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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 10:16

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L’Humanité : « Quand sa base rappelle Hollande à ses engagements »

Adrien Rouchaleou avec Sébastien Crépel - Mardi, 6 Mai, 2014

Des rangs du Parti socialiste montent des voix appelant à une réorientation urgente de la politique gouvernementale. Dans le sillage des valeurs qu’ils ont défendues durant la campagne 2012, des militants ont lancé un manifeste des socialistes contre l’austérité.
Cela faisait près de deux ans, depuis l’élection de François Hollande à l’Élysée, le 6 mai 2012, qu’ils rongeaient leur frein, à se morfondre de voir les politiques du gouvernement s’éloigner de plus en plus sensiblement de ce pour quoi ils avaient fait campagne en 2012, de ce pour quoi ils s’étaient engagés, depuis parfois des dizaines d’années, au sein du Parti socialiste. Cela faisait presque deux ans qu’ils voyaient leur parti devenu une simple machine à cracher du communiqué de soutien aux choix élyséens. Deux ans qu’ils se sentaient privés de la moindre possibilité de débat au sein de leur famille politique, eux, simples militants socialistes ou cadres locaux et intermédiaires. Et puis, le mois dernier, ils ont lancé un appel qui a vite trouvé son écho. D’une petite dizaine provenant des quatre coins du pays, ils sont aujourd’hui plus de 3600 à se revendiquer «socialistes contre l’austérité».

«C’est venu tout simplement de discussions, que nous avions tous dans les différentes régions de France, à la suite des défaites des municipales et des orientations économiques du gouvernement qui ont été confirmées, voire accentuées», raconte Martine Chantecaille, socialiste de La Roche-sur-Yon, qui a participé à la rédaction du texte «sans demander la permission à personne».

La gifle des municipales, violente, aura réveillé certains d’entre eux dans un parti qui, pour Gérald Elbaze qui milite en Gironde, était «frappé de tétanie». Plus précisément, «c’est surtout le fait que la déroute n’a conduit à aucune réaction» qui a conduit ces militants à vouloir «s’autoriser à penser à nouveau».

Quand 100 députés socialistes ont décidé de refuser la caporalisation à l’œuvre au Parlement et que 41 d’entre eux se sont abstenus de voter la «trajectoire de réduction des déficits publics», un plan de 50milliards d’euros d’économies, ces militants ont dégainé leur manifeste, comme s’ils coinçaient un pied dans l’entrebâillement de la porte ouverte par ces parlementaires afin que le débat naissant au sein de la famille socialiste sur l’austérité ne puisse être refermé.

«Nous voulons la réussite de la gauche au pouvoir, condition nécessaire pour la justice sociale. Mais, malgré la défaite historique des municipales, des décisions économiques allant dans le sens d’une politique d’austérité ont été prises par le gouvernement et approuvées par une majorité de députés», écrivent ces socialistes en colère. «Nous lançons un cri d’alarme: la gauche ne réussira que si elle démontre qu’elle met en place une autre politique que celle de la droite.»

La démarche se distingue très largement de celles aperçues ces derniers mois, où chaque semaine ou presque voyait naître un nouveau courant: Gauche forte, Gauche durable… «Il ne s’agit pas de fonder un mouvement en tant que tel, mais plutôt de montrer qu’il y a une dynamique, qu’il y a des gens qui se revendiquent comme socialistes et qui, au sein du parti, ont fait le choix de refuser les logiques austéritaires», explique Gérald Elbaze. Arnaud Delcasse, de la fédération des Alpes-Maritimes, ajoute: «On ne voulait pas faire quelque chose centré sur une sensibilité, mais toucher tout l’électorat du PS, ceux qui font nos victoires et qu’on est censé représenter quand on est au pouvoir.» De fait, la liste des signataires ne s’apparente pas à un courant du PS. Mieux encore, afin de ne laisser aucune place au doute, l’appel n’a pas de premiers signataires, car «cela aurait sous-entendu que les autres suivent, explique Gérald Elbaze. Pour nous, les autres ne suivent pas: ils démarrent». Dans le même esprit, les «grands noms» sont interdits de soutien afin de ne pas «empêcher la dynamique de rassemblement qui était impulsée». Une méthode inhabituelle pour la rue de Solferino, où l’on a mis du temps à la comprendre. Dans les premiers temps, on s’y ingéniait a essayer de déterminer quel courant, quelle écurie, se trouvait derrière cet appel.

« C’est un changement de climat très nette dans le parti »

«Ça s’est fait en un après-midi. Et la mayonnaise a pris au-delà de ce que l’on imaginait», se souvient Martine. Gérald nuance: «On a eu entre 3000 et 4000 signatures, ce n’est pas non plus la révolution qui se préfigure au sein du PS, mais on sent quand même que, quand on remet un marqueur politique – l’austérité – au centre du débat, on réarme idéologiquement un certain nombre de militants et de sympathisants.» Surtout, il est rare qu’un texte qui n’est pas issu d’un courant ou revendiqué par une figure du parti soit aussi bien accueilli. Les signataires de l’appel y voient un signe que «le thème “l’austérité en débat” est fédérateur».
Pour les auteurs du texte, il y avait péril en la demeure. Tous ont vu de nombreux militants poser leur carte sur la table et s’en aller. De l’Ardèche, où il est secrétaire d’une petite section, Christian Mazé, l’un des signataires de la pétition, enrage: «Bien sûr, on savait que l’exercice du pouvoir ne serait pas facile, mais aucun signe n’est envoyé aux électeurs de gauche, aux faibles revenus. Il ne faut pas s’étonner que les gens s’orientent vers des votes contestataires dans ces conditions!» Arnaud Delcasse se fait plus clairement encore accusateur: «C’est vraiment le gouvernement qui se désolidarise de la position que l’ensemble du PS a prise. Ceux qui divisent aujourd’hui ne sont pas ceux qui sont derrière ce texte.»
Quelque chose se remettrait-il en mouvement au sein du PS que l’on avait anesthésié depuis mai 2012? «C’est un changement de climat très net dans le parti, estime Suzy, qui milite à Toulouse. Ceux qui n’avaient jamais osé critiquer jusqu’alors disent désormais ce qu’ils ont sur le cœur.» Gérald Elbaze estime, lui, que «les lignes sont en train de méchamment bouger, des sections au Conseil national». Selon lui, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la demande portée en Conseil national d’organiser un congrès après la défaite électorale de mars a été rejetée par Solferino: les partisans de la solidarité gouvernementale s’en méfient comme de la peste. Pour le Girondin, ce réveil s’explique tant par «ceux qui sentent que des fondamentaux sont en train de partir en lambeaux», que par «ceux qui se rendent compte que la machine à les faire élire et réélire est en train d’exploser en plein vol. Ceux qui ont entre 30 et 40 ans sentent que tel que c’est parti, il risque d’y avoir un trou d’air de quinze ans qui foutra leur carrière politique en l’air».

« L’interrogation sur l’austérité se généralise »

Pourtant, tous l’assurent, le but «n’est pas de sauver l’outil PS». Mais, estime Gérald, «le suicide du parti reviendrait à exécuter sommairement un paquet d’électeurs qui ont cru ce qu’on leur a dit. Chacun d’entre nous est allé convaincre des gens de voter François Hollande. Nous sommes donc tout autant débiteurs que lui de son résultat».
«Évidemment, s’interroge Martine, la question reste de savoir où l’on est le plus utile, si nous ne ferions pas mieux de soutenir le gouvernement parce que nous sommes liés à la même exigence de faire réussir la gauche…» Mais aujourd’hui, avec la campagne pour les élections européennes, elle remarque que «l’interrogation sur l’austérité est plus facile et se généralise». Le grand écart imposé aux militants – défendre l’austérité en France et assurer vouloir la combattre au niveau européen – accélère la prise de conscience. Sarcastique, Gérald compare la lutte contre l’austérité au nuage radioactif de Tchernobyl: «Ça s’arrête à la frontière.»

Si le mouvement n’est pas encore massif, la claque des municipales aura cassé quelque chose de la mécanique ronronnant qui faisait tourner – à régime réduit – le Parti socialiste depuis qu’un président qui en est issu est arrivé au pouvoir. Et si le deuxième acte du quinquennat annoncé par François Hollande n’était pas mis en scène à l’Élysée, mais par les figurants des deux premières années reprenant la main?

Consulter au format PDF

Retrouvez le site des "socialistes contre l'austérité" et rejoignez les !

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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 17:09

Soutien aux députés socialistes « pour une autre politique »

Militants ou sympathisants socialistes, nous avons élu François Hollande et le Parlement en 2012. Nous leur avons donné notre confiance en votant pour eux, nous attendons que le programme pour lequel ils ont été élus soit leur feuille de route pour tourner la page de l’austérité.

Nous soutenons la centaine de députés qui oeuvrent contre le pacte de responsabilité tel qu’il a été présenté, souhaitons que ce nombre s’agrandisse encore pour infléchir la politique que le gouvernement et le parlement doivent mener ensemble.

Le Parlement est la représentation nationale du peuple français et en cela, il est le porte-voix des citoyens. Nous appuyons donc leur mandat et soutenons un nouveau contrat de majorité pour une autre politique. Pour le redressement du pays dans la justice !

Signer l’appel

Consulter la liste des signataires

bandeau logos gauches PsL’Assemblée Nationale va examiner le 29 avril prochain le programme de stabilité /pacte de responsabilité dont les grandes orientations présentées par le premier ministre viennent d’être confirmées.

Militants ou sympathisants socialistes, nous avons fait campagne en 2012 sur la base d’une promesse de changement, de justice sociale et de progrès.

Nous voulons la réussite de la gauche au pouvoir, condition nécessaire pour la justice sociale. Mais, aujourd’hui, après la défaite historique des municipales, alors que des décisions économiques importantes sont en train d’être prises par le gouvernement et seront bientôt soumises au vote des parlementaires, nous lançons à notre tour un cri d’alarme :  la gauche ne réussira que si elle démontre qu’elle met en place une autre politique que celle de la droite.

Pas plus aujourd’hui qu’hier, nous ne nous reconnaissons dans les mots de la droite (« charges », « coût du travail », « flexibilité »…) ni dans les choix économiques privilégiant l’« offre » sur la « demande ». Alors que le caractère néfaste socialement et inefficace économiquement des politiques d’austérité est manifeste, envisager de compenser la baisse des cotisations pour les entreprises par une réduction de 50 milliards d’euros des dépenses publiques, c’est prendre le risque de dégrader les conditions de vie d’un grand nombre de gens sans aucune certitude sur les emplois potentiels créés. Il n’existe pas pour nous une seule politique possible.

Des députés socialistes ont lancé un appel au gouvernement pour un « contrat de majorité » et ont formulé des contre-propositions visant à ne pas mettre en péril les acquis sociaux et les services publics. « Les Français ont le sentiment que la politique qu’ils avaient choisie n’est pas assumée. Ils nous l’ont dit dans les urnes. Il faut maintenant passer des urnes aux choix et, pour nous, des mots aux actes. Les temps qui viennent sont pour tous, et pour chacun d’entre nous, une épreuve de vérité. » ont-ils ainsi écrit.

Nous les assurons de notre soutien dans leurs paroles et dans leurs votes.

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 11:24

Je voudrais rappeler en introduction que, comme beaucoup d'entre vous, je ne pensais pas – et je m'étais exprimé en ce sens lors des réunions fédérales qui ont précédé les scrutins – que nous subirions un telle défaite. Je me disais que nos élus locaux, nos municipalités avaient plutôt bien mis en œuvre les projets fondés sur la thématique du «bouclier social» – thématique d'ailleurs reprises pour les régionales de 2010 et les cantonales de 2011 – et qu'au regard de l'appréciation positive de leurs bilans locaux (c'était ce qui ressortait des contacts avec les habitants), les municipalités dans lesquelles nous étions bien installés seraient probablement reconduites.

Je pensais que nous avions peu de chances de conquérir de nouvelles communes, que certaines villes arrachées de peu en 2008 étaient en danger, mais que la localisation du scrutin nous éviterait une sanction brutale et injuste des équipes municipales. J'ai voulu croire, comme beaucoup d'entre vous, les sondages qui validaient cette analyse et qui annonçaient des scores plutôt élogieux pour la plupart de nos maires.

Faravel_interv_CF_PS95_03-04-2014.jpgForce est de constater que nos électeurs ont largement démenti toutes les études d'opinion. Car il ne faut pas se tromper sur les mécanismes de notre défaite.

Quels sont les faits ?

2681483 hollande 640x280Les Français n'ont pas voté pour la droite, contrairement à ce que laissent entendre quelques chroniqueurs ou éditorialistes ; ils n'ont pas demandé que l'on retourne en arrière ; avant toute chose, ils n'ont pas voté à gauche, ils n'ont pas voté socialiste. Quelques chiffres (villes de plus de 10 000 habitants, source Ministère de l'Intérieur) pour étayer mon propos :

  • -> la droite n'a pas progressé en chiffre absolu, en nombre de suffrages exprimés, entre 2008 et 2014 ; et lorsque les pourcentages présentent une progression celle-ci est extrêmement faible – en six ans, la droite passe de 45,3 % à 45,9 % des suffrages exprimés ;

  • -> a contrario, c'est la gauche qui s'effondre en suffrages exprimés et en pourcentage ; elle passe de 50,9 % en 2008 à 43,8 % en 2014.

Le différentiel de participation est également frappant (strate et source identiques) :

  • -> là où François Hollande rassemblait plus de 60 % des suffrages exprimés le 6 mai 2012, l'abstention atteint 43,1 % ;

  • -> là où François Hollande était entre 50 et 60 %, elle s'établit à 40,5 % ;

  • -> enfin, là où François Hollande comptait moins de 50 % des suffrages exprimés, l'abstention n'est plus que de 38,6 %.

Ce sont donc bel et bien les électeurs de gauche qui ont fuit les urnes les 23 et 30 mars derniers. Et tout particulièrement, les électeurs socialistes, les électeurs du premier tour de François Hollande. Deux enseignements complémentaires : dans les communes où « tout » nous indiquait que nous pouvions progresser cette année, nous perdons les 23 et 30 mars du terrain ; dans les villes conduites par le PCF, que l'union se soit faite dès le premier tour ou ensuite, ce sont également dans les bureaux de vote les plus favorables au PS que la gauche rassemblée perd des voix (et parfois perd la ville, même si le PCF se maintient plutôt bien).

Nos candidats – d'opposition ou en place – ont pourtant dans la plupart des cas mené de bonnes campagnes avec des projets sérieux. Ce n'est pas eux qui portent la responsabilité essentielle de la déroute.

Quelle analyse ?

Le Premier Secrétaire fédéral a évoqué l'opposition croissante entre les classes moyennes et les classes populaires, qui mettait à mal notre assise électorale fondée sur leur alliance. Opposition qui se serait exprimé violemment lors de cette campagne. Je me permettrais deux remarques à ce sujet.

  • -> La première est que depuis de nombreuses années, tout a été fait pour opposer ces catégories sociales les unes aux autres. La droite au pouvoir et dans l'opposition, et l'extrême droite, porte une grave responsabilité dans cette situation car ils n'ont cessé d'opposer les Français les uns aux autres. Mais la gauche elle-même porte une responsabilité dans sa politique fiscale vis-à-vis des classes moyennes et parfois dans l'alignement de son discours sur l'assistanat et autres gentillesses sur les classes populaires ;

  • impasses_terra-nova_gauche-populaire.jpg-> deux postures antinomiques et caricaturales illustrent le piège dans lequel la gauche s'est enferrée : l'addition de «l'impasse Terra Nova» (le Premier fédéral a évoqué sa fameuse note sur la stratégie électorale : abandonner les classes populaires pour privilégier l'alliance des classes moyennes supérieures, des minorités ethniques et sexuelles, etc.) et de l'impasse «gauche populaire» (quand celle-ci était un groupe d'intellectuels… bien que l'attelage parlementaire qui lui a succédé ait repris certaines de ses antiennes erronées). Dans le premier cas, il faudrait cesser de rechercher le vote des classes populaires car elles seraient devenues intrinsèquement conservatrices et en soi incapables d'accrocher au discours positif et optimiste de la gauche démocratique. Dans le second cas, il faudrait abandonner toute ambition sociétale qui braquerait les classes populaires et éloignerait leur vote de la gauche. Dans les deux cas, cela revient à mépriser les catégories populaires et à considérer que nos compatriotes sont idiots. Cette double impasse illustre malheureusement l'incapacité actuelle de la gauche et des socialistes à penser et porter une action universelle, portant tout autant sur les questions économiques et sociales, que sur les libertés publiques et individuelles et l'évolution nécessaire de la société française (ce qui s'est traduit par une communication gouvernementale et partisane qui indiquait que le seul marqueur de gauche appuyé de l'action gouvernementale se réduisait au "mariage pour tous").

Cette opposition n'est pas seule en cause. Et cessons de dire que le gouvernement a manqué de pédagogie pendant 22 mois.

Si une partie conséquente des électeurs socialistes a ostensiblement boudé les urnes aux municipales, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas conscience de la situation ou qu'ils auraient mal compris les réformes engagées par le gouvernement. Il faut voir là non une incompréhension mais un désaveu cinglant des décalages entre nos engagements et la politique menée : les électeurs socialistes n'attendaient pas la ratification du Traité Merkozy sans modification majeure, n'attendaient pas le Pacte de Compétitivité et le CICE (qui contredit la motion 1, arrivée largement majoritaire au congrès de Toulouse, le Pacte de Compétitivité ayant été annoncé à peine quelques jours après que ce congrès se soit achevé dans la « Ville rose »), n'attendaient pas l'ANI et la loi qui l'a transcrite sans que les parlementaires aient réellement le droit de faire leur travail instaurant la flexibilisation de l'emploi, n'attendaient pas l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites et n'attendaient pas l'annonce du pacte de Responsabilité et la confirmation du sillon social-libéral du gouvernement.

L’écœurement de certains de nos électeurs est tel qu'il atteint l'action politique en général. Dans les communes communistes, lorsque les listes d'union étaient conduites par des Maires qui contestaient la politique gouvernementale, certains ont choisi de ne pas aller voter, pas même pour un élu qui protestait contre l'orientation libérale de certaines décisions. Ailleurs ils ont préféré s'abstenir plutôt que de voter pour d'autres listes, y compris de gauche. Et dans quelques cas, là où, à la fois, la participation a augmenté et le vote FN a progressé, certains ont choisi de voter directement pour les listes FN-RBM. Voilà un constat inquiétant pour notre démocratie.

Trouver les moyens du sursaut ?

La question qui est devant nous est de savoir si nous avons les moyens d'éviter que la bérézina des municipales ne se reproduisent – peut-être en pire – en mai prochain pour les élections européennes et mars 2015 pour les élections régionales et départementales.

Martin_Schulz.jpgConcernant les européennes, l'enjeu est d'autant plus important que le rôle du Parlement européen va s'accroître et que c'est sa majorité qui déterminera la couleur politique de la prochaine Commission Européenne. C'est essentiel si l'on veut croire encore possible la réorientation de la construction européenne. Les sociaux-démocrates européens devraient voir leur représentation s'accroître – ce qui n'est pas bien difficile au regard du niveau auquel ils s'étaient effondrés en 2009 –, cependant cette progression ne sera sans doute pas dûe au score des listes socialistes en France. Doit-on adopter une posture fataliste d'ici le scrutin qui se tiendra dans un mois et trois semaines ou adresser un message aux Français qui leur fasse entendre que nous comprenons leurs attentes et que nous sommes capables d'y répondre ? Les citoyens français et européens attendent que soit restaurée leur souveraineté populaire, c'est-à-dire leur capacité à maîtriser leur destin collectif, à faire évoluer leurs conditions de vie. Or, depuis de nombreuses années, nous – socialistes français – donnons l'impression que même si l'on peut faire le constat que les anciennes souverainetés nationales sont peut-être dépassées en tant que telles, nous n'avons rien fait – au contraire – pour qu'ils retrouvent une prise sur les événements et les décisions au niveau européen, qu'ils retrouvent leur souveraineté populaire. Nos électeurs ont désormais la certitude que quels que soient les messages politiques qu'ils adressent, ils n'influent plus sur la course des choses tant au niveau national qu'au niveau européen.

Concernant les régionales, je serai bref et lapidaire. Si l'on applique le résultat des municipales de 2014 au scrutin qui aura lieu dans un an, nous ne conservons aucune – AUCUNE – région dans le pays.

Comment éviter la reproduction de la déroute essuyée aux municipales ? Comment retrouver la voie de la réussite ? Cette réussite passe par des actes forts qui disent tous une seule et même chose aux Français : «Non, il n’y a pas qu’une seule politique possible. Il n’y a pas de fatalité». Nous réussirons à retrouver l’adhésion des Français à trois conditions :

1) A l’échelon européen, il est temps de desserrer l’étau des contraintes du pacte de stabilité. Il faut enfin engager le rapport de force avec la Commission en lui notifiant le refus de respecter dans les délais les critères de déficit restrictifs qu’elle nous assigne. Les Français se moquent d’être présentés comme les mauvais élèves de l’Europe libérale. Au contraire, ils plébisciteraient un gouvernement qui se donne comme objectif d’être l’acteur déterminé de la réorientation du projet européen.

1509934 10152541474884972 2055071278 n2) Plutôt qu’à la «politique de l’offre» et qu’à la réduction drastique des dépenses publiques, la priorité doit revenir à la croissance, à l'emploi, au redressement productif. La transition écologique doit en être le fil conducteur. Plutôt que le pacte de responsabilité, privilégions la relance par l’investissement. Le MEDEF refuse toute contrepartie pour le monde du travail, son président indique que l'essentiel des baisses de cotisation annoncées iront aux dividendes (ça, c'est un sacré partenaire!?), et ledit « pacte » est par ailleurs désormais minoritaire chez les syndicats de salariés (la CFE-CGC ayant retiré sa signature). Il est aussi extrêmement coûteux pour les finances publiques. N'ayons pas peur d’abandonner cette voie. La mobilisation générale pour l’emploi passe par la relance de l'investissement public et de la consommation.

3) Il n’y aura pas de réussite de la gauche si elle ne parvient pas à se rassembler. Le changement ne peut devenir une réalité sans la prise en compte des aspirations de la majorité sociale à laquelle nous devons notre majorité politique acquise en 2012. Pour le traduire en actes, la gauche ne réussira qu’avec un nouveau contrat majoritaire qui rassemble au service de la France toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la défaite de la droite lors des élections présidentielles et législatives de 2012. Or je ne peux que constater que l'annonce conjuguée des enseignements tirés par le Président de la République de ces municipales et son choix de nommer Manuel Valls (sans que je préjuge à l'avance de la qualité technique du travail du nouveau gouvernement ou que je rentre dans un débat vain sur le casting de ce gouvernement) a réduit l'assise politique de l'exécutif, en suscitant le refus des écologistes de participer au gouvernement et en motivant certains parlementaires socialistes à ne pas déclarer automatique leur vote de confiance au regard du maintien de l'orientation gouvernementale.

Ces trois axes forts, l'exécutif doit les mettre à l’agenda politique dès les premiers jours du nouveau gouvernement. Ils sont la condition sine qua non de la réussite du quinquennat.

nouveau-logo-psEnfin, il faut discuter de l'état du Parti Socialiste, des missions assignées à notre Parti et de la méthode qu'il a adoptée jusqu'ici pour les accomplir. Il faut un PS actif et pleinement conscient de son rôle. Les institutions de la Vème République créent l'autocensure du PS majoritaire alors qu'il doit anticiper les débats. Harlem Désir pense que le rôle du PS est relayer docilement et sans réflexion les décisions de l'exécutif quelles qu'elles soient : on a vu où cela nous a mené. Il faut vraiment réancrer à gauche le parti et la majorité... Il est temps de redonner la parole aux militants socialistes, il est nécessaire que les socialistes s'expriment sur des choix politiques pour lesquels ils n'ont jamais été consultés : non seulement cela n'était pas présent lors des primaires citoyennes, mais toutes les décisions prises après le congrès de Toulouse sont en contradiction avec le texte de la motion majoritaire du Parti !

Par ailleurs, j'ai bien entendu certains camarades vouloir se concentrer sur la structuration associative des équipes qu'ils ont constitué à l'occasion de ces municipales malheureuse – et je comprends leur réaction et leur volonté de maintenir le lien avec colistiers et sympathisants, alors que ces campagnes ont été le plus souvent de qualité avec une véritable dynamique humaine. Cependant, je vous appelle à réfléchir sérieusement à nos priorités : faut-il s'attacher d'abord à structurer des associations très larges et parfois plus ou moins dépolitisées ou à réinvestir et renforcer le Parti Socialiste pour qu'il retrouve ses fondamentaux politiques et le sens profond de sa mission ?

Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de
Maintenant la Gauche Val-d'Oise

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 14:48

UMP-130527LPA5941.jpgLe premier tour des élections municipales, ce dimanche 23 mars 2014, va rester comme une date marquante de la vie politique du pays.

Beaucoup retienne ce matin – c'est la « Une » du journal Libération – comme enseignement majeur la progression du Front National, avec l'élection de Steeve Briois comme Maire d'Hénin-Beaumont dès le 1er tour, la deuxième position du FN à Marseille et sa capacité à se maintenir au second tour dans plus de 200 communes. C'est d'ailleurs l'essentiel du discours des représentants du gouvernement et de la direction du Parti Socialiste : empêcher à tout prix et à tout coût l'élection d'autres maires FN dans le pays.

D'autres retiendront la possibilité pour l'UMP et l'UDI de se refaire une santé locale à l'occasion de ce scrutin. Mais les responsables conservateurs et centristes se laissent ici emporter par leur enthousiasme de soirée électorale, nous reviendrons sur cette question plus loin.

Je souhaite donc revenir dans cette analyse sur l'enseignement principal de ce scrutin, à savoir la sanction opérée par l'électorat socialiste au travers de l'abstention. Il faut aussi interroger la pertinence de la stratégie du Front Républicain à ce stade et envisager les leçons politiques à tirer de ce premier tour de scrutin.

Un électorat de gauche qui sanctionne clairement l'orientation politique nationale du gouvernement et de la majorité parlementaire

La Marseillaise zenith 13-06-2012Depuis hier soir, télés et radios, et depuis ce matin, les quotidiens, l'ont répété à l'envie : l'abstention aux élections municipales a atteint ce dimanche un nouveau record avec 38,5%, soit 5 points de plus que sur le scrutin identique de mars 2008. L'effet de cette abstention ne réside pas seulement dans ces 5 points, d'autant que certains instituts d'opinion indiquaient avant le scrutin qu'elle aurait pu être plus élevée.

Non, l'augmentation de l'abstention en six ans joue d'autant plus fortement qu'elle s'est appliquée de manière différenciée selon les types d'électorat. Alors qu'en 2008, 2010 et 2011 lors des élections intermédiaires, c'était l'électorat de droite et du centre qui avait en partie boudé les urnes, déstabilisé qu'il était par l'image que lui renvoyait Nicolas Sarkozy, renforçant ainsi les réussites électorales de la gauche alors dans l'opposition, ce dimanche ce sont les électeurs socialistes qui ont choisi de ne pas aller voter en faveur des équipes proposées par le Parti Socialiste ou pour des listes de rassemblement que conduisait le PS ou dans lesquelles il était présent. Le différentiel d'abstention entre la droite et la gauche est de 10 points.

Les exemples sont nombreux et les contre-exemples insuffisants pour invalider cette analyse : -20 points à Nantes, -11 points à Lille, deux agglomérations où la gauche n'est cependant pas en danger. Évidemment, certaines collectivités, où le PS se savait menacé, émaillent la liste : Caen, Amiens, Reims, Laval, Quimper, Pau. Mais dans la liste des villes perdues par la gauche ou dans lesquelles celles-ci est en difficulté, on compte des bastions : Niort qui bascule à droite après 60 ans de municipalité socialiste, Roubaix, Tourcoing, Douai, Dunkerque, Florange et Hayange (évidemment), Saint-Étienne, Vieux-Habitants en Guadeloupe (liste où figurait Victorin Lurel). Toulouse n'avait basculé à gauche qu'en 2008, mais le vote de gauche de cette ville était important ; le contexte actuel menace de ramener Moudenc au Capitole. Les scores des listes conduites par le PS ne sont pas non plus faramineux à Paris et à Lyon, où les équipes municipales sont pourtant appréciées, bien que la majorité qui sortira du second tour s'inscrira vraisemblablement dans la continuité.

Mais c'est à Marseille que le désaveu est mordant. Le PS en avait fait son espoir principal, celui qui était à même de masquer une éventuelle perte massive de villes moyennes. Sauf qu'à Marseille, rien ne s'est passé comme prévu au premier tour pour les socialistes : Patrick Mennucci n'arrive qu'en troisième position avec 21,2%, derrière le maire sortant UMP Jean-Claude Gaudin (36,5%) et le candidat du FN Stéphane Ravier (22,5%). Une claque totalement inattendue pour le socialiste, qui pourrait notamment s'expliquer par les mauvais résultats de ses co-listiers Marie-Arlette Carlotti et Christophe Masse dans les 3e et 6e secteurs. Tous les sondages ont été démentis : Mennucci paye avec ses listes le désamour de l'électorat socialiste.

D'une manière générale, à l'exception peut-être d'Avignon, toutes les villes où la gauche espérait des gains qui auraient permis de faire un peu plus que sauver les meubles nous essuyons des déconvenues. Non seulement elles restent largement hors de notre portée mais là où nous espérions renforcer nos forces d'opposition nous reculons le plus souvent.

Je ne crois pas que la plupart des équipes municipales ainsi sanctionnées ou bousculées aient démérité durant six ans. Certaines étaient sans aucun doute appréciées pour leur action. Je ne crois pas non plus que les camarades qui partaient en conquête aient présenté de mauvaises équipes et de mauvais projets. La réalité est que – bien que j'aie espéré le contraire pour cette élection – le «socialisme municipal» ne fait pas un programme, quels que soient les mérites de nos gestionnaires locaux. Le PS est depuis longtemps un parti solidement ancré dans les collectivités locales, mais l'addition de ses forces locales ne suffit pas à forger l'identité politique ni le projet d'un parti de gouvernement, dont on voit bien qu'il sait gagner les élections nationales mais qu'il ne sait plus ensuite pour qui, pourquoi ni comment gouverner. La faiblesse politique du PS finit nécessairement par jouer contre lui, y compris dans ce qu'il considère comme ses bastions locaux.

manifestation-CGTL'espoir suscité le 6 mai 2012 a été déçu ; certains de nos camarades, proches de la direction du PS, tenteront d'expliquer en jouant sur les ambiguïtés du candidat Hollande que le Président de la République ne fait que mettre en application ce qu'il avait annoncé.

Pourtant, il est évident que les électeurs socialistes, et notamment les électeurs de François Hollande du premier tour de la présidentielle, n'attendaient pas la ratification du Traité Merkozy sans modification majeure, n'attendaient pas le Pacte de Compétitivité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi, n'attendaient pas l'accord national interprofessionnel instaurant la flexibilisation de l'emploi, n'attendaient pas l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites et n'attendaient pas l'annonce du pacte de Responsabilité et la confirmation du sillon social-libéral du gouvernement.

L'action gouvernementale a tendance à se présenter alternativement comme une politique «d'union nationale» ou comme une politique «sociale-démocrate», en fait sociale-libérale. Dans le premier cas, elle n'en a pas la base politique ni les circonstances historiques. Dans le second cas, illustré par la délégation des réformes sociales à des "partenaires sociaux" sans assise sociale suffisante, cela s'apparente surtout à une démission politique qui n'entraîne même pas une forme de consensus chez les intéressés, qu'ils soient salariés ou employeurs. En réduisant pour l'essentiel son programme de gouvernement à sa dimension sociétale, en reculant même sur certaines réformes sociétales sur lesquelles il n'avait pas besoin de céder, le PS inverse la logique de ce qui a fondé sa légitimité dans le champs politique.

Dans notre histoire politique, c'est l'appui des classes moyennes et intellectuelles aux aspirations des classes populaires qui forge les succès de la gauche. L'inverse ne peut pas avoir de traduction dans le champs politique. Ainsi, le Parti socialiste n'a pas joué son rôle depuis juin 2012, suivant servilement et sans réflexion les directives de l'exécutif, au gré parfois d'acrobaties intellectuelles improbables pour expliquer que ce qu'il dit un jour est cohérent avec ce qu'il disait la semaine précédente parfois diamétralement opposé.

À gauche pourtant, certaines listes autonomes sortent leur épingle du jeu : les écologistes font des scores non négligeables dans les agglomérations, étant en capacité de se maintenir en passant la barre des 10%. À Grenoble, les écologistes arrivent en tête avec 29,5% (et n'en déplaise à Jean-Luc Mélenchon ce n'est pas dû à l'apport du Parti de Gauche qui leur était allié pour la circonstance).

2014-03-24jumel.jpgEnfin, les municipalités communistes résistent bien : à Dieppe, à Saint-Denis, à Bezons, à Nanterre, à Gennevilliers, à La Courneuve, Bagneux, Malakoff ou Tremblay… Par l'entremise du dissident Jean-Pierre Brard, le PCF pourrait revenir aux affaires à Montreuil. Il devance également de quelques voix Jacques Salvator, maire socialiste d'Aubervilliers. Ses scores sont solides dans le Nord et en Meurthe-&-Moselle, les ballottages sont favorables à Bagnolet, Arles, Martigues, Vénissieux. Ils sont non négligeables à Lyon où le Front de Gauche s'est allié à l'ex socialiste Nathalie Perrin-Gilbert, maire sortante du 1er arrondissement. Il est cependant en difficulté à Bobigny, Vaulx-en-Velin ou Aubagne. On pourra même vérifier que dans les villes communistes ce sont les bureaux de vote les plus favorables aux socialistes qui ont parfois manqué aux listes d'union et de rassemblement conduites par le PCF.

Partout ailleurs, le Front de Gauche n'arrive pas réellement à mobiliser le mécontentement de l'électorat de gauche, ce qui continue d'invalider en grande partie l'analyse du PG de Jean-Luc Mélenchon.

Ainsi c'est essentiellement par défaut que l'UMP et l'UDI se retrouvent en posture aujourd'hui d'espérer une petite vague bleue dimanche prochain. Car c'est bien l'effondrement du vote socialiste qui le leur permet et en aucun cas une «renaissance» longuement préparée comme voudrait le faire croire Jean-François Copé. Non seulement la droite ne progresse pas en nombre de voix mais toutes les enquêtes d'opinion démontrent que les Français n'ont aucune appétence pour la droite conservatrice. Cette dernière va donc se retrouver toujours confrontée aux mêmes difficultés : le passif laissé par Nicolas Sarkozy – idéologique et judiciaire – et la concurrence d'un Front National, respectabilisé par la validation de ses thèses par la droite elle-même, et désormais vraisemblablement crédibilisé par l'augmentation prévisible de son nombre d'élus locaux.

Que reste-t-il du Front Républicain ?

4388118_3_7423_marine-le-pen-et-le-candidat-steeve-briois-d.jpgCe n'est pas par l'abstention qu'il faut expliquer la progression et les scores du Front National parfois maquillé en Rassemblement Bleu Marine. Celui-ci est en mesure de se maintenir dans plus de 200 communes et pourrait récolter une dizaine de mairies en tout au lendemain du 2nd tour. À la victoire emblématique au 1er tour de Steeve Briois à Hénin-Beaumont, il faut ajouter la réélection dès dimanche soir de Jacques Bompard, maire d'extrême droite à Orange.

La véritable inquiétude vient du fait que le FN progresse dans de nombreuses communes alors que la participation y est plus importante qu'en 2008, c'est notamment le cas à Hénin-Beaumont justement, mais également à Fréjus ou à BéziersRobert Ménard frôle les 45% avec une participation en hausse de 7 points. Dans ces deux villes du midi, le parti de Marine Le Pen devrait connaître la victoire dimanche prochain.

Au-delà de ces cas emblématiques, il faut réaliser une analyse précise mais il sera démontré dans de nombreux cas que les scores du FN ne sont pas la conséquence d'une démobilisation accrue des électeurs, au contraire. Et de fait, il y a fort à parier, notamment dans le Nord et la Moselle, que des électeurs qui avaient choisi le PS, aux municipales de 2008 mais également au 1er tour de la présidentielle, ont décidé cette fois-ci non pas de s'abstenir mais de voter directement pour l'extrême droite.

Dans ces conditions, le Front Républicain, et notamment sa traduction concrète à savoir le retrait des listes socialistes pour faire barrage – comme cela a été annoncé à Saint-Gilles et Tarascon (annonce faite pour Tarascon alors que nous n'étions même pas qualifiés) – à l'élection d'un maire d'extrême droite, est-il encore pertinent et opératoire ? Qu'est-ce qui le justifie encore si ce n'est un automatisme et un discours fondé sur un impératif moral qui écarte toute analyse politique sérieuse ?

robert-menard-a-des-chances-de-battre-l-ump_4860493.jpgÀ partir du moment où l'UMP a décidé de ne plus entrer dans une stratégie de Front Républicain et de maintenir partout ses candidats au 2nd tour, quitte à faire élire parfois un maire FN, elle tue la stratégie même de Front Républicain. Le retrait des socialistes et de la gauche du 2nd tour équivaut donc à une disparition politique et électorale de nos partis, de nos élus et de nos valeurs qui ne seront plus représentés et perdront de nombreux atouts pour construire une alternative dans ces villes face à l'UMP ou au FN. D'autre part, cette stratégie n'est en rien une garantie de succès comme l'expliquait ce matin sur France Inter Jean-Michel Du Plaa, candidat PS à Béziers. Dans de nombreuses communes (Béziers, Perpignan, Fréjus ou St.-Gilles...), le retrait – ou pire la fusion avec la droite comme Christian Bourquin le suggère à Perpignan, donnant ainsi corps au fantasme frontiste de l'UMPS – n'empêchera vraisemblablement pas le FN ou le RBM d'améliorer son score, voire de l'emporter, dimanche prochain.

Lors des élections législatives et cantonales partielles qui se sont additionnées dans la première année de mandat de François Hollande – malgré l'explication récurrente de l'exception du contexte local –, il a été largement démontré que les électeurs de gauche, et notamment les électeurs socialistes, ne suivaient plus mécaniquement les consignes de Front Républicain, voire préféraient pour certains voter pour le FN plutôt que d'élire des candidats UMP dont le discours se distinguaient parfois peu de leur adversaire.

La stratégie du Front Républicain est donc vouée à l'échec. D'abord car elle n'a pas de base électorale suffisante. Ensuite parce l'on ne peut en même temps attaquer l'UMP sur ses liaisons coupables avec le FN et l'appeler à constituer ce Front Républicain (et encore moins appeler à voter pour certains candidats qui portent trait pour trait le même discours que le FN). Enfin, car elle ignore, en convoquant le registre de la "morale", le message fondamentalement républicain adressé par de nombreux citoyens par leur vote ou par leur abstention : une aspiration fondamentale au fait que la politique puisse de nouveau avoir prise sur leur vie. Les élections européennes viendront bientôt souligner ce message de défiance des électeurs nationaux qui se voit dépossédés au niveau national de cette capacité à agir sur leur environnement et leur quotidien, sans retrouver au niveau européen les éléments concrets de souveraineté populaire qu'ils seraient en droit d'attendre. Entre la pratique de la «démocratie rationalisée» version Vème République et l'ordo-libéralisme inscrit dans le marbre des institutions européennes, il reste peu de place à la démocratie réelle et l'aspiration des citoyens français et européens, traduisant dans les urnes ce que décrivait en 2008 Emmanuel Todd dans son essai Après la Démocratie.

Peut-on espérer un rebond ?

Bien entendu, il n'est pas écrit d'avance que le 2nd tour vienne confirmer l'intégralité des enseignements et des comportements électoraux du dimanche 23. On a vu, notamment lors des législatives de 2007, qu'il était possible de ne pas aggraver une situation voire de reprendre du poil de la bête. La nécessité du rassemblement de la gauche, bien plus que le Front Républicain, doit désormais s'imposer, et je conseillerais à nos camarades de ne pas être trop exigeants quant aux conditions qu'ils mettent aux fusions de listes avec EELV, le Front de Gauche/PCF ou le PG.

Mais il y a fort à parier que la pente soit difficile à remonter en quelques jours, les écarts creusés sont dans certaines villes assez importants. Et si les électeurs socialistes ont refusé de voter pour le PS afin de sanctionner la politique gouvernementale dimanche, on peut imaginer qu'ils ne se précipiteront pas non plus dimanche prochain, même si certains voudront croire que la semonce du 1er tour a été entendue et qu'il est inutile de perdre en plus une équipe municipale qui les protégeait.

2339744-jean-marie-le-guen-nous-ne-sommes-pas-des-chochotte.jpgMais ce coup de semonce a-t-il seulement été entendu ? Jean-Marie Le Guen expliquait hier soir sur France Info qu'il fallait accélérer la mise en place du pacte de responsabilité, que le tort des élus locaux de gauche était de ne pas avoir suffisamment fait évoluer leurs discours pour s'adapter à la nouvelle ligne gouvernementale et qu'il faudrait encore plus vite faire muter notre orientation politique... Je pense que si les responsables socialistes multiplient ce type de discours sur les ondes (expliquant par ailleurs que nous n'avons pas été assez pédagogues) chaque tract distribué dans la semaine verra sa valeur électorale divisée par 4.

La question qui est devant nous est de savoir si nous avons les moyens d'éviter que la bérézina du 1er tour des municipales ne se reproduisent – peut-être en pire – en mai prochain pour les élections européennes et mars 2015 pour les élections régionales et départementales (si elles sont maintenues à cette échéance).

D'aucuns expliqueront que le remaniement permettra de solder les comptes et de montrer aux Français que le message du 23 mars a été entendu. Mais qu'importe de changer d'équipe gouvernementale, si ce n'est pas pour élargir son assise politique et sa majorité parlementaire et/ou pour changer d'orientation politique. Élargir la majorité ne s'entend évidemment que sur sa gauche : le MODEM et l'UDI n'étant pas même pour Hollande des alliés envisageables, d'autant que le MODEM a décidé d'entrer dans l'opposition ouverte au gouvernement à peu près au même moment où le Président de la République donnait une orientation clairement Bayrouiste à sa politique économique et sociale. Voilà qui devrait mettre un terme à l'illusion centriste de certains, jamais les électeurs centristes ne voteront pour la majorité présidentielle ou pour un allié PS «recentré» ; ils l'ont démontré de belle manière en votant massivement pour des municipalités et des oppositions conservatrices, alors qu'ils n'ont pas grand chose à contester à la ligne sociale-libérale de François Hollande.

5_debats_divisent_PS.jpgC'est évidemment un rééquilibrage à gauche de la majorité qui est nécessaire, en s'ouvrant au Front de Gauche et notamment au PCF et en cessant de mépriser ceux des socialistes dont l'analyse critique n'a pas été prise en défaut depuis le début du quinquennat. Les orientations économiques et sociales du gouvernement n'ont produit aucun résultat et ne devraient en produire aucune :
- la réduction drastique des dépenses publiques n'a pas abouti à la diminution de la dette ; au contraire, celle-ci a crû et les coupes budgétaires commencent à se faire sentir sur l'efficacité du service public, et donc la cohésion sociale, tout comme la fragilisation des finances des collectivités territoriales affectera durablement les investissements publics et donc l'activité économique ;
- La flexibilisation du marché du travail ne crée pas d'emplois, pas plus que la baisse du «coût du travail» qui fragilise tout à la fois les finances publiques et la sécurité sociale ;
- La réduction des cotisations des entreprises risque de se traduire aucunement par de l'investissement mais par un renforcement des dividendes versés aux actionnaires comme l'a annoncé le patron du MEDEF.

On ne crée de l'emploi que lorsque les carnets de commandes sont pleins ; c'est un argument qui plaide pour un tournant concret en faveur d'une politique de relance écologique et sociale, ainsi que d'un débat vigoureux sur la réorientation de la construction européenne. Seule une majorité de gauche large et rassemblée peut permettre la mise en œuvre de ce programme qui avait été imaginé et adopté au sein du PS en juillet 2011.

1509934_10152541474884972_2055071278_n.jpgPour une fois, soyons cohérents avec nos convictions et notre identité profonde. Jusqu'ici, non seulement les socialistes de l'aile gauche, qui ont eu le courage de porter une analyse rigoureuse et critique (sans être particulièrement connus dans l'opinion publique, qui n'a pas sanctionné le PS parce qu'elle les aurait entendus), ont dû à la fois supporter l'ostracisme de nombre de directions locales du parti et ensuite subir avec tous les socialistes les défaites brutales qu'on aurait pu éviter en les écoutant.

Pour réaliser ce tournant, il faut aussi un PS actif et pleinement conscient de son rôle. Les institutions de la Vème République créent l'autocensure du PS majoritaire alors qu'il doit anticiper les débats. Harlem Désir pense que le rôle du PS est relayer docilement et sans réflexion les décisions de l'exécutif quelles qu'elles soient : on a vu où cela nous a mené. Il faut vraiment réancrer à gauche le parti et la majorité... Mon inquiétude est que de nombreux camarades trouvent que le congrès est trop éloigné dans le temps pour attendre jusque là et rester au PS. Il y aura fort à faire pour les convaincre de rester et d'assumer le débat et la confrontation, on n'est pas toujours disposé à jouer les «Sisyphe heureux».

Peut-être est-il temps au regard de nos échecs collectifs pour convoquer un congrès anticipé et remettre à plat notre orientation politique et notre rapport au pouvoir.

Frédéric FARAVEL

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 15:02

Ce que nous pensons du pacte dit «de responsabilité»

logo_MLG_95.jpgLes annonces faites par François Hollande lors de sa conférence de presse ne nous ont, hélas, pas convaincus. Mais elles ne nous ont pas surpris. Comme lors de ses voeux du 31 décembre, le président reprend à son compte l’argumentaire libéral selon lequel la compétitivité du pays est mise en danger par un «coût du travail» trop élevé. Pour relancer l’économie, il faudrait massivement «baisser les charges» qui «pèsent sur les entreprises» et couper dans les dépenses publiques et sociales qui «aggravent les déficits publics».

François Hollande a beau dire que le discours du Bourget reste «[sa] référence», nous ne reconnaissons pas la tonalité de la campagne présidentielle dans ses propositions inspirées par l’idéologie dominante ! Et nous avons beau relire le projet socialiste de 2011, les 60 engagements présidentiels de 2012, la motion majoritaire du Parti de 2013, nous ne trouvons aucune mention du «socialisme de l’offre» ! Nous avons beau chercher, nous ne retrouvons ni plaidoyer pour la hausse de la TVA (le seul socialiste a l’avoir proposée pendant la primaire était Manuel Valls), ni dénonciation des «excès et abus de la sécurité sociale», ni condamnation d’un «Etat trop lent, trop lourd, trop cher».

Nous ne saurions nous reconnaître dans cette «amplification» d’une politique économique qui, contrairement à ce qui est affirmé par nombre de commentateurs ravis, n’a rien de «social-démocrate». Car la social-démocratie suppose que le parti majoritaire à gauche s’appuie sur des syndicats forts pour arracher un compromis au patronat. Nous en sommes loin ! Le président a en effet été très clair sur les avantages concédés aux entreprises, mais très flou sur les contreparties demandées. Il faudra plus qu’un «observatoire» pour imposer amélioration des conditions de travail, augmentation des salaires ou multiplication des embauches. D’autant que le MEDEF, par la voix de son président, n’entend pas rentrer dans une logique de «donnant-donnant» qui serait pourtant la moindre des choses.

Bref, le «pari» semble extrêmement risqué. Car si l’emploi est directement lié aux perspectives de croissance des entreprises, il n’a en revanche jamais été démontré que l’emploi se redresse rapidement, en basse conjoncture, grâce à des «mesures d’offre» comme la baisse massive des cotisations sociales.

D’autant que, dans le même temps, le gouvernement, pour répondre aux injonctions de la Commission Européenne, annonce que coupes budgétaires se poursuivront au même rythme que 2013 et 2014 (une quinzaine de milliards par an pour arriver à un total de 50 milliards en 2017). Or cette course à la baisse de la dépense, officiellement justifiée par l’objectif de la «baisse des déficits» ne porte pas ses fruits. En période de croissance quasi nulle, c’est même le contraire.

Notre feuille de route pour 2014

Depuis des mois, nous proposons une autre politique.

Nous l’avons longuement exposée dans notre «plan de relance» publié début 2013.

Nous avons enrichi ce document, en fin d’année, avec nos propositions en faveur d’une réforme fiscale d’envergure, qui s’attaque au problème du «coût du capital» et permette une redistribution équitable des richesses.

Nous allons donc continuer à argumenter et à proposer, pour nourrir le débat interne à la gauche.
Il n’y aura pas de «compromis social» favorable aux salariés sans mobilisation du parti, des parlementaires, du mouvement social. Salaires, embauches, conditions de travail, modalités de remboursement des aides en cas de non respect des engagements : nous devons porter des exigences fortes.

Certains commentateurs estiment ce combat perdu d’avance. Nous n’aurions d’autre choix que la «mise au pas» ou la «rupture». Ce ne sera ni l’une ni l’autre !

Pas de mise au pas, car nous n’avons pas l’intention de nous taire ! Contrairement à certains camarades, nous ne sommes pas des fanatiques de la Vème République. Tout ne procède pas du président. Et on ne règle pas les problèmes politiques en brandissant la menace de mesures disciplinaires ou en mettant les parlementaires au pied du mur.

Si le PS a cessé, depuis 2012, de jouer pleinement son rôle, nous faisons tout pour porter haut l’exigence d’un Parti autonome, force de propositions, relais des aspirations mais aussi des mécontentements.

Pas de rupture non plus.

Le PS n’appartient à personne. Nous n’avons pas de leçon de militantisme à recevoir, pas plus que de loyauté. Et ce serait un comble de demander aux camarades qui restent fidèles aux valeurs et à l’histoire du socialisme de le quitter sous prétexte que d’autres s’en éloignent ! On ne quitte pas un navire sous prétexte qu’il est mal dirigé et qu’il prend une mauvaise direction. On fait tout pour qu’il change de cap !

Théoriser par ailleurs l’existence de deux gauches irréconciliables est une stratégie qui n’offre pas de débouché politique. Rien de grand ne peut être accompli dans notre pays sans l’unité de la gauche. Les victoires passées sont là pour nous rappeler que nous ne pouvons gagner que rassemblés.

Miser sur l’échec du gouvernement de Jean-Marc Ayrault ne rend service à aucune des composantes de la gauche. Croire que les électeurs, déçus par une gauche «molle», la remplaceraient demain par une autre restée pure idéologiquement est en effet illusoire et même dangereux dans le contexte politique actuel. Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, c’est bien l’ensemble de la gauche qui sera jugée par les électeurs à l’aune du bilan du quinquennat de François Hollande.

Si échec il y a demain, la droite et l’extrême-droite en seront les seules bénéficiaires avec les conséquences dramatiques qui en résulteraient pour les classes populaires et moyennes. Il n’y a aujourd’hui de salut pour la gauche française que dans la construction de convergences entre les forces politiques et sociales qui la composent. C’est l’un des axes identitaires de Maintenant la Gauche et nous nous efforçons de construire au quotidien de tels rapprochements. Il est en effet indispensable que cette action soit menée au sein du PS qui demeure, de loin, le premier parti de la gauche en termes d’effectifs et d’implantation sur le territoire.

Ces rapprochements, nous les mettons aussi en oeuvre localement dans les collectivités où agissent nos camarades élus, bien souvent dans des cadres d’union de la gauche avec nos partenaires écologistes et communistes. C’est aussi l’un des sens de l’engagement des camarades de notre courant qui, dans tous les départements, sont en ce moment partie prenante de la bataille politique des élections municipales comme tête de liste ou colistiers.

fond_twitter.jpgMaintenant la Gauche verra en mars le nombre de ses élus locaux multiplié, et nous devrons être collectivement au rendez-vous de leur mise en réseau et de la valorisation de leur action politique.

Comme nous l’avons rappelé dans nos récentes interventions, le président de la République ne peut se permettre de gouverner durablement sans prendre en compte les aspirations profondes de la majorité sociale et politique qui a permis son élection. La responsabilité que nous avons assumée à Toulouse en 2012 et le travail réalisé depuis nous rendent désormais capables d’agréger des camarades dans le PS autour de cette idée au-delà de nos cercles militants traditionnels.

Soyons fiers de ce que nous sommes et de ce que nos faisons. Nous nous battons, nous proposons, nous assumons la confrontation avec la droite et la discussion au sein de la gauche. Notre liberté de parole est intacte, notre vigilance jamais démentie, notre fidélité à nos idées et à notre histoire jamais prise en défaut.

Combatifs dans les élections, exigeants dans les débats internes, loyaux envers les militants de notre beau Parti, et, plus que jamais, inlassables promoteurs du rassemblement de la gauche.

Belle année à tous.

Pour Maintenant la Gauche et son équipe nationale,
Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de la motion 3 dans le Val-d'Oise

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 07:47

Dans un article publié le samedi 13 juillet 2013 et intitulé « Francois Hollande, chef de tout mine de rien », le quotidien Libération s'interroge sur la méthode de gouvernement du Président de la République.

En voici quelques extraits :
images.jpg« […] depuis un mois, il ne fait plus de doute pour personne que le chef de l’État est plus que jamais le chef de tout. Et donc de sa majorité. Et il le sera de plus en plus. […] Mais ce faisant, Hollande retombe dans cette contradiction institutionnelle : chef de l’État ou chef de la majorité ? “Il oscille entre les deux en permanence“, reconnaît un dirigeant socialiste. Mais c’est presque obligatoire, selon ce pilier du PS : “Les institutions ont évolué : pour les Français, le patron, c’est le président, point barre. Alors président de tout, c’est normal.“ […] Et comme la gestion du PS par Harlem Désir est jugée “consternante“ par la plupart des ministres, y compris ses anciens soutiens… il y a comme un vide.
Chapelles. A l’Élysée, on reconnaît que cette première année parlementaire a été “à la limite du dérapage ou du burn out“. Beaucoup de psychodrames, mais pas de crise. L’agitation récente au sein du PS, qui a vu s’agréger plusieurs chapelles pour rappeler au Président son engagement pour une grande réforme fiscale, annonce-t-elle une volonté d’en découdre avec le gouvernement ? ″Non, il n’y a pas d’alternative à la majorité actuelle. Rien que de très normal à ce qu’il y ait des débats“, balaie un proche du chef de l’État.
Hollande compte beaucoup sur lui-même et sa connaissance du PS. “C’est un politique à l’ancienne, confie un proche. Un artisan, un peu solitaire, qui écoute beaucoup mais décide seul, et qui n’aime pas que d’autres portent sa parole.“ Ce qui fait dire à ce poids lourd de la majorité : “Tout le système Hollande est fondé sur la hollandie. C’est une erreur : aujourd’hui, tout remonte à lui. Et il n’est pas protégé, il n’y a ni cible ni fusible.“ »

Tout est décrit dans ces quelques lignes. Mais alors que le quotidien de centre-gauche glose à l'envie sur ce qui semble être la fin de la « présidence normale » – posture inventée pour marquer la différence avec la présidence « ventilateur » de Nicolas Sarkozy, mais impossible à tenir dans le cadre des institutions de la Ve République –, un élément important de la situation est finalement éludé.

Il y aurait en effet bien plus à dire sur le rapport du PS au pouvoir que la dénonciation implicite de la gestion du Parti par le premier secrétaire actuel et le rappel de la connaissance intime des rouages de la Rue de Solférino par le titulaire de la charge suprême.

« Un artisan, un peu solitaire, qui écoute beaucoup mais décide seul »

hollande_brest.jpgCertains auront été jusqu'à dire que François Hollande dirigeait le pays comme un président de Conseil Général – peu crédible – ou plutôt regardait sa majorité comme il avait géré le PS lorsqu'il en était le Premier Secrétaire. Cette seconde hypothèse est sans doute plus vraisemblable. Non pas que la carrière politique du Président de la République ait commencé lorsqu'il devint premier secrétaire délégué en mai 1997, non pas que le personnage soit resté bloqué à un rang inférieur à celui qu'exige sa fonction actuelle ; mais il est évident que la charge du Premier secrétariat exercée pendant onze ans, dont six sans tutelle, l'aura profondément marqué, alors même qu'il avait été choisi par Lionel Jospin pour son connaissance de l'organisation et sa capacité à servir d'édredon du Parti.

Or c'est l'une des caractéristique de l'exercice hollandais du pouvoir. Cet homme de parti a toujours soigneusement évité de faire valider à l'organisation qu'il dirigeait, puis dont il a reçu le soutien pour la conquête du pouvoir, des positions franches. Les congrès à la mode Hollande ont toujours accouché de textes d'orientation ou de synthèse assez tièdes, au point que le Parti était arrivé, sans programme et sans colonne vertébrale, nu face à la tornade Ségolène en novembre 2006. Et au lendemain d'une nouvelle défaite prévisible en mai 2007, aucun travail n'a été conduit pour relever le Parti avant un congrès de Reims qui s'apparenta à une bérézina qui aurait pu être définitive.

Le seul débat interne qu'il tenta d'assumer fut celui sur le référendum interne sur le TCE (automne 2004), entaché de graves irrégularités (pour ne pas dire de fraude), auquel il avait été acculé par son opposition interne, et qu'il chercha à utiliser pour marginaliser celle-ci. Malheureusement, la faiblesse de sa victoire par ailleurs contestée ne pouvait affronter la révolte d'un peuple de gauche qui désavoua très majoritairement la position officielle du PS et qui empêcha le premier secrétaire de sévir contre ses opposants.

Il est vrai que telles avanies vous vaccinent pour un moment.

« Tout le système Hollande est fondé sur la hollandie. C’est une erreur : aujourd’hui, tout remonte à lui »

La Hollandie est encore une forme d'OVNI de la galaxie PS. Voilà un homme qui fut pendant 11 ans premier secrétaire et qui n'a jamais organisé autre chose qu'un petit groupe d'amis (parfois très anciens) pesant modérément dans le parti, pour l'aider à diriger ou à conquérir, sans jamais le dépasser.

Quelle différence avec les Mitterrand (qui lui aussi savait cultiver les amitiés anciennes), les Fabius (le pro des réseaux d'élus), les Rocard, ou les Strauss-Kahn… ou même avec Martine Aubry, qu'on sait pourtant peu enthousiaste à l'organisation d'un courant (ce qu'elle avait fini par admettre plus ou moins finalement). À part « Tonton », cela a peu réussi aux autres me direz-vous…

Et de fait, c'est parfaitement isolé, étrillé sur son bilan à la tête du PS, marginalisé et moqué par tous ceux qui voyaient déjà DSK à l’Élysée, ou qui avaient considéré que ses synthèses molles démontraient une absence de convictions, qu'il est parti à la conquête de la Présidence. Et qu'il a su utiliser avec ses rares soutiens une procédure qu'il dénonçait lui-même. La Primaire citoyenne offrait à François Hollande l'espace pour contourner le Parti, dont il avait pourtant besoin, et fonder sa candidature après l'élimination de DSK. La Primaire n'a pas tranché de ligne politique, pas plus que les congrès sous Hollande ne le faisaient. La Primaire a sélectionné celui que les électeurs de gauche venus voter considéraient comme le mieux placé dans les sondages pour battre Sarkozy.

hollande-aubry-primaire.jpgMartine Aubry aurait sans doute eu avantage à être désignée par les militants socialistes, portant la légitimité d'un projet construit sous sa férule. Le candidat issu de la Primaire pouvait lui piocher allègrement dans ce projet que ses amis avaient implicitement dénoncé à longueur de conventions (notamment celle sur « l'égalité réelle ») sans jamais assumer cependant ouvertement une ligne contradictoire.

Le candidat Hollande n'était pas tenu par le Projet socialiste, il a rédigé seul ses 60 engagements (étonnant parfois ses propres amis lorsqu'il s'est agi d'affirmer le recrutement de 60 000 postes en 5 ans dans l’Éducation Nationale). Peu de mois après son élection, les exégètes de la "pensée hollandaise" expliquaient déjà qu'il était d'ailleurs le mieux placé pour interpréter la portée et la signification de ses engagements.

Aubry-Toulouse.jpgD'ailleurs, à nouveau le congrès de Toulouse reprenait les bonnes vieilles habitudes de 1997-2008 : pas de lignes affirmées. Ce qui permit à de nombreux cadres de la motion 1 de monter à la tribune du congrès pour vitupérer contre le faux débat sur la compétitivité imposé par le patronat (on se souviendra de Jean-Marc Ayrault, au premier rang devant la tribune, raturant des pages entières du discours qu'il avait préparé, à l'écoute de celui de Martine Aubry ovationnée) quelques jours avant que le Premier Ministre n'annonce, en parfaite concordance avec le Président, le Pacte de compétitivité.

La ligne était tranchée dans le sens choisi par Hollande et la Hollandie (elle avait sûrement mûrie depuis plusieurs mois si ce n'est des années) mais elle n'avait jamais été débattue et assumée dans un cadre collectif.

Comment faire vivre le PS avec la Présidence Hollande ?

Capture decran 2012-08-28 a 17.43.57Harlem Désir a été imposé dans des échanges au sein des salons feutrés de la République, préféré à Jean-Christophe Cambadélis. Difficile dans ces conditions d'être autonome du Palais.

Les rares initiatives prises par la nouvelle direction de la Rue de Solférino – comme le projet de référendum sur les institutions et la moralisation de la vie publique – ont été superbement ignorées. Le Premier Secrétaire choisi est raillé par ceux-là mêmes qui l'ont imposé, y compris quand il tenta d'imposer, avec il est vrai trop peu de subtilité, une correction des scores sur la convention « notre Europe » (la mise sous tutelle des fédérations des Bouches-du-Rhône, du Pas-de-Calais et de l'Hérault étaient passées par là) qui contraignait le Parti à adopter une ligne plus offensive que celle souhaitée par l'exécutif. La correction du texte de la direction par tweet matignonesque s'avéra donc inopérante, mais elle avait démontré que le PS n'était pas dirigé du bureau d'Harlem Désir.

On a pu voir également à quel point les prises de positions du Parti Socialiste sont tenues en grande estime, quand, au lendemain du vote par le Bureau National d'un texte sur les retraites qui se démarquait du très néfaste rapport Moreau, 141051477.pngla ministre des affaires sociales (rescapées des débris du courant strauss-kahnien) expliquait que la position du parti qui a fait élire la majorité parlementaire était « une position parmi d'autres ». On a pu voir également l'attention que portait le Président de la République à la position du parti qu'il avait conduit pendant 11 ans quand il réaffirmait le 14 juillet 2013 qu'il était nécessaire de rallonger la durée de cotisation, là où le PS indiquait qu'il n'était pas nécessaire et utile d'envisager cette solution avant 2020. « Rien que de très normal à ce qu’il y ait des débats » donc, surtout quand on n'en tient pas compte.

On aborde à nouveau les contradictions et la schizophrénie du PS face aux institutions de la Vème République. Bien que Michel Debré ait associé Guy Mollet à la rédaction de ce que Mitterrand qualifiait de «coup d’État permanent», cette constitution a causé la scission de la SFIO en 1958-1959 et l'identité démocratique profonde du PS (dont il a hérité de la définition du socialisme démocratique par Léon Blum lors du congrès de Tours de 1920) reste rhétive au présidentialisme et son fonctionnement serait plus adapté à un régime parlementaire primo-ministériel.

De fait, le PS se retrouve désarmé tout à la fois face au « monarchisme républicain » de la Vème qu'il soit mitterrandien ou "normal" et à la mutiplicité des présidents d'exécutifs locaux, tanguant comme le dit Emmanuel Maurel entre le "crétinisme présidentialiste" et le "crétinisme localiste". Plus personne ne parle désormais au PS de la VIème République : certainement pas le titulaire actuel de l'Elysée qui comme tous les aspirants à la haute fonction a toujours préféré l'idée d'un régime présidentiel, et plus du tout le bouillonnant Arnaud Montebourg qui préfère aujourd'hui déclarer sa flamme aux gaz de schiste (qu'il avait pourtant condamné auparavant).

reformefiscale-a68e2.jpgAu moment où certains au PS commence à redécouvrir timidement sur la question fiscale que le Parti Socialiste ne peut être un parti comme les autres et doit porter l'aspiration au socialisme démocratique, sauf à se transformer progressivement en un sous Parti Radical, il est temps que les responsables socialistes fassent l'inventaire de son rapport au pouvoir, quitte à imposer au Président de la République son propre agenda.

C'est la condition nécessaire (mais pas suffisante) pour éviter une bérézina électorale en 2014 et 2015 et permettre la réélection de François Hollande en 2017.

Frédéric Faravel

pour mémoire, deux citations de Léon Blum qui rappelle la mission du socialisme démocratique :

1919 : "On est socialiste à partir du moment où l'on a considéré ce fait essentiel : le patronat et le salariat s'engendrant l'un l'autre et s'opposant l'un à l'autre, à partir du moment où l'on se refuse à accepter ce fait comme nécessaire et éternel, à partir du moment où l'on a cessé de dire : “ Bah !, c'est l'ordre des choses ; il en a toujours été ainsi, et nous n'y changerons rien ”, à partir du moment où l'on a senti que ce soi-disant ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité, de solidarité qui vit en nous."

1920 : "Ouvrez votre carte du Parti. Quel est l’objet que le parti socialiste jusqu’à présent se donnait à lui-même ? C’est la transformation du régime économique."

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 07:47

Leo_Moreau_CF_PS_95_17-06-2013.jpgLe conseil fédéral du PS Val-d'Oise se tenait lundi 17 juin 2013 à Cergy à partir de 21h. Son ordre du jour débutait logiquement par un débat politique général, qui ne pouvait évidemment faire l'impasse sur les deux évènements du week-end : la convention nationale "Notre Europe" du PS et l'élimination du candidat socialiste dès le 1er tour de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, ancienne circonscription de Jérôme Cahuzac.

De longs débats de qualité,
graves et respectueux

La convention du PS a fait l'objet d'une analyse plutôt consensuelle. Il a fallu cependant rappeler que si notre Parti avait finalement trouvé une "sortie par le haut" selon l'expression d'Emmanuel Maurel, celle-ci avait débuté sous des auspices peu favorables : refus du premier secrétaire sur commande du premier ministre de laisser déposer un texte concurrent à celui de la direction, volonté d'éparpiller les amendements pour essayer d'éparpiller les voix, tentatives répétées de maquiller la réalité des résultats, qui avaient offert une très large majorité aux amendements présentés par Maintenant la Gauche, avec pour deux d'entre eux le soutien d'Un Monde d'Avance. Mais on peut se réjouir de la tonalité finale du texte qui assume la nécessité d'une relance européenne, la confrontation politique avec les conservateurs européens (même s'il eût fallu caractériser plus nettement nos adversaires), et propose dans une résolution finale 14 propositions précises qui reprennent notamment les propositions de Maintenant la Gauche soutenues par les militants socialistes.

logo_convention_Europe_PS.jpgMais le travail n'est pas achevé et cela a été rappelé dans le débat : si le PS est désormais pourvu d'une orientation ambitieuse à un an d'élections européennes qui s'annoncent sous la pression des national-populistes et des anti-européens (partout sur le continent), nous serons nombreux à être vigilants et à exiger des garanties qu'elle sera défendue de manière sincère et convaincante auprès des autres membres du Parti Socialiste Européen (qui ont heureusement pour la plupart perdu leur boussole blairiste ou schröderienne). En effet, le PSE doit impérativement se doter d'un programme offensif qui porte réellement la réorientation de la construction européenne avec un candidat à Présidence de la Commission qui soit en cohérence avec cette volonté.

Sur les causes et les conséquences de la défaite à Villeneuve-sur-Lot, comme d'habitude, deux grandes tendances se sont exprimées dans les échanges.

D'un côté, ceux, finalement peu nombreux, qui ont tenté d'expliquer que l'effet Cahuzac était indépassable sur cette circonscription, un cas particulier entretenu jusqu'à l'absurde par l'interrogation publique de l'ex-ministre sur l'éventualité d'une nouvelle candidature. La faute également aux grands élus socialistes qui auraient refusé la publicité sur leurs revenus et leurs patrimoines, dans le cadre de la loi sur la transparence de la vie politique. La faute enfin à l'insuffisance de travail pédagogique de la part du PS et du gouvernement pour expliquer aux Français les réformes engagées et le travail de longue haleine sur le mandat qui portera un jour ses fruits. Le comble fut l'explication qu'il était logique, naturel, et donc irrésistible qu'un parti au pouvoir perde les partielles. Un responsable fédéral de la motion 1 finissait cependant par concéder qu'il y avait dans le pays une détresse sociale à laquelle il convenait de répondre de manière urgente (sic).

De l'autre côté, et à des degrés divers, les intervenants du conseil fédéral ont rappelé qu'on ne pouvait constamment argué du caractère exceptionnel de chaque législatives partielles, notamment quand il s'agit de la 8e que la gauche perd sur 8 engagées depuis juin 2012, dont deux offrant aux électeurs et au pays le spectacle d'un nouveau 21-Avril. Si des mesures positives ont pu être engagées - Mariage pour tous, allocation de rentrée scolaire, âge légal de départ en retraite à 60 ans, politique du logement, refondation de l'école -, les Français ne sont pas ignorants et sourds à tous les exercices pédagogiques : dans les 8 partielles perdues, y compris dans celle de Villeneuve, il convient de mesurer leur jugement sur l'affaire Cahuzac bien sûr mais aussi sur l'orientation de politique gouvernementale. Dans le premier cas, rappelons que notre camarade Barral a été soutenu sur place par Manuel Valls (le plus populaire de nos ministres paraît-il), Stéphane Le Foll et Harlem Désir ; il n'a donc pas manqué de l'engagement du parti derrière lui, et les électeurs n'ont pas validé l'idée selon laquelle l'affaire Cahuzac ne serait que "la faute d'un homme" seul. Les électeurs de la gauche ont toujours été exigeants avec nous : ils n'acceptent pas que l'on ait pu nourrir en notre sein un tel personnage, lui faisant gravir un à un les échelons du pouvoir, sans jamais s'interroger sur les choix qu'il avait fait dans sa carrière, qui étaient connus et qui sont tellement parlant. Cet aveuglement plus ou moins volontaire de nos responsables politiques est perçu le symbole d'une perte du sens des valeurs de gauche, qui peut nous être reproché par une partie croissante de notre électorat. Celui-ci nous juge et nous jugera à l'aune de nos engagements mais aussi de ce qu'ils attendent de la gauche. Or, la montée du FN ne s'explique pas uniquement par la "crise morale" qui atteindrait la "classe politique" ; la réalité est plus cruelle. logos GAUCHEPartout et à chaque fois que nous avons donné ou que nous donnerons l'impression, que les politiques mises en oeuvre par un gouvernement de gauche peuvent être interprétées comme un recul de la solidarité nationale, un recul du service public, et donc in fine de la République telle que nous la concevons, les communautarismes et les fascismes ont progressé et progresseront. Cette menace est à souligner dans le contexte où des militants d'extrême droite se sont sentis suffisamment libres pour assassiner en pleine rue un jeune militant de gauche. Ce sera valable si nous faisons les mauvais choix sur les retraites, c'est aussi le risque si dans le débat sur le "projet de loi d'affirmation des métropoles et de modernisation de l'action publique" nous donnons l'impression d'abandonner 3 à 4 millions de franciliens des territoires périphériques de la région. Ces territoires péri-urbains et rurbains dont nous avons identifiés depuis plusieurs années le sentiment de déclassement et de délaissement qui nourrit en partie le vote FN. Enfin, il a été pointé qu'il n'était pas très pertinent d'agresser nos partenaires politiques - EELV ou PCF - a l'issue de cette partielle - en répétant l'erreur d'analyse des lendemains 21-avril, où certains avaient rejeté LA responsabilité de NOTRE échec sur Chevènement, Taubira ou Mamère, sans jamais vouloir se remettre en cause - alors que les scrutins locaux à venir (municipales et départementales) s'annoncent délicats à négocier pour le parti au pouvoir, qui aura besoin du soutien de ceux-ci et de leurs électeurs.

Le Premier Secrétaire fédéral a tenu à conclure ce débat sur trois points avec des arguments qui méritent corrections.

Mauroy_Aubry.jpg1- Faisant une ode à la réfome, en s'appuyant sur le discours d'hommage du Président de la République à Pierre Mauroy, il a affirmé sans ironie que toutes les réformes mises en oeuvre depuis un an avaient été annoncées pendant la campagne par le candidat Hollande. Je me permettrai donc ici de rappeler quelques faits irréfutables :

Pierre Mauroy et Martine Aubry, une certaine idée du socialisme démocratique

  • - je cherche désespéremment les militants révolutionnaires bolchéviques putschistes qui rejetteraient dans le Parti Socialiste l'action de transformation sociale par la réforme pour lui préférer la violence politique. Je ne crois pas non plus qu'on en trouve au PCF, à EELV, au PRG, au MRC ou même au PG ;
  • - plus sérieusement, je ne me souviens pas que le candidat Hollande ait plaidé pendant la campagne pour la ratification du traité Merkozy, au contraire. L'argument du Pacte de croissance de 120 milliards que le président aurait obtenu en échange de cette ratification tombe de lui-même avec leur disparition. Même Jacques Delors appelait samedi 15 juin lors du forum des progressistes à les retrouver ;
  • - si la méthode de la négociation sociale avait bel et bien été annoncé pour toutes réformes sociales, l'accord national interprofessionnel (ANI) sur la flexibilisation de l'emploi contient des mesures comme les accords compétitivité emploi plaidés par Nicolas Sarkozy que le candidat Hollande avait expressément combattus. La méthode reste valable pour la question des retraites, et favoriser le dialogue avec les partenaires sociaux est évidemment préférable à l'humiliation récurrente qu'il subissait du pouvoir précédent, mais les axes mis en débat pour la réforme des retraites, notamment l'allongement de la durée de cotisation, sont bien éloignés de la réforme préparée par le PS en 2010 et ne sont pas ceux annoncés dans les engagements du candidat Hollande ,
  • - enfin, le Pacte de compétitivité et le CICE sont contraires au discours sur le coût du travail que portait le candidat et leur principe (alléger le coût du travail qui serait un frein à la compétitivité) était dénoncé à la tribune du congrès de Toulouse par les orateurs de toutes les motions du parti ... quelques jours avant que le Premier Ministre n'annonce leur mise en oeuvre.

foule_Meric_Argenteuil_12-06-2013.jpg2- Selon lui, même s'il faut dénoncer les groupuscules qui sont responsables directement ou indirectement de l'assassinat du jeune Clément Méric (le PS95 a d'ailleurs participé à l'hommage rendu à ce jeune homme par toutes les organisations de gauche du département devant la stèle Gabriel-Péri à Argenteuil et, dans ce cadre, l'agressivité à son égard de certains groupuscules présents n'est effectivement pas supportable), il conviendrait également de rappeler qu'une partie des groupes de la gauche radicale aurait choisi les combats de rue et la violence et qu'il était nécessaire d'y mettre terme. Cette manière de présenter les choses me paraît particulièrement spécieuse. Elle introduit un rapprochement inapproprié entre les agresseurs et les agressés, d'une part, démontre que l'orateur est enfermé dans une mythologie remontant aux années 1970 impliquant que la rue soit tenue par une extrême gauche prompte à combattre violemment des groupuscules fachoïdes, d'autre part. Par ailleurs, il n'est pas possible sur le fond comme sur la forme de rapprocher extrême droite et extrême gauche, tant leurs projets et leurs valeurs sont éloignés, anti-républicains pour les uns, anti-privilèges pour les autres. Enfin, c'est Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls qui apportent la contradiction à notre premier secrétaire fédéral. Répondant aux amalgames odieux et répétés de Jean-François Copé et du FN qui exigeaient la dissolution des groupes de la gauche radicale, le gouvernement a rappelé les termes qui permettent la dissolution des ligues factieuses... si les groupuscules d'extrême gauche ou de gauche radicale avaient pu tomber sur le coup d'une accusation pour violence organisée, ni le Ministre de l'Intérieur ni le Premier Ministre ne se seraient risqués à le réfuter avec plus complète fermeté devant la représentation nationale. Ne nous trompons pas : ici, la violence organisée et morale est bien celle de l'extrême droite radicale, complice quoi qu'elle en dise du FN, lui-même accomodant avec elle.

mnl-bfm-332x205.png3- La stratégie de réduction du déficit mise en oeuvre serait la seule possible, elle donnera ses fruits dans 1 an pour ouvrir une nouvelle période qui permettra alors d'en redistribuer les fruits.. ou la rigueur racontée aux enfants. Avec comme codicile, le fait que personne ne proposerait à gauche d'alternative à cette politique. Sur ce dernier point, je rappelerai que Maintenant la Gauche a présenté le 22 avril dernier un plan détaillé pour la relance en France et en Europe, et je propose à notre camarade Rachid Temal de se plonger un peu dedans, ça lui fera le plus grand bien : télécharger le plan de relance écologique et social. Enfin, il convient de regarder la stratégie pour la réduction des déficits et de la dette telle qu'elle est mise en oeuvre.
logo_MLG_2-copie-1.jpgLa réduction drastique des dépenses publiques appliquée à tous les ministères (sauf ceux de l'éducation nationale et de la justice) donne-t-elle les résultats escomptés ? Non. L'objectif était d'atteindre les 3% de déficit en 2013, on sera à 3,7% de l'aveu même de Bercy et sans doute au-dessus. La dette elle-même s'est accrue de quelques milliards d'euros. En effet, la manière drastique de la mise en oeuvre d'une politique de rigueur que l'on conteste par ailleurs au niveau européen aboutit à empêcher la reprise économique. Personne ne conteste qu'il faille diminuer à long terme le poids de la dette, mais si un euro pour la dette serait effectivement un euro en moins pour l'éducation, selon l'expression consacrée, la logique devient difficile à tenir quand on perd encore des euros dans l'affaire. Une illustration ubuesque : la baisse de la dotation globale de fonctionnement pour les collectivités locales à hauteur de 4,5 milliards d'euros en 3 ans, alors que ces collectivités financent plus de 60% de l'investissement public, ne peut avoir que des effets négatifs sur l'activité économique et donc sur les recettes de l'Etat.

Frederic Faravel 14-07-20122014, 2015 et 2017 viendront plus vite que certains de nos camarades ne le pensent. Ils veulent inscrire l'action des socialistes dans la durée... nous aussi. Ils considèrent que nous sommes tous dans le même bateau et que si le gouvernement échoue nous plongerons avec lui... nous aussi. Raison de plus pour revenir à la raison et ne pas être renvoyés dans l'opposition en 2017 : pour cela il faut retrouver le sens de la gauche qu'attend l'électorat qui nous fait défaut aujourd'hui et opérer le tournant de la relance dont nos économies française et européenne ont besoin.

Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de la motion 3

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 14:56

Eric Dupin - slate.fr - 8 mars 2013

Economie, moeurs, évolutions institutionnelles... Le PS n'arrive plus à faire vivre le débat sur ces sujets en interne ou dans son dialogue avec le gouvernement, à tel point que celui-ci est remplacé par des pétitions d'élus dans les médias.

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- Plusieurs dirigeants socialistes, dont Martine Aubry, Harlem Désir et Jean-Marc Ayrault, lors du congrès de Toulouse, le 28 octobre 2012. REUTERS/Jean-Philippe Arles. -

Les socialistes français sont farcis de défauts mais on leur accorde généralement une rare vertu: ces gens-là savent débattre. L’histoire du PS est rythmée par des joutes politiques internes qui mêlent subtilement empoignades idéologiques et chicanes personnelles. Abritant une large gamme de sensibilités, qui vont du centre-gauche aux franges de la gauche radicale, ce parti n’est jamais aussi dynamique que lorsqu’il fait vivre sans complexes cette luxuriante diversité interne.

Or voici que le PS, revenu au pouvoir au printemps dernier, semble l’avoir oublié. Tétanisés par la crise, aspirés par les ministères, peu assurés de leurs orientations, les socialistes n’osent plus se parler franchement. Ils s’interdisent de débattre, au fond, de ce qui leur tient lieu de ligne.

Langue de bois massif

L’austère politique économique mise en oeuvre est résolument hors champ de discussion alors même qu’elle est loin d’emporter la conviction profonde des cadres socialistes. Leurs parlementaires maugréent, mais seulement à voix basse. «Oui, il y a des députés déprimés au sein du groupe, mais le débat sur une autre politique n’existe toujours pas», déplore ainsi Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes mais aussi secrétaire national à l’économie du parti.

Timorée comme jamais, la direction du PS n’ose prendre la moindre position qui gênerait l’exécutif, comme en témoigne la discussion qui s’est déroulée au bureau national du 12 février. Ce jour-là, les courants de la gauche du parti — Un monde d’avance de Benoît Hamon et Maintenant la gauche d’Emmanuel Maurel, rejoints en l’espèce par les représentants de la motion de Pierre Larrouturou — s’étaient unis pour présenter un texte appelant les parlementaires européens à rejeter le projet de budget adopté par le Conseil.

«Pas question de discuter d’un texte qui affaiblit le président de la République», leur a sèchement répondu Harlem Désir. Le premier secrétaire s’est empressé de faire voter, à la majorité, une motion qui «apporte son soutien total au président de la République dans son combat déterminé contre les conservateurs européens, face auxquels il porte avec courage et constance l’exigence d’une réorientation de l’Europe pour la croissance, l’emploi et la solidarité». Langue de bois massif.

Pour l’heure, le nouveau numéro un socialiste s’est limité à défendre le rôle propre de son parti en prenant position pour une application de la loi sur le non-cumul des mandats dés 2014. Mais, là encore, le débat interne a été évité. Un vote en ce sens a été acquis à l’unanimité, au bureau national du 19 février, alors que chacun sait que le gouvernement, avec la complicité de nombre d’élus socialistes, est partisan d’une mise en oeuvre de cette réforme à la fin du quinquennat.

Refuge dans la pétitionite

Privés de vrais lieux de débats internes — dans les instances du parti ou dans les réunions des groupes parlementaires —, les socialistes qui veulent s’exprimer en sont réduits à prendre publiquement l’opinion à témoin. C’est ainsi que s’est banalisée une étrange méthode: le recours à la pétition de la part de responsables politiques. Le procédé trahit cruellement l’impuissance douloureusement ressentie par les élus socialistes.

La première pétition de députés socialistes date de septembre dernier. Elle rappelait François Hollande à son engagement d’accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections locales. Moins cette promesse pouvait être tenue et plus il convenait de la brandir haut et fort.

En marge du débat sur le mariage homosexuel, partisans et adversaires de la procréation médicale assistée (PMA) se sont même affrontés à coup de textes. Cent députés socialistes ont pétitionné en sa faveur tandis que quarante autres s’y déclaraient opposés dans un courrier adressé à leur président de groupe, Bruno Le Roux.

Les tensions au sein du gouvernement ont aussi fait l’objet d’initiatives pétitionnaires visant à peser sur les rapports de force. A l’occasion de l’affaire Mittal, 90 députés socialistes et écologistes ont signé un texte soutenant la proposition d’Arnaud Montebourg d’une prise de contrôle publique temporaire du site de Florange.

Le non-cumul des mandats a, bien entendu, été concerné par cette fièvre de pression pétitionnaire. Par les temps qui courent, on ne cherche plus à convaincre une majorité dans les instances décisionnaires. On se contente de brandir sa vérité, avec ses pairs, pour prendre date. C’est ainsi qu’une quinzaine d’élus socialistes ont pu affirmer, par un texte rendu public en décembre dernier, qu’il était «urgent de remettre l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale».

Etonnamment, les socialistes les plus en phase avec l’exécutif se sentent eux aussi obligés de sacrifier au rite pétitionnaire. Pleins d’humilité, cent parlementaires du PS ont signé un texte appelant à retranscrire «dans la loi, sans en modifier l’équilibre, l’accord» conclu sur l’emploi en janvier entre certains partenaires sociaux.

Quelque peu grandiloquente, leur prose appelle à «dépasser les débats du XXème siècle entre lutte des classes et compromis réformiste» tout en se gardant de détailler le fond de cet accord auquel s’oppose vivement l’aile gauche du parti. Là encore, les socialistes n’en ont pas débattu.

Le parti court-circuité

Cette situation bizarre résulte d’un choix politique conscient du chef de l’Etat. François Hollande n’a pas voulu prendre le risque d’impliquer le PS dans la définition de sa politique. La désignation d’Harlem Désir comme premier secrétaire visait à confier la «vieille maison» à un homme pas trop gênant.

L’autre candidat à ce poste, Jean-Christophe Cambadélis, fut alors jugé plus dangereux. Le député de Paris confirme, d’une certaine manière, ces craintes en reprochant aujourd’hui à Hollande de ne point avoir mis le PS au «centre» de son «dispositif politique», contrairement à ce que fit François Mitterrand en son temps.

Dans les années quatre-vingt, le premier secrétaire du PS, Lionel Jospin, était assez étroitement associé aux grandes décisions prises en petit comité. Le parti, où s’affrontaient des courants de pensée affirmés, pesait alors d’un tout autre poids dans le jeu politique.

Ces temps-là sont révolus. La minorité de gauche qui s’était comptée lors du congrès de Toulouse d’octobre 2012 est relativement isolée et surtout victime de la rigidité d’une majorité qui s’abrite derrière sa position de force.

La crainte du débat est d’autant plus vive que le cap est flou. C’est parce qu’il entend garder les mains libres pour ajuster sa politique en fonction de circonstances que le président de la République ne veut pas que ses camarades en discutent.

dupin_0.jpgQui plus est, Hollande éprouve déjà quelques difficultés à maintenir la cohésion gouvernementale. On conçoit qu’il ne veuille pas que le parti soit source de problèmes supplémentaires.

Ce court-circuitage du parti n’en comporte pas moins de réels inconvénients. Il prive l’exécutif, aux prises avec une lourde impopularité, d’un utile capteur d’humeurs comme d’un précieux laboratoire d’idées. En l’absence de médiations partisanes, le pouvoir se trouve plus que jamais engagé dans un dangereux face à face avec l’opinion.

Eric Dupin

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 14:36

Même si peu d’importance leur ont été donnée par les médias et les instances nationales du Parti Socialiste, il me parait important dans l’analyse de la situation politique de consacrer du temps à l’examen des résultats des trois législatives partielles qui se sont conclues le 16 décembre dernier.
En effet comme le démontre notre camarade Gaël Brustier dans une note précise : « La droitisation n’est pas un jeu à somme nulle ».

Trois élections ont eu lieu les 9 et 16 décembre. Les trois circonscriptions sont traditionnellement détenues par la droite depuis plusieurs décennies.

L’abstention a été très forte, de vingt points supérieure à celle enregistrée en juin dernier. (58,46% dans l'Hérault, 63% dans les Hauts-de-Seine, 70,6% dans le Val-de-Marne).

Les sortants étaient UMP (92), UDI (94), PS (34).

L’annulation était liée à l’écart de voix dans le 34, aux faits que Messieurs Devedjian et Plagnol avaient des suppléants qui étaient déjà suppléants de Sénateurs.

Le 16 au soir les trois élus sont UMP.

Les candidats de la gauche gouvernementale sont, dès le premier tour, en net repli :

  • Dans le Val-de-Marne, Akli Mellouli chute au pre-mier tour, où il réalise 19,99% le 9 décembre contre 27,86% en juin ;
  • Dans l’Hérault, la candidate socialiste, a réalisé 27,73% le 9 décembre contre 29,04% en juin malgré un nombre de candidatures DVG en diminution ;
  • Dans les Hauts-de-Seine, Julien Landfried (MRC), au premier tour réalise 32,52 % contre 29,03% en juin, mais le total PS-EELV qui était de 40,6% se trouve donc réduit de plus de 8 points.

Le Front de Gauche reste globalement stable. Il perd en pourcentages dans l’Hérault. Mais il progresse dans les Hauts-de-Seine. Ainsi, dans la 13ème des Hauts-de-Seine, Pascale Le Néouannic progresse de 1 point mais perd, comme tous les candidats, des voix par rapport à juin.

Le Front National progresse partout modérément en pourcentage mais non en nombre de voix.

L’abstention joue aussi sur les seuils de qualification au second tour. C’est ce qui explique notam-ment la chute de France Jamet qui dépasse les 23% (contre 22,54% du candidat frontiste de juin (lequel avait surtout obtenu les 13,14% néces-saires à sa qualification.

Il faut toutefois se garder de conclusions définitives sur les dynamiques du FdG ou du FN : c’est au cours des municipales qu’il faudra analyser leur situation.

Au second tour, Julien Landried obtient 39,94% des voix, Dolores Roque obtient 38%.

Les résultats sont, à chaque fois, dus, à une moindre démobilisation du camp du vainqueur par rapport à ses adversaires.

Cela a une signification forte. L’électorat de droite s’est moins démobilisé ou plus mobilisé. Celui de gauche, s’il s’est démobilisé, est-il est voie de désaffiliation ? C’est une question fondamentale, à laquelle on ne peut répondre sur la base de cette seule triple partielle.

En revanche, il serait trop simple de résumer la dynamique de la droite à la dynamique des sortants. Il est remarquable de constater que, dans le Val-de-Marne, le candidat de l’UDI, Henri Plagnol, est battu par un candidat de l’UMP. Cela relativise l’argument de la légitimité des sortants pour ren-forcer celui d’une fusion des électorats couplée à la rentabilité électorale d’une posture de droite revendiquée et assumée.

C’est un nouveau symptôme de la puissance de la droitisation en matière de sociologie électorale.

Dans la 13ème circonscription des Hauts-de-Seine, la grande professionnalisation de la campagne de Julien Landfried (porte à porte systématique) n’a pas enrayé la « loi de la gravité » qui a fait chuter le candidat de 10 points par rapport à juin.

Car si ces élections ont un sens, c’est bien de celui du renforcement de deux phénomènes :

  • D’une part, les Français ne sortent pas de l’alternance de vote entre deux partis (PS et UMP) : FN comme FDG semblent dans l’impasse ;
  • D’autre part, loin de se focaliser sur le seul Front National, la contestation passe par une droite en cours de fusion et non par l’extrême gauche.

La droitisation n’est pas un jeu à somme nulle.

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 15:03

Alors que 99% des responsables du Parti Socialiste, de ses parlementaires et la totalité des ministres promettaient un congrès administratif, sans d'autre enjeu que de valider une modification de sa direction décidée ailleurs, sans d'autre discours que d'affirmer un soutien à la réussite du gouvernement (ce que tous les socialistes souhaitent), les militants socialistes ont déjoué les pronostics.

discours_Maurel_samedi.jpgIls les ont déjoués en apportant près de 14% des suffrages à la motion 3 "Maintenant la Gauche" portée par Emmanuel Maurel (alors qu'on annonçait que le ralliement des amis de Benoît Hamon à la motion autoproclamée du rassemblement signifiait un effondrement de la gauche du PS) et près de 12% à la motion 4 "Osez. Plus loin, plus vite", portée par Stéphane Hessel et Pierre Larrouturou. Ils ont amplifié ce message en apportant près de 28% des suffrages à Emmanuel Maurel qui disputait à Harlem Désir le poste de Premier Secrétaire... Ce dernier a ainsi réussi l'exploit de réunir sur son nom moins de suffrages que ceux reccueillis par la motion dont il était le premier signataire.

Ainsi, avec la motion 3, les militants socialistes ont mis tous les débats sur la table... pas sous le tapis : la nécessité d'une réorientation réelle de la construction européenne, malgré l'adoption contre-nature du Traité Merkozy par les parlementaires UMP et PS ; l'interrogation du bien fondé de la marche forcée pour la réduction des déficits publics alors que notre pays frôle la récession ("3% c'est pas maintenant !") ; la nécessaire augmentation des revenus pour les classes moyennes et populaires ; la manière de s'engager réellement dans la transition énergétique avec la sortie du nucléaire et l'interdiction de l'exploitation des gaz de schiste ; la poursuite de l'approfondissement de la démocratie par la VIème République que tous les responsables socialistes semblent avoir oublié...

La plupart des débats ont donc été tranchés par les militants lors des votes des 11 et 18 octobre. Les réflexes légitimistes qui existent dans le Parti Socialiste ont permis à la motion 1, conduite par Harlem Désir, d'afficher formellement une majorité confortable. Elle est cependant minée, nous le savons, par de très graves dissensions internes sur le fond et entre personnalités concurrentes (Peillon, Moscovici, Montebourg, Valls, Rebsamen, etc.) qui attendent que la succession de François Hollande soit ouverte pour 2022. Mais il est marquant que la motion qui souhaite durablement ancrer le PS à gauche soit sortie renforcée de ce congrès alors qu'on l'annonçait mourrante en septembre. Avec 14%, elle réunit l'essentiel des suffrages de la motion C en 2008, sans le soutien de Benoît Hamon, Henri Emmanuelli, de Jean-Luc Mélenchon (depuis parti fonder le PG) et de la 20ne de parlementaires de la sensibilité "Un Monde d'Avance". Avec 28%, Emmanuel Maurel rassemble sur son nom plus de suffrages qu'aucune motion ou qu'aucun candidat de la gauche du PS dans l'histoire de ce parti (Rappelons que Benoît Hamon n'avait reccueilli que 22,5% en novembre 2008).

Cependant, quand on connaît l'organisation des congrès socialistes, on pouvait s'attendre à ce que ces messages ne soient pas forcément visibles. On risquait de s'ennuyer ferme, après des débats dans les sections et les fédérations de qualité.

C'était sans compter la nécessité pour de nombreux cadres socialistes de tenir compte du message des militants et de faire face à la contre-offensive des conservateurs et du patronnat. Face au débat imposé sur la compétitivité, les socialistes ont fait front pour rappeler que nos priorités ne sauraient se satisfaire des exigences de puissances de l'argent et qu'il était temps de développer une véritable politique industrielle française et européenne.

Martine Aubry elle-même est venue rappeler qu'augmenter la CSG et la TVA pour compenser une baisse des cotisations patronales ne serait pas un "choc de compétitivité" mais un choc contre le pouvoir d'achat des Français, donnant ainsi raison à une bonne partie des analyses de la motion 3. Au passage, nous avons pu voir, tout au long du discours de Martine Aubry, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault raturer de nombreux paragraphes de son discours ; l'ex-première secrétaire a fait une forte intervention, saluée avec enthousiasme par les congressites, contraignant le Premier Ministre à faire un "discours de la méthode".

C'est à Emmanuel Maurel qu'est revenu assez logiquement la mission de rappeler le rôle des socialistes, juste après l'intervention de Martine Aubry. « Pour nous, contrairement à la droite, le pouvoir n’est ni une évidence, ni une fin en soi. Un moyen au service d’une cause qui nous dépasse. Nous n'avons rien oublié de ce qu'il y a de beau et de spontané dans le socialisme, ce cri de la conscience humaine qui se dresse face aux injustices, cette révolte de tous les outragés, des gens de peu et des gens de rien. Nous n'avons rien oublié de ce qui fait que nous sommes là : Le combat inlassable contre le fascisme, contre le racisme, pour les libertés publiques. Le combat pour une société laïque émancipée de la tutelle de tous les clergés. Et quand je dis clergés, je ne parle pas seulement de religion, je parle aussi de l’argent, du tout marché, qui s’insinue partout, jusque dans les écoles. Une société laïque, c’est aussi une société qui se refuse à accepter que l’argent soit la mesure de toute chose, qui met l’homme au coeur de ses préoccupations.
Nous n’avons rien oublié de notre mission historique ; la redistribution des richesses, la réduction des inégalités, l’approfondissement de la démocratie.
Nous n'avons pas oublié d'où nous venons, et pourquoi nous sommes là.
Nous n'avons rien oublié du message de nos illustres prédécesseurs. Notre héritage, c'est le partage! Oui, nous sommes les héritiers des partageux! Partage des richesses, bien sûr mais aussi partage des savoirs (le rôle de l'éducation, la priorité à la culture), partage des pouvoirs : la démocratie jusqu'au bout dans l'entreprise, sur le lieu de travail, et toutes les formes de la démocratie : la démocratie directe, la démocratie participative, parce que nous n'avons jamais eu peur du peuple souverain ! »


Emmanuel Maurel - Congrès de Toulouse par PartiSocialiste

C'est à nous d'apporter des réponses aux attentes sociales des Français et cette réponse est indispensable dans le temps du mandat sous peine de les voir se détourner de nous.

Maurel_AG_Motion_3.jpgMais la dynamique avait été enclenchée la veille lors de l'Assemblée Générale de la motion 3 dans la salle Capitole, derrière de vagues paravents. Ce manque d'intimité n'a pas empêché les camarades de la motion 3 de débattre. Emmanuel Maurel a attaqué fort en « Soyons fiers de ce que nous avons fait. Ce n’est qu’un début, nous allons faire vivre ensemble un beau courant de pensée dans le Parti socialiste, nous allons être utile à la gauche ! ». Toutes les interventions qui ont suivi ont confirmé cette dynamique.
Gérard Filoche, a rappelé le rôle historique du PS comme lieu de formation militante et de lien fort avec le mouvement social. Il a rappelé que les questions politiques sont devant nous sont un « concentrée de politique : l’augmentation des salaires, c’est le premier signe de redistribution de la richesse. » Il a appelé à la « constitution d’un courant organisé de manière démocratique ». Marie Noëlle Lienemann a estimé que nous avons fait la preuve que le Parti socialiste ne se résignait pas à être aphone ou godillot : « Vous avez fait le plus important vous avez créé un rapport de force. » « Quelle tête aurait ce congrès si personne n’avait posé la question de l’austérité, du rôle de l’état stratège. Nous avons posé les bonnes questions. Tout reste à faire. (…) Les français ont dit que l’économie devait être maitrisée par la politique. (…) Notre compétitivité est menacée par la privatisation des outils de production et l’abandon de la recherche publique. » Nicolas Pagnier a exprimé sa fierté au regard du contenu de notre motion entre la gauche du parti et la gauche écologiste du parti on n’oppose pas le progrès social et l’écologie. Il a souhaité que nous engagions une campagne dans le parti socialiste pour l’organisation d’une convention nationale sur la transition énergétique. AG_motion_3_Toulouse.jpgOlivier Thomas a demandé que le congrès continue dans la durée et que nous marquions le congrès comme nous l’avons fait dans les débats de sections et les débats fédéraux, et il a proposé que nous fassions une résolution de congrès sur la compétitivité. Gérard Berthiot a souhaité rappeler que sur la question des dépassements d’honoraires, la reculade que nous venons de connaître est un signal inquiétant. Il a proposé de préparer une résolution sur les licenciements boursiers. Ugo Lanternier a expliqué comment la motion était passée d’une situation marginale à devenir un pivot de la fédération de Seine Saint Denis et a fait part de son optimisme pour la suite. Thomas Risser a souhaité attirer l’attention de tous les délégués sur la faible participation aux votes du congrès. Il a fait part de son inquiétude sur la capacité du parti à redonner la parole aux militants. Sur la question de la précarité il a complété en indiquant que les inégalités salariales et la précarisation étaient également installées dans la fonction publique. Claude Touchefeu a indiqué qu’elle était fière du travail accompli. Et a rappelé le moment douloureux et difficile du choix vis-à-vis d’UMA. « On a réussi à ne pas faire enterrer la gauche du Parti. Il ne s’agit pas simplement d’avoir marqué ce congrès. Il faut que nous nous donnions des temps de campagne à l’intérieur du Parti sur ce que nous avons demandé sur les 3 campagnes » Nous avons donc décidé de préparer une résolution sur la compétitivité et le pouvoir d'achat. cliquez sur le lien pour télécharger la résolution

Durant la journée du samedi, les militants "activistes" du PSE avaient également commencé à débattre des conditions politiques pour que le Parti des Socialistes Européens proposent une véritable alternative démocratique et sociale concertée aux politiques conservatrices et austéritaires en Europe, déconnectée des vieilles lunes sociales-libérales à la Tony Blair et à la Gerhard Schröder (comme pouvait le laisser espérer l'intervention de Sigmar Gabriel, président du SPD, la veille devant le congrès).

Cependant, à notre grande surprise, dimanche matin, la nouvelle direction du PS autour d'Harlem Désir avait refusé que la résolution dont nous avions achevé la rédaction la veille soit soumise au vote du congrès. Pour la première fois, alors que tout se passait bien jusque là, un congrès du Parti Socialiste se terminait sans voter de résolution ; une résolution qui par ailleurs allait dans le sens des dizaines d'intervenants qui s'étaient succédés à la tribune pendant deux jours, dans le sens des délégations syndicales de PILPA et SANOFI reçues la veille !

Au lieu de cela, il avait été décidé que s'exprimeraient 10 représentants de la motion 1 à la gloire du nouveau Premier Secrétaire... Il y a de quoi être quelque peu étonné de telles pratiques anachroniques.

Frederic_Farave_Harlem_Desir.jpgPourtant, le discours d'Harlem Désir est venu apporter une conclusion positive et forte à ce Congrès de Toulouse : le Premier Secrétaire semble vouloir s'engager fermement dans la contre-offensive contre la droite et l'extrême droite, soutenir nos revendications sur le mariage pour tous et le droit de vote des étrangers... Harlem Désir a également proposé que deux conventions soient soumises aux militants sur la réorientation européenne et la transition énergétique, deux conventions exigées depuis le début du congrès par la motion 3. C'est donc prometteur, mais nous jugerons aux actes et surtout nous rappellerons que la contre-offensive doit être portée face au patronnat et à l'argent qui corromp.

On ne sait pas encore comment agira Harlem Désir... Aura-t-il la force pour imposer son leaderhsip face aux chapelles de ministres ? si oui il saura trouver en nous des partenaires... Aura-t-il l'intelligence de faire autre chose que d'être le porte-parole du gouvernement ? si oui il pourra compter sur nous pour préparer l'avenir... Saura-t-il élargir le rassemblement de la gauche à toutes les forces qui veulent la transformation sociale ? si oui, il nous trouvera à ses côtés...

Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de la motion 3 dans le Val-d'Oise

tribune_cloture_congres.jpgNB : aux côtés d'Emmanuel Maurel, qui représentera la motion 3 au conseil et au bureau nationaux du PS, Adélaïde Piazzi siègera dans la commission nationale des conflits et Frédéric Faravel au sein du bureau national des adhésions.

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