Sur le boulevard antilibéral, quand Bertrand Delanoë et Ségolène Royal se crêpent le chignon sur «libéralisme et socialisme», la gauche du PS reprend du poil de la bête. Ses chefs de file, l’eurodéputé Benoît Hamon et l’ancien ministre Henri Emmanuelli, ont jugé hier la polémique «surréaliste» et «archaïque» au moment ou «la crise financière, alimentaire et énergétique» marque «un renversement de cycle». Les voilà donc en piste pour construire un «rassemblement à vocation majoritaire» au PS qui tire les «leçons de l’échec du libéralisme».
«Ringard». La contribution de leur courant, le Nouveau Parti socialiste (NPS), au congrès de Reims en novembre se veut une «offre politique distincte de la ligne partagée par Ségolène Royal et Bertrand Delanoë», a expliqué Benoît Hamon, 41 ans, flanqué de deux porte-parole de moins de 30 ans : Razzye Hammadi et Bruno Julliard. Façon aussi «d’incarner le renouveau et la respiration à l’intérieur du PS» face au «monolithisme générationnel» des deux présidentiables.
Elargir. Vocation majoritaire oblige, le NPS se recentre. Dénonçant un «discours du sacrifice insupportable» demandé aux classes populaires et moyennes, Hamon a prôné de «l’imagination pour penser de nouveaux droits et de nouveaux pouvoirs sans tomber dans le Grand Soir». Pour élargir son audience, le courant ne lorgne pas sa gauche : l’eurodéputé a renvoyé le sénateur Jean-Luc Mélenchon à «ses barbelés autour de la vraie gauche». Des discussions ont lieu, notamment avec les «reconstructeurs», amis de DSK, de Fabius et de Montebourg, avec Martine Aubry, «dont les mots sont doux à nos oreilles», a reconnu Benoît Hamon. Sauf que pour le NPS le «tout sauf Ségolène ou le tout sauf Delanoë ne peut être le ciment» d’un rassemblement majoritaire.
Reste à convaincre les militants que le congrès se prendra par la gauche. Et pour le leadership ? Hamon candidat au poste de premier secrétaire ? «Non» , a répondu l’intéressé. «Oui» , a susurré Emmanuelli.