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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 08:04
Intense émotion hier soir sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris. La municipalité avait installé un grand écran et un chapiteau pour permettre aux Franciliens de suivre en direct les cérémonies d'hommage national à Aimé Césaire. Nous étions donc quelques milliers à être présents à Paris face aux dizaines de milliers de personnes venues de toute la Martinique pour saluer le Grand Homme à Fort-de-France.
Soirée un peu spéciale tout de même où un animateur de soirée qui meublait pour faire attendre le direct a rapidement chopé quelques sueurs froides, demandant que l'on passe sur un champ moins politique, après avoir démandé à l'assistance de venir témoigner sur Aimé Césaire. Mais comment parler de cet homme sans parler de politique ?

Comment parler de cet homme qui a toujours choisi une voie pacifique pour transformer le réel, sans parler des violences officielles qu'il a subi, censuré dans son oeuvre, censuré par les médias jusqu'aux années 1980, sa ville censurée dans les subventions qu'elle ne recevait pas du fait de la clarté politique de son maire ; bref comment parler de Césaire - de sa poésie, de sa pensée, de son choix démocratique - sans parler de la violence subie par sa terre, par son peuple et par toutes les humanités souffrantes ?

Certains orateurs hier soir ont rappelé l'isolement du député-maire de Fort-de-France aux moments les plus intenses de son action politique... Conspué par le Parti Communiste Français dont il avait dénoncé avant bien d'autres (et avant Budapest) les travers et les mensonges, ostracisé par la République quand pourtant il avait réaffirmé les liens des antilles à la nation française. Qu'ils étaient nombreux hier les hypocrites venus saluer Aimé Césaire à Fort-de-France, sur ces rangs de droite qui devaient haïr cet adversaire si coriace et si pertinent. Comment ne pas avoir une sorte d'ironie à voir le président de la République - qui reçut une cuisante leçon en 2006 de la part du vieillard - réduit au silence dans la ville du poète, alors qu'il s'agit d'un hommage national ?

On retiendra l'effort du Dr Aliker à 101 ans sortant d'un texte que l'émotion et l'âge l'empêchaient de suivre et qui reprit sa force et sa fermeté pour asséner quelques vérités politiques et humaines sans doute dures à entendre pour quelques uns des premiers rangs de l'assemblée. La force des textes de Césaire fut remarquablement présente et intérprétée par les artistes après ce discours. En plein débat sur les "effets positifs" de la colonisation, sur l'identité nationale et sur l'immigration, qu'il était sain et nécessaire d'entendre retentir cette parole. Malheureusement tout cela n'était retransmis que sur France Ô...

Alors qu'enfin l'école de la République se mette à enseigner les écrits et les poêmes d'Aimé Césaire pour sa parole se pérennise : voila le plus bel hommage national et le panthéon que ses mânes réclament. Qu'enfin s'ouvre la réalité du débat sur la colonisation et l'identité face à l'universalité. Car la France n'a jamais réellement eu ce débat, ce qui implique que des gens instruits peuvent aujourd'hui vous soutenir que "si, tout de même la colonisation a eu des effets positifs". Lisons et faisons lire Césaire, ses poêmes et ses textes politiques, pour faire comprendre en métropole et en outre-mer, que l'esclavage, la colonisation n'implique pas qu'une oppression physique et chronométrée mais qu'elle déstructure profondément les hommes et les sociétés et que ces conséquences impliquent une violence subie psychologiquement sur plusieurs générations.
Et pourtant malgré cette humanité violentée et déracinée, comment ne pas entendre le cri d'espoir de Césaire qui nous rappelle qu'une société peut malgré se reconstruire avec ces individus meurtris. Un optimisme sur l'humanité.

Frédéric Faravel

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