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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 16:23
Mon intervention en Conseil fédéral du PS 95 le mercredi 1er avril 2015

Je ne rajouterai pas à ce qu'a présenté le premier secrétaire fédéral sur la campagne des départementales dans le Val-d'Oise, si ce n'est, à mon tour, pour remercier nos candidats, qui se sont engagés dans une période particulièrement difficile, et aux militants qui les ont soutenu ; les campagnes menées ont souvent été exemplaires et originales, et dans quelques territoires a priori hostiles à la gauche, certains résultats posent des jalons intéressants pour l'avenir.

Reste que ces élections départementales viennent marquer une quatrième défaite nationale en un an. Elle est à nouveau sans appel : la gauche passe de 61 départements à 31 ; jamais un camp politique n'avait perdu autant de départements en un seul scrutin. Nous perdons des départements symboliques : la Seine-Maritime, chère au cœur de Laurent Fabius, les Côtes-d'Armor, département qui a toujours été le plus à gauche de Bretagne et le seul des départements bretons à basculer de gauche à droite, le Nord, l'Essonne, la Corrèze ou encore les Bouches-du-Rhône (qui était depuis quelques années devenu symbolique pour d'autres raisons que d'être à gauche depuis des lustres).

On peut évidemment se satisfaire que le FN n'ait au final emporté aucun département, notamment le Pas-de-Calais et le Gard où la gauche conserve une majorité relative. Mais il serait faux de dire que la progression du FN aurait connu un coup d'arrêt : sans assise locale antérieure solide, l'extrême-droite partait avec un sérieux handicap en terme d'implantation, indispensable pour l'important. Au premier tour, il récolte 25,07% (plus qu'aux européennes) et a gagné 400 000 voix par rapport au 25 mai 2014. Le FN a bel et bien été le premier parti de France lorsque l'on décortique sérieusement et honnêtement les résultats du premier tour. Il a été le seul parti ou rassemblement de partis en capacité de présenter plus de 2 000 tickets.

On peut légitimement s'interroger sur la stratégie du Premier ministre de faire du score du FN l'alpha et l'oméga – et bien d'autres s'interrogent comme moi au-delà de la motion que je représente : il a sans doute remobilisé une partie de notre électorat déstabilisé – essentiellement dans le sud-ouest – mais dans le nord, l'est ou le sud-est du pays, dans les territoires rurbains, il a avant tout mobilisé l'électorat FN, en plaçant les projecteurs sur ce parti.

La nationalisation excessive de la campagne a par ailleurs largement occulté notre capacité à défendre des projets de territoires solidaires et des bilans honnêtes et souvent positifs, achevant de fragiliser certaines équipes sortantes qui n'en demandaient pas tant. La nationalisation des enjeux, accrue par la personnalisation autour du Premier ministre, a pu aussi limiter les reports de voix à gauche entre les deux tours, qui sans sauver de départements nous auraient pourtant permis de sauver un ou deux cantons, plutôt que d'être éradiqués comme ce fut le cas notamment dans le Var ou les Yvelines.

 

Il serait enfin trop facile de faire porter la seule explication de la déroute sur les divisions de la gauche : à l'évidence, elle ne nous a pas aidés – et le Val-d'Oise peut être un exemple de partenaires locaux pas fiables. Mais l'effondrement de la gauche socialiste dans les urnes s'explique avant tout par la déception de l'électorat socialiste, qui étaient au rendez-vous des précédents scrutins, quand déjà nos partenaires présentaient des candidats au premier tour.

Ce scrutin vient à nouveau confirmer que l'hypothèse de deux gauches irréconciliables est infondée, thèse défendue d'ailleurs à front renversé tout à la fois par certains amis du Premier ministre et par Jean-Luc Mélenchon. Comme le dit Emmanuel Maurel, dans son entretien au magazine Regards, l'électorat de gauche «est bien plus unitaire que nous» c'est-à-dire que les appareils politiques et leurs militants : nos électeurs ne comprennent pas qu'ils puissent exister une gauche alternative quand la gauche au gouvernement déçoit, aussi font-ils porter la même opprobre à tous les partis de gauche, quels qu'ils soient. Ils ne comprendraient pas non plus des accords d'appareils sans contenu au seul prétexte de faire barrage au FN, sans jamais se poser la question des raisons pour lesquelles atteint à 25% ou était annoncé à 30% dans les sondages.

J'ai pu discuter avec notre secrétaire national aux élections, Christophe Borgel, député de Haute-Garonne sur ce sujet : autant il avait raison de considérer qu'il était irresponsable de se diviser quand on avait géré ensemble une majorité et un exécutif départementaux (et l'union plus ou moins partielle a d'ailleurs été réalisée dans l'Essonne ou dans la Somme, sans pouvoir contrecarrer la vague nationale cependant), mais concédait-il l'union était souvent illusoire là où l'on ne dirigeait pas les départements et que le poids des désaccords nationaux étaient déterminants.

 

Alors que faire maintenant ?

Aurons-nous l'intelligence de comprendre qu'on ne peut – sauf à se condamner à l'autodestruction – poursuivre une politique économique incomprise, qui ne donne pas de résultats et ne peut en donner !

Non, l'exécutif a assuré qu'il allait garder le cap. Pourtant, il semble que le Premier ministre, mardi, devant les députés socialistes décontenancés, jusque parmi les plus « légitimistes », ait commencé à concéder de maigres autocritiques.

  • «La feuille de route de l'Union Européenne [serait] inacceptable en l'état» :

Mais, quand donc engagerons-nous le bras de fer avec la Commission européenne et les conservateurs allemands, que nous aurions dû engager dès notre arrivée au pouvoir et que nous aurions pu à nouveau engager le lendemain de la victoire de Syriza, sans qu'aucun de ces moments n'aient été mis à profit ?

  • «Rien ne sera fait contre la croissance» :

Mais pourtant les pactes de compétitivité et de responsabilité jouent contre la croissance : ils ne font que nourrir les dividendes plutôt que les investissements privés ; ils restreignent l'investissement public, notamment celui des collectivités dont les marchés publics remplissaient les carnets de commande des PME ; ils brident le pouvoir d'achat par la hausse de la TVA, le blocage de fait des salaires, le gel du point d'indice des fonctionnaires, ou encore un calcul de la CSG défavorable aux petites retraites…

On ne peut pas se contenter d'une simple inflexion ou correction, d'un meilleur contrôle, ou de «signes» ou «marqueurs» qui rassureraient à la marge une partie de notre électorat pour limiter la casse sans résoudre le problème de fond. Il faut désormais engager une relance écologique et sociale par l'investissement public et le pouvoir d'achat, sans attendre une relance européenne qui ne vient pas. Nous sommes pas Godot, nous ne devons pas attendre la croissance. C'est maintenant qu'il faut agir avec un euro moins cher et un pétrole moins cher.

  • «Le Parti Socialiste doit créer les conditions du rassemblement de la gauche» :

Mais comment le parti le pourrait-il quand aucune inflexion majeure de la politique économique ne viendrait appuyer cette tentative ?!?

Comment le faire si le Parti ne semble même pas avoir de prises sur les choix du gouvernement, et l'on a vu dans le débat parlementaire sur le projet de loi Macron durant lequel le memorandum (très sévère) du PS sur ce texte a été purement et simplement ignoré par le gouvernement, jamais relayé par les députés dits « légitimistes », et seulement en partie par les « Frondeurs » !?

Comment le faire quand le Premier secrétaire lui-même ne peut dans sa contribution que regretter l'absence de réforme fiscale, alors même qu'il revendique le soutien des deux tiers des parlementaires socialistes !?

 

Tout cela plaide pour que les militants socialistes reprennent la main et choisissent de remettre au cœur de l'orientation et des exigences du parti notre projet de 2011 et nos engagements de 2012. La direction actuelle a démontré qu'elle n'avait ni l'énergie ni la volonté de le faire. Il faut donc en changer.

Certains camarades voulaient ce soir que nous nous engagions dans la préparation des élections régionales de la fin de l'année ; ils ont sans doute raison. Mais je le dis avec fermeté, sans changement dans le parti et dans l'action gouvernementale, les mêmes causes produiront les mêmes effets et les résultats de la politique social-libérale aboutiront aux mêmes résultats que ceux que nous venons à nouveau de subir.

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