Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Jean Bauberot, titulaire de la chaire d’histoire et sociologie de la laïcité à l’Ecole pratique des hautes études, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont les Laïcités dans le monde (PUF, 2007) et anime un blog (1).
Au Vatican comme à Riyad, Nicolas Sarkozy a valorisé la foi au détriment de la laïcité. Comment percevez-vous cette posture ?
Pour commencer, il faut essayer de voir pourquoi il a fait cela. Lui-même et ses conseillers ont bien lu les analyses sur la postmodernité, l’ultramodernité, ou ce que j’appelle, moi, la modernité tardive. C’est l’idée que l’on ne peut plus avoir confiance dans le progrès comme au temps des Lumières. A l’époque, la science et ses applications promettaient d’améliorer la vie sur terre. Aujourd’hui, elles sont accusées de mettre en danger la planète. Combiné au déclin des grandes idéologies, cela entraîne une montée des incertitudes. Du point de vue de la prise en compte de cette réalité, Sarkozy et ses conseillers ont plusieurs métros d’avance sur le PS. Si on ne comprend pas cela, on ne prend pas la mesure du défi que le chef de l’Etat lance à la gauche. Mais lui s’en sert au profit d’une tentative néocléricale de re-liaison du religieux et du politique, d’instrumentalisation du religieux par le politique.
Cela justifie-t-il des critiques aussi sévères sur la laïcité ?
La morale laïque est une morale commune. Elle n’a pas à être totalisante ni complète. Seules les sociétés totalitaires ont tenté de faire croire qu’elle pourrait répondre à toutes les aspirations de l’homme. Des individus peuvent estimer qu’elle est insuffisante. Libre alors à eux de rechercher volontairement une morale plus exigeante. Comparer morale laïque et morale religieuse, c’est confondre deux plans. De même quand Sarkozy dit que l’instituteur ne sera jamais à la hauteur du curé ou du pasteur.
Et l’insistance du Président à rappeler les «racines chrétiennes» de la France ?
Cette hypertrophie des racines privilégie le passé aux dépends de la dynamique et du mouvement. J’y vois une forme d’intériorisation de l’impuissance du politique, à l’égal des lois mémorielles votées par le Parlement. Le politique s’occupe de choses qui ne le concernent pas.
Sarkozy s’aventure-t-il sur un terrain qui ne devrait pas être celui d’un président de la République ?
Il fait de la religion une dimension obligatoire de l’être humain. C’est une option philosophique que n’a pas à avoir un président de la République. A ma connaissance, aucun de ses prédécesseurs n’est allé aussi loin. Personnellement, je suis protestant mais je dénie à l’Etat le droit de croire à ma place.
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![]() ![]() | ![]() La torture: point aveugle des démocraties libérales |
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Pour avoir proposé une vision nuancée et réaliste d’une séance d’interrogatoire, la série télé Criminal minds s’est vu remettre un prix cet automne ; Human Rights Watch, l'association américaine de défense des droits de l'homme, l’a récompensé dans le cadre de son combat contre la banalisation de la torture sur les écrans. Cette campagne qui a pour but de sensibiliser les scénaristes d’Hollywood, et bien sûr les téléspectateurs, se heurte à une réalité tout nouvelle : la torture n’est plus aux yeux de certains Américains une abjection morale. Dans la 7ème saison de 24 Chrono, la plus célèbre des séries télévisées, le non moins célèbre héros Jack Bauer qui s’adonne régulièrement – et avec de moins en moins d’états d’âme- à des actes barbares au nom de la guerre contre le terrorisme, dit tranquillement ne regretter aucun de ses actes. Un symptôme évident d’un changement de perspective que l’on date du 11 septembre. De 1996 à 2001, 102 scènes de torture ont été diffusées aux heures de grande écoute, mais ce n’est pas moins de 624 qui l’ont été de 2002 à 2005. Et surtout, les bourreaux ne sont plus les méchants, tueurs en série et trafiquants de drogue, mais les gentils, les héros, mieux : les patriotes. Un scénario fait recette, celui de la bombe à retardement, devenu tellement récurrent dans les films mais aussi dans les argumentaires pour la légalisation de certaines pratiques violentes qu’il possède une entrée sur wikipedia, sous l’appelation ticking time bomb scenario. Un terroriste possède des informations sur un attentat qui pourrait tuer des milliers de personnes : que faire pour les obtenir rapidement ? Ce cas d’école devient l’argument central de ceux qui plaident pour un assouplissement des règles de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre. La fiction et la réalité se mêlent dans les discours des politiques et même des juges avec toujours ce résultat d’affaiblir l’interdit moral qui pèse sur la torture. Et cette confusion n’a pas lieu que dans la tête des politiques mais aussi dans celle des militaires. Un faisceau de preuves montrent que les jeunes soldats en interrogatoire sur le terrain imitent les techniques d'interrogation vues à la télé. Bref, les Etats-Unis sont le théâtre d’un débat moral dans lequel prennent parti intellectuels et hommes de loi de haut niveau, un débat que nous ne devons pas ignorer car rien ne dit qu’il ne traversera pas l’Atlantique. La torture peut-elle être permise dans une démocratie libérale ? Y a-t-il une jurisprudence Jack Bauer ?
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Le maire socialiste de Villiers promet de donner les informations dont il disposera, de dire pourquoi les adolescents ont été menottés et arrêtés. La rage retombe. Quelques minutes plus tard, l'allée des Bleuets est déserte. Les deux précédentes nuits ont été si chaotiques, après la mort de Mouhsin et Larami, 15 et 16 ans, dont la petite moto est entrée en collision avec une voiture de police, le 25 novembre.
Didier Vaillant, 54 ans, a l'allure d'un préfet de province. Maire de Villiers-le-Bel depuis dix ans, il a subi avec accablement le feu de la violence. La bibliothèque Louis-Jouvet, le poste de police, l'école maternelle ont en partie brûlé. Lui en a gardé un goût de cendres. Il pense - sans doute avec excès - que deux nuits de guérilla ont ruiné des années de travail.
De Washington, le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Khan, s'inquiète. L'ex-maire de Sarcelles, limitrophe de Villiers-le-Bel, a appelé Didier Vaillant à plusieurs reprises. "Il ressent une certaine injustice, commente "DSK". Il se demande pourquoi de telles violences sont tombées sur lui." L'ancien président de la communauté d'agglomération du Val-de-France - qui regroupe Sarcelles, Villiers-le-Bel, Arnouville-lès-Gonesse, Garges-lès-Gonesse - souligne que, sur les 162 communautés "d'agglo" du pays, Villiers est la plus pauvre.
"C'est un homme blessé", constate "l'ami américain". "Il a été abattu", confirme Claude Dillain, son homologue de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui avait eu à faire face aux émeutes de novembre 2005. "Pour nous, c'est un choc psychologique. Nous ne sommes pas préparés à ça. Mais il ne sert à rien de se lamenter, il faut devenir le porte-parole de ceux qui souffrent", dit-il. Claude Dillain remarque aussi que, contrairement à Clichy, Villiers a reçu la visite des plus hautes autorités de l'Etat et que les violences ont été beaucoup plus dévastatrices dans sa ville. Raymonde Le Texier, sénatrice socialiste du Val-d'Oise, ex-maire de Villiers-le-Bel, dont Didier Vaillant fut le premier adjoint, assure qu'il doit prendre du recul. "Il a été blessé, c'est vrai, mais d'une manière presque narcissique", regrette-t-elle.
Didier Vaillant le reconnaît. Il dit comprendre la colère de la jeunesse, mais pas son expression incarnée dans une extrême violence. Cela ne se fait pas dans une République, point barre ! "Il ne peut pas se contenter d'invoquer la République, estime Mme Le Texier. Car la République a oublié les gens de Villiers." L'Agence nationale pour l'emploi, la Caisse d'allocations familiales, le commissariat de police sont absents de cette commune de 27 000 habitants. Il n'y a même pas de lycée d'enseignement général. Le maire s'était pourtant donné pour mission de ramener les services publics dans la ville.
Sa situation frise la schizophrénie. Car si la République n'est pas venue à lui, il va à elle. Diplômé de l'Institut régional d'administration de Lille, il devient à 24 ans fonctionnaire, attaché au ministère de l'équipement. Pendant un an, de 1991 à 1992, il est le chef de cabinet du secrétaire d'Etat à la mer, le socialiste Jean-Yves Le Drian. Dès 1989, il connaît la vie politique locale, en tant que maire adjoint chargé des travaux à Villiers-le-Bel.
Didier Vaillant a grandi dans une famille de gauche, "dans la grande tradition ouvrière éprise de justice sociale","Un vrai socialiste", ajoute-t-il. Le frère est conseiller municipal PS dans une autre commune du Val-d'Oise. La statue familiale, c'est le père, Raymond Vaillant, figure socialiste du Nord et intime de Pierre Mauroy. Il fut son premier adjoint à la mairie de Lille et son conseiller à Matignon. Quand Raymond Vaillant s'est éteint en 2005, l'ancien premier ministre de François Mitterrand lui a rendu cet hommage, aux obsèques : "Il était le frère que je m'étais choisi." raconte son confident et premier adjoint Nicolas Carrier.
Mauroy ne se considère pas comme un parrain ou un parent. Mais tout de même comme un proche de la famille, qui fréquentait le pavillon de Raymond Vaillant dans le Val-d'Oise. Ensemble, ils ont créé, en 1950, la Fédération Léo-Lagrange qui s'était donné pour mission "d'étendre la culture et organiser les loisirs des jeunes". Rien d'étonnant alors de voir à Villiers 5 "city-stades" en plein air et quatre gymnases ouverts de 18 heures à 22 heures, accessibles à tous et gratuits.
Depuis quelques jours, Didier Vaillant s'est mis hors la loi. Il fume ses Gitanes dans son bureau pour ne pas perdre de temps. Des tableaux, des photos aériennes de sa ville constituent une décoration sans faste, à son image. Au-dessus de son fauteuil, la célèbre colombe dessinée par Picasso en 1949 pour le grand congrès de la paix organisé par le Parti communiste français.
De sa fenêtre, on entend jouer des gamins du quartier, mais les cris ne semblent pas le perturber. Dans la rue, les passants le saluent. Didier Vaillant prend le temps de les écouter et de leur répéter la bonne parole : "C'est le temps de la reconstruction". Il serre les mains, écoute les lamentations. Cela peut être expédié en quelques secondes ou prendre plusieurs dizaines de minutes. "Je suis maire, mais aussi père, assistant social, facilitateur...", dit-il. Ses amis le présentent comme quelqu'un de rigoureux, de méthodique - mais capable, parfois, d'un grand entêtement. Proche du peuple ? En 2001, en tout cas, lors de l'élection municipale, la droite n'a pas été capable de rassembler 35 noms avant la clôture des listes. Seul en lice, Didier Vaillant - à la tête de la liste de la Gauche unie - a été élu avec... 100 % des voix.
Mais il y a, à ses yeux, un temps pour tout. "Quand je vais acheter des chaussettes, je ne veux pas qu'on vienne me parler d'un problème de logement", dit-il avec un sourire. Il a souhaité être un élu à mi-temps. Quand il n'est pas maire, il continue de travailler comme simple fonctionnaire au ministère des transports. Sous les dorures de la République.
1954
Naissance à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
1978
Fonctionnaire, attaché au ministère de l'équipement.
1991
Chef de cabinet du secrétaire d'Etat à la mer, Jean-Yves Le Drian.
1997
Maire de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Réélu en 2001.
2005
Disparition de son père, Raymond Vaillant, proche de Pierre Mauroy.
2007
Emeutes à Villiers-le-Bel, après la mort de deux adolescents.
Selon l'IGPN, chargée d'enquêter sur les circonstances de la collision, les images parues dans la presse montrant le véhicule avec l'avant défoncé et le pare-brise étoilé ne traduisaient pas la violence du choc mais s'expliquaient par des dégradations commises à coup de barres de fer après l'accident.
Cet élément est un des arguments avancés par la police (Le Monde du 28 novembre) pour appuyer la thèse d'une voiture circulant à faible allure et percutée par la mini-moto à l'avant-gauche.
La vidéo, que Le Monde a pu visionner une première fois dimanche 25 novembre, vers 20 h 30, puis à nouveau, en détail, mardi 27 novembre, met à mal cette hypothèse.
Les images tournées quelques minutes après l'accident montrent un véhicule sérieusement endommagé, ce qui correspond aux photos publiées dans la presse. Elles vont dans le même sens que les déclarations de témoins qui disent avoir protégé le véhicule de toute exaction pour faciliter l'enquête.
L'auteur du film, que nous avons rencontré, souhaite rester anonyme. Désireux de faire la lumière sur l'accident, il a néanmoins transmis le document à Yassine Belattar, animateur sur la radio Générations 88.2, proche des familles des victimes, qui nous a autorisé à le copier pour pouvoir l'analyser.
Le cinéaste amateur dit avoir été averti "quelques minutes après les faits". Il est aussitôt descendu de son appartement situé à proximité immédiate des lieux. Il dit avoir commencé à filmer "très peu de temps" après l'accident, signalé aux pompiers à 17 heures, selon l'horaire communiqué par la procureure de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry. Il dit avoir commencé à filmer entre 17 h 15 et 17 h 20.
La vidéo, de qualité correcte, montre des habitants qui regardent les pompiers en intervention. Ces derniers prodiguent des massages cardiaques aux deux victimes. Des policiers sont présents.
Après quelques minutes, on voit arriver un véhicule du SMUR de Gonesse. Or, selon le SAMU du Val-d'Oise, averti de l'accident à 17 h 03, le camion d'intervention médicale est parti à 17 h 08 de l'hôpital de Gonesse qui se trouve à 5 kilomètres du lieu de l'accident, soit à 10 minutes environ en respectant les vitesses maximales. Selon nos calculs, le SMUR serait donc arrivé vers 17 h 18.
A cet instant, la position du véhicule, à cheval sur la chaussée et sur le trottoir, correspond très exactement à celle observée sur les photos de presse. La vidéo, qui montre le véhicule à de nombreuses reprises et sous plusieurs angles, permet de constater très clairement que le véhicule se trouve dans le même état que sur les premières photos publiées.
Dans les deux cas, le capot, tordu, remonte sur la partie droite, le pare-brise avant est étoilé et enfoncé vers l'intérieur du véhicule, le pare-chocs avant est arraché, ainsi que le phare avant-droit.
LE POMPIER CONFIRME SA VERSION
Reste l'hypothèse de dégradations commises entre le moment de l'accident et le début de la vidéo. Or, les policiers affirment que les victimes n'ont jamais été laissées seules : présents sur place, ils auraient donc signalé d'éventuelles dégradations sur leur véhicule, ce qu'ils n'ont pas fait. Des dégradations survenues à ce moment supposeraient aussi que des jeunes se soient munis de barres de fer dans ce laps de temps et qu'ils s'en soient pris à la voiture alors que les deux adolescents gisaient au sol à proximité.
La vidéo montre aussi que les secours se déroulent dans un contexte relativement calme, au moins pendant la première partie. La tension semble monter vers la fin du film mais ne se traduit pas par des actes de violence.
Interrogés par Le Monde, la police et le ministère de l'intérieur maintiennent la version de l'IGPN selon laquelle, "probablement", le véhicule de police a été volontairement dégradé après l'accident. L'enquête ne cite pas de témoins directs de ces coups éventuels portés contre la voiture, mais s'appuie notamment sur le témoignage d'un major-pompier de Villiers-le-Bel, le premier responsable à être intervenu sur les lieux de l'accident.
Ce dernier a été entendu lundi soir par la police. Joint par Le Monde, il n'a pas souhaité donner son nom mais réitère sa déposition : "La première réflexion que je me suis faite quand j'ai vu les photos de la voiture de police parues dans la presse, c'est qu'elle n'était pas aussi dégradée quand je suis intervenu. Elle n'était pas dans l'état que j'ai vu sur ces photos. Le capot était certes abîmé, le pare-brise et la calandre gauche aussi mais du côté droit, ça tenait encore".
Le sapeur-pompier insiste : "Le véhicule ne ressemblait pas aux images, ça n'avait rien à voir. Quand je les ai vues, j'ai été choqué". L'expert technique mandaté pour déterminer le point exact de l'impact, lui, n'a pas encore rendu ses conclusions.
Cette manifestation aura lieu:
Mercredi 21 novembre à 16h00
Devant le ministère de la justice (Place Vendôme)
Pour les élus, pensez à vous munir de votre écharpe
voici un excellent débat sur l'état de structuration sociale et politique en France et la question des dynamiques socio-culturelles à l'aune de la mondialisation financière. A verser au débat sur la détresse idéologique et culturelle de la gauche française.
FRED
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![]() | ![]() ![]() ![]() | ![]() Nouveaux clivages sociaux ou retour de la lutte des classes ? |
Existe-t-il encore quelque chose comme des classes sociales ? Ou faut-il penser que la société post-industrielle a mis fin à leur existence ?
D’après certains sociologues contemporains, comme Antony Giddens ou Ulrich Beck, les classes sociales d’autrefois ont été remplacées par un empilement de situations individuelles sans structuration objective ni conscience d’appartenance.
Louis Chauvel a recensé les publications faisant référence aux concepts de classes et de luttes des classes au cours des dernières décennies. Son travail montre qu’après avoir connu un âge d’or dans les années 1950 et 1960 – et surtout dans les années 70 – ces catégories ont connu un reflux dans les années 1980 et encore plus 90.
Déjà, en 1990, le philosophe Marcel Gauchet – qui était ce matin l’invité d’Ali Baddou sur notre antenne – prédisait dans un article de la revue Le Débat, passé alors inaperçu, la revanche de cette «oubliée, la lutte des classes».
A nouveau, on nous prédit en ce moment le grand come-back des classes et de leurs luttes. Cela a commencé avec l’analyse des présidentielles de 2002 et du référendum du 29 mai 2005. De nombreux spécialistes des comportements électoraux ont diagnostiqué alors un décrochage des «catégories populaires» vis-à-vis de l’offre politique. Un certain nombre de conflits sociaux ont également été décrits comme des affrontements de classe.
Mais peut-on réellement identifier les acteurs des luttes sociales actuelles – salariés du secteur public ou para-public, disposant d’un emploi à vie et protégés contre la concurrence – avec le prolétariat d’autrefois, soumis à l’exploitation du capital ? Des catégories particulières défendant légitimement leurs avantages acquis, avec la «classe universelle» dont nous parlaient les marxistes ? D’autres spécialistes considèrent comme un «nouveau prolétariat», les travailleurs précaires, ouvriers des services pour l’essentiel, dotés d’un faible de niveau de qualification, violemment exposés à la concurrence de la main d’œuvre des pays émergents, fortement touchés par le chômage et qui sont aussi les grands oubliés de la distribution des avantages sociaux.
Selon la tradition marxiste, les luttes de classes opposent les détenteurs des moyens de production aux travailleurs qui ne disposent que de leur force de travail. Faut-il considérer les instituteurs américains en retraite, dont les fonds de pension détiennent un pourcentage appréciable du capital de nos entreprise du CAC 40 comme des capitalistes ? Toujours selon la théorie marxiste, pour qu’il y ait lutte de classes, il faut que l’antagonisme entre capitalistes et prolétaires soit conscient et qu’il prenne des formes organisées, tournées vers la destruction du système capitaliste. Le fait, avéré dans de nombreux pays, de l’éclatement de la classe moyenne suffit-il à prophétiser le grand retour de la lutte des classes ? Sur quels critères s’appuient donc les augures du nouveau prolétariat ?
![]() | Stathis Kouvélakis. Enseigne la philosophie politique au King's College de l'université de Londres, Membre de la rédaction de Contretemps |
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![]() | Jean Lojkine. Sociologue, Directeur de recherche émérite au CNRS |
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![]() | Pierre Zaoui. Philosophe |
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![]() | Francois Dubet au téléphone. Sociologue, enseigne à l'Université de Bordeaux II, Directeur d'études à l'EHESS |
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![]() « Quand on ne sait plus s'opposer et se déchirer pensée contre pensée et non personne contre personne, s'ouvre au mieux le règne des dialogues de sourds, ou le règne des ni-ni, et au pis le règne des haines recuites et silencieuses où il n'y a plus de politique, seulement, à l'horizon, des guerres innommables. » Le temps d'une question Le libéralisme est aujourd'hui au centre des débats moraux et politiques. Il y a ceux qui soutiennent qu'il s'agit d'un système, à accepter ou rejeter en bloc ; et ceux qui aimeraient distinguer entre un bon libéralisme politique et un mauvais libéralisme économique, ou un libéralisme sauvage et un libéralisme modéré, ou encore un libéralisme humaniste et un néo-libéralisme abominable. Certains voudraient ainsi la liberté d'entreprendre mais pas celle de vivre moralement comme on l'entend, et d'autres la liberté de penser, de créer, de se marier, mais pas celle d'exploiter son prochain. Comment sortir d'une telle confusion ? -4ème de couverture- | |||||
![]() La montée des mouvements sociaux depuis 1995 a redonné vie aux débats sur les luttes de classes en France : assiste-t-on à un « retour » des classes sociales occultées durant les années 1980-1990 ? Ce « retour » n'est-il qu'illusoire, compte tenu des bouleversements sociologiques opérés depuis trois décennies sur les principaux acteurs historiques de la conflictualité sociale ? Certes, la mythologie de la « classe moyenne » a du plomb dans l'aile. La thèse, qui n'est pas neuve, de la « moyennisation » de la société capitaliste, d'un grand groupe central allant des ouvriers à statut aux cadres supérieurs, avec un brassage de toutes les couches de la société vers le haut, ne peut plus rendre compte de la montée des inégalités sociales. Mais peut-on en revanche encore parler du « prolétariat », comme d'un sujet historique représentant l'ensemble du « salariat » face à la classe capitaliste ? Peut-on, a fortiori, parler d'un combat « classe contre classe » ? Si le salariat se généralise et même se mondialise aujourd'hui, en même temps il se différencie. Les clivages culturels si profonds entre professions intellectuelles et salariat d'exécution, entre salariés protégés par leur statut et salariés précaires, rendent beaucoup plus compliquée la convergence des luttes anticapitalistes. Mais l'action collective « mouvementiste » n'est-elle pas un facteur d'élargissement de l'espace public ? Peut-on y voir un puissant facteur de recomposition des représentations légitimes de la politique et de reconstruction de nouvelles perspectives d'émancipation sociale ? Cet ouvrage collectif apporte des éléments de réflexion sociologiques à ces questions, en reprenant notamment les débats qui ont animé les ateliers Sociologie lors du quatrième Congrès international organisé en 2004 par la revue Actuel Marx. -4ème de couverture- | |||||
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En 2004, la région a décidé de réviser le Sdrif actuel, qui devait aller en principe jusqu'en 2015. Le chantier a été confié à Mireille Ferri, vice-présidente (Verts), et un projet adopté par la région le 15 février. Dès leur arrivée aux affaires, le président de la République et le premier ministre s'en sont pris à ce projet qu'ils jugent inadapté à l'importance de l'Ile-de-France, dans la vie du pays et dans la compétition internationale.
Le 26 juin, en inaugurant le nouveau terminal de l'aéroport de Roissy, M. Sarkozy a dressé le constat d'une Ile-de-France en manque de "croissance" et de "cohésion", puis a donné sa vision de l'avenir. Il a notamment repris à son compte l'idée d'un "Grand Paris" et demandé que le Sdrif soit remis en chantier pour définir une "stratégie efficace". Le 11 juillet, M. Fillon a formalisé cette requête présidentielle, en sommant la région, présidée par Jean-Paul Huchon (PS), de surseoir à la procédure engagée, pour élaborer un texte plus conforme à "l'ambition" définie par M. Sarkozy. Faute de quoi, le premier ministre ne transmettrait pas le texte au Conseil d'Etat. Après la trêve estivale, l'offensive a repris dès le 19 septembre, avec un communiqué du préfet de la région Pierre Mutz renouvelant de "fortes réserves". En réponse, M. Huchon a lancé l'enquête publique, comme prévu...
La complexité de la procédure est à la hauteur de celle des enjeux. Le débat mêle de façon étroite questions de fond et préoccupations électorales immédiates. Les deux volets essentiels du Sdrif, eux-mêmes indissociables, sont le logement et les transports. Les besoins en logements sont considérables. Mais si l'étalement urbain - que le précédent schéma directeur n'est pas parvenu à endiguer -, continue à se propager, la question des transports deviendra de plus en plus inextricable.
Le clivage politique entre la droite et la gauche sur ces points est réel, mais souvent masqué par la technicité des débats : peut-on ou non densifier sans consommer davantage d'espace ? Dans quelle mesure une liaison directe par rail Paris-Roissy est-elle prioritaire par rapport à d'autres transports publics ? Dans les discussions sur le Sdrif comme sur le "Grand Paris", se profile, en filigrane, la question des inégalités territoriales et sociales. Ainsi les orientations développées par M. Sarkozy reviennent à renforcer davantage les points forts de l'économie régionale, comme la Défense. La gauche craint qu'un tel choix ne pérennise, voire n'accentue les inégalités, en particulier entre le nord-est et le sud-ouest franciliens. Même si la droite se garde de contester les principes mêmes qui inspirent le nouveau Sdrif : développement durable, logements notamment sociaux plus nombreux et mieux répartis, transports en commun... Pour Jean-Paul Planchou, président du groupe PS au conseil régional, "on est en pleine hypocrisie", car c'est bien "une bataille politique frontale" qui se livre autour du Sdrif, entre deux "visions" de la région.
JOUER LA CRISE
Mais les désaccords se trouvent aussi au sein de la gauche, entre certains maires, sur la répartition des logements sociaux, ou bien entre les deux dirigeants PS, le maire de Paris Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon. La visibilité politique et médiatique du premier est, par nature, plus forte que celle du second, mais la ville ne peut pas faire l'impasse sur la région. Les intérêts politiques des deux collectivités, et de leurs chefs, ne coïncident pas forcément, bien que leurs problèmes (transports, pollution, logement...) soient le plus souvent liés. Dans les premières années de la mandature Delanoë, les élus régionaux ont eu le sentiment que la ville faisait cavalier seul. Le président de la région ne l'a pas oublié, et ce choix initial pèse encore sur ses relations avec le maire.
Le débat sur le "Grand Paris" s'imbrique dans celui sur le Sdrif et le complexifie encore un peu plus. Lorsqu'il l'a évoqué à Roissy, M. Sarkozy savait très bien que M. Delanoë et son équipe étaient ralliés à l'idée d'une telle structure, dont la forme reste toutefois à définir. M. Huchon, à l'inverse, était très réticent face à ce qu'il percevait comme le risque, pour lui-même et la région, de se retrouver cantonnés à l'aménagement des "franges de la banlieue excentrée". "L'agglomération, pour moi, c'est la région", a-t-il répété. La première réaction de la Mairie de Paris au discours de Roissy a été étonnamment positive, avant que M. Delanoë ne corrige cette impression en durcissant le ton à l'égard de M. Sarkozy.
Dans les deux dossiers, M. Huchon pourrait être la cible principale du président de la République. Ce dernier paraît en effet sceptique sur la possibilité d'enlever à M. Delanoë la Mairie de Paris en 2008, et aurait plutôt comme objectif de regagner la région deux ans plus tard. En s'opposant au Sdrif, il s'agit bien sûr de décrédibiliser la gestion socialiste. Quant au "Grand Paris", en reprenant l'idée à son compte, M. Sarkozy pouvait espérer enfoncer un coin entre MM. Delanoë et Huchon, tout en affaiblissant le second. Mais à l'approche des élections municipales et cantonales de 2008, les deux dirigeants PS, faisant taire leurs divergences, se sont rapprochés. M. Huchon a accepté le principe d'une structure propre au coeur d'agglomération, tandis que M. Delanoë indiquait au Journal du dimanche du 23 septembre que "faire sans la région, c'est l'échec assuré".
Dans ce contexte politique compliqué, la phase de l'enquête publique sur le Sdrif pourrait prendre une grande importance : en fonction de ses résultats, elle facilitera ou non le "compromis" acceptable souhaité par M. Planchou, qui estime que le pouvoir est plutôt tenté d'aller à l'affrontement, en bloquant le schéma. Quitte à jouer la crise. Après l'échec du précédent schéma directeur, qui s'est montré inefficace pour ordonner et canaliser le développement de l'Ile-de-France, la région phare du pays courrait alors le risque d'une paralysie de l'action publique.