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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

22 mai 2020 5 22 /05 /mai /2020 09:54

J'ai donné voici quelques jours un entretien à Jérôme Vallette pour le mensuel ComPol - mensuel jumeau de Courrier Cab - dont l'objet était la comparaison entre vecteurs et finalités de la communication politique soit au service d'un maire, soit au service d'un(e) parlementaire. Deux expériences dont je peux témoigner, comme fonctionnaire territorial, ancien Directeur de Cabinet d'un maire d'une commune de 30.000 habitants et comme collaborateur parlementaire.

Vous trouverez ci-dessous le résultat de cet entretien qui vient de paraître officiellement aujourd'hui, et téléchargeable ici gratuitement pendant la période d'état d'urgence sanitaire, dans le n° 133 de ComPol. J'aurais aimé avoir plus d'espace pour développer ma pensée que j'ai été contraint de condenser excessivement. Je prendrai vos commentaires pour y réfléchir.

Frédéric FARAVEL

Entretien pour le mensuel COMPOL (mai 2020) : « Nous avons un travail en amont de conseil, d'échanges et d'analyse »

Vous avez été collaborateur parlementaire à l’Assemblée mais aussi dircab [Directeur de cabinet]. Quelles sont les différences sur le plan de la compol [communication politique] ?

À l'Assemblée nationale je n'avais pas de missions de ce type et c'était il y a plus de 15 ans.

Au service d'un maire, il y a d'abord une dimension institutionnelle, la collectivité ayant des outils de communication qui sont avant tout un service public que je n'ai pas trouvé au Sénat. Au Sénat, le biais institutionnel n'existait pas pour nous, même lorsque Mme Lienemann était vice-présidente, nous n'avons pas utilisé d'outils institutionnels. Si certains sénateurs doivent jouer de leur écharpe pour communiquer, Mme Lienemann est identifiée pour elle-même. La personnalité de l'élu.e joue énormément. À Guyancourt, le maire n'avait pas d'ambition personnelle et voulait avant tout bien agir pour sa collectivité et ses administrés, la voie institutionnelle était donc surexploitée ; les moments forts étaient la rédaction des discours, un travail chronophage et stressant… Mais les résultats étaient souvent gratifiants : un ministre nous avait félicités pour avoir fait passer des messages politiques forts sans sortir du cadre légal à la veille des municipales. La longévité politique de Mme Lienemann et son expérience en responsabilité n'ont pas entamé son agilité intellectuelle, sa volonté d'aller au fond des dossiers pour être force de proposition, et sa capacité d'indignation. Elle écrit ses interventions orales elle-même… quand elle les écrit. Elle gère aussi en grande partie ses relations presse. Nous avons un travail en amont de conseil, d'échanges et d'analyse, nous écrivons des articles en suivant ses consignes et commandes. Et en aval, une forme de service après-vente sur les supports numériques.

Quelles sont les «cibles» des sénateurs ?

Difficile à dire… Mme Lienemann n'est pas une sénatrice ordinaire. Elle s'adresse à tout le monde et le poids des grands électeurs est relatif à Paris. Qu'importe le mode d'élection ou le type de Chambre, elle aborde l'élaboration de la loi pour la nation et les “citoyen.ne.s” ; ça ne l'empêche pas de savoir prendre en compte les préoccupations des collectivités (avec des idées très précises sur la décentralisation) ou de divers corps intermédiaires (voir son implication dans le monde HLM). Mais sa cible ce sont les “Français.e.s”.

Quels outils de com’ avez-vous mis en place depuis votre prise de fonction ?

En 2014, le site Internet était le principal support. Nous avions une page Facebook et un compte Twitter. Elle avait aussi un profil Facebook personnel. Nous avions un outil numérique performant pour les newsletters qui sont devenues hebdomadaires. Nous avons développé la régularité et normalisé les publications sur sa page pour créer des habitudes qui fidélisent et augmentent son auditoire. Le recours à l'image et à la vidéo pour illustrer son message s'est développé sur la page puis sur Twitter. Nous avons eu recours à des prestataires, mais aujourd'hui nous produisons nous-mêmes l'essentiel. Elle intervient en plus totalement spontanément sur Twitter et son profil personnel. Nous avons créé une chaîne YouTube, reflet de son activité parlementaire et de ses convictions (à travers les médias ou sans eux). Nous avons normalisé ses communiqués de presse avec l'outil newsletters. Tout cela nourrit ses newsletters dont le fichier de destinataires a été fortement développé.

ComPol n°133 à télécharger au format PDF

L’outil numérique est-il désormais le canal principal d’expression d’un parlementaire ?

Nous ne produisons quasiment plus de papier… Nous avons investi dans l'outil vidéo, y compris en matériel, pour valoriser son action parlementaire, ses propositions et convictions.

C'est un vecteur qui touche plus facilement le grand public qui ne supporte plus les textes longs et rébarbatifs. C'est donc pratique, y compris quand on veut exprimer une pensée complexe. Attention à ne pas tomber dans le piège de l'appel aux émotions. Il ne faut pas abandonner l'écrit pour autant ; nous avons publié des fascicules numériques assez denses. Le tout vidéo m'inquiéterait un peu…

Votre élue est une figure de la vie politique qui a récemment monté un nouveau parti. Est-ce que cela a changé sa stratégie de com’ ?

Mme Lienemann est une femme libre avec de fortes convictions. Si elle a respecté le cadre du PS, où elle a milité de 1971 à 2018, elle n'a jamais demandé la permission pour s'exprimer, surtout quand le PS a viré social-libéral. La création de la Gauche républicaine & socialiste, avec Emmanuel Maurel et bien d'autres, rend juste encore plus cohérente son expression et son appartenance partisane. Je pense même que, comme Emmanuel, sa communication politique a permis de valoriser la GRS.

On voit fleurir les tribunes collectives. Ces procédés sont-ils adaptés à l’époque ?

Notre pays cherche une alternative au duo Macron/Le Pen ; la crise en a renforcé la nécessité. Ce n'est pas simple… Un parti politique doit produire des slogans, des actions, mais aussi de l'idéologie. On a trop souvent des appels creux, illisibles et bourrés de contradictions : « au cœur de la crise, construisons l'avenir » en est la caricature. Mais il ne faut pas être défaitiste. Il arrive que certaines de ces tribunes soient des moments d'élaboration idéologique et surtout d'affirmation de convergences politiques pour prétendre agir. Un parlementaire fabrique la loi (théoriquement), mais il n'existe pas de bonne loi en soi. Cela dépend de la vision politique qu'on a de la société et du monde. Un parlementaire doit assumer que ses choix, pour transformer le réel, sont aussi fonction de principes et d'idéologie.

PROPOS RECUEILLIS PAR J. V.

l'entretien page 5 au format image

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 10:59

LogoRGB.jpglogo convention Europe PSCe mercredi 12 juin dans le journal d'informations locales, Yonah Pecnard, journaliste à RGB, radio valdoisienne, m'interrogeais sur les enjeux de la convention Europe du PS et ses résultats dans le Val-d'Oise.

écouter l'entretien

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 15:26

Hamon, ou l'idéal militaire d'un homme de gauche

Nicolas Barotte - Le Figaro - 11/08/2009
L'unique engagement de Benoît Hamon dns l'armée sera son service militaire, qu'il effectuera au 3e Rima à Fréjus.
L'unique engagement de Benoît Hamon dns l'armée sera son service militaire, qu'il effectuera au 3e Rima à Fréjus.Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

LA VIE RÊVÉE DES POLITIQUES (9) - Lorsqu'il était jeune, le porte-parole du PS a songé à faire carrière dans l'armée de terre.

Tout est une histoire d'engagement. S'il n'avait pas été happé par la politique, Benoît Hamon aurait pu faire «beaucoup d'autres choses» dans sa vie. Mais l'une d'entre elles est plus inattendue que les autres. «Ça va vous surprendre», prévient-il. «Peut-être, sans doute, aurais-je aimé embrasser la carrière de militaire.» Étonnant de la part du porte-parole du PS, leader de l'aile gauche du parti ? Pas tant que cela.

Si B. Hamon est attiré par les militaires, il précise que sa fascination est intellectuelle : stratégie, batailles, etc. Finalement, la politique l'emportera.
Si B. Hamon est attiré par les militaires, il précise que sa fascination est intellectuelle : stratégie, batailles, etc. Finalement, la politique l'emportera.

Intérêt pour la mission, souci du service… «Je n'ai pas rêvé de l'armée mais cela m'a longtemps fait réfléchir», précise-t-il. Sa famille n'a pas de lien avec les militaires, sauf le lieu où elle vit : à Brest, où est installée la Marine nationale. «Mais ce n'est pas dans la marine que je me serais engagé». Il aurait préféré le contact du terrain, l'armée de terre.

«Souvent, le regard sur l'armée est caricatural», poursuit Benoît Hamon. Pourtant, entre le «militaire facho» et le «chevelu pacifiste», il devrait exister une nuance, une autre façon de penser l'armée. «C'est une fonction noble», explique-t-il. Elle constitue un des «piliers de la cohésion nationale». «Ce qui m'intéresse, c'est l'armée au service de la nation.» C'est l'armée du peuple, pour le peuple. Un reste d'idéal révolutionnaire, une réminiscence historique de septembre 1792, lorsque la «nation» française se mobilise pour défendre le territoire face aux Prussiens et la contre-Révolution lors de la bataille de Valmy ? Pas vraiment, assure-t-il : «Le seul révolutionnaire qui ait fait briller l'armée française, c'est Bonaparte… Et ensuite il s'est transformé !» Benoît Hamon se méfie de ce que l'armée peut produire comme dérive militariste.

On est loin de l'idéal d'ordre ou l'exaltation de la virilité. Il s'inquiète que son sentiment puisse être mal interprété : s'intéresser à l'armée n'est pas forcément bien vu à gauche. «Je n'ai aucune fascination pour l'uniforme ou pour les armes. Je ne suis pas adepte du pan-pan ou du boum-boum», prend-il le soin d'expliquer. Son attrait est intellectuel : la stratégie, les batailles décisives, s'adapter, commander… La politique donc.

«La conscription était une belle idée»

Finalement, il n'a jamais franchi le pas, si ce n'est pour faire son service militaire, comme tous les hommes de son âge. Il est incorporé au 3e Rima à Fréjus, puis il est affecté au service militaire adapté à Paris. Il en garde un bon souvenir. Depuis, le service militaire n'existe plus. Il n'était pas favorable à sa suppression. «Je comprends le souci d'une armée professionnalisée, mais la conscription était une belle idée», estime-t-il, à condition de respecter l'égalité entre les Français. Ce qui n'était plus le cas. «Depuis, on réfléchit à une autre forme de service civil», argumente-t-il.

Les troupes acclamant le général Dumouriez lors de la victoire de Valmy, le 20 septembre 1792.
Les troupes acclamant le général Dumouriez lors de la victoire de Valmy, le 20 septembre 1792. Crédits photo : Credit ©Rue des Archives/CCI

À l'engagement militaire, Benoît Hamon a préféré l'engagement politique. Mais cette vie-là aurait pu s'arrêter. Il l'a appris à ses dépens. Le 7 juin dernier, il n'a pas été réélu député européen. La mauvaise campagne du PS n'a permis d'élire que deux socialistes en Ile-de-France. Il était en troisième position. Privé de légitimité, il songe à rendre sa fonction de porte-parole. Ses amis veulent l'en dissuader. Il leur répond qu'il va devoir trouver un emploi, puisque son poste n'est pas rémunéré. La première secrétaire Martine Aubry lui demande aussi de rester. Il hésite. Finalement, la politique l'emporte.

Ce qui ne change rien à son problème. Une autre vie va donc commencer pour Benoît Hamon. À la rentrée, il va se confronter à une autre réalité : il devrait devenir professeur associé à la Sorbonne, à condition que le ministère valide comme «expérience professionnelle» les années où il a été parlementaire européen. Il faut en effet avoir travaillé un minimum d'années pour obtenir ce statut.

Benoît Hamon compte aussi fonder son entreprise d'analyse de l'opinion. Il connaît bien ce domaine puisqu'il a travaillé pour l'institut de sondages Ipsos après avoir quitté le cabinet de Martine Aubry en 2001 et avant d'être élu député européen en 2004. Mais cette fois, il y a une nouveauté : le leader de l'aile gauche du PS apprendra alors le rôle de patron. Il va commander.

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 14:44
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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 09:43
Point de vue
Peut-on accepter une telle régression pour la télévision d'Etat ?
par Michèle Cotta et Hervé Bourges
LE MONDE | 26.01.09 | 14h17  •  Mis à jour le 26.01.09 | 14h17

ue n'avons-nous entendu, depuis plusieurs semaines, sur "l'hypocrisie" de la désignation, par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), des présidents de la radio et de la télévision de service public. Sans considération aucune pour les batailles menées, pour les combats réussis, pour les hommes et les femmes qui assurent, chacun à son poste, la bonne marche des télévisions et radios publiques.

 

Qu'à l'occasion de toutes les nominations, le CSA, ou la Haute Autorité qui l'a précédé, n'aient pas délibérément choisi de défier le pouvoir, c'est certain. Qui l'aurait fait, à moins d'être, le mot est à la mode, irresponsable ? Mais il est faux et injurieux de dire, à grands coups d'allusions malveillantes ou de propos méprisants que, depuis 1982, les différents membres des instances de régulation et leurs présidents n'ont été que des marionnettes dont le pouvoir tire les ficelles.

Si tel avait été le cas, beaucoup de ceux qui ont fait la richesse du service public, professionnels ou autres personnalités qualifiées, n'auraient pas été désignés, ni maintenus en fonction. A l'inverse, combien d'amis de tous les pouvoirs en place, de 1982 à aujourd'hui, auraient indûment, et peut-être brièvement, occupé les places promises par les maîtres de l'exécutif.

Oui, sans doute, la politique, ou plus exactement, les hommes politiques, leurs incessantes pressions, leur permanente indignation à voir leurs projets, leurs décisions, en un mot ce qu'ils croient être leur oeuvre, passés au crible des rédactions de France Télévisions ont parfois lourdement pesé sur les désignations. C'est parce qu'ils étaient pragmatiques que les organes de régulation ont souvent pris le pouls de l'exécutif avant de procéder au choix qui leur revenait. Et ce choix ne correspondait pas toujours à celui de l'actionnaire...

Mais comment ne pas voir qu'ils ont, en plus de 20 ans d'existence, progressivement pris leurs distances avec ceux qui les abreuvaient de leurs conseils et de leurs consignes ? Parce que les hommes politiques eux-mêmes ont tout fait pour limiter les prérogatives et les champs d'action des instances de régulation, faut-il pour autant les supprimer ? Parce qu'un système n'a pas été toujours parfait, faut-il, par un bond en arrière de plusieurs années, revenir à un système de nominations qui, lui, de RTF en ORTF, est aujourd'hui unanimement dénoncé ?

Un peu d'histoire : la nomination en conseil des ministres n'est pas une invention d'aujourd'hui. Elle a été pratiquée en France de 1945 à 1982, avec un permanent insuccès, faisant de la télévision française, partout dans le monde, ces années-là, un objet de stupeur, ou du moins d'interrogation. Fonctionnaires ignorant tout de la télévision ; professionnel compétent, nommé par le premier ministre en dépit de la volonté du président de la République (Pierre Desgraupes en 1969) ; président entré en conflit immédiat avec le ministre de l'Information (Arthur Conte en 1972) ; enfin, conseiller d'Etat, désigné par le président de la République pour mettre fin à la permanente insubordination, aux incessants désordres de la télévision d'Etat (Marceau Long, en 1974) : l'histoire de l'audiovisuel en France ne manque pas d'exemples, que la mémoire défaillante de l'actuel exécutif ne peut parvenir à faire oublier.

Si ce mode de nomination a été refusé partout en Europe, peut-être y a-t-il une raison ? Peut-être, au demeurant, y a-t-il, dans la panoplie des différents systèmes de nos voisins, quelques exemples dont il serait opportun de s'inspirer ? De la nomination des intendants allemands - les présidents des différentes télévisions décentralisées - par des commissions indépendantes, avec des représentants de toutes les composantes de la société, politique et civile. De celle du directeur général de la BBC, nommé par le BBC Trust, dont les membres sont désignés sous le contrôle d'une autorité indépendante.

Mais quelle bizarre procédure a-t-on inventée là, avec un choix du prince qui doit ensuite recevoir l'avis conforme du CSA, avant d'être soumis à un vote, à la majorité des 3/5èmes des commissions compétentes de l'Assemblée et du Sénat... Quel inconscient osera être candidat pour passer dans ce triple laminoir ? Au-delà même de la régression démocratique que constitue cette double reprise en main politique d'une nomination qui avait été confiée à une autorité indépendante de l'Etat, le CSA, comment ne pas voir le caractère ubuesque de ce recrutement ? Comme la même procédure est requise pour sa révocation, le président désigné sera de fait inamovible pour la durée de son mandat. Est-ce bien ce que l'on voulait initialement ? Pas le moins du monde !

On aurait pu imaginer de perfectionner le mode de nomination existant et de conforter l'indépendance des choix de l'instance de régulation, si on pensait devoir la contester. Le président de France Télévisions aurait aussi pu être nommé par un conseil d'administration, composé de personnes qualifiées indépendantes et responsables, au terme d'une procédure de recrutement professionnelle, ainsi que procèdent les instances de nomination allemande et anglaise. Mais réunir à la fois une régression démocratique et une usine à gaz en termes de désignation, c'était une gageure. Elle est tenue.

Est-il trop tard pour que, après le vote du Sénat, France Télévisions et Radio France puissent échapper à cet avenir incertain, qui mettrait le service public dans la main des pouvoirs politiques, pour ses dirigeants, ses ressources, son budget, sa ligne éditoriale même ? Veut-on un tel retour à la télévision d'Etat ? Une télévision qui ne serait pas celle de tous les Français, puisqu'elle appartiendrait à quelques-uns, une télévision qui ne fédère pas, mais divise ?

Nous avons l'un et l'autre exercé les fonctions que le président de la République refuse au futur CSA, en essayant de nous placer au-dessus des clivages partisans. Que son président actuel se félicite, presque avec soulagement, du nouveau mode de nomination des présidents de l'audiovisuel public, c'est son droit et sa responsabilité. Pourtant, le système, aussi inachevé fût-il, demeurait perfectible, préférable, en tout cas, à une incroyable régression.


Michèle Cotta est ancienne présidente de la Haute Autorité (1982-1986).
Hervé Bourges est ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (1995-2001).
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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 15:45
Je continue de considérer comme choquant le petit texte de Siné qui provoque aujourd'hui la polémique, mais les faits rapportés ci-dessous par Plenel méritent d'être rappelés ; ils rendent d'autant plus incompréhensible son refus réaffirmé de faire des excuses pour les amalgames douteux qu'il sous-entedait...
Fred


Charlie Hebdo
et Siné : l'exacte vérité sur le précédent de 1982

Par Edwy Plenel - 7 août 2008 - Mediapart.fr

En 1982, dans la nuit du 16 au 17 août, Siné est l'invité de ce que l'on appelait à l'époque une radio libre, en l'espèce Carbone 14. L'animateur, lui-même humoriste provocateur, fera ensuite carrière, de Radio Nova à Europe 1, en passant par Canal Plus, sous le pseudonyme de Jean-Yves Lafesse. Il n'y a, sur cette antenne, ni format contraignant, ni pression publicitaire, mais, en revanche, des libations forcenées, au whisky semble-t-il, ainsi que des audaces détestables. Le résultat est une virée radiophonique nocturne qui tourne au désastre et au massacre.

Dans le contexte dramatique de l'été 1982, où Paris est ensanglanté par des attentats d'origine proche-orientale dont les cibles disent l'antisémitisme de leurs auteurs - c'est notamment le cas contre le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers -, tandis qu'Israël a lancé au Liban l'opération dite «Paix en Galilée» qui conduira son armée jusqu'aux portes de Beyrouth, Siné ne se contente pas déraper. Au prétexte de défendre la cause palestinienne, il se lance dans une tirade délirante où il soutient les attentats terroristes, souhaite la destruction d'Israël et se revendique antisémite. Extraits, et ce ne sont même pas les pires : «Tant que je serai vivant, Israël n'existera plus. Je suis prêt à faire des Brigades internationales contre Israël. [...] Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s'il est pro-palestinien. Qu'ils meurent. [...] Je suis devenu antisémite depuis qu'Israël bombarde. Je suis antisémite et je n'ai plus peur de l'avouer, je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs.»

Proférés sur des ondes alors marginales, ces propos seraient passés inaperçus sans la vigilance de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) dont Me Bernard Jouanneau était à l'époque l'un des avocats et l'un des animateurs de sa commission juridique. La plainte de la Licra avec constitution de partie civile mit en mouvement l'action publique, entraînant l'ouverture d'une instruction judiciaire confiée au magistrat Claude Grellier. Le directeur de Carbone 14, l'animateur Lafesse et, bien sûr, Siné furent tous trois inculpés - on dit aujourd'hui mis en examen - des chefs de «provocation à la haine, à la discrimination ou à la violence raciale et complicité». Le 30 janvier 1984, le juge Grellier rendait une ordonnance de non-lieu partiel pour le responsable de la radio ainsi que pour son animateur, et décidait de renvoyer le seul Siné devant le tribunal correctionnel.

Trois pages d'excuses et une réponse de la Licra

C'est alors que cette histoire connut un dénouement inattendu qui est indissociable de ce qui précède. Sauf à être inéquitable, on ne peut se contenter de rappeler les propos inadmissibles de Siné, vieux de 26 ans, sans prendre soin de rappeler aussi ce qui suit. Le 22 septembre 1984, Siné écrivait une lettre à la Licra. Vous pourrez la découvrir intégralement dans sa version originale aux pages suivantes – 3, 4 et 5 – de cet article. Vous pouvez également la télécharger en format PDF en cliquant sur ce lien: la lettre de Siné à la Licra.

Siné s'y dit «atteré» par... Siné. «Je m'excuse bien volontiers et très sincèrement auprès de tous ceux que j'ai pu blesser», écrit-il en conclusion de ce manuscrit de trois pages. Même s'il assure qu'il était «complètement ivre», il reconnaît que ses propos étaient «odieux», faisaient «voler en éclats toutes les limites permises » et atteignaient « le paroxysme de délire verbal». S'il évoque toutefois le contexte proche-oriental pour «faire comprendre, sinon admettre, [sa] colère et [sa] déraison», ce n'est pas, précise-t-il, pour chercher «à [se] disculper».

A ses frais, Siné fit publier, dans Le Monde des 21-22 octobre 1984, sous forme d'encart publicitaire et sous le titre «Siné à la Licra», les principaux passages de cette lettre. Dans la foulée, Me Bernard Jouanneau, au nom de la Licra, lui répondit par une «Lettre à Siné», publiée dans le journal de la Licra, Le droit de vivre. Après avoir rappelé que Siné avait dit «des choses ignobles, les pires que l'on puisse entendre», l'avocat lui donnait acte de cette «lettre de réconciliation» et ajoutait : «Lisez-la, apprenez-la par cœur, récitez-la à vos enfants. Vous avez là un morceau d'anthologie : une page du cœur». Vous pouvez découvrir et lire la version originale de la lettre de Me Jouanneau sous l'onglet "Prolonger" de cet article. Vous pouvez également la télécharger en format PDF en cliquant sur ce lien: la lettre de Me Jouanneau à Siné.

Sur la recommandation de sa commission juridique, la Licra décidera ensuite de retirer sa plainte et sa constitution de partie civile. Mais ce geste n'interrompait pas l'action publique, d'autant moins qu'une toute jeune association, née en 1983, prit le relais : Avocats sans frontières, créée par Me William Goldnadel. Contrairement à ce que semble indiquer son intitulé général, cette association se donne surtout pour but de traquer l'antisémitisme parmi les soutiens français de la cause palestinienne, dans un combat politique dont ses animateurs ne cachent pas l'engagement très à droite de la droite. On la retrouvera, de nos jours, contre le sociologue Edgar Morin, qu'elle traina devant la justice pour antisémitisme, heureusement en vain, tandis qu'à l'inverse, Me Goldnadel assurera la défense de la journaliste italienne Oriana Fallaci dont les écrits, à tout le moins, ne témoignaient pas d'une grande humanité envers les musulmans, tout comme il soutiendra le nationalisme serbe face aux musulmans bosniaques.

Siné sera donc logiquement condamné, ses excuses publiques n'effaçant évidemment pas son délit radiophonique. Mais ses excuses font aussi partie de cet épisode, tout comme leur acceptation par la Licra. Près de 25 ans plus tard, les nuances de cet épisode des années 1980 et les précautions de ses protagonistes semblent d'un autre âge, tant nous avons basculé dans une autre époque depuis les attentats du 11 septembre 2001, une époque autrement guerrière, autrement passionnelle, autrement intolérante.

Tournez les pages suivantes pour lire la lettre d'excuses de Siné.

«Mes essais de provocation étaient ratés et odieux»

«Je possède le sens de la démesure, je gagne ma vie avec»

«Ces propos sont en flagrante contradiction avec tout ce que je pense»

URL source:http://www.mediapart.fr/journal/france/070808/charlie-hebdo-et-sine-l-exacte-verite-sur-
le-precedent-de-1982

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5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 08:52
Charlie Hebdo : la vérité des faits contre la folie des opinions
Par Edwy Plenel  - 3 août 2008 - Mediapart.fr

C’est la folie de l’été, et cela ne présage rien de bon. De tribunes en points de vue, de pétitions en excommunications, de réquisitoires en plaidoyers, l’affaire Charlie Hebdo semble devenue la discorde majeure du moment. Il y a deux semaines, Mediapart avait tenté de sauver un peu de rationalité pour, à la fois, rendre intelligible cette histoire, la remettre à sa juste place et enrayer le déchaînement des passions. L’article s’intitulait L’affaire «Charlie Hebdo» ou la caricature de l’époque et, depuis, c’est peu dire que de constater combien la réalité a dépassé nos craintes. Le licenciement du dessinateur et chroniqueur Siné par Philippe Val, directeur de l’hebdomadaire, au motif d’une phrase publiée sur la soif de réussite de Jean Sarkozy, appuyée par l’évocation de son éventuelle conversion au judaïsme pour épouser sa fiancée, héritière des fondateurs de la chaîne Darty, a désormais échappé à ses premiers protagonistes – l’équipe de Charlie Hebdo. C’est devenue l’Affaire du moment, très parisienne et fort violente, devant laquelle chacun est sommé de choisir son camp, sans qu’on lui donne les moyens de s’informer avant de se prononcer.

Ce retournement a vraiment commencé avec un point de vue de Bernard-Henri Lévy, publié dans Le Monde le 21 juillet, 3 jours après notre propre article. Selon une stratégie offensive rodée depuis l’irruption sauvage des «Nouveaux philosophes» à la fin des années 1970, BHL sonnait la charge sans nuances ni précautions, assimilant le dessinateur à «l’antisémitisme le plus rance» dans un propos qui frappait large, dénonçant comme ses complices «l’islamo-gauchisme» en général et le philosophe Alain Badiou en particulier. Le titre de l’article en suggérait clairement l’enjeu politique : «De quoi Siné est-il le nom ?» est un décalque de l’intitulé de l’essai consacré, fin 2007, par Badiou à la critique du sarkozysme, De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Lignes, 2007). 4 jours plus tard, le 25 juillet, dans un unanimisme inhabituel, c’était au tour du Figaro et de Libération de prendre le relais.

Dans les colonnes du quotidien de droite, l’éditorialiste Alexandre Adler, après avoir affirmé que Siné présente «les juifs comme les maîtres de l’argent et de la société française», appelait solennellement nos concitoyens à faire de cette affaire «un test en grandeur réelle de la santé de notre corps politique» en manifestant, «au-delà des clivages politiques traditionnels», l’«horreur» et le «mépris» qu’elle leur inspire. Auparavant, il s’était interrogé sur «la haine antisarkozyste» en ces termes : «Un homme, Nicolas Sarkozy, proclame, sans cesse, qu’il est une opportunité pour une France qui peut se secouer de la rancœur petite-bourgeoise de la corporation et de l’éloge de la paresse, et voici que les antisémites, comme un essaim de mouches, s’en prennent à sa personne, ou, le cas échéant, à celle de son fils».

Pour finir, Adler comparait Philippe Val, pour sa «trempe», au Zola de l’affaire Dreyfus – le célèbre «J’accuse», paru dans L’Aurore – et décernait aux «pétitionnaires semi-trotskistes en faveur de l’éternel stalinien Siné» un brevet de déshonneur : ils ont, selon lui, «la bassesse de Drumont, de Maurras ou de Bernanos», façon de les renvoyer à l’extrême droite en associant pêle-mêle Edouard Drumont (1844-1917), l’auteur de La France juive, Charles Maurras (1868-1952), le fondateur de l’Action Française, et Georges Bernanos (1888-1948), qui rompit avec celle-ci, soutint les Républicains espagnols et refusa la Collaboration pétainiste, mais continua, après-guerre, de se dire antisémite. Le même jour, Laurent Joffrin, directeur de Libération, quotidien classé à gauche, choisissait, pour dénoncer Siné et ses soutiens, les mêmes références que l’éditorialiste du Figaro, à une exception près : Bernanos était remplacé par Robert Brasillach, écrivain collaborateur fusillé à la Libération.

Sans les citer précisément – ce que ne faisaient pas plus BHL et Adler –, Joffrin rendait son verdict : «On dit que les écrits de Siné ne sont pas antisémites ? Quelle blague ! Le polémiste lourdingue associe dans la même phrase le juif, l’argent et le pouvoir, en expliquant que l’alliance avec le premier vous donnera les deux autres… Si ce cliché n’est pas antisémite, alors les écrits de Drumont, de Maurras, et de Brasillach, ne le sont pas non plus». Dès la première phrase, le directeur de Libération avait désigné la cible de son courroux, au-delà du caricaturiste lui-même : «Les bataillons quelque peu cacochymes de l’extrême gauche “antisioniste”». La suite de l’article se voulait une réflexion opposant ce condamnable «antisémitisme de gauche» à la critique légitime de l’islamisme, et débouchait elle-même sur un dérapage, dont nous reparlerons : «Attaquer une religion n’est pas attaquer une race. […] On choisit sa religion, on ne choisit pas sa race. […] Le fait d’être juif n’est pas un choix». Sur le site du quotidien, le mot race a, depuis, été remplacé par celui de communauté, pour la première occurrence, et par celui d’origine pour la seconde – Joffrin ayant juste admis que «l'apparition du mot race dans un texte antiraciste n'est pas heureuse».

Une gauche contre une autre

Quelques jours plus tard, éditorialistes et commentateurs étaient rejoints par des voix plus officielles. Le 28 juillet, la ministre de la culture et de la communication, Christine Albanel, faisait savoir son soutien à Philippe Val, assurant dans un communiqué que «le dessin et les propos de Siné renvoient à des clichés et caricatures d’un autre temps que l’on aimerait voir disparaître à jamais», sans que l’on comprenne à quel dessin elle faisait allusion puisque la polémique a pour seul point de départ quelques lignes écrites d’une chronique manuscrite. Le même jour, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) assurait de sa solidarité le directeur de Charlie Hebdo «dont la décision fait l’objet d’une véritable campagne de haine». Le lendemain, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), dont le président, Patrick Gaubert, ancien membre du cabinet de Charles Pasqua au ministère de l’intérieur (1993-1995), est, depuis 2004, député UMP au Parlement européen, annonçait son intention de poursuivre en justice Siné, qualifiant ses propos de «poncifs de l’antisémitisme le plus éhonté».

2 jours plus tard, le 31 juillet, une spectaculaire tribune du Monde élargissait de façon significative le cercle des défenseurs de Philippe Val et des procureurs de Siné. Elle élargissait aussi l’objet même du procès, campant le dessinateur en récidiviste «des propos homophobes, antisémites et racistes» avec le rappel d’autres dérapages verbaux ou écrits de Siné, l’un en 1982 sur les ondes de la radio Carbone 14 – «Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer» –, l’autre de 1997 à propos de la GayPride – «Les gousses et les fiottes qui clament à tue-tête leur fierté d’en être me hérissent un peu les poils du cul» –, le 3ème de 1997 également, à propos des harkis – «Traîtres à leur patrie, ils ne méritent que le mépris !» En réalité, écrivent les 20 pétitionnaires, c’est «ce qu’a écrit et dit Siné depuis 30 ans» qui est en cause et «le seul tort de Philippe Val aura été de supporter ce qui, en réalité, n’était plus supportable depuis longtemps».

L’originalité de ce texte est qu’outre les BHL et Adler précédemment cités, ses 18 autres signataires représentent la gauche dans sa diversité plurielle, d’appartenances ou d’itinéraires, à l’exception de l’extrême. Le PS est représenté par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et par le sénateur Robert Badinter ; le PCF par Jean-Claude Gayssot, vice-président de la région Languedoc-Roussillon et, surtout, auteur de la loi de 1990 qui tend à réprimer «tout propos raciste, antisémite ou xénophobe» ; les Verts par la sénatrice Dominique Voynet. De plus, les relais ou soutiens sociétaux de la gauche de gouvernement y sont incarnés par SOS-racisme, via son président, Dominique Sopo, et par des intellectuels connus pour leurs fidélités à cette famille – la metteur en scène Ariane Mnouchkine, l’historienne Elisabeth Roudinesco, les écrivains Hélène Cixous et Fred Vargas. Enfin, les signatures emblématiques d’Elie Wiesel, prix Nobel de la paix, et Claude Lanzmann, auteur du film Shoah, ajoutent au poids de ce texte.

Voici donc où nous en sommes, stupéfaits ou perdus, égarés ou divisés, en tout cas passés en un mois d’une étincelle à un incendie : des quelques lignes de Siné sur Sarkozy fils parues le 2 juillet à un aussi vaste que violent règlement de compte au sein de la gauche, d’une gauche contre une autre, acharnée à traquer – sous les masques divers de l’antisionisme, de l’anticapitalisme, de l’anticonformisme, de la provocation et de la caricature, du gauchisme ou du trotskysme – un «antisémitisme de gauche», danger à ce point immédiat que le directeur du Nouvel Observateur, Jean Daniel, s’en est emparé dans son dernier éditorial, pour à la fois le relativiser et le condamner. Au-delà des convictions de chacun sur l’affaire elle-même et sans négliger aucunement l’enjeu symbolique de l’antisémitisme, on peut douter que la gauche socialiste, déjà bien atteinte par ses divisions et ses impuissances, aura gagné à la mise au centre de ses préoccupations de cette polémique, alors même que le pays est toujours en panne d’une opposition digne de ce nom à la politique concrète du pouvoir sarkozyste.

D’autant moins que ce tsunami parti d’une vaguelette est une machine à produire de la confusion. Il semble avoir tout emporté sur son passage, tout ce qui pourrait rendre intelligible cette histoire : le respect des faits, l’exercice de la raison, la compréhension des contextes, la mise en perspective, la précision et la rigueur. C’est ce que l’on voudrait ici démontrer en s’essayant au décryptage. Car, dans ce déluge de tribunes accusatrices, on se sait plus ce qu’a écrit exactement Siné, ni pourquoi ni comment est né le conflit avec Val. Ainsi, on écrit qu’à travers ce dernier, il faut soutenir Charlie Hebdo, mais on ne dit pas que, dans le dernier numéro de l’hebdomadaire, paru le 30 juillet, son fondateur, Cavanna, et son rédacteur en chef adjoint, le dessinateur Charb, n’épousent pas le parti pris du directeur.

Un journal se réduit-il à son directeur ?

Le premier, Cavanna, écrit : «L’affaire se réduit à cela : une plaisanterie, certes dangereuse mais occasionnelle de Siné, une erreur d’appréciation de Val. Une gaminerie, une bouffée de panique. Pas de quoi fouetter un chat». Et, comble du paradoxe, Cavanna d’inviter Siné le licencié à revenir – mais comment puisque Philippe Val exclut ce scénario ? – plutôt que de jouer les martyrs «d’un malentendu monté en mayonnaise». Quant à Charb, il écrit ceci, qui paraît à mille lieues de ce qu’on a lu plus haut : «Tous les protagonistes de cette histoire ont dû sérieusement merder (moi aussi) à un moment donné pour que le débat, qui s’est élargi à toute la France, tourne autour de l’antisémitisme de Siné. L’est-il, ne l’est-il pas ? A Charlie, personne n’a eu à répondre à cette question et personne n’a dit que Siné était antisémite (y compris ceux qui ne peuvent pas blairer ses chroniques), parce que ça n’a jamais été le sujet du débat. Aurait-on travaillé durant seize ans avec un antisémite ? Moi, non. Une phrase – la phrase, désormais – dans une chronique pouvait être mal interprétée par des gens de bonne foi (quelques uns) et instrumentalisée contre Charlie par des gens de mauvaise foi (plus nombreux). […] Le débat en interne à Charlie était : la phrase de Siné pouvait-elle paraître ambiguë à certains ? C’est tout. Il s’agissait de lever une ambiguïté, pas d’accrocher le panneau « antisémite » autour du cou de Siné.»

Ces citations nous rappellent utilement les particularités de la scène sur laquelle se joue ce petit théâtre de la cruauté : un journal. Un journal, c’est-à-dire le lieu par excellence de la liberté d’expression, d’information et d’opinion – de son libre exercice, de son pluralisme préservé et, surtout, de son élaboration collective. Un journal qui, par conséquent, en tant que collectif rédactionnel, ne saurait se réduire à son seul directeur. Charb y insiste : Siné est depuis le premier jour de l’aventure du second Charlie Hebdo. Et il n’aurait pas travaillé durant 16 ans à côté d’un antisémite. Les dérapages opportunément exhumés par les détracteurs du caricaturiste étaient aussi publics que connus dans l’équipe, sans que jusque là on y trouve à redire. Loin de nier les plus spectaculaires d’entre eux, notamment cette désastreuse tirade antisémite de 1982, nocturne, alcoolisée et radiophonique, pour laquelle il sera condamné sur instance de la Licra, Siné s’en est soit excusé soit expliqué. De plus, rien dans ses engagements publics ne permet de l’assimiler à la récurrente mouvance rouge-brune, spectaculairement incarnée par la dérive de Dieudonné, passé de l’antifascisme militant au lepénisme criant. Enfin son ultime chronique, non publiée, pour Charlie Hebdo tout comme ses droits de réponse à Libération montrent qu’il rejette par avance les solidarités nauséabondes que pourraient lui valoir les résonances douteuses de sa phrase initiale, point de départ du conflit.

Un journal, donc, mais surtout un journal satirique, outrancier, provocateur, choquant, blasphématoire, etc. Au-delà du cas spécifique de Siné, dont le trait de dessinateur est plus généreux, voire tendre, que ne sont ses paroles ou ses écrits, on peut – c’est mon cas – ne guère supporter les registres misogyne, homophobe, antireligieux, xénophobes, racistes, etc., sur lesquels surfent, peu ou prou, avec plus ou moins de talent, plus ou moins de légèreté, les humoristes et caricaturistes de nos gauloiseries hexagonales – écrites, mais aussi radiophoniques, télévisuelles ou théâtreuses. Mais, sauf à céder à une police de l’humour et de la caricature, qui imposerait sa bienséance bornée et son conformisme bêta aux insolents, aux malséants et aux mal-pensants, tout authentique défenseur des libertés démocratiques doit ici raisonner comme le libéral Tocqueville, au mi-temps du XIXe siècle, à propos de la jeune et excessive presse américaine : «Il n’y a pas de milieu entre la servitude et la licence de la presse… Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître». Cela signifie-t-il, pour autant, qu’il n’y a jamais de limites, ni lois, ni règles ? Evidemment, non. Mais elles font droit – comme l’a justement rappelé le procès gagné par Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures de Mahomet dont l’une d’elles assimilait indistinctement les musulmans à la violence – à des circonstances atténuantes, à des excuses de contexte, à des nuances d’expression.

Même à cette aune, celle non pas de nos avis subjectifs mais de la jurisprudence objective, il n’est aucunement certain que, dans ce cas d’espèce, Siné serait condamné. Ce n’est pas, en tout cas, l’avis, sur son blog, d’un magistrat qui a longtemps requis, comme procureur parisien, sur des délits de presse, Philippe Bilger, ni d’un confrère plutôt pondéré du Nouvel Observateur, François Reynaert. Car il faut bien en revenir au corps du délit, aujourd’hui noyé sous les attendus, idéologiques ou historiques. Les détracteurs de Siné soit oublient de le citer, se contentant de le résumer par l’association scandaleuse des mots «juifs» et «argent» – ce qui est leur interprétation et non sa citation –, soit sortent leurs vieux dossiers à la manière d’un casier judiciaire – ce qui témoigne d’une vision vengeresse plutôt que d’un examen serein. La phrase exacte de la chronique de Siné qui est au cœur de la polémique est celle-ci : «[Jean Sarkozy] vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit.» On devine, et nous l’avons écrit, ce que peut suggérer de façon subliminale cette association de la conversion au judaïsme, de l’envie de réussir et du mariage avec une héritière. Mais la justice peut-elle condamner le subliminal, qui renvoie aux mauvaises pensées ou aux idées malfaisantes des lecteurs, quand, en vérité, elle est saisie de l’explicite ? Et quand l’auteur assure qu’il aurait écrit la même chose s’il s’agissait de la conversion du même jeune homme pressé à n'importe quelle autre religion ?

La Licra et le précédent de «Libération»

Surtout, que dire alors des phrases suivantes, publiée une semaine avant la chronique de Siné dans le quotidien Libération ? Il s’agit d’un article de Christophe Ayad et Antoine Guiral, intitulé «Sarkozy comme chez lui en Israël» et paru le 23 juin. Après une évocation des liens familiaux de Nicolas Sarkozy, catholique non pratiquant, avec le judaïsme, on y lit ceci : «Patrick Gaubert, président de la Licra et ami de Nicolas Sarkozy, assure n’avoir jamais parlé de ces questions avec lui. “Nous partions parfois en vacances ensemble avec une bande de copains juifs, mais ne parlions jamais de religion.” Il remarque qu’aujourd’hui, le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, vient de se fiancer avec une juive, héritière des fondateurs de Darty, et envisagerait de se convertir au judaïsme pour l’épouser. “Dans cette famille, on se souvient finalement d’où l’on vient”, s’amuse-t-il.» Nous sommes donc devant ce paradoxe que la probable source d’inspiration de Siné n’est autre que cette propagation par le président de la Licra, qui pourtant entend maintenant le poursuivre en justice, d’une information qui est présentée aujourd’hui comme une rumeur et que le caricaturiste s’est contenté de reprendre sans pratiquement y ajouter un mot, sauf ce commentaire : «Il fera du chemin dans la vie, ce petit».

On doit à Delfeil de Ton, chroniqueur au Nouvel Observateur, figure du premier Charlie Hebdo et ardent défenseur de Siné, le premier rappel de ce chassé-croisé qui ajoute à la folie de cette histoire. On lui doit aussi, plus récemment, une mise au point sur un réquisitoire contre le «propalestinien» Siné du défunt Pierre Desproges, brusquement convoqué comme témoin à charge, dont il apparaît qu’il s’agissait d’un des procès pour rire de la vieille émission de France Inter, «Les flagrants délires», parodie de la justice expéditive des flagrants délits. «On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui», avait coutume de dire Desproges soulignant ainsi que la disqualification de l’outrance langagière en dérapage douteux dépend du contexte, de l’émetteur comme du récepteur, de ce qui accompagne et contredit, etc., bref de tout ce qui constitue, s’agissant d’un journal, une identité éditoriale. Il est, après tout, permis d’avoir toutes sortes de raisons de conviction, d’opinion ou d’idéologie pour vouer aux gémonies Siné. Mais un minimum d’honnêteté intellectuelle devrait faire admettre qu’en le jugeant, on juge forcément ce qu’il représente : la liberté de caricaturer, donc la liberté elle-même car, s’il n’est pas de liberté sans limites, il n’en est pas non plus sans excès – ce qu’a fort bien rappelé, dans Le Monde, l’écrivain Jean-Marie Laclavetine.

Impossible dès lors d’ignorer ce fait que nombre de dessinateurs, qui souvent n’ont rien de gauchistes altermondialistes, soutiennent leur confrère, de Plantu à Tardi, en passant par Wiaz, Geluck, Pétillon, Got, Willem, Faujour, Tignous, Thouron, etc. De même que les quelques 9000 signataires de la pétition en faveur du caricaturiste comprennent nombre de figures dont l’engagement contre le racisme et l’antisémitisme n’est guère discutable. Mais, hélas, dans l'un de ces emballements irrationnels qui – je pourrais en témoigner – n’ont pas toujours servi l’honneur de la presse, le temps des plaidoiries semble déjà dépassé et le verdict déjà rendu par les procureurs eux-mêmes. «On a tout fait à l’intérieur de Charlie pour qu’il n’y ait pas de procès, or à l’extérieur, Siné est condamné pour antisémitisme sans même avoir été jugé», confiait ainsi Charb à l’AFP le 1er août, confirmant au passage ce que Mediapart avait indiqué, à savoir que le déclencheur de la crise était la menace d’un procès du fils du président de la République.

C’est cette démesure que l’on voudrait interroger, pour finir. Non seulement, comme nous avons tenté de le démontrer, elle est indifférente aux vérités de fait, leur préférant les folies d’opinion, mais, de plus, elle laisse parfois entrevoir, comme des lapsus, une vision de l’humanité fort éloignée de l’universalisme dont elle se réclame. Il n’est tout de même pas indifférent qu’au début du XXIe siècle, le directeur supposément éduqué et cultivé d’un quotidien respectable puisse écrire au fil de la plume, c’est-à-dire comme il le pense spontanément : 1. que l’on ne choisit pas sa race, 2. que l’on ne choisit pas d’être juif. Ce n’est pas seulement ignorer le b.a.ba, fort bien rappelé sur Mediapart par Thomas Heams, à savoir que les races n’existent pas et qu’évidemment, il n’y a pas de race juive, mais c’est aussi ne rien comprendre ni ne rien connaître de l’histoire juive elle-même, de la religion et des cultures qui y sont associées, de leur diversité et de leur complexité.

Fixités identitaires et dénonciations aveugles

Renvoyant tel un miroir le lieu commun du racisme, l’énoncé catégorique de cette fixité identitaire est à rebours de tous les acquis d’une culture progressiste ouverte au monde et aux autres. Dès lors, la chasse à l’antisémite subliminal, potentiel ou imaginaire, masque une régression vers l’identitaire, le clos, le fermé, l’immuable, l'enraciné. C’est la diabolique ruse de cette folle histoire : la dénonciation d’un antisémitisme ancien, que revitaliserait l’ombre portée du conflit israélo-palestinien, rend aveugle à l’émergence d’un nouveau racisme, aussi banalisé que théorisé, qui voit dans le brassage, le mélange et le métissage, le symbole même de la perdition et de la dégradation d’identités fantasmées, qu’elles soient nationales ou communautaires. Un racisme dont, évidemment, non seulement l’immigration contemporaine, maghrébine ou africaine, mais tout simplement les Français issus de notre empire colonial et de ses confettis résiduels, sont les premières victimes, dans l’ordinaire de notre indifférence collective.

L’antisémitisme ne sera jamais une affaire classée, tant sa longue généalogie appelle une durable vigilance, tant la mémoire du génocide doit continuer de nous alerter sur le possible surgissement de la barbarie au cœur de la civilisation. Et il n’est pas niable que ses relents émergent parfois aux recoins de solidarités ignares ou grossières avec la cause palestinienne. Mais il n’est pas niable non plus que la fixation exacerbée sur le seul antisémitisme, au risque de l’aveuglement sur d’autres racismes, sert des dispositifs qui, loin d’apaiser les passions, les attisent au service d’une cause qui recouvre les théories les moins raisonnables des néo-conservateurs américains et des faucons israéliens. Dès lors, la peur devient la seule conseillère d’une fuite en avant dans le conflit, la guerre, l’abîme.

Dans sa récente réponse aux attaques dont il est l’objet, Alain Badiou a fort clairement démonté cette mécanique. La criminalisation répétée, sous l’accusation infamante d’antisémitisme, des défenseurs estimables et respectables de la cause palestinienne – cause dont la diplomatie mondiale s’accorde à dire qu’elle a le droit pour elle mais lui en refuse toujours la réalité – fait partie de cette stratégie qui n’est rien moins qu’une politique du pire. Le sociologue Edgar Morin en a été honteusement victime et s’en est expliqué dans un essai, Le monde moderne et la question juive (Seuil, 2006). Tout comme le philosophe Daniel Bensaïd qui a consacré à l’antisémitisme et à l’antisionisme tout un chapitre de son récent livre fort péguyste de réponse à Bernard-Henri Lévy, Un nouveau théologien B.-H. Lévy (Lignes, 2007). Tous 2 sont juifs, de culture, d’histoire, de famille, et en connaissent l’ancestral prix de persécutions, mais ils se refusent à en faire une clôture ou une crispation identitaires. Tous 2, évidemment, ont signé la pétition de soutien à Siné.


URL source:http://www.mediapart.fr/journal/france/030808/charlie-hebdo-la-verite-des-faits-contre-
la-folie-des-opinions

Liens:
[1]
http://www.mediapart.fr/club/blog/edwy-plenel
[2] http://www.mediapart.fr/journal/france/180708/l-affaire-charlie-hebdo-ou-la-caricature-de-l-epoque
[3] http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/07/21/de-quoi-sine-est-il-le-nom-par-bernard-henri-levy
_1075542_0.html

[4] http://www.editions-lignes.com/public/livre.php?motsClefs=9782355260032
[5] http://www.lefigaro.fr/debats/2008/07/24/01005-20080724ARTFIG00612-l-antisemitisme-ciment-du-vertige
-identitaire-.php

[6] http://www.liberation.fr/rebonds/341125.FR.php
[7] http://www.liberation.fr/rebonds/341552.FR.php
[8] http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/31/pour-philippe-val-charlie-hebdo-et-quelques-principes_
1079062_3232.html

[9] http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/editos/20080730.OBS5270/un_antisemitisme_de_
gauche_.html

[10] http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries_photos/medias/medias__pouvoirs/20080723.OBS4227/la_
chronique_non_publiee_dans_charlie.html

[11] http://www.liberation.fr/rebonds/342208.FR.php
[12] http://www.philippebilger.com/blog/2008/07/siné-monde.html
[13] http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080722.OBS3939/
sine_asko_et_moi.html

[14] http://www.liberation.fr/actualite/monde/334081.FR.php
[15] http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/commentaires/20080728.OBS4999/
comment_fonctionne_la_calomnie.html

[16] http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080801.OBS5593/
revelations_sur_sine_et_desproges.html

[17] http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/07/31/nous-avons-besoin-des-outrances-de-sine-
par-jean-marie-laclavetine_1079061_0.html

[18] http://soutiensine.blogspot.com/
[19] http://www.mediapart.fr/club/blog/thomas-heams/220708/usages-raciaux-de-la-genetique-importante-
declaration

[20] http://www.liberation.fr/rebonds/342553.FR.php
[21] http://www.ehess.fr/centres/cetsah/CV/morin.html
[22] http://www.editions-lignes.com/public/livre.php?motsClefs=daniel_bensaid_un_nouveau_theologien_
bernard_henri_levy_bhl

[23] http://www.soutenir-sine.org/petition/
[24] http://www.mediapart.fr/club/blog/corcuff
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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 14:49

Siné : Filoche répond aux vingt politiques et intellectuels qui soutiennent Val

NOUVELOBS.COM | 01.08.2008 | 15:25

Sous le titre "O combien je soutiens mon pote Siné contre les 20 que vous êtes !", le socialiste Gérard Filoche s'en prend au texte notamment signé par Bertrand Delanoë, Robert Badinter, Elie Wiesel ou encore BHL, qui prend la défense du directeur de la publication de Charlie Hebdo.

Siné

Siné

Dans un texte rendu public vendredi 1er août, le socialiste Gérard Filoche prend la défense du chroniqueur Siné et dénonce le soutien apporté par vingt politiques et intellectuels au directeur de la publication de Charlie Hebdo, Philippe Val. Siné a été accusé d'avoir tenu dans Charlie Hebdo des propos antisémites liés aux projets de conversion au judaïsme et de mariage de Jean Sarkozy avec la fille du fondateur des magasins Darty, pour lesquels il a été renvoyé de l'hebdomadaire.
Voici le texte de Gérard Filoche:

"O combien je soutiens mon pote Siné contre les 20 que vous êtes ! Et combien je suis offusqué que certains signataires ci-dessus se joignent aux bien-pensants ampoulés et ridicules, à l’ordre officiel de Madame Albanel pour soutenir celui qui n'a commis d'autre "crime" récent que de s'en prendre au fils Sarkozy… Car qu'est ce qui décide ces 20 signataires à faire le procès de la carrière entière d'un dessinateur aujourd'hui âgé de 80 ans célèbre depuis ses caricatures et prises de position lors de la guerre d'Algérie, le manifeste des 121, et son immortel dessin où il montre des soutanes devant un crucifié se moquant d'un pauvre hère devant son totem ? Ce n’était pas seulement des "fulgurances", il en fallait du courage !… Siné est un combattant depuis les années 60 de toutes les causes démocratiques, antiracistes et, d'ailleurs, ne l'avez-vous pas côtoyé aux nombreux dîners des parrains de SOS-Racisme auxquels il participait, c'est là que je l'ai rencontré avec vous tous, en 1988, lorsqu’il y serrait la main de François Mitterrand, et les vôtres ? Qu'est ce qui vous prend de faire un autodafé à partir de citations tronquées, tirées de leur contexte, de sa vie, de son œuvre entière ? Vous l’excommuniez? C’est un grand honneur que vous lui faites ! Où a-t-on vu cela, vous vous prenez pour Jdanov? Comme l’a fait la ministre de la culture du père de Jean Sarkozy qui veut voir "disparaître à jamais" (un autodafé, vous amenez le briquet?) Siné, sa vie, son œuvre?

Tous, absolument tous les juristes répètent qu'il n'y a pas d'antisémitisme dans le texte incriminé de Siné, juridiquement ça n’est pas plaidable, ce n'est qu'une reprise d'une info exprimée déjà dans Libération le 23 juin par un ami de Jean Sarkozy, membre de la Licra, en termes similaires...

Vous parlez peu de l’objet précis et récent de l’affaire, ce que vous en citez est tronqué malhonnêtement, et vous étendez surtout la question "aux dérapages" de toute la vie d’un homme, en l’occurrence d’un artiste, en extrayant des excès qui vous ont semblé contestable en lui -d’un point de vue universel suprême, celui de votre absolue autorité.

Rien ne vous donne ce droit d’exécuter ainsi quelqu’un. Personne ne vous a demandé de vous mettre à 20 pour juger le bon ou le mauvais goût des caricatures de Siné, c'est son droit, sa liberté, son œuvre, et s'il est apprécié depuis plus de 50 ans, lui, ami de Prévert, de Léonor Fini ou de Malcolm X, il y a sûrement une raison à ses centaines de milliers d'admirateurs... Toute licence en art! Même pour les dessinateurs de chat, bouffeurs de curés et provocateurs! Même pour Plantu que vous exécutez au passage en donneur de leçons suprêmes que vous êtes…

Vous vous mettez en 20 pour faire la police de la pensée officielle, et estimez que cela fait des décennies que Siné aurait dû être réduit au silence? Bouh, ça fait froid dans le dos! Toute l'équipe de Hara-Kiri, Charlie Hebdo première mouture, (avant que Val ne s'en empare), est censurée épurée, réduite au silence, en un même coup, par vos propos: soit 80 % des caricaturistes célèbres dans ce pays depuis 40 ans. Votre logique, c'est d'interdire une seconde fois "Bal tragique à Colombey", ça se faisait à l’époque, après que les Yvon Bourges aient interdit "La Religieuse" de Jacques Rivette. Vous voulez, vous aussi, liquider quelque chose de mai 68 en vous en prenant à Siné et en donnant raison à Val?

Parce que vous croyez que Val a une constance dans son engagement ? Qu’il est "démocrate, défenseur et garant des principes" de Charlie Hebdo et de sa rédaction? Voulez-vous qu’on joue au même jeu des citations le concernant? Ce serait aussi facile, cruel mais dégradant. Ou comment Val a tiré profit de Charlie, et comment il traite le droit de ses salariés dans le journal sur lequel il a mis la main, comment il vient de "licencier" un prétendu "droit d’auteur" qui était plus ancien que lui à la fondation ? La rédaction de Charlie qui a votre "entier soutien", ce sont aussi Charb et Cavanna défendant Siné contre toute votre accusation: "Je n’aurais pas travaillé 16 ans aux côtés d’un antisémite", "Siné n’est pas antisémite" écrivent-ils!

Comme Willem, Delfeil de Ton, Carali, Barbe, Geluck, Malingrey, Pichon, Pétillon, Got, Faujour, Picha, Tignous, Thouron, Tardi, Wiaz... qui le soutiennent. Alors pourquoi est-ce Siné qui est viré, vilipendé, lynché et comment pouvez-vous donner votre "entier soutien" à ce Val-là?"

Gérard Filoche

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 15:42

En réponse à la chronique de Michel Noblecourt parue en page 2 de l’édition du week end du Monde et intitulée ” PS : les faux convertis au réfomisme“, Benoît Hamon a demandé au journal de publier la brève réponse suivante. Elle a été rejetée. Je ne commenterai pas ce choix.

La voici :

Lettre ouverte aux modernes du 20ème siècle.

20 ans que je suis membre du PS. Et presque aussi longtemps que je lis Le Monde. Et là vendredi soir, sous la plume de M. Noblecourt, Le Monde s’interroge en p. 2 à savoir si «M. Hamon (…) a encore sa place dans un Parti Socialiste ouvertement réformiste ». Ciel ! Je me serais bien passé d’un tel honneur. Car on sent bien que la réponse est dans la question et qu’à l’évidence aux yeux de l’éditorialiste du grand quotidien du soir, il est une espèce menaçante de socialistes, constituée de manipulateurs et imposteurs, les «faux convertis au réformisme».

Au passage, le journaliste dans sa grande clémence, réhabilite quelques moutons noirs d’hier. Ainsi dans le même éditorial, Laurent Fabius après avoir longtemps erré aux marges est réintégré dans la colonne centrale, la bonne, celle des socialistes réformistes. Je suis certain que l’intéressé appréciera cette mansuétude.

A quelques semaines du congrès de Reims, Le Monde aurait-il donc choisi son camp? Prendrait-il cette fois-ci fait et cause pour les bons socialistes, les «réformistes» contre les mauvais socialistes, les «on-ne-sait-quoi» d’ailleurs ? Faudrait-il donc, pour espérer voir la gauche gagner demain, perpétuer l’ancien et parier «naïvement» sur le moins disant politique rebaptisé paresseusement ou cyniquement «réformisme»? Heureusement, ce sont les militants socialistes qui trancheront cette question et souhaitons-le, à partir d’une lecture politique un peu moins grossière et caricaturale que le propos de monsieur Noblecourt.

Car que faut-il comprendre à ce papier ?

En premier lieu, qu’il existe un crime irréparable, celui qui a réuni les «nonistes» dans la contestation du traité constitutionnel européen, que le soutien de 54 % des français et en leur sein d’une majorité de l’électorat de gauche ne suffit pas à pardonner. Il est incontestable qu’aux yeux de quelques uns, parisiens, influents et qui «dînent le soir en ville», l’horloge s’est arrêtée il y a 3 ans, en mai 2005. Depuis ils ressassent le souvenir d’un monde perdu. Et confirment qu’ils ne saisissent rien à la séquence qui se déroule pourtant si près d’eux, dans la rue française, européenne, américaine ou africaine mais si loin de leur tour d’ivoire.

Mais ce n’est pas l’instant d’expliquer le 2ème âge de la globalisation dans lequel s’est précipité le monde entier et qui convoque partout le retour de la puissance publique, la régulation des marchés financiers, une redistribution des richesses plus favorable au travail et des restrictions indispensables au libre échange.

En second lieu, cette chronique confond délibérément 2 concepts : réformisme et libéralisme. Le réformisme, qui s’incarne dans le choix de la démocratie comme but et moyen de l’action politique, s’incarne dans la volonté d’inscrire l’action collective dans le cadre républicain et le choix d’impliquer le mouvement social dans la définition du contenu du changement, rassemble aux nuances d’orientation près, tous les socialistes. Mais si, dans le frisson de l’air du temps, c’est au libéralisme économique que Michel Noblecourt souhaite convertir les socialistes, qu’il soit rassuré, il sera plus facile de nous démasquer. Car nous sommes nombreux et même une majorité de militants à revendiquer être à la fois socialistes, réformistes mais sourds aux insistantes sirènes libérales. Parce qu’il faut être aveugle ou inconséquent ou de mauvaise foi pour ne pas constater que cette idéologie a, elle aussi, historiquement échoué.

Le temps passe, le monde se transforme, les périls grandissent et la France reste dirigée et influencée par les «modernes» du 20ème siècle. Nous voulons changer cela. Nous allons changer cela.

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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 13:21
On avait pu constater que Le Nouvel Observateur défendait Ségolène Royal ; que Marianne tentait une synthèse Bayrou-Besancenot (sur l'option de la contestation ; et je ris à peine...) ; que L'Express souhaite une recomposition du Centre ; Libération a longtemps fait les belles heures de Dominique Strauss-Kahn et hésite aujourd'hui, tant les ouailles du directeur du FMI sont divisées ; faudra-t-il désormais s'adapter à une campagne hollando-delanoëiste dans les colonnes du Monde avec Michel Noblecourt comme chef d'orchestre épistolaire ?
C'est à se demander à la lecture de "l'analyse" que ce dernier commet dans l'édition du 19 juillet du journal du soir. A la lecture de son attaque contre les divers chapelles de la gauche du Parti socialiste, on s'interroge sur les raisons d'une telle méconnaissance des débats traversant le PS, la Gauche française en général et les forces progressistes tout autour de la planète... Si l'on se rappelle que certains proches de Michel Noblecourt militent au PS, on voudra peut-être penser que le journaliste oublie alors le recul nécessaire et fait acte militant en désinformant sciemment ses lecteurs pour la victoire d'une synthèse sociale-libérale lors du prochain congrès du Parti socialiste.

Car enfin, pourquoi un tel excès d'indignité ? Certaines chapelles du PS ne méritent - il est vrai - pas non plus d'excès d'honneur, les débordements de tribunes ou de plumes de Marc Dolez et de Jean-Luc Mélenchon devraient inciter beaucoup de camarades socialistes à la prudence à leur encontre.
Mais, que dire des basses attaques dont sont victimes ci-dessous Henri Emmanuelli, Gérard Filoche, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann ou Paul Quilès ? A part pour Gérard Filoche, sympathique camarade par ailleurs, qui peut oser dire que ces camarades ont un passé et un parcours de gauchiste ou de bolchevik ? La Réforme n'est pas citer dans leur texte... faut-il donc désormais à chaque ligne d'un texte d'orientation du PS mettre le mot réforme (comme on nous a imposé dans la Déclaration de principes les mots écologie, environnemental, durable, au point de la rendre indigeste, alors qu'elle était déjà au moins aussi fade que la précédente ?) pour assurer quelques commentateurs de salon du réformisme de ses auteurs ?
Citer la "réforme" ne fait pas de vous un réformiste accompli. Hamon, Lienemann, Emmanuelli, Quilès ont tous signé et voté la déclaration de principes ; ils ont toujours comme parlementaires, ministres ou conseillers, mener des politiques de réforme, sous Mitterrand ou sous Jospin. Que disent leurs textes qui ferait d'eux de dangereux révolutionnaires déconnectés des réalités économiques ? Qu'il faut entre autre remettre en cause le libre-échange absolu ; ce qui n'est pas - au passage - remettre en cause le commerce international ou l'économie de marché, mais lui fixer des bornes et des règles l'enjoignant à respecter les intérêts et la dignité des populations qui produisent et consomment... Stigltiz, Obama, la gauche latino-américaine - toutes chapelles confondues - ne disent pas autre chose : faut-il être américain, ancien conseiller de Clinton et dirigeant de la Banque Mondiale, pour ne pas être traité de gauchiste et qu'on n'appelle plus à votre éviction du PS, quand on soutient une ligne politique nécessaire pour la sérénité des échanges mondiaux, la stabilité et le salut de la planète ?

Passons encore qu'on les stigmatise comme déconnecter des réalités économiques, mais ceux-là mêmes qui les dénoncent doivent être particulièrement déconnectés des réalités sociales...
Pourquoi expliquer que Laurent Fabius a décidé de se recentrer et assume son réformisme dans son texte "Reconstruire à gauche", quand Hamon et les autres seraient des crypto-trotskystes ? M. Fabius lui-même est venu dire à la Sorbonne qu'entre son texte et "Reconquêtes" présenté par Benoît Hamon et Henri Emmanuelli les convergences sautaient aux yeux et qu'il n'y avait pas un papier à cigarette pour les départager... Julien Dray ne vient-il pas d'appeler Emmanuelli à s'associer à Delanoë, Hollande et Royal ?
Mais pour revenir sur la réunion du 28 juin à la Sorbonne, où Fabius disait tout le bien qu'il pensait que texte d'Hamon, notons le parti pris mal-placé de France inter dans la manière de commenter les présentations de contribution générale du PS. Dans Politis, on pouvait lire le décryptage d'une telle distorsion :

Politis - Entendu ! - jeudi 3 juillet 2008

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Au journal de 19 heures, samedi, France Inter distingue «2 types de contributeurs» au PS : «Les discrets comme Benoît Hamon et Henri Emmanuelli», qui venaient de présenter leur contribution, «discrets parce qu’ils représentent peu de monde au PS», précise la présentatrice. «Et ceux qui font le show ; Ségolène Royal boxe a priori dans la seconde catégorie.» Si la radio de service public s’était déplacée à la réunion des premiers, elle aurait constaté qu’ils avaient rassemblé presque autant de monde que sa boxeuse. Lundi, à 7 heures, la LCR a en revanche dû être ravie d’entendre qu’elle a «un leader et bientôt un nouveau parti alors qu’au PS on a bien le parti mais toujours pas de leader». Et de changer ainsi de catégorie.

On ne peut que se dire que malheureusement la presse est victime du même mal qu'elle reproche aux dirigeants du PS ; elle ne voit la politique que par le prisme de l'affrontement entre deux présidentiables, qui défendent l'un et l'autre une ligne d'accommodement au libéralisme, ligne qui a échoué tant du point de vue économique et social que du point de vue électoral... mais ce sont là des gens raisonnables, comprenez.

Enfin, y a-t-il une personne en France qui dans le landernau médiatique saura reconnaître qu'abandonner le terme de "révolution" à des guévaristes de plateau TV comme Olivier Besancenot est une erreur ? Par glissement sémantique, on pourrait bien dénier un jour que les valeurs de Liberté, Egalité et Fraternité soient des valeurs révolutionnaires, qui attendent toujours leur pleine application, et ainsi on se contentera du peu que l'on a. Après tout, la révolution selon Léon Blum n'était-ce pas "ce militant socialiste qui chaque jour fait oeuvre de propagande et d'éducation à la sortie des usines", n'était-ce pas selon Michel Rocard "une profonde transformation des rapports culturels et de production dans la société" plutôt que le putschisme des trotskystes... en fait désormais ce sont deux vainqueurs qui se disputent les mentalités, car ce sont les deux qui prétendent à définir les mots avec lesquels on choisit de décrire le destin du pays : Besancenot et Sarkozy sont les deux faces d'une même médaille qui interdit aux socialistes d'être eux-mêmes.

Frédéric Faravel


PS : les faux convertis au réformisme, par Michel Noblecourt
LE MONDE | 18.07.08 | 13h23  •  Mis à jour le 18.07.08 | 13h23

e vous méprenez plus sur l'identité du Parti socialiste. Si, à 4 mois de son congrès de Reims, il est toujours dans le brouillard sur sa stratégie, son projet, son leader et ses alliances, il se revendique désormais clairement, fermement, voire irréversiblement, réformiste. Sa nouvelle déclaration de principes - ratifiée à 82 % lors d'un vote auquel plus d'un militant sur deux n'a pas participé - est formelle : "Le Parti socialiste est un parti réformiste. Il entend exercer les responsabilités de gouvernement, à tous les niveaux, afin de changer la société." C'est le cadre commun, le socle de toutes les sensibilités au sein du PS.

Un socle commun ? François Hollande, Ségolène Royal, Martine Aubry, Bertrand Delanoë, Pierre Moscovici, et même de nouveau Laurent Fabius, portent leur réformisme en bandoulière. Ils l'assument sans états d'âme. Mais il n'en va pas tout à fait de même pour la minorité du PS, son "aile gauche", du moins à la lecture des cinq contributions qu'elle a livrées en vue du congrès.

Ainsi, le texte de Benoît Hamon et d'Henri Emmanuelli se réclame de ce "socle commun", écarte "les faux débats", défend une "économie sociale et écologique de marché régulée" et évoque cette "carte d'identité". Mais il se garde bien de mentionner le gros mot de réformiste, multipliant même les préventions à l'égard d'un système avec lequel il faut "rompre", afin de "préparer l'avenir en réconciliant le pays avec le progrès".

Pour M. Hamon, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes, "l'avenir du PS ne peut pas être le passé de la social-démocratie européenne", qui a accumulé en 2 ans 13 défaites sur 15 scrutins nationaux. "S'adapter, c'est plier", martèle-t-il, en refusant toute adaptation à un modèle "caractérisé par une régulation minimale, quand ce n'est pas tout simplement par l'absence de règles". Il faut donc "adapter l'économie aux exigences des peuples" et "régénérer le clivage gauche/droite, lui rendre le tranchant que le conflit brutal d'intérêts, économiques ou sociaux, légitime". Sus aux compromis à l'eau tiède !

Plus radical encore, Jean-Luc Mélenchon, qui anime en dehors du PS le club Pour une République sociale, range la nouvelle déclaration de principes parmi ces "opérations cosmétiques" qui "ne peuvent plus cacher l'état de délabrement idéologique et organisationnel du parti". Le sénateur de l'Essonne se fixe le but d'"empêcher la mutation du Parti socialiste en Parti démocrate comme en Italie". Et il préconise un "régime de démocratie républicaine continue", s'appuyant sur une "implication populaire" qui s'apparente plus au contrôle populaire cher à Olivier Besancenot qu'à la démocratie participative de Mme Royal. Ainsi, "la capacité permanente du peuple à changer ses lois doit enfin être reconnue à travers la possibilité de référendums d'initiative populaire pour abroger ou proposer une loi".

Les autres textes de l'aile gauche ne reflètent pas davantage la conversion au réformisme. Renvoyant dos à dos "social-défaitisme" et "social-libéralisme", Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès s'adressent à "tous ceux qui ne veulent pas de ce réformisme au rabais qui nous est proposé et qui croient que la politique a pour objet de changer le cours des choses". Ancien premier fédéral du Nord, Marc Dolez, qui battait l'estrade avec l'ex-Parti des travailleurs (trotskiste) pour le non au référendum européen en 2005, est fidèle au "caractère anticapitaliste" du PS et appelle à "l'insurrection militante" pour résister à ceux qui veulent "la liquidation du parti de Jaurès".

Ces faux convertis au réformisme, "nonistes" en 2005, clament, tel M. Hamon, que le PS n'a "pas d'ennemis à gauche". Mais eux ont-ils encore un avenir dans un PS ouvertement réformiste ?

Courriel : noblecourt@lemonde.fr.

Michel Noblecourt
Article paru dans l'édition du 19.07.08
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