"Le racisme est une idéologie basée sur une croyance, qui remonte à la Renaissance et postule une hiérarchie entre les êtres humains selon leur origine ethnique, qui est alors parfois dénommée «race». Plus généralement, le racisme désigne la croyance que les différences biologiques innées conditionnent inévitablement l'accomplissement culturel et individuel. Le racisme peut alors se traduire par des actes d'hostilité ou de discrimination envers les personnes selon leur origine ethnique, et prendre la forme de xénophobie ou d'ethnocentrisme.
Certaines formes d'expression du racisme, comme la discrimination, sont considérées comme des délits dans un certain nombre de pays, notamment occidentaux. Les thèses racistes ont servi de support à certaines idéologies politiques pour pratiquer des discriminations sociales, des ségrégations ethniques et commettre des violences, dont des actes de génocides."
Voilà donc la maison des socialistes qui s'enfonce dans la folie suicidaire, en pleine rentrée parlementaire et alors que le gouvernement de Nicolas Sarkozy accumule clairement l'annonce d'attaques frontales et massives sur le modèle républicain : stigmatisation des bénéficiaires des régimes spéciaux après avoir servi grassement les classes favorisées du pays, 6e projet de loi sur l'immigration et le regroupement familial en six ans, rupture inquiétante sur la politique diplomatique de la France, etc.
Bref hier le bouquin de Lionel Jospin a plombé la journée parlementaire des socialistes. Ce n'est pas tant que les propos publiés dans Libération soient faux ou infondés, mais les fuites organisées (je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement), pour que des extraits particulièrement polémiques paraissent avant la publication de L'Impasse, ont relancé une guerre des ego qui avaient fortement occupé l'été et qui semblait avoir trouvé un terme lors de l'université d'été de La Rochelle.
Depuis malgré les sorties fracassantes de Manuel Valls, plaidant pour un alignement toujours plus grand des socialistes sur la politique mise en oeuvre par Sarkozy et l'UMP, le Parti socialiste, jusque dans ses écuries, semblait vouloir retrouver une posture plus saine et de travail, malgré quelques interrogations sur la manière de concevoir et de mener une stratégie d'opposition efficace et utile au pays.
La difficulté majeure du Parti socialiste réside cependant dans le report constant de débats cruciaux, de désaccords internes, qu'on dit ne pas avoir voulu traiter depuis 2002 mais dont l'ignorance remonte en fait à 1997, date de l'arrivée de Lionel Jospin à Matignon.
Le débat sur la rénovation et la refondation est en train de tuer tous les autres, plus fondamentaux pour l'identité de la gauche et l'avenir de la France et de l'Europe. Les royalistes ont plaidé pour l'abandon des motions sans nous dire quelle serait la nouvelle manière de définir l'orientation politique du PS, de trancher ses débats internes et de désigner sa direction. Nous avons eu le défilé des nouvelles têtes médiatiques, parfois au corps défendant de certains protagonistes annoncés par les médias comme potentiels futurs possibles premiers secrétaires. Et Arnaud Montebourg a inventé des nouvelles catégories au bestiaire socialiste, qui après les éléphants et les gazelles, n'avait sans doute pas besoin d'un ridicule supplémentaire. Et puis on avait appris que la refondation sociale-démocrate passait par l'acceptation de l'économie de marché, à laquelle les socialistes auraient enfin accédé fin août, alors qu'ils sont tous partisans depuis 1983 (pour les plus retardataires) de cette même économie de marché.
Opposant interne à la ligne politique droitisante de Ségolène Royal, le député européen Benoît Hamon mettait en garde hier «Il ne faut plus être dans l’idolâtrie à l’égard de la candidate, ni résumer la rénovation du PS à un front anti-Royal.» Sorte de plaidoyer pour une zone politiquement démilitarisée entre les deux parties. Bertrand Delanoë qui avait réuni les jospino-aubrystes ce week-end à Paris pour le mettre en orbite sur le Parti et 2012 était lui-même gêné sur les fuites à contre-temps de l'analyse de son ami et maître en politique, alors qu'il avait plutôt réussi sa rentrée. Et Ségolène est venue elle-même achever de refuser d'écouter les mises en garde depuis Québec en dérapant derechef : «Je crois aussi malheureusement qu'il y a, et peut-être est-ce aussi inconscient, dans toutes ces attaques, du sexisme et à le voir à ce point aussi fort, j'en suis moi-même surprise, je pense qu'il s'apparente au racisme» ; on savait Georges Frêche un peu raciste sur les bords, machiste sans aucun doute, et soutien de la première heure de Ségolène Royal, mais que Lienneman, Jospin, Allègre et Bartolone soient qualifiés de racistes par leur camarade, démontre à quel point celle-ci n'est pas fait d'un bois différent que tous ceux qu'elle dénonce.
Pour en finir avec les citations mal à propos, Jésus-Christ était lui-même instrumentalisé dans une reprise qui fera sans doute date en politique : “pardonnez-leur parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font”.
Le problème des socialistes est que finalement Lionel Jospin et Ségolène Royal, ainsi que leurs groupies inconditionnels, représentent tous deux les moitiés d'orange de la faillite intellectuelle et idéologique du socialisme français (il n'y a pas de raison que je ne puisse pas paraphraser les philosophes grecs quand d'autres citent l'évangile, ou alors "rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu") : tous deux ont pratiqué le déni de réalité et d'analyse sur les raisons profondes de leurs échecs respectifs, tous deux rejettent la responsabilité de cet échec sur les autres - nos partenaires selon Jospin en 2002, le Parti socialiste selon Royal en 2007. Tous deux ont refusé de voir ce qu'il y avait de personnel dans les raisons de la défaite, alors qu'elle impliquait à chaque fois un naufrage collectif comme conséquence, tous deux ont dénié les erreurs d'analyse de la société française et les décalages entre les attentes réelles du pays et le fond de leurs propositions - absence de programme en 2002, tryptique étrange "Ordre juste - refus de l'assistanat - valeur Travail (indéfinie)" en 2007. Et si finalement si la charge de Jospin sur Royal est si violente, c'est qu'en étant pas moins juste elle répond à la fois au refus de Ségolène Royal et de ses amis de faire vraiment le bilan critique de la campagne de 2007, et elle résonne aussi comme le même refus pour Jospin lui-même sur 2002. On est jamais tant agressif que quand on est soi-même gêné.
Alors il est temps de mettre un terme aux élucubrations de part et d'autre : le Parti socialiste manque avant d'une doctrine économique cohérente (et pas simplement l'accompagnement du libéralisme et l'acceptation des thèses et analyses de l'adversaire), réellement transformatrice ainsi que d'une stratégie politique bien définie. Lionel Jospin et Ségolène Royal ne font aujourd'hui oeuvre utile pour remplir les manques ni de l'une ni de l'autre. Tournons la page...
Frédéric FARAVEL