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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 14:48

UMP-130527LPA5941.jpgLe premier tour des élections municipales, ce dimanche 23 mars 2014, va rester comme une date marquante de la vie politique du pays.

Beaucoup retienne ce matin – c'est la « Une » du journal Libération – comme enseignement majeur la progression du Front National, avec l'élection de Steeve Briois comme Maire d'Hénin-Beaumont dès le 1er tour, la deuxième position du FN à Marseille et sa capacité à se maintenir au second tour dans plus de 200 communes. C'est d'ailleurs l'essentiel du discours des représentants du gouvernement et de la direction du Parti Socialiste : empêcher à tout prix et à tout coût l'élection d'autres maires FN dans le pays.

D'autres retiendront la possibilité pour l'UMP et l'UDI de se refaire une santé locale à l'occasion de ce scrutin. Mais les responsables conservateurs et centristes se laissent ici emporter par leur enthousiasme de soirée électorale, nous reviendrons sur cette question plus loin.

Je souhaite donc revenir dans cette analyse sur l'enseignement principal de ce scrutin, à savoir la sanction opérée par l'électorat socialiste au travers de l'abstention. Il faut aussi interroger la pertinence de la stratégie du Front Républicain à ce stade et envisager les leçons politiques à tirer de ce premier tour de scrutin.

Un électorat de gauche qui sanctionne clairement l'orientation politique nationale du gouvernement et de la majorité parlementaire

La Marseillaise zenith 13-06-2012Depuis hier soir, télés et radios, et depuis ce matin, les quotidiens, l'ont répété à l'envie : l'abstention aux élections municipales a atteint ce dimanche un nouveau record avec 38,5%, soit 5 points de plus que sur le scrutin identique de mars 2008. L'effet de cette abstention ne réside pas seulement dans ces 5 points, d'autant que certains instituts d'opinion indiquaient avant le scrutin qu'elle aurait pu être plus élevée.

Non, l'augmentation de l'abstention en six ans joue d'autant plus fortement qu'elle s'est appliquée de manière différenciée selon les types d'électorat. Alors qu'en 2008, 2010 et 2011 lors des élections intermédiaires, c'était l'électorat de droite et du centre qui avait en partie boudé les urnes, déstabilisé qu'il était par l'image que lui renvoyait Nicolas Sarkozy, renforçant ainsi les réussites électorales de la gauche alors dans l'opposition, ce dimanche ce sont les électeurs socialistes qui ont choisi de ne pas aller voter en faveur des équipes proposées par le Parti Socialiste ou pour des listes de rassemblement que conduisait le PS ou dans lesquelles il était présent. Le différentiel d'abstention entre la droite et la gauche est de 10 points.

Les exemples sont nombreux et les contre-exemples insuffisants pour invalider cette analyse : -20 points à Nantes, -11 points à Lille, deux agglomérations où la gauche n'est cependant pas en danger. Évidemment, certaines collectivités, où le PS se savait menacé, émaillent la liste : Caen, Amiens, Reims, Laval, Quimper, Pau. Mais dans la liste des villes perdues par la gauche ou dans lesquelles celles-ci est en difficulté, on compte des bastions : Niort qui bascule à droite après 60 ans de municipalité socialiste, Roubaix, Tourcoing, Douai, Dunkerque, Florange et Hayange (évidemment), Saint-Étienne, Vieux-Habitants en Guadeloupe (liste où figurait Victorin Lurel). Toulouse n'avait basculé à gauche qu'en 2008, mais le vote de gauche de cette ville était important ; le contexte actuel menace de ramener Moudenc au Capitole. Les scores des listes conduites par le PS ne sont pas non plus faramineux à Paris et à Lyon, où les équipes municipales sont pourtant appréciées, bien que la majorité qui sortira du second tour s'inscrira vraisemblablement dans la continuité.

Mais c'est à Marseille que le désaveu est mordant. Le PS en avait fait son espoir principal, celui qui était à même de masquer une éventuelle perte massive de villes moyennes. Sauf qu'à Marseille, rien ne s'est passé comme prévu au premier tour pour les socialistes : Patrick Mennucci n'arrive qu'en troisième position avec 21,2%, derrière le maire sortant UMP Jean-Claude Gaudin (36,5%) et le candidat du FN Stéphane Ravier (22,5%). Une claque totalement inattendue pour le socialiste, qui pourrait notamment s'expliquer par les mauvais résultats de ses co-listiers Marie-Arlette Carlotti et Christophe Masse dans les 3e et 6e secteurs. Tous les sondages ont été démentis : Mennucci paye avec ses listes le désamour de l'électorat socialiste.

D'une manière générale, à l'exception peut-être d'Avignon, toutes les villes où la gauche espérait des gains qui auraient permis de faire un peu plus que sauver les meubles nous essuyons des déconvenues. Non seulement elles restent largement hors de notre portée mais là où nous espérions renforcer nos forces d'opposition nous reculons le plus souvent.

Je ne crois pas que la plupart des équipes municipales ainsi sanctionnées ou bousculées aient démérité durant six ans. Certaines étaient sans aucun doute appréciées pour leur action. Je ne crois pas non plus que les camarades qui partaient en conquête aient présenté de mauvaises équipes et de mauvais projets. La réalité est que – bien que j'aie espéré le contraire pour cette élection – le «socialisme municipal» ne fait pas un programme, quels que soient les mérites de nos gestionnaires locaux. Le PS est depuis longtemps un parti solidement ancré dans les collectivités locales, mais l'addition de ses forces locales ne suffit pas à forger l'identité politique ni le projet d'un parti de gouvernement, dont on voit bien qu'il sait gagner les élections nationales mais qu'il ne sait plus ensuite pour qui, pourquoi ni comment gouverner. La faiblesse politique du PS finit nécessairement par jouer contre lui, y compris dans ce qu'il considère comme ses bastions locaux.

manifestation-CGTL'espoir suscité le 6 mai 2012 a été déçu ; certains de nos camarades, proches de la direction du PS, tenteront d'expliquer en jouant sur les ambiguïtés du candidat Hollande que le Président de la République ne fait que mettre en application ce qu'il avait annoncé.

Pourtant, il est évident que les électeurs socialistes, et notamment les électeurs de François Hollande du premier tour de la présidentielle, n'attendaient pas la ratification du Traité Merkozy sans modification majeure, n'attendaient pas le Pacte de Compétitivité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi, n'attendaient pas l'accord national interprofessionnel instaurant la flexibilisation de l'emploi, n'attendaient pas l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites et n'attendaient pas l'annonce du pacte de Responsabilité et la confirmation du sillon social-libéral du gouvernement.

L'action gouvernementale a tendance à se présenter alternativement comme une politique «d'union nationale» ou comme une politique «sociale-démocrate», en fait sociale-libérale. Dans le premier cas, elle n'en a pas la base politique ni les circonstances historiques. Dans le second cas, illustré par la délégation des réformes sociales à des "partenaires sociaux" sans assise sociale suffisante, cela s'apparente surtout à une démission politique qui n'entraîne même pas une forme de consensus chez les intéressés, qu'ils soient salariés ou employeurs. En réduisant pour l'essentiel son programme de gouvernement à sa dimension sociétale, en reculant même sur certaines réformes sociétales sur lesquelles il n'avait pas besoin de céder, le PS inverse la logique de ce qui a fondé sa légitimité dans le champs politique.

Dans notre histoire politique, c'est l'appui des classes moyennes et intellectuelles aux aspirations des classes populaires qui forge les succès de la gauche. L'inverse ne peut pas avoir de traduction dans le champs politique. Ainsi, le Parti socialiste n'a pas joué son rôle depuis juin 2012, suivant servilement et sans réflexion les directives de l'exécutif, au gré parfois d'acrobaties intellectuelles improbables pour expliquer que ce qu'il dit un jour est cohérent avec ce qu'il disait la semaine précédente parfois diamétralement opposé.

À gauche pourtant, certaines listes autonomes sortent leur épingle du jeu : les écologistes font des scores non négligeables dans les agglomérations, étant en capacité de se maintenir en passant la barre des 10%. À Grenoble, les écologistes arrivent en tête avec 29,5% (et n'en déplaise à Jean-Luc Mélenchon ce n'est pas dû à l'apport du Parti de Gauche qui leur était allié pour la circonstance).

2014-03-24jumel.jpgEnfin, les municipalités communistes résistent bien : à Dieppe, à Saint-Denis, à Bezons, à Nanterre, à Gennevilliers, à La Courneuve, Bagneux, Malakoff ou Tremblay… Par l'entremise du dissident Jean-Pierre Brard, le PCF pourrait revenir aux affaires à Montreuil. Il devance également de quelques voix Jacques Salvator, maire socialiste d'Aubervilliers. Ses scores sont solides dans le Nord et en Meurthe-&-Moselle, les ballottages sont favorables à Bagnolet, Arles, Martigues, Vénissieux. Ils sont non négligeables à Lyon où le Front de Gauche s'est allié à l'ex socialiste Nathalie Perrin-Gilbert, maire sortante du 1er arrondissement. Il est cependant en difficulté à Bobigny, Vaulx-en-Velin ou Aubagne. On pourra même vérifier que dans les villes communistes ce sont les bureaux de vote les plus favorables aux socialistes qui ont parfois manqué aux listes d'union et de rassemblement conduites par le PCF.

Partout ailleurs, le Front de Gauche n'arrive pas réellement à mobiliser le mécontentement de l'électorat de gauche, ce qui continue d'invalider en grande partie l'analyse du PG de Jean-Luc Mélenchon.

Ainsi c'est essentiellement par défaut que l'UMP et l'UDI se retrouvent en posture aujourd'hui d'espérer une petite vague bleue dimanche prochain. Car c'est bien l'effondrement du vote socialiste qui le leur permet et en aucun cas une «renaissance» longuement préparée comme voudrait le faire croire Jean-François Copé. Non seulement la droite ne progresse pas en nombre de voix mais toutes les enquêtes d'opinion démontrent que les Français n'ont aucune appétence pour la droite conservatrice. Cette dernière va donc se retrouver toujours confrontée aux mêmes difficultés : le passif laissé par Nicolas Sarkozy – idéologique et judiciaire – et la concurrence d'un Front National, respectabilisé par la validation de ses thèses par la droite elle-même, et désormais vraisemblablement crédibilisé par l'augmentation prévisible de son nombre d'élus locaux.

Que reste-t-il du Front Républicain ?

4388118_3_7423_marine-le-pen-et-le-candidat-steeve-briois-d.jpgCe n'est pas par l'abstention qu'il faut expliquer la progression et les scores du Front National parfois maquillé en Rassemblement Bleu Marine. Celui-ci est en mesure de se maintenir dans plus de 200 communes et pourrait récolter une dizaine de mairies en tout au lendemain du 2nd tour. À la victoire emblématique au 1er tour de Steeve Briois à Hénin-Beaumont, il faut ajouter la réélection dès dimanche soir de Jacques Bompard, maire d'extrême droite à Orange.

La véritable inquiétude vient du fait que le FN progresse dans de nombreuses communes alors que la participation y est plus importante qu'en 2008, c'est notamment le cas à Hénin-Beaumont justement, mais également à Fréjus ou à BéziersRobert Ménard frôle les 45% avec une participation en hausse de 7 points. Dans ces deux villes du midi, le parti de Marine Le Pen devrait connaître la victoire dimanche prochain.

Au-delà de ces cas emblématiques, il faut réaliser une analyse précise mais il sera démontré dans de nombreux cas que les scores du FN ne sont pas la conséquence d'une démobilisation accrue des électeurs, au contraire. Et de fait, il y a fort à parier, notamment dans le Nord et la Moselle, que des électeurs qui avaient choisi le PS, aux municipales de 2008 mais également au 1er tour de la présidentielle, ont décidé cette fois-ci non pas de s'abstenir mais de voter directement pour l'extrême droite.

Dans ces conditions, le Front Républicain, et notamment sa traduction concrète à savoir le retrait des listes socialistes pour faire barrage – comme cela a été annoncé à Saint-Gilles et Tarascon (annonce faite pour Tarascon alors que nous n'étions même pas qualifiés) – à l'élection d'un maire d'extrême droite, est-il encore pertinent et opératoire ? Qu'est-ce qui le justifie encore si ce n'est un automatisme et un discours fondé sur un impératif moral qui écarte toute analyse politique sérieuse ?

robert-menard-a-des-chances-de-battre-l-ump_4860493.jpgÀ partir du moment où l'UMP a décidé de ne plus entrer dans une stratégie de Front Républicain et de maintenir partout ses candidats au 2nd tour, quitte à faire élire parfois un maire FN, elle tue la stratégie même de Front Républicain. Le retrait des socialistes et de la gauche du 2nd tour équivaut donc à une disparition politique et électorale de nos partis, de nos élus et de nos valeurs qui ne seront plus représentés et perdront de nombreux atouts pour construire une alternative dans ces villes face à l'UMP ou au FN. D'autre part, cette stratégie n'est en rien une garantie de succès comme l'expliquait ce matin sur France Inter Jean-Michel Du Plaa, candidat PS à Béziers. Dans de nombreuses communes (Béziers, Perpignan, Fréjus ou St.-Gilles...), le retrait – ou pire la fusion avec la droite comme Christian Bourquin le suggère à Perpignan, donnant ainsi corps au fantasme frontiste de l'UMPS – n'empêchera vraisemblablement pas le FN ou le RBM d'améliorer son score, voire de l'emporter, dimanche prochain.

Lors des élections législatives et cantonales partielles qui se sont additionnées dans la première année de mandat de François Hollande – malgré l'explication récurrente de l'exception du contexte local –, il a été largement démontré que les électeurs de gauche, et notamment les électeurs socialistes, ne suivaient plus mécaniquement les consignes de Front Républicain, voire préféraient pour certains voter pour le FN plutôt que d'élire des candidats UMP dont le discours se distinguaient parfois peu de leur adversaire.

La stratégie du Front Républicain est donc vouée à l'échec. D'abord car elle n'a pas de base électorale suffisante. Ensuite parce l'on ne peut en même temps attaquer l'UMP sur ses liaisons coupables avec le FN et l'appeler à constituer ce Front Républicain (et encore moins appeler à voter pour certains candidats qui portent trait pour trait le même discours que le FN). Enfin, car elle ignore, en convoquant le registre de la "morale", le message fondamentalement républicain adressé par de nombreux citoyens par leur vote ou par leur abstention : une aspiration fondamentale au fait que la politique puisse de nouveau avoir prise sur leur vie. Les élections européennes viendront bientôt souligner ce message de défiance des électeurs nationaux qui se voit dépossédés au niveau national de cette capacité à agir sur leur environnement et leur quotidien, sans retrouver au niveau européen les éléments concrets de souveraineté populaire qu'ils seraient en droit d'attendre. Entre la pratique de la «démocratie rationalisée» version Vème République et l'ordo-libéralisme inscrit dans le marbre des institutions européennes, il reste peu de place à la démocratie réelle et l'aspiration des citoyens français et européens, traduisant dans les urnes ce que décrivait en 2008 Emmanuel Todd dans son essai Après la Démocratie.

Peut-on espérer un rebond ?

Bien entendu, il n'est pas écrit d'avance que le 2nd tour vienne confirmer l'intégralité des enseignements et des comportements électoraux du dimanche 23. On a vu, notamment lors des législatives de 2007, qu'il était possible de ne pas aggraver une situation voire de reprendre du poil de la bête. La nécessité du rassemblement de la gauche, bien plus que le Front Républicain, doit désormais s'imposer, et je conseillerais à nos camarades de ne pas être trop exigeants quant aux conditions qu'ils mettent aux fusions de listes avec EELV, le Front de Gauche/PCF ou le PG.

Mais il y a fort à parier que la pente soit difficile à remonter en quelques jours, les écarts creusés sont dans certaines villes assez importants. Et si les électeurs socialistes ont refusé de voter pour le PS afin de sanctionner la politique gouvernementale dimanche, on peut imaginer qu'ils ne se précipiteront pas non plus dimanche prochain, même si certains voudront croire que la semonce du 1er tour a été entendue et qu'il est inutile de perdre en plus une équipe municipale qui les protégeait.

2339744-jean-marie-le-guen-nous-ne-sommes-pas-des-chochotte.jpgMais ce coup de semonce a-t-il seulement été entendu ? Jean-Marie Le Guen expliquait hier soir sur France Info qu'il fallait accélérer la mise en place du pacte de responsabilité, que le tort des élus locaux de gauche était de ne pas avoir suffisamment fait évoluer leurs discours pour s'adapter à la nouvelle ligne gouvernementale et qu'il faudrait encore plus vite faire muter notre orientation politique... Je pense que si les responsables socialistes multiplient ce type de discours sur les ondes (expliquant par ailleurs que nous n'avons pas été assez pédagogues) chaque tract distribué dans la semaine verra sa valeur électorale divisée par 4.

La question qui est devant nous est de savoir si nous avons les moyens d'éviter que la bérézina du 1er tour des municipales ne se reproduisent – peut-être en pire – en mai prochain pour les élections européennes et mars 2015 pour les élections régionales et départementales (si elles sont maintenues à cette échéance).

D'aucuns expliqueront que le remaniement permettra de solder les comptes et de montrer aux Français que le message du 23 mars a été entendu. Mais qu'importe de changer d'équipe gouvernementale, si ce n'est pas pour élargir son assise politique et sa majorité parlementaire et/ou pour changer d'orientation politique. Élargir la majorité ne s'entend évidemment que sur sa gauche : le MODEM et l'UDI n'étant pas même pour Hollande des alliés envisageables, d'autant que le MODEM a décidé d'entrer dans l'opposition ouverte au gouvernement à peu près au même moment où le Président de la République donnait une orientation clairement Bayrouiste à sa politique économique et sociale. Voilà qui devrait mettre un terme à l'illusion centriste de certains, jamais les électeurs centristes ne voteront pour la majorité présidentielle ou pour un allié PS «recentré» ; ils l'ont démontré de belle manière en votant massivement pour des municipalités et des oppositions conservatrices, alors qu'ils n'ont pas grand chose à contester à la ligne sociale-libérale de François Hollande.

5_debats_divisent_PS.jpgC'est évidemment un rééquilibrage à gauche de la majorité qui est nécessaire, en s'ouvrant au Front de Gauche et notamment au PCF et en cessant de mépriser ceux des socialistes dont l'analyse critique n'a pas été prise en défaut depuis le début du quinquennat. Les orientations économiques et sociales du gouvernement n'ont produit aucun résultat et ne devraient en produire aucune :
- la réduction drastique des dépenses publiques n'a pas abouti à la diminution de la dette ; au contraire, celle-ci a crû et les coupes budgétaires commencent à se faire sentir sur l'efficacité du service public, et donc la cohésion sociale, tout comme la fragilisation des finances des collectivités territoriales affectera durablement les investissements publics et donc l'activité économique ;
- La flexibilisation du marché du travail ne crée pas d'emplois, pas plus que la baisse du «coût du travail» qui fragilise tout à la fois les finances publiques et la sécurité sociale ;
- La réduction des cotisations des entreprises risque de se traduire aucunement par de l'investissement mais par un renforcement des dividendes versés aux actionnaires comme l'a annoncé le patron du MEDEF.

On ne crée de l'emploi que lorsque les carnets de commandes sont pleins ; c'est un argument qui plaide pour un tournant concret en faveur d'une politique de relance écologique et sociale, ainsi que d'un débat vigoureux sur la réorientation de la construction européenne. Seule une majorité de gauche large et rassemblée peut permettre la mise en œuvre de ce programme qui avait été imaginé et adopté au sein du PS en juillet 2011.

1509934_10152541474884972_2055071278_n.jpgPour une fois, soyons cohérents avec nos convictions et notre identité profonde. Jusqu'ici, non seulement les socialistes de l'aile gauche, qui ont eu le courage de porter une analyse rigoureuse et critique (sans être particulièrement connus dans l'opinion publique, qui n'a pas sanctionné le PS parce qu'elle les aurait entendus), ont dû à la fois supporter l'ostracisme de nombre de directions locales du parti et ensuite subir avec tous les socialistes les défaites brutales qu'on aurait pu éviter en les écoutant.

Pour réaliser ce tournant, il faut aussi un PS actif et pleinement conscient de son rôle. Les institutions de la Vème République créent l'autocensure du PS majoritaire alors qu'il doit anticiper les débats. Harlem Désir pense que le rôle du PS est relayer docilement et sans réflexion les décisions de l'exécutif quelles qu'elles soient : on a vu où cela nous a mené. Il faut vraiment réancrer à gauche le parti et la majorité... Mon inquiétude est que de nombreux camarades trouvent que le congrès est trop éloigné dans le temps pour attendre jusque là et rester au PS. Il y aura fort à faire pour les convaincre de rester et d'assumer le débat et la confrontation, on n'est pas toujours disposé à jouer les «Sisyphe heureux».

Peut-être est-il temps au regard de nos échecs collectifs pour convoquer un congrès anticipé et remettre à plat notre orientation politique et notre rapport au pouvoir.

Frédéric FARAVEL

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