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Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 14:00
Par Stéphane Alliès - Mediapart.fr

Motions sans grandes émotions, au conseil national du PS. Les fameux textes d'orientation dans la perspective du congrès de Reims (14-16 novembre) ont été déposés mardi en fin d'après-midi, dans une salle de la Mutualité comble et en plein échauffement oratoire et contradictoire.

Le "dépôt des motions", dans le jargon socialiste, c'est ce moment rituel un peu irréel où les caméras se bousculent de "leader" en "éléphant", en passant par les "barons locaux". Et où les membres du conseil national n'ont qu'une obsession: savoir qui a signé le texte de qui. Ce mardi, sur le parvis de la symbolique salle parisienne, toutes les attentions étaient portées aux traditionnels "ralliements de dernière minute": Pierre Moscovici, Julien Dray, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Mauroy.

"Mosco" a finalement rallié Bertrand Delanoë, «un choix de responsabilité pour ne pas fragmenter davantage le parti». Ces 3 derniers jours, il aura été annoncé partout, cela irritant beaucoup ses différents interlocuteurs (il avait aussi discuté avec Royal et Aubry), pour finalement retrouver le giron jospinien, malgré la présidentialisation, la gestion Hollande et les primaires fermées qu'il dénonçait.

Julien Dray a lui rejoint le giron de Ségolène Royal, constatant l'échec de sa stratégie de rassembleur d'une large majorité et retrouvant celle dont il avait mené la campagne présidentielle avant de s'en éloigner.

Jean-Luc Mélenchon a finalement convaincu Benoît Hamon de représenter l'union de la gauche du PS, et s'est rangé derrière le député européen avec Marc Dolez.

"Le grand Pierre" (que d'autres dans le Nord, plus taquins, appellent aussi "Gros Quinquin") a choisi de signer la motion de Martine Aubry, malgré les suppliques des amis de Bertrand Delanoë et François Hollande. Mauroy se dit «assuré que le parti finira rassemblé» et a donc préféré maintenir son soutien à la maire de Lille et à la fédération du Nord, malgré ses réticences envers Laurent Fabius.

Ils sont effectivement très nombreux à partager une même analyse quant à l'issue du congrès: «Il faut absolument finir premier à l'issue du vote des militants.» C'est même le premier secrétaire sortant, François Hollande, qui a résumé l'enjeu en l'incarnant, en conclusion de la réunion: «Quelle que soit la motion, quel que soit le premier secrétaire qui sortira de ce congrès, je soutiendrai la motion qui arrivera en tête.» Reste à savoir quelle orientation mettra en œuvre le rassemblement autour d'elle. Depuis ce mardi soir, on en sait plus sur le style de chacun dans la campagne interne qui s'ouvre.

Opposition de styles à la tribune

Un "dépôt des motions socialistes" passe également par un rituel bien huilé, dont on retiendra, pour l'anecdote, l'annonce de leur rang tiré au sort. Le hasard faisant bien les choses, c'est Bertrand Delanoë qui portera la "motion A", traditionnellement dévolue à celle du premier secrétaire sortant, François Hollande, depuis 11 ans. Plus instructifs, les discours à la tribune ont laissé apparaître les stratégies de campagne des 6 semaines à venir jusqu'au congrès de Reims.

Dans un style "minoritaire assumé", les représentants d'Utopia (Frank Pupunat – motion F) et du Pôle écologique (Christophe Caresche – motion B) ont cherché à sensibiliser leur parti à la cause environnementale et à la décroissance.

Benoît Hamon (motion C) a adopté le style "offensif à gauche", en souhaitant «une clarification nécessaire du parti face au libre-échange et à la puissance publique»: «L'Etat doit redevenir un stratège et non un poseur de pansement.» Avant de donner dans la métaphore: «Dans le renversement de cycle actuel et devant la crise financière, nous nous comportons face à Sarkozy et à sa politique-système comme un néophyte aux échecs qui réagirait au coup par coup, en balbutiant une doctrine que nous ne sommes pas capables de définir. Pour finir mat avec toujours un coup de retard.» Son texte sera titré «Un monde d'avance».

Martine Aubry (motion D) a préféré un style "rénovateur réconciliateur", tout en critiquant le bilan de la direction sortante: «Partout les militants nous crient de changer! Changer le parti, en finir avec nos silences comme avec notre cacophonie (…) Dans le contexte de ces dernières années, nous n'avons pas assez travaillé. Ne refaisons pas le congrès du Mans [conclu par une synthèse générale] Après avoir égrené les priorités de son programme («sécurité sociale professionnelle, loyers bloqués dans les zones à construction insuffisante, cotisations patronales en faveur du recrutement, création de Fonds souverains»), la maire de Lille a appelé à ne pas sortir du congrès «avec une gauche étroite, économe de ses combats». Et elle a défendu le regroupement qu'elle mène, entre proches de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn: «Le congrès de Rennes, le référendum européen et la dernière primaire sont derrière nous. Nous sommes tous d'accord pour réaffirmer un retour du politique en Europe.» Et de conclure: «L'avenir est à gauche!»

Bertrand Delanoë (motion A, donc) a au contraire assumé le "style traditionnel" et la continuité qu'il représente par rapport à la "gestion Hollande". Le maire de Paris a voulu répondre «à ceux qui me demandent comment rénover avec le premier secrétaire sortant». «Je vais aggraver mon cas: pour faire du renouveau, il faut être fidèle. Tout ne commence pas avec nous. Je suis fier d'Epinay [congrès fondateur du PS en 1971] et si je suis élu à la tête du parti, j'en porterai l'héritage.» Evoquant sa «fierté de voir autour de lui François Hollande (…) Pierre Moscovici (…) Jean-Yves Le Drian et Alain Rousset (…) Jean-Marc Ayrault», il a défendu «une motion clairement européenne, un programme de travail intensif, et une discipline sans faille».

Ségolène Royal (motion E) a cultivé son image de celle qui ne fait pas comme tout le monde. La candidate du PS à la dernière présidentielle a scénarisé son pas en retrait dans la marche vers la tête du parti, «au profit du collectif». Au risque d'envoyer un trio tribunicien hésitant au feu d'une assistance bruyante et rétive.

Représentant les 16 co-signataires de sa motion, la conseillère générale de Lyon, Najat Vallaud-Belkacem, le président de la communauté urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, et le maire de Dijon, François Rebsamen, se sont succédé. 5 minutes chacun. Dans le brouhaha, les deux premiers ont défendu tour à tour «l'apaisement et le rassemblement du parti» autour d'une «révolution démocratique, économique, sociale et écologique» (Vallaud-Belkacem), «un parti décentralisé à l'inventivité permanente et une gauche décomplexée».

En n°2 du PS plus expérimenté que ses prédécesseurs, François Rebsamen a reconquis l'attention de la salle en parlant fonctionnement interne. «Nous avons besoin d'un grand parti de militants, et bien sûr qu'il faut faciliter les adhésions !» s'est-il exclamé, avant de «mettre les pieds dans le plat», en parlant stratégie d'alliances. «Que les choses soient claires: tout commence par le rassemblement des socialistes, puis on se tourne vers l'extrême gauche pour voir jusqu'où elle ne veut pas aller avec nous. Enfin, nous devons accueillir des démocrates qui ne veulent pas de Nicolas Sarkozy. C'est la seule façon de gagner la présidentielle!»

Et si l'on assistait finalement à un paysage interne bien défini dans ce parti, chacun occupant son espace sur l'axe gauche-droite du PS?

Les clivages internes en question

Gauche, centre-gauche, centre-droit, droite… Si l'on met de côté les 2 textes des courants écologistes aux poids marginaux dans le PS (Utopia et le Pôle écologique), on pourrait dégager une ligne de clivage aux contours finalement bien délimités entre les 4 principales forces du parti.

À gauche, le député européen Benoît Hamon occupe pleinement l'espace. L'ancien président du MJS qui emmène avec lui de nombreux jeunes cadres du PS a unifié toutes les composantes "des gauches minoritaires du parti" derrière lui (Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon, Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, Marc Dolez, Gérard Filoche et Pierre Larrouturou). Toutefois, il ne voit que «2 orientations dans ce congrès : ceux qui veulent donner une nouvelle direction et ceux qui sont issus de la même direction depuis 20 ans». Ce mardi soir, il s'est porté candidat au poste de premier secrétaire.

Au centre-gauche, Martine Aubry appelle également au changement de direction autour d'elle et des proches de Laurent Fabius, Dominique Strauss-kahn et Arnaud Montebourg, allant au bout de la logique des "reconstructeurs". L'architecte de ce regroupement souhaitant illustrer la réconciliation d'après-primaire présidentielle (tous soutenaient des candidats différents), le député Jean-Christophe Cambadélis, nuance la typologie gauche/droite: «Le truc, c'est que tout le monde veut finir au centre, en rassemblant les autres derrière lui. Nous, on joue sur la nature même de Martine. Réformiste et gestionnaire, mais qui a aussi une bonne résonance dans le gauche populaire. A l'heure actuelle, Delanoë a un peu d'avance. Mais si elle réussit une bonne campagne, on peut finir devant.»

Au centre-droit, Bertrand Delanoë occupe le créneau social-démocrate pur, synthèse d'un courant jospino-rocardien reformé et des amis de François Hollande, hiérarques nationaux et grands élus locaux. Assumant la carte de la continuité. Le député Michel Sapin envisage lui les choses sous l'angle de l'avenir du parti: «Delanoë est la motion de la stabilité, de la sécurité et du dialogue. La grande différence avec Aubry, c'est l'instabilité de sa motion. Quant à Ségolène, elle dit elle-même qu'elle n'est pas la solution.»

Mais il tient à dégager un autre clivage: «Sur le fond tout le monde est d'accord, mais les militants veulent retrouver une boussole. La grande fracture de ce parti reste l'indiscipline de certains au moment du référendum européen de 2004. Pour beaucoup, c'est resté comme un crime contre le parti. Le premier impératif sera de retrouver la solidarité et la discipline.»

À droite, Ségolène Royal est la seule à poser clairement la question des alliances avec le MoDem et accueille sur sa liste les plus centristes des socialistes, comme Manuel Valls ou Gérard Collomb. Si les partisans des autres motions approuvent globalement cette classification gauche/droite, le député européen Vincent Peillon s'insurge vivement : «C'est une grosse intox ! Il y a 3 ans au congrès du Mans, les mêmes disaient que j'étais à la gauche du parti. Le vrai clivage, il est entre le rafistolage à l'ancienne avec les mêmes rhétoriques, les mêmes faux débats et les mêmes hypocrisies et ce que nous n'avons pas réussi à faire en 2007. Est-ce qu'on est prêt pour une révolution fiscale et une révolution démocratique...»

Selon lui, l'objectif est simple: «Les nouveaux adhérents déçus doivent revenir pour nous aider à profondément transformer le parti. Plus on est en tête des votes militants, plus il est facile d'imposer nos idées.»

 

Dans son coin, le fondateur du think tank Terra Nova affiche son plus beau sourire social-démocrate. Olivier Ferrand évacue les «moments difficiles» vécus par Pierre Moscovici (qu'il soutenait à ce congrès) et ne veut retenir qu'un clivage, donnant raison à son obsession intellectuelle: «Le "Bad-Godesberg" du PS français va être définitivement entériné, puisque les 3 principales motions se réclament du réformisme et vont atteindre entre 80 et 90% des voix.»

Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.mediapart.fr/journal/france/230908/motions-du-ps-le-jeu-des-differences
[3] http://www.utopia-terre.fr/
[4] http://poleecologiquedups.typepad.fr/
[5] http://socialisme.free.fr/cpsa31_ps.htm
[6] http://www.lours.org/default.asp?pid=299
[7] http://www.mediapart.fr/journal/france/160908/delanoeroyalaubry-la-guerre-des-ralliements
[8] http://www.mediapart.fr/journal/france/020608/les-reconstructeurs-et-martine-aubry-pilonnent-la-direction-du-ps
[9] http://www.tnova.fr/
[10] http://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_de_Bad_Godesberg
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commentaires

M
Suite à l'accord pour une motion commune passé entre B. Hamon, M.H. Lienemann, H. Emmanuelli, JL Mélenchon, P. Quiles, G. Filoche et Pierre Larrouturou, quelques éléments sur ce dernier, pour ceux qui ne le connaitraient pas encore. Ses principales caractéristiques sont une précision "mathématique" de ses analyses, une clairvoyance hors pair et une singularité des solutions qu'il préconise. À 43 ans, Pierre Larrouturou est depuis peu Délégué national Europe du PS. > En 1993, après avoir été 11 ans consultant pour un grand cabinet de conseil en stratégie industrielle, il se lance dans un combat contre le chômage et la précarité et fait voter une loi expérimentale sur le concept de la semaine de 4 jours. Depuis, plus de 400 PMEs sont toujours à 4j/semaine avec des milliers d'emplois créés en CDI. > En janvier 1998, dans "35 heures le double piège", il "prédit" l'échec des 35h en termes de création d'emplois en masse > En février 2003, il annonçait qu'il y aurait un référendum sur la Constitution européenne et que le Non allait gagner si l'on ne négociait pas un vrai Traité social. > En Juin 2004, en collaboration avec quelques socialistes français, il rédige un Traité de l'Europe sociale avec 5 objectifs chiffrés. Ce traité a été soutenu par 400 personnalités européennes. > Début 2006, alors que tous les sondages annonçaient la victoire de Ségolène Royal, il écrivait dans Le Monde et dans "Urgence Sociale" que la gauche allait perdre en 2007 si elle ne prenait pas quelques mois pour construire un vrai projet. > Juin-Octobre 2007, Pierre Larrouturou et Eric Halphen ont porté plainte contre François Fillon pour diffusion de fausses nouvelles en période électorale (Cf. Libération et Lemonde.fr du 6 juin 2007). Son action a été relayée par d'autres citoyens dans chacun des 100 départements français. > Novembre 2007, sortie de l'impressionnant "Livre Noir du Libéralisme", dans lequel il "exécute" de manière systématique les dogmes et mensonges du gouvernement et du MEDEF, chiffres réels à l'appui, dénonce les dérives du sytème financier anglo-saxon, et y présente ensuite un véritable plan d'action en 20 points, pour appliquer en France et en Europe une vraie politique de gauche, extrêmement ambitieuse mais néanmoins réaliste car basée sur des expérimentations réussies. Il n'hésite pas non plus à dénoncer la "fainéantise intellectuelle" de la direction du PS en citant noms et extraits de discussions. Cet ouvrage a été associé à une pétition pour "secouer" la direction du PS -> 27000 signatures ! > Enfin, sa dernière parution s'intitule : "POUR EN FINIR AVEC SARKOSY - 20 bonnes raisons et 1 stratégie", démocratiquement évidemment... La conjonction des énergies de ces 7 personnalités peut devenir explosive si nous leur en donnons les moyens et ainsi dépasser largement le seuil de 15% de votes militants que les médias jugent infranchissable ! D'autres infos sur : http://nouvellegauche.fr
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