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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

13 mars 2007 2 13 /03 /mars /2007 14:52
Comment fonctionne le petit monde des militants et des élites socialistes ? En disséquant la "société des socialistes", Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki dressent le portrait à la fois sombre et pathétique d'un parti recroquevillé sur lui-même au grand désespoir de ses militants.

"Il faut avoir le coeur bien accroché pour rester au PS."
Propos paradoxal d'un militant socialiste lillois, que le lecteur fera sans doute sien s'il lit jusqu'au bout le riche essai que Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki viennent de consacrer au Parti socialiste. Sans parti pris, ils dressent, à coup de statistiques, de rappels historiques et d'une enquête de terrain, un tableau clinique très sombre du prinicipal parti de la gauche française. Partant de la conviction que "pour comprendre ce que font et disent les socialistes, il faut comprendre ce qu'ils sont et la société qu'ils forment", ils décrivent un parti de plus en plus hermétique, homogène socialement et ayant du mal à avoir une vision de la société et une ligne idéologique claires. Ils rejoignent en cela les critiques ordinairement adressées au PS, mais, en montrant, grâce à leur vaste information, les mécanismes ordinaires, quotidiens, qui font de la "société socialiste" ce qu'elle est aujourd'hui.
L'ouvrage retrace en premier lieu l'histoire du socialisme français et rappelle quelques faiblesses structurelles du PS. Au gouvernement durant 15 des 25 dernières années, il est, parmis les partis sociaux-démocrates européens, l'un des plus faibles en termes de scores électoraux (27,8% en moyenne au 1er tour des législatives entre 1981 et 2005). Joue ici la spécificité de la situation française, notamment un Front national à 8-10% des inscrits et une extrême-gauche encore vivace. Contrairement à ses homologues allemand ou britannique, le socialisme français a toujours eu du mal à s'arrimer aux classes populaires (la CGT refusant notamment dès la naissance de la SFIO en 1905, toute collaboration) - le syndicalisme étant par ailleurs extrêmement faible en France par rapport aux autres pays européens. Le PS n'a pas réussi à s'imposer à gauche comme le PCF l'avait fait avant lui, entre 1945 et 1972.
Le socialisme français n'a donc jamais été "populaire". Mais cela n'empêche pas le PS d'être marqué
aujourd'hui par une fermeture aux groupes sociaux situés en bas voire au milieu de l'échelle sociale - même si la vague d'adhésions de l'année 2006 intervenue après la parution du livre doit corriger quelques éléments statistiques.
Au sein des élites notamment (élus, membres du Conseil national du parti et des cabinets ministériels) qui, de plus en plus, ont été recrutés au sein des classes supérieures et, en large majorité, dans la fonction publique. Mais le constat vaut aussi pour les militants qui s'embourgeoisent, avec un très faible recrutement au sein des classes populaires et des chômeurs. La majorité des adhérents appartiennent au secteur public. Le vieillissement était particulièrement inquiétant : l'âge moyen de l'adhérent socialiste est de 55 ans, et seuls 14% d'entre eux avaient moins de 40 ans - les adhésions de 2006 ont peu fait évoluer ce constat.
Déjà peu représentative, la société des socialistes se replie sur elle-même à cause de la rétractation des réseaux que le PS avait su tisser au cours des années 1970 avec d'autres organisations et mouvements, et qui lui offraient un "ancrage social". Par contre, l'essai connaît sur le thème d'une laïcité ringardisée au sein du PS une vraie faille, car, depuis 2005 et le débat sur la loi sur le voile, la cause laïque est à nouveau portée comme un marqueur et gare à celui ou celle qui voudrait casser l'unanimisme ambiant sur cette question ! J'ajouterai que cette évolution récente n'est pas forcément plus rassurante que ce qui est décrit dans l'essai, puisque si l'on regarde les thématiques débattues lors des congrès annuels de la SFIO déclinantes des années 1950-1960, la laïcité revenait comme une rengaine, paravent immanquable d'un parti qui n'osait plus faire face à d'autres débats moins évidents ceux-là.
Le lien avec la gauche étudiante, notamment extrême, qui avait pourtant fourni un cerain nombre de figures actuelles, vieillissantes, mais parfois respectables du PS (Lionel Jospin, Julien Dray, Henri Weber, Jean-Christophe Cambadélis...) se sont particulièrement distendus, la pratique du pouvoir les a défaits pour ne laisser place qu'à une "détestation  croisée bien établie". Le monde associatif s'est lui-même professionnalisé (la dimension militante passant au 2nd plan) alors que le PS ne promouvait pas ceux qui militaient dans les deux sphères. Les syndicats, enfin, se tiennent désormais à distance du politique - la CFDT notamment qui, échaudée par ses expériences passées avec le PS, proclame sa neutralité ("ni de gauche, ni de droite") et abdique dans le même temps la volonté de transformer la société, plus franchement encore que le PS.
(à suivre...)
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