Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Le député européen, conseiller municipal à Bretigny-sur-Orge dans l’Essonne, est un fringant quadra. Porter l’écharpe socialiste la sienne est rouge n’est pas plus difficile que ça. «Surtout quand on regarde la droite. Je n’ai aucun problème pour dire avec fermeté que je réfute les buts et les méthodes de Nicolas Sarkozy. Il a beau être omniprésent dans l’espace public et médiatique, il est confronté aux mêmes contraintes que ses prédécesseurs.» Pour l’élu européen, le bilan de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité est négatif. «Depuis qu’on a supprimé la police de proximité, qu’il faut rétablir en priorité, les flics passent à toute vitesse dans les quartiers où la population se dresse contre eux», déclare-t-il. La solution, c’est aussi de remettre en marche l’ascenseur social, car «un fils d’ouvrier a dix fois plus de chance d’être ouvrier qu’un fils de cadre».
Sur le pouvoir d’achat, il préconise la baisse de la TVA d’un point.
En matière de politique, il place tous ses espoirs dans le congrès qui devrait avoir lieu à l’automne 2008 et qui devrait être le signe de la refondation. Mais pour cela il faudra de la méthode. D’abord dire qui les socialistes défendent et représentent, pour lui, «les classes populaires et moyennes…». Puis définir une stratégie de reconquête du pouvoir. Où est la gauche exactement… Aborder la question des courants et celle de la présidentialisation. Et tout à la fin, ouvrir le débat sur le leader. «C’est à la façon dont les dirigeants aborderont ces questions qu’on verra celui qui se distingue.» Mais pour lui, une chose est sûre : «Il y aura toujours une gauche.» C’est ce qu’on appelle l’attitude "back to basics".
M. R.
Débat avec : Philippe Meunier (Député UMP), Benoît Hamon (Député européen PS), Nicolas Vanbremeersch (alias Versac - Consultant en stratégies internet, Bloggeur), François Taillandier (Ecrivain).
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Présentation du débat par France Culture :
Les deux candidats arrivés en tête aux élections présidentielles l’ont été largement contre leur propre camp. Ségolène Royal a pris de vitesse les éléphants de son parti et leur a imposé un renouvellement radical et limite iconoclaste de l’agenda socialiste. Nicolas Sarkozy, qui l’a finalement emporté en faisant souffler un vent de modernité sur la droite, a trouvé sur le chemin de l’Elysée toutes sorte de mines que l’équipe sortante avait accumulées à son intention – dont Clearstream était la plus visible… Ils étaient l’une et l’autre issus du sérail. Mais ils ont su incarner l’irruption au premier plan de la scène politique d’une nouvelle génération de dirigeants. Certes, Valéry Giscard d’Estaing était plus jeune lorsqu’il a été élu président de la République, à 48 ans, que «Sarko» avec ses 52 ans. Et «Ségo» en avait déjà 54 lorsqu’elle a été battue. Mais dans un pays où l’élite politique est prompte à défendre les départs en retraite des autres, tout en s’accrochant au pouvoir jusqu’au dernier souffle, ces jeunes quinquas ont fait figure de hussards...
Ces deux «candidats rebelles», comme s’interrogeait Anne-Laure Barret, dans un article du JDD, ont-ils provoqué une rupture, ou ont-il tout simplement «donné à voir un mouvement profond déjà en œuvre dans la société française ?»
En tous cas, c’est pour marquer l’existence de cette rupture générationnelle qu’ils ont claironné leur refus d’assumer le bilan de la génération précédente. Preuve de leur réalisme : ce bilan – dont ils portent pourtant l’un et l’autre leur part de responsabilité - est jugé désastreux pour le pays par une majorité de Français. C’est d’ailleurs ce désamour pour une classe politique usée jusqu’à la corde qui explique les résultats invraisemblables de 2002 - avec la poussée des populistes et des protestataires, la montée en flèche de l’abstention et du vote blanc. A rebours, le sentiment de renouvellement générationnel de 2007 est la cause de l’intérêt passionné qu’a suscité la campagne présidentielle de 2007 et les taux de participation record qui ont marqué le scrutin.
Dans les nouvelles élites, portrait d’une génération qui s’ignore (Plon), le patron d’Euro-RSCG, Stéphane Fouks entreprend d’illustrer ce qui «fait génération» chez cette nouvelle élite. Pour le résumer à gros traits, la «génération Mitterrand», celle qui tend à remplacer ces jours-ci les baby-boomers, est consciente de vivre un âge de mutation mondiale sans disposer des outils intellectuels susceptibles d’en rendre compte. Elle porte néanmoins un diagnostique sévère sur l’état dans lequel les élites politiques qui se sont succédé au pouvoir laissent la société. Mais elle est résolue à traiter les problèmes avec réalisme et responsabilité. Ce qu’on peut savoir de leurs manières de faire incite-t-il à l’optimisme ? Ou la société française doit-elle s’attendre à une nouvelle déception ? Mais y a-t-il ou non relève générationnelle ou n’est-ce qu’un mythe médiatico-publicitaire ?
Benoît Hamon : Les deux, hélas ! D'abord, sur la portée du traité, c'est moins sur le contenu du texte que sur l'opportunité de l'approuver ou de le refuser que les socialistes sont divisés. Tous les socialistes sont déçus par les concessions faites aux eurosceptiques et par les limites considérables du mini-traité dans les domaines budgétaires, monétaires, fiscaux et sociaux. Certains socialistes pensent qu'il faut cependant approuver ce texte, d'autres qu'il faut le rejeter au motif qu'il est quasi identique au traité constitutionnel européen. Je considère, pour ma part, que nous ne devons pas nous éloigner de l'exigence d'un référendum parce que nous l'avons demandé lors de la campagne présidentielle et parce que le peuple est le seul souverain à pouvoir refaire ce qu'il a défait lui-même en 2005. Sur cette question de la méthode de ratification, plusieurs personnalités socialistes ont pris publiquement leurs distances avec ce qui était jusqu'ici notre exigence unanime de référendum ; je le regrette d'autant plus que deux tiers des Français y sont favorables.
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Thomas Lefebvre : Vous demandiez abstention + référendum : étant ex-"noniste", quelle était la logique de cette demande d'abstention ? Si vous aviez eu un référendum sur le traité de Lisbonne, auriez-vous appelé à voter pour ou contre ce traité ?
J'aurais appelé à l'abstention ! Comme le Parti socialiste l'avait fait en 1972 à la demande de François Mitterrand lors du référendum sur l'élargissement de l'Union européenne. Je juge ce texte décevant,
mais je reconnais que l'ensemble de la social-démocratie européenne souhaite sa ratification en raison des avancées institutionnelles que le mini-traité permet, et je ne vois pas de fenêtre de tir pour renégocier ce texte. Cette position est celle que j'ai soumise au bureau national du PS il y a quinze jours, et qui recueillait une adhésion majoritaire. Hélas, elle n'a pas pu être mise en œuvre.
LE PS CONFRONTÉ À "UNE TRIPLE CRISE"
Patou : Comme le PS ne s'est pas encore reconstruit, les adhérents ne se voient-ils pas en incapacité de se regrouper vers une opinion commune sur l'Europe ? En effet, un vrai meneur de groupe ne parviendrait-il pas à réunir les socialistes dans un "oui" ou dans un "non" commun ?
Je ne crois pas que ce soit l'absence de leader qui explique la difficulté des socialistes à se rassembler.
Je crois le PS confronté à une triple crise : la crise de la social-démocratie en Europe (nous ne dirigeons que 4 pays sur 27) liée à la crise de tous les modèles sociaux nationaux en Europe ; une crise politique (nous devons trancher la question de la nature du PS – présidentialisé ou pas – , la stratégie d'alliance – le rassemblement de la gauche ou pas –, et son orientation – le PS a-t-il perdu la présidentielle parce qu'il était trop à gauche ou pas ?), et enfin une crise morale, à travers la multiplication des comportements individualistes qui font le succès de la stratégie de débauchage de Nicolas Sarkozy.
Alex1 : Tous les partis socialistes européens soutiennent le traité de Lisbonne et veulent faire avancer l'Europe. Pourquoi le PS s'obstine-t-il à vouloir bloquer la marche européenne?
C'est une analyse un peu paresseuse... Membre du PS européen, j'ai entendu toutes les critiques qui ont été exprimées dans les partis sociaux-démocrates européens vis-à-vis de ce texte. Une lecture rapide de la presse internationale montre que c'est le désenchantement qui domine à l'égard du mini-traité comme des perspectives de la construction européenne. La responsabilité du PS français est, bien sûr, d'être l'interprète de la volonté de la social-démocratie européenne, mais aussi l'interprète de la volonté du peuple français et de l'électorat de gauche, qui, l'un comme l'autre, ont rejeté le traité constitutionnel européen. Aujourd'hui, près de 70 % de la population des grands Etats européens (sondage Louis Harris pour le Financial Times) souhaitent que ce mini-traité soit ratifié par référendum. Cet appétit de citoyenneté européenne ne signifie pas automatiquement que les citoyens européens considèrent ce mini-traité comme un progrès pour l'Europe.
Politicus : Pourquoi tous les partis à vocation majoritaire en France, dont le vôtre, en approuvant ce mini-traité, se déconnectent-ils à ce point de la volonté du suffrage universel exprimée par une majorité de nos compatriotes lors du "non" au référendum sur la Constitution européenne ?
Je pense que c'est une erreur d'abandonner cette demande d'un référendum, car je suis hélas persuadé que ça ne fait qu'accroître le sentiment de défiance à l'égard de la construction européenne. On ne sert pas l'Europe en la construisant dans le dos des peuples. Si ce mini-traité est si bon, j'imagine que les grands partis n'auront aucun problème à le faire ratifier par une majorité des Français.
Nils : Le bureau national du PS ne s'est pas encore prononcé sur l'attitude à adopter lors de la ratification. Pensez-vous qu'il y aura alors consensus ? Dans quel sens ?
Il n'y a déjà plus consensus aujourd'hui, puisque plusieurs personnalités, et non des moindres, ont exprimé leurs réserves vis-à-vis du référendum. Il est un peu commode d'affirmer que ce traité n'est qu'un règlement intérieur pour justifier qu'il ne soit pas ratifié par le peuple. Ce n'est pas le cas : Valéry Giscard d'Estaing lui-même, père de la Constitution européenne, affirmait récemment que le nouveau traité est pour l'essentiel la copie du traité européen rejeté en 2005 par les Français. J'ajoute que personne ne comprend que nous ayons demandé un référendum en mai, que nous ayons affirmé qu'il s'agissait d'une obligation démocratique, pour nous aligner sur les positions de Nicolas Sarkozy aujourd'hui.
Salabreuil : Les dissensions internes du PS sur l'Europe ne renvoient-elles pas aux dissensions irréductibles entre ceux qui voudraient un PS au centre et modéré, et ceux qui attendent du PS qu'il soit une force de gauche – "une gauche de gauche", disait Bourdieu ?
Ces désaccords seraient irréductibles si leurs acteurs décident qu'ils sont irréductibles. Lors de la fondation du PS en 1971, les désaccords entre les chrétiens-sociaux d'un côté et les marxistes-laïcs de l'autre étaient bien plus grands qu'ils ne le sont aujourd'hui entre la gauche et la droite du PS. Mais ce qui réunissait les socialistes entre eux en 1971, c'est qu'ils étaient d'accord sur la nature du parti qu'ils avaient constitué ensemble, et la stratégie pour conquérir le pouvoir : le rassemblement de la gauche. Peut-être que cette synthèse n'existe plus aujourd'hui. Notre prochain congrès le dira.
UN PS TROP À GAUCHE ?
Ps : Qu'imaginez-vous alors au prochain congrès du PS ?
Un grand moment démocratique où nous clarifierons la réponse à la question suivante : avons-nous perdu à la présidentielle parce que nous aurions été trop à gauche sur les questions sociales, trop à gauche sur les questions éducatives, trop à gauche sur les questions économiques, trop à gauche sur les questions démocratiques, ou parce que les solutions que nous avons proposées et le monde que celles-ci dessinaient n'ont pas suscité l'adhésion des classes populaires et des classes moyennes pourtant rendues plus vulnérables par cinq ans de politique de droite ? A partir de la réponse à ces questions, nous devrons bâtir le projet et la stratégie pour nous permettre de reconquérir le pouvoir puis transformer la société.
Smartyzs : Votre tout nouveau "think tank" la Forge n'est-il pas un moyen d'unifier certains partisans du "non" de gauche ? Hamon-Mamère ? Est-ce le début d'un futur courant d'un PS élargi ?
Noël Mamère n'avait pas voté "non", mais "oui" au traité constitutionnel. C'est un lieu ouvert que nous mettons au service de la gauche pour réarmer théoriquement et pratiquement celle-ci. Son adresse est www.la-forge.info
NTM93 : Y a-t-il des dialogues au niveau du groupe socialiste européen pour conduire une réflexion sur une autre politique économique et sociale au niveau européen ? On a l'impression que la "modernité" consiste trop souvent à ajouter "une virgule et le mot social au plan d'action 12, dans le 3e chapitre consacrée à la mondialisation (actuelle)...
Ces dialogues existent ; il n'est qu'à voir l'évolution du SPD allemand sur les questions sociales pour mesurer l'actualité et l'acuité de la demande sociale en Europe.
Rachid : qu’est-ce qui vous gêne concrétement dans ce traité ?
Benoît Hamon : c’est moins ce qui me gêne dans le traité, que la manière dont les socialistes tombent une nouvelle fois dans le piège de Nicolas Sarkozy. Aux yeux de tous les socialistes, qu’ils aient voté oui ou non au Traité constitutionnel, en mai 2005, le mini traité adopté à Lisbonne est décevant. Cependant, ce qui nous réunissait jusqu’ici était le choix de soumettre tout nouveau traité européen à un référendum. Sur ce point, pourtant défendu par Ségolène Royal, lors de la campagne présidentielle, l’unité des socialistes n’existe plus. Sur le fond du texte, malgré la déception unanime, certains veulent voter oui, et d’autres veulent voter non. J’ai été nommé un an et demi secrétaire national à l’Europe pour dépasser le clivage entre partisans du oui et partisans du non, nous avons échoué à dépasser ce clivage. J’en ai tiré les conséquences, et par cohérence j’ai démissionné de mon poste de secrétaire national de l’Europe.
Rabillard : pour une clarification des nonistes, ne serait-il pas nécessaire de quitter le PS ?
Les nonistes sont peut être minoritaires chez les militants socialistes, mais ils restent majoritaires dans l’électorat socialiste. Et je ne crois pas que l’avenir du socialisme passe par l’exclusion d’une moitié du parti socialiste, qu’elle ait voté oui ou qu’elle ait voté non.
Rachid : qui prend en charge les questions européennes au PS maintenant ?
Aucune idée. Pierre Moscovici, le secrétaire à l’international assurera l’intérim. Ensuite, Hollande décidera si oui ou non il faut un secrétaire national.
Skend : êtes-vous favorable à une division du PS en 2 partis, c’est-à-dire entre les gens du oui et du non au Traité européen ?
Non, je ne suis pas favorable à une scission du parti socialiste. La gauche ça n’a jamais été la droite. Historiquement, il existe à gauche des sensibilités politiques différentes, qui coexistent dans les mêmes partis, c’est le cas aujourd’hui au parti socialiste. Cela étant dit, je considère que le congrès qui est devant nous est un congrès charnière, car il devra trancher trois questions. La nature du parti socialiste : est-il un parti définitivement présidentialisé ou pas ? la perspective stratégique : le PS se tourne-t-il vers le Modem ou privilégie-t-il toujours le rassemblement de la gauche ? le projet socialiste, enfin, le parti socialiste pour gagner l’élection présidentielle doit-il être moins à gauche, ou doit-il, face à une droite résolument de droite, être sereinement, mais résolument de gauche ?
Caroline : seriez-vous favorable à un rapprochement avec le Modem ?
Peut-on se livrer à un petit exercice concret. A l’exception des élections municipales où le Modem fera ici, cause commune avec l’UMP, là bas cause commune avec le parti socialiste, le Modem souhaite-t-il l’alliance avec le parti socialiste ? Je ne le crois pas, je suis même certain du contraire. Pourquoi ? tout simplement parce que François Bayrou veut être devant le candidat socialiste lors du premier tour de la prochaine élection présidentielle, et qu’au second tour, les socialistes appellent à voter en sa faveur. L’objectif du Modem n’est pas de constituter avec le parti socialiste une nouvelle force de gauche. L’objectif du Modem est de remplacer le parti socialiste au centre gauche. Ma préférence va à la constitution d’un grand parti de gauche, qui irait du centre gauche, jusqu’à la gauche du parti socialiste.
Ollag : pourquoi le PS n’a t-il pas une position claire sur le conflit des retraites ?
Le PS est favorable à l’ensemble des systèmes de retraite. Il juge que le gouvernement et Nicolas Sarkozy instrumentalisent la question des régimes spéciaux. Nous sommes conscients qu’il est nécessaire de répondre au problème du financement de la solidarité en France, mais nous pensons qu’il n’y a pas qu’une seule réforme possible, que l’alternative n’est pas entre le statu quo et la réforme sarkozy. Par exemple, dès lors que l’on s’intéresse au financement de la sécurité sociale, retraite y compris, les 25 millards d’euros d’exonérations de cotisations patronales par an, méritent qu’on évalue leur efficacité. Les mille milliards d’euros d’assurance vie, en France, méritent qu’on imagine de quelle façon elles peuvent être mise à contribution pour financer les retraites. L’ensemble des revenus du travail, y compris les stock options, doivent être mis également à contribution. Enfin, il faut désormais asseoir le financement de la sécurité sociale, non plus exclusivement sur le travail, mais sur l’ensemble de la valeur ajoutée, c’est-à-dire la richesse produite par une entreprise.
Autant de pistes qui n’ont jamais été évoquées par le gouvernement, qui ne conçoit qu’une seule réforme possible : l’allongement de la durée de cotisation et le transfert vers chacun d’entre nous d’une part de plus en plus importante de la prise en charge de notre retraite ou de notre protection contre la maladie (complémentaire retraite et complémentaire maladie).
Salah75 : quelle place doit avoir Ségolène Royal au sein du PS ?
A la fois celle qu’elle souhaite et celle que les militants voudront lui donner. Je pense qu’on peut être utile au parti socialiste sans forcément vouloir être le premier ou la première des socialistes. Cela étant, le rôle de Ségolène Royal dans les cinq ans qui viennent sera forcément éminent.
Caroline : quel rôle voulez-vous jouer prochainement au sein du Parti Socialiste ?
Servir l’objectif fixé plus haut, c’est-à-dire la clarification du rôle, de la nature, et du projet du parti socialiste. En 1981, quand François Mitterrand a gagné l’élection présidentielle il a déclaré : "aujourd’hui la majorité sociale coïncide avec la majorité politique". Je crois toujours, en dépit de toutes les théories sur l’atomination de la société française, qu’il existe dans notre pays une majorité sociale. Ces hommes et ces femmes, qu’ils soient salariés, artisans, petits producteurs, retraités, ou demandeurs d’emploi, ont en commun la même vulnérabilité à l’égard des aléas de la vie, la même angoisse du déclassement, la même crainte de la précarité, et la même obsession que leurs enfants ne vivent pas moins bien qu’eux. Je pense que le parti socialiste doit par priorité représenter les intérêts de ces hommes et de ces femmes. Je pense que nous devons réaffirmer que les catégories sociales n’ont pas toujours les mêmes intérêts. Qu’aujourd’hui la majorité sociale est la principale victime de la crise de notre modèle social, du recul des services publics, et d’une redistribution des richesses de moins en moins favorable au travail et au salaire.
Pom2Pic : Comment faire comprendre aux gens ce côté social avec une gauche caviar ?
C’est donc autour de cette question sociale qu’il me semble indispensable de reconstruire les fondements du projet socialiste.
Salah75 : pourquoi vous donnez-vous en spectacle ? cela ne nous aide pas à des victoires futures !
Je ne me donne pas en spectacle ! Quand on est en désaccord sur le fond il me semble logique de démissionner. Jusqu’ici le spectacle le plus méprisable est celui que donne ceux et celles qui mettent scène leur vie privée, ou instrumentalisent toutes les questions politiques à des fins d’intérêts personnels. Je regrette que vous associez mon choix et le fait que j’essaye de l’expliquer à seulement de la communication politique.
Nico21 : qui pourrait à votre avis réunir par son charisme et unifier le PS ces prochaines années ?
Je n’en sais absolument rien, et par principe je n’attends pas d’une femme ou d’un homme providentiel qu’ils nous réunissent.
Cela étant, l’épreuve que nous traversons et que nous allons devoir surmonter révélera le tempérament et le cuir des futurs dirigeants socialistes. Il n’est pas dit qu’"il" ou "elle" appartienne forcément au casting de ceux que l’on croise au 20 heures de TF1.
Samedi 10 novembre 2007 à 14H00 à Sc-Po Paris, Noël Mamère et Benoit Hamon lançent la Forge, accompagnés de nombreux universitaires, syndicalistes, responsables associatifs, haut-fonctionnaires, élus, chefs d'entreprise, médecins, policiers, etc... Notre premier débat s'intéressera au divorce du monde intellectuel avec la gauche politique. Intitulé "les idées sans la gauche", il sera animé par Muriel Gremillet, journaliste à Libération et entendra les contributions de Philippe Besson (écrivain) Caroline Fourest (essayiste et journaliste), Rémi Lefebvre (universitaire Lille) et Philippe Marlière (économiste Université de Londres).
La Forge : http://la-forge.info/site/
Pour conclure ses universités de rentrée le 22 septembre 2007 au Panthéon, nous avions invité Benoît Hamon, député européen.
4- Combattre le «Socialisme municipal» et les baronnies
On ne peut limiter les réseaux d'influence à une simple accointance entre un élu majeur et ses collaborateurs. Nos sections souffrent toutes de ces situations finalement humaines, trop humaines, ou le maire, le conseiller général, etc. fait la pluie et le beau temps et ou finalement les débats de section sont illusoires et le deviennent plus gravement encore à l'approche de la désignation des premiers des socialistes.
Le PS ne souffre pas ici de la présidentialisation du régime mais d'un mal plus ancien, inhérent à l'histoire territoriale de la France et du poids de la commune et du département sur les institutions locales et dans l'esprit de nos concitoyens. Le mandat de maire notamment apparaît dans la conscience collective comme le plus important après celui de président de la République. Le PS s'est coulé dans ce modèle municipal, en parallèle avec le Parti radical, puis en substitution.
De plus, il n'a dû sa survie lors des longues traversées du désert que grâce à son implantation municipale, regardée comme une base arrière où l'on peut se tenir chaud lorsque la bise électorale dure trop longtemps. Le risque est réel aujourd'hui pour le PS de se complaire dans le rôle d'un fort parti d'élus locaux mais qui prétendrait de moins en moins au pouvoir suprême et à transformer la société. N'oublions pas que dans les années 1960 la SFIO étaient surnommée «le syndicats des agents communaux».
Paradoxalement, le Parti socialiste – à la différence du Parti communiste de la grande époque – n'a jamais théorisé clairement le rôle de l'action municipale dans son projet de transformation sociale national, européen et mondial. Un premier pas dans cette direction soumettrait sans doute les enjeux locaux à quelques contingences politiques un peu plus prononcées.
Il est rare qu'un secrétaire de section soit élu contre l'avis du maire socialiste et il n'est souvent pas besoin que le premier soit un collaborateur du second pour qu'il lui soit inféodé. Par ailleurs, faut-il interdire au moindre cadre C de la Fonction publique territoriale, militant dans la section de la commune où il vit et travaille d'exercer des responsabilités militantes dans sa section ? Quelqu'un est-il capable de dresser à ce point de détail la liste des incompatibilités et cela freinera-t-il seulement le recours à ce que l'on surnomme les adhérents «alimentaires» ?
Nous touchons à des questions d'éthiques qui interrogent plus profondément le comportement de nos responsable et de nos élus, qui devraient mettre en cohérence les valeurs qu'ils sont censés promouvoir et leurs pratiques quotidiennes. Peut-on fixer cela dans un texte et s'assurer que cela soit respecté ?
L'une des solutions réside sans doute dans le renforcement du rôle de la commission administrative de section dans la composition des listes pour les élections municipales face au maire ou au premier des socialistes, encore faut-il pour cela que les instances fédérales et nationales soient capables de faire respecter ce fonctionnement, quand elles ne prennent pas tout simplement fait et cause pour les baronnies locales en utilisant les «meilleurs» prétextes possibles.
Le problème se pose de manière comparable lors des fabrications de listes de candidats pour les élections régionales en conseil et bureau fédéral. Le poids des élus locaux, en contradiction parfois avec l'intérêt du développement du Parti, pèse fortement sur la constitution de ces listes et parfois en contradiction avec les choix internes des motions qui sont normalement à la manœuvres pour ces désignations. Ces dérives touchent minoritaires et majoritaires, et certains gros élus de motions minoritaires s'appuient parfois sur des «complicités» conjoncturelles avec les représentants de la majorité pour imposer leur candidat(e) contre celui ou celle que les représentants de la motion en question avaient choisi.
[à suivre...]
3- Comment permettre le renouvellement des instances du Parti et de ses élus ?
La première des incohérences du PS est de ne pas mettre en application ce qu'il annonce dans son programme législatif. L'un des acquis du dernier congrès en terme de rénovation politique, c'est l'intégration de la règle du non-cumul intégral des mandats parlementaires. Mettre en exergue dans notre programme une telle proposition et afficher devant la société française l'incohérence qui consiste à ne pas se l'appliquer nous est grandement préjudiciable. Malgré l'exemple des tiraillements délicats qu'ont connu nos partenaires écologistes, il faut absolument imposer ce non cumul dans le parti sans attendre qu'il soit une obligation légale. Cette mesure interne aurait déjà pour première conséquence de faire réfléchir sur les conséquences de leur candidature tels ou tels élus locaux, plutôt que de les encourager dans l'accomplissement d'un cursus honorus cumulatif, d'instiller un renouvellement plus fort des élus locaux et enfin sans doute de décourager les quelques personnalités pour qui le parti n'a d'utilité que pour servir leur carrière et leur promotion personnelles.
La difficulté sur le cumul entre mandat républicain et responsabilité partisane est qu'il n'est pas légitime ou même efficace de déconnecter les élus locaux ou nationaux de la vie politique de leur fédération départementale ou de leur union régionale. Il est possible d'instaurer un non cumul strict sur la fonction de premier secrétaire fédéral avec des mandats parlementaires, de président du conseil général ou régional, de président de groupe dans les conseils régionaux ou généraux ; on pourra aussi défendre l'idée qu'un élu local cumulant déjà un mandat de maire avec celui de conseiller général ou régional ou président d'un EPCI ne saurait être également secrétaire fédéral. Dans la même logique, la fonction de secrétaire général des unions régionales ne sauraient être dévolues au président du conseil régional ou du groupe au conseil régional.
Dans la plupart des conseils fédéraux, les maires, les conseillers généraux et régionaux, et les parlementaires sont des membres de droit, dépourvu de droit de vote direct ; cela explique qu'ils se présentent également sur les listes de motion. Permettons à ces élus d'être membres de droit avec droit de vote plein et entier des conseils fédéraux et tenons compte à chaque fois de l'importance des élus locaux dans une fédération précise pour définir le périmètre de l'instance fédérale afin que les élus locaux ne pèsent pas excessivement face à la légitimité des votes des motions. Par contre, il faut absolument interdire que ces élus puissent être président d'une des instances fédérales de contrôle (BFA, CFC, CFCF), le risque étant parfois trop grand du conflit d'intérêts.
Le Bureau fédéral accueillerait à la fois les parlementaires, le président du Conseil général ou du groupe et les représentants des motions avec le même droit de vote en prenant garde à l'équilibre entre la légitimité des motions et le nombre d'élus locaux représentés.
Les motions de congrès sont déjà soumises au vote des adhérents avec une liste de signataires candidats aux instances nationales. Définir à l'avance une liste ordonnée et précise de 200 personnes par motion représenteraient peut-être un effort trop brutal dans une première étape de rénovation mais pourquoi pas à plus long terme ?
Le premier secrétaire fédéral n'a pas de rôle précis face au suffrage universel dans un département. Les élections d'exécutif local sont toutes soumises à un scrutin indirect, donc à moins de définir que le premier secrétaire fédéral sera le candidat des socialistes à la présidence du conseil général (ou de la mairie de Paris), ce qui serait extrêmement réducteur, il n'y a pas d'argument électoral qui soutienne le maintien de l'élection directe du premier secrétaire fédéral. Ici nous pourrions revenir à la pratique instituée entre 1993 et 1994 qui fait des délégués au congrès fédéral ou national les électeurs du premier secrétaire de chaque instance.
Dans le contexte actuel, on peut s'interroger fortement sur le rôle réel des délégués fédéraux ou nationaux lors d'un congrès. Aujourd'hui, ils sont spectateurs, soit de la commission fédérale de recollement des votes, soit des bruits de couloir sur le déroulement des débats au sein de la commission nationale des résolutions. Les responsables de motions pourraient tout aussi bien se réunir au restaurant à deux pas de la fédération ou de Solférino pour tirer les conclusions des résultats des votes et éventuellement partager les responsabilités. Aujourd'hui un délégué au congrès n'a aucune prise réelle sur les discours de tribune, les tractations d'alliance entre motion, le congrès se réduit à être une grand messe médiatique, sans doute nécessaire mais qui n'apporte pas de résultats évidents sur la vie du parti.
Rendre aux délégués du congrès le pouvoir de désigner le premier secrétaire national et fédéral redonne un minimum de signification à ce moment de la vie du parti.
Cependant il existe une réelle difficulté que nous avons subie lors de la dernière campagne présidentielle et qu'il nous faut résoudre aujourd'hui pour tenir compte de la réalité des institutions de la Vème République (même si nous avons l'ambition de les réformer).
Le (la) candidat(e) socialiste à l'élection présidentielle doit être en phase avec son parti ; c'est lui qui mène les socialistes à la bataille, c'est lui qui conduit préalablement la réflexion collective sur le projet à défendre devant la société française. Il est donc nécessaire que la question du leadership soit tranchée en amont de l'élection (au moins 1 ans ½ ou deux ans avant), en lien avec les procédures d'élaboration du Parti socialiste. En conséquence, si nous conservons un rythme de congrès tous les deux ou trois ans :
le premier secrétaire élu lors du congrès qui suit élection présidentielle est avant tout un organisateur de l'action militante et du débat interne qui sera désigné par les délégués au congrès du Parti socialiste ;
le premier secrétaire élu lors du congrès qui précède de deux années l'élection présidentielle doit être considéré comme celui qui sera le ou la candidat(e) du PS à la présidence de la République. Il doit donc en conséquence être désigné au suffrage universel des adhérent du PS et qu'il devra mener le travail d'élaboration du projet présidentiel socialiste avec le plus grand nombre.
Tous ceux qui voudront prétendre recevoir l'investiture présidentielle du PS devront se présenter comme premier secrétaire, il ne devrait pas être fait de précision sur le fait qu'il y ait qu'un seul candidat par motion d'orientation lors de ce congrès « extraordinaire », mais si les postulants sont motivés par de réelles analyses de fond il devrait naturellement porter à la connaissance des militants ce qui motive leur candidature les uns par rapport aux autres et donc se positionner sur des motions différentes.
La difficulté est qu'il n'est pas à ce jour envisageable de créer une sorte de comité des sages qui invaliderait le dépôt de motions distinctes s'il apparaissait que les divergences entre certaines motions étaient articificielles.
[à suivre...]
2- Proposer la réflexion et l'innovation permanente
Le PS a connu des périodes de travail interne. Il n'est pas impossible de retrouver cette dynamique. En 1995 et 1996, le PS a organisé sous le premier secrétariat de Lionel Jospin trois conventions nationales thématiques qui lui ont permis d'être prêt pour les élections de 1998, finalement anticipées d'un an. Le problème tient dans l'absence de ligne directrice forte et identifiée depuis cette époque. Les majorités qui se sont succédées de 1997 à 2005, dont nous avons presque tous fait partie à un moment ou à un autre n'ont eu de cesse de repousser à plus tard les débats de fond qui se posaient à la doctrine socialiste. Ces débats étaient de nature à éveiller des clivages politiques entre un certain nombre de personnalités de premier plan du PS qui ne le souhaitaient pas pour ménager leurs chances respectives d'acquérir le leadership sur le Parti ou ,entre 1997 et 2002, d'entrer au gouvernement. En ce sens, la législature Jospin s'est accompagnée d'une véritable glaciation intellectuelle socialiste. Avec François Hollande, la culture socialiste a été celle de l'arrondissement des angles, du «moins tu fais de vagues, plus tu surnages», plutôt que de faire apparaître les arrêtes du projet socialiste. Cela a abouti sur fond de flou idéologique mondial à rendre illisible et inaudible les propositions du PS en 2002 et 2007.
Dans ce contexte, les conventions thématiques – plus ou moins définies sur le modèle de l'ère Jospin – prévues dans la motion A de 2003 n'ont jamais vue le jour, la majorité du Parti ne respectant pas son engagements. La convention thématique s'est trouvée remplacée par le référendum interne sur le TCE, qui n'a eu d'autres résultats que celui de nous diviser profondément et durablement, les positions des uns et des autres ayant été pour une bonne part caricaturées à l'extrême dans un débat binaire. Sur le fond, nous avons connu une perte de temps sans élaboration d'une ligne réellement définie et sans approfondir nos propositions pour la construction européenne.
Les commissions et les groupes de travail du Parti ont connu une croissance exponentielle : la majorité du PS connaissant un nombre de chapelles et d'écuries importantes, il s'agissait de récompenser telle ou telle clientèle militante, qui n'avait pas pu accéder au Conseil national. Cette logique s'est amplifiée après la synthèse du Mans, puisqu'il fallait désormais intégrer dans la direction nationale les motions 2 et 5, et que le nombre de laissés pour compte de la motion 1 s'était accru en conséquence. Ici comme souvent, le trop plein n'a pas produit de travail cohérent dans un temps aussi proche d'échéances électorales où les jeux de positionnement finissent par être dominant.
L'efficacité et le traitement de la complexité nécessite souvent la concision et les équipes réduites. Les commissions nationales et les groupes de travail n'ont pas besoin d'être innombrables pour fonctionner, mais d'avoir avant tout une feuille de route clairement établie. Entre deux congrès, il est nécessaire de définir à l'avance trois débats thématiques non tranchés par les débats du congrès et de s'y tenir. Le fond doit redevenir notre préoccupation commune de socialiste plutôt que d'être supplanté par la recherche d'une illusoire reconnaissance narcissique.
Ces conventions thématiques, qui se dérouleraient entre chaque congrès ordinaires, sont également dépendantes du type de débat que l'on souhaite trancher lors d'un congrès ordinaire.
Les deux objectifs d'un congrès du Parti socialiste sont de définir la ligne politique du Parti et d'en désigner en cohérence les dirigeants. Nous ne pouvons continuer à vivre des congrès qui remettent à chaque fois en jeu les fondamentaux d'un parti de transformation sociale. Que chaque motion soumise au vote des militants développe chacune un projet global de société tend parfois au ridicule, sans que l'identité profonde du Parti, son organisation, son fonctionnement n'en sorte grandement clarifiée. Il est sans doute nécessaire si l'on veut conserver des débats d'idées, pédagogiques et efficients, de réformer les cadres du dépôt des motions prétendant au vote des militants.
Cela nécessitera un minimum de loyauté et de bonne foi entre nous, mais il n'est pas interdit d'être optimiste de temps à autres. Que le bureau national du PS s'accorde à une majorité qualifiée dont le taux reste à définir sur les trois ou quatre enjeux majeurs sur lesquels une formation politique de gauche doit précisément définir une ligne pour répondre aux besoins de la période et les débats seront intelligible par la majorité des militants qui pourront plus aisément se positionner. Aujourd'hui il apparaît clairement que les enjeux du Parti socialiste tient essentiellement dans la redéfinition d'une doctrine économique pertinente dans un environnement mondialisé.
Que chacune de ses courtes motions d'orientation soient accompagnées d'un programme d'action national également soumis aux militants, où seraient définis les trois ou quatre conventions thématiques qui pourraient venir compléter la réflexion du parti dans l'attente du congrès suivant ou dans la perspective des échéances électorales (enjeu écologique, nature de l'autorité républicaine, construction européenne, politique internationale, rapports nord-sud, flux migratoires et développement…).
[à suivre...]