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Aujourd'hui, pour l'ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, de 1997 à 2002, les maîtres "ne contrôlent plus vraiment le système". Il suffit de voir "l'absence impressionnante de résultats" de la diplomatie occidentale : "On n'a même pas réussi à convaincre les Birmans" de laisser entrer l'aide humanitaire. Pour Hubert Védrine, les Occidentaux tâtonnent, s'emmêlent dans leurs priorités. "On fait pression sur un pays dont on va avoir besoin la semaine suivante pour faire pression sur un autre", souligne-t-il.
Hubert Védrine plaide pour un retour au réalisme : "On ne peut plus continuer le prosélytisme occidental comme si rien ne s'était passé." Pour lui, le monde n'est pas encore "post-américain", selon l'expression de l'éditorialiste Fareed Zakaria, mais le "monopole occidental sur l'Histoire" est fini. Pour l'ancien ministre, "un jour on se dira peut-être que les droits-de-l'hommistes n'auront pas eu plus d'influence sur la Chine que les missionnaires catholiques".
Le bilan "désastreux" de la politique de George Bush donne, selon Hubert Védrine, à Barack Obama une réelle marge de manoeuvre. "Tout le monde a confiance en lui, alors que personne ne sait ce qu'il pense ou ce qu'il va faire", a-t-il constaté.
Du simple fait d'avoir décrété qu'il dialoguerait avec les dictateurs, il incarne la rupture avec le dogmatisme précédent. Déjà, par le seul fait de cette proposition, Barack Obama a entraîné une discussion au sein du pouvoir iranien.
Sur le dossier israélo-palestinien, M. Védrine pense aussi que les Etats-Unis ont les moyens de "retourner la situation". L'ancien ministre des affaires étrangères l'a dit à ses interlocuteurs : "Imaginez le rayonnement qu'aurait un président américain qui réglerait le problème palestinien. L'Amérique a cette carte. Comment peut-elle s'en priver ?" Reste la question de fond : "Devons-nous traiter avec le reste du monde ou devons-nous le changer ?" Barack Obama n'a pas encore livré le fond de sa pensée. Pour l'instant, sa priorité est de réparer.
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