- 1. La direction du Parti socialiste ne souhaite pas s'engager dans une dynamique de rassemblement de la gauche ; sa stratégie est d'attendre le retour des électeurs déçus par Emmanuel Macron et qu'il ne faudrait donc pas effrayer en opérant un inventaire trop important du quinquennat... J'ai moi-même eu la possibilité d'échanger directement avec Olivier Faure voici une vingtaine de jours lors d'une réunion à Solférino en ces termes : "Olivier, tu me dis que le texte que vous proposez va être très ancré à gauche parce que vous nous auriez fait des concessions importantes (dommage d'ailleurs que vous pensiez que ce sont des concessions pour aboutir à un texte qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui qu'on avait adopté avant les précédentes élections européennes). Donc si c'est le cas, il n'existe plus de divergences insurmontables (des différences il en reste, des débats on en aura encore évidemment) qui empêche de discuter avec l'ensemble de la gauche ; vous pourrez donc appeler publiquement les autres organisations de gauche à se mettre autour de la table et discuter ensemble dès les européennes ?" Réponse : "Non, on ne le fera pas !"
- 2. Christine Revault d'Allones, députée européenne et présidente de la délégation socialiste française, aurait salué le travail d'Emmanuel Maurel comme député européen : il faut se rappeler que la délégation socialiste française au Parlement européen lui a reproché son vote CONTRE Jean-Claude Juncker, qui était notre adversaire aux européennes, à la présidence de la commission européenne ; qu'Emmanuel a reçu un blâme du groupe "socialiste & démocrate" pour avoir voté contre le TAFTA sans être soutenu par la DSF. Ces hommages arrivent comme un cheveu sur la soupe et bien tard...
- 3. Que vaut l'engagement répété sur tous les tons ce samedi encore, qu'on va voir ce que l'on va voir et que "cette fois-ci" on ne ferait plus de compromissions avec le droite et les libéraux européens ? La direction du Parti a refusé de répondre à notre demande d'exiger des conditions fermes du PSE :
- -> dire qu'on ne soutiendra le Manifesto (programme commun du PSE) qu'à la condition que celui-ci ait un véritable contenu et que celui-ci ne soit pas contradictoire avec ce que l'on défend dans le texte du PS ;
- -> dire qu'on ne soutiendra pas n'importe quel candidat du PSE à la présidence de la commission européenne : or tous les candidats putatifs restant sont favorables à un accord avec la droite européenne, au minimum avec sa version libérale et macroniste, en parfaite contradiction avec ce qui est affirmé aujourd'hui par le PSE (coquille vide) et le PS.
- -> Comment donc croire que la direction du PS tiendra ses engagements d'aujourd'hui alors qu'elle refuse clairement de prendre position sur ces sujets dans le PSE ?
- 4. Nous ne pouvons pas non plus nous contenter d'un texte qui ressemble par bien des aspects à ceux que nous rédigions à la veille des précédents scrutins européens, et que nous oublions tout de suite après à la demande du PSE. Les socialistes français ne sauraient donc se contenter d'un texte énumérant de bonnes intentions sans rien dire des moyens et du chemin à prendre pour avancer vers leur mise en œuvre.
Sans analyse sérieuse de l'état de l'UE et de notre action passée, nous sommes condamnés à ne pas être crédible et à reproduire les mêmes erreurs.Seuls des choix clairs, des ruptures fortes, des engagements solennels nous permettront de surmonter les défis actuels. Si nous voulons que les élections européennes marquent le début de la reconquête, nous devons nous astreindre à un devoir de sincérité.
Faute de volonté politique, ou par adhésion, la social-démocratie européenne a accompagné l’avènement de l’Europe libérale. Les 5 dernières années en ont hélas donné une preuve supplémentaire : non, nous n'avons pas obtenu plus de solidarité dans la zone euro ; oui, les déséquilibres économiques structurels entre l'Allemagne et l'Europe du Sud menacent sa cohésion et celle de l'UE ; oui, la ratification du TSCG nous a causé, à nous et à l'UE, un grand tort ; non, la Grèce et les Grecs n'ont pas été sauvés… Or là encore la direction du PS raconte le contraire et ne veut pas s'engager dans un inventaire sérieux du quinquennat Hollande que ce soit sur l'Europe ou n'importe quel sujet...
Voilà camarades, ce que m'inspire le compte-rendu que m'a fait Adélaïde de samedi. J'apprécie nombre de nos camarades qui ont des responsabilités politiques départementales, je pense même que certains peuvent être sincères dans leurs propos ; dans ce cas, ils sont malheureusement naïfs et seront abusés.
Pour ma part, j'aborderai le vote du jeudi 11 octobre et la suite en refusant toute naïveté et je ne serai plus jamais abusé.
Frédéric FARAVEL
mandataire départemental de L'Union & l'Espoir
Le texte alternatif sur le "Chantier Europe" à celui de la direction du Parti socialiste
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