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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 09:13

AthenesEmeutes.jpgLes émeutes de dimanche à Athènes – alors que les députés grecs étaient sommés d'adopter un nouveau plan d'austérité, dont on sait par avance qu'il ne produira aucun résultat – devraient faire réfléchir nombre de nos dirigeants politiques. S'il existe bien des dérives financières et budgétaires anciennes et durables dans la conduite des affaires publiques grecques – que ces dérives donnent prétextes à un discours de la droite sur la faute originelle de la gauche qui aurait fait entrer la Grèce dans l'euro –, c'est aujourd'hui le peuple grec qui est saigné à blanc alors que la stratégie économique imposée à ce pays par l'Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International, l'enfonce très clairement et plus durement jour après dans la récession… Une solution qui empêche de fait le rétablissement des comptes grecs et le remboursement de la dette de l’État hellène ; une solution qui empêche le retour de la croissance économique, qui accroit le chômage, qui abaisse comme jamais les salaires et ainsi n'autorise pas les citoyens grecs à s'acquitter des nombreuses taxes dont leur gouvernement les accable depuis 2 ans.

Une spirale infernale qu'une centaine de députés grecs a refusée hier, pendant que la population excédée répondait à la violence policière par le déclenchement d'une émeute, qui a provoqué l'incendie de la Bibliothèque nationale et de nombreux bâtiments symboles de l'Amérique et de l'Union Européenne. Plusieurs dizaines d'entre eux étaient membres du PASOK, le parti socialiste grec, parfois issus du précédent gouvernement Papandréou ; ils ont été exclus alors qu'ils ont sauvé l'honneur de leur pays et de leur famille politique. Le Parti Socialiste Européen, et en son sein le Parti Socialiste français, ne peut rester indifférent à cette sanction injustifiable.

Sarkozy-Barroso-MerkelLa logique politique qui préside à la tête des institutions européennes, sous la férule d'Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et José Manuel Durao Baroso, peut mener à des spirales similaires au Portugal (qui n'arrive pas à se sortir de la récession), et éventuellement en Italie et en Espagne. Le traité, initié par la Chancelière allemande et le Président français, le 9 décembre dernier, avec son carcan économique, ses sanctions automatiques et l'abaissement du Parlement européen [cliquer ici pour retrouver l'analyse du projet de traité] implique une généralisation de l'austérité économique, qui approfondira la récession, porte en son sein la négation de la souveraineté populaire et dénie toute possibilité de mise en œuvre d'une réelle solidarité européenne. À ce régime, l'Italie et la France pourraient bien connaître les mêmes heurts sociaux, sans possibilité d'y répondre et de faire face à la récession.

C'est une pensée qui devrait habiter nos dirigeants, de droite comme de gauche : non, Papandréou n'a pas fait preuve d'une excessive "mansuétude" vis-à-vis de la dette grecque ; au regard de la structure profonde de l’État grec, il n'avait pas les moyens d'y répondre. Il n'avait pas les moyens de corriger plusieurs décennies d'errements qui n'ont rien à voir avec des choix de politiques économiques mais tiennent surtout à l'absence d'une administration – notamment fiscale – solide et à la généralisation de la corruption. Il pouvait d'autant moins répondre à l'état de la dette grecque, que l'Union Européenne ne fixait pas comme objectif de résoudre les problèmes structurels de l’État grec (aucune demande sérieuse sur l'administration et la corruption), mais au contraire conditionnait sa « solidarité » au fait de trancher dans tous les secteurs de l'activité, sans distinction, et je ne crois pas possible de recouvrer des impôts et de lutter contre la corruption quand votre administration fiscale et votre justice sont anémiées à la demande de vos créanciers et de vos partenaires. L’État grec avait, pour finir, d'autant moins les moyens d'affronter sa dette abyssale, que l'Union Européenne n'a jamais substitué à son niveau en terme financier et monétaire les outils politiques que les États membres ont abandonné en opérant les précédents transferts de souveraineté.

claud-gueant-sarkozy 9881Celui qui fait aujourd'hui campagne pour sa réélection grâce aux fonds publics, et n'a de ce fait aucune leçon de morale à adresser aux États du sud de l'Europe supposés laxistes, propose de revenir à une pratique plus fréquente des référendums. Mais, malheureusement pour lui, si l'annonce médiatique de référendums stigmatisant chômeurs et immigrés peut flatter quelques instincts primaires dans l'électorat sur fond de droitisation du discours de l'UMP, les thèmes choisis par le locataire de l’Élysée n'entrent vraisemblablement pas dans le champ prévu par la constitution pour les soumettre au peuple français par Référendum.

Suggérons-lui un sujet plus conséquent au regard des enjeux que constituent pour la souveraineté populaire, l'avenir de la France et de la construction européenne, les mesures contenues dans le projet de traité Merkel-Sarkozy. Ce nouveau projet de traité européen ne saurait sérieusement être ratifié sans que les citoyens français se prononcent dessus directement.

La gauche en général et les socialistes en particulier doivent adopter une stratégie très claire sur la question. Leurs parlementaires doivent voter contre le texte lorsqu'il sera présenté prochainement au parlement. Le candidat socialiste doit impérativement abandonner sa posture actuelle de ne soumettre le texte qu'il aurait préalablement renégocié qu'au Congrès. La gauche, revenue au pouvoir, ne peut pas décemment agir de la même manière que les conservateurs et mépriser les citoyens. Si François Hollande est élu, le projet de traité doit être rejeté par l'exécutif s'il reste en l'état et soumis à référendum s'il a été entre temps renégocié.

Mais encore faut-il s'entendre sur les termes de la renégociation. Car il est deux écueils que la gauche doit éviter :

  • considérer qu'il suffira de revendiquer et d'obtenir un référendum sur un mauvais traité ;

  • oublier de proposer une alternative politique et institutionnelle pour la construction, car l'UE ne peut pas décemment continuer à fonctionner avec les traités actuels.

FrancoisHollandeOr il ne suffit pas d'annoncer sa volonté de renégocier le texte actuel pour lui adjoindre un chapitre sur la « croissance ». Ce n'est pas en ajoutant un tel chapitre – autant dire qu'il s'agirait de déclamer que la situation serait meilleure s'il faisait beau quand le ciel est couvert – que l'on corrigera les graves erreurs déjà énoncées plus haut. Ajouter un chapitre « croissance » équivaut à accepter de fait l'économie globale du projet de traité Merkel-Sarkozy ; et rédiger et adopter un nouvel accord franco-allemand, baptisé « second traité de l’Élysée » ne changera rien à cela.

La gauche française et européenne doit réaffirmer son projet européen. Il n'existe pas réellement, sauf pour quelques groupuscules politiques et quelques grognards au sein du MRC, de véritables anti-européens au sein de la gauche française. Le clivage qui existe est entre ceux qui veulent affirmer qu'il y a un projet européen de gauche et un projet européen de droite et ceux – les sociaux-libéraux – prêts à accepter n'importe quel texte européen, même inspiré par les conservateurs et les ultra-libéraux au prétexte qu'un rejet détruirait la construction européenne. C'est pourtant ces politiques conservatrices et ultra-libérales, ces compromis institutionnels inspirés par elles qui sont en train de tuer l'idée européenne, en dressant les peuples européens contre elles.

PSElogo.jpgSi nous voulons sauver la construction européenne et si nous voulons rétablir la souveraineté populaire, la gauche doit présenter son alternative au projet de traité Merkozy.

  • Nous devons établir non pas une gouvernance mais un gouvernement économique européen. Le débat porte sur son périmètre, ses fonctions, son architecture institutionnelle :

    • Le périmètre devrait concerner idéalement tous les États de l’Union, et pas juste ceux de l’Eurogroupe. Les États les plus «eurovolontaires» doivent pouvoir le faire dans le cadre des « coopérations renforcées » et des accords intergouvernementaux. La progression de la construction européenne se fera de façon différenciée, par cercles concentriques. Avec l’ambition d’accueillir à terme tous les États membres dans le cercle le plus intégré.

    • Les fonctions se résument à trois : coordination des politiques budgétaires des États membres, mise en œuvre des politiques communes, conduite d’une politique active des changes.

    • L’architecture institutionnelle doit respecter la spécificité de la construction européenne : il s’agit d’une «fédération d’États-nations». Les trois piliers de l’autorité européenne doivent être simultanément renforcés.

      • La Commission européenne doit être le siège du gouvernement économique. Garante des traités, elle examinerait les budgets nationaux, communiquerait ses recommandations aux États membres, et demanderait des sanctions au Conseil européen. La commission européenne doit également privilégier la compétence politique sur la représentativité nationale et technocratique. Le commissaire aux affaires économiques et financières doit devenir le ministre de l’Économie et des Finances de l’UE : à la fois vice-président de la Commission, président de l’Ecofin (Conseil européen des 27 ministres de l’Économie et des Finances des États membres) et président de l’Eurogroupe, participant de droit avec le président de la commission au Conseil européen. Pour assumer cette position, la Commission européenne doit impérativement gagner en légitimité démocratique.

      • Pour gagner en légitimité démocratique, le Président de la Commission doit être élu par le Parlement Européen, parmi les têtes de liste des partis européens (PSE, PPE, Verts…). Ces derniers doivent aller aux élections européennes, non seulement avec un programme de législature pour l’UE, mais aussi avec un candidat à la présidence de la Commission pour incarner ce programme. Fort de la légitimité que lui donnera son élection au suffrage universel indirect, comme n'importe quel chef de gouvernement à l'échelle nationale, le président de la Commission pourrait se doter de vice-présidents, de rang ministériel. Le Parlement européen devrait pour sa part pleinement intégrer le processus décisionnel de la gouvernance économique européenne, grâce à l’adoption de la procédure de codécision pour les grandes orientations de politiques économique et budgétaire. Les Parlement nationaux devraient y être associés, via leurs commissions compétentes.

      • Le Conseil des chefs d’État et de gouvernement joue un rôle irremplaçable de chambre haute, représentant les nations. Les sujets sur lesquels il décide à la majorité qualifiée doivent être étendus, la périodicité de ses réunions augmentée.

  • Nous devons mutualiser la dette des États européens : nos pays ont un impératif, celui de disposer de ressources nécessaires pour améliorer leur compétitivité. A cet effet, les missions du Fonds européen de stabilité financière doivent être étendues ; il doit pouvoir recapitaliser les banques, notamment celles qui participeraient à la restructuration de la dette grecque. Le FESF doit pouvoir émettre des euro-obligations pour mobiliser l’épargne excédentaire, et l’affecter aux dépenses d’investissement des États membres. Pour prévenir d’éventuelles tensions sur les taux de ces euro-obligations, la Banque Centrale Européenne elle-même doit être autorisée à les racheter.

pselogo2.jpgCette question du gouvernement économique et du contrôle démocratique des outils de politique économique et monétaire est devenue la clé de voûte de la crise européenne, c’est elle qui conditionne la politique de mutualisation et de monétisation des dettes souveraines. L’option intergouvernementale choisie par Sarkozy débouche sur un directoire franco-allemand, marque un recul démocratique jamais vu en Europe, et accouche de l’Europe « austéritaire » et disciplinaire voulue par Mme Merkel et ne manquera pas d'emmener l'Europe à sa perte. C'est donc les fondements que l'accord du 9 décembre 2011 qu'il faut renverser, sous peine de ne même pas avoir la capacité de mettre en oeuvre le programme de François Hollande. La gauche européenne doit impérativement profiter du fait que tous les gouvernements européens sont dos au mur pour imposer son agenda.


Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 07:48

Depuis plusieurs semaines, il se prépare un tour de passe-passe dont les conservateurs et les libéraux européens ont le secret, avec souvent la participation active d'une partie des médias (heureusement certains ont tiré les leçons du 29 mai 2005).

Ainsi les dirigeants européens auraient pris la mesure de la situation et décidé qu'il n'était plus suffisant de coller des rustines sur une jambe de bois. Enfin, nos gouvernants auraient choisi d'agir pour sauver 1- la zone euro et 2- la construction européenne.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se seraient accordés sur la modification des Traités pour résoudre les incohérences qui seraient à la base de la crise actuelle de la zone euro. Dans un dialogue à trois avec le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, et en oubliant quelques autres partenaires européens, un certain nombre de propositions seraient intégrées :

  • organiser « une convergence des politiques économiques, budgétaires et fiscales » des pays de la zone euro ;
  • instaurer des sanctions économiques automatiques contre les pays ne respectant pas le Pacte de stabilité ;
  • donner à la Cour de Justice européenne un rôle de garant du respect de ce Pacte ;
  • prévoir une procédure de soutien aux pays en difficulté et prendre acte de la création du Fonds monétaire européen qui aurait les moyens d’une solidarité financière conditionnelle ;
  • établir une procédure de sortie d’un pays de la zone euro...

Barroso et Sarkozy soutiendraient la création à terme d'euro-obligations face aux risques de crise de la dette, ce que refuse encore les Conservateurs allemands, mais en revendiquant en échange pour la Commission un droit d'intrusion renforcé dans les budgets nationaux pour démontrer à Angela Merkel leur sérieux austère.

Il est par ailleurs surprenant à cet effet que ce soit la Chancelière allemande qui donne des leçons de perfection financière et budgétaire, lorsque l'on sait la dette allemande est de loin la plus importante de la zone euro.

Outre que la crise financière actuelle est improprement appelée "crise des dettes souveraines" - car il s'agit en fait d'une crise politique conséquence de près de 40 ans de choix de désaisissement des outils de la puissance publique à quelque échelle que ce soit (notamment en supprimant des recettes) -, ces propositions constituent un véritable hod-up démocratique, un attentat contre la souveraineté populaire européenne, qui risque d'élargir plus encore le fossé entre les citoyens et les institutions européennes qui conduisent (mal) la construction européenne.

Un Traité sur ces bases devra être rejeté par le peuple. Il n'est en rien porteur du fédéralisme et ce que nombre d'entre nous appellent de leur voeux les Etats-Unis d'Europe ou la République Sociale Européenne.

Voilà ce qui doit être mis en oeuvre pour sauver la construction européenne :

  • la nomination de la Commission doit être soumise à une majorité politique définie au sein du Parlement européen, dont les membres doivent être désignés selon le même mode de scrutin dans tous les pays européens ;
  • la Commission doit devenir sur ces bases un véritable gouvernement européen qui travaille à l'harmonisation fiscale et sociale de l'Union européenne et qui favorise la convergence des politiques industrielles européennes pour éviter l'accroissement du fossé entre les situations économiques des Etats européens et de la zone euro ;
  • la Banque centrale européenne doit prendre en compte dans ses statuts la croissance et l'emploi, ses statuts doivent pouvoir être modifiés par le Parlement européen et le Conseil européen (à la majorité qualifiée) ;
  • la Banque centrale européenne doit pouvoir émettre des eurobonds afin de racheter le cas échéant la dette des Etats européens ;
  • l'Union européenne doit pouvoir se doter d'un véritable budget pour financer des grands projets unificateurs, fondé sur la possibilité d'emprunter et surtout sur des recettes venant des Etats mais avant tout indépendantes (notamment la taxe sur les transactions financières). Ce budget fédéral serait voté par le Parlement et incarnerait effectivement concrètement la réalité du projet fédéral européen ;
  • les parlements nationaux seraient seuls maîtres des budgets nationaux, les contraintes des 3% du PIB comme maximum du déficit ne seraient valables qu'en période de croissance économique.

Voilà un programme que devrait porter la gauche européenne. Sans cela, l'Europe ira dans le mur Traité Merkozy ou pas.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du Parti Socialiste du Val-d'Oise

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 12:34

Les socialistes espagnols ont subi, dimanche 22 mai, une très lourde défaite aux élections municipales. Le Parti socialiste ouvrier espagnol - PSOE -, avec 27,81 % des voix, arrive très loin derrière les conservateurs du Parti populaire (PP, avec 37,58 %), selon des résultats quasi définitifs. Cet écart de presque dix points vient sanctionner, de manière inédite à ce niveau, les socialistes, au pouvoir depuis 2004, à dix mois des législatives de mars 2012 et au moment où le pays est en proie à une vague de contestation menée par les jeunes.

Ce n'est pas la première fois depuis 2008 que les socialistes européens enregistrent de cuisants revers électoraux ou se préparent à les essuyer. Confrontés à la crise financière, économique et sociale, les derniers gouvernements sociaux-démocrates au pouvoir en Europe Centrale et en Grande-Bretagne ont été balayés par leurs adversaires conservateurs et populistes :

  • les travaillistes britanniques de Gordon Brown ont surtout été frappés par la crise sociale qui faisait suite à l'effondrement du modèle financier de développement ;

  • les sociaux-démocrates hongrois, qui s'étaient convertis à un libéralisme forcenés, durent mettre en œuvre une politique d'austérité extrêmement drastique pour éviter l'effondrement de l'économie de la monnaie, mais les élections qui suivirent les virent écraser par les néo-conservateurs du Fidesz et leur alliés national-populistes du Jobbik.

Dans la plupart des pays européens où se sont déroulés des élections générales ou intermédiaires, les sociaux-démocrates n'ont pas réussi à faire la différence, alors que la volonté de revenir à des politiques régulatrices auraient pu leur profiter. Las, les peuples européens n'ont pas cru jusqu'ici que ceux qui s'étaient convertis au néo-libéralisme seraient plus crédibles que les gouvernements conservateurs sortants qui avaient adapté quelque peu leur politique face à la crise internationale. Bien que débarrassés des derniers oripeaux schröderiens, le SPD est aujourd'hui distancé dans les sondages par les Verts allemands, alors que les Conservateurs semblent pourtant avoir perdu la confiance des Allemands.

En Grèce, le PASOK de Georges Papandréou a renversé les conservateurs auxquels les Grecs reprochaient leurs mensonges, incompétences et corruptions. Mais contraint par les recettes toujours quelques peu austères du FMI, même si ce dernier était dirigé par Dominique Strauss-Kahn. La réputation keynésienne et régulatrice de l'ex-directeur général du FMI n'a pas été particulièrement vérifiée en l'occurrence. Notons par ailleurs que quelques mois plus tard lors des élections municipales le PASOK perdait 10 points par rapport aux élections législatives, son salut venant du discrédit total de la droite conservatrice de Nouvelle Démocratie.

De même, le gouvernement socialiste portugais a été mis en minorité, alors qu'il avait déjà engagé de sévère restriction budgétaire, dès le moment où il s'est vu contraint par sa situation et sous pression de la Commission et du Conseil européens de faire appel à « l'aide » et aux « solutions » du FMI. Il faut remarquer que le gouvernement de José Socrates était déjà minoritaire et ne tenait que par la neutralité « bienveillante » des communistes et du « Bloc de Gauche » : ces derniers ont sans doute tiré une balle dans le pied des Portugais, car la victoire semblant promise, selon les derniers sondages, au Parti Social-Démocrate (centre-droit), dont est issu José Manuel Barroso, le remède qui serait mis en œuvre par ce dernier risque d'être encore plus douloureux que celui que Socrates se croyait obliger d'administrer au Portugal.

De fait, les recettes du FMI ont prouvé leur échec car les économies où elles ont été mise en œuvre ont vu leur situation s'aggraver (Irlande et Grèce) ; elles ont été asphyxiées par l'austérité qui leur a été imposées, cette dernière asséchant la consommation populaire et paupérisant les classes moyennes.

Les Espagnols cherchaient à échapper au recours au FMI, le PSOE de Zapatero avait donc devancé les directives probables du FMI et de DSK. La réponse est aujourd'hui claire : la jeunesse est dans la rue, en déshérence sociale et idéologique, avec des réflexes que quelques commentateurs apparentent aux révolutions arabes. Le PSOE est désormais et pour longtemps totalement décrédibilisé.

Sous la direction de Poul Nyrup Rassmussen, le Parti Socialiste Européen entame une révision politique salutaire. Le premier jalon concret est la position commune des socialistes européens pour une alternative progressiste au Pacte de Compétitivité inventé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.

En France, nous devons être cohérent. Si nous voulons sauver notre économie de la déroute et notre peuple de la faillite populiste qui pourrait s'emparer d'elle si nous prenions de mauvaise décision, il est désormais urgent de ne pas nous tromper. La confusion entre la soumission au néo-libéralisme et sociale-démocratie s'éloigne même si certains candidats nous promettent encore comme « horizon radieux » une « rigueur de gauche » dont on distingue mal les différences avec la rigueur de droite. Nous devons également réaliser le rassemblement de la gauche pour éviter les dérives délétères comme celle à laquelle nous assistons au Portugal.

Le projet que nous portons avec Martine Aubry peut permettre cette dynamique politique et sociale et ce rassemblement à gauche. Sachons faire le bon choix.

Frédéric Faravel

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 17:01

 Politique de cohésion, perspectives financières, stratégie de Lisbonne : l'Union confrontée aux défis du développement, de la compétitivité et de l'intégration

Avant propos :

La nécessité d'une telle note m'est apparue lorsque le soir d'une convention fédérale sur « le nouveau modèle de développement économique, social & écologique » organisée le vendredi 21 mai 2010, un des intervenants a manifestement confondu « Traité de Lisbonne » et « stratégie de Lisbonne » ; il s'agissait pour lui de s'opposer à un amendement présenté dans plusieurs section qui proposait d'ajouter page 18, dans le paragraphe « Nous voulons passer de la gouvernance faible […] », à la suite de la phrase « []la renégociation des directives contestables » le texte suivant : « […] , ainsi que la réorientation des grandes politiques communes dans le sens d'un plus grand développement solidaire et la redéfinition radicale des perspectives financières de l'Union au regard de l'échec de la stratégie de Lisbonne. » Que l'erreur d'appréciation ait été dirigée ou involontaire, le résultat immédiat a été de créer un réflexe de défense chez une bonne partie des délégués de section dans la salle, voyant resurgir les débats sur l'ex-TCE et la fracture au sein du PS au détour d'un amendement qui n'avait rien à voir avec ce sujet. Précisons toutefois que le défenseur de l'amendement s'est vu interdire de corriger l'erreur et qu'il a été immédiatement soumis au vote, sans que qui que ce soit dans la salle ne soit en mesure de faire la différence. L'amendement a donc été largement rejeté. Le même soir, un autre amendement avait été rejeté aux deux-tiers ; il visait à remplacer page 4 dans le 3ème paragraphe (sous-titre "Reprendre la marche du progrès") « L'Europe est notre volonté : il n'est pas d'avenir hors de la coopération européenne » par « Les socialistes, fidèles à leurs convictions internationalistes, sont profondément attachés à la construction d'une Europe unie, démocratique et socialement progressiste : face aux défis du monde et pour réaliser nos objectifs idéologiques, se détourner de la coopération européenne serait illusoire »…

Clairement il apparaît ici que la formation des militants socialistes, y compris ses cadres locaux et fédéraux, est insuffisante voire inexistante sur les questions européennes ; que cette ignorance est source d'incompréhension et de caricatures dans les débats internes du PS, dommageable à ce parti et à l'élaboration de son orientation. Cette note vise à combler un manque et à résoudre la source des quiproquo.

Introduction :

La politique de cohésion des communautés puis de l'union européennes ont une dimension historique, intimement liée à la construction communautaire depuis les traités de Rome et la création du FSE. Ce premier fonds fut complété par le FEOGA en 1962 et le FEDER en 1973. L’acte unique et les traités successifs sur l’Union européenne ont ensuite modifié les dispositions juridiques régissant la politique de cohésion pour élargir ses objectifs et renforcer son efficacité. Sans forcer le trait, on peut clairement affirmer que son existence distingue essentiellement l'espace de la construction européenne d'une simple zone de libre échange comme l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain).

Quelques soient d'ailleurs les débats qui ont pu avoir lieu sur l'ex-TCE et le traité de Lisbonne, l'article 3.3 du Traité sur l'union européenne dispose que l'Union « promeut la cohésion économique, sociale et territoriale, et la solidarité entre les États membres. » ; les articles 174 à 178 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (Titre XVIII) décrit par ailleurs les objectifs, les outils et les procédures de cette politique de cohésion, précisant que « l'Union vise à réduire l'écart entre les niveaux de développement des diverses régions et le retard de développement des régions les moins favorisées […] ». L’élargissement de l’Union accentue la nécessité de cette action car la proportion de la population européenne bénéficiant d’un PIB par habitant en dessous de la moyenne communautaire est passée de 19 % à 27 %.

Les perspectives financières de l'Union européenne pour la période 2000-2006 puis 2007-2013 se devaient de donner les moyens de réaliser cette politique de cohésion devenue déterminante pour l'intégration européenne. À cette fin, les fonds structurels seront dotés de 308 milliards d’euros, soit plus d’un tiers du budget de l’Union, pour la période 2007 à 2013.

Enfin, depuis 2000, les États membres de l'Union européenne se sont dotés d'une stratégie de développement économique, baptisée « Stratégie de Lisbonne » et révisée en 2004-2005, qui donne pour objectif à l'union « devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale » ; la politique de cohésion de l'union s'est donc coulé dans cette stratégie, qui privilégie compétitivité, recherche et innovation. Toutefois, le quatrième rapport d’étape de la Commission laisse apparaître l’importance des disparités qui séparent toujours les États membres et ralentissent la croissance.

Les politiques de cohésion face aux défis de l'élargissement aux Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) :

Dans une Union élargie à 27 États membres, où les divergences économiques et sociales sont encore accentuées, les réformes successives de la politique de cohésion en ont adapté les objectifs.

Renforcer l’efficacité de la politique structurelle en adaptant ses trois objectifs :

  • Objectif « convergence » : pour les régions en retard de développement (PIB/hab. inf. à 75% de la moyenne de l’Union), ancien objectif 1. Financé par le FEDER, le FSE et le Fonds de cohésion ;

  • Objectif « compétitivité régionale et emploi » dans toutes les régions non couvertes par l’objectif « convergence ». Cet objectif remplace l’objectif 2, qui bénéficiait essentiellement aux régions en difficultés structurelles, ainsi que l’ancien objectif 3 pour le développement des ressources humaines. Financé par le FEDER et le FSE ;

  • Objectif « coopération territoriale européenne » au niveau transfrontalier, transnational et interrégional, sur le fondement de l’ancienne initiative communautaire INTERREG intégrée au FEDER.

Les outils de la politique de cohésion :

Les fonds structurels européens :
  • Le Fonds Social Européen (FSE), prévu dès 1957 par le traité de Rome, est chargé de favoriser l'adapation des populations actives aux mutations du marché, l'insertion professionnelle des chômeurs et des groupes défavorisés (actions de formation, systèmes d'aides à l'embauche…) ;

  • Le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA) est créé en 1962 lors de l'accord sur la politique agricole commune. Sa 1ère mission était d'assurer des prix garantis aux exploitants agricoles, dans une optique de modernisation de l'agriculture européenne, vers l'intensivité et l'autosuffisance. Dès 1964 une section « orientation » finance des actions de développement rural et d'aides aux agriculteurs dans les régions en retard de développement et plus largement dans le cadre de la PAC ;

  • Le Fonds européen de Développement Régional (FEDER) est créé en 1975 à l'attention des régions britanniques en déclin industriel. Avec l'adhésion de la Grèce (1981), de l'Espagne et du Portugal (1986), il est élargi à toutes les régions en retard de développement. Il finance les infrastructures , les investissements productifs pour créer de l'emploi, des projet de développement local et les aides aux PME ;

  • Le Fonds de cohésion est créé dans les années 1990 pour permettre à des États comme l'Irlande et les pays méditerranéens qui auraient été incapables de satisfaire à la convergence économique et monétaire, la maîtrise des déficits publics et les développements massifs d'infrastructures inscrits dans le traité de Maastricht (1992). Il finance des projets liés à l'environnement et à l'amélioration des réseaux de transport dans des États dont le PIB est inférieur à 90 % de la moyenne européenne ;

  • L'Instrument financier d'orientation de la pêche (IFOP) est créé en 1994 pour faire face à la crise du secteur et à sa restructuration ;

  • Le Fonds de solidarité de l'Union européenne (FSUE) est créé en 2002 pour répondre aux catastrophes naturelles dont seraient victimes les États membres.

La redéfinition des fonds structurels et leur éventuelle suppression pour mettre en œuvre la « stratégie de Lisbonne » :
  • FEADER (Fonds européen agricole de développement rural) succède aux FEOGA  Orientation et au FEOGA  Garanties ;

  • FEP (Fonds européen de la pêche) succède à l’IFOP ;

  • Maintien du FEDER pour le développement des régions, du FSE pour la croissance et l’emploi, du Fonds de cohésion (transports et de la protection de l’environnement), ainsi que du FSUE ;

  • La suppression des 4 initiatives communautaires (INTERREG1 ainsi qu’URBAN2, EQUAL3 et LEADER+4) dont les orientations sont reprises par les fonds structurels : FSE, FEDER, FEADER.

La Banque européenne d'Investissements (BEI) :

La BEI est créé en 1958. Elle est l'institution financière de l'union ; avec le fonds européen d'investissement (FEI), créé en 1994, elle compose depuis 2000 le Groupe BEI. Ses statuts et ses missions sont visés aux articles 308 et 309 du traité sur le fonctionnement de l'union européenne : « Les membres de la Banque européenne d'investissement sont les États membres[participation au capital relatif à leur poids démographique et économique]. [] La Banque européenne d'investissement a pour mission de contribuer, en faisant appel aux marchés des capitaux et à ses ressources propres, au développement équilibré et sans heurt du marché intérieur dans l'intérêt de l'Union. À cette fin, elle facilite, par l'octroi de prêts et de garanties, sans poursuivre de but lucratif, le financement des projets ci-après, dans tous les secteurs de l'économie :
a) projets envisageant la mise en valeur des régions moins développées ;
b) projets visant la modernisation ou la conversion d'entreprises ou la création d'activités nouvelles induites par l'établissement ou le fonctionnement du marché intérieur, qui, par leur ampleur ou par leur nature, ne peuvent être entièrement couverts par les divers moyens de financement existant dans chacun des États membres ;
c) projets d'intérêt commun pour plusieurs États membres, qui, par leur ampleur ou par leur nature, ne peuvent être entièrement couverts par les divers moyens de financement existant dans chacun des États membres. »

La BEI accorde des prêts bancaires à moyen et long terme ; le FEI agit au travers d'opération de capital-risque et d'apports de garanties en faveur des PME. En 2008, les interventions du Groupe BEI se sont élevés à 48,4 milliards d'euros de prêts dont 84 % pour la cohésion économique et sociale et 34 milliards d'euros pour les régions bénéficiant des fonds structurels.

Vers une renationalisation de la politique de cohésion ?

La réforme des fonds structurels s'est accompagnée parallèlement à leur adaptation aux principes de la « stratégie de Lisbonne » du renforcement de l'autonomie des États membres grâce aux programmes opérationnels.

Techniquement les programmes financés ne doivent l'être qu'au regard d'un seul objectif de la politique de cohésion et d'un seul fonds structurels, quand précédemment les bénéficiaires cherchaient à mêler différents objectifs, fonds ou initiatives pour un même projet. Cette nouvelle organisation a au moins le mérite de la transparence et de la traçabilité. Mais la traduction concrète des « Orientations stratégiques pour la cohésion » (communautaires) se font désormais au travers des « cadres de référence stratégique national », définis par les États membres, au détriment souvent de la cohésion à l'échelle de l'union. Concrètement en France, cela s'est traduit dès 2006 par le retrait par l'État des subventions du FSE à l'attention des PLIE.

Alors qu'on a tendance à dénoncer des transferts de souveraineté des États vers les Communautés, la politique de cohésion est de plus en déléguée aux États avec des contrôles effectifs de l'union sur les programmes de moins en moins précis, au détriment de la redistribution européenne et de la réduction des disparités régionales européennes.

Les perspectives financières de l'UE marquent une première contradiction entre les objectifs affichées et leur mise en œuvre depuis 2000 :

Les années 1980 et 1990 et la montée en puissance des politiques de cohésion :

L'Acte unique de 1986 créait un premier titre spécifique dans les traités européens relatif au concept de cohésion économique et sociale pour une politique régionale solidaire. Il ouvrait la voie au « Paquet Delors » qui proposait de doubler les dépenses structurelles de 1988 à 1993 ; celles-ci atteignirent 31 % du budget communautaire.

L'accord inter-institutionnel de 1994-1999 les portera à 40 % des crédits communautaires. Ces crédits auront servi à l'intégration de l'Irlande, mais surtout des pays méditerranéens, dont les retards de développement étaient majeurs. L'effort consenti pour cette intégration a donc était massif, mais inachevé au regard de ce que l'on peut constater encore aujourd'hui de la structure de leurs économies (bien que les responsabilités nationales soient en l'occurrence importantes). L'élargissement de 1995 n'aura pas nécessité une effort aussi important, à l'exception notoire de l'absorption de l'ex-RDA. L'accord 1994-1999 anticipait la préparation de l'élargissement aux PECO.

Mais l'effort a été freiné.

Les perspectives financières des années 2000 :

Alors qu'est élaborée la « stratégie de Lisbonne », l'effort financier des années précédentes faiblit. Pourtant c'est dans ces conditions que l'Union européenne va intégrer 12 nouveaux entrants (PECO + Chypre + Malte).

Les perspectives financières pour 2000-2006 ou Agenda 2000 maintiennent le plafond global des ressources propres à 1,27 % du produit national brut (PNB) pour toute la période. Mais de fait l'effort structurel de cohésion est ramené à moins de 40 % : on peut constater que sur l'année 2004 les actions structurelles ont pesé 41 milliards d'euros (34,94 % du budget communautaire) et la stratégie de pré-adhésion 3,45 milliards (2,94 %) ; en 2005, on passe 34,87 et 2,89 % du budget communautaire ; en 2006 ce sera respectivement 35,49 et 2,86 %.

Le montant global du budget de l’Union s’élève à 864,316 milliards d'euros pour la période 2007-2013et la politique structurelle, avec 308 milliards d'euros, absorbera à peine plus d’un tiers de cette somme.

La répartition des moyens sur un total de 308 milliards d'euros sur 7 ans :

  • Objectif « convergence » : 251,163 milliards €, 81,54 % du total ;

  • Objectif « compétitivité régionale et emploi » : 49,13 milliards €, 15,95 % du total

  • Objectif « coopération territoriale européenne » : 7,75 milliards €, 2,52 % du total

La portée des crédits affectés aux actions structurelles est également réduite par les procédures propres au fonctionnement des directions générales de la commission européenne. Chaque année plusieurs dizaines de millions d'euros de crédits ne sont pas consommés, car l'Union ne finance les programmes qui lui sont soumis qu'à hauteur maximale de 75 %, les autorités publiques locales ou nationales devant co-financer obligatoirement. Or il arrive de plus en plus fréquemment que celles-ci ne soient pas en mesure d'honorer leurs engagements financiers, ce qui implique l'abandon des subventions européennes afférentes.

Le plafonnement des ressources propres de l'Union à 1,24 % du RNB (somme des Revenus Nationaux Bruts de chaque État membre) conduit à s’interroger plus encore sur l’insuffisance des moyens. Car ces 1,24 % sont un plafonnement maximum qui n'est jamais atteint sur chacun des années des perspectives financières 2007-2013 : de 1,06 % en 2007, il était prévu de passer à 0,94 % en 2013 (prévisionnel : 0,97 % pour 2009 et 1 % pour 2010).

La « stratégie de Lisbonne » renforce la compétitivité au détriment de l'intégration :

Le quatrième rapport de la Commission européenne sur la politique de cohésion (30 mai 2007) conduit à s’interroger sur le caractère proportionné de ces moyens, eu égard à l’insuffisance de la croissance dans l’Union et au maintien de fortes disparités économiques et sociales entre les États membres, plus particulièrement avec les nouveaux adhérents.

les présupposés de la « stratégie de Lisbonne » contradictoires avec les objectifs des politiques de cohésion :

Les conclusions de ce 4ème rapport ne pouvaient corriger la dynamique en court pour deux raisons essentiels. D'abord, comme on l'a vu dans la partie précédente, les perspectives financières 2007-2013 marquent un tassement certain de l'effort financier de l'union en faveur de l'intégration européenne. Mais surtout, la traduction concrète de la « stratégie de Lisbonne » dans l'application de la politique de cohésion en a changé le sens durablement et a détourné l'effort de l'union de la réduction des disparités régionales sur le territoire communautaire.

En effet, en mettant l'accent sur la compétitivité, la « stratégie de Lisbonne » conduit à privilégier au sein même de la politique de cohésion le soutien à des projets élaborés dans des régions ou des États déjà hautement compétitifs ; l'accent est donc mis sur l'innovation et la recherche, les réseaux trans-européens (RTE), l'« adaptabilité des travailleurs » et la flexibilité du marché du travail. Les trois premiers termes sont évidemment nécessaires mais s'ils sont renforcés par une politique de cohésion déjà en repli par ailleurs le résultat de la stratégie de Lisbonne appliquée aux politiques de cohésion ne peut être que le renforcement des dynamiques pré-existantes et l'aggravation des disparités régionales.

les fondements de la stratégie de Lisbonne, illustration de l'idéologie libérale d'une répartition internationale du travail :

Cette stratégie de politique économique élaborée conjointement par des gouvernements libéraux et des gouvernements socialistes, qui avaient cédé sur leurs valeurs (comme le dit si bien Martine Aubry) illustre parfaitement ce que décrit l'introduction du texte de notre convention nationale : « La croyance en un système vertueux de progression sociale généralisée et de partage du travail harmonieux (les produits à faible valeur ajoutée pour les pays émergents, la frontière technologique pour les pays développés) a été balayée.», car la stratégie de Lisbonne est une tentative d'application concrète de cette croyance sociale-libérale.

La « stratégie de Lisbonne a, de fait, renforcé une situation antérieure déjà déséquilibrée que l'Union européenne paie aujourd'hui lourdement dans le contexte de la crise économique. La République fédérale allemande fait près de 65 % de son PIB à l'exportation, en grande partie dans l'UE ; de ce fait elle écrase les productions et les exportations des autres États membres, alors que dans le même temps le consommateur allemand consomme peu et a eu tendance à moins consommer encore après les politiques d'adaptabilité et de flexibilité du marché du travail élaborées par les gouvernements Schröder puis Merkel. D'une certaine manière la stratégie de Lisbonne permet au niveau européen et dans une certaine mesure la transposition de ce la communauté internationale reproche peu ou prou à la Chine sur la scène globale.

la stratégie de Lisbonne à nouveau révisée :

La stratégie de Lisbonne a été adoptée au Conseil européen de mars 2000 en vue de faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde en 2010 ». Centrée sur la compétitivité, ses lacunes en matière de cohésion sociale et d’environnement ont conduit à l’adoption, au Conseil de Göteborg en 2001, d’une stratégie complémentaire, dite de développement durable. Considérant à la fin 2004 qu’elle ne remplissait pas ses objectifs (rapport Kok), la stratégie de Lisbonne a été recentrée en 2005 sur la croissance économique et l’emploi par la Commission Barroso (rapport Cohen-Tanugi).

En 2006, puis à nouveau en 2008, les objectifs ou priorités ont été redéfinis, rendant difficile l’identification sur le long terme des principaux objectifs de la stratégie. D'autre part, bien que le gouvernement français prétende que cette stratégie est aujourd'hui présentée comme un succès, nous avons vu que la Commission elle-même s'interroger sur les résultats contradictoires avec les objectifs affichés que cette stratégie impliquait pour la politique de cohésion de l'union, pilier de la construction européenne qui fait de l'Union autre chose qu'une simple zone de libre-échange.

La commission européenne a donc lancé une consultation de novembre 2009 à janvier 2010 en vu de nourrir le conseil européen des 25 et 26 mars 2010, qui a adopté la nouvelle stratégie européenne ; Le document adopté lors de ce conseil fixe deux rendez-vous importants :

  • octobre 2010 : le conseil se penchera sur la recherche et le développement et examinera en particulier les moyens permettant de renforcer le potentiel d'innovation de l'Europe ;

  • début de 2011, le Conseil débattra de la politique énergétique, et notamment de la manière dont celle-ci peut appuyer au mieux la transition vers une économie à faibles émissions de CO2 et une sécurité d'approvisionnement accrue.

Cependant la stratégie de Lisbonne révisée pour 2020 est marquée par l'opposition de plusieurs lignes politiques contradictoires, qui conduit au renvoi de son application par les États membres et amoindrit toute coopération européenne renforcée :

  • les défenseurs d'une plus grande intégration européenne, au regard du contexte et des conséquences de la crise économique et financière qui fait rage depuis 2008, mais la portée de leur discours reste limitée du fait de la revendication parallèle d'une plus stricte orthodoxie financière qui invaliderait des politiques de relance ; c'est essentiellement la position de la France et de l'Allemagne ;

  • les promoteurs exclusifs de la zone de libre-échange, qui voit finalement dans le renforcement des politiques communes et notamment des politiques de cohésion le risque d'un accroissement des contrôles européens sur les politiques nationales, le libre marché devant s'auto-assainir progressivement ; il s'agit essentiellement de la Grande-Bretagne et de la grande majorité des PECO.

conclusion et orientations :

Refonder la politique de cohésion pour renforcer l'intégration :

La politique de cohésion doit retrouver son orientation originelle, en conformité avec les principes établis dans les traités européens5. L'objectif est bien de « réduire l'écart entre les niveaux de développement des diverses régions et le retard des régions les moins favorisées ». La contradiction avec la stratégie de Lisbonne est évidente puisque celle-ci parie sur le renforcement de la compétitivité. Les fonds de la politique de cohésion ne saurait être mise au service d'une telle stratégie, mais doivent s'orienter clairement dans une mission de rattrapage économique.

Les régions compétitives devraient pouvoir renforcer leurs atouts sans l'intervention de la politique de cohésion qui doit au contraire nourrir un développement endogène durable, qui profiterait en retour à l'ensemble des populations et des territoires de l'Union.

De nouvelles perspectives financières :

Les perspectives financières 2007-2013 étaient déjà malthusiennes au moment où elles ont été négociées par les gouvernements européens en 2006. Avec la crise économique, la constat du contre-pied qu'elles représentent est complet.

L'Union doit impérativement accroître le budget communautaire, des marges existants d'ores-et-déjà puisque le plafonnement de 1,24 % du RNB en termes de ressources propres est aujourd'hui loin d'être atteint. Au-delà, une remontée des crédits alloués à la politique de cohésion à hauteur de 40 % du budget communautaire est nécessaire pour faire face au défi des inégalités de développement économique, territorial et social entre États membres. Dans un contexte d'économie mondialisée en crise, la cohésion européenne est d'autant plus nécessaire. La révision des objectifs de la PAC doit être réalisée en parallèle au regard du poids qu'elle représente dans le budget communautaire et de la restructuration de l'agriculture européenne.

La revendication des socialistes de permettre à l'Union de lever un impôt propre, au-delà de la contribution des États membres, et de recourir à l'emprunt pour financer notamment des grands programmes d'infrastructures européennes (matérielles ou numériques) est cohérente avec cette orientation.

Coordination des politiques économiques :

La coordination des politiques économiques européennes est évidente dans le cadre d'une nouvelle stratégie européenne, en lien avec un élargissement du mandat de la BEI et avec la modification des statuts de la BCE pour qu’elle puisse acquérir des obligations d’État. La stabilité de l'euro et sa transformation en outil économique efficace sont nécessaires.

Une administration européenne renforcée :

Le renforcement de la politique de cohésion et de la coordination des politiques économiques de la zone euro et au-delà implique un renforcement des contrôles par une administration européenne à l'opposé des désirs des libéraux européens. Pour mettre en œuvre des programmes européens et mettre fin à la non consommation de crédits structurels, des chefs de projets territoriaux européens, capables de coordonner l'action des autorités locales et nationales, peuvent être envisagés, à la condition que le co-financement des projets ne soit plus une condition sine qua non.

Le Parlement européen doit avoir des pouvoirs de contrôle renforcés :

Aujourd'hui, seule la Commission a l'obligation de réaliser des rapports réguliers sur l'application des politiques de cohésion et des différentes politiques communes en général. Transférer ces pouvoirs de contrôle, en développant une administration parlementaire européenne et mettant à la disposition du Parlement européen les services des directions générales de la Commission, pour mener à bien des missions de contrôle et des rapports, probablement plus critiques.



Références documentaires :





Note élaborée par Frédéric Faravel,
secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise
aux relations extérieures

1INTEREG III : stimuler la coopération transfrontalière, transnationale et inter-régionale

2URBAN II : favoriser la revitalisation économique et sociale des villes et banlieues en crise

3EQUAL l: développer de nouvelles pratiques de lutte contre les discriminations t les inégalités de toute nature dans l'accès au marché du travail

4LEADER+ : promouvoir le développement rural au travers d'initiatives de groupes d'action locale

5article 3.3 du TUE : l'Union « promeut la cohésion économique, sociale et territoriale, et la solidarité entre les États membres. »
article 174 du TFUE : «
 Afin de promouvoir un développement harmonieux de l'ensemble de l'Union, celle-ci développe et poursuit son action tendant au renforcement de sa cohésion économique, sociale et territoriale.
En particulier, l'Union vise à
réduire l'écart entre les niveaux de développement des diverses régions et le retard des régions les moins favorisées.
Parmi les régions concernées, une attention particulière est accordée aux zones rurales, aux zones où s'opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne
. »

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 10:16
République tchèque : le centre-droit obtient la majorité
LEMONDE.FR Avec Reuters, AFP | 29.05.10 | 16h58  •  Mis à jour le 29.05.10 | 21h10


algré une légère avance, les sociaux-démocrates du CSSD sont minoritaires dans le paysage politique de la République tchèque, selon les résultats quasi-définitifs des élections législatives, diffusés samedi 29 mai. Après dépouillement de 99 % des bulletins, le CSSD obtient 22,2 % des voix, contre 20,3 % à aux démocrates civiques de l'ODS. Ces derniers vont désormais pouvoir former une coalition avec les deux autres formations de droite, le nouveau parti TOP09 et les centristes d'Affaires publiques (VV), qui remportent respectivement 15,7 % et 10 % des voix. A cela il fallait ajouter les chrétiens démocrates (KDU-CSL), qui obtiennent environ 5 % des voix.

On ignorait dans l'immédiat comment ces résultats se traduiraient en sièges, mais ils laissent entrevoir que le centre-droit disposerait d'une étroite majorité au Parlement. En effet, les alliés communistes potentiels du CSSD ne recueillent que 12,2 % des voix et les Verts sont purement et simplement exclus du Parlement.

 

 

 

"UNE GRANDE CHANCE POUR CONSTITUER UNE COALITION RESPONSABLE"

"Si ces résultats se confirment, cela offrira une grande chance pour constituer une coalition responsable, une coalition dont le pays a besoin par ces temps difficiles", s'était réjoui le leader de l'ODS, Petr Necas, alors que se dessinaient les premières tendances. Milan Znoj, un politologue tchèque cité par l'AFP, parle quant à lui d'"un choc sur la scène politique". "Ce sera une grande victoire pour la droite et une défaite pour la gauche, principalement pour les sociaux-démocrates", précise-t-il.

En tant que vaiqueur du scrutin, le leader du CSSD, Jiri Paroubek, devrait être chargé par le président Vaclav Klaus de former un gouvernement. Mais il a d'ores et déjà admis que le score de son parti n'était "certainement pas un succès" et que le pays allait passer sous la coupe d'une coalition de droite.

M. Paroubek, premier ministre du pays entre 2005 et 2006, partait favori lors de ce scrutin. Son parti a compté jusqu'à 10 points d'avance dans les sondages face à ses rivaux de l'ODS avant de voir cet écart fondre. Jusqu'à vendredi, les sondeurs étaient incapables de désigner un vainqueur ou une coalition potentielle pour gouverner le pays.

La République tchèque est dirigée depuis douze mois par un gouvernement provisoire après la chute de l'équipe de centre-droite du libéral Mirek Topolanek (ODS), renversé à la suite d'une motion de censure déposée par le CSSD. L'annonce des résultats officiels est attendue dans la nuit de samedi.

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 16:06

Social-démocratie : leçons allemandes

- Telos.fr

Un sondage récent d’OpinionWay montre que la moitié des sympathisants du Parti socialiste français privilégient une alliance à gauche qui comprendrait le Nouveau Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot. En Allemagne, lors des récentes élections législatives, après la déroute des sociaux-démocrates, passés de 34,2% en 2005 à 23% en 2009, certaines voix se sont élevées à gauche pour réclamer une alliance entre le nouveau parti d’extrême-gauche, Die Linke, qui est passé de 8,1% à 10,7%, et le Parti social-démocrate.

Dans la crise économique actuelle, dans les deux pays, la demande de justice sociale s’est fortement accrue. En Allemagne, les électeurs qui ont déserté le SPD invoquent d’abord cette préoccupation selon un sondage d'une fondation allemande. Plus d’un million des électeurs du SPD de 2005 ont voté cette fois pour Die Linke. Le SPD a perdu près de 15 points dans les couches populaires salariées. 28% des ouvriers ont voté pour le SPD seulement mais 18% pour Die Linke. Dans les deux pays, la « gauche de la gauche », communistes ou trotskistes, a dépassé les 10% et s’est installée dans le paysage politique. Ces évolutions électorales correspondent à des changements d’attitudes des électeurs, qui, à la faveur de la crise, privilégient à nouveau l’action de l’État et qui, selon le volet français de l’enquête sur les valeurs, réalisé sous la direction de Pierre Bréchon et Jean-Pierre Tchernia, donnent désormais la priorité à l’égalité sur la liberté. La préférence pour la concurrence plutôt que pour les nationalisations, s’est érodée. Incontestablement, la crise du capitalisme financier a profondément marqué des opinons publiques qui comparent les fabuleux revenus des traders et grands patrons à l’évolution générale des salaires. La crise du capitalisme est ainsi devenue une crise morale, en même temps qu’économique.

Dans ces conditions, de fortes pressions s’exercent sur les partis socialistes pour qu’ils adoptent des positions plus fermes sur le fonctionnement du capitalisme et recherchent des alliances avec l’extrême-gauche. Ces pressions sont compréhensibles et pourraient trouver des oreilles attentives dans les partis socialistes.

Pourtant, d’autres données montrent que les socialistes sont en réalité face à une situation politique et électorale encore plus compliquée qu’il n’y paraît. Certes, la reconquête des couches populaires est pour eux un objectif prioritaire. Mais il faut souligner qu’en Allemagne, dans cette période crise, c’est la droite qui a globalement progressé et d’abord le parti libéral. L’ensemble gauche plus écologiste est passé de 51% à 46% en quatre ans. Quant à Die Linke, s’il fait un score impressionnant dans les anciens lander de l’Est avec 26%, dépassant le SPD (18%), en revanche, dans l’ancienne Allemagne fédérale, il ne rassemble que 8% des suffrages contre 24% au SPD et 11% pour les Verts. Or, en Allemagne, les Verts sont plus proches, par certaines de leurs orientations, des libéraux que de l’extrême-gauche, comme l’a montré leur décision récente de s’allier en Sarre avec les droites plutôt qu’avec les gauches. Une alliance rose/rouge n’a aujourd’hui aucune chance de gagner les élections dans ce pays. En France, dans cette même période de crise, la gauche n’a pas progressé aux élections européennes, même en incorporant les Verts qui ont atteint 16%, soit pratiquement autant que les socialistes. En outre l’extrême-gauche du NPA rejette toute alliance aussi bien avec les socialistes qu’avec les Verts, et donc tout exercice du pouvoir.

En réalité le choix réel auquel sont confrontés les socialistes dans les deux pays est le suivant : Soit, choisir clairement la fonction et la posture de tribun de la plèbe, soit, continuer de se donner comme principal objectif de revenir au pouvoir et de gouverner. Dans le premier cas, ces partis peuvent trouver un véritable avantage à gauchir fortement leur discours anticapitaliste et à se rapprocher autant que faire se peut de l’extrême-gauche. Dans le second cas, il leur faut d’abord conserver ou regagner une véritable crédibilité gouvernementale, et donc d’abord la crédibilité économique qui seule peut les ramener au pouvoir. Ici encore le sondage sur les élections allemandes est très instructif : le thème décisif de la campagne pour les électeurs allemands a été l’économie. Or, sur ce thème, 47% des électeurs estimaient que la CDU était la plus compétente et 21% seulement le SPD. Certes, sur le thème de la justice sociale, les chiffres s’inversaient mais l’image de crédibilité demeurait globalement en faveur de la droite et des libéraux.

Il faut ajouter que les électeurs du SPD de 2005 qui ont voté en 2009 pour la CDU ou pour le Parti libéral ont été plus nombreux que ceux qui l’ont déserté au bénéfice de Die Linke. Quand aux pertes socialistes au bénéfice des Verts, presque aussi nombreuses que celles en faveur de Die Linke, elles ne peuvent être considérées simplement comme un vote plus à gauche de ces électeurs. De même, en France, le succès des Verts aux Européennes, même si les Verts français demeurent, malgré l’influence de Daniel Cohn-Bendit, plus proches de l’extrême-gauche que leurs homologues allemands, ne peut pas non plus être assimilé à un simple virage à gauche, dans le sens traditionnel du terme, de ces électeurs, l’enjeu écologique étant un véritable enjeu politique en soi.

Si donc le thème de la justice sociale est décisif pour les socialistes, en particulier pour conserver le leadership à gauche et mobiliser les couches populaires, en revanche, celui de la crédibilité économique est capital pour revenir au pouvoir. En France, la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 a été largement due à son avantage sur le thème de la crédibilité gouvernementale. La social-démocratie, en France comme en Allemagne, est obligée en réalité d’articuler les deux thèmes de la justice sociale et de la crédibilité économique si elle veut à la fois résister aujourd’hui et gagner demain. Réaliser cette articulation est particulièrement difficile, surtout en ces temps de crise et de déficits, et peut être mal compris des électeurs de gauche, et donc provisoirement peu profitable. Mais si les partis socialistes se donnent la facilité de jouer exclusivement le rôle de tribun du peuple, quitte, pour y parvenir, à abandonner ce qui demeure décisif pour la majorité des électeurs, c'est-à-dire leur crédibilité économique, ils prennent le risque de rester très longtemps dans l’opposition. Ils peuvent choisir l’une ou l’autre voie. Chacune présente pour eux avantages et inconvénients. Encore faut-il qu’ils soient bien conscients de leurs objectifs et de la signification et de la portée du choix qu’ils effectueront.

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 10:19
CHANGER OU MOURIR : Quel avenir pour la social-démocratie ?
Les citoyens européens ont fait leur choix. Le Parlement européen et la Commission européenne seront dirigés par une coalition de droite. La complexité du processus de décision communautaire ainsi les traditionnels arrangements créeront sans doute la confusion auprès des citoyens sur qui sera responsable de l’orientation de l’Europe pour les cinq années à venir.

Mais les gouvernements et les partis de la droite européenne, ainsi que leurs députés au Parlement européen, doivent maintenant assumer pleinement les conséquences de leur victoire à la Pyrrhus, basée sur des taux d’abstention record. Je crois qu'ils vont décevoir beaucoup de ceux qui leur ont fait confiance le 7 juin. Les dirigeants de la droite européenne, et en particulier du PPE, utilisent aujourd'hui une rhétorique sociale-démocrate pour tromper leurs électeurs. Des engagements ont été pris sur la politique sociale, sur la lutte contre le changement climatique, sur la régulation des marchés financier et sur bien d'autres sujets encore ; ils ne seront pas tenus.
La tradition de légiférer par consensus va sans doute perdurer à Bruxelles et à Strasbourg. Mais j’ai la conviction que l’heure est venue de mettre davantage en évidence les différences politiques entre la gauche et la droite. Après cette défaite aux élections européennes, la socialdémocratie doit-elle faire comme si de rien n'était, et ainsi prendre le risque d'aider la droite à brouiller un peu plus les clivages politiques dans les années à venir ? Je ne crois pas que ce soit la voie à suivre. Pour commencer, nous devons nous battre pour nos engagements de campagne : un nouveau plan de relance européen et une réforme en profondeur du système européen de régulation financière. Mais, dès à présent, nous devons aller beaucoup plus loin.

La social-démocratie doit se renouveler. Les valeurs sur lesquelles nous avons fondé nos combats et nos succès politiques depuis plus d'un siècle doivent rester notre inspiration. Mais nous devons repenser notre projet dans le monde d’aujourd’hui, en perpétuelle mutation.
Nous devons être audacieux, fiers de ce que nous représentons et plus efficaces dans la manière d'exprimer nos idées et nos projets. Nous devons apprendre à être au plus plus proche des gens, de ceux qui se sentent exclus de la société et ne croient plus à la politique, en répondant à leurs peurs et à leurs rêves. Nous, partis socialistes et sociaux-démocrates européens, devons plus que jamais travailler ensemble. Nous devons aussi être ouverts auxpersonnes et aux idées progressistes au-delà de nos propres partis.
Mais nous devons aller encore plus loin. Notre impératif, aujourd’hui, est d’intégrer à notre pensée politique les dynamiques d’un monde en pleine évolution.

Prenons l’environnement. Nous nous sommes battus pour la protection des ressources naturelles, de la biodiversité, de la qualité de l'air et de l'eau. Mais comment lier cela à nos combats naturels pour la justice sociale et l’égalité ? Nous avons été incapables de développer une vision cohérente à long terme pour le développement écologique de nos économies et de nos sociétés. Si nous n'arrivons pas à trouver une manière de combiner notre combat de toujours contre les inégalités avec l’environnement, nous serons contraints de faire des compromis impossibles. Nous devons parvenir à plus de clarté et de crédibilité politique sur cette question essentielle qu’est le développement durable.
Prenons l’économie mondiale. Nous devons trouver de meilleures réponses aux aspects les plus néfastes de la mondialisation. Nous avons oeuvré pour un système économique global plus durable et plus juste. Mais les inégalités demeurent scandaleuses. Et la création de nouvelles richesses écologiquement durables, qui doivent être plus équitablement réparties, ne répond pas aux besoins des milliards de personnes qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté. Nous devons trouver de nouvelles réponses à ce défi mondial, et nous devons les trouver rapidement.
Sinon comment peut-on prétendre continuer d'incarner le principal mouvement politique internationaliste?
Prenons l’Europe. Nous avons peur de défendre une Europe politique plus forte. Nos discours sont hésitants, et parfois même contradictoires. Une fois encore, si nous n'arrivons pas à élaborer un projet clair et ambitieux pour l'avenir politique de l'Europe, nous ne pourrons pas convaincre les citoyens de nous soutenir pour construire une Europe capable de les protéger dans la mondialisation.

Nous avons perdu une élection, mais pas la guerre des idées politiques. Nous n’en sommes qu’au début. Pour les cinq années à venir, les institutions européennes seront dominées par la droite. Nous devons utiliser cette période pour engager un changement audacieux. Si nous y parvenons, les citoyens retrouveront confiance en nous, peut-être pour longtemps. Si nous échouons, et surtout si nous refusons de changer en continuant comme avant, nous mourrons.

Poul Nyrup Rasmussen, Président du Parti Socialiste Européen
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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 12:36
Aubry et Royal affichent une unité sans faille devant des militants revigorés

Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.mediapart.fr/journal/france/230509/apres-la-crise-quelle-social-democratie
[3] http://www.mediapart.fr/journal/france/230509/l-autocritique-europeenne-d-un-techno-social-democrate
[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/250409/toulouse-l-eurovision-sociale-democrate-lance-la-campagne-electorale
[5] http://www.mediapart.fr/journal/france/120509/segolene-royal-toujours-dans-l-evitement-du-ps
[6] http://abonnes.lemonde.fr/elections-europeennes/article/2009/05/28/europeennes-le-ps-decroche_1198834_1168667.html#ens_id=1166395
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 16:11
Après la crise, quelle social-démocratie ?
Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.mediapart.fr/node/41118
[3] http://www.mediapart.fr/journal/international/290608/les-quatre-crises-de-la-social-democratie-europeenne
[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/210509/le-ps-est-lache-par-une-partie-de-ses-economistes
[5] http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/180309/chere-martine-je-quitte-le-ps-pour-rejoindre-le
[6] http://la-forge.info/2008/11/14/tribune-la-social-democratie-sera-sociale-ou-ne-sera-plus/
[7] http://sr07.unblog.fr/2008/10/24/la-social-democratie-sera-europeenne-ou-ne-sera-plus-par-alain-bergounioux-et-gerard-grunberg/
[8] http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2009/04/07/crise-et-retour-de-la-sociale-democratie/
[9] http://www.jean-jaures.org/
[10] http://www.jean-jaures.org/essai24/cambadelis_FJJ.pdf
[11] http://www.mediapart.fr/journal/france/230509/l-autocritique-europeenne-d-un-techno-social-democrate
[12] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2.htm
[13] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2-p-9.htm
[14] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2-p-17.htm
[15] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2-p-37.htm
[16] http://www.laviedesidees.fr/La-fin-du-New-Labour.html
[17] http://www.laviedesidees.fr/La-fin-du-New-Labour.html#nb14
[18] http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2007-2.htm
[19] http://www.cairn.info/resume.php?REVUE=pole-sud&NUMPUBLIE=2007-2&PP=21
[20] http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2007-2-p-43.htm
[21] http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2007-2-p-105.htm
[22] http://www.policy-network.net
[23] http://www.policy-network.net/index.aspx?id=2612
[24] http://pvda.nl/renderer.do/menuId/37280/sf/37280/returnPage/37280/itemId/16622/pageId/37210/instanceId/37450/
[25] http://www.iue.it/
[26] http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-La-gauche-social-democrate-et-la-crise-_3633-846479_actu.Htm
[27] http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2009/05/12/pour-les-progressistes-le-renouveau-vient-d-amerique_1191982_3214.html#ens_id=1192077
[28] http://pgc09.wordpress.com/
[29] http://www.mediapart.fr/journal/france/050409/les-sept-conseils-de-mister-dean-aux-socialistes-francais
[30] http://www.ft.com/home/europe
[31] http://www.soco-ulb.be/en/publications-details_social-democratie-chomage.html
[32] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/search/?_Prescripts_Search_tabs1=advanced&_Prescripts_Search_orderBy=year&_Prescripts_Search_runnedQuery=(+(fullContent:"social democratie"^900.0 fullTitle:"social democratie"^940.0 content:"social democratie" title:"social democratie"^2.0 summary:"social democratie" authors:"social democratie"^5.0 illustrations:"social democratie"^4.0 bibrefs:"social democratie"^4.0 toctitles:"social democratie"^4.0 toctitles1:"social democratie"^3.0 toctitles2:"social democratie"^2.0 toctitles3:"social democratie")) AND ( +access_right:(free) )&_Prescripts_Search_pageToDisplay=0&_Prescripts_Search_resultPerPage=10
[33] http://www.laviedesidees.fr/ -social-democratie- .html
[34] http://www.google.fr/url?sa=t&ct=res&cd=66&url=http://www.laidi.com/papiers/socialdemo.pdf&ei=NyllSPaeMYOE0QXcq8C9DQ&usg=AFQjCNHYCECFBj2ihU3guCLI1PYvZtyhQg&sig2=CDxYJtgN8VCvc3kxHJAJWw
[35] http://www.lemonde.fr/old-horizons/article/2002/05/25/social-democratie-en-crise_277233_3230.html
[36] http://www.fondatn7.alias.domicile.fr/affiche_page.php4?Id=562&IdSite=1&IdRub=128
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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 10:17
Citoyens d’abord - Un nouveau sens pour l’Europe

Lors des élections européennes de 2009, le vote de chaque citoyen sera décisif.

Face à des défis sans précédent, les citoyens européens devront choisir entre une Union européenne progressiste, dans laquelle les Etats membres travaillent ensemble et dans l’intérêt des Européens, et une Europe conservatrice qui abandonne l’avenir de nos pays et de leurs citoyens aux mains du marché.

Le Parti socialiste européen, lui, s’engage à créer une société plus juste et plus protectrice, en disant : «les citoyens d’abord». Une coopération plus intense et plus efficace en Europe permettra de relever les défis et d’améliorer la vie des citoyens. Nous nous engageons à :
1. Relancer l'économie et éviter le retour des crises financières
2. Faire progresser la justice dans la nouvelle Europe sociale
3. Mettre l’Europe en tête de la lutte contre le changement climatique
4. Parvenir à l'égalité des sexes en Europe
5. Donner à l’Europe une politique d’immigration pour le progrès
6. Faire de l'Europe un partenaire fort pour la paix, la sécurité et le développement

Nous proposons 71 actions concrètes, parmi lesquelles :

‐ Une croissance écologique et innovante qui créera 10 millions d’emplois nouveaux ;
‐ Une nouvelle régulation des marchés financiers s’appliquant à tous les acteurs financiers ;
‐ La réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les industries telles que le transport et la construction ;
‐ Un Accord européen sur les salaires garantissant un salaire minimum décent dans tous les Etats membres ;
‐ L’intensification de la lutte contre le trafic de femmes et d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle.

Notre plan de réformes progressistes apportera le changement que les citoyens attendent d’urgence.
Dire «les citoyens d’abord», c’est aussi créer des emplois. Pour mener ces réformes, nous avons besoin d’une forte majorité de gauche au Parlement européen. Avec les partis socialistes, sociaux‐démocrates, travaillistes et démocrates progressistes d’Europe, nous proposons de créer cette majorité, afin de défendre vos intérêts et soutenir vos causes.
Avec nos valeurs communes et une même vision politique, nous travaillerons ensemble à une Europe plus juste, plus sûre et plus respectueuse de l’environnement. Rassemblés, nous sommes une force pour le changement.
Nous pouvons construire une société plus juste en disant : «les citoyens d'abord».
En juin 2009, donnons un nouveau sens à l'Europe.
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