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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 16:16
Recueilli par CATHERINE COROLLER - LIBERATION : mercredi 16 janvier 2008

Jean Bauberot, titulaire de la chaire d’histoire et sociologie de la laïcité à l’Ecole pratique des hautes études, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont les Laïcités dans le monde (PUF, 2007) et anime un blog (1).

Au Vatican comme à Riyad, Nicolas Sarkozy a valorisé la foi au détriment de la laïcité. Comment percevez-vous cette posture ?
Pour commencer, il faut essayer de voir pourquoi il a fait cela. Lui-même et ses conseillers ont bien lu les analyses sur la postmodernité, l’ultramodernité, ou ce que j’appelle, moi, la modernité tardive. C’est l’idée que l’on ne peut plus avoir confiance dans le progrès comme au temps des Lumières. A l’époque, la science et ses applications promettaient d’améliorer la vie sur terre. Aujourd’hui, elles sont accusées de mettre en danger la planète. Combiné au déclin des grandes idéologies, cela entraîne une montée des incertitudes. Du point de vue de la prise en compte de cette réalité, Sarkozy et ses conseillers ont plusieurs métros d’avance sur le PS. Si on ne comprend pas cela, on ne prend pas la mesure du défi que le chef de l’Etat lance à la gauche. Mais lui s’en sert au profit d’une tentative néocléricale de re-liaison du religieux et du politique, d’instrumentalisation du religieux par le politique.

Cela justifie-t-il des critiques aussi sévères sur la laïcité ?
La morale laïque est une morale commune. Elle n’a pas à être totalisante ni complète. Seules les sociétés totalitaires ont tenté de faire croire qu’elle pourrait répondre à toutes les aspirations de l’homme. Des individus peuvent estimer qu’elle est insuffisante. Libre alors à eux de rechercher volontairement une morale plus exigeante. Comparer morale laïque et morale religieuse, c’est confondre deux plans. De même quand Sarkozy dit que l’instituteur ne sera jamais à la hauteur du curé ou du pasteur.

Et l’insistance du Président à rappeler les «racines chrétiennes» de la France ?
Cette hypertrophie des racines privilégie le passé aux dépends de la dynamique et du mouvement. J’y vois une forme d’intériorisation de l’impuissance du politique, à l’égal des lois mémorielles votées par le Parlement. Le politique s’occupe de choses qui ne le concernent pas.

Sarkozy s’aventure-t-il sur un terrain qui ne devrait pas être celui d’un président de la République ?
Il fait de la religion une dimension obligatoire de l’être humain. C’est une option philosophique que n’a pas à avoir un président de la République. A ma connaissance, aucun de ses prédécesseurs n’est allé aussi loin. Personnellement, je suis protestant mais je dénie à l’Etat le droit de croire à ma place.

(1) http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com

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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 21:43
à écouter d'urgence


Du grain à moudre
par Julie Clarini et Brice Couturier
du lundi au vendredi de 17h à 17h55
  Du grain à moudre


  de Brice Couturier

Ecoutez
émission du mercredi 16 janvier 2008
La torture: point aveugle des démocraties libérales

 

 
Pour avoir proposé une vision nuancée et réaliste d’une séance d’interrogatoire, la série télé Criminal minds s’est vu remettre un prix cet automne ; Human Rights Watch, l'association américaine de défense des droits de l'homme, l’a récompensé dans le cadre de son combat contre la banalisation de la torture sur les écrans. Cette campagne qui a pour but de sensibiliser les scénaristes d’Hollywood, et bien sûr les téléspectateurs, se heurte à une réalité tout nouvelle : la torture n’est plus aux yeux de certains Américains une abjection morale. Dans la 7ème saison de 24 Chrono, la plus célèbre des séries télévisées, le non moins célèbre héros Jack Bauer qui s’adonne régulièrement – et avec de moins en moins d’états d’âme- à des actes barbares au nom de la guerre contre le terrorisme, dit tranquillement ne regretter aucun de ses actes. Un symptôme évident d’un changement de perspective que l’on date du 11 septembre. De 1996 à 2001, 102 scènes de torture ont été diffusées aux heures de grande écoute, mais ce n’est pas moins de 624 qui l’ont été de 2002 à 2005. Et surtout, les bourreaux ne sont plus les méchants, tueurs en série et trafiquants de drogue, mais les gentils, les héros, mieux : les patriotes. Un scénario fait recette, celui de la bombe à retardement, devenu tellement récurrent dans les films mais aussi dans les argumentaires pour la légalisation de certaines pratiques violentes qu’il possède une entrée sur wikipedia, sous l’appelation ticking time bomb scenario. Un terroriste possède des informations sur un attentat qui pourrait tuer des milliers de personnes : que faire pour les obtenir rapidement ? Ce cas d’école devient l’argument central de ceux qui plaident pour un assouplissement des règles de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre. La fiction et la réalité se mêlent dans les discours des politiques et même des juges avec toujours ce résultat d’affaiblir l’interdit moral qui pèse sur la torture. Et cette confusion n’a pas lieu que dans la tête des politiques mais aussi dans celle des militaires. Un faisceau de preuves montrent que les jeunes soldats en interrogatoire sur le terrain imitent les techniques d'interrogation vues à la télé. Bref, les Etats-Unis sont le théâtre d’un débat moral dans lequel prennent parti intellectuels et hommes de loi de haut niveau, un débat que nous ne devons pas ignorer car rien ne dit qu’il ne traversera pas l’Atlantique.
La torture peut-elle être permise dans une démocratie libérale ? Y a-t-il une jurisprudence Jack Bauer ?


 
Muriel Fabre-Magnan.  Professeur de droit privé à l'Université de Paris 1

 
Michel Terestchenko.  Philosophe, Maître de conférences de philosophie à l'Université de Reims et à l'IEP d'Aix-en-Provence

 
Frédéric Joignot.  Reporter au Monde 2, créateur de la revue Blast.


 



 

 
Frédéric Joignot
Gang bang : enquête sur la pornographie de la démolition
Seuil - janvier 2007
 

«Gang Bang», «Bukkake», «Throat Gagger» : une nouvelle pornographie violente, une pornographie de la «Démolition», se développe sur Internet où des «hardeurs», souvent masqués, s'y prennent à plusieurs pour éreinter, parfois violer des jeunes femmes anonymes appelées «Candy» ou «Sweety». Des milliers d'actrices se voient ainsi châtiées, maltraitées, humiliées dans ce qu'il faut bien appeler un bagne sexuel. Cette nouvelle pornographie dite aussi «gonzo» - une expression américaine désignant une forme de reportage où le journaliste participe à l'événement - gagne non seulement la Toile, mais influence toute l'industrie du cinéma X.

Dans cette enquête inquiétante, Frédéric Joignot, pourtant amateur de pornographie et hostile à toute prohibition, lève l'omerta qui règne sur ce cinéma sans limites et donne la parole aux actrices et aux «travailleurs du sexe». Il nous met en garde : un viol filmé n'est plus considéré comme un viol mais comme un reality-show ; la réalité de la souffrance et des corps a été absorbée par le virtuel.

 
 

 
Catherine Labrusse-Riou
Ecrits de bioéthique
PUF. Collection Quadrige. Essais, débats - 24 mai 2007
 

«L'homme a acquis son humanité en s'arrachant à la nature, à son animalité... Mais l'inhumanité guette dans l'arrachement excessif auquel conduit l'envahissement de la technique. Dans sa quête pour se rendre maître de la nature, l'homme occidental en vient à récuser la notion même de nature humaine et ne veut plus comprendre les raisons d'interdire et de s'autolimiter.» Dans l'introduction, M. Fabre-Magnan explique que le souci majeur de C. Labrusse-Riou a toujours été que l'humanité de l'homme soit préservée, que l'homme est la fin du droit et de l'éthique et que le juriste a un rôle spécifique à jouer pour protéger cette humanité et pour rendre possible la vie dans un corps social organisé à partir des principes fondateurs du droit et des données du droit positif.

Ces écrits sont regroupés en 3 parties : La naissance d'une discipline, dont certains sont devenus des textes de référence, Les grandes questions de la bioéthique, en particulier des réflexions sur la légitimité et la responsabilité, L'horizon de la bioéthique, sa nécessaire finalité qui est de sauvegarder la vie de l'homme, de défendre son humanité menacée par autrui comme par lui-même.

 
 

 
Michel Terestchenko
Un si fragile vernis d'humanité : banalité du mal, banalité du bien
La Découverte - septembre 2005
 

On a pu croire ou espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Définitivement. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité des hommes à entrer dans le mal ? La réponse à cette question devient chaque jour plus urgente.
Cet ouvrage montre combien est stérile l'opposition entre tenants de la thèse de l'égoïsme psychologique et défenseurs de l'hypothèse d'un altruisme sacrificiel. Il propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme : celui de l'absence ou de la présence de soi.

 
 

 
Muriel Fabre Magnan
Droit des obligations,volume 2, Responsabilité civile et quasi-contrats
PUF. Collection Thémis. Droit - 24 septembre 2007
 

L'obligation ne naît pas de la volonté mais de la loi et le Code civil distingue différents types d'engagements qui se forment sans convention et qui ne sont pas tous de même nature. Ce manuel présente la partie des obligations relevant des quasi-contrats : la responsabilité civile engagée à la suite de faits licites.
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6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 17:02
Didier Vaillant, la République blessée
LE MONDE | 06.12.07 | 16h08  •  Mis à jour le 06.12.07 | 16h08

l est presque minuit. L'allée des Bleuets fermente. Voilà une heure, 300 policiers quadrillaient cette artère de Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise. Après des contrôles d'identité, deux garçons ont été embarqués, sous l'oeil d'une centaine de journalistes. Au pied d'une masse de béton, où logent 1 500 personnes, une cinquantaine d'habitants s'échauffent : "Ils n'ont rien fait !" A quelques mètres, les CRS se replient derrière leurs boucliers en plexiglas. Au milieu de la marmite, Didier Vaillant tente de raisonner la foule.

Le maire socialiste de Villiers promet de donner les informations dont il disposera, de dire pourquoi les adolescents ont été menottés et arrêtés. La rage retombe. Quelques minutes plus tard, l'allée des Bleuets est déserte. Les deux précédentes nuits ont été si chaotiques, après la mort de Mouhsin et Larami, 15 et 16 ans, dont la petite moto est entrée en collision avec une voiture de police, le 25 novembre.

Didier Vaillant, 54 ans, a l'allure d'un préfet de province. Maire de Villiers-le-Bel depuis dix ans, il a subi avec accablement le feu de la violence. La bibliothèque Louis-Jouvet, le poste de police, l'école maternelle ont en partie brûlé. Lui en a gardé un goût de cendres. Il pense - sans doute avec excès - que deux nuits de guérilla ont ruiné des années de travail.

De Washington, le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Khan, s'inquiète. L'ex-maire de Sarcelles, limitrophe de Villiers-le-Bel, a appelé Didier Vaillant à plusieurs reprises. "Il ressent une certaine injustice, commente "DSK". Il se demande pourquoi de telles violences sont tombées sur lui." L'ancien président de la communauté d'agglomération du Val-de-France - qui regroupe Sarcelles, Villiers-le-Bel, Arnouville-lès-Gonesse, Garges-lès-Gonesse - souligne que, sur les 162 communautés "d'agglo" du pays, Villiers est la plus pauvre.

"C'est un homme blessé", constate "l'ami américain". "Il a été abattu", confirme Claude Dillain, son homologue de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui avait eu à faire face aux émeutes de novembre 2005. "Pour nous, c'est un choc psychologique. Nous ne sommes pas préparés à ça. Mais il ne sert à rien de se lamenter, il faut devenir le porte-parole de ceux qui souffrent", dit-il. Claude Dillain remarque aussi que, contrairement à Clichy, Villiers a reçu la visite des plus hautes autorités de l'Etat et que les violences ont été beaucoup plus dévastatrices dans sa ville. Raymonde Le Texier, sénatrice socialiste du Val-d'Oise, ex-maire de Villiers-le-Bel, dont Didier Vaillant fut le premier adjoint, assure qu'il doit prendre du recul. "Il a été blessé, c'est vrai, mais d'une manière presque narcissique", regrette-t-elle.

Didier Vaillant le reconnaît. Il dit comprendre la colère de la jeunesse, mais pas son expression incarnée dans une extrême violence. Cela ne se fait pas dans une République, point barre ! "Il ne peut pas se contenter d'invoquer la République, estime Mme Le Texier. Car la République a oublié les gens de Villiers." L'Agence nationale pour l'emploi, la Caisse d'allocations familiales, le commissariat de police sont absents de cette commune de 27 000 habitants. Il n'y a même pas de lycée d'enseignement général. Le maire s'était pourtant donné pour mission de ramener les services publics dans la ville.

Sa situation frise la schizophrénie. Car si la République n'est pas venue à lui, il va à elle. Diplômé de l'Institut régional d'administration de Lille, il devient à 24 ans fonctionnaire, attaché au ministère de l'équipement. Pendant un an, de 1991 à 1992, il est le chef de cabinet du secrétaire d'Etat à la mer, le socialiste Jean-Yves Le Drian. Dès 1989, il connaît la vie politique locale, en tant que maire adjoint chargé des travaux à Villiers-le-Bel.

Didier Vaillant a grandi dans une famille de gauche, "dans la grande tradition ouvrière éprise de justice sociale","Un vrai socialiste", ajoute-t-il. Le frère est conseiller municipal PS dans une autre commune du Val-d'Oise. La statue familiale, c'est le père, Raymond Vaillant, figure socialiste du Nord et intime de Pierre Mauroy. Il fut son premier adjoint à la mairie de Lille et son conseiller à Matignon. Quand Raymond Vaillant s'est éteint en 2005, l'ancien premier ministre de François Mitterrand lui a rendu cet hommage, aux obsèques : "Il était le frère que je m'étais choisi." raconte son confident et premier adjoint Nicolas Carrier.

Mauroy ne se considère pas comme un parrain ou un parent. Mais tout de même comme un proche de la famille, qui fréquentait le pavillon de Raymond Vaillant dans le Val-d'Oise. Ensemble, ils ont créé, en 1950, la Fédération Léo-Lagrange qui s'était donné pour mission "d'étendre la culture et organiser les loisirs des jeunes". Rien d'étonnant alors de voir à Villiers 5 "city-stades" en plein air et quatre gymnases ouverts de 18 heures à 22 heures, accessibles à tous et gratuits.

Depuis quelques jours, Didier Vaillant s'est mis hors la loi. Il fume ses Gitanes dans son bureau pour ne pas perdre de temps. Des tableaux, des photos aériennes de sa ville constituent une décoration sans faste, à son image. Au-dessus de son fauteuil, la célèbre colombe dessinée par Picasso en 1949 pour le grand congrès de la paix organisé par le Parti communiste français.

De sa fenêtre, on entend jouer des gamins du quartier, mais les cris ne semblent pas le perturber. Dans la rue, les passants le saluent. Didier Vaillant prend le temps de les écouter et de leur répéter la bonne parole : "C'est le temps de la reconstruction". Il serre les mains, écoute les lamentations. Cela peut être expédié en quelques secondes ou prendre plusieurs dizaines de minutes. "Je suis maire, mais aussi père, assistant social, facilitateur...", dit-il. Ses amis le présentent comme quelqu'un de rigoureux, de méthodique - mais capable, parfois, d'un grand entêtement. Proche du peuple ? En 2001, en tout cas, lors de l'élection municipale, la droite n'a pas été capable de rassembler 35 noms avant la clôture des listes. Seul en lice, Didier Vaillant - à la tête de la liste de la Gauche unie - a été élu avec... 100 % des voix.

Mais il y a, à ses yeux, un temps pour tout. "Quand je vais acheter des chaussettes, je ne veux pas qu'on vienne me parler d'un problème de logement", dit-il avec un sourire. Il a souhaité être un élu à mi-temps. Quand il n'est pas maire, il continue de travailler comme simple fonctionnaire au ministère des transports. Sous les dorures de la République.

Mustapha Kessous

PARCOURS

1954

Naissance à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).

1978

Fonctionnaire, attaché au ministère de l'équipement.

1991

Chef de cabinet du secrétaire d'Etat à la mer, Jean-Yves Le Drian.

1997

Maire de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Réélu en 2001.

2005

Disparition de son père, Raymond Vaillant, proche de Pierre Mauroy.

2007

Emeutes à Villiers-le-Bel, après la mort de deux adolescents.

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3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 14:29
Benoît Hamon invité du 18h de Public Sénat
Débat avant le discours de N. Sarkozy

ligne
 

Si le lecteur n’apparait pas, vous pouvez voir l’émission ici

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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 11:41
Il est tellement évident que la mort de deux jeunes - aussi tragique soit-elle et quelles que soient les responsabilités vraisemblables des uns et des autres dans un accident de la circulation - ne justifiera jamais que des violences gratuites soient perpétrées contre les représentants de l'autorité ou des bâtiments publics  qui participent de l'ouverture culturelle et humaine d'une population en difficulté sur le monde ; c'était le cas de la bibliothèque brûlée à Villiers-le-Bel.
Mais une fois que cela est dit, on ne peut oublier que ces évènements inqualifiables traduisent ce que l'on ne peut même plus appeler un malaise profond dans les banlieues françaises, tant le mot paraît aujourd'hui dérisoire au regard de la gravité des faits et de leur renouvellement. La méfiance vis-à-vis de l'autorité, le sentiment de relégation de larges franges de la population a accouché finalement aujourd'hui d'un sentiment de haine iraisonnée, d'un petit parfum de guerre civile, qui peut mettre à mal les fondements du pacte républicain si on laissait faire encore.
En 2000, participant au forum de la jeunesse de Cergy au titre du conseil départemental des jeunes du Val d'Oise, j'avais expliqué que militant "jeune socialiste" dans la Vallée de l'Oise, allant à la rencontre des jeunes des quartiers de Persan et Beaumont-sur-Oise, j'avais eu l'occasion d'échanger avec eux qui ne voyaient dans leurs perspectives que l'émeute pour transformer le contexte social et urbain dans lequel ils vivaient. Je leur disais :
- que le risque était grand que les émeutes ne sortant pas des quartiers populaires, la partie plus protégée socialement et géographiquement de la population refuse de prendre en compte les préoccupations urgentes et si malhabilement exprimées ;
- que cette majorité française hors quartier populaire décide de vivre consciemment en faisant une croix sur l'autre de partie de la population qui s'agitait, l'excluant de fait du contrat social, par égoïsme et peur.
La perspective serait d'envoyer  les forces répressives ramener le calme de temps à autre, en attendant les prochaines émeutes qui déboucheraient sur le même scénario et aggrandirait le fossé entre deux France.


C'est exactement ce qui est en train de se passer aujourd'hui !

Deux ans après Clichy, le discours politique - avant tout celui du gouvernement UMP d'hier et d'aujourd'hui mais plus gravement celui également de centaines d'élus de gauche (!?) - privilégie une réponse à sens unique : le maintien de l'ordre. La crise sociale des banlieues n'a jusqu'ici été traitée qu'en augmentant et pérennisant l'emploi de forces exceptionnelles (CRS, gendarmes mobiles...) lorsque des coups de grisou survenaient. Le paroxisme ayant été l'état d'urgence de 2005, mais la logique était déjà présente auparavant. Je ne dit pas que la sécurité n'est pas un sujet phare dans nos banlieues au contraire, mais nous entrons là dans le débat qui oppose gauche et droite sur police d'ordre ou police de proximité ; ce qui est inquiétant c'est l'acceptation croissante de la nécessité prioritaire d'une police d'ordre à gauche...
Par contre, depuis 6 ans qu'est-ce qui a changé en termes de logements, d'emploi, de transports, de services publics dans ces quartiers ? rien... L'appel au calme, l'appel au rétablissement de l'ordre, le rappel des peines encourues par les fauteurs de troubles tiennent lieu de politique sans que l'on s'occupe du fond. Une fois l'ordre rétabli, on retrouvera le même cancer social, jusqu'à ce que la prochaine émeute fasse renaître à la marge un petit sentiment de culpabilité, et encore de moins en moins.
Les maires de gauche qui viennent de lancer un appel à prendre en compte les vrais problèmes de la banlieue se trompent eux-mêmes quand ils réclament comme solution prioritaire l'augmentation des ressources financières des communes populaires : à Sarcelles, à Clichy, on en fait beaucoup plus avec moins de ressources que dans beaucoup de communes mieux dotées. Le fond du problème tient d'une part à la volonté politique et d'autre part à la nécessité d'un retour de l'Etat dans les quartiers avec les services publics et les entreprises publiques qui le représentent. Car c'est à lui d'assurer l'unité du pays.

La perversion du système actuel est lisible dans le vocabulaire que l'on emploie. Parler d'égalité des chances c'est se fourvoyer gravement... Quant on parle d'égalité des chances, répondant ainsi à de nombreuses expressions populaires "j'ai eu de la chance", "on m'a donné une chance", "donnez-nous une chance de vous démontrer...", c'est laissé entendre que les individus, les personnes, sont en compétition les uns avec les autres et qu'ils pourraient jouer leur vie sur un jet de dés, et puisque c'est l'égalité des chances, on a une chance au départ et on ne reviendra pas dessus...
A cette "égalité des chances", ce faux-ami du langage politique, je préfère un terme bien moins ambigu : "égalité républicaine", c'est-à-dire une égalité de droits (droits civiques, droit à un logement digne, droit à l'éducation, droit au travail, etc.) fermement garantie par la République, une République - c'est-à-dire l'Etat - qui quels que soient les territoires concernés en finissent avec ces scandales que sont la pénurie de logements, l'habitat indigne, la déshérence pédagogique et en moyen de l'éducation nationale et la discrimination à l'emploi.

Frédéric FARAVEL
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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 11:38
Une vidéo-amateur contredit la version de la police sur l'accident de Villiers-le-Bel
LE MONDE | 28.11.07 | 11h15  •  Mis à jour le 28.11.07 | 11h25

ne vidéo amateur contredit l'une des affirmations de l'inspection générale de la police nationale (IGPN) sur l'accident entre un véhicule de police et une mini-moto, dimanche 25 novembre à Villiers-le-Bel, qui est à l'origine des deux nuits d'émeutes.

Selon l'IGPN, chargée d'enquêter sur les circonstances de la collision, les images parues dans la presse montrant le véhicule avec l'avant défoncé et le pare-brise étoilé ne traduisaient pas la violence du choc mais s'expliquaient par des dégradations commises à coup de barres de fer après l'accident.

Cet élément est un des arguments avancés par la police (Le Monde du 28 novembre) pour appuyer la thèse d'une voiture circulant à faible allure et percutée par la mini-moto à l'avant-gauche.

La vidéo, que Le Monde a pu visionner une première fois dimanche 25 novembre, vers 20 h 30, puis à nouveau, en détail, mardi 27 novembre, met à mal cette hypothèse.

Les images tournées quelques minutes après l'accident montrent un véhicule sérieusement endommagé, ce qui correspond aux photos publiées dans la presse. Elles vont dans le même sens que les déclarations de témoins qui disent avoir protégé le véhicule de toute exaction pour faciliter l'enquête.

L'auteur du film, que nous avons rencontré, souhaite rester anonyme. Désireux de faire la lumière sur l'accident, il a néanmoins transmis le document à Yassine Belattar, animateur sur la radio Générations 88.2, proche des familles des victimes, qui nous a autorisé à le copier pour pouvoir l'analyser.

Le cinéaste amateur dit avoir été averti "quelques minutes après les faits". Il est aussitôt descendu de son appartement situé à proximité immédiate des lieux. Il dit avoir commencé à filmer "très peu de temps" après l'accident, signalé aux pompiers à 17 heures, selon l'horaire communiqué par la procureure de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry. Il dit avoir commencé à filmer entre 17 h 15 et 17 h 20.

La vidéo, de qualité correcte, montre des habitants qui regardent les pompiers en intervention. Ces derniers prodiguent des massages cardiaques aux deux victimes. Des policiers sont présents.

Après quelques minutes, on voit arriver un véhicule du SMUR de Gonesse. Or, selon le SAMU du Val-d'Oise, averti de l'accident à 17 h 03, le camion d'intervention médicale est parti à 17 h 08 de l'hôpital de Gonesse qui se trouve à 5 kilomètres du lieu de l'accident, soit à 10 minutes environ en respectant les vitesses maximales. Selon nos calculs, le SMUR serait donc arrivé vers 17 h 18.

A cet instant, la position du véhicule, à cheval sur la chaussée et sur le trottoir, correspond très exactement à celle observée sur les photos de presse. La vidéo, qui montre le véhicule à de nombreuses reprises et sous plusieurs angles, permet de constater très clairement que le véhicule se trouve dans le même état que sur les premières photos publiées.

Dans les deux cas, le capot, tordu, remonte sur la partie droite, le pare-brise avant est étoilé et enfoncé vers l'intérieur du véhicule, le pare-chocs avant est arraché, ainsi que le phare avant-droit.

LE POMPIER CONFIRME SA VERSION
Reste l'hypothèse de dégradations commises entre le moment de l'accident et le début de la vidéo. Or, les policiers affirment que les victimes n'ont jamais été laissées seules : présents sur place, ils auraient donc signalé d'éventuelles dégradations sur leur véhicule, ce qu'ils n'ont pas fait. Des dégradations survenues à ce moment supposeraient aussi que des jeunes se soient munis de barres de fer dans ce laps de temps et qu'ils s'en soient pris à la voiture alors que les deux adolescents gisaient au sol à proximité.

La vidéo montre aussi que les secours se déroulent dans un contexte relativement calme, au moins pendant la première partie. La tension semble monter vers la fin du film mais ne se traduit pas par des actes de violence.

Interrogés par Le Monde, la police et le ministère de l'intérieur maintiennent la version de l'IGPN selon laquelle, "probablement", le véhicule de police a été volontairement dégradé après l'accident. L'enquête ne cite pas de témoins directs de ces coups éventuels portés contre la voiture, mais s'appuie notamment sur le témoignage d'un major-pompier de Villiers-le-Bel, le premier responsable à être intervenu sur les lieux de l'accident.

Ce dernier a été entendu lundi soir par la police. Joint par Le Monde, il n'a pas souhaité donner son nom mais réitère sa déposition : "La première réflexion que je me suis faite quand j'ai vu les photos de la voiture de police parues dans la presse, c'est qu'elle n'était pas aussi dégradée quand je suis intervenu. Elle n'était pas dans l'état que j'ai vu sur ces photos. Le capot était certes abîmé, le pare-brise et la calandre gauche aussi mais du côté droit, ça tenait encore".

Le sapeur-pompier insiste : "Le véhicule ne ressemblait pas aux images, ça n'avait rien à voir. Quand je les ai vues, j'ai été choqué". L'expert technique mandaté pour déterminer le point exact de l'impact, lui, n'a pas encore rendu ses conclusions.

Luc Bronner et Isabelle Mandraud
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15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 15:22
Manifestation contre le projet de réforme de la carte judiciaire: Mercredi 21 novembre à 16h00 (place Vendôme)


Le Parti socialiste, la  Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) en lien avec les groupe socialistes de l'Assemblée Nationale et du Sénat organisent, au moment de la tenue du congrès des maires de France, une manifestation des élu(e)s et des militant(e)s contre le projet de réforme de la carte judiciaire présenté par Rachida DATI.

Cette manifestation aura lieu:

Mercredi 21 novembre à 16h00
Devant le ministère de la justice (Place Vendôme)

 Pour les élus, pensez à vous munir de votre écharpe

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13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 09:23

voici un excellent débat sur l'état de structuration sociale et politique en France et la question des dynamiques socio-culturelles à l'aune de la mondialisation financière. A verser au débat sur la détresse idéologique et culturelle de la gauche française.
FRED

 

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IDEES


Du grain à moudre
par Brice Couturier et Tara Schlegel
du lundi au vendredi de 17h à 17h55
  Du grain à moudre

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Podcast
émission du lundi 12 novembre 2007
Nouveaux clivages sociaux ou retour de la lutte des classes ?

Existe-t-il encore quelque chose comme des classes sociales ? Ou faut-il penser que la société post-industrielle a mis fin à leur existence ?

D’après certains sociologues contemporains, comme Antony Giddens ou Ulrich Beck, les classes sociales d’autrefois ont été remplacées par un empilement de situations individuelles sans structuration objective ni conscience d’appartenance.
Louis Chauvel a recensé les publications faisant référence aux concepts de classes et de luttes des classes au cours des dernières décennies. Son travail montre qu’après avoir connu un âge d’or dans les années 1950 et 1960 – et surtout dans les années 70 – ces catégories ont connu un reflux dans les années 1980 et encore plus 90.
Déjà, en 1990, le philosophe Marcel Gauchet – qui était ce matin l’invité d’Ali Baddou sur notre antenne – prédisait dans un article de la revue Le Débat, passé alors inaperçu, la revanche de cette «oubliée, la lutte des classes».
A nouveau, on nous prédit en ce moment le grand come-back des classes et de leurs luttes. Cela a commencé avec l’analyse des présidentielles de 2002 et du référendum du 29 mai 2005. De nombreux spécialistes des comportements électoraux ont diagnostiqué alors un décrochage des «catégories populaires» vis-à-vis de l’offre politique. Un certain nombre de conflits sociaux ont également été décrits comme des affrontements de classe.
Mais peut-on réellement identifier les acteurs des luttes sociales actuelles – salariés du secteur public ou para-public, disposant d’un emploi à vie et protégés contre la concurrence – avec le prolétariat d’autrefois, soumis à l’exploitation du capital ? Des catégories particulières défendant légitimement leurs avantages acquis, avec la «classe universelle» dont nous parlaient les marxistes ? D’autres spécialistes considèrent comme un «nouveau prolétariat», les travailleurs précaires, ouvriers des services pour l’essentiel, dotés d’un faible de niveau de qualification, violemment exposés à la concurrence de la main d’œuvre des pays émergents, fortement touchés par le chômage et qui sont aussi les grands oubliés de la distribution des avantages sociaux.
Selon la tradition marxiste, les luttes de classes opposent les détenteurs des moyens de production aux travailleurs qui ne disposent que de leur force de travail. Faut-il considérer les instituteurs américains en retraite, dont les fonds de pension détiennent un pourcentage appréciable du capital de nos entreprise du CAC 40 comme des capitalistes ? Toujours selon la théorie marxiste, pour qu’il y ait lutte de classes, il faut que l’antagonisme entre capitalistes et prolétaires soit conscient et qu’il prenne des formes organisées, tournées vers la destruction du système capitaliste. Le fait, avéré dans de nombreux pays, de l’éclatement de la classe moyenne suffit-il à prophétiser le grand retour de la lutte des classes ? Sur quels critères s’appuient donc les augures du nouveau prolétariat ?

Stathis Kouvélakis.  Enseigne la philosophie politique au King's College de l'université de Londres, Membre de la rédaction de Contretemps

Jean Lojkine.  Sociologue, Directeur de recherche émérite au CNRS

Pierre Zaoui.  Philosophe

Francois Dubet au téléphone.  Sociologue, enseigne à l'Université de Bordeaux II, Directeur d'études à l'EHESS

 

 
 
Jean Lojkine
L'adieu à la classe moyenne - La Dispute - 2005

Et si on avait tout simplement oublié de s'intéresser, à côté de la décomposition de la classe ouvrière, à celle tout aussi significative de la fameuse classe moyenne, à l'autre bout du grand bloc salarial ?

Le sociologue Jean Lojkine tente de prendre au sérieux le brouillage général des repères de classes qui s'est opéré au cours des trente dernières années, du point de vue des rapports sociaux de travail, de sexe, de génération...

Il dresse ainsi un tableau du salariat à l'âge des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il montre le développement imbriqué, dans l'ensemble des secteurs d'activités, concernant l'OS aussi bien que l'ingénieur ou le cadre, d'un processus d'intellectualisation du travail et d'une nouvelle forme de contrôle néotaylorien sur les objectifs et les résultats du travail.

À partir de ce mouvement contradictoire, l'auteur s'interroge sur les solidarités nouvelles qu'ont manifestées les récents mouvements sociaux entre générations, entre secteur public et secteur privé, entre professions intellectuelles et couches populaires et propose une réflexion sur les potentialités nouvelles de recomposition identitaire d'un salariat « multipolaire », sans groupe hégémonique.

 
 

 
Pierre Zaoui
Le libéralisme est-il une sauvagerie -
Bayard - 2007
 

« Quand on ne sait plus s'opposer et se déchirer pensée contre pensée et non personne contre personne, s'ouvre au mieux le règne des dialogues de sourds, ou le règne des ni-ni, et au pis le règne des haines recuites et silencieuses où il n'y a plus de politique, seulement, à l'horizon, des guerres innommables. »

Le temps d'une question

Le libéralisme est aujourd'hui au centre des débats moraux et politiques. Il y a ceux qui soutiennent qu'il s'agit d'un système, à accepter ou rejeter en bloc ; et ceux qui aimeraient distinguer entre un bon libéralisme politique et un mauvais libéralisme économique, ou un libéralisme sauvage et un libéralisme modéré, ou encore un libéralisme humaniste et un néo-libéralisme abominable. Certains voudraient ainsi la liberté d'entreprendre mais pas celle de vivre moralement comme on l'entend, et d'autres la liberté de penser, de créer, de se marier, mais pas celle d'exploiter son prochain. Comment sortir d'une telle confusion ?
-4ème de couverture-
 
 

 
J. Lojkine M.Vakaloulis et P. Cours-Salies
Nouvelles luttes de classes
PUF - 2006
 

La montée des mouvements sociaux depuis 1995 a redonné vie aux débats sur les luttes de classes en France : assiste-t-on à un « retour » des classes sociales occultées durant les années 1980-1990 ? Ce « retour » n'est-il qu'illusoire, compte tenu des bouleversements sociologiques opérés depuis trois décennies sur les principaux acteurs historiques de la conflictualité sociale ?

Certes, la mythologie de la « classe moyenne » a du plomb dans l'aile. La thèse, qui n'est pas neuve, de la « moyennisation » de la société capitaliste, d'un grand groupe central allant des ouvriers à statut aux cadres supérieurs, avec un brassage de toutes les couches de la société vers le haut, ne peut plus rendre compte de la montée des inégalités sociales. Mais peut-on en revanche encore parler du « prolétariat », comme d'un sujet historique représentant l'ensemble du « salariat » face à la classe capitaliste ? Peut-on, a fortiori, parler d'un combat « classe contre classe » ?

Si le salariat se généralise et même se mondialise aujourd'hui, en même temps il se différencie. Les clivages culturels si profonds entre professions intellectuelles et salariat d'exécution, entre salariés protégés par leur statut et salariés précaires, rendent beaucoup plus compliquée la convergence des luttes anticapitalistes. Mais l'action collective « mouvementiste » n'est-elle pas un facteur d'élargissement de l'espace public ? Peut-on y voir un puissant facteur de recomposition des représentations légitimes de la politique et de reconstruction de nouvelles perspectives d'émancipation sociale ?

Cet ouvrage collectif apporte des éléments de réflexion sociologiques à ces questions, en reprenant notamment les débats qui ont animé les ateliers Sociologie lors du quatrième Congrès international organisé en 2004 par la revue Actuel Marx.
-4ème de couverture-
 
 

 
Stathis Kouvélakis
La France en révolte. Mouvements sociaux et cycles politiques depuis 1968
Textuel - septembre 2007
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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 10:59
Les non-dits du débat sur le "Grand Paris", par Jean-Louis Andreani
LE MONDE | 13.10.07 | 13h43  •  Mis à jour le 13.10.07 | 13h46

ne nouvelle étape dans la longue gestation du Schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) commence lundi 15 octobre, avec l'ouverture d'une enquête publique, tandis que l'exécutif de gauche de la région s'oppose vivement à Nicolas Sarkozy et François Fillon sur ce texte. Le Sdrif doit notamment fixer les grandes orientations du développement économique et urbanistique de l'Ile-de-France à l'horizon 2030. L'enquête durera jusqu'au 8 décembre, mais il faudra plusieurs mois avant qu'elle ne soit exploitable et ses résultats versés au débat. C'est l'Etat qui aura le dernier mot, en acceptant ou non de transmettre le schéma au Conseil d'Etat pour validation.

En 2004, la région a décidé de réviser le Sdrif actuel, qui devait aller en principe jusqu'en 2015. Le chantier a été confié à Mireille Ferri, vice-présidente (Verts), et un projet adopté par la région le 15 février. Dès leur arrivée aux affaires, le président de la République et le premier ministre s'en sont pris à ce projet qu'ils jugent inadapté à l'importance de l'Ile-de-France, dans la vie du pays et dans la compétition internationale.

Le 26 juin, en inaugurant le nouveau terminal de l'aéroport de Roissy, M. Sarkozy a dressé le constat d'une Ile-de-France en manque de "croissance" et de "cohésion", puis a donné sa vision de l'avenir. Il a notamment repris à son compte l'idée d'un "Grand Paris" et demandé que le Sdrif soit remis en chantier pour définir une "stratégie efficace". Le 11 juillet, M. Fillon a formalisé cette requête présidentielle, en sommant la région, présidée par Jean-Paul Huchon (PS), de surseoir à la procédure engagée, pour élaborer un texte plus conforme à "l'ambition" définie par M. Sarkozy. Faute de quoi, le premier ministre ne transmettrait pas le texte au Conseil d'Etat. Après la trêve estivale, l'offensive a repris dès le 19 septembre, avec un communiqué du préfet de la région Pierre Mutz renouvelant de "fortes réserves". En réponse, M. Huchon a lancé l'enquête publique, comme prévu...

La complexité de la procédure est à la hauteur de celle des enjeux. Le débat mêle de façon étroite questions de fond et préoccupations électorales immédiates. Les deux volets essentiels du Sdrif, eux-mêmes indissociables, sont le logement et les transports. Les besoins en logements sont considérables. Mais si l'étalement urbain - que le précédent schéma directeur n'est pas parvenu à endiguer -, continue à se propager, la question des transports deviendra de plus en plus inextricable.

Le clivage politique entre la droite et la gauche sur ces points est réel, mais souvent masqué par la technicité des débats : peut-on ou non densifier sans consommer davantage d'espace ? Dans quelle mesure une liaison directe par rail Paris-Roissy est-elle prioritaire par rapport à d'autres transports publics ? Dans les discussions sur le Sdrif comme sur le "Grand Paris", se profile, en filigrane, la question des inégalités territoriales et sociales. Ainsi les orientations développées par M. Sarkozy reviennent à renforcer davantage les points forts de l'économie régionale, comme la Défense. La gauche craint qu'un tel choix ne pérennise, voire n'accentue les inégalités, en particulier entre le nord-est et le sud-ouest franciliens. Même si la droite se garde de contester les principes mêmes qui inspirent le nouveau Sdrif : développement durable, logements notamment sociaux plus nombreux et mieux répartis, transports en commun... Pour Jean-Paul Planchou, président du groupe PS au conseil régional, "on est en pleine hypocrisie", car c'est bien "une bataille politique frontale" qui se livre autour du Sdrif, entre deux "visions" de la région.

JOUER LA CRISE
Mais les désaccords se trouvent aussi au sein de la gauche, entre certains maires, sur la répartition des logements sociaux, ou bien entre les deux dirigeants PS, le maire de Paris Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon. La visibilité politique et médiatique du premier est, par nature, plus forte que celle du second, mais la ville ne peut pas faire l'impasse sur la région. Les intérêts politiques des deux collectivités, et de leurs chefs, ne coïncident pas forcément, bien que leurs problèmes (transports, pollution, logement...) soient le plus souvent liés. Dans les premières années de la mandature Delanoë, les élus régionaux ont eu le sentiment que la ville faisait cavalier seul. Le président de la région ne l'a pas oublié, et ce choix initial pèse encore sur ses relations avec le maire.

Le débat sur le "Grand Paris" s'imbrique dans celui sur le Sdrif et le complexifie encore un peu plus. Lorsqu'il l'a évoqué à Roissy, M. Sarkozy savait très bien que M. Delanoë et son équipe étaient ralliés à l'idée d'une telle structure, dont la forme reste toutefois à définir. M. Huchon, à l'inverse, était très réticent face à ce qu'il percevait comme le risque, pour lui-même et la région, de se retrouver cantonnés à l'aménagement des "franges de la banlieue excentrée". "L'agglomération, pour moi, c'est la région", a-t-il répété. La première réaction de la Mairie de Paris au discours de Roissy a été étonnamment positive, avant que M. Delanoë ne corrige cette impression en durcissant le ton à l'égard de M. Sarkozy.

Dans les deux dossiers, M. Huchon pourrait être la cible principale du président de la République. Ce dernier paraît en effet sceptique sur la possibilité d'enlever à M. Delanoë la Mairie de Paris en 2008, et aurait plutôt comme objectif de regagner la région deux ans plus tard. En s'opposant au Sdrif, il s'agit bien sûr de décrédibiliser la gestion socialiste. Quant au "Grand Paris", en reprenant l'idée à son compte, M. Sarkozy pouvait espérer enfoncer un coin entre MM. Delanoë et Huchon, tout en affaiblissant le second. Mais à l'approche des élections municipales et cantonales de 2008, les deux dirigeants PS, faisant taire leurs divergences, se sont rapprochés. M. Huchon a accepté le principe d'une structure propre au coeur d'agglomération, tandis que M. Delanoë indiquait au Journal du dimanche du 23 septembre que "faire sans la région, c'est l'échec assuré".

Dans ce contexte politique compliqué, la phase de l'enquête publique sur le Sdrif pourrait prendre une grande importance : en fonction de ses résultats, elle facilitera ou non le "compromis" acceptable souhaité par M. Planchou, qui estime que le pouvoir est plutôt tenté d'aller à l'affrontement, en bloquant le schéma. Quitte à jouer la crise. Après l'échec du précédent schéma directeur, qui s'est montré inefficace pour ordonner et canaliser le développement de l'Ile-de-France, la région phare du pays courrait alors le risque d'une paralysie de l'action publique.

Jean-Louis Andreani
Article paru dans l'édition du 14.10.07
 
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10 octobre 2007 3 10 /10 /octobre /2007 13:10
Je précise d'entrée que l'article qui suit a avant tout une portée pamphlétaire...

Il semblerait que le petit cercle médiatico-politique se soit donné le mot en ce début du mois d'octobre. Pour faire parler de soi, quand on appartient au petit cercle du pouvoir ou quand on volette autour comme un papillon attiré par la lumière, il serait désormais nécessaire de faire preuve de vulgarité, le procédé vous assurant une couverture médiatique quasi instantannée et un retour sur investissement pour plusieurs jours.
Mais il faut tout de même l'avouer les vulgarités des uns n'ont pas forcément la même portée que la vulgarité des autres et que parfois les propos généraux peuvent permettre de supporter un peu un écart de langage répréhensible. Je vais donc céder à l'exercice et passer en revue les trois people vulgaires de la semaine : Fadela AmaraBernard-Henri Lévy et Henri Guaino...

fadela-amara.jpgLa première n'est plus il est vrai à son coup d'essai. Sous-secrétaire d'Etat d'ouverture à la politique de la ville, débauchée par Sarkozy pour être placée sous la tutelle de la très catholique Christine Boutin (priez pour nous pauvres pêcheurs), elle vient d'un milieu politique qui sème effectivement la confusion depuis quelques années. Les potes à Juju ont effectivement habitué les connaisseurs à un brassage incohérent d'idées et de stratégie qu'on attend pas à gauche et qu'on ne voudrait même pas voir au sein de la droite républicaine. Venant du trotskysme et de l'agit-prop' antiraciste, ils ont versé depuis 1997 dans l'éloge des valeurs d'autorité, de sécurité et plaide pour les quotas d'immigration que met aujourd'hui en place Brice Hortefeux à la demande de Nicolas Sarkozy. Avec Juju c'était le cercle rapproché de la campagne de Ségolène Royal, de là à dire que la candidate socialiste avait été prise en main par nos NéoCons à nous, il n'y a qu'un pas qu'il me serait assez facile de franchir.
Issue du confusionnisme de la pseudo "Gauche socialiste" maintenue, Fadela Amara nous avait déjà expliqué que pour les jeunes des cités s'en était fini de la "glandouille" grâce à Nicolas et elle. Avec la sous secrétaire d'Etat nous sommes face à une volonté affichée de faire passer le misérabilisme pour le parler vrai, la vulgarité pour la fraîcheur d'une société civile qui se bat dans les quartiers. En considérant qu'il est "dégueulasse" d'instrumentaliser l'immigration, dans le débat sur le projet de loi Hortefeux amendé par l'ADN de Thierry Mariani, elle fait le grand écart : Comment masquer la position inconfortable d'être ministre d'un gouvernement soutenu par une majorité parlementaire qui joue avec le feu de l'identité génétique ? En faisant passer le message que la gauche monterait tout cela en épingle et que ce serait la gauche qui se servirait de l'immigration comme épouvantail pratique pour marquer la droite à la culotte. Quand on est soi-même traître on explique toujours que ce sont les gens qu'on a trahi qui sont les affreux... Las l'interprétation a fait long feu, car les députés UMP se sont reconnus dans la qualité de dégueulasse et comment pourrait-il en être autrement, la déclaration d'Amara leur ayant finalement servi de miroir. Alors elle franchit une étape de plus, quand les députés socialistes lui demandent d'être enfin un peu conséquente et de se mettre en accord avec ses convictions en démissionnant d'un gouvernement qui veut proposer des tests ADN aux candidats au regroupement familial : ce sont donc eux les dégueulasses qui ont laissé les immigrés croupir dans des "logements dégueulasses" pour les instrumentaliser. A ce niveau de mauvaise foi, on ne demandera plus qu'elle démissionne, mais éventuellement qu'elle soit examinée par un psychanaliste, pour vérifier qu'elle confond bien ceux qui agissent pour le logement social, la diversité des parcours résidentiels et ceux qui veulent soutenir la spéculation sur la pierre...

BHL.jpegLe second s'est fendu d'un "salopards", mardi matin sur France Inter, pour qualifier ceux qui écrivaient pour souligner les causes de la défaite de Ségolène Royal.  Mais c'était un écart de langage momentané et bien que l'on ne puisse être d'accord ni avec cette  insulte véritable, ni avec l'intégralité de son argumentation, mais l'essayiste a développé quelques idées qui ont le mérite du débat... D'abord parce que c'est en lien avec le troisième vulgaire de la semaine, il a qualifié de "raciste" Henri Guaino, et son discours pour Sarkozy de Dakar pue tant le paternalisme colonialiste qu'il sera difficile de ne pas lui donner raison. Après tout raciste n'est pas une insulte, c'est un qualificatif fondé sur l'analyse des faits. De même il a qualifié de Maurassien à la fois Guaino et Chevènement. En effet, le nationalisme de ces deux personnages plie toute autre considération au rang d'accessoire. Et c'est là que BHL tient un vrai propos intéressant, sur la campagne de Ségolène Royal et les causes de la défaite - ce qui justifie que l'on analyse en profondeur cette défaite, les erreurs de la campagne et les responsabilités de la candidate... Pour BHL en effet le responsable de la défaite de Ségolène Royal est Jean-Pierre Chevènement ! Durant le printemps 2007 quelques journalistes avaient pourtant pointé la chevènementisation de la campagne de la candidate socialiste : les thèmes d'autorité, de nation et les couleurs du drapeau venant marquer trop fortement la campagne royaliste, perturbant durablement l'électorat de gauche. En cela, BHL rejoint Jospin et la Gauche du Parti socialiste, qu'il veut réprouver pourtant : Ségolène Royal s'est laissée guider par des thématiques mineures qui ne parle pas à la gauche ; entre les amis de Julien Dray et Chevènement s'est mis en marche une machine qui éloigner durablement les discours de campagne des priorités politiques de l'électorat de gauche.
Alors c'est là qu'il ne faut pas se tromper. BHL prétend qu'avec la stratégie que Jospin développe dans L'impasse, la gauche perdra une 4e fois l'élection présidentielle, car il faudrait selon lui que la sociale-démocratie rompe avec les communistes, Besancenot, Bové et Emmanuelli, pour s'allier au centre dont on ne sait pas encore ce qu'il raconte. Mais justement c'est là l'erreur, sans chercher à nous rassembler avec les protestataires de toujours comme Besancenot et Laguillier, un grand parti de la gauche rassemblant les idéaux socialistes et écologistes permetrra d'étouffer définitivement les dérives nationalistes qui  peuvent parfois faire vaciller la foi en la gauche.

guaino.jpgLe troisième enfin, c'est illustré par une attitude méprisante qu'il avait jusqu'ici démontré avec politesse et dédain. Henri Guaino c'est le syndrome de l'éminence grise qui profite de son statut protégé pour mieux expliqué aux autres qu'ils sont cons, que lui a tout compris et qu'il est plus intelligent que tout le monde.
Alors effectivement, qu'un essayiste people ait eu pour une fois le cran de décortiquer la morgue et le sens profond des ignominies nationalistes et passéistes qu'il développe à l'abri de l'Elysée et il pète les plombs. Car dire que BHL est un "con prétentieux" Guaino n'eut pas été très original, non le conseiller spécial de Sarkozy est allée plus loin dans l'insulte et les mots nauséeux, reprenant un vocabulaire qu'on entendait plus en France depuis les années 1940 :
"Ce petit con prétentieux ne m'intéresse pas. Qui est-il donc? Qu'a-t-il fait dans sa vie de si extraordinaire pour se permettre de juger comme ça ? Je n'ai jamais rencontré BHL. Il ne m'aime pas, moi non plus. Il n'aime pas la France, moi si. Il a la bave aux lèvres, avec la haine qui suinte de partout."
Qu'un type comme Guaino puisse déterminer qui aime la France et qui ne l'aime pas, laisse songeur. C
'est finalement le même élan que Sarkozy qui crée un ministère de l'identité nationale pour déterminer qui est compatible avec la nationalité française et qui ne le sera jamais par définition (car à quoi sert un ministère de l'identité si ce n'est pour la définir ?) : et c'est là-aussi que BHL se trompe en voulant couvrir son ami Sarkozy : il le dédouanne des horreurs qu'a écrite Guaino pour Dakar mais les deux comparses suivent de fait la même logique.
La bave aux lèvres, la haine qui suinte semblent plus ici être l'attribut de celui qui tient ce type de discours, cela rappelle l'extrême droite antisémite des années 1890 et 1930. Mais bon, qui est-il finalement ce Guaino ? un mec qui n'a jamais eu de titre de gloire dans le corps administratif dont il est censé dépendre, un scribouillard qui prétend faire de la politique mais qui ne s'exposera jamais au suffrage universel. A tout prendre effectivement, même BHL avec ses bouquins inégaux et mal foutus a pris plus de risque que Déroulède d'opérette.


Frédéric Faravel
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