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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 15:44
Eric Zemmour le 28 septembre 2019 lors de la "Convention de la Droite"

Eric Zemmour le 28 septembre 2019 lors de la "Convention de la Droite"

Je me permets de reprendre ici l'excellente chronique de Bertrand Renouvin sur son blog, car c'est une déconstruction d'une rare intelligence du discours tenu par l'essayiste Eric Zemmour, lors de la "Convention de la Droite" organisée le 28 septembre dernier par Marion Maréchal-Le Pen et ses amis, mais discours complaisamment accueilli depuis de nombreuses années sur tous les plateaux de TV et toujours donc sur Cnews, où on l'a récemment entendu faire l'apologie du massacre en Algérie des habitants de confession musulmane et juive par le Général Bugeaud en 1841. Pour ma part, je partage le point de vue de Claude Askolovitch dans une chronique publiée sur Slate.fr : il ne faut pas blâmer LCI pour avoir diffuser in extenso le discours du simili Göbbels qui empoisonne nos médias et les espaces de cerveaux disponibles des Français ; bien au contraire, ce sinistre personnage ne pourra plus dire que ses propos nauséabonds ont été sortis d'un contexte, qu'il a été coupé, que l'emportement du débat biaise sa pensée. Maintenant, même les plus obtus des naïfs et des aveugles volontaires ne peuvent plus le nier : Eric Zemmour est le porte-parole de la fusion idéologique entre le Maurrassisme et le fascisme. Car si sa réécriture de l'histoire de France - si bien décortiquée dans la chronique reproduite ci-dessous - répète les discours réactionnaires du journaliste et académicien violent, fondateur de l'Action Française (on retrouvera facilement dans ses élucubrations les références aux "quatre États confédérés des protestants, Juifs, francs-maçons, et métèques" de l'Anti-France), il s'inscrit également dans la lignée du polémiste antisémite Edouard Drumond (comme l'a décrypté Gérard Noiriel), précurseur de la dernière famille idéologique qui structure la "pensée" du nouveau chantre de l'extrême droite française, le Fascisme. Car c'est bien de cela dont il s'agit dans ses appels à une forme de virilisme contre l'universalisme républicain et les Droits de l'Homme, dans sa volonté de réhabiliter peu ou prou le régime de Vichy.

Le fascisme français n'a jamais été réellement puissant ; il lui a fallu la défaite de 1940 pour prendre le pouvoir par effraction. Son manque d'enracinement et la trahison patriotique qu'il a représenté l'avait réduit à la marginalité dont il n'était jamais réellement sorti. Nicolas Lebourg, dans un ouvrage dense mais un peu fouillis, a su rappeler récemment comment néanmoins le travail métapolitique des années 1960 et 1970 de diverses personnalités ou groupes avait patiemment adapté l'idéologique fasciste à notre époque et nourri ce qui permit la structuration du Front national de Jean-Marie Le Pen et du Rassemblement National de sa fille Marine. Mais le discours restait masqué derrière une forme de poujadisme à la mode télévisée... Zemmour est dangereux car il produit la fusion de toutes les extrêmes droites françaises, profite de la complaisance médiatique et littéraire et assume clairement le projet politique qui ne signifie rien d'autre qu'une future guerre civile totale.

à méditer...

Frédéric FARAVEL

entête du blog de Bertrand Renouvin

entête du blog de Bertrand Renouvin

"Eric Zemmour devant son “Destin”." – Chronique 154 – Le blog de Bertrand Renouvin

mercredi 23 octobre 2019

Au lendemain du discours prononcé par Eric Zemmour devant la Convention de la droite, le 28 septembre, une partie de l’intelligentsia parisienne se lança dans une polémique vibrante au cours de laquelle on réclama que le journaliste fasse l’objet d’une interdiction professionnelle. La chaîne LCI obtempéra, tandis que CNews récupérait le persécuté tout en s’exposant aux représailles publicitaires d’un marchand de pâte à tartiner, chef de file d’une modeste escouade de vigilants. Une fois de plus, l’indignation d’une gauche toujours soucieuse de ses postures permit de transformer l’auteur d’un discours remarquablement agressif en victime des bourreaux de la bien-pensance… Puis les choses rentrèrent dans l’ordre : Eric Zemmour est toujours au “Figaro” et tient un créneau télévisé, “Valeurs actuelles” et “Causeur” sont en flanc-garde, et les ventes de son dernier livre atteignent des sommets. Messieurs les maîtres-censeurs, c’est vraiment bien joué !

Le retour au calme médiatique permet de s’interroger sur le cas Zemmour en examinant ses idées, son statut et le rôle politique qu’il semble vouloir jouer.

Les idées se ramènent toutes à un point fixe : la défense de l’identité française contre l’islam. Telle est la thématique centrale de “Destin français” (1), essai polémique sur l’histoire de la France des origines à nos jours. Le genre n’est pas méprisable, l’auteur a beaucoup lu et ses partis pris seraient stimulants s’ils n’étaient pas alourdis de comparaisons anachroniques bâties sur des oublis trop massifs pour ne pas être volontaires. Ainsi, on apprend qu’ »entre la chrétienté et l’Islam, c’est une histoire millénaire. Qui ne s’unit pas se divise ; qui n’attaque pas recule ; qui ne recule plus conquiert. Qui ne conquiert plus est conquis” (69). Saint Louis est glorifié, Philippe le Bel est fustigé parce qu’il ne voulait pas d’une nouvelle croisade et, du coup, “renonçait à toute colonisation de l’Asie musulmane”- comme si le roi de France pouvait avoir l’ambition d’un Alexandre Le Grand… alors que la nation française est en train de se constituer contre les empires et contre l’idée même d’empire.

 François Ier fait l’objet d’une exécution en règle, au cours de laquelle on lit que l’alliance du roi de France avec Soliman le Magnifique fait aujourd’hui l’objet d’éloges “de bon ton” alors qu’elle fut la conséquence d’une défaite qui “rend fou” (147) et constitua une “transgression inouïe” mais inefficace. L’alliance de 1536 avec l’empire ottoman fut au contraire immédiatement utile pour contrer les Impériaux en Méditerranée par des opérations menées avec la flotte du capitan pacha Khayr al Din plus connu sous le nom de Barberousse. L’alliance de revers est une très classique alliance entre Etats, qui laisse de côté les considérations religieuses et les modes de gouvernement. Déjà, en 1402, après la victoire de Tamerlan contre Bajazet, les rois de France et de Castille avaient envoyé une ambassade à Samarkand (2) en vue d’une alliance qui ne fut pas conclue car le terrible conquérant se mourrait. Entre François Ier et Soliman, l’alliance ouvrit la voie à une très longue période – deux siècles et demi – d’entente diplomatique et de coopération militaire qui prit fin avec l’expédition de Bonaparte en Egypte. Eric Zemmour devrait se souvenir qu’en 1566, Charles IX avait soutenu le projet d’alliance entre l’Empire ottoman et le protestant Guillaume Ier d’Orange (3) et que la France de Charles IX ne participa pas non plus à la bataille de Lépante en 1571. A partir de 1673, Louis XIV ne cessa d’encourager les Ottomans à attaquer les Habsbourg et, en 1683, souhaita très activement la prise de Vienne par les armées du Sultan. Le schéma d’une France chrétienne en guerre multiséculaire contre l’islam est remarquablement étranger à notre histoire diplomatique et militaire qui s’est affirmée dans la lutte de l’Etat royal, pré-national, contre toute volonté de domination impériale.

Dans “Destin français”, l’évocation des guerres de Religion est centrée sur la figure de Catherine de Médicis, fustigée au fil d’un récit partiel et confus, au mépris de la recherche historique. L’incontournable Denis Crouzet (4) est expédié en une ligne, les autres historiens sont accusés de défendre Catherine de Médicis parce qu’ils seraient, selon l’esprit du temps, “en quête de femmes et de diversité” (164). Jean-Christian Petitfils dément ce diagnostic lorsqu’il décrit Catherine comme “une femme d’Etat d’une rare intelligence, d’une exceptionnelle habileté face aux intrigues et aux trahisons des chefs catholiques et protestants, dans un contexte de violence généralisée […] Catherine avait compris que les querelles entre catholiques et protestants mettaient en péril l’unité fondamentale du royaume et que les persécutions ne parviendraient pas à éradiquer une hérésie déjà largement répandue en Europe” (5). 

Tel n’est pas l’avis d’Eric Zemmour qui ne voit chez Catherine que faiblesses suivies du coup d’autorité manqué de la Saint-Barthélémy. Pour le chroniqueur du “Figaro”, la faveur dont bénéficie la Florentine s’explique par la complaisance manifestée aujourd’hui à l’égard de la religion musulmane : “L’arrivée tonitruante d’une nouvelle religion, l’islam, sur le sol de France nous ramène aux questions de cette période de guerre des Religions, aux conflits, aux subversions, au fondamentalisme religieux et à l’Etat dans l’Etat, à son prosélytisme ardent et à ses places fortes banlieusardes […]”. Pour établir sa comparaison, Eric Zemmour oublie que la France du XVIème siècle est pleinement immergée dans le religieux alors que notre société n’est plus structurée par le catholicisme ; il ignore le “parti des politiques” qui est le parti de l’Etat et de l’unité du royaume, soucieux de limiter toutes les influences religieuses et de proscrire les partis religieux ; il ne veut pas voir que le parti catholique – la Sainte Ligue des Guises -, responsable de la première guerre de religion et des massacres qui suivent la Nuit de la Saint-Barthélémy, est un “Etat dans l’Etat”, qui exploite le fanatisme religieux dans l’intérêt dans de la maison de Lorraine. Dès lors, il ne veut pas voir que la dialectique du conflit religieux trouve sa conclusion positive dans l’Édit de Nantes, acte de souveraineté que le chroniqueur du “Figaro” considère comme une “faute”. Fallait-il donc que la guerre civile se poursuive jusqu’à l’éradication des Huguenots ? C’est bien ce qui est suggéré. Heureusement, l’alliance conclue entre Henri de Navarre et Henri III en butte au coup d’Etat ligueur du 7 janvier 1589 permit de réaffirmer la légitimité dynastique transmise in articulo mortis au Navarrais par le roi après l’attentat d’un moine fanatisé. J’ajoute que Richelieu, glorifié par Eric Zemmour, ne songea jamais à éliminer les Protestants du royaume de France (6).  

La Révolution française est représentée dans le livre d’Eric Zemmour par deux personnages : Mirabeau qui n’est pas “l’homme de la situation” parce qu’il veut concilier le roi et la Révolution et Robespierre, loué parce qu’il est homme de la nation, le patriote qui écrase la Révolution cosmopolite et humaniste. La Révolution française selon Zemmour est une révolution sans la Déclaration de 1789, sans les monarchiens, sans le débat sur les institutions mais avec une Vendée qui est le douloureux exemple de l’éradication révolutionnaire – une Vendée qui préfigure le destin de la France, “nouvelle Vendée” parce qu’elle est “une cible du grand équarrissage mondial”. Le rabotage zemmourien de l’histoire, à coup de comparaisons anachroniques, s’achève dans la petite littérature du désespoir : “comme Charette il y a deux siècles, ceux qui se lèvent pour prendre la tête de la résistance savent leur combat perdu d’avance” (307).  

Dans son dernier chapitre, le chroniqueur tente de faire la synthèse entre De Gaulle et Pétain, en reprenant la fable du “glaive” et du “bouclier” et la légende d’un Maréchal sauveur des Juifs français. Il serait trop long de démonter ici les procédés par lesquels Eric Zemmour tente d’établir sa thèse et je renvoie aux ouvrages des historiens spécialisés dans la période de l’Occupation (7) et au petit essai que j’ai récemment publié (8). 

Pour conclure, Eric Zemmour loue De Gaulle d’avoir assuré à la France “cinquante ans de paix” en négociant l’indépendance de l’Algérie. Mais la trêve est terminée et il nous est annoncé que la France “forge […] les jalons de ce qui sera sa prochaine guerre civile », selon “l’implacable et tragique destin français” (568). 

Tel est l’ouvrage, curieux assemblage de vrai, de faux et de même pas faux. Il faut le lire avant de reprendre, plume à la main, le discours prononcé par Eric Zemmour devant la Convention de la droite le 28 septembre. Devant un public qui paraît acquis, le chroniqueur du “Figaro” reprend sous une forme simplifiée et parfois durcie les principales thématiques du “Destin français” :

Le rejet du progressisme “liberticide” est total : il englobe les Lumières, la Révolution française, le radicalisme de la IIIème République et le libre-échange généralisé.

La dénonciation des médias est radicale : la télévision, la radio, le cinéma, la publicité, sans oublier les “chiens de garde d’Internet” forment un appareil de propagande “tyrannique” qui impose l’idéologie diversitaire.

Les institutions judiciaires forment un “appareil répressif de plus en plus sophistiqué” : “Les juges, conditionnés par la propagande de gauche dès l’École de la Magistrature, sont devenus les relais et souvent les complices des associations diverses à qui elles servent de bras armé pour racketter les dissidents et terroriser la majorité autrefois silencieuse et aujourd’hui tétanisée”.

Cette tétanisation des Français résulte d’une défaite historique qu’Eric Zemmour explique de la manière suivante : “Tous ceux qui se sentaient à l’étroit dans l’ancienne société régie par le catholicisme et le Code civil, tous ceux à qui on avait fait miroiter une libération et qui y avaient légitimement cru – les femmes, les jeunes, les homosexuels, les basanés, les juifs, les protestants, les athées – tous ceux qui se sentaient minorité mal vue au sein de la majorité des mâles blancs, hétérosexuels catholiques et qui ont joyeusement déboulonné la statue au rythme des déhanchements saccadés de Mick Jagger, tous ceux-là ont été les idiots utiles d’une guerre d’extermination de l’homme blanc hétérosexuel, catholique ». (…) le seul à qui ont fait porter le poids du péché mortel de la colonisation, de l’esclavage, de la pédophilie, du capitalisme, du saccage de la planète, le seul à qui l’on interdit les comportements les plus naturels de la virilité depuis la nuit des temps, au nom de la nécessaire lutte contre les préjugés de genre…”.

Après avoir critiqué l’indigénisme qui ramène à la guerre des races et des religions, Eric Zemmour expose sa philosophie de l’histoire : “Nous sommes ainsi pris entre l’enclume et le marteau de deux universalismes qui écrasent nos nations, nos peuples, nos territoires, nos traditions, nos modes de vie, nos cultures : d’un côté, l’universalisme marchand qui au nom des droits de l’homme asservit nos cerveaux pour les transformer en zombies déracinés ; de l’autre, l’universalisme islamique qui tire profit très habilement de notre religion des droits de l’homme pour protéger son opération d’occupation et de colonisation de portions du territoire français qu’il transforme peu à peu grâce au poids du nombre et de la loi religieuse en enclaves étrangères”. La suite est assez confuse car “… ce sont des civilisations qui s’affrontent sur notre sol dans un combat millénaire” mais les deux universalismes marchand et islamique se sont alliés pour nous détruire. Il y a “remplacement de son peuple par un autre peuple, une autre civilisation” et le “vitalisme africain a un drapeau tout trouvé : l’islam”.

D’où la question que pose Eric Zemmour à son public : “Les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ?” S’ils s’y refusent, “ils devront se battre pour leur libération”. Or, on ne peut pas se battre pour l’ordre républicain, la laïcité, l’intégration, le droit d’asile, car ces mots n’ont plus de sens. Il faut que se dresse “le peuple français contre les universalismes” cosmopolite et islamique et qu’il s’affranchisse de la “religion des droits de l’homme et plus encore : “nous devons nous affranchir des pouvoirs de nos maîtres : médias, université, juges” afin de “restaurer la démocratie qui est le pouvoir du peuple contre la démocratie libérale qui est devenue le moyen, au nom de l’Etat de droit, d’entraver la volonté populaire”.

 Sans ignorer les problèmes économiques, monétaires, sociaux, Eric Zemmour affirme enfin que “la question identitaire du peuple français” précède toutes les autres questions, “elle préexiste à toutes, même à celle de la souveraineté, c’est une question de vie ou de mort” car “le peuple français est “menacé de remplacement sur son propre sol”.  

J’ai cité longuement le texte prononcé par Eric Zemmour afin que chacun puisse en mesurer la portée. On retient d’ordinaire la dénonciation de l’immigration et l’apologie de la “préférence nationale” mais le chroniqueur du “Figaro” dépasse de très loin la thématique du Front national devenu Rassemblement national. 

Nous sommes en présence d’un discours parfaitement réactionnaire qui fustige l’ensemble de la modernité, sans jamais indiquer comment remplacer les héritages complexes de la Révolution française et des régimes ultérieurs. Il y a la nostalgie d’un ordre catholique assorti du Code civil mais pas la moindre indication sur les structures d’une société délivrée de la modernité et assurant à l’homme “blanc, hétérosexuel et catholique” son épanouissement. Comme toute idéologie réactionnaire, celle d’Eric Zemmour repose sur un fantasme : jamais la société française “traditionnelle” ne s’est pensée comme blanche et hétérosexuelle. Quant à sa dénonciation de l’universalisme au nom du catholicisme, elle est proprement aberrante puisque le catholicisme est par définition universel.

Le fantasme réactionnaire conduit comme toujours à une attitude pessimiste, voire franchement nihiliste puisque, selon Eric Zemmour, la République et la laïcité n’ont plus de sens, puisque l’Etat de droit est une illusion pernicieuse. Ce nihilisme est radical puisque les grandes institutions – la Justice, l’Université – sont corrompues et passées à l’ennemi. C’est un nihilisme historique d’autant plus radical que la promenade d’Eric Zemmour dans l’histoire de France et ses aperçus sur l’histoire générale – pensée comme affrontement millénaire entre l’Orient et l’Occident – aboutit à un écrasement de toutes les réalités qui n’entrent pas dans le schéma. La Croisade selon Eric Zemmour, c’est toujours contre les musulmans, mais, par exemple, les peuples baltes massacrés par les Chevaliers teutoniques sont effacés de l’histoire. Eric Zemmour célèbre l’identité blanche du temps jadis, mais oublie résolument que le droit du sol ne tient aucun compte des différences qu’on appelle aujourd’hui “ethniques” et ignore non moins résolument les Français des Antilles, de la Guyane, de La Réunion.  Il célèbre la colonisation alors que pour la France ce fut un aspect très secondaire de sa politique au regard de la confrontation avec l’Allemagne. 

Le zemmourisme est un djihadisme inversé. Même nostalgie de la pure origine, même négation de l’histoire, même prétention folle à incarner le Bien, au nom du “monde chrétien” d’un côté, du “monde musulman” de l’autre – tous deux abusivement globalisés. Il n’y a plus de chiites et de sunnites ; il n’y a pas de conflits sanglants entre les pays musulmans alors que le Proche-Orient arabe se déchire sous nos yeux et les enjeux des deux Guerres mondiales disparaissent du champ… Dans le zemmourisme comme dans le djihadisme, il y a la même volonté belliqueuse et éradicatrice selon le fantasme de “conquête musulmane” ou de la “reconquête chrétienne”. Chacun se prépare à un bain de sang mais Eric Zemmour, prudent quand il est en public, n’appelle pas à la guerre civile : il désigne une logique implacable, un tragique destin que nous nous serions forgés. Cependant, le thème du “grand remplacement” est effectivement racialiste : au droit français de la nationalité,  il substitue une vision ethno-religieuse opposant les “blancs” de religion catholique et les gens à la peau diversement colorée qui seraient musulmans et djihadistes au moins d’intention.  

L’histoire étant par définition un anti-destin, le zemmourisme est une négation de l’histoire en tant que telle. Il en résulte une antipolitique. Quand on ne veut pas voir que l’islam s’est toujours inscrit dans des structures politiques – impériales, royales – et dans divers systèmes de relations internationales, on s’interdit toute action politique. Par exemple, la prétendue “guerre des races et des religions” exclut que la France puisse défendre, au Sahel, des États peuplés d’individus à la peau noire et généralement musulmans. Eric Zemmour se tire de cette difficulté en affirmant que la France a simplement repris son œuvre colonisatrice, faisant ainsi un superbe cadeau aux djihadistes sahéliens qui nous décrivent comme des colonialistes. Plus généralement, le fait de réduire l’islam aux sectes wahhabites et salafistes revient à dire que les conceptions littéralistes et extrémistes du Coran l’ont emporté et qu’il n’y a plus qu’à se préparer à la “guerre civile sanglante” (9) contre des musulmans qui seraient tous englobés dans cette totalité violente. De telles “analyses” effacent la sociologie de l’islam français et toute une actualité qui montre que les sociétés musulmanes, au Maghreb par exemple, résistent à l’extrémisme religieux. 

Il faut enfin s’interroger sur le statut d’Eric Zemmour. Qui parle ? Un journaliste et plus exactement un homme de médias, un homme qui doit sa notoriété à sa présence constante dans les médias depuis. Plus précisément, un homme qui doit son lancement médiatique à “On n’est pas couché”, une émission qui mêle l’information et le divertissement (infotainement) au mépris de la rigueur journalistique. Celui qui se présente comme un “dissident” est donc le produit du système médiatique “tyrannique” qu’il combat et au sein duquel, malgré son éviction de France 2 puis de RTL, il occupe toujours de confortables niches à partir desquelles il lance ses prophéties politiques. A la différence de maints économistes hétérodoxes qui ne sont plus invités dans les médias nationaux, Eric Zemmour mène ses activités prospères avec la permission du capitalisme mondialisé qui serait selon lui lié à l’islamisme radical. Telle est l’ambiguïté majeure d’un personnage qui tend la sébile d’une main tout en agitant de l’autre un cocktail Molotov, qui publie dans le paisible “Figaro” tout en préparant les “Français de souche” à la guerre civile. 

Plutôt que d’appeler à la censure d’Eric Zemmour, il faut l’inciter à être beaucoup plus présent dans l’espace public – en le priant d’assumer pleinement la radicalité de ses propos. Prendre ses responsabilités, c’est s’engager en politique et seule l’élection présidentielle serait à la mesure d’un personnage aussi considérable. Une candidature lui permettrait d’exposer clairement son projet pour la nation et de répondre aux questions des citoyens. S’il est vrai que l’Etat de droit est mort, par quoi remplace-t-on la Déclaration de 1789 et le Préambule de 1946 ? Doit-on du moins supprimer la liberté des opinions religieuses pour les musulmans ? Comment fabrique-t-on un Etat catholique dans un pays où moins de 5% des citoyens vont à la messe au moins une fois par mois ?  Sur quels critères précis fera-t-on le tri entre les citoyens considérés comme agents du “grand remplacement” et citoyens regardés comme victimes de celui-ci. Que fait-on des couples “mixtes” ? Car la guerre civile, c’est une activité très concrète : selon le quartier, on colle au mur les gens qui ont une cravate ou ceux qui ont une casquette, ceux qui n’ont pas le bon prénom, ou le bon accent, ou la bonne couleur de peau…

Craignons les littérateurs extrémistes, qui ne mesurent jamais la portée de leurs propos.                    

***

(1) Eric Zemmour, Destin français, Albin Michel, 2018. Les numéros entre parenthèses renvoient aux pages de ce livre. 

(2) J’ai évoqué cette ambassade dans ma Lettre de Samarkand publiée sur ce blog : http://www.bertrand-renouvin.fr/lettre-de-samarkand-chronique-93/

(3) Cf. Blandine Kriegel, La République et le Prince moderne, PUF, 2011 et ma présentation du livre : http://www.bertrand-renouvin.fr/republique-le-moment-hollandais-selon-blandine-kriegel/

(4) Cf. Denis Crouzet, La Nuit de la Saint-Barthélémy, Fayard, 1994.

(5) Jean-Christian Petitfils, Histoire de la France, Fayard, 2018.

(6) Cf. Arnaud Teyssier, Richelieu, L’aigle et la colombe, Perrin, 2014, et ma présentation du livre : http://www.bertrand-renouvin.fr/richelieu-la-difficulte-de-gouverner/

(7) Cf. Laurent Joly, L’Etat contre les Juifs – Vichy, les nazis et la persécution antisémite, Grasset, 2018 http://www.bertrand-renouvin.fr/collaboration-vichy-contre-tous-les-juifs/ et 2) François Delpla, Hitler et Pétain, Editions Nouveau monde, 2018 : http://www.bertrand-renouvin.fr/vichy-la-carte-de-la-vassalite/

(8) Cf. Vichy, Londres et la France, Le Cerf, 2018.

(9) Voir les déclarations d’Eric Zemmour sur i24news le 17 avril 2019 https://www.youtube.com/watch?v=kwWjOZfLNj

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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 22:22

texte rédigé le lundi 12 janvier 2015

 

Mercredi 7 janvier, en plein cœur de Paris, les locaux de Charlie Hebdoont été victimes d'une attaque terroriste perpétrée à l'arme de guerre. Des membres de l'équipe de l'hebdomadaire ont été sauvagement assassinés, mais aussi des employés et des policiers qui assuraient leur sécurité.

En s'attaquant à Charlie,c'est la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de conscience, la République, qu'ont voulu assassiné les terroristes ! En visant Charlie,ce sont aussi des figures de la gauche intellectuelle, sociale, critique, atypique, un brin « libertaire » et « paillarde », que les assassins ont ciblé ; c'est une part de nous-mêmes qu'ils ont voulu tuer.

« Nous avons tuéCharlie Hebdo » ont-ils hurlé… nous devons leur donner tort ; et nous devrons, dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, apporter notre soutien total pour que ce journal continue de vivre et de porter avec indépendance et irrévérence sa légendaire liberté de parole. Charlie Hebdoa été touché au cœur et affrontera de longs moments difficiles.

L'horreur ne s'est pas arrêtée là : une policière municipale a été abattue de sang froid le lendemain à Montrouge et le vendredi 9 janvier 2014, le même terroriste organisait une prise d'otages dans l'Hypercacher de la Porte de Vincennes, tuant dès les premières minutes quatre personnes dont le seul tort à ses yeux étaient d'être juifs.

Les trois djihadistes ont finalement été logés et abattus par les unités d'élite de la police et de la gendarmerie, mettant ainsi fin à la tragédie. Ce dénouement était probablement inévitable, au regard de la folie idéologique qui animait ces individus. Nous regretterons malgré tout qu'ils n'aient pas pu être appréhendés, jugés et condamnés ; c'est ce qu'aurait moralement exigé notre conception démocratique de la justice.

Mes-Images-2-9363.JPGAu-delà de la stupeur et de la peine, nous devons continuer à vivre ; le peuple, la société française ne doit pas céder à la paranoïa et au repli, mais démontrer la force au quotidien de la République française et de ses valeurs démocratiques et sociales.

Confrontés à ce drame, les citoyens français ont réagi d'une manière exceptionnelle dès le premier soir, en se rassemblant spontanément à Paris et un peu partout en France pour signifier leur solidarité aux victimes, leur attachement aux libertés républicaines et leur refus de céder à la peur.

Au lendemain de l'équipée terroriste, les rassemblements organisés partout en France puis à Paris ont donné lieu à une mobilisation historique, rassemblant plus de 4 millions de personnes. Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement ont tenu le dimanche 11 janvier à affirmer, aux côtés du Président de la République et au milieu de près de 2 millions de manifestants, leur solidarité dans l'épreuve avec la République Française. Malgré la portée symbolique de soutiens internationaux, nous ne pouvons pas non plus être dupes du double discours d'un certain nombre de dirigeants présents sur la liberté en général et la liberté de la presse en particulier, et nous n'aurons pas la naïveté de croire que leur présence – quelque peu incongrue au regard des mots d'ordre de la mobilisation – signifie un quelconque engagement de leur part pour l'avenir.

Mes-Images-2-9362.JPGL'ampleur inégalée de la mobilisation citoyenne des samedi 10 et dimanche 11 janvier a rendu par ailleurs totalement vains les débats sur l'union nationale : les Français se sont rassemblés pour faire face à l'adversité, pour affirmer la volonté d'un peuple de ne pas se laisser dicter par d'autres son destin collectif et ses valeurs partagées. La polémique, qui s'est déclenchée sur l'opportunité de la participation officielle du Front National – parti qui a une fois de plus démontré à cette occasion qu'il n'était pas républicain – dans les rassemblements, n'aurait sans doute pas eu lieu si certains ne s'étaient mis en tête de faire savoir qu'ils avaient officiellement invité l'UMP (parti qui n'avait pourtant même pas songé à l'opportunité d'un tel événement). Les Français n'avaient pas besoin que soient formalisées des invitations à tel ou tel parti politique pour savoir quel était leur devoir républicain, et c'est heureux.

Au lendemain de ces drames et de la réaction rassurante du peuple français, il est désormais temps de s'interroger sur leurs conséquences, sur le contexte dans lequel ils se sont déroulés, sur ce qui nous paraît nécessaire et possible à mettre en œuvre pour répondre aux défis ainsi tristement mis en lumière.

La liberté de la presse est-elle menacée ?

C'est bien elle qui a été visée le 7 janvier par les fanatiques qui s'étaient décidés à « punir » un hebdomadaire ayant usé pleinement de son droit à prendre la parole, à défendre la liberté de croire et de ne pas croire. Cependant, la liberté de la presse en soi n'est pas en danger en France, sauf par l'autocensure des médias que la peur pourrait susciter. Sauf par les difficultés matérielles et financières que toute la presse rencontre depuis des années. Charlie Hebdoconnaissait déjà de graves difficultés, avant même l'incendie de ses locaux ; et si la mobilisation civique pour permettre la survie du journal est bien venue, elle ne suffira pas si les pouvoirs publics ne prennent pas la mesure de l'enjeu auquel la presse française est confrontée, notamment la presse d'opinion. Un gouvernement de gauche se doit de garantir les principes qui ont été édictés pour l'indépendance de la presse dans le programme du Conseil National de la Résistance. Il s'agit notamment d'empêcher leur tutelle par des puissances financières qui ont intérêt à manipuler l'opinion publique. Nous proposons donc de mettre en œuvre une loi interdisant la prise de contrôle des médias et des groupes de presse par des sociétés bénéficiant de la commande publique. Renforçons et révisons également le mode de subvention public à la presse en intégrant dans leur calcul le niveau de création originale (artistique ou journalistique).

La défense de nos libertés rend-t-elle nécessaire des évolutions de notre droit ?

Des questions se posent légitimement sur les défaillances de nos dispositifs de surveillance et de sécurité. L'absence de surveillance durable de personnages connus pour leur potentielle dangerosité et leurs fréquentations djihadistes avérées marque sans conteste l'insuffisance de nos dispositifs et au premier chef des moyens humains et matériels disponibles pour le faire.

Mobiliser des moyens supplémentaires pour le renseignement intérieur et extérieur, pour stopper la dégradation des prisons (surpopulation et promiscuité, insalubrité, insuffisants efforts pour la réinsertion, difficultés croissantes à garantir la sécurité et à contrôler la diffusion du radicalisme), pour la justice en général et les parquets anti-terroriste et financier, pour améliorer les conditions d'exercice des missions des forces de l'ordre, nous paraît bien plus utile qu'une nouvelle loi ad hocréclamée avec insistance et déraison par toute la droite qui l'a déjà baptisée « Patriot Actà la française ». Cette référence démontre la dérive de la droite dite « républicaine » et sa déconnexion de la réalité quand on se rappelle ses résultats pour le moins mitigés Outre-Atlantique : le recul des libertés individuelles, la justification hypocrite du recours systématique à la torture, entre autres, n'ont pas empêché l'attentat du Marathon de Bostonl'UMP veut-elle donc qu'on aille encore au-delà ?

Sans vouloir appliquer sans discernement le discours du Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg après le massacre d'Utoya – la Norvège, et les défis auxquels elle est confrontée, n'est pas la France – il peut néanmoins nous servir de boussole : «J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur.» «Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance.» Si la droite veut que la France perde son âme et apporte ainsi une victoire posthume aux trois djihadistes, telle n'est pas notre conviction.

Nous considérons en effet que la loi Cazeneuve du 13 novembre 2014 met déjà en place des outils juridiques permettant de mieux lutter face aux filières djihadistes et qu'il n'est pas besoin d'une surenchère : une interdiction administrative de sortie du territoire, comme cela a été prévu dans le plan de lutte contre la radicalisation violente présenté le 23 avril 2014 par le Gouvernement ; renforcement de la répression de l’apologie du terrorisme et de la provocation à des actes de terrorisme ; pénalisation des actes préparatoires aux crimes terroristes et création d'un concept d'entreprise terroriste individuelle qui donnent à la justice et à la police les moyens juridiques d'investigation et de poursuite… Les décrets d'application devront évidemment préciser l'application de la loi sans angélisme et sans dérive.

Nous pensons également que la coopération internationale avec les autres pays de départ et les pays de transit doit être intensifiée. Les démocraties occidentales doivent également concrétiser leur action commune afin que certains de leurs services ne considèrent pas que le cantonnement de foyers radicaux dans un pays voisins est la garantie d'une certaine tranquillité. Des impulsions doivent enfin être données, en France comme au niveau européen, en direction des grands opérateurs de l'internet, afin que les contenus illicites et les sites de recrutement fassent l'objet de procédures de suppression effectives et rapides. Cela devra se faire dans le respect de l’État de droit : une extension du blocage par des entités administratives (ou privées) devra d'une manière ou d'une autre tenir compte d'un contrôle judiciaire.

Contre le choc des civilisations.

Par contre, nous récusons toute forme de discours qui donnerait à croire à l'opinion publique qu'une « guerre de civilisations » est en cours comme le laissent entendre à la fois la droite et l'extrême droite. Rappelons que l'immense majorité des victimes de l'islamisme radical et du djihadisme sont des habitants des pays de culture arabo-musulmane ; la guerre contre le djihadisme est un conflit sanglant qui affecte en premier lieu les sociétés où l'Islam est dominant, qui voit s'affronter des interprétations ô combien divergentes de l'Islam par les musulmans eux-mêmes et les tenants du sécularisme dans ces mêmes sociétés. Durant des dizaines d'années, ces pays ont malheureusement été également le théâtre d'opération sur un mode « apprentis sorciers » des puissances occidentales, ce qui n'a fait qu'accélérer le phénomène.

Aujourd'hui, les démocraties occidentales, dont la France, sont engagées dans un conflit international, que leurs propres turpitudes ont souvent aggravé, avec un ennemi djihadiste difficilement saisissable. Nous en subissons évidemment le contrecoup dans notre chair et désormais sur notre sol. Mais il n'est pas question de le transposer fantasmatiquement dans nos banlieues et nos campagnes, comme une sorte de prélude à la guerre civile. C'est le rêve des relais français du djihadisme : attiser au-delà de toute raison les tensions communautaires pour déchirer un peu plus la société française. De fait, les premiers résultats visibles des attentats du mois de janvier, au-delà de la peine causée par les lâches assassinats, aura été bien plus la multiplication des actes de vandalismes et des violences à caractère raciste qu'une mise à mal directe et durable de nos libertés collectives et individuelles.

Le 10 et le 11 janvier ont exprimé l'attente d'un sursaut républicain.

Les socialistes et la gauche doivent être à la hauteur de l'élan républicain du peuple français qui s'est exprimé deux jours de suite dans la rue. Depuis trop longtemps, nous n'avons pas suffisamment mesuré les dégâts qu'avaient produit les offensives idéologiques des libéraux et dans le même mouvement la montée des thèses fascisantes ou intégristes, les secondes se nourrissant en grande partie des premières. Aujourd'hui encore, nous devons comprendre que la riposte ne peut se contenter d'être morale, sauf à être inopérante. C'est un combat majeur qui doit nous impliquer tous et singulièrement notre parti.

La gauche doit absolument mener une bataille culturelle qu'elle a négligée, alors qu'elle a parfois abdiqué en adoptant les codes intellectuels et le vocabulaire de nos adversaires politiques, laissant trop souvent l'extrême droite définir le terrain et l'agenda du débat politique. Lorsque la droite dénonce l'hégémonie culturelle de la gauche, c'est un vrai pied de nez à la réalité et un artifice supplémentaire pour tromper les citoyens et placer nos responsables sur la défensive : « la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas » écrivait Baudelaire.

Nous devons reprendre l'objectif d'établir une hégémonie culturelle de la gauche afin de consolider les valeurs républicaines : nous défendonsl’idée qu’il faut faire avancer en même temps la Liberté, l’Égalité et la Fraternité. Mais l’égalité recule et c’est insupportable. La fraternité est mise à mal par la ségrégation territoriale, sociale, comme par l’individualisme exacerbé par la mise en concurrence des personnes. Nous sommes convaincus plus que jamais que, pour être plus forte, notre République doit être une République sociale. Et là, il y a tant à faire.

Enfin, notre combat doit conduire à restaurer l’humanisme, le sens de l’intérêt général, la culture et la connaissance, la raison et la science, l’esprit critique, le respect des consciences, des convictions religieuses, des choix philosophiques, mais aussi l’amour de ce qui nous unit au-delà de ces engagements personnels et qui construit notre destinée commune, notre destin national.

Réaffirmer la laïcité de manière décomplexée.

La République française n'est pas neutre, elle est laïque. Elle n'a donc pas à respecter tel ou tel équilibre entre les croyances, ou telle ou telle susceptibilités confessionnelles. La République est là pour garantir à tous les Français la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire (la grande majorité des Français est d'ailleurs athée ou agnostique), et elle doit d'abord promouvoir les valeurs qui permettent à tous nos concitoyens de se sentir une seule communauté nationale.

La République et ses représentants doivent restaurer chez chacun de nos concitoyens la fierté d'en être membre. La République ne reconnaît pas les communautés religieuses comme intermédiaires avec les citoyens, et elle doit être capable de rappeler à l'ordre ceux de ses élus locaux qui instrumentalisent et entretiennent les communautarismes.

Mes-Images-2-9359.JPGNous ne devons plus laisser s'installer dans notre pays l'idée contre laquelle Charlie Hebdos'est souvent battu de manière isolée, que le concept de blasphème serait pertinent et que personne ne serait autorisé à critiquer ou moquer une religion quelle qu'elle soit. Tout le monde pense aux caricatures de Mahomet, mais nous avons connu ces dernières années de nombreux actes de violence et de vandalisme contre des œuvres d'art dénoncées comme blasphématoires à l'encontre du catholicisme. Affirmons le haut et fort, en République le blasphème n'existe pas ! Nous ne céderons jamais face à ces pressions permanentes pour établir un délit de blasphème.

À ce titre, il nous paraît urgent de réagir dans la durée à certains comportements constatés dans les établissements scolaires en marge de la minute de silence en mémoire des victimes de l'attentat de Charlie Hebdo. L'équivalence plaidée entre les dessins et propos supposés blasphématoires du journal, la violence terroriste et l'assassinat prémédité dont ses membres ont été victimes ou encore la logorrhée antisémite de Dieudonné Mbala-Mbala, doit nous interroger. Sans doute eut-il sur la méthode été préférable de précéder les minutes de silence de réunions d'information et de débats comme ce fut le cas en 1990 à la suite de la profanation du cimetière juif de Carpentras. Mais au-delà, cela a mis en lumière le désemparement de nombreux enseignants face à des discours intellectuellement violents de beaucoup de jeunes gens eux-mêmes en pleine confusion sous l'influence parfois des entourages mais aussi des discours complotistes et/ou radicaux que l'on trouve facilement sur internet et les réseaux sociaux.

C'est un travail d'éducation civique et républicaine qu'il faudra réinventer et mener sur un temps long et nos enseignants doivent être armés pour réussir. Ce doit être une priorité essentielle du ministère de l’Éducation nationale, avec à l'esprit la nécessité d'y intégrer les associations et les mouvements d'éducation populaire.

Les organisations confessionnelles ont cependant une responsabilité importante : elles doivent entreprendre en leur seinune immense œuvre éducative pour expliquer que certaines dérives sectaires et communautaristes ne font pas partie de leurs messages et ne les représentent pas. Tout le monde s'accorde à dire notamment que, pour lutter contre la diffusion de l'islamisme (qui est une interprétation déviante et politique d'une religion et non une religion), il est crucial que le nombre d'imams formés en France, connaissant et respectant les règles de la République, qui interviennent dans les mosquées soient plus nombreux et que c'est une des rudes tâches du CFCM. Par contre, il n'est pas acceptable d'exiger de nos compatriotes français, qui vivent de manière sereine et aussi souvent distante leur foi musulmane, de se justifier et de témoigner de leur différence avec les terroristes. A-t-on considéré que les catholiques français avaient à s'expliquer pour les commandos anti-IVG ou l'attentat contre un cinéma qui avait projeté La dernière tentation du Christ ? Ce type d'exigence est la trace que certains responsables politiques ne considèrent toujours pas une partie de nos concitoyens comme des Français à part entière. Nous savons parfaitement que les attaques proférées par l'extrême droite et une partie de la droite française, qui dénonçaient dès le soir du 7 janvier des boucs émissaires, contre l'Islam en France visent avant tout à maquiller et à recycler un racisme plus classique contre les immigrés d'origines maghrébine et subsaharienne, et leurs enfants et petits-enfants nés en France. Nous lutterons avec acharnement, demain comme hier, contre le racisme et nous travaillerons encore pour faire disparaître les discriminations et les ségrégations de toute sorte qui leur pourrissent la vie au quotidien. À ce titre, l'engagement non honoré de récépissé de contrôle d'identité est une des mesures à remettre à l'ordre du jour, si l'on veut être crédible sur ce chemin.

Nous voulons également demander aux différentes organisations religieuses juives de travailler avec tous les Français pour convaincre nos concitoyens de confession juive que leur avenir se trouve bel et bien en France, chez eux. Nous savons parfaitement quelle peur pèse sur eux et les angoisses qui les assaillent souvent à juste titre. Nous soutiendrons toutes les mesures qui viseront à les rassurer et garantir concrètement la sécurité à laquelle ils ont droit comme n'importe lequel de nos concitoyens. Nous avons toujours été engagés contre l'antisémitisme ; ce combat est intrinsèque à l'identité socialiste depuis plus d'un siècle, nous le porterons toujours avec force. Nous avons été profondément choqués que la veille de son arrivée en France, et ensuite à plusieurs reprises lors de ses déplacements à Paris, le Premier ministre israélien se soit permis de transformer sa visite dans ce contexte en campagne électorale et d'appeler nos concitoyens à quitter massivement notre pays pour rejoindre Israël. Cette posture est inacceptable ; nous regrettons par ailleurs qu'elle soit partagée par des personnalités israéliennes plus modérées et responsables. Nous pensons que ce n'est pas l'intérêt de ceux à qui cet appel à l'alyahs'adresse, car à tout prendre ils sont plus en sécurité en France qu'ils ne le seraient en Israël ou dans les colonies illégales de Cisjordanie. C'est par ailleurs offrir une victoire posthume aux terroristes puisque c'est l'incarnation absolue de l'antithèse du message républicain qui postule que l'on partage un destin civique commun quelle que soit sa confession.

Nous engageons chaque Français à ne pas céder à la tentation du repli sur soi, la tentation de se barricader derrière des verrous toujours plus nombreux, la tentation du repli sur sa communauté symbolisé par l'affichage toujours plus ostentatoire de son appartenance confessionnelle.

Réinvestir dans l'éducation et la culture.

C'est à l'école publique que la République peut le plus aisément et le plus légitimement faire passer ses messages et transmettre ses valeurs. Le budget de l’Éducation nationale reste le premier de la Nation, mais l'ambition que nous avons toujours portée dans ce domaine doit désormais redoubler d'effort. Nous avons besoin d'investir dans notre école, de lui donner les moyens de recruter et de former des enseignants armés pour mener les missions d'instruction publique mais également armés pour transmettre les valeurs républicaines.

Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation doivent donc en conséquence voir leur montée en puissance accélérée, avec les moyens qui vont de pair, pour répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés. On peut également s'interroger sur le rythme de recrutement des enseignants et des 60 000 postes annoncés en 2012.

L'action et la création culturelle sont également cruciaux pour créer une émotion partagée, des débats, des échanges, des rencontres. L'effort financier doit être renforcé dans ce domaine également, car ils sont un moyen de créer une identité commune et cela commence par les plus jeunes. Le soutien aux associations nationales ou locales et aux mouvements d'éducation populaire doit enfin être renforcés et nous croyons que la proposition de Maintenant la Gauche de généraliser le service civique à leur profit peut y aider.

Rendre la présence de la République concrète pour nos concitoyens.

Partout où la République recule, partout où la solidarité nationale faiblit, les communautarismes prospèrent.

Mais qu'est-ce que la République au quotidien pour nos concitoyens ? Ce sont les services publics, qui assurent un présence régulière des pouvoirs publics auprès d'eux. C'est le bureau de poste, le commissariat, l'antenne de la CPAM ou de la CAF, c'est aussi la mairie et ses services, qui démontrent au quotidien que l'exercice de la solidarité nationale n'est pas un vain mot.

Ce sont les lignes de train et les gares, même les plus petites, qui assurent concrètement le droit de tous à circuler.

Ce sont aussi tous ceux qui assurent le respect de l'ordre public social dans le monde du travail.

Depuis 20 ans, nos concitoyens ont le sentiment parfois légitime que cette République concrète a peu à peu reculé et que, depuis quelques années, elle entre concrètement en régression : la fermeture d'une gare, d'une ligne de train, d'un bureau de poste, au prétexte d'un manque de rentabilité, la fermeture de commissariats, de gendarmeries, de postes de police, ou encore tout ce qui est vécu comme un recul des droits sociaux, sont autant de faux pas qui nourrissent chez nos concitoyens un sentiment d'abandon, qui se traduit à la fois par une partie du vote d'extrême droite et par le refuge dans les solidarités communautaires ou communautaristes.

Longtemps la décentralisation et le relais pris par les collectivités territoriales – au premier rang desquelles les communes – ont pu donner l'impression qu'une partie de ce recul des services publics était compensé. Mais désormais les collectivités vont être elles-mêmes amenées à réduire leur voilure sous l'effet des baisses de dotations, ce qui ne manquera pas de renforcer cette dynamique régressive.

Le retour de la République concrète n'est pas compatible avec les politiques aveugles de restrictions budgétaires, qui ont montré par ailleurs leur inefficacité dans la lutte contre les déficits et la dette publics. Sur tous les sujets que nous avons abordés – sécurité, justice, éducation, culture, services publics, etc. – il faudra faire des efforts budgétaires conséquents si nous voulons rattraper le temps perdu et retisser un tissu et un imaginaire national particulièrement abîmés.

Le Parti socialiste a un rôle à jouer.

Le rôle d'un parti politique est de proposer un projet de société dans l'espace démocratique. À plus forte raison, le rôle d'un parti socialiste démocratique et républicain est d'offrir une analyse sociale, une vision du monde et un chemin pour la transformation de la société dans le sens de l'égalité et de l'émancipation collective et individuelle.

Depuis trop longtemps, nous n'assurons plus ce rôle d'explication du monde et de projection sociale. Notre tâche est immense et nous voulons que le Parti Socialiste soit à nouveau à la hauteur de sa mission.

C'était l'objet d'un autre article que je vous invite à relire ici.

Frédéric Faravel

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:00

colombe-3.gifDepuis plusieurs semaines, j'éprouve le besoin de réaffirmer qu'il existe une voie/voix pour les chrétiens progressistes dans le monde. C'est peut-être anachronique ou démodé d'aborder le sujet pour certains, les préoccupations sur les "cathos de gauche" appartenant aux années 1960 et 1970, leur assimilation à une gauche sociétale et bien-pensante, ayant parfois même disqualifié cette réflexion pour d'autres.

La façon dont a été engagé le débatsur le "mariage pour tous", c'est-à-dire l'égalité des droits pour les couples homosexuels et hétérosexuels, et notamment les postures empreintes du pire conservatisme dans les Eglises et certaines institutions confessionnelles, pousse à camper une saine protestation ou affirmation, qu'on ne saurait caricaturer la foi dans ses érucations réactionnaires. Rien dans la "Loi" ne justifie l'opprobre et la vindicte contre les homosexuels uniquement les a priori et les lois humaines (lire dans Mediapart "Un athlète du mariage pour tous : Jésus-Christ").

J'ai toutefois également été surpris de la réaction de certains camarades ou proches concernant une initiative pétitionnaire de chrétiens favorables à la concrétisation de l'égalité des droits : "Sur le mariage, l'Église aussi est diverse". Les remarques, souvent hostiles, parfois blessantes, étaient à mon sens totalement décalées et contreproductives. Elles semblaient exprimer une défiance naturelle, instinctive, onthologique à l'égard d'individus toujours suspects d'une certaine coupable complicité envers une forme ancienne du totalitarisme, que serait en soi toute confession et religion.

Outre le fait que cette vision s'attaque en la matière à des camarades, des partenaires ou des alliés, elle est réductrice - comme cherchent à faire tous les réactionnaires du monde en caricaturant la pensée socialiste à l'expérirence totalitaire (et finalement césaro-papiste) du stalinisme - et elle est aussi une dénégation de la liberté de conscience et d'expression.

Car nous avons tous le droit d'exprimer (pourvu qu'on n'appelle pas à la haine, au meurtre, aux discriminations, sur telle personne ou tel groupe, pourvu également que cela ne soit pas du prosélytisme), nos opinions, nos convictions, dans l'espace public.

Et pour certains d'entre nous, la foi - chrétienne en l'occurence (mais je suppose, en tout cas j'espère, que cela doit marcher pour d'autres confessions) - a largement structuré notre pensée. Le "Salut" auquel nous croyons nous laisse libres d'agir pour la transformation du monde. L'inspiration et l'éducation que nous en avons tirées nous a conduit à l'engagement socialiste. Léon Blum, dans son fascicule de formation et son enregistrement audio "Pour être socialiste" posait clairement la question "de quoi est né le socialisme ?" (1919) ; il y répond ainsi :

"De la révolte de tous ces sentiments blessés par la vie, méconnus par la société. Le socialisme est né de la conscience de l'égalité humaine, alors que la société où nous vivons est tout entière fondée sur le privilège. Il est né de la compassion et de la colère que suscitent en tout cœur honnête ces spectacles intolérables : la misère, le chômage, le froid, la faim, alors que la terre, comme l'a dit un poète, produit assez de pain pour nourrir tous les enfants des hommes, alors que la subsistance et le bien-être de chaque créature vivante devraient être assurés par son travail, alors que la vie de chaque homme devrait être garantie par tous les autres. Il est né du contraste, à la fois scandaleux et désolant, entre le faste des uns et le dénuement des autres, entre le labeur accablant et la paresse insolente. Il n'est pas, comme on l'a dit tant de fois, le produit de l'envie, qui est le plus bas des mobiles humains, mais de la justice et de la pitié, qui sont les plus nobles.
Je n'entends pas soutenir, vous le comprenez bien, que tous les sentiments généreux et désintéressés de l'âme humaine ne se sont manifestés dans le monde qu'avec les doctrines socialistes. Ils sont plus anciens, s'ils ne sont pas éternels. L'instinct de justice, de solidarité, de moralité humaine qui trouve aujourd'hui son expression dans le socialisme a, tout le long de l'histoire, revêtu d'autres formes et porté d'autres noms. C'est cet instinct qui a fait la force des religions modernes, puisque toutes, à leur naissance, dans leur première phase de prosélytisme populaire, se sont tour à tour adressées à lui. Un encyclopédiste du XVIIIe siècle, un jacobin de la Convention, un démocrate de 1830 étaient probablement mus par les mêmes sentiments qui font aujourd'hui le ressort et la force vive de notre action. Mais - là est le point essentiel - la foi socialiste est la seule forme de cet instinct universel qui réponde exactement aux conditions actuelles de la vie sociale, de la vie économique. Toutes les autres ont été dépassées par le cours des temps. Toutes les autres sont discordantes et retardataires. Que ceux qui s'y obstinaient de bonne foi le comprennent et viennent à nous.
Le socialisme est donc une morale et presque une religion, autant qu'une doctrine. Il est, je le répète, l'application exacte à l'état présent de la société de ces sentiments généraux et universels sur lesquels les morales et les religions se sont successivement fondées."

Je ne pourrais mieux décrire les sentiments qui m'animent que ne le fit alors Léon Blum... C'est donc pleinement en tant que chrétien que je suis socialiste et, selon et pour moi, ces deux aspirations se nourrissent l'une et l'autre. Il serait particulièrement incongru de réfuter cette situation et de dénier la légitimité de son expression.

Nul ne conteste d'ailleurs l'engagement de personnalités mondialement connues :

  • l'engagement humanitaire, en faveur de l'annulation de la dette des PVD, de Bono ou écologiste de Peter Garett (chanteur du groupe australien Midnight Oil, devenu ministre de l'environnement)... pourquoi oublier que leurs motivations - qui transparaissent pourtant dans l'inspiraiton mystique d'une partie de leurs chansons - ont leur foi pour origine ;
  • doit-on mépriser les actions entreprises par Martin Luther King, les prêtres ouvriers, Mgr Desmond Tutu, ou l'Abbé Pierre, pour les droits civiques, contre l'apartheid, pour l'égalité sociale (et parfois le tout en même temps) parce qu'ils ont agi sous l'inspiration de leurs croyances et en tant que religieux ?
  • Doit également entamer une critique de l'action de Nelson Mandela ou de Barack Obama au regard de l'inspiration chrétienne de leurs convictions...?

On voit bien ici le ridicule de la situation.

C'est un plaisir intense pour moi de me confronter et de me nourrir de la lecture des philosophies du soupçon initiées par Friedrich Nietzsche, Karl Marx ou Sigmund Freud. Ils nous maintiennent en éveil, nous bousculent dans nos certitudes et nous amènent à renverser les présupposés que l'on croyait indéboulonnable... mais qui pourra soutenir qu'il n'y eut aucune influence à ce que le premier fut fils de Pasteur luthérien, le second petit-fils de Rabbin et le troisième pétri de culture judaïque...

Pour ma part, je préfère croire - avec une distance critique - et agir selon ce que je définis comme ma foi, que d'affecter une indépendance à toute pensée religieuse et avoir remplacé Dieu par d'autres maîtres bien plus dévorant : l'argent, le pouvoir, l'apparence ou leur propre image... Ne retenant que cela du matérialisme (historique ou non). Où la pensée et l'engagement serait réduit à une figure imprimée sur un t-shirt (payé fort cher au demeurant) Che Guevara le disputant à MLK ou à JP2 fumant un joint...

A mes amis anti-religion (à ne pas confondre avec les athées) je veux dire ceci : il faut savoir retenir l'aspiration libertaire existant chez certains chrétiens qui ont retenu du message du Christ le refus de l'ordre établi, il faut savoir retenir retenir l'amour et la joie de l'étude qui habite une partie du judaïsme (je ne saurais me prononcer sur l'Islam que je ne connais pas). Elles ne s'imposent à personne, elles font partie d'un fond global dans notre société et animent encore quelques uns d'entre nous qui se battent à vos côtés.

Car, enfin, face à la montée des communautarismes et des intégrismes, il faut avant tout nous accepter et nous unir dans le respect de nos différence. C'est plus important que de savoir si ma foi et celles de quelques autres devraient ou non invalider notre combat.

Frédéric FARAVEL

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 22:21
j'ai écrit ça le 16 février au soir ; après les délires vaticano-camerounais de Benoît XVI cela me paraît d'autant plus d'actualité...
Fred


chers amis,
je vous écris après avoir écouté ce soir (une fois n'est pas coutume) "Le téléphone sonne" sur la question de la réintégration des 4 évêques de la Fraternité Saint-Pie-X dans l'Église Romaine.
Il m'apparaît important d'offrir aujourd'hui au désarroi des Catholiques d'Europe de l'Ouest, et plus particulièrement celui des Français, un débouché utile.
d'où la publication d'une lettre ouverte à suggérer à des figures majeures de l'oecuménisme et à des personnalités moins identifiées.
Le but de cette lettre ouverte serait de préparer une hypothèse gallicane faisant ouvrir une nouvelle phase à une oecuménisme blessé, alors que le Pape Benoît XVI a d'ores-et-déjà entamé une réaction impressionnante sur Vatican II.
Il s'agirait de rappeler ces premiers exploits de Cardinal effrayé par les conséquences de Vatican II, après les mouvements de libération socio-culturels du monde occidental dans les 70's. Sa sortie un an avant de devenir Pape sur l'incompatiblité pour les chrétientés non-catholique et non-orthodoxe avec le statut d'Église ; son choix ouvert de privilégier dans le dialogue inter-chrétien comme interlocuteur les éléments les plus retardataires de l'orthodoxie slave ; le rétablissement de la prière pour la conversion des juifs et celui de la messe en Latin ; les ambigüités provocatrices et les affirmations erronées sur immanence, transcendance et Raison face l'Islam dans son discours de Ratisbonne ; et enfin en parfaite cohérence avec tout ceci la poursuite à tout prix d'une réconciliation totale avec les intégristes, qui explique ces constants retours sur les acquis de Vatican II. Il semble que le Pape et avec lui la Curie ait choisi ce qu'il considère comme la meilleure voie du raffermissement du dogme romain par l'intégration de ces brebis galeuses, comme une tactique de reconquête par la foi en Europe.

Nous savons que les communautés de fidèles catholiques européens restent profondément attachés aux avancées de Vatican II, qu'ils ont choisi la voie de l'adaptation au monde et à la modernité, celle de l'acceptation des principes de 1789, de la voie oecuménique, du dialogue inter-religieux et de l'Humanisme.
Nous constatons qu'alors que le bilan de Jean-Paul II est globalement positif du point de vue de la vitalité et de l'ouverture du Catholicisme, il existe une continuité malheureuse avec l'actuel pontificat : la liquidation d'un catholicisme progressiste latino-américain - sous prétexte d'éradiquer la théologie de la Libération -, laissant la place à un conservatisme et parfois un fondamentalisme jugé plus apte de résister à la vague de conversions évangéliques (cf. les Légionnaires du Christ). Aujourd'hui l'Amérique latine est le théâtre d'un combat radical entre 2 fondamentalismes chrétiens, il ne produit dans cette terre principale de l'Église Romaine plus que des Papabile conservateurs, qui défendent une hypothétique pureté du dogme ; de l'autre côté, l'agressivité des fondamentalismes évangéliques apporte le 2e terme d'un affrontement globalisé de plus en plus violent.

Les Chrétiens d'Europe occidentales, issus des Églises catholiques, protestantes et anglicanes, ne peuvent que partager le même désarroi. Car aujourd'hui dans la pratique peu de choses séparent les fidèles à la base.
Créons ensemble une structure chrétienne nouvelle, fondé sur la pluralité théologique, à l'image de cette Église invisible - celle des âmes, si différente de l'Église visible des potentats humains -, qui soit capable de poursuivre ce travail de rapprochement oecuménique que ne permettent plus le Pape et la Curie romaine.
Ensemble nous ouvrirons les débats sur l'organisation des communautés, le célibat des prêtres, le rétablissement de la Communion réelle entre chrétiens, l'approfondissement du débat sur la grâce et les oeuvres et enfin la relance du dialogue religieux avec nos frères juifs et musulmans, pour la Paix des Hommes.
Frédéric Faravel
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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 11:14
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