La coquille vide du PSE commence à imploser vers le centre-droit.
Alors que Raphaël Glucksmann indiquait qu’il fallait siéger dans le groupe S&D (dominé par le PSE) afin de lui permettre d’être majoritaire – objectif inatteignable au demeurant –, il semble même que le Parti socialiste européen soit lui-même en train d’imploser :
1- Frans Timmermans – son candidat à la présidence de la commission européenne, dont il était le premier Vice-président auprès du conservateur luxembourgeois Jean-Claude Juncker – fait depuis plusieurs semaines des appels du pied aux Libéraux de Guy Verhofstadt que devraient rejoindre les futurs élus macronistes, ce qui incite Glucksmann à proposer une alternative improbable en suggérant que Paul Magnette, un des leaders socialistes wallons le remplaça au dernier moment alors que Magnette ne songeait pas même siéger au Parlement européen ;
2- Matteo Renzi, ancien premier ministre et un des leaders du Parti démocrate italien, a clairement choisi son camp en intervenant par vidéo interposée au meeting strasbourgeois de LREM. Or le Parti démocrate italien, réintégré depuis quelques années dans le Parti socialiste européen, constituait le 2e contingent le plus important du groupe S&D (26) derrière le SPD allemand (27) sur les 185 membres initiaux du groupe. Or le PDI étant promis de 15 à 20 eurodéputés le 26 mai c’est une nouvelle hémorragie à attendre du PSE/S&D vers l’alliance entre l’ALDE et les macronistes ;
3- Antonio Costa, premier ministre socialiste portugais, a apporté également un soutien à Emmanuel Macron, dans un propos à mi-chemin du ton diplomatique et de la naïveté de celui qui considérerait que LREM serait une scission de centre-gauche du Parti socialiste français [edit : a bien regarder la vidéo diffusée lors du meeting de Strasbourg par LREM, Costa n’intervient pas comme un premier ministre exposant ses convergences avec un chef d’État d’un autre pays membre, mais bien comme représentant du PS portugais qui apporte un soutien à des adversaires de son parti frère] ;
4- C’est la confusion schizophrénique au sein du SPD allemand, écartelé entre sa présidente Andrea Nahles (qui a cependant défendu le maintien de la Grande Coalition avec la CDU-CSU) et le président des Jusos Kevin Kühnert qui travaillent à réorienter à gauche les positions du parti, d’un côté, Sigmar Gabriel - ancien Président du SPD et actuel ministre fédéral des affaires étrangères – qui avec l’hebdomadaire Vorwärts voue un Amour passionné à Emmanuel Macron, de l’autre, ou encore Olaf Scholz, ministre fédéral SPD à l’économie, qui partage la position de la présidente de la CDU qui a humilié Macron en proposant de transformer le siège permanent de la France au conseil de sécurité de l’ONU en siège de l’Union européenne ;
5- ajoutez à cela les travaillistes néerlandais ou les sociaux-démocrates danois pro-Macron, et les socialistes bulgares, roumains ou slovaques qui alternent entre mafia et accord avec l’extrême-droite... il ne restera bientôt plus dans le PSE que les socialistes espagnols ou wallons à avoir un peu la tête sur les épaules...
Donc le sujet n’est plus de savoir si de futurs eurodéputés français de gauche siégeront dans un groupe qui pèsera à gauche en sous-entendant que le PSE/S&D pourrait servir de viatique, alors que le Parlement européen dispose de peu de pouvoirs : cette hypothèse est parfaitement invraisemblable !
Si vous êtes de gauche, si vous voulez défendre une réorientation de la construction européenne, il vous faut élire le plus possible de député.e.s de combat pour contester l’ordre établi, stopper les textes libéraux soumis au Parlement européen et proposer des alternatives dans le débat public. Pour cela le seul vote efficace c’est celui en faveur de la liste de la France insoumise conduite par Manon Aubry, avec des élus de qualité comme Emmanuel Maurel ou Younous Omarjee... et d’autres encore si vous leur en donnez la possibilité.
Frédéric FARAVEL
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