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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 17:39
Pour un scrutin proportionnel
lundi 2 avril 2007 - cyberpresse.ca - Mario Girard

L’idée d’une réforme du mode de scrutin au Québec refait surface une fois de plus. Une poignée de personnalités du monde politique ont lancé hier une pétition afin qu’un système proportionnel soit mis en place dès les prochaines élections.

Au cours d’une conférence de presse donnée à Montréal, des personnalités publiques ont lancé une opération de sensibilisation aux avantages du mode de scrutin proportionnel. Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins, Jean-Pierre Charbonneau et Louise Beaudoin, anciens ministres péquistes, Liza Frulla, ex-ministre libérale fédérale et provinciale, Jean Allaire, président-fondateur de l’ADQ, et plusieurs autres font partie du groupe.

Selon eux, notre système uninominal à un tour est profondément injuste. «Ce système empêche les partis d’obtenir une représentation équitable de députés, dit Mercedes Roberge, présidente du Mouvement pour une démocratie nouvelle. Ça nuit également à l’égalité des sexes et à la présence des représentants des communautés ethnoculturelles à l’Assemblée nationale

Dans l’histoire du Québec, il est arrivé à quelques reprises qu’un parti s’empare du pouvoir même s’il arrivait 2ème pour le nombre de votes exprimés. «Quand un parti peut prendre le pouvoir avec seulement 35% des votes, il y a quelque chose d’inacceptable», dit Jean-Pierre Charbonneau.
Selon des calculs simples, si un système proportionnel avait été en vigueur le 26 mars dernier, les libéraux auraient eu un peu moins de députés, pense Jean-Pierre Charbonneau. L’ADQ et le PQ en auraient eu un peu plus. Quant à Québec solidaire et au Parti vert, avec 4% de votes chacun, ils auraient pu avoir une représentation à l’Assemblée nationale. «Ils auraient pu former une coalition», ajoute M. Charbonneau. De même, aux élections de 2003, l’ADQ, qui avait reçu 19% des voix, n’a pu obtenir que 4 sièges.

Le collectif juge que le moment est opportun pour réfléchir à une telle réforme puisque les Québécois ont, pour la première fois depuis plus de 100 ans, élu un gouvernement minoritaire, si «accidentel» soit-il.

Selon Claude Béland, les citoyens sont prêts pour un tel changement. «C’est du côté des élus que ça bloque, dit-il. Le système que nous avons favorise le bipartisme, sauf que, là, on se rend compte que les citoyens n’en veulent plus
Ces personnalités hésitent à favoriser un système proportionnel en particulier. Il pourrait s’agir, selon eux, d’un mélange des systèmes proportionnel et uninominal à un tour, un peu comme en Allemagne.
Parallèlement, Jean Allaire souhaiterait que les élections aient lieu à date fixe. «Quand le parti au pouvoir déclenche les élections, il prend les autres partis par surprise et on se retrouve avec un choix déficient de candidats», explique-t-il.

Un avant-projet de loi prônant une réforme du mode de scrutin a été déposé il y a plusieurs mois à l’Assemblée nationale. Pour le moment, le dossier se trouve entre les mains du Directeur général des élections, qui devrait donner son avis en juin prochain.
«On ne veut pas son avis sur les effets d’un système proportionnel, ça ne le regarde pas, dit Jean-Pierre Charbonneau. Il doit seulement examiner la façon dont on pourrait appliquer un tel système

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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 09:32
La souveraineté peut-elle survivre?

L'option risque d'être orpheline de son parti

L'option souverainiste peut-elle survivre à la débâcle électorale du parti politique qui la porte depuis près de 40 ans ? Voilà la question que se posent aujourd'hui de nombreux indépendantistes lorsqu'ils ne sont pas occupés à chercher qui, du chef ou du programme, il faut blâmer pour la déconfiture du Parti québécois.

Avec 28% des suffrages, le PQ est passé lundi sous le seuil des «purs et durs», évalué à 34%, soit le noyau qui voterait pour la «séparation» sans offre de partenariat avec le Canada. Pourtant, il y a moins de 2 ans, l'option caracolait à 54% dans les sondages, gonflée par le scandale des commandites. On rappelait aussi que les aînés attachés à l'identité canadienne-française étaient progressivement remplacés par les baby-boomers, que les jeunes étaient plus souverainistes et que les néo-Québécois devenaient moins réfractaires à cette idée.

Le fruit espéré n'a pas pu être cueilli et le PQ est maintenant relégué au 3ème rang à l'Assemblée nationale. À l'horizon, une crise interne menace au sein du Parti québécois. «L'option souverainiste risque d'être orpheline de son parti», fait observer le sociologue Simon Langlois, de l'Université Laval. Il croit néanmoins que le noyau dur pourrait raviver les braises souverainistes, d'autant plus que l'appui à la souveraineté oscillait toujours autour de 44% pendant la campagne électorale (avec une question référendaire qui n'impliquerait pas de partenariat avec le Canada).
«Depuis le début des années 2000, il y a un divorce entre le niveau d'appui à la souveraineté et celui des intentions de vote en faveur du Parti québécois. On veut la souveraineté, mais on pense que les conditions ne sont pas réunies, que les astres ne sont pas alignés pour s'engager dans un référendum», fait observer le sociologue, précisant qu'auparavant, le PQ était généralement plus populaire que son option.

Résultat des courses : bon nombre de ces électeurs qui se déclarent souverainistes ont accordé leur vote à l'ADQ lundi, sans compter ceux qui ont opté pour les Verts, pour Québec solidaire, ou qui sont carrément restés chez eux.

Discours identitaire
Comment une telle faction de souverainistes a-t-elle pu faire le saut à l'ADQ ? La question est complexe et il faudra certainement plusieurs mois avant d'y voir clair. Cependant, plusieurs observateurs pointent déjà en direction du sentiment identitaire, que l'ADQ aurait mieux su incarner à l'extérieur de Montréal.

«Nos nationalistes ont eu le sentiment que le vrai défenseur de l'identité québécoise, c'était Mario Dumont. Ça fait mal», avance l'historien Éric Bédard, qui présidait le comité des jeunes du PQ au moment du référendum de 1995. Selon lui, c'est le discours du chef adéquiste sur les accommodements raisonnables qui a été le point tournant. «En disant que ce n'est qu'une question de droits et de libertés, André Boisclair a laissé le cheval de l'identité québécoise, dont Mario Dumont s'est emparé. Cela a été le laissez-passer pour aller vers l'ADQ», poursuit M. Bédard, qui trace un parallèle avec la position du Premier ministre unioniste Jean-Jacques Bertrand en faveur du libre choix en matière de langue d'enseignement en 1969 (bill 63), ce qui lui avait coûté la victoire par la suite.
Pour M. Bédard, le Parti québécois a mis en sourdine le discours identitaire dans son argumentaire depuis le traumatisme causé par la déclaration de Jacques Parizeau sur le vote ethnique le soir du référendum de 1995. «On a tellement voulu montrer patte blanche qu'on a tourné le dos au pathos identitaire. Ça ne sentait pas bon, ça sentait l'ethnicisme», fait valoir M. Bédard, qui estime que le PQ a fait la promotion d'un «souverainisme dénationalisé». «On veut faire la souveraineté au nom de la vertu supérieure du peuple québécois, plus écologiste, social-démocrate, ouvert sur le monde, plutôt que parce que nous sommes un peuple inscrit dans l'histoire, qui veut s'inscrire aussi dans la durée», analyse l'historien.

Tout en jugeant adéquate la réponse du chef péquiste aux accommodements raisonnables, le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Jean Dorion, est lui aussi d'avis que la question identitaire est négligée dans le discours péquiste depuis plusieurs années. Il cite en preuve le peu de cas fait de la langue française dans le programme péquiste. «C'est même le parti qui en a le moins parlé», déplore M. Dorion, rappelant que le PQ n'a pas fait entrer en vigueur la loi adoptée en 2003 qui faisait du français la langue des communications de l'État. «M. Dumont a fait vibrer la corde identitaire d'une façon pas très saine. Cela a contribué à le faire monter et à distraire les gens de questions tellement plus importantes, comme le bilinguisme de la société et l'hégémonie de l'anglais», croit M. Dorion, qui dénonce le fait que la moitié des nouvelles infrastructures hospitalières de la métropole sera gérée en anglais.

Au discours identitaire, pierre d'assise du Parti québécois dès sa fondation, a succédé un autre discours, plus pragmatique, qui s'est appuyé entre autres sur le déséquilibre fiscal au cours des dernières années. Cette réorientation a mené à une argumentation un peu trop «comptable» au goût du président du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose. «Ma préoccupation, c'est que la souveraineté redevienne une question identitaire et moins une question comptable, de bouts de ski, moins une question de stratégie où on travaille sur les modalités et le calendrier», plaide l'ancien syndicaliste, convaincu qu'il faut maintenant recréer une nouvelle coalition souverainiste puisque le PQ n'en est plus une en soi.
«Ça reste à inventer. J'ai récemment rencontré des artistes qui étaient eux aussi surpris des résultats électoraux. Ils pensent qu'il faut qu'on reparle du pays, mais pas comme des comptables», explique M. Larose.

L'autonomie
Une autre explication de la désertion de plusieurs souverainistes vers l'ADQ pourrait se trouver du côté de la position autonomiste de ce parti. La célèbre boutade d'Yvon Deschamps («Un Québec fort dans un Canada uni») représente peut-être encore l'idéal de plusieurs Québécois.
Mario Dumont peut-il aller au bout de sa logique et exiger de nouveaux pouvoirs à Ottawa, à la faveur d'un gouvernement conservateur ? Le champ de la politique-fiction est ouvert. S'il se hissait au pouvoir, s'il osait mener cette bataille et se faisait dire non, qu'adviendrait-il ? Et si on lui disait oui ?
«Comme c'est un film qu'on a déjà vu, il se jouerait vite. Je ne crois pas qu'on va veiller tard sur la question de l'autonomie. Je ne sais même pas si Mario Dumont va avoir la force d'aller au bout du processus», affirme Gérald Larose. Celui-ci est convaincu qu'un hypothétique pèlerinage de Mario Dumont à Ottawa se terminerait dans le même «cul-de-sac» que celui où avait abouti Robert Bourassa. «[Les adéquistes] vont finir par se démarquer : les uns seront canadiens, les autres québécois

Jean Dorion juge lui aussi la position autonomiste de l'ADQ complètement «irréaliste». «Si Mario Dumont va à Ottawa et se fait dire non, peut-être que cela pourrait aider un parti indépendantiste ou l'idée d'indépendance», avance-t-il prudemment avant de préciser que le PQ ne doit surtout pas laisser de terrain à l'ADQ. Une chose est certaine, tant pour M. Dorion que pour plusieurs autres indépendantistes : le PQ ne doit pas renoncer à son option et devenir une 2ème ADQ. «Ce serait la mort du PQ. On ne peut pas battre un tel parti populiste sur son propre terrain», lance-t-il.
Moins tranché, le philosophe Michel Seymour, ex-président des Intellectuels pour la souveraineté, est prêt à appuyer Mario Dumont s'il se lance dans une quête constitutionnelle. «Si on transformait radicalement l'État fédéral en un État multinational, je deviendrais moi-même un fédéraliste. Mais je suis souverainiste parce que je crois que c'est devenu impossible», fait-il valoir, conscient que les péquistes sont plutôt réfractaires à une telle ouverture. «On refait le script de Meech, mais cette fois-ci, peut-être qu'on aurait autre chose qu'un Premier ministre qui, en fait, ne voudrait jamais de la souveraineté comme Bourassa», suggère M. Seymour.

Pour l'heure, de telles questions ne se posent pas : Mario Dumont n'est pas Premier ministre et ne peut donc pas formuler de demandes à Ottawa. Les souverainistes en sont plutôt à se demander comment traverser le désert.

Pour les militants de la première heure, quelques leçons doivent d'abord être tirées de la campagne électorale. D'abord, un chef en campagne ne doit plus être encarcané dans un échéancier référendaire trop strict, qui le mène à promettre un référendum le plus tôt possible au cours d'un premier mandat et à pousser l'audace jusqu'à vouloir le tenir en situation de gouvernement minoritaire.

C'est notamment l'avis de l'ancien ministre péquiste Marc-André Bédard. «Les Québécois n'acceptent pas que le Premier ministre de tous les Québécois soit enchaîné sur la stratégie et sur le moment de la réaliser par un parti», fait valoir M. Bédard, dont le fils, Stéphane, est aujourd'hui député de Chicoutimi.
Selon M. Bédard, les souverainistes doivent cesser de chercher «des raccourcis» pouvant mener à la souveraineté. «Faire la souveraineté, c'est convaincre, animer un milieu et sa population, s'inscrire dans tous les secteurs d'activité», plaide-t-il.

Le conseil du sage péquiste qui fut aux côtés de René Lévesque dès la fondation du Parti québécois reçoit écho dans les propos de Gérald Larose et de Jean Dorion. «Il faut reprendre la pédagogie de la souveraineté. Il n'y a eu aucune démarche dynamique sur l'indépendance depuis des années, et pas juste sous Boisclair: ça remonte au départ de Jacques Parizeau. On dirait qu'on attend que l'idée se diffuse d'elle-même dans la population», déclare Jean Dorion.
Celui qui a la tâche titanesque de faire la promotion de la souveraineté à l'extérieur du cadre péquiste, Gérald Larose, pense lui aussi que tous les enjeux doivent être «traités systématiquement à l'aulne du projet à construire». «Le développement local, les accommodements raisonnables, le développement durable, etc., il faut systématiquement imposer notre point de vue indépendantiste», plaide-t-il. À l'instar de Marc-André Bédard, il conclut que les Québécois en ont assez de «la fixation sur la modalité référendaire et sur son calendrier». «Pour moi, c'est secondaire. On n'est plus prêts à parler de la question de la souveraineté sur la question de la modalité. Sur celle d'un projet de société à construire, oui !»

Le lendemain de veille est difficile pour les souverainistes, qui doivent encore comprendre ce qui s'est produit lundi, panser leurs plaies, reprendre leur souffle. Mais la plupart des souverainistes interrogés ne sont pas prêts à renoncer au pays. L'idée saura-t-elle traverser la tempête ? Seul l'avenir le dira. Ceux qui s'ennuient déjà des débats référendaires peuvent toujours se sustenter partiellement en suivant les élections écossaises du 1er mai prochain, alors que le Scottish National Party (SNP), qui domine dans les sondages, promet un référendum sur l'indépendance.

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31 mars 2007 6 31 /03 /mars /2007 16:39

Nous sommes au printemps 2009, deux ans après le séisme électoral qui a propulsé mario dumont dans le siège de chef de l'opposition officielle. Pendant ces deux années, Jean Charest s'est maintenu au pouvoir avec le concours alterné de l'Action démocratique et du Parti québécois. De son côté, le parti de René Lévesque a digéré, de peine et de misère, son amère défaite. D'intenses discussions, de graves déchirements ont agité le PQ. Avec des acteurs et des stratèges de la scène politique québécoise, nous avons voulu faire un petit exercice de politique-fiction: de quoi pourrait avoir l'air le PQ dans 2 ans? Montez dans la machine à voyager dans le temps et choisissez votre scénario.

Scénario A: l'éclatement

Ce qui est arrivé
Après les élections, André Boisclair est demeuré 1 an à la tête du Parti québécois. Sous sa gouverne, le PQ a officiellement mis son option en veilleuse. La souveraineté demeure donc l'objectif ultime, mais le référendum n'est plus un automatisme. C'est, en gros, le retour aux conditions gagnantes de Lucien Bouchard. Le programme du PQ reste de centre gauche. Les purs et durs, ulcérés par ce qu'ils considèrent comme une trahison, ont quitté le parti. Les souverainistes qui se retrouvent plus à droite dans le spectre idéologique ont aussi quitté le PQ pour l'ADQ, persuadés que Mario Dumont sera, à terme, celui qui fera la souveraineté. Car, à l'issue de négociations constitutionnelles infructueuses, il pourrait, croient-ils, être contraint de tenir un référendum sur la souveraineté.

Ce qu'ils en pensent
Les purs et durs du Parti québécois n'accepteraient pas facilement que l'on mette la souveraineté sur la glace. «Le Parti québécois existe pour faire la souveraineté du Québec», lance Paul Bégin, ex-ministre péquiste et membre de la faction dure. Il partirait, advenant une mise en veilleuse de l'option ? «Certainement», dit-il, rappelant le schisme qu'avait créé, en 1985, la doctrine d'affirmation nationale de Pierre Marc Johnson.

«À partir du moment où le PQ n'est plus souverainiste, quelle est la différence entre le PQ et le PLQ dans la gestion de l'État à la petite semaine ? Pas grand-chose», ajoute Patrick Bourgeois, éditeur du journal Le Québécois et membre, jeune celui-là, de l'aile pure et dure. «Si on s'enligne pour un autre beau risque, à l'aile orthodoxe, on va se réunir et voir ce qu'on fait

«Le risque d'éclatement est réel», dit un ancien élu péquiste. «Parce que nous n'avons plus de chef immense pour nous tenir. Le réflexe de l'Homo pequs, c'est le Messie. Mais là, c'est fini».

Une fois la souveraineté mise en veilleuse, le Parti québécois, une coalition hétéroclite de gens de gauche et de droite, perdrait son ciment, estime Jean-Claude Rivest, sénateur libéral et fin observateur de la scène politique québécoise. «Si on enlève le couvercle sur la marmite du Parti québécois, il y a 2 sauces qui vont sortir : une de droite et une de gauche», illustre-t-il.

Le débat gauche-droite s'engagerait donc au PQ. Et si d'aventure l'aile gauche, qui a gagné beaucoup de muscle, remportait la mise, un certain nombre de souverainistes partiraient, estime l'ex-ministre Jacques Brassard. «On a encore un programme social-démocrate des années 1960-1970. Si on choisit de s'engager à gauche encore davantage, moi, je décroche. Et il y en a beaucoup qui vont décrocher

Ces souverainistes de droite iraient-ils se réfugier dans les bras de Mario Dumont ? En tout cas, un gouvernement Dumont relancerait «l'industrie constitutionnelle», croit Jean-Claude Rivest, qui était l'éminence grise de Robert Bourassa au moment de l'accord du lac Meech. «Avec Mario, on rembarque dans la démarche de Jean Lesage, de Robert Bourassa. Mais si on accepte ça, on va frapper un mur

«Beaucoup de souverainistes sont tentés par l'ADQ parce qu'ils pensent qu'il faut rejouer dans le grand film constitutionnel», admet un péquiste de longue date.


Scénario B: le «New PQ»

Ce qui est arrivé
Oui, le Parti québécois a mis son option sur la glace en revenant aux conditions gagnantes de Lucien Bouchard. Mais non, cette redéfinition n'a pas causé de schisme. Quelques « caribous» sont partis, mais la majorité des membres a volontiers accepté que le référendum ne soit plus un automatisme. Cependant, la discussion sur la nature idéologique du programme a été vive. Les tenants d'un «New PQ», à l'image du New Labour de Tony Blair, ont finalement remporté le combat. Le Parti québécois, disent-ils, sera donc fidèle à ses racines - souveraineté et social-démocratie -, mais les moyens pour atteindre ces objectifs seront différents. Cette orientation n'a pas plu aux éléments les plus à gauche, qui ont quitté le parti pour se joindre à Québec solidaire.

Ce qu'ils en pensent
«L'erreur qu'on fait, c'est de penser que le référendum est le ciment du PQ. Le ciment, c'est la souveraineté, observe Jacques Brassard. L'immense majorité des membres va accepter d'emblée cette réorientation

Sauf rares exceptions, les purs et durs resteraient au Parti québécois, croit aussi Jean-François Lisée, ex-conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard. «Lévesque a essayé toute sa vie de les faire partir et ils ne partent jamais», dit-il à la blague de cette faction orthodoxe, qui représente, selon lui, un minime 5% des membres du PQ.

«Ces gens-là continuent de parler de souveraineté comme si on était en 1971! Ils m'exaspèrent, lance le père de la stratégie étapiste, Claude Morin. Il faut proposer une feuille de route pour la souveraineté, mais la route n'a pas à être construite avant l'hiver !»

Jonathan Valois, l'un des 3 mousquetaires péquistes qui avaient pondu un rapport incisif sur la souveraineté, est d'accord. «À un moment donné, il va falloir arrêter de se faire gouverner par ces gens-là. Il va falloir les convaincre qu'on est en train d'étouffer la question nationale», lance-t-il.

Cependant, les remises en question au Parti québécois devront aller bien au-delà de son article 1, estime l'ex-ministre Joseph Facal. « Les Québécois veulent une offre politique qui part de leurs besoins réels. On ne renie pas la social-démocratie ; on offre une réponse social-démocrate aux besoins des gens

«Personne n'avait de doute sur les valeurs de Tony Blair. Et ça lui a permis de faire des ouvertures au centre», observe Jean-François Lisée. 
Et qu'est-ce que ça veut dire, concrètement ? «Relisez le manifeste des lucides», dit Joseph Facal. Dégel des droits de scolarité, augmentation des tarifs d'électricité.

Les propositions des lucides devraient cependant être remaniées, estime Richard Nadeau, professeur de sciences politiques, qui a aussi été conseiller de Bernard Landry. «Il faudrait faire une synthèse en intégrant les éléments de diagnostic des lucides, mais aussi d'autres éléments qu'ils n'avaient pas abordés, comme l'environnement

Mais l'aile gauche n'accepterait jamais ce genre de compromis. «Le SPQ-libre va faire ses valises et on devra l'assumer», renchérit Jacques Brassard en parlant du club politique de gauche formé au PQ sous Bernard Landry.

Scénario C: le statu quo

Ce qui est arrivé
Après la défaite crève-coeur de 2007, André Boisclair a fait long feu comme chef. Juste avant l'été, il tombe, achevé par les couteaux bien aiguisés de ceux qui lui reprochaient sans relâche la débandade du PQ. Une course à la direction s'engage, dominée par Gilles Duceppe. Parce qu'ils veulent être élus, les aspirants à la direction s'écartent très peu de l'orthodoxie péquiste. Tous s'engagent donc à tenir un référendum au cours du premier mandat s'ils sont élus. La social-démocratie classique demeure également à l'ordre du jour. Après une longue course à la direction, Gilles Duceppe est élu par une large majorité.

Ce qu'ils en pensent
«Relisez les journaux de 1987 ou 1988. Le PQ était mort, le PQ était rétrograde... Des mots très durs. Et pourtant, avec Jacques Parizeau, on a réussi à remonter la pente. Ce n'est pas vrai que c'est en renonçant à ce qu'on est qu'on va réussir», dit Paul Bégin.

Pour l'ex-ministre de la Justice, la recette du succès est simplissime : le PQ doit retrousser ses manches et continuer la pédagogie. «Il faut faire le cheminement qu'on a oublié de faire depuis le départ de Jacques Parizeau : faire la promotion de la souveraineté.» Et la chose passe immanquablement, croit M. Bégin, par un changement de chef. «Scénario probable : le PQ fait comme d'habitude : il tue son chef et ne change rien», ironise un ex-ministre péquiste.

Or, selon plusieurs, ce scénario serait suicidaire. «Ce serait la NPDisation du PQ. On se condamnerait à être un parti de protestation qui ferait 20% et moins du vote. C'est l'insignifiance», dit un péquiste de longue date. «La pire chose, ce serait que rien ne change», acquiesce Jonathan Valois.

«On est entrés dans un autre beau risque. Mais ce n'est pas nous qui l'avons lancé : c'est l'électorat qui a répondu», dit Jean-Pierre Charbonneau, ex-ministre péquiste. «La stratégie de 2004 a un petit côté suicidaire. Elle est insensée. Elle risque de nous conduire à un 3ème référendum perdant», ajoute Jacques Brassard. «Il faut que les gens acceptent de tout remettre en cause», renchérit Yves Martin, ex-conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard.

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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 14:41
Juste un bémol pour compléter cette émission de Jean Lebrun sur France Culture, si les régions québécoises rejettent sans doute l'oubli et le politiquement correct montréalais, le Saguenay-Lac-Saint-Jean autour de Chicoutimi a bien voté pour les péquistes.
Fred


Travaux Publics
par Jean Lebrun
du lundi au vendredi de 18h30 à 19h30

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émission du mercredi 28 mars 2007
Les élections au Québec





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Soirée électorale chez les libéraux
© RF/M.Garrigou-Lagrange
Un petit point sur le Blog
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> Une nouvelle contribution d'un auditeur, Pierre Masselin sur l'éducation
> Une nouvelle contribution de Matthieu Garrigou-Lagrange sur son vol Paris/Montréal



Au lendemain de l'annonce des résultats des élections provinciales du Québec, Jean Lebrun vous propose, ce soir, une émission consacrée à la campagne électorale telle qu'elle a été vécue ces derniers jours au Québec et sur les résultats de ce scrutin à partir de nombreux reportages enregistrés à Montréal par Matthieu Garrigou-Lagrange.

Pour réagir aux reportages et répondre aux questions des auditeurs, Jean Lebrun reçoit Jean-Michel Demetz, journaliste à L'Express. Vous pouvez dès à présent contribuer à notre émission en participant à ce Blog. Nous y attendons vos réflexions, points de vues et questions ... Retrouvez nous également ce mercredi 28 mars à partir de 18h00 :

En direct et en public d'El Sur,
35, Boulevard Saint-Germain,
5ème arrondissement à Paris,
Métro Maubert-Mutualité.


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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 16:11
Le référendum mis en veilleuse

Antoine RobitailleLe Devoir du mercredi 28 mars 2007

«Ce qui pourrait arriver de pire au PQ, c'est de rester comme il est», dit André Boisclair
[je suis bien d'accord avec cette citation d'André Boisclair, mais je ne suis pas sûr d'en tirer les mêmes conséquences et enseignements que lui. FF]

Le chef du Parti québécois, André Boisclair, en conférence de presse hier à Québec. Il a reconnu que la tenue d'un référendum était impossible à court terme.

Photo: Agence Reuters

Contrairement à la rumeur qui a circulé en début d'après-midi hier, André Boisclair a indiqué qu'il souhaitait rester à la tête du Parti québécois et le transformer en fonction des «messages» envoyés par la population lundi. Selon lui, sa formation politique doit éviter le «déni» dans lequel il s'est plongé après la défaite de 2003 et avoir le courage de remettre en question d'importants éléments de sa stratégie, de son programme et de ses statuts, a-t-il précisé lors de son point de presse post-électoral à l'Assemblée nationale.

L'homme de 40 ans, qui portera désormais le titre de «chef du 2ème groupe d'opposition», a soutenu avoir «les 2 pieds bien ancrés dans le Parti québécois». M. Boisclair aurait refusé «d'abandonner» la formation de manière précipitée, à l'instar de ses prédécesseurs Bernard Landry et Lucien Bouchard, a-t-on appris dans son entourage. «Ce n'est pas vrai que l'on va abandonner ce grand parti-là. On va se battre», a dit un de ses proches. En point de presse, M. Boisclair a soutenu ne pas avoir songé à démissionner après que le PQ a obtenu 28% des voix, son pire score depuis 1970.
Concernant son leadership, il estime avoir reçu «des signaux nombreux qui vont dans la bonne direction». Les militants, a-t-il expliqué, «ont vu quelqu'un qui a mené une bonne campagne, quelqu'un de solide, quelqu'un de courageux, quelqu'un qui a gagné l'estime de la population», a-t-il expliqué. «Je ne les ai pas convaincus à majorité de voter pour moi, mais j'ai très certainement gagné en estime

Par ailleurs, le chef péquiste souhaite entamer une discussion de fond avec son caucus afin d'éliminer l'échéancier référendaire. L'Assemblée nationale sera dorénavant composée, a-t-il souligné, «en majorité de députés représentant une majorité d'électeurs pour qui la tenue d'un 3ème référendum sur la souveraineté ne constituait pas, à l'évidence, une priorité».
Ainsi, le chef péquiste a commencé à faire évoluer son discours, hier, vers une perspective, non plus tant de «rupture souverainiste», mais «de réforme constitutionnelle». Il a par exemple mis en relief le fait que les «2/3 des députés de l'Assemblée nationale ou presque [...] rejettent le statu quo constitutionnel». Entend-il aider l'ADQ à réclamer plus d'«autonomie» ? «Je ferai tout ce qui sera dans le meilleur intérêt du Québec», a-t-il répondu en anglais.

Selon certaines sources, M. Boisclair pourrait réunir ses ouailles dans les prochaines semaines en congrès spécial et leur proposer d'abroger des pans de leur programme, notamment celui de faire un référendum le plus vite possible. Le projet de modernisation du Parti québécois qu'il avait souhaité lors de son arrivée n'est pas complété, a souligné M. Boisclair. Une des raisons pour expliquer cela, selon lui, est le contexte assez particulier «de lendemain de congrès» dans lequel il a été élu : «Je pense qu'il nous reste encore beaucoup de travail à faire au Parti québécois», a-t-il dit. En anglais, il a affirmé que «ce qui pourrait arriver de pire au PQ, c'est de rester comme il est».

Parlementaire aguerri, M. Boisclair estime que la situation de gouvernement minoritaire pourrait avoir d'intéressants effets sur les travaux parlementaires. «Il y a de très, très belles joutes parlementaires, là, à l'Assemblée nationale. Comme le dit [le titre de] l'émission [de télévision], "il va y avoir du sport".» M. Boisclair a annoncé par exemple qu'il entend «forcer le jeu» sur certaines questions telles que le parc du Mont-Orford, dont il avait promis, en campagne électorale, l'annulation de la privatisation partielle. Quant au budget du ministre des Finances sortant, Michel Audet, il a dit : «Ce budget-là n'est pas encore adopté. Est-ce qu'il y aura un nouveau budget ? Est-ce que M. le premier ministre va faire le choix de poursuivre le budget et son énoncé sans faire de modifications ? Je pense qu'il est un peu tôt pour répondre à cette question.» Quant aux baisses d'impôt promises par Jean Charest en campagne électorale, M. Boisclair estime qu'après les résultats de lundi, le premier ministre voudra apporter certaines modifications : «Il ne peut pas avoir fait le discours qu'il a fait hier, disant qu'il a entendu la population, et tout simplement poursuivre sur la même stratégie. Là ce serait à son tour de faire du déni

Séisme
Certains souverainistes ont formulé des critiques à l'endroit de la formation hier. À Radio-Canada, l'ancienne ministre Louise Beaudoin a dit que, sous la direction d'André Boisclair, le Parti québécois est resté aveugle à l'évolution de l'électorat québécois. «Pour moi, c'est quand même un séisme [...], ce qui vient de se passer [...], et les remises en question, on ne pourra pas y échapper

Aussi sur les ondes de la société d'État, l'ancien député péquiste de Borduas, Jean-Pierre Charbonneau, a expliqué qu'en votant pour un parti adverse au PQ, certains souverainistes ont tenté de saper le leadership de M. Boisclair : «Disons la vérité, il y a des gens qui ont voté ADQ, Québec solidaire ou qui sont restés à la maison parce qu'ils voulaient changer le leadership du Parti québécois. Les gens se sont dit : "On ne peut pas voter pour le PQ avec André Boisclair. On va faire ce qu'il faut pour qu'il y ait un nouveau leadership."» Le syndicaliste Marc Laviolette, candidat péquiste défait dans Soulanges, estime que les citoyens ont rejeté lundi la «langue de bois», soulignant que Mario Dumont a bien réussi parce qu'il parle de manière à ce que les gens comprennent bien. M. Laviolette n'a pas fait de comparaison directe avec le langage de son chef.

Par ailleurs, Partick Bourgeois, éditeur et animateur d'un site Internet indépendantiste «pur et dur», croit qu'il est temps pour le Parti québécois de «réviser complètement sa stratégie». Selon lui, «pour obtenir des succès électoraux, la seule priorité du PQ doit être l'indépendance». Si le PQ s'est fait «rosser» hier, c'est qu'il n'a «rien fait» pour «préparer l'indépendance» depuis 1996. Il reproche aussi à M. Boisclair d'avoir évacué les «arguments identitaires» du discours péquiste, ce qui a laissé «toute la place aux nationalistes niais qui se retrouvent aujourd'hui à l'Action démocratique du Québec. Des idiots incapables de seulement nous expliquer leur concept d'autonomie». M. Bourgeois écrit aussi : «Qu'on l'accepte ou pas, l'immigration est une menace qui pèse de tout son poids sur la pérennité du fait français au Québec, enfin, cela étant vrai tant que nous demeurerons dans un Canada qui anglicise les immigrants systématiquement.»
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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 08:52
Le 26 mars 2007 sera pour le Parti Québécois l'équivalent
du 21 avril 2002 pour la Gauche française

Le Parti Québécois vient de connaître sa pire défaite en 40 ans de vie politique de la Belle-Province. Plus largement, ce résultat inquiétant interroge la stratégie politique du PQ, de la Gauche québécoise et sur les aspirations culturelles, sociales et politiques d'une société parmi les plus avancées du monde occidental.

Une configuration électorale inédite depuis 1878
Avec une répartition inédite des suffrages, la réalité de la victoire électorale apparaît clairement entre les mains du petit parti populiste et ultra-libéral dirigé par Mario Dumont. En effet, l'ADQ - que l'honnêteté intellectuelle devrait nous faire appeler parti dumontiste, tant il n'existe que par sa tête de prou ("Dumont, ministre de tout", titrait la presse québécoise voici encore 2 jours) - atteint la seconde place avec 31% des voix et 41 sièges à l'Assemblée Nationale, contre 5 dans la chambre précédente. Si le Parti Libéral du Québec menait par Jean Charest conserve la première place avec 33% et 48 députés, le vote du 26 mars constitue pour les Libéraux une véritable sanction pour un gouvernement qui a passé 4 années à mentir aux Québécois et à ne tenir aucune de ses promesses électorales - le score libéral de lundi est le plus mauvais score des fédéralistes québécois.
Le Parti Québécois termine troisième avec 28% des voix et 36 députés, ce n'est pas son plus mauvais score mais on ne peut comparer ces résultats avec ceux de 1970 où il n'avait réuni que 23% des suffrages alors qu'il sortait à peine de sa genèse derrière René Levesque et que le Québec quittait tout juste l'état de guerre imposé par Trudeau et la fédération canadienne.

L'irruption de l'Action Démocratique du Québec
C'est donc l'Action Démocratique du Québec qui sera l'opposition officielle d'un nouveau gouvernement Charest minoritaire et surtout talonné de près. Et il y a de quoi être inquiet puisque si le gouvernement libéral veut tenir, il devra compter sur le soutien ou la neutralité des deux autres partis de l'Assemblée ; or c'est bien Mario Dumont et ses troupes qui ont les moyens de se faire entendre pour imposer leur agenda au PLQ.
Mario Dumont est issu des jeunes libéraux et a quitté le PLQ qui ne lui offrait pas une promotion suffisamment rapide (tient ça peut rappeller la fronde d'un autre "jeune homme" pressé de l'autre côté de l'Atlantique). Sur la question de la souveraineté du Québec qui a fait l'essentiel du clivage politique de la province depuis 40 ans, Mario Dumont avait jeté en 1994-1995 un pont vers le PQ en défendant un autonomisme qui s'avère aujourd'hui compatible virtuellement - car non opérant - avec le fédéralisme libéral du PLQ qui ne cesse de se dire attaché à la "nation québécoise".
Rappelons qu'aucun parti provincial n'accepte officiellement le rapatriement de la constitution canadienne dans les années 1990 - le Canada est donc une fédération qui vit avec des institutions rejetées par sa plus importante province, qui lui envoie pourtant des députés à la Chambre des Communes.
L'autonomie adéquiste ainsi ramenée à ce qu'elle est - c'est-à-dire une baudruche -, c'est sur le programme politique que Mario Dumont et ses zélateurs vont se battre pour imposer leurs priorités à des Libéraux qui finalement n'attendent que cela pour une bonne part.
L'ADQ est un parti populiste, qui vit dans le culte du chef, mais surtout elle déroule une option ultra-libérale et anti-fiscaliste désormais bien connue dans les démocraties occidentales, et partie de Californie en 1976. Nul doute que sur ce terrain, Libéraux et ultra-libéraux sauront se retrouver pour briser les protections sociales, le système de redistribution fiscale, "libéraliser" plus les universités et casser les commissions scolaires.
Le Québec, ses classes moyennes et populaires souffriront fortement dans les prochaines années de la remise en cause virulente du modèle social québécois, seule ébauche de démocratie sociale de marché d'Amérique du Nord. Parallèlement, il y a fort à parier que PLQ et ADQ se lanceront de concert dans des odes à la famille - poussant sans doute à maintenir plus souvent les femmes au foyer et introduisant ainsi un probable recul social dans ce domaine - et chercheront à s'attirer de plus en plus les faveurs des retraités aisés, rivalisant pour se garantir un électorat vieillissant.
Le seul point qui pourrait voir s'affronter sur le fond ADQ et PLQ - qui resteront rivaux par ailleurs car Dumont guigne évidemment la place de Charest - c'est à la fois la personnalisation de la stratégie politique adéquiste, principal atout mais aussi sans doute futur faiblesse de ce parti et la xénophobie sous-jacente de l'ADQ. Il n'a effectivement pas manqué d'exemple dans cette campagne comme dans les précédentes de l'antisémitisme et de la xénophobie, sous le camouflage du franc-parler et d'un "bon sens" nauséabond d'un certain nombre de représentants de l'Action démocratique du Québec. Or qu'ils soient anglophones ou immigrés, les allogènes représentent un électorat incontournable pour les Libéraux et ils ne manqueront pas rappeler à leurs élus qu'on ne peut transiger avec leur sécurité et leur appartenance tranquille à la société québécoise. Le PQ a commencé petitement à refaire son retard parmi les immigrés mais reste encore plombé par les remarques de Parizeau sur le "vote ethnique" lors du référendum manqué de 1995.
L'ADQ a réalisé au Québec une synthèse réussie par plusieurs partis populistes des démocraties occidentales (mais qui ne s'étaient jusqu'ici pas autant rapprochées du pouvoir) : rassembler les petits blancs déclassés et revanchards, les cadres supérieurs ultra-libéraux anti-fiscalistes qui considèrent les partis libéraux traditionnels comme frileux et un vote protestataire dénonçant l'alternance traditionnelle entre PQ et PLQ et qui ne se satisfaisait pas du choix que leur offraient les deux grands partis. Il est simplement inquiétant que cette synthèse ait créé une dynamique telle que l'ADQ apparaisse comme la prochaine probable force gouvernementale quand le gouvernement Charest aura échoué.

L'échec du blairisme québécois
Pour le PQ, arriver troisième du scrutin le 26 mars 2006 équivaut largement à l'élimination de Lionel Jospin au 1er tour de l'élection présidentielle française le 21 avril 2002.
On voudra bien accorder aux péquistes que le mode de scrutin de type anglo-saxon (uninominal à un tour) est particulièrement cruel et qu'un 2nd tour aurait permis d'obtenir un tout autre résultat ; on rappellera cependant que le PQ n'a jamais eu le courage de s'attaquer sérieusement au renforcement démocratique des institutions provinciales, que le mode de scrutin l'a tout autant favorisé lors d'autres consultations ; ce n'est pas seulement en siège que le Parti québécois est troisième mais également en voix, il n'y a pas de distorsion majeure induite par le mode de scrutin. Les souverainistes se sont faits tailler des croupières par Mario Dumont. C'est d'autant plus grave qu'ils pouvaient légitimement prétendre revenir au pouvoir après 4 années de mauvaise gestion libérale ; autant Lionel Jospin était le sortant en 2002, le PQ était l'opposition officielle depuis 2003.
Ce résultat désastreux signe à mon sens l'échec de la stratégie portée par André Boisclair, chef du Parti Québécois, désigné triomphalement par les militants fin novembre 2005. A aucun moment, le jeune chef n'a donné de message clair sur ce qui fait l'identité essentielle du parti qu'il conduisait aux élections : la souveraineté du Québec. Au mieux, on pouvait considérer en écoutant André Boisclair que oui bien sûr on ferait un référendum parce que fallait bien le faire, mais bon on n'était pas pressé et si on perdait encore ce n'était pas la mer à boire, il y avait d'autres choses importantes à mener.
Manque d'entrain sur l'identité centrale du parti, on aurait presque pu l'entendre, tant il est vrai que les commentateurs s'entendaient tous pour dire que l'organisation d'un nouveau référendum et surtout sa réussite au regard des aspirations à la souveraineté apparaissaient aléatoires. Sans doute avait-il beaucoup écouté ces commentateurs plutôt que les convictions profondes de son parti et la question de la souveraineté n'est apparue que tardivement dans la campagne de Boisclair.
Alors quelles auraient pu être ses autres choses importantes à mener, finalement quelle était l'alternative qu'André Boisclair proposait aux Québécois après quatre années de Charest. Allait-il renforcer la justice sociale, la redistribution, améliorer l'égalité des chances dans le système scolaire québécois ? Non après 4 années de libéralisme mou et pitoyable, André Boisclair proposait un social-libéralisme soft, directement inspiré par Tony Blair et qui faisait mal apparaître la différence avec les Libéraux canadiens (renvoyés à leurs études voici un an) et les Libéraux québécois jugés plus que fréquentables par Tony Blair et les Démocrates américains. A partir du moment où le clivage fédéralisme-souverainisme était plus ou moins tu et que le clivage gauche-droite s'affadissait au centre qu'est-ce qui pouvait bien rester à une bonne partie des Québécois face à une mondialisation encore forte outre-Atlantique qu'en Europe et la nécessité de bâtir des systèmes complexes ? Comme tous les peuples des démocraties occidentales ils ont choisi la protestation et le seul parti qui se présentait comme une alternative, aussi dangereuse soit-elle, l'ADQ.
D'autant qu'à plusieurs reprises Boisclair a crédibilisé l'option ADQ notamment en parlant de "coalition souverainiste" auquel les populistes auraient pu prendre part et en affadissant lui-même son discours sur l'indépendance qui faisait passer l'autonomisme pour une audace folle.
Boisclair n'est pas seul responsable de la blairisation du PQ, la période de gouvernement provincial du PQ sous l'autorité de Lucien Bouchard, chef du Bloc venu des milieux conservateurs, avait déjà jeté un trouble sur la doctrine économique et sociale du Parti Québécois, créant une réelle rupture avec l'aile gauche de la formation et du mouvement souverainiste plus largement. Le bon professseur Landry tout de modération avait rétabli une politique plus sociale-démocrate mais sans réelle vigueur, s'assurant avant tout une sortie honorable avec un discours clair sur la souveraineté, mais l'affadissement social était bien avancé. A Ottawa, le "tout sauf Chrétien et Martin" a conduit néo-démocrates et bloquistes à permettre l'installation d'un gouvernement conservateur minoritaire, qui développe une vision économique ultra-libérale et anti-écologique, on ne peut pas dire que la gauche apporte une vision claire de son action à l'échelle fédérale, n'en déplaise à mes amis québécois qui m'ont expliqué combien ce choix était le meilleur pour le Québec.
Aucun des rivaux (internes au PQ) "centristes" de Boisclair ne s'en sort bien  dans ce scrutin. Richard Legendre, notamment, perd son comté. Par contre au Saguenay/Lac-Saint-Jean, le PQ déjà ancré fortement reprend les 5 comtés sur fond de cohérence souverainiste et sociale-démocrate prononcée (lire les articles dans Le Devoir - ci-dessous).
La scission à gauche a par ailleurs démontré l'impasse qu'elle constituait. Si le Parti des Verts double son score au Québec en passant à 3,9% - donnant ainsi une visibilité électorale au courant post-matérialiste qui traverse les sociétés occidentales -, Québec Solidaire connaît un échec cuisant et n'a pas pu se faire entendre. Il revit l'expérience du PSU français et devrait s'effondrer peu à peu dans le gauchisme et l'incantation.
Le Parti Québécois va devoir interroger à nouveau ses fondammentaux, le SPQ Libre qui démontrait sa cohérence aura-t-il la capacité à créer une dynamique sans humilier ses contradicteurs que les faits électoraux viennent de mettre à mal.
La gauche québécoise doit repenser globalement son articulation, y compris en lien avec le Canada, entre souverainté et aspiration à la démocratie sociale. Elle a encore des cartes à jouer au regard du désirs de changement qui existe dans tout le continent, mais si elle continue à ne pas présenter d'alternative elle sera peu à peu marginalisée.

Ségolène Royal qui est soumise à une forte concurrence de la candidature centriste de François Bayrou devrait d'urgence tirer une analyse forte de ce qui vient de se passer au Québec, même si tout n'est pas transposable ; un mauvais gouvernement de droite n'ouvre pas automatiquement la voie à une alternance à gauche. Les tentations populistes et illusionnistes (deux composantes de l'alchimie bayrouiste) existent des deux côtés de l'Atlantique. Seule une gauche sociale-démocrate affirmée peut ouvrir la voie au rassemblement de la gauche et à la victoire.
Frédéric FARAVEL

Lire les articles de la presse québécoise
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24 mars 2007 6 24 /03 /mars /2007 11:21
Rouge ou bleu, mais minoritaire

Denis Lessard - La Presse - Québec - vendredi 23 mars 2007

Ce sera une victoire à l’arraché lundi soir prochain et, assurément, un gouvernement minoritaire. À 3 jours des élections, les libéraux menaient toujours dans les intentions de vote, mais cette avance reste plutôt mince et Jean Charest n’a pas la garantie qu’il aura, lundi soir, beaucoup plus de sièges qu’André Boisclair.

 


À l’issue de sa dernière enquête de la campagne électorale, la photo prise par la maison CROP montre une course très serrée entre les 3 principaux partis.
Selon le coup de sonde réalisé pour La Presse, les libéraux obtiendront lundi 34% des suffrages, contre 28% au Parti québécois et 25% à l’Action démocratique, une fois répartis les 12% d’indécis selon l’intention de vote référendaire. Québec solidaire récolterait 5% et le Parti vert 8%.
Menée auprès de 1053 personnes, du 15 au 22 mars, l’enquête, précise à 3 points près, révèle aussi que le budget fédéral, un élément important du plan de match électoral, n’a guère eu d’impact sur l’électorat.

De tels résultats invitent à beaucoup de prudence quand sonne l’heure des prédictions, explique Claude Gauthier, vice-président de CROP.
«On peut dire de façon certaine que l’ADQ ne gagnera pas. Un gouvernement libéral, minoritaire, est le scénario le plus probable. Mais une victoire péquiste reste possible, surtout quand on voit que les libéraux sont 3èmes auprès des électeurs francophones», dit-il.

L’expert voit surtout que les 2 grands partis «ont perdu des plumes» – les libéraux étaient à 46% et le PQ à 33% aux élections de 2003. En comptant l’ADQ, les tiers partis obtenaient alors 21% des suffrages; ils ont presque doublé, depuis, avec 38% des appuis.

Les intentions de vote ne se transposent pas directement dans les circonscriptions – dans les habituelles courses PLQ-PQ, on admet généralement que le PLQ a besoin d’une demi-douzaine de points d’avance pour compenser la concentration de son électorat dans les circonscriptions plus anglophones. Mais la course à 3 suscitée par la montée de l’ADQ brouille les cartes, explique Claire Durand. Légèrement différente, la répartition des indécis faite par la spécialiste de l’Université de Montréal donnerait 35% au PLQ, 28% au PQ et 26% à l’ADQ.

Quelques constats ne sont pas de bonnes nouvelles pour Jean Charest. L’insatisfaction à l’endroit du gouvernement a continué d’augmenter : on est passé de 53% à 60% de mécontents entre le sondage du 20 février, lors du déclenchement des élections, et celui terminé le 22 mars.


Le PLQ 3ème chez les francophones

Chez les francophones, le PLQ arrive 3ème, avec 26%, par rapport à 28% à l’ADQ et 32% au PQ quand on répartit les indécis selon la formule de CROP. Par région, il n’y a guère de mouvements significatifs ; l’ADQ gagne 3 points dans l’île de Montréal, où elle reste en 3ème place ; mais elle en perd autant dans la couronne Nord et sur la Rive-Sud, où elle obtient 24% et où l’avance du PQ paraît plus nettement, à 37% des intentions de vote – les libéraux y obtiennent 28%.

Si on compare les intentions de vote globales à ce qui était observé au déclenchement des élections, le 21 février, on ne voit guère de changements chez les libéraux ou les péquistes. Entre le 20 février et le 22 mars, le PLQ a descendu d’1 point et le PQ de 4. En revanche, l’ADQ a monté de 7 points.


Plafonnement de l’ADQ

Certains indices montrent que l’ADQ a plafonné la semaine dernière. En réponse à la question sur celui qui ferait le meilleur Premier ministre, Mario Dumont a baissé de 7 points, passant de 29% à 22% entre le 1er mars et aujourd’hui.

Durant la même période, Jean Charest, toujours perçu comme le plus apte à gouverner, a monté de 2 points, à 33%, et André Boisclair a grimpé de 3 points, à égalité avec Mario Dumont (à 22%). Depuis le début le la campagne, Mario Dumont avait toujours devancé André Boisclair comme «premier-ministrable».

Plus que les précédentes, la campagne a attiré l’attention : 58% des gens s’y sont intéressés, comparativement à 47%, à quelques jours du vote, en 2003. La volonté de changement de gouvernement reste forte : 58% voudraient en changer, alors que 35% souhaitent «continuer», soit presque exactement le score du PLQ au chapitre des intentions de vote.
Très majoritairement, les Québécois prévoient toujours que le PLQ va l’emporter, mais ce verdict est un peu moins répandu qu’il y a 2 semaines. Début mars, 69% des gens voyaient les libéraux l’emporter ; c’est le cas de seulement 58% aujourd’hui.
3 Québécois sur 4 (74%) pensent que le gouvernement sera minoritaire, et presque autant (72%) n’y voient pas de source d’inquiétude.

CROP a aussi scindé son échantillon pour vérifier l’impact du budget fédéral, élément important de la stratégie électorale libérale. On est partout à l’intérieur des marges d’erreur, mais quand on compare les semaines avant et après le budget Flaherty, on observe une montée de 2 points du PQ et une chute identique pour les libéraux.
L’ADQ, elle, est descendue de 4 points durant cette semaine, qui coïncidait surtout avec la publication de son cadre financier. «Le budget devait être un tremplin, c’est un coup d’épée dans l’eau. Il est arrivé bien tard, au moment où l’opinion était déjà cristallisée», souligne M. Gauthier.

C’est le débat télévisé qui aurait pu être le tournant, comme lors des précédentes campagnes. Or, à la différence de l’affrontement de 2003, Jean Charest n’a pas été vu comme le vainqueur de cet échange, analyse Claude Gauthier. C’est plutôt Mario Dumont qui a été le plus convaincant, un constat confirmé par le sondage d’hier.

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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 10:56
Élections québécoises: les conservateurs reculent

Lia Lévesque et Karine Fortin - cyberpresse.ca - Ottawa - jeudi 22 mars 2007

Les conservateurs qui menaçaient de ne pas négocier avec un éventuel gouvernement souverainiste ont reculé devant le tollé provoqué par leurs déclarations et promettent désormais de respecter le résultat des élections de lundi.

Le premier ministre Stephen Harper étant absent de la Chambre des communes, c'est son lieutenant québécois Lawrence Cannon qui a répliqué jeudi au Bloc québécois qui exigeait des excuses pour la «grossière ingérence» du fédéral dans la campagne électorale québécoise.

«Je tiens à rassurer mon collègue que, de ce côté-ci de la Chambre, il est bien évident que nous allons respecter le choix des Québécois, lundi soir prochain», a déclaré le ministre des Transports à la période des questions.
Juste avant, M. Cannon avait assuré que le gouvernement allait continuer à réformer le fédéralisme «de façon à ce que le Québec, encore une fois, puisse être renforcé à l'intérieur d'un Canada fort et uni».

Pour le chef bloquiste Gilles Duceppe, les conservateurs n'avaient pas le choix de reculer, après avoir été dénoncés non seulement par le péquiste André Boisclair, mais aussi par le chef adéquiste Mario Dumont et par le premier ministre sortant Jean Charest.
En anglais, il a souligné que le chef du gouvernement canadien pouvait avoir une préférence, mais qu'il était de son devoir de discuter avec les élus, quelle que soit leur allégeance politique.

M. Duceppe considère que le Premier ministre a manqué de courage en ne revenant pas lui-même sur ses propos controversés de la veille. Il estime que les déclarations de mercredi sont une preuve que la campagne électorale québécoise rend M. Harper très nerveux.

Nuances de Fortier
Les déclarations de Lawrence Cannon en Chambre diffèrent sensiblement de celles de son collègue des Travaux publics, Michael Fortier. En matinée, celui-ci avait cherché à atténuer l'ampleur des propos de son chef au sujet de la campagne électorale québécoise en soutenant que rien de ce qui avait été dit ne pouvait représenter une surprise.
Le ministre Fortier assistait jeudi à Montréal à l'allocution que prononçait M. Harper au salon des technologies environnementales Americana. Le premier ministre n'a pas rencontré les journalistes après l'événement.

Mercredi après-midi, M. Harper avait déclaré à Ottawa qu'il était «nécessaire» d'avoir un gouvernement fédéraliste au Québec afin de négocier avec le gouvernement fédéral sur un éventuel transfert de points d'impôt ou une limite au pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence provinciale.
«Quand on est un parlementaire à Ottawa, c'est parce qu'on croit au Canada», qu'on veut faire progresser le pays, a insisté M. Fortier, qui ne voyait rien d'étonnant dans les propos du Premier ministre.
«Pour faire avancer le Canada, pour parler de fédéralisme d'ouverture, il est normal qu'il faille que les gens qui sont assis à la table soient des gens qui croient au Canada. C'est du sens commun», a encore commenté le ministre fédéral des Travaux publics.
Lui qui est également responsable de la région de Montréal a ajouté : «Je suis Québécois et personne ne m'a dit pour qui voter».

M. Fortier a également rejeté l'idée que le budget du ministre des Finances Jim Flaherty, déposé à une semaine du scrutin québécois et réglant en bonne partie la question du déséquilibre fiscal, constitue une ingérence dans la campagne électorale québécoise.
«La seule ingérence que je vois dans ce budget, c'est une ingérence positive pour les familles, pour tous les Canadiens et pour les provinces», a-t-il répliqué.

Il a également relevé le fait que le chef bloquiste Gilles Duceppe faisait campagne aux côtés d'André Boisclair sans que personne ne s'en émeuve.

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22 mars 2007 4 22 /03 /mars /2007 14:35

Harper ne négociera qu'avec un parti fédéraliste

Alors que l'issue du scrutin au Québec demeure plus que jamais incertain, Stephen Harper s'est immiscé dans la campagne électorale hier en invitant les Québécois à élire un gouvernement fédéraliste s'ils veulent obtenir une limitation du pouvoir fédéral de dépenser.

Mettant de côté son devoir de réserve de premier ministre qu'il s'était imposé depuis le déclenchement des élections au Québec, Stephen Harper a fait cette déclaration à la Chambre des communes en réponse à une question du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, portant sur les transferts fédéraux aux provinces.
Depuis 2 jours, le chef bloquiste presse le gouvernement Harper de transférer des points d'impôt au Québec afin de régler de manière définitive le déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces.

Lors des dernières élections fédérales, M. Harper a promis de régler le déséquilibre fiscal et d'encadrer le pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence des provinces en déposant un projet de loi à cet effet. L'utilisation de ce pouvoir de dépenser a longtemps été une source de contentieux entre Ottawa et le Québec, qui demeure jaloux de ses champs de compétence.
Hier, M. Harper a affirmé qu'il est prêt à discuter de l'idée de transférer des points d'impôt aux provinces. Mais il a fait valoir que cela ne peut se faire que si les Québécois élisent un gouvernement fédéraliste. Idem pour limiter le pouvoir fédéral de dépenser.
«Nous sommes toujours prêts à considérer des possibilités, mais à la fin, pour avoir de telles relations fiscales avec les provinces, il est nécessaire d'avoir un gouvernement fédéraliste à Québec, et un gouvernement qui respecte les champs de compétence des provinces, ici, à Ottawa», a affirmé M. Harper.

Le premier ministre a toutefois souligné que les points d'impôt n'ont pas la même valeur dans toutes les provinces et que le Québec, en raison de la taille de son économie, sortirait perdant d'un tel transfert.

Quelques minutes plus tard, en réponse à une autre question du Bloc québécois dans le dossier du déséquilibre fiscal, M. Harper a affirmé qu'il est «prêt à rencontrer le nouveau gouvernement - qui, je l'espère, sera fédéraliste - pour contrôler le pouvoir fédéral de dépenser».

Le ministre des Transports, Lawrence Cannon, qui est aussi le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, a fait écho aux propos du premier ministre à l'issue de la période des questions. Interrogé pour savoir si la promesse d'encadrer le pouvoir fédéral de dépenser est conditionnelle à l'élection d'un gouvernement fédéraliste à Québec, M. Cannon a déclaré : «C'est ce que j'ai compris. On verra le soir de l'élection ce qui en est, mais ça prend des fédéralistes pour réformer le fédéralisme canadien».

Ces propos ont fait bondir de colère Gilles Duceppe. Le chef bloquiste a rappelé que l'ancien Premier ministre René Lévesque et son homologue fédéral Pierre Trudeau ont réussi à négocier un transfert de points d'impôt dans les années 1970. Les 2 hommes étaient pourtant des ennemis jurés sur la question de l'avenir du Québec au sein de la fédération canadienne, a rappelé M. Duceppe.
«Ça a pas de sens. Je ne comprends pas de telles remarques de M. Harper. Il est chef de gouvernement, premier ministre. Et il devrait regarder le passé. (...) Je pense qu'aujourd'hui il a déraillé. Ce n'est pas responsable comme déclaration. Qu'il préfère avoir un fédéraliste comme Premier ministre, je veux bien, c'est son droit. Mais qu'il veuille choisir le Premier ministre, là il exagère», a dit M. Duceppe.

Les propos de M. Harper risquent de provoquer de nombreuses réactions alors qu'il ne reste que quelques jours à la campagne électorale. M. Harper sera d'ailleurs à Montréal ce matin afin de prononcer un discours à l'occasion du Salon international des technologies environnementales AMERICANÀ 2007 au Palais des congrès. M. Harper ne rencontrera toutefois pas les journalistes.

Faisant campagne dans la région de Laval, hier soir, le chef du Parti québécois, André Boisclair, a d'ailleurs condamné les propos de Stephen Harper, estimant qu'il s'agissait d'un «grave dérapage».
«C'est les conservateurs de M. Harper, à Ottawa, qui disent aux Québécois comment il va falloir qu'ils votent ? Ça, c'est du chantage de bas étage, a dit M. Boisclair. Les Québécois ne se laisseront pas imposer un choix par le Premier ministre du Canada. Ce sont les Québécois et les Québécoises qui vont décider de leur avenir et ils vont le faire de façon démocratique le 26 mars prochain.»
Le chef péquiste a sommé Jean Charest et Mario Dumont de rappeler à l'ordre leur allié à Ottawa et de prendre la défense des intérêts du Québec. «Sont-ils capables de défendre les intérêts du Québec ou sont-ils seulement les haut-parleurs d'Ottawa à Québec ? Cautionnent-ils pareil chantage des conservateurs ? Ou, encore une fois, ces 2 leaders politiques vont-ils se mettre à genoux et abandonner les intérêts du Québec et se faire les complices de Stephen Harper ?»
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22 mars 2007 4 22 /03 /mars /2007 14:31
De nouveaux propos controversés à l’ADQ

Un autre candidat adéquiste pourrait avoir mis son chef dans l’embarras. Sur le site Web d’une entreprise qu’il a fondée, Gilles Gagnon, candidat de l’ADQ dans Abitibi-Est, accuse des «Juifs américains et européens» de faire «des guerres pour replacer leur économie au lieu de répartir la richesse équitablement».

M. Gagnon a fait parler de lui en début de campagne électorale lorsque des propos jugés homophobes tenus dans le passé ont été ramenés à l’avant-scène. Cette fois, c’est sur un portail Internet qu’il a lui-même mis sur pied que l’on retrouve les déclarations en question.

Dans son site truffé de fautes de français, et maintenant inaccessible, le candidat présente un système assez fumeux d’économie collective qu’il a élaboré afin d’aider, dit-il, les consommateurs et les commerçants. En voici quelques phrases : «Il ne faut pas que notre programme soit un fardeau pour les marchands et surtout pas qu’il nuise aux propriétaires de la banque du Canada US
«Ça appartient à des gens des États-Unis et de l’Europe pour ne pas dire aux Juifs américains et européens, explique-t-il à propos de cette banque. Ils font des guerres pour replacer leur économie au lieu de répartir la richesse équitablement

Le candidat adéquiste cite comme exemples les crises économiques en Argentine, au Brésil et en Turquie où la population se serait révoltée.
«Un des Juifs américains refusait toujours que la banque imprime du nouvel argent à injecter dans leur économie par leur gouvernement complice de cette oppression. Ils ont fondé le FMI (le Fond Monétaire International) et ce fond ne répartit pas la richesse équitablement entre les pays», poursuit-il, dans un récit difficile à suivre.

Joint pour obtenir des explications, hier, M. Gagnon a dit qu’il s’agissait là d’une réalité relatée dans le documentaire L’argent. Le film a été réalisé en 2004 par Isaac Isitan et Carole Poliquin.
L’ADQ n’a pas pu commenter hier soir.
En début de campagne, Mario Dumont a dû publiquement «désapprouver» des propos homophobes tenus par Gilles Gagnon lors de la campagne fédérale de 2006, alors qu’il était candidat conservateur.

Deux autres mises au point
Par ailleurs, M. Dumont a été appelé à défendre 2 candidats, hier. D’abord, une enquête a été ouverte par le Directeur général des élections pour faire la lumière sur la plainte de neuf électeurs à l’endroit du candidat adéquiste dans Sherbrooke, Michel Dumont. Ceux-ci prétendent que leurs noms se retrouvent sur la liste de candidature de ce dernier, alors qu’ils ne lui ont jamais donné leur appui.
Il ne s’agit que d’une enquête, a nuancé le chef adéquiste.

M. Dumont a aussi été questionné sur les déclarations de son candidat dans Chapleau, Jocelyn Dumais. «Que dire de cette obsession qu’on a au Québec pour la bureaucratie et toutes ces technocraties de cols blancs qui passent leur journée assis sur leur steak… Comme dans le cas des hôpitaux, par exemple, où il y a plus d’employés assis que d’intervenants auprès des malades.»

M. Dumont a dit qu’il n’était pas d’accord avec les mots choisis, mais qu’«au fil des récompenses politiques et des nominations partisanes dans les dernières années, il y a certainement des fonctions, des organismes où il y a beaucoup de vice-présidents, des organismes où il s’est payé beaucoup de luxe pour récompenser ceux qui ont aidé dans la dernière campagne électorale

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