Action Démocratique du Québec -, chez qui certains de nos compatriotes ne manqueraient pas de reconnaître Nicolas Sarkozy (en moins petit).
Le gouvernement sortant mené par le libéral québécois Jean Charest - mais conservateur canadien (oui je sais c'est compliqué) et au demeurant le plus mauvais premier ministre que la province ait connu - s'est amintenu de justesse, constituant un gouvernement minoritaire qui n'a dû sa survie qu'à l'abstention du PQ sur le budget provincial après que ce dernier eût fait monter les enchères. Le Parti Libéral Québécois s'interroge lui-même sur les erreurs qu'il a commises alors que la conjoncture économique le portait tout seul. Et il est sûr que le défi lancé par l'ADQ ne concerne pas seulement le traditionnel parti de la gauche francophone, mais le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour et le découpage des comtés assurent au PLQ grâce au vote des anglophones d'une trentaine de circonscriptions de Montréal et de l'Ouest du Québec une assurance-électorale et lui évitent des interrogations trop criantes.

Le PQ a pour la première fois depuis longtemps subi une légère concurrence sur sa gauche : devant l'affadissement de son projet économique et social - du moins celui présenté dans la campagne électorale menée par André Boisclair - il a aidé à l'émergence du groupuscule Québec Solidaire et du parti des Verts, permettant également au Nouveau Parti Démocrate - aile canadienne et plutôt anglophone de l'internationale socialiste - de se faire un peu entendre au Québec. Cette concurrence dans un système électoral conçu pour favoriser et aggraver le bipartisme était fatale - puisque les 5 points qui manquaient aux candidats du PQ face à l'ADQ et au PLQ dès le 1er tour n'étaient plus rattrapables ensuite ; mais comme en France en 2002, il n'est pas ici question d'expliquer que la faute réside dans l'existence de la concurrence, car si la concurrence a eu une audience qu'elle n'avait pas auparavant c'est le parti dominant n'a pas su se faire entendre de son électorat traditionnel ou qu'il a abandonné pour de nouvelles lunes des priorités désormais prises en charge par de nouveaux éléments.
Ainsi donc le Parti Québécois vient de découvrir qu'il n'est plus le seul parti de la gauche québécoise et francophone, mais qu'il n'est plus non plus le seul parti des autonomistes et des indépendantistes, car en atténuant son discours sur l'indépendance du Québec il a crédibilisé la nouvelle option autonomiste, défendue sans beaucoup de convictions pourtant par l'ADQ. Autant en 2003, les péquistes pouvaient croire que l'alternance après 8 ans et demi de gouvernement avait logiquement porté les libéraux au pouvoir ; ils pouvaient croire aussi que l'antifiscalisme portait l'ADQ dans une population francophone qui s'en retournerait au PQ après quelques années de gouvernement libéral - qui se serait chargé au passage de baisser les impôts - , ainsi l'ADQ sans s'ancrer durablement dans le paysage politique (5 députés seulement en 2003) avait pour principale conséquence  d'amplifier la victoire libérale en permettant aux libéraux de passer devant des péquistes dont ils avaient subtilisé une partie de l'électorat.
Voilà ce que pouvait se dire encore en 2003 un PQ soucieux avant tout de ne pas se poser trop de questions douloureuses et de porter trop loin l'inventaire des trois gouvernements péquistes entre 1994 et 2003. Mais voilà ce qu'aujourd'hui il ne peut plus se dire à moins de renouveller l'erreur d'analyse qui l'a  conduit à devenir le troisième parti de l'Assemblée nationale à Québec en 2007. Et il ne faudra pas qu'il se réjouisse trop vite des erreurs commises dans l'épisode du budget libéral 2007 par Mario Dumont - le statut minoritaire du deuxième gouvernement Charest, la bêtise de celui-ci et l'exaspération des québécois vis-à-vis de ce gouvernement pourraient bien conduire à des élections anticipées à court terme (à moins que le PQ ne se sacrifie dans le silence pour maintenir ce gouvernement quitte à brouiller un peu plus son image), et l'ADQ bénéficiant de l'aura de la nouveauté puisqu'elle n'a jamais exercé les responsabilités pourraient sortir vainqueur d'un prochain round anticipé.
La Parti Québécois s'est cherché des hommes providentiels pour gagner les élections. L'environnement anglo-saxon joue par ailleurs à plein dans la Belle Province sur le mimétisme dans les comportements politiques, car désormais comme dans le Parti démocrate américain c'est le chef ou le candidat qui fait le programme plutôt que le Parti et les militants qui choisissent le candidat en cohérence avec le projet qu'ils ont bâti. Le Parti Québécois ne semble jamais ne s'être remis du décès de René Lévesque (comme le PS de Mitterrand), son fondateur et son premier Premier Ministre. Après l'élection d'une nouvelle majorité péquiste sur son projet défendu par Jacques Parizeau, l'échec serré du 2nd référendum sur l'indépendance a conduit ce dernier à quitter le pouvoir, le péquistes appelant à la rescousse Lucien Bouchard, chef du Bloc Québécois à Ottawa, mais introduisant une incohérence grave entre le projet social-démocrate porté par le parti et les sensibilités conservatrices du chef. L'air du temps et cette incohérence ont sérieusement attaqué la lisibilité du programme économique péquiste, même si Bernard Landry, successeur de Bouchard en 2000, a redonné quelques feus à un néo-keynésianisme nord-américain. Soumis à de fortes pressions, la doctrine économique du parti s'est évanoui pour sombrer dans un libéralisme matiné de solidarité. Et quand il s'est agi de désigner le chef, André Boisclair semble avant tout avoir gagné sur sa jeunesse, sa "branchitude" et sa modernité que sur l'examen raisonnable de ses propositions : résultats le programme du PQ déjà bien affadi a été rangé dans un placard et il ne fut plus question de durant la campagne. La sociale-démocratie était atone et l'indépendance nationale fort peu revendiquée : les deux fondammentaux du PQ disparaissaient du paysage.

Nos camarades du SPQ libre ont publier un note détaillée dans l'édition du 19 mai du Devoir (cliquer ici) sur ce qui a mené selon eux à l'échec et c'est assez intéressant à lire. Mais avec la désignation de Pauline Marois comme chef du PQ par défaut (personne d'autre ne s'est présenté), ce n'est pas simplement la récompense de la persévérence d'une femme à conquérir le parti de René Lévesque ("la troisième fois c'est la bonne" lisait-on), mais c'est surtout la confirmation d'une erreur politique ici commise par tout le parti, puisque personne ne s'est levé pour s'opposer : Mme Marois appelle en effet à mettre en veilleuse le discours indépendantiste du Parti Québécois et demande à revisiter la conception social-démocrate du parti dans un sens plus moderne et donc plus libéral (relire le dossier de presse ad hoc en cliquant ici)... En France, Dominique Strauss-Khan devrait méditer cela lui qui appelle à une rénovation social-démocrate du PS pour y imposer le social-libéralisme, il a un train de retard sur le vocabulaire.
Je rappelerai tout de même à nos camarades québécois que les erreurs de leurs cousins français pourraient peut-être les aider à repérer les leurs : nous avons désigné sur des critères de renouvellement et de comportement supposé face à la société une candidate prometteuse dans les sondages, nous avons mis de côté notre programme (peut-être un peu bancal mais toujours social-démocrate) pour nous faire imposer un pacte présidentiel dont les fondammentaux du socialisme étaient toujours plus édulcorer au fur et à mesure qu'avançait la campagne, nous avons fait le plus mauvais score du PS au second tour de la présidentielle. Nous ramons depuis 2002 pour rattraper les morceaux de notre électorat et nous devons absolument aujourd'hui rassembler notre camp : la gauche. Nous n'y réussirons pas en cédant au présidentialisme, au culte de l'image et au libéralisme compassionnel. Le Québec comporte en plus la difficulté de la question nationale ; doit-il donc mettre à la corbeille tous les éléments de son identité ?

Frédéric FARAVEL
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1 juillet 2007 7 01 /07 /juillet /2007 09:48

Référendum : le PQ pourrait attendre trois mandats
Québec - cyberpresse.ca - vendredi 29 juin 2007 - Paul Roy

S'il était porté au pouvoir, le PQ pourrait attendre jusqu'à une 12ne d'années ou plus avant de déclencher un 3ème référendum sur la souveraineté. C'est Pauline Marois elle-même qui l'a admis hier, en répondant à une journaliste qui lui demandait s'il était possible qu'il n'y ait pas de référendum sur la souveraineté du Québec «pendant un, deux ou trois mandats» advenant l'élection du PQ.

«Oui, a répondu spontanément la nouvelle leader péquiste. Parce que ça dépendra du moment où les gens nous diront qu'ils veulent qu'on tienne un référendum ou qu'on les consulte sur cette question-là

Et comment déterminera-t-elle le moment où les Québécois seront prêts à se prononcer sur l'avenir du Québec? Elle dit se fier à leur intelligence et croire que «les gens seront capables de nous dire quand ils seront prêts à choisir leur destinée». "Et j'espère que je n'aurai pas à gouverner pendant un, deux ou trois mandats avant d'atteindre ce but."

Cela faisait quelques semaines que Mme Marois prenait ses distances par rapport à ce que plusieurs ont appelé «l'obsession référendaire» péquiste. Hier, elle a été plus loin : 3 mandats, surtout s'ils sont entrecoupés de périodes dans l'opposition, cela peut commencer à ressembler aux calendes grecques
«Ça ne veut pas dire qu'on va rester passifs, a toutefois précisé Mme Marois. On va agir sur tous les fronts. (...) Ça va dépendre de notre capacité de nous mobiliser, d'aller rencontrer les gens, de les écouter, de répondre à leurs attentes, leurs questions, leurs inquiétudes

«Soyons plus convaincants, a renchéri le leader parlementaire péquiste François Gendron. Allons plus vite, voyons plus de monde. Sortir, parler, convaincre, écouter, entendre. Et quand on aura fait ça, ça se peut que ça progresse un peu plus

Pour l'instant, le programme adopté en 2005 prévoit toujours la tenue d'un référendum le plus rapidement possible à l'intérieur d'un éventuel premier mandat. Ce programme devra donc être modifié dans un congrès ou un conseil national.
«Je vais faire une proposition à l'exécutif national, que je rencontre d'ailleurs ce soir, je vais commencer par en débattre avec eux, a précisé Mme Marois. C'est évident que je ne peux faire ces changements ou proposer ces changements sans qu'il y ait une consultation des membres

La question référendaire n'est d'ailleurs pas le seul aspect du programme auquel elle veut apporter des changements. Ces derniers temps, elle a beaucoup évoqué la nécessité de remodeler la vision péquiste de la social-démocratie. En matière sociale, elle a maintes fois exprimé ses réticences face aux mesures "mur à mur". Elle est également en faveur du dégel des droits de scolarité - alors que le PQ défendait le gel lors de la dernière campagne électorale.

Mme Marois, accompagnée de M. Gendron, avait choisi de rencontrer la presse avant une réunion du caucus des députés péquistes, hier matin. La veille, la politicienne de 58 ans avait été nommée chef du PQ au cours d'une fête réunissant 800 militants, au Capitole de Québec.
Elle compte prendre 2 semaines de vacances avant de poursuivre sa préparation en vue de la rentrée parlementaire d'octobre. Une de ses priorités sera d'être élue députée. Une possibilité pourrait s'offrir à elle si son prédécesseur, André Boisclair, décidait de libérer sa circonscription de Pointe-aux-Trembles, dans l'Est de Montréal.

Pour l'heure, M. Boisclair n'a toutefois pas donné d'indications en ce sens. Il n'a pas été vu à l'Assemblée nationale depuis sa démission, le 8 mai dernier. Il n'était pas à la réunion du caucus péquiste d'hier matin.

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29 juin 2007 5 29 /06 /juin /2007 10:28

La présidente d'élection, Lyne Marcoux, a déclaré aujourd'hui : «Je n’ai reçu qu’un bulletin de candidature qui remplissait les critères que les membres du Parti Québécois s’étaient donnés. Madame Pauline Marois devien[t] [...] la 7e chef du Parti Québécois ».

Dans son discours, Mme Marois a également répété son intention de revoir la conception péquiste de la social-démocratie. «Cessons d'avoir peur ! Peur d'être lucides ! Peur d'être solidaires ! Peur des mots ! Peur d'avoir l'air intolérants ! Peur de faire les choses autrement ! Peur de la richesse (...) Ce n'est pas parce que nous parlons de richesse que nous abandonnerons les exclus. Et nous créerons cette richesse dans une perspective de développement durable. Ce n'est pas parce que nous parlons de valeurs individuelles que nous abandonnons les valeurs communes

Pauline Marois est prête à dissocier le Parti québécois de tout projet de référendum sur la souveraineté pour un temps indéterminé. Le Parti Québécois rentre vraisemblablement dans une période de confusion.

Télécharger la revue de presse en cliquant ici.

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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 10:02
Louise Beaudoin reçue au Quai d'Orsay par Bernard Kouchner
Michel Dolbec - lundi 4 juin 2007 - cyberpresse.ca - Paris

Parce qu'il est «bourré de fric», le Canada doit augmenter sa contribution à la Francophonie, estime l'ancienne ministre péquiste Louise Beaudoin.

 

«Je ne conçois pas que la Francophonie puisse continuer à évoluer sans que le Canada mette plus d'argent», a prévenu l'ancienne ministre péquiste, lundi à Paris, à l'issue d'une rencontre avec le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Le fondateur de Médecins sans frontières, qu'elle connaît depuis un certain temps, avait invité Louise Beaudoin à un déjeuner au Quai d'Orsay, avec une demi-douzaine de convives. Apparemment, Mme Beaudoin — qui possède toujours de bons réseaux en France — est ainsi devenue la première personnalité québécoise à prendre contact avec le nouveau gouvernement français.
«Bernard Kouchner m'a invitée par amitié et j'ai accepté à titre personnel. Je ne représentais personne», a insisté Mme Beaudoin, qui s'est reconvertie depuis quelques années dans la Francophonie, notamment en tant que professeure invitée à l'Université de Lyon.
C'est à ce titre qu'elle a donné son sentiment sur l'avenir de la Francophonie et l'avenir de la langue française.
«La France finance 75% de la Francophonie (contre environ 20% pour le Canada) et après on vient se plaindre que ça soit de plus en plus une affaire franco-française, a-t-elle lancé. Tous les pays membres doivent faire leur part, et le Canada, qui est bourré de fric, au premier chef.»

L'ancienne ministre a rappelé que Nicolas Sarkozy a promis pendant la campagne présidentielle de mettre la Francophonie «au rang des priorités diplomatiques de la France», tout en plaidant pour une «troisième Francophonie», tournée davantage vers le politique et l'économique, dans le contexte de la mondialisation.
Mme Beaudoin, qui a donné à Lyon des cours sur la Francophonie et la mondialisation, s'en réjouit, elle qui espère que la «rupture (prônée par le président Sarkozy) ait un sens en Francohponie aussi».
Elle signale toutefois qu'on ignore toujours à quelle enseigne logera la Francophonie dans le gouvernement dirigé par le premier ministre François Fillon.
Le secrétaire d'État, qui doit encore être nommé, relèvera-t-il toujours du ministère des Affaires étrangères ou du très controversé ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale ? Si cette dernière hypothèse semble désormais écartée, la question n'est pas encore tout à fait réglée. Pour Mme Beaudoin en tout cas, la réponse «coule de source» : «la Francophonie doit être un élément de la politique étrangère de la France».

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2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 16:58
La crise est dénouée
Québec - vendredi 1er juin 2007

Québec va hausser l'impôt des banques et des pétrolières pour financer l'ajout de 111 millions$ au budget provincial. L'opposition officielle affirme que ce sont les contribuables qui paieront quand même au bout du compte.

 
«Nous prélèverons une contribution supplémentaire des sociétés de raffinage et des institutions financières», précise la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, dans une déclaration ministérielle lue à l'Assemblée nationale, quelques heures avant le vote pour l'adoption du budget, vendredi.
Ainsi, pour financer les mesures consenties à l'opposition péquiste, le gouvernement va augmenter le taux d'imposition des banques et des pétrolières de deux points, soit de 9,9% à 11,9%.
La hausse de la taxe dégagera des fonds supplémentaires pour injecter 60 millions $ de plus dans les soins à domicile et les Groupes de médecine familiale (GMF), 30 millions $ pour les élèves en difficulté et 21 millions $ pour les régions-ressources.

Ces ajouts au budget, arrachés par le PQ au terme d'une longue semaine de tractations et de négociations avec le gouvernement, permettront aux libéraux de se maintenir au pouvoir en faisant adopter leurs orientations budgétaires.
En principe, le Parti québécois demeure opposé au budget, mais ne délèguera que 3 députés pour voter contre son adoption, un nombre insuffisant pour renverser le gouvernement.
Ces 3 votes péquistes s'ajouteront à ceux des 41 députés de l'Action démocratique opposés au budget. Le vote devrait se tenir autour de midi vendredi.

ANALYSE
Jean Charest sur la sellette

Denis Lessard

Il a choisi de déclencher les élections plus tôt que prévu et les a pratiquement perdues. Il a formé un gouvernement qui a multiplié les foyers de mécontentement dans son caucus.

 

Cette semaine, sa gestion de la crise autour du budget Jérôme-Forget était la troisième prise.

Son gouvernement a été sauvé in extremis hier par le PQ, qui a décidé que seulement trois élus se présenteraient en Chambre pour voter contre son budget. Mais le clan libéral a passé toute la semaine dans les montagnes russes, et plusieurs se demandent aujourd'hui si Jean Charest est capable de faire fonctionner le ménage à trois à l'Assemblée nationale.

Bien des libéraux sont désormais convaincus que Jean Charest ne dirigera pas leur parti aux prochaines élections générales. Son départ est maintenant attendu chez ses propres troupes.

Car au-delà des bluffs et des coups fourrés, s'il est un message que les élus libéraux ont retenu de ce dernier bras de fer avec le PQ, c'est que le gouvernement ne survivra pas à celui du printemps 2008.

Sans le sou, sans chef, le PQ devait cette fois se contenter d'un baroud d'honneur - jamais plus du tiers des 36 députés n'auront été en faveur d'élections estivales, indique-t-on à l'interne. La situation sera bien différente dans un an; Pauline Marois aura alors plus d'assurance à la barre du PQ, les finances du parti seront en meilleure forme.

Et puis plus on y pense, pourquoi M. Dumont et Mme Marois voudraient-ils attendre le prochain budget? André Boisclair est parti bien plus vite que ne le prévoyaient les observateurs, et Jean Charest. L'arrivée de Mme Marois, dès la fin juin, à la barre du PQ rend plausible une motion de défiance des deux partis de l'opposition dès octobre prochain, à la reprise des travaux parlementaires.

Car Mario Dumont et Pauline Marois tombent d'accord sur une chose; les deux aimeraient bien avoir Jean Charest comme adversaire plutôt qu'un nouveau chef libéral, qui, inévitablement, bénéficiera d'une lune de miel de quelques mois dans l'opinion publique.

À Québec, dès que se ferment les magnétophones des journalistes, des élus libéraux se prennent à réfléchir tout haut à des scénarios où Jean Charest annoncerait qu'il passe la main avant la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, à la mi-octobre.

Peut-il lire la situation?

Au PLQ, on a retenu son souffle quand Jean Charest a bombé le torse vendredi et annoncé qu'il serait intraitable sur le budget qu'il venait de déposer. Est-il encore capable de lire la situation? Sent-il encore le pouls de la population? De ses propres troupes? C'est le même Jean Charest qui, deux jours avant le scrutin du 26 mars, appelait ses ministres pour se faire rassurant, pour marteler une évidence selon lui; le gouvernement allait être majoritaire. Eux n'y croyaient déjà plus.

Les officiers du parti conscrits pour sonder la détermination des soldats par téléphone en fin de semaine dernière sont revenus bien perplexes. L'enthousiasme pour un autre scrutin était nul, c'était prévisible. Mais les commentaires sur la direction du parti en général n'étaient guère plus rassurants. Même le président du PLQ, Me Marc-André Blanchard, sondait les reins et les coeurs en soutenant qu'à son avis, une autre campagne électorale à brève échéance était impensable.

Même chez les disciples de Jean Charest, on est conscient que la grogne a pris beaucoup d'ampleur depuis une semaine. C'est bien plus intangible que l'affrontement fratricide d'André Boisclair et de Gilles Duceppe, mais l'effet accélérant est similaire.

Bien théorique jusqu'à cette semaine, la défaite du gouvernement est devenue une réalité tangible pour les libéraux. Et tout le monde est inquiet.

"Je n'ai pas entendu un attaché politique libéral dire qu'il voulait travailler à cette élection", laisse tomber l'un de ces adjoints, sous le couvert de l'anonymat. Avec un rire nerveux, les députés libéraux évoquent les épluchettes de blé d'Inde où la population se défoulerait en tirant des épis aux politiciens, tous partis confondus.

Bien des libéraux en sont rendus à craindre pour l'avenir du PLQ, et se souviennent avec une pointe d'angoisse que Brian Mulroney, le mentor politique de M. Charest, avait laissé le Parti conservateur en déroute en s'accrochant à son poste en 1993.

Avec inquiétude on observe les sondages; Jean Charest est clairement devancé par ses deux adversaires comme meilleur premier ministre. Pire encore, le Parti libéral trouve à peine l'appui d'une personne sur cinq chez les francophones. Mario Dumont et Pauline Marois ont une meilleure cote que leur parti, Jean Charest tire le PLQ vers le bas, un constat qui inquiète les libéraux de longue date qui se souviennent de plus en plus souvent qu'il n'était pas issu du parti. "Les libéraux veulent quelqu'un qui vient de la famille, ils ont besoin d'être rassurés", laisse tomber un acteur influent au PLQ.

Chez les députés, les foyers d'incendie sont désormais nombreux. Les anglophones sont malheureux, les "oubliés" sont mécontents, les "dégradés" sont furieux.

Dans l'entourage de Jean Charest, les départs s'annoncent. D'abord Stéphane Bertrand, le chef de cabinet, commence à dire qu'il ne sera pas là quand tel ou tel problème devront être réglés. D'autres disciples indéfectibles du chef reluquent des postes qui ne se libéreront qu'à l'automne dans la haute fonction publique.

Les prétendants

Reste la suite des choses. Tout récemment, au caucus des députés, Jean Charest répétait qu'on avait fait mille fois sa nécrologie politique et qu'il était toujours là. Les députés étaient dubitatifs.

Les partis poussent leur chef quand ils ont sous la main une solution de rechange, ce qui n'est pas évident cette fois. Le Dr Philippe Couillard reste le nom le plus souvent évoqué. À Québec, Marc-Yvan Côté fait doucement campagne pour son poulain. Mais les problèmes du réseau de la santé ont terni son armure - les nombreuses fermetures de lits dans les hôpitaux cet été ne l'aideront pas non plus.

Claude Béchard va, c'est certain, tenter sa chance. Issu de la base libérale, il compte bien des amis dans l'organisation du PLQ.

Pierre Paradis sera sur les rangs, ne serait-ce que pour se positionner pour l'avenir. Raymond Bachand va aussi tester sa popularité avec sa nouvelle famille politique.

Du côté des femmes, Nathalie Normandeau sera sur les rangs, mais son unilinguisme français sera un lourd handicap. Monique Jérôme-Forget a, dit-on, davantage d'appétit depuis qu'elle cumule les Finances et le Trésor. À 67 ans, elle serait toutefois un chef de transition pour des élections que les libéraux auraient concédées à l'avance.

Puis tous les autres, l'essaim de Montréalais en vue qui laissent porter leur nom, par vanité ou par réel intérêt. Liza Frulla serait surtout tentée par Ottawa, où une troisième élection l'assurerait d'une bonne pension.

Yves Séguin serait prêt demain matin, mais il est très loin de faire consensus chez les libéraux. Redevenu journaliste, Jean Lapierre assure qu'on ne l'y reprendra pas. "Amenez-moi à Louis-H. Lafontaine si j'annonce ma candidature!" lance-t-il, amusé.

Finalement, à leur grande surprise, des maires des Cantons-de-l'Est ont reçu le coup de fil de Daniel Johnson, qui se rappelait à leur bon souvenir!

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29 mai 2007 2 29 /05 /mai /2007 11:28

Le gouvernement négocie avec le PQ 
Québec - lundi 28 mai 2007 

charestsouffle.jpgCoincé, le gouvernement libéral de Jean Charest a entrepris des discussions avec le Parti québécois pour éviter le déclenchement d'une élection générale si son budget est rejeté par l'Assemblée nationale vendredi. 

«Je ne veux pas retourner en élection et les Québécois ne veulent pas retourner en élection», a déclaré le Premier ministre au cours d'une des nombreuses entrevues télévisées qu'il a accordées en soirée.
Les ministres de la Santé et de l'Education, Philippe Couillard et Michelle Courchesne, rencontreront mardi leurs vis-à-vis péquistes Bernard Drainville, député de Marie-Victorin, et Diane Lemieux, députée de Bourget, afin de réaménager le budget pour satisfaire le Parti québécois, qui a annoncé son intention de voter contre le budget déposé la semaine dernière.

Le PQ demande que le gouvernement libéral investisse davantage dans les soins à domicile, les régions-ressources, l'aide aux personnes âgées et les élèves en difficulté, mais le parti devient évasif quand on lui demande de préciser le montant de ses demandes.

«Il faudrait que le PQ soit beaucoup plus précis» et qu'il «exprime un peu plus clairement ce qu'il veut», notamment sur le plan des mesures économiques, a indiqué le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, en rappelant que le budget comportait déjà une stratégie économique de 825 millions $.
«C'est quoi leur vrai agenda ?», s'est-il demandé, au cours d'un entretien téléphonique, en parlant des élus péquistes, et en laissant entendre que les querelles autour du budget n'étaient qu'un prétexte pour «provoquer des élections».

De son côté, le Premier ministre a déclaré être ouvert aux négociations avec le PQ, mais qu'il n'était pas question de toucher aux 950 millions $ promis pour les baisses d'impôt.
«On peut avoir des discussions avec le Parti québécois sur les domaines où ils voudraient qu'on coupe, mais il n'est pas question de toucher aux baisses d'impôt, a déclaré M. Charest. On veut une économie compétitive (...) et on veut que la classe moyenne puisse recevoir aussi un peu d'aide

Si le gouvernement libéral minoritaire n'obtient pas l'appui d'un des 2 partis d'opposition, il sera défait lorsque le budget sera soumis à l'approbation de l'Assemblée nationale, vendredi prochain. Il ne resterait alors que 2 possibilités : le déclenchement d'une élection générale ou une initiative surprise du lieutenant-gouverneur d'appeler le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, pour lui demander de former un nouveau gouvernement.

Le chef intérimaire du Parti québécois, François Gendron, a indiqué que cette rencontre permettra de constater le degré d'ouverture du gouvernement Charest.

L'attaché de presse du Premier ministre, Hugo D'Amours, a précisé de son côté que le gouvernement n'avait pas l'intention de dénaturer son budget, ni de reculer sur sa promesse de baisse d'impôt de 950 millions $.

Le ton du gouvernement a changé radicalement entre vendredi et lundi. Vendredi, le Premier ministre Charest et les membres de son cabinet clamaient que le gouvernement avait fait tous les compromis et toutes les concessions possibles, et soutenaient que les demandes de l'opposition avaient été prises en compte. Lundi, on se disait prêt à des accommodements.
«Un gouvernement responsable est toujours à l'écoute de la population», a déclaré pour sa part le ministre de la Santé, Philippe Couillard, pour expliquer le changement d'attitude.
«On verra ce qu'il est possible de faire pour répondre aux requêtes et aux demandes du Parti québécois», a-t-il ajouté.

2 éléments influencent directement ces pourparlers entre le gouvernement libéral et l'opposition péquiste.
D'une part, le Parti québécois veut éviter que, pour satisfaire les demandes péquistes, Jean Charest coupe dans d'autres secteurs de l'administration ou augmente certains tarifs pour les services publics.
«Il serait facile alors pour les libéraux de dire que ces coupes de services ou ces hausses de tarifs sont attribuables au Parti québécois», a expliqué un stratège de l'aile parlementaire péquiste. Le Parti québécois veut donc savoir exactement d'où proviendra l'argent qui satisfera ses exigences pour de meilleurs soins à domicile ou pour aider les élèves en difficulté.

Autre donnée majeure : un récent sondage Léger Marketing-Le Devoir, publié lundi, montre que les libéraux sont relégués au 3ème rang dans les intentions de vote des Québécois.
Selon ce sondage, l'Action démocratique recueille 33% des intentions de vote, contre 30% au Parti québécois et seulement 28% pour le Parti libéral.
Chez les francophones, le PLQ est loin en 3ème place, ce qui indique que les libéraux seraient balayés presque partout au Québec sauf dans les châteaux forts anglophones de l'Ouest de Montréal.
Le même sondage indique également que les Québécois rejettent à 70% les baisses d'impôt annoncées dans le dernier budget de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.
Ces données affaiblissent la position de négociation du gouvernement libéral.

Le Bloc creuse l'écart

Alec Castonguay - Le Devoir du mardi 29 mai 2007

Ottawa -- La volte-face surprise du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a changé d'avis sur son avenir politique en 24h le 12 mai dernier, n'a pas érodé la confiance que les Québécois ont en lui. Au contraire, depuis quelques semaines, le parti souverainiste à Ottawa a même accentué son avance sur le Parti conservateur dans les intentions de vote au Québec. C'est ce qui se dégage du volet fédéral du sondage Léger Marketing-Le Devoir. Par contre, le potentiel de croissance des votes est beaucoup plus fort chez les conservateurs, puisque 56% des répondants affirment être satisfaits du gouvernement Harper, une donnée importante.

Si une élection avait eu lieu sur la scène fédérale entre le 23 et le 26 mai, le Bloc québécois aurait récolté la faveur de 36% des répondants québécois (après répartition des indécis). C'est une progression de 2% depuis le dernier sondage de la firme Léger Marketing paru le 16 avril dernier. Le Parti conservateur, de son côté, revient à 28%, après un bond à 34% en avril, quelques jours après le dépôt du budget fédéral. «Ce n'est pas une baisse du Parti conservateur, mais un retour à la normale. Ses intentions de vote tournent habituellement autour de 26 à 28% depuis un bon moment au Québec», souligne Jean-Marc Léger, président de la firme Léger Marketing.

Pour le Parti libéral du Canada, les intentions de vote ne décollent toujours pas. La formation de Stéphane Dion est maintenant talonnée par le NPD dans la province. Ainsi, à peine 17% des 1001 répondants voteraient pour le PLC, contre 13% pour le NPD. Il s'agit d'une baisse de 2% pour les libéraux et d'une hausse de 4% pour les néo-démocrates depuis le 16 avril. Le Parti vert d'Elizabeth May récolte 5%.

Chez les électeurs francophones qui décident du sort des politiciens dans une 50ne de circonscriptions au Québec (sur 75), le portrait est encore plus sombre pour les libéraux fédéraux. À peine 13% des francophones voteraient pour Stéphane Dion. C'est un point de moins que le NPD (14%). Le Bloc québécois est solidement en avance chez les Québécois francophones, avec 40 %, contre 26 % pour le Parti conservateur.
«La marque libérale est ternie au Québec depuis le scandale des commandites. 13 %, c'est extrêmement faible. Même chez les non-francophones, le PLC est devancé par le Parti conservateur (31% contre 35%), ce qui est unique», explique Jean-Marc Léger. Un tel résultat ne permettrait pas au PLC d'augmenter le nombre de sièges qu'il est allé chercher au Québec à la dernière élection (le PLC en a obtenu 13, le Bloc 51 et le PC 10).

Selon Jean-Marc Léger, les intentions de vote montrent que les Québécois ont facilement pardonné à Gilles Duceppe sa valse-hésitation entre le PQ et le Bloc il y a un peu plus de 2 semaines. Mais pour être bien certain, Léger Marketing a demandé aux électeurs en quel chef politique ils avaient le plus confiance. Encore là, Gilles Duceppe arrive en tête (30%), devant Stephen Harper (28%), Jack Layton (16%) et Stéphane Dion (13%). Elizabeth May, peu connue au Québec, récolte 2%.
Les francophones font davantage confiance à Gilles Duceppe (35%) devant Stephen Harper (26%), alors que chez les non-francophones, Harper est fortement en avance. Pas moins de 38% des répondants allophones lui font le plus confiance, devant Stéphane Dion (21%), Jack Layton (15%) et Gilles Duceppe (8%).
«Gilles Duceppe n'a pas perdu de point [personnel] ni d'intentions de vote malgré ses difficultés. Sa crédibilité n'est pas atteinte. L'indicateur de confiance n'a pas bougé», affirme Jean-Marc Léger.

Par contre, le potentiel de croissance de la formation souverainiste est faible, dit le sondeur. «L'appui à la souveraineté du Québec est présentement à 39 %, soit son plus faible résultat depuis 2002. Or c'est à peine 3% de plus que les intentions de vote du Bloc, ce qui n'est pas bon signe», dit le président de Léger Marketing.

Les meilleures perspectives d'avenir sur la scène fédérale au Québec se trouvent du côté des conservateurs, juge Jean-Marc Léger. Le gouvernement Harper reçoit en effet un taux de satisfaction de 56% dans la province, alors que 40% des citoyens sont insatisfaits de ses actions. «Dans les pays occidentaux, c'est très rare maintenant que les gens soient majoritairement satisfaits d'un gouvernement. Les électeurs sont de plus en plus critiques. Il y a 2 fois plus de gens satisfaits du gouvernement que de gens prêts à voter pour Stephen Harper. Il y a là un potentiel de croissance beaucoup plus élevé que dans tout autre parti fédéral», dit-il.
Mais, visiblement, le Premier ministre fédéral ne suscite toujours pas d'engouement chez plusieurs électeurs. «Les citoyens respectent Harper, mais ils ne l'aiment pas encore. La connexion émotive n'est pas faite. Sauf que le taux de satisfaction montre que les gens cherchent des raisons de voter pour lui, sans toutefois les avoir trouvées pour l'instant», dit Jean-Marc Léger.

Selon lui, le portrait général de la situation montre que les courses à 3 pourraient être nombreuses au Québec lors du prochain scrutin fédéral. Une division du vote fédéraliste, notamment entre les conservateurs et les libéraux, pourrait avantager le Bloc québécois, dit-il. «Mais ça devient très imprévisible les courses à 3», précise toutefois le sondeur. Le coup de sonde a été réalisé par téléphone entre le 23 et le 26 mai auprès de 1001 personnes. La marge d'erreur est de 3,1% 19 fois sur 20.

 
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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 10:56

Le PQ défie Jean Charest
Denis Lessard
- cyberpresse.ca - Québec - jeudi 24 mai 2007

Coup de théâtre hier soir, le Parti québécois a annoncé qu’il allait voter contre le budget déposé dans l’après-midi par Monique Jérôme-Forget, enclenchant du même coup une lutte sans merci avec le Premier ministre Jean Charest.

 

francoisgendron.jpg«Le gouvernement a fait le choix de présenter un budget qui n’obtient d’aucune façon l’adhésion des 2 partis d’opposition», a expliqué hier soir le chef intérimaire du PQ, François Gendron (en photo ci-contre). Après une réunion de 2 heures, «révoltés», les élus péquistes ont «à l’unanimité» décidé de voter contre le budget quand il sera soumis à l’Assemblée nationale, le 1er juin.
Comme l’ADQ a déjà annoncé qu’elle voterait contre, le gouvernement risque d’être renversé la semaine prochaine à moins que le Premier ministre Charest ne recule et revienne avec un budget plus acceptable aux yeux du PQ.

Du côté de Jean Charest, on était loin d’être prêt à des amendements hier soir. «On est encore bien loin du vote. On compte faire des annonces sectorielles qui permettront à l’opposition de réévaluer leur position», a dit Hugo D’Amours, porte-parole du Premier ministre.
Plus belliqueuse, Monique Jérôme-Forget remettait à l’opposition les conséquences de son vote. «S’ils veulent renverser le gouvernement, c’est là leur choix. Une élection coûte 72 millions, s’ils veulent dépenser simplement pour une petite fierté, une coquetterie, je ne suis pas d’accord», a-t-elle lancé. «C’est mon budget, c’est ce que j’ai déposé et on va travailler avec ça», a-t-elle dit à La Presse.

Mais le PQ ne retrouve pas les exigences qu’il avait posées pour appuyer le gouvernement : davantage d’argent pour les soins à domicile, l’aide aux élèves en difficulté et les régions.
Si le Québec est plongé dans une nouvelle campagne électorale, «c’est pas vrai qu’on va porter seul la responsabilité de la suite des choses… M. Charest était conscient de la réalité ; 70% (des gens) dit que ce n’est pas une bonne idée de mettre tout l’argent dans les baisses d’impôts ; il s’en fout royalement», a soutenu M. Gendron. Bien que minoritaire, «au lieu de venir chercher notre adhésion, le Premier ministre a choisi l’affrontement. Demandez à M. Charest si c’est responsable de se foutre de la population», a-t-il renchéri.
Selon lui, le gouvernement a toute la marge de manœuvre nécessaire pour modifier son budget s’il le désire. L’insensibilité du gouvernement est d’autant plus surprenante que lors d’une rencontre privée, M. Charest avait indiqué qu’il comprenait parfaitement les attentes de l’opposition péquiste. «Quand je l’ai rencontré en privé, il m’a dit que nos demandes étaient précises, claires et qu’il comprenait bien la situation», a révélé M. Gendron hier.
Plus tôt, dans le huis clos budgétaire, le critique aux Finances du PQ, François Legault, avait laissé entrevoir ce coup de force, décrivant le budget comme un exercice «irresponsable et sans vision». Au même moment, l’ADQ avait confirmé son intention de s’opposer au budget.

Baisses d’impôts
Avec son budget hier, Monique Jérôme-Forget a sorti un milliard de dollars d’un chapeau, une cagnotte secrète qui, ajoutée à l’augmentation des transferts fédéraux lui permet, en même temps, de baisser les impôts et d’effacer l’important déficit prévu pour l’an prochain par son prédécesseur, Michel Audet. Comme promis en campagne électorale, le gouvernement hausse à 950 millions les baisses d’impôts fixées à 250 millions lors du budget la fin février.
Il y a 3 mois seulement, Québec entrevoyait un déficit de 1 milliard pour l’an prochain, un gouffre comblé hier comme par magie. Mme Jérôme-Forget a pu compter, notamment, sur une «réserve» de 500 millions ajoutée à une hausse «inattendue» de 430 millions des recettes d’Hydro-Québec.
Elle ne s’attendait vraiment pas à ce que le PQ menace de voter contre.

Pour l’ADQ, Gilles Taillon était tombé à bras raccourcis sur un budget qui laisse augmenter la dette publique de 7 milliards en 2 ans. «C’est une taxe différée pour les générations futures, on fait un party aujourd’hui et on refile la facture à nos enfants», a dit M. Taillon qui confirmait hier que son parti votera contre le budget à l’Assemblée nationale.
«On aurait été d’accord avec les baisses d’impôts à condition qu’il y ait une marge de manœuvre» qui n’existe pas selon lui.

Pour le contribuable, le budget d’hier ajouterait 700 millions aux 250 millions de baisses d’impôts promises par le budget de Michel Audet fin février. Comme cette mesure s’applique à compter de janvier 2008, elle coûtera 200 millions pour 2007-2008.

L’effet conjugué des 2 baisses d’impôts signifie un allègement fiscal de 984$ par année pour un couple avec 2 enfants et un seul revenu de 75 000$. La même famille avec 2 salaires épargnera 640$ par année. Pour une famille monoparentale, avec un enfant, l’économie est de 360$ pour un revenu de 50 000$. Pour une personne vivant seule, à faible revenu, l’impact sera mineur, 55$ par année, pour un salaire de 30 000$. Le cadeau augmentera rapidement pour les hauts salariés, jusqu’au plafond de 969$ pour un revenu au-delà de 75 000$.

«Il était temps de donner des baisses d’impôts, d’aider tous les Québécois», a précisé la ministre, interpellée sur sa générosité pour les hauts salariés qui profiteront davantage du budget d’hier. Depuis 4 ans l’essentiel des efforts ont été dirigés vers les familles et les bas revenus, a-t-elle expliqué. Avec cette baisse d’impôts, le Québec sera la 5ème province au pays au palmarès du fardeau fiscal.

Pour les entreprises, Québec accélère la réduction de la taxe sur le capital, une mesure coûteuse – 889 millions par année –, mais qui n’aura aucun impact financier en 2007-2008 et ne coûtera que 34 millions l’an prochain. Mme Jérôme-Forget ne fait d’ailleurs ses projections que sur 2 ans, plutôt que 5.

Les dépenses totales atteignent cette année 61 milliards, une augmentation modérée à 3,9%. Elles sont compensées par des revenus totalisant 48 milliards plus 13 milliards de transferts fédéraux et de péréquation.

Conséquence d’une injection de 30 milliards en 5 ans pour rénover les infrastructures routières et entretenir les écoles et les hôpitaux, la dette publique continuera d’augmenter, passant de 122,4 milliards l’an dernier à 125,2 milliards cette année à 127,7 milliards l’an prochain. Mais, par rapport à la richesse collective, le poids de la dette continue de diminuer, passant de 43 à 41% sur cette période.

Pour présenter un portrait plus limpide des finances publiques, le gouvernement entreprend aussi des travaux avec le Vérificateur général du Québec qui visent à intégrer les établissements de la santé et de l’éducation dans le périmètre comptable du gouvernement, dès le prochain budget. «C’est le budget d’une nouvelle façon de faire», a promis hier la ministre
Parce que le financement de la santé est «de plus en plus problématique», Québec confiera à Claude Castonguay, le père du régime public d’assurance maladie, le mandat de se pencher à nouveau sur le financement public des soins.
Partisan avoué du recours au privé en santé, «il est la personne toute désignée pour jeter un regard critique sur nos façons de faire», a précisé la ministre. Son rapport est attendu pour l’automne et pourrait proposer des modifications à la Loi canadienne sur la santé.

Québec demandera aussi à Hydro-Québec de mettre l’accent sur les exportations. Les revenus supplémentaires permettront d’augmenter, à compter de 2010, de 400 millions annuellement, les versements au Fonds des générations, créé l’an dernier. D’ici 2026, 42 milliards seront ainsi engrangés pour rembourser la dette.

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 13:25

Le SPQ libre réclame l'élaboration d'une constitution
Montréal - Dimanche 20 mai 2007

marclaviolette.jpgLe SPQ libre, un club politique actif au sein du Parti québécois (PQ), réclame l'élaboration d'une constitution du Québec. Le SPQ suggère qu'un organisme indépendant de tout parti politique en soit responsable, pour ne pas qu'il soit seulement issu du PQ.

 

Marc Laviolette, le président du SPQ libre, en entrevue à NTR, ce dimanche, a jugé que le PQ a jusqu'à maintenant adopté une politique «trop mécanique» face au référendum plutôt que de se lancer dans un large programme d'éducation populaire visant à renseigner les Québécois sur le fonctionnement des institutions à l'intérieur d'un Québec indépendant. Il espère d'ailleurs enclencher ce processus dès maintenant, avant toute campagne électorale.

Le SPQ libre dit ne plus vouloir revenir aux vieilles notions de souveraineté-association ou de souveraineté-partenariat et juge qu'un virage à droite serait «suicidaire», les autres partis politiques provinciaux occupant déjà cette position.

M. Laviolette estime que la récente défaite électorale péquiste a provoqué de profondes remises en question mais que les indépendantistes ne doivent pas se laisser distraire pour autant.

Marc Laviolette dit appuyer pleinement l'arrivée de Pauline Marois à la tête du PQ et considère qu'André Boisclair a lui-même couru à sa perte en s'attaquant à ses alliés naturels, notamment le Bloc québécois et les syndicats.

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19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 09:57

Le PQ menace de voter contre le budget Charest
Jocelyne Richer - Québec - jeudi 17 mai 2007

L'opposition péquiste menace de voter contre le budget présenté jeudi prochain par le gouvernement Charest, s'il s'entête à respecter son engagement de baisser les impôts.

 

legault.jpegSi les péquistes mettent leur menace à exécution et que les adéquistes de Mario Dumont, de leur côté, maintiennent eux aussi leur opposition farouche aux baisses massives d'impôts promises à maintes reprises par Jean Charest, le gouvernement pourrait être défait avant l'été.
«On n'est pas prêts à appuyer le budget, si le 700 millions $ est utilisé pour faire des baisses d'impôts», a tranché le porte-parole en finances de l'opposition péquiste, le député François Legault, jeudi, en conférence de presse, soutenant qu'il ne bluffait pas.

La semaine dernière, le chef intérimaire du Parti québécois (PQ), François Gendron, adoptait pourtant un ton beaucoup plus conciliant à l'endroit du gouvernement minoritaire, précisément pour éviter des élections hâtives.

En fin de campagne électorale, en mars, le Premier ministre Charest s'était engagé à réduire le fardeau fiscal des Québécois de 700 millions $, une somme provenant du règlement du déséquilibre fiscal avec le gouvernement fédéral au chapitre de la péréquation.
Cette somme s'ajoutait à des réductions annoncées de 250 millions $, lors du budget présenté par le gouvernement juste avant le déclenchement des élections, en février.
«On demande à M. Charest de tenir compte des propositions qu'on fait pour avoir notre adhésion», a ajouté M. Legault.

Le 9 mai, alors qu'il prenait les rênes du parti, à la suite du départ d'André Boisclair, François Gendron laissait plutôt entendre que son groupe parlementaire allait renoncer à défaire le gouvernement à court terme.
«Je suis capable de dire que des baisses d'impôts, ce n'est pas une bonne idée. Mais indépendamment du budget, les électeurs ne veulent pas d'élections au mois de juin», disait-il alors, avant que Pauline Marois vienne insuffler un peu d'optimisme aux troupes avec sa candidature à la direction du parti.

L'opposition péquiste veut que les 700 millions $ versés par Ottawa servent plutôt à la santé, à l'éducation et au maintien des crédits d'impôts aux régions-ressources. Ses priorités iraient notamment aux élèves en difficulté, au décrochage scolaire, aux soins à domicile et à la création de nouveaux groupes de médecine familiale (GMF).

Selon M. Gendron, compte tenu des besoins actuels en santé et en éducation, il serait carrément irresponsable et incohérent de procéder à des baisses massives d'impôts.
Mais tout en affichant une attitude intransigeante, MM. Gendron et Legault ont gardé une porte ouverte à un vote en faveur du budget, si le gouvernement donne du lest sur les baisses d'impôts.

Dans ce contexte, le Premier ministre Charest risque de se retrouver dans une situation perdante, quoi qu'il fasse.
S'il se soumet au voeu des partis d'opposition, il se fera taxer de ne pas respecter ses engagements électoraux, un reproche formulé à maintes reprises lors de la dernière campagne électorale.
Si, au contraire, il colle à son engagement de réduction massive du fardeau fiscal, il froisse l'opposition et met son gouvernement minoritaire en péril.

La solution trouvée par le gouvernement pour se sortir de cette impasse sera connue jeudi prochain, le 24 mai, à 16h00, lors de la présentation du budget, par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 20:37
Le SPQ Libre ne jette pas l’éponge 2007 03 28

« Je ne veux pas fédérer les insatisfaits », déclarait André Boisclair au lendemain de l’imposition sous le bâillon par le gouvernement Charest d’un décret aux employés du secteur public. Le 26 mars dernier, les Québécois l’ont pris au mot.

Insatisfaits du gouvernement libéral, 61,6% des électeurs ont décidé de voter pour une autre formation politique, faisant subir au Parti libéral une défaite historique. Mais le Parti Québécois n’a engrangé que 29,8% des suffrages, alors que 32,8% des électeurs – dont évidemment bon nombre d’insatisfaits – trouvaient refuge chez l’Action démocratique de Mario Dumont. Des centaines de milliers d’autres électeurs faisaient l’élection buissonnière. Le taux de participation de 71,28% est à peine supérieure à celui de l’élection de 2003 (70,49%), le plus bas depuis 1927.

La déroute du Parti Québécois – avec son pire score depuis 1970 – excite évidemment les éditorialistes et les commentateurs politiques fédéralistes qui, dès le soir du scrutin, ont commencé à « suggérer » la mise au rancart de l’objectif de la souveraineté et la révision d’un programme jugé trop à gauche. Lors de son point de presse au lendemain du scrutin, André Boisclair a accrédité cette perspective.

Du « déjà vu »
On croirait revivre un mauvais scénario. Au lendemain de la défaite de 2003, un groupe de députés comprenant André Boisclair et Joseph Facal prenaient prétexte des gains de l’ADQ pour suggérer au Parti Québécois un «recentrage» vers la droite. Impressionnés par les succès de Mario Dumont, particulièrement dans la région de Québec-Chaudières-Appalaches, les tenants de ce virage proposaient de concurrencer l’ADQ sur son propre terrain, mais en revêtant les habits d’une soi-disant «nouvelle social-démocratie».

Comme bon nombre de sociaux-démocrates à travers le monde, ils avaient été ébahis par les succès électoraux de Tony Blair et de son «New Labour» en Angleterre. Présenté comme une «modernisation» de la social-démocratie, le «New Labour» s’inspirait de l’expérience de Bill Clinton au sein du Parti Démocrate et s’est caractérisé, comme son modèle, par une distanciation à l’égard du mouvement syndical et l’adoption de politiques néolibérales.

Mais le congrès de 2005 du Parti Québécois rejette cette approche. Une solide majorité attribue plutôt l’échec électoral au fort taux d’abstentions et l’impute à la dérive néolibérale du parti depuis la politique du Déficit zéro et à sa tiédeur sur la question nationale. Les militantes et les militants corrigent alors le tir et ramènent le parti sur ses positions sociales-démocrates traditionnelles, tout en réaffirmant la nécessité de l’indépendance nationale pour la réalisation de ce programme. Ils proposent la tenue d’un référendum le plus tôt possible dans un premier mandat. C’est sur cette base que se scelle l’alliance entre les courants sociaux-démocrates et indépendantistes au sein du parti.

Mais tout n’était pas joué. La démission de Bernard Landry et le déclenchement d’une course à la chefferie ouvrent la porte à un match revanche aux partisans de la «nouvelle social-démocratie». Empruntée à l’expérience de Tony Blair, la recette gagnante semble toute simple : trouver un chef charismatique pour remporter la victoire en misant sur sa seule performance. Une fois plébiscité, il pourra, espère-t-on, imposer comme Blair l’a fait ses vues à son parti, c’est-à-dire le détacher de sa base syndicale et le « recentrer » vers la droite.

André Boisclair et son équipe ont mené la course à la chefferie à cette enseigne. Mais la partie a été corsée et, pour s’assurer de la victoire, il lui a fallu endosser le programme mal-aimé du congrès de 2005. Cependant, une fois élu, jamais André Boisclair n’a montré d’intérêt à populariser les éléments sociaux-démocrates de ce programme. Au contraire, il a continuellement cherché à s’en distancer avec des déclarations exprimant son refus de «fédérer les insatisfaits» au lendemain de l’adoption de la loi 142 et promettant de «soulager le capital» pour faire du Québec «l’endroit au monde où le capital est le mieux accueilli».

Plutôt que de prendre appui sur les organisations syndicales, André Boisclair s’engage plutôt à «mettre fin au copinage entre le Parti Québécois et les chefs syndicaux» et trouve conseil auprès de l’Institut économique de Montréal.

Mais les membres du parti se chauffaient toujours au même bois qu’au congrès de 2005, comme le révèle l’adoption par les deux-tiers du Conseil national sur l’environnement d’une proposition de nationalisation de l’éolien. André Boisclair rejette la proposition, ce qui lui vaut les applaudissements de la presse fédéraliste et néolibérale. «Un chef est né», écrit André Pratte en éditorial l’encourageant à faire fi de son parti et de son programme.

Mais n’est pas Bill Clinton ou Tony Blair qui veut. Une performance anémique dans les sondages force André Boisclair à renouer en catastrophe à la onzième heure avec les alliés syndicaux du Parti Québécois et à proposer à son parti une plate-forme électorale aux couleurs sociales-démocrates.

De toute évidence, il attribue aujourd’hui le cuisant échec du 26 mars dernier non pas à sa performance – qu’il juge éclatante ! – mais à son parti qui l’a empêché d’imposer ses vues, particulièrement dans la région de Québec.

L’option souverainiste sur la glace
Aujourd’hui, André Boisclair exprime à nouveau son intention de chercher à «recentrer» le Parti Québécois vers la droite, mais propose également de mettre sur la glace l’option souverainiste. Cela ne nous étonne pas. Un bref retour en arrière permet de l’expliquer.

Au lendemain du référendum de 1995, André Boisclair et d’autres dirigeants souverainistes ne trouvaient rien de plus urgent que de se dissocier des propos de Jacques Parizeau sur les «votes ethniques». Des déclarations similaires d’Yves Michaud leur ont donné l’occasion de proclamer haut et fort leur rejet du «nationalisme ethnique» et d’«épurer» le nationalisme québécois par l’élagage de toute référence ethnique, culturelle et parfois même linguistique. Leur crainte était que l’approche du Parti Québécois soit identifiée aux politiques de « nettoyage ethnique » qui défrayaient la manchette en Yougoslavie et dans d’autres pays.

Mais la mondialisation et les flux migratoires qui l’accompagnent font naître dans les populations du globe une insécurité identitaire qui se traduit par une recherche d’affirmation nationale. Le Québec n’y échappe pas. Nous l’avons vu surgir à l’occasion du débat sur les accommodements raisonnables.

Mario Dumont s’en est saisi et les observateurs politiques datent de son intervention dans ce débat le départ de sa fulgurante ascension. Quant au chef du Parti Québécois, il a été incapable aux yeux de la population d’incarner cette identité nationale, qu’il aurait dû pourtant beaucoup mieux que Mario Dumont représenter, tout en l’articulant bien sûr avec les droits légitimes des minorités ethniques.

Mais la direction actuelle du Parti Québécois est tellement engluée dans son rejet du « nationalisme ethnique » qu’elle a manqué le coche. Bien plus, il n’y a eu au cours de la campagne électorale aucune référence à la défense et à la promotion de la culture et de la langue française, qui sont pourtant au cœur du mouvement national québécois. On a tellement dépouillé le projet souverainiste de ses attributs nationaux qu’on peut aujourd’hui envisager sa mise au rancart.

Les plaques tectoniques

On a parfois l’impression que le Québec se trouve aux confins des plaques tectoniques de la politique mondiale et qu’il est parmi les derniers à ressentir l’onde de choc des grands mouvements politiques. Plusieurs se félicitent donc aujourd’hui que le vent de droite qui souffle depuis fort longtemps sur l’Amérique du Nord a finalement atteint le Québec avec les succès de l’ADQ.

 

Notre analyse est plus nuancée. Il faut d’abord souligner que la population a durement sanctionné le gouvernement Charest pour ses politiques de droite. Qu’une majorité ait refusé d’embarquer dans le voyage pour la souveraineté que lui proposait le Parti Québécois témoigne, à notre avis, que ce voyage a été perçu comme mal organisé, son guide jugé incompétent et son itinéraire confus.

Près de 30% de l’électorat a boudé l’élection, un autre 31% s’est stationné chez l’ADQ en sachant que ce parti ne prendrait pas le pouvoir. Rien ne garantit que ce parti puisse consolider ses positions. Au contraire, nous savons que la droite n’a pas de solutions à offrir face à l’insécurité économique et identitaire. La réduction de l’intervention de l’État et le laisser-faire économique qu’elle propose ne peuvent qu’aggraver la situation dans une société comme la nôtre.

La solution ne réside pas non plus dans une adaptation québécoise du «New Labour» de Tony Blair. Malgré l’énorme avantage de pouvoir bénéficier de l’extraction du pétrole de la Mer du Nord, le Royaume-Uni est tombé au 19e rang sur les 25 pays européens pour la performance économique. Son déficit budgétaire excède le 3% du PIB permis par le traité de Maastricht. Sa dette réelle surpasse celle de la France, pourtant jugée «catastrophique». Près du quart de la population vit dans la pauvreté et l’écart entre les riches et les pauvres est le plus important d’Europe. Tony Blair est aujourd’hui présenté comme le digne héritier de Margaret Thatcher.

À cette élection, les militantes et les militants du Parti Québécois ont sauvé la mise par leur engagement et un dévouement sans bornes. Elles et ils sont les yeux et les oreilles de ce parti au sein de la population et sont les plus aptes à véhiculer les préoccupations de leurs concitoyens. C’est leur bilan de l’élection qui importe. Le bilan des gens qui étaient sur le terrain. C’est de là également que viendront les réalignements nécessaires.

Marc Laviolette, Président
Pierre Dubuc, Secrétaire

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