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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 11:00

logopriogauche270x110.jpgI- Garantir l'élaboration collective de l'orientation du Parti socialiste 

Comment faire vivre le débat d’idées au PS, texte contre texte et non personne contre personne, dans un contexte «anti-courants» notamment chez les nouveaux adhérents ? 

Aujourd’hui, le système des courants est fréquemment attaqué. Il serait responsable de tous les maux du PS : flou idéologique, écuries présidentielles et guerre des chefs, sclérose du parti… 

Attention ! Ne nous laissons pas intimider par les offensives quelques peu démagogiques et populistes du moment. Devant des militants relativement récents, qui n'ont pour référence que l'image donnée par les médias du PS depuis plusieurs années et la course à la désignation de l'automne 2006, il est assez facile de jeter le bébé avec l'eau du bain et d'accuser son chien d'avoir la rage pour l'achever. En l'occurrence, il s'agit de refuser d'assumer les erreurs de la campagne en mettant en cause le fonctionnement interne PS pour expliquer la 3ème défaite consécutive (ce type de prétexte et de conclusion n'existe pas dans les autres parti sociaux-démocrates pourtant). 

Passons dans la proposition plutôt que dans la condamnation :
Quel système permettrait à la fois d'élaborer collectivement l'orientation politique du Parti et de désigner en cohérence ses dirigeants et ses candidats ?
 

Rappelons au passage que la seule période durant laquelle le socialisme français ait rompu avec la proportionnelle et fonctionnement en tendance, sur proposition de Léon Blum mais appliqué par Guy Mollet, de 1946 à 1966, fut un désastre pour notre famille politique : scissions multiples, perte de substance idéologique et programmatique, faillite stratégique, déclin électoral… 

La transformation des courant en écuries découle essentiellement de la présidentialisation du PS et du manque de courage politique des sensibilités qui soutenaient nombre de candidats potentiels à l'investiture du PS : Socialisme & Démocratie, les amis de Laurent Fabius jusqu'en 2004, Réfomer, etc. sont autant de chapelles qui ont préféré se fondre dans une même motion pour neutraliser leurs adversaires potentiels jusqu'à 2006 et ne pas avoir à s'exposer sur des clivages forts donc risqués. On en voit les conséquences sur la présidentielle de 2007 et plus durablement depuis 1997 avec l'absence de réflexion profonde du PS sur des débats fondamentaux et l'absence de renouvellement idéologique pourtant nécessaire avec l'évolution de l'environnement national, européen et mondial surtout du point de vue des dossiers économiques et sociaux. 

Quoi qu'on en pense il n'est pas possible de faire le même reproche aux minoritaires dans le Parti depuis 1997 et surtout 2003 ; in fine, aucun candidat potentiel à l'investiture du PS en 2006 ne figurait parmi les signataires des motion C et E du congrès de Dijon. 

1- Le principe des motions et de la synthèse s'oppose-t-il à un victoire socialiste ? 

Dans sa mouture de Villepinte le pacte présidentiel n'était pas si éloigné du projet des socialistes, issus de la motion de synthèse, des États-Généraux du Projet socialiste et des négociations marathon du bureau national. Mais médiatiquement le Pacte présidentiel fut peu analysé, passant derrière l'analyse des sondages réalisés au moment de sa déclamation ; l'équipe de campagne de Ségolène Royal en a profité pour naviguer à vue, développer des arguments en fonction de l'air du temps et finalement mener campagne sur des thématiques soit mineures, soit en décalage complet avec le projet socialiste et les attentes de l'électorat (il n'est donc pas juste de dire que l'influence de la gauche du PS sur le projet socialiste serait la cause de la défaite puisque ses propositions n'ont pas réellement été mises en avant par la candidate). 

En soi, on peut partager une partie de l'argument sur les effets stérilisants de la synthèse du Mans. Le texte de départ était déjà invertébré politiquement, fruit d'un compromis laborieux et d'une volonté partagée de taire tout clivage majeur entre différents postulants à l'investiture présidentielle (Hollande, Royal, Strauss-Kahn, Jospin, Aubry…), que beaucoup pouvait séparer, mais la motion 2 a accepté la synthèse dès le début de la commission des résolutions sans amender le texte de la motion 1 (pour des raisons finalement comparables au compromis présidant à l'élaboration de la motion 1) et bien que la motion 5 ait obtenu des avancées notoires de la part de la commission des résolutions, on peut toujours s'interroger sur la pertinence stratégique d'avoir finalement accepté une synthèse dans le contexte d'un vaste marché de dupes… Sans rejoindre les scissions portées par Arnaud Montebourg et Gérard Filoche, bien des camarades de NPS sont restés dubitatifs sur le choix de novembre 2005. 

L'intégralité des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes européens fonctionnent avec une majorité interne qui donne la ligne et une opposition, ce n'est pas en soi une dérive inéluctable avec le social-libéralisme. Reconnaissons pour le déplorer que les gauches des partis en question n'ont pas réussi à faire valoir la pertinence de leurs arguments, parfois aussi parce qu'elle était trop faible, alors que les tenants d'une ligne blairiste ont pu pendant un temps revendiquer la cohérence de leurs propositions et l'efficacité de leur stratégie. Ce moment politique s'éteint désormais mais le problème reste entier pour les partisans de réelles organisations politiques de transformation sociale. C'est l'ensemble de la sociale-démocratie mondiale qui doit réviser son analyse et ses propositions face à l'obsolescence visible de ses outils traditionnels. 

Une chose est sûre c'est que dans l'opposition, un parti n'a aucun autre ministère que celui de la parole ; il ne peut donc être audible que si cette parole est cohérente et répétée. L'efficacité pose donc le problème du sort qui est fait à la minorité d'un parti, et de l'espace qui lui est octroyé pour qu'elle s'exprime sans donner l'impression qu'il y aurait une division profonde de l'appareil qui nuirait à la crédibilité de l'ensemble. Donc s'il n'y a pas de synthèse à l'issue d'un congrès, il faut définir quelles sont les garanties de maintien de la démocratie interne et sans doute multiplier les rendez-vous de débats et construction thématique entre chaque congrès qui permette d'élaborer collectivement les propositions du parti dans le respect de la ligne majoritaire. Cela dépend également de ce que l'on demande (et comment ?) aux militants de trancher à l'occasion d'un congrès ordinaire (nous y reviendrons). Plus largement il y a nécessité de plaider une véritable évolution des comportements personnels chez les responsables socialistes, qui ne sont pas plus les uns que les autres disciplinés tant qu'un micro leur est tendu. Les médias jouent de ces comportements et il sera difficile de leur demander de devenir plus sages avec nous.

[à suivre...]

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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 10:03
 
Contribution à l'atelier "Réinventer le PS" de la rencontre militante du 22 septembre pour réinventer la gauche 
logopriogauche270x110.jpg

Intro :
Un parti qui vit mal le décalage entre les institutions actuelles et ses valeurs démocratiques

Le Parti socialiste doit-il céder à la présidentialisation ?

Le PS est confronté à une contradiction politique majeure. Son idéal et le mode de fonctionnement qui lui est naturellement associé le conduise à défendre une vision parlementaire et proportionnelle de la vie démocratique nationale et partisane. A contrario, les institutions de la Vème République – et plus encore depuis l'inversion du calendrier en 2000 et l'accession à la présidence de Nicolas Sarkozy en 2007 – poussent à la présidentialisation et sur la personnalisation du régime politique.

Bien que les élections législatives de 1997 – anticipées sans véritable justification – aient permis à la gauche d'accéder au pouvoir, le PS ne peut abandonner la course à la présidence de la République ; la concentration d'un certain nombre de pouvoir y est telle que nombre de réformes majeures ne peuvent se faire qu'avec l'occupation de l'Élysée par un socialiste. La difficulté tient également dans le fait que les deux présidences Mitterrand n'ont pas constituer une véritable rupture dans la manière d'exercer le pouvoir et n'ont pas permis de renforcer la parlementarisation du régime.

Dans ses conditions, il est naturel que dans le PS s'expriment des opinions visant à mettre en phase nos discours avec la réalité. Que ce soit Jack Lang ou François Rebsamen, cette tendance est clairement affirmée, même si elle est aujourd’hui minoritaire (et encore). Nous ne pouvons pourtant pas céder sur nos principes démocratiques fondamentaux, le prochain ou la prochaine candidat(e) socialiste à l'élection présidentielle devra s'engager à mettre en œuvre une profonde réforme de nos institutions, qui l'apparente à l'instauration d'une VIème République… Autant qu'il s'agira de la perle rare, dotée d'une profonde abnégation, car la personne qui ainsi choisira d'abdiquer la plus grande partie du pouvoir exécutif en faveur du gouvernement responsable devant le parlement, le fera après 5 années d'hyper-présidence Sarkozy.

Cependant, il est vrai que le PS doit prendre en compte la réalité pour se donner le maximum de chances d'accéder de nouveau au pouvoir. Cela passe aujourd’hui immanquablement par l'élection présidentielle, car du fait des choix politiques réalisés entre 2000 et 2007, une dissolution de l'Assemblée nationale portant au pouvoir l'opposition de gauche paraît peu probable. L'analyse des campagnes présidentielles de 2002 et 2007 doit nous conduire à faire des propositions cohérentes pour ne pas reproduire les erreurs qui ont conduit à deux échecs présidentiels sur les trois consécutifs.

Avouons sans détour et sans pour autant cautionner les conclusions qu'en tirent Ségolène Royal et ses amis, que la dichotomie entre la candidate et le Parti et son programme ont posé problème… Il n'est pas de la seule responsabilité du PS puisque la stratégie de Ségolène Royal a consisté à peser sur la désignation de l'extérieur en profitant d'une modification profonde et non préparée des modalités d'adhésion au PS quelques mois avant la désignation du (de la) candidat(e).

Mais il apparaît clairement quelques enseignements suivants :

  1. dans un contexte où le premier secrétaire n'était pas le candidat du Parti à la présidentielle et ne s'est pas présenté pour obtenir son investiture, la candidate socialiste a été désignée tardivement avec une procédure de débat qui aurait pu handicaper par la suite n'importe lequel des trois candidats ;

  2. le projet socialiste a été élaboré avant la désignation de la candidate, les débats ne pouvaient donc porter sur le projet présidentiel sauf à se distinguer du programme socialiste, ce qui était risqué dans un sens comme dans une autre ; la part d'image et de sondages ne pouvait également être que prédominante dans un tel contexte ;

  3. le projet socialiste a lui-même été bâti tardivement à partir d'une synthèse virtuelle lors du précédent congrès – non pas que les amendements qui furent intégrés à la synthèse finale du Mans furent de portée mineure, mais que les tenants des motions 1 et 2 n'ont pas forcément voulu réellement cette synthèse accepté à contre cœur dans le but de donner une image de rassemblement à la vieille de l'échéance présidentielle. Les principaux dirigeants du PS n'ont pas fortement participé aux débats qui ont précédé l'élaboration du PS ou sur des questions de détails ;

  4. La démocratie participative a été largement dévoyée dans la première phase de campagne pour justifier des marges de manœuvres vis-à-vis du projet socialiste. Pourtant dans sa mouture de Villepinte le pacte présidentiel n'était pas si éloigné du projet initial, mais passant plus ou moins inaperçu, l'équipe de campagne de Ségolène Royal en a profité pour naviguer à vue, développer des arguments en fonction de l'air du temps et finalement mener campagne sur des thématiques soit mineures, soit en décalage complet avec le projet socialiste et les attentes de l'électorat (il n'est donc pas juste de dire que l'influence de la gauche du PS sur le projet socialiste serait la cause de la défaite puisque ses propositions n'ont pas réellement été mises en avant par la candidate).

Dans ces conditions, le PS doit désormais éviter deux contre-exemples :

  • Celui du Parti démocrate américain qui au niveau national et présidentiel limite essentiellement son rôle à la sélection des candidats à la présidence de l'Union, le programme politique se faisant depuis l'extérieur sous l'influence de lobbies très organisés (et qui parfois défendent de réelles positions politiques), parfois en fonction du poids financier de ses lobbies et dépendent essentiellement des arbitrages que feront les équipes de campagne du (des) candidat(s) en cours de campagne électorale, sans qu'il n'y ait jamais de réelle validation politique par les militants, réduits au rôle de supporters et de bénévoles ;

  • Celui du Parti radical français qui s'est replié sur ses bastions électoraux locaux après avoir longuement pesé sur les destinées nationales, pour avoir renoncé à toute volonté de transformation sociale, de construction d'une base militante réelle, composés essentiellement d'élus locaux et fonctionnement quasiment par cooptation.

La Gauche du PS doit donc désormais adapter son discours politique aux nouvelles réalités du système français tout en conservant ses objectifs majeurs :

  • il faut continuer la promotion d'une VIème République plus parlementaire et plus sociale et peser de tout notre poids pour que le prochain candidat socialiste à la présidentielle prenne des engagements clairs et publics en ce sens. Dans le même ordre d'esprit, nous devons poursuivre notre travail de rénovation des pratiques politiques, des comportements publics et l'approfondissement de la démocratie partisane ;

  • le candidat socialiste à l'élection présidentielle doit être en phase avec son parti ; c'est lui qui mène les socialistes à la bataille, c'est lui qui conduit préalablement la réflexion collective sur le projet à défendre devant la société française. Il est donc nécessaire que la question du leadership soit tranchée en amont de l'élection (au moins 1 ans ½ ou deux ans avant), en lien avec les procédures d'élaboration du Parti socialiste.

    [à suivre...]

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16 septembre 2007 7 16 /09 /septembre /2007 10:27
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13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 12:24
Un Nouveau Parti Socialiste pour Réinventer la Gauche
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Place du Panthéon
Paris 5ème (RER Luxembourg)
Samedi 22 septembre - Journée de réflexion
Programme
10h - Accueil par Guillaume Balas, Conseiller Régional d’Île-de-France

10h30 – 12h :
Table ronde "Quel avenir pour la Gauche?"
  Claire Villiers, Vice-présidente du Conseil Régional d’Île-de-France, Alternative Citoyenne
  Laurent Baumel, Responsable National aux Études du Parti Socialiste
  Pascal Cherki, Adjoint au Maire de Paris

12h – 13h30
Déjeuner libre

13h30 – 15h30 : Ateliers
«La politique de redistribution des richesses : comment renouveler le pacte social ?»
Intervenant :
 Pierre Concialdi, Économiste

«Comment reconquérir le vivre ensemble dans une société qui fait primer l’individu sur tout ?»
Intervenants :
 Mohammed Mechmache, Président d’AC! Le feu
 Eric Polian, Consultant en droit du travail

« Réinventer le PS »
Intervenante :
 Barbara Romagnan, Secrétaire Nationale du PS à la rénovation

15h30 – 16h : Comptes-rendus des ateliers

16h Clôture
Benoît Hamon, Député Européen, Membre du Bureau National du Parti Socialiste, secrétaire national au Projet européen
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 23:47
Le texte suivant appartient à un travail plus important que je mène depuis plusieurs semaines et que j'ai soumis avec quelques camarades. Il est par ailleurs publié sous mon nom sur le site de Gauche Avenir dans la rubrique " La bataille des idées, «l’hégémonie» culturelle" des contributions des signataires de l'appel de Gauche Avenir.
bonne lecture
Frédéric FARAVEL
La Bataille Culturelle doit revenir au cœur du logiciel de la gauche si elle veut non seulement revenir au pouvoir mais également transformer la société.

Nous n'avons pas subi en 2007 la même indifférence que nous rencontrions en 2002. Mais le malentendu constaté alors n'a pas disparu : des candidats et des militants de gauche s'efforçant de convaincre ; des électeurs ne s'intéressant le plus souvent qu'à ce que leur vote pourrait leur rapporter à eux. Plus personne pour restituer ses difficultés dans un contexte global, pour se revendiquer d'un camp ou d'une classe. Nous avons récolté, sans doute, ce que nous avons nous-même semé : individualisme et scepticisme. Si bien que le bilan de la gauche n'a été lu qu'à l'aune des profits individuels qu'il a pu dégager pour chacun. Cet éclatement de la demande sociale auquel nous avons voulu prêter les vertus d'une autonomie synonyme d'émancipation individuelle, est en fait le produit venimeux de la libéralisation culturelle de la société. Elle s'accompagne d'une culture délétère du non-conflit, du «zéro risque» ; d'accord pour le progrès collectif, tant qu'il ne me nuit pas, et surtout qu'on ne me demande pas de me battre pour le faire avancer, tel est le nouveau mot d'ordre de ceux qui ne pensent leur rapport à la société que sur le mode de la consommation… Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Nicolas Sarkozy en dressant une partie de la population contre l'autre, et faisant croire aux membres de son auditoires ou à ses téléspectateurs, qu'ils ne seront justement jamais ces «autres» (immigrés, chômeurs, oisifs, jeunes donc délinquants, fonctionnaires nantis que l'on remettra au pas…), a pu duper son monde et donner à penser que l'on sortait du non-conflit et du «zéro risque».
[...]
Télécharger l'intégralité de l'article en cliquant ici.
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 23:34
Le texte suivant appartient à un travail plus important que je mène depuis plusieurs semaines et que j'ai soumis avec quelques camarades. Il est par ailleurs publié sous mon nom sur le site de Gauche Avenir dans la rubrique "Les causes profondes de l’échec de la gauche le 6 mai 2007" des contributions des signataires de l'appel de Gauche Avenir.
bonne lecture
Frédéric FARAVEL
1-    Le résultat électoral d'une nouvelle synthèse de la Droite  :

Lors de la campagne de l'élection présidentielle, nous avons assisté - malgré un traitement médiatique moins caricatural (sans être suffisamment impartial) - à un véritable zapping politique dans lequel la Gauche n'a pas su développer un véritable projet de société face à deux dangers majeurs :
➔    les projets ouvertement nationalistes, xénophobes et réactionnaires de Le Pen et Villiers ;
➔    le développement insidieux mais profond et réfléchi d'un projet réactionnaire et ultra-libéral du candidat Sarkozy qu'il n'est plus possible de qualifier de républicain tant il a déconstruit les valeurs républicaines de Liberté, d'Egalité et de Fraternité.

À titre d'exemple, la proposition de M. Sarkozy d'instaurer un «ministère de l'immigration et de l'identité nationale» renoue avec une tentation politique plus contemporaine, qui avait saisi la droite dès 1984. Le Front national, inspiré par les penseurs de la Nouvelle Droite, venait alors d'ériger la défense de l'identité française menacée, en cheval de bataille. Le RPR et Valéry Giscard-d'Estaing lui emboîtèrent le pas en prônant une réforme du code de la nationalité directement inspirée par Jean-Marie Le Pen. 20 ans après, Nicolas Sarkozy a repris le flambeau, non sans avoir imperceptiblement franchi un cap. Cette fois, il brandit la menace sur l'identité nationale non pour barrer l'accès à la nationalité française, mais pour empêcher l'entrée de certains étrangers sur le territoire. Outre que la volonté de concevoir une politique migratoire n'a de pertinence qu'à l'échelle européenne et certainement pas au niveau national, le nouveau président de la République oubliait au passage que les valeurs républicaines dont il fait mine de se réclamer - égalité homme-femme, laïcité -, déjà fermement protégées par la législation, sont loin de ne concerner que les étrangers. L'obligation de parler français et de suivre une formation civique, elle, est déjà obligatoire pour l'obtention d'une carte de résident. La nouvelle antienne du candidat qu'était alors Sarkozy fut pourtant habilement choisie : elle pointe les divisions de la gauche sur la question de l'assimilation, l'approbation, par une large partie de l'opinion publique, du lien entre immigration et identité nationale inclut probablement des électeurs issus de l'immigration, soucieux de refermer la porte derrière eux. Les enfants de ceux-là mêmes qui, récemment encore, étaient déclarés "inassimilables".
[...]
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 14:08

Cap à droite : une stratégie perdante,

 

par Philippe Marlière


Maître de conférences en science politique à l’université de Londres, Philippe Marlière prévient le Parti socialiste : l’ouverture au centre de la gauche italienne s’est soldée par un échec.
 
Ségolène Royal l’a affirmé à plusieurs reprises : un accord électoral ou organique avec le MoDem – une formation de centre droit – est aujourd’hui envisageable pour le Parti socialiste. Dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, Mme Royal n’avait pas exclu de nommer François Bayrou au poste de Premier ministre, en cas de victoire contre Nicolas Sarkozy. Sévèrement battue au 2nd tour, et en dépit du médiocre report des voix bayrouistes sur sa personne, Ségolène Royal a continué de défendre l’idée d’un rapprochement entre le PS et le MoDem. Elle a même prédit que «des choses allaient se passer» entre les deux partis à l’occasion des prochaines élections municipales. Éprouverait-elle quelque nostalgie pour les manœuvres d’appareils de la IVe République, période pendant laquelle la SFIO a souvent géré le pays aux côtés des démocrates-chrétiens ? Ou alors, souhaiterait-elle rejouer la partition de l’ouverture rocardienne des années 1988-1991, qui se solda par la débâcle électorale de 1993 ? Ou encore, tenterait-elle de s’inspirer de la gauche italienne ? Cette dernière hypothèse paraît plausible, car Ségolène Royal suit depuis quelque temps avec intérêt l’ouverture au centre pratiquée par les Démocrates de gauche (DS), le pendant italien du PS.
 
En octobre prochain, les «socialistes» de DS et la nébuleuse démocrate-chrétienne et libérale de la Marguerite se fondront en un parti unique qui s’appellera – comme son modèle étatsunien – le Parti démocrate (PD). Ce parti ne sera ni socialiste ni de gauche. Cette alliance du centre, organique, va toutefois se dérouler dans des conditions très différentes pour la gauche de ce qui aurait pu advenir dans les années 1970. Aux élections de 1976, le PCI (dont sont issus les DS) venait de recueillir 34,4% des voix, alors qu’aujourd’hui les DS peinent à rassembler plus de 15% sur leur nom. Que s’est-il passé entre-temps ? Un recentrage idéologique, politique et, aujourd’hui, structurel des DS. Ces derniers ont volontairement tourné le dos à la culture égalitaire et solidaire de la gauche post-communiste depuis le début des années 1990. Cette stratégie idéologiquement motivée produit aujourd’hui des effets désastreux au sein de la gauche italienne.
 
Lorsque le PCI s’est transformé en Parti démocratique de la gauche (PDS) en 1991, la majorité des ex-communistes refusèrent la voie social-démocrate sociale et radicale. Le PDS privilégia un recentrage politique autour de sujets «sociétaux», au détriment d’engagements pour la justice sociale et de la poursuite d’une relation critique avec le capitalisme. Le cap à droite coûta au parti une première scission et la création du Parti de la refondation communiste (PRC), un parti en réalité post-communiste, ouvert aux thématiques «post-matérialistes» (féminisme, environnement, égalité sexuelle, etc.), mais resté fidèle aux idéaux égalitaires de la gauche. Cette ligne de gauche a été récompensée par les électeurs italiens. Depuis 1991, le PRC peut compter sur un score plancher de 6 à 8% des voix. Lors des élections législatives de 2006, les Italiens ont élu 41 députés du PRC. Le PDS – renommé DS – a continué obstinément dans la voie du recentrage et a perdu, à chaque élection, de nouvelles voix. L’hémorragie électorale ne fut qu’artificiellement ralentie à partir de 1996 avec la création de l’Olivier, un cartel électoral.
L’Olivier regroupe les DS (la principale force partisane), des ex-membres de la Démocratie chrétienne (DC), qui avait implosé à la suite des enquêtes de l’opération Mani Pulite (nom d’une opération judiciaire lancée en 1992 contre la corruption du monde politique italien), d’ex-Verts (Marco Rutelli, l’ancien maire de Rome), des libéraux de gauche et des Républicains. Ce regroupement hétéroclite permet à l’Olivier d’atteindre péniblement 30% des voix. L’ex-Parti socialiste de Bettino Craxi (PSI), lui aussi emporté par Mani Pulite, qui obtenait encore plus de 15% des voix à la fin des années 1980, n’est pas réapparu comme force partisane crédible. Les voix socialistes en déshérence se sont réparties à gauche, au centre et dans la droite berlusconienne. Le discours droitier des DS a dérouté et découragé les électeurs de gauche. Le déclin culturel de la gauche a encore accentué le déclin électoral. La droitisation des DS a largement profité à Silvio Berlusconi, la plus grosse fortune du pays, qui fut élu à deux reprises président du Conseil. Une telle dérive à l’américaine ne se serait jamais produite si la gauche socialiste s’était un tant soit peu comportée comme une force de gauche. Le battage médiatique autour du blairisme et de son (introuvable) «troisième voie» a été une aubaine pour les DS. À partir de 1997, ils purent revendiquer une «modernité de gauche», en se référant en positif au néolibéralisme autoritaire du Premier ministre britannique.
 
Comment expliquer un tel aveuglement dans la poursuite d’une stratégie aussi néfaste pour la gauche italienne ? D’abord, une erreur d’appréciation historique : les ex-communistes italiens ont cru, à tort, que la chute de l’Union soviétique avait discrédité les valeurs de gauche traditionnelles. Au début des années 1990, les néolibéraux répétaient que la modernité politique se mesurait à l’aune de la flexibilité économique et des privatisations. Ensuite, une autre erreur sur le plan de la sociologie électorale : les DS ont pensé que la droitisation de leur discours et de leurs politiques permettrait d’attirer des électeurs centristes tout en retenant tout ou partie de leur électorat. Ils se sont trompés dans les 2 cas. Les DS ont perdu nombre de leurs soutiens traditionnels, qui ont rejoint le PRC, d’autres formations de gauche, ou se sont réfugiés dans l’abstention. Inversement, la greffe avec les éléments chrétiens et néolibéraux de la Marguerite n’a jamais pris. Les militants, issus de deux traditions très différentes, coexistent difficilement au sein de l’Olivier. Il est à craindre qu’une cohabitation organique au sein du PD soit encore plus difficile à gérer.
 
Le cas italien doit être étudié de près en France tant les cultures des gauches française et italienne sont proches (laïcité, égalitarisme profond, acuité du clivage gauche-droite, méfiance instinctive vis-à-vis du capitalisme, etc.). Si Ségolène Royal était en mesure d’imposer une alliance avec le MoDem, il faudrait parier sur la répétition en France du «scénario italien». Dans un tel cas de figure, un ex-PS, parti centriste allié au MoDem, ne pourrait que connaître un profond déclin électoral.
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21 juillet 2007 6 21 /07 /juillet /2007 14:16
Benoît Hammon

A Solférino, les éloges se ramassent à la pelle pour le jeune député européen. Benoît Hamon est sympa. Il est constant. Il est brillant. Le récent porte-parole du PS jouit d'une certaine popularité, notamment auprès des proches de François Hollande. Le grand public connaît moins ce jeune quadra (tout juste 40 ans) qui semble avoir une décennie de moins que ses camarades du même âge. Farouchement attaché aux "valeurs socialistes" et convaincu de la nécessité de réinventer la gauche, Benoît Hamon lance cet été un groupe de réflexion rassemblant des personnalités venant de divers horizons: la Forge. 

Au service de la gauche, ce groupe planchera notamment sur les moyens de venir à bout de l'"hégémonie culturelle libérale". Benoît Hamon l'a promis: il s'agira de harcèlement culturel, médiatique et politique. Le député, qui fustige la "nouvelle tête pour une nouvelle tête", considère pour le moment que l'enjeu n'est pas là. Son projet de think tank ("pas de bol, le nom est anglais", plaisante-t-il) ne servira d'ailleurs pas à nourrir un texte de motion ou de congrès quelconque. Et pour 2008? L'ex-leader des MJS (1993 à 1995) sera-t-il le successeur de François Hollande? Alors que beaucoup semblent le croire, Benoît Hamon rappelle que les décisions seront prises fin 2008. Patience: la rénovation est en marche.





Razzye Hammadi, le pugnace

Président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) depuis 2005, Razzye Hammadi est, du haut de ses 28 ans, l'une des figures qui pourraient compter dans les années à venir. Décidé à franchir le cap du suffrage universel, les municipales seront pour lui l'occasion de tester sa crédibilité à plus grande échelle. Combatif, Razzye Hammadi ne mâche pas ses mots quand il s'agit d'évoquer les raisons de la défaite, liées à "une absence de ligne idéologique claire". Partie prenante de la rénovation aux côtés de François Hollande et Benoît Hamon dont il est proche, le président du MJS veut ramener le PS à l'essentiel: combattre le dogmatisme libéral dominant et œuvrer pour la "dignité". Sa jeunesse est un atout, il le sait. Mais ce n'est pas suffisant. Et le voilà qui s'emporte contre ceux qui parlent de dépoussiérer le parti: "Encore faudrait-il donner une définition de la poussière." Et n'allez pas lui dire que les idées de la gauche sont dépassées: "L'archaïsme, c'est Milton Friedman, c'est l'école de Chicago, c'est les politiques monétaristes."




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