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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 10:03
Relance, G20, élections européennes : une séquence politique cohérente à approfondir au-delà du 7 juin

Les commentateurs "autorisés" ont salué depuis jeudi soir les résultats du G20 comme un tournant historique, Nicolas Sarkozy n'étant jamais à cours de ridicule parlant d'un "nouveau Bretton Woods". Loin de moi l'idée de "jeter le bébé avec l'eau du bain", les résultats du sommet de Londres sont relativement appréciables même s'il ne faut pas en exagérant les conséquences pratiques, des questions ont été ouvertes qui ne pourront plus être refermées aisément. Mais il est évident que ceux qui attendaient la fin du capitalisme financiarisé international se plaçaient eux-mêmes dans une posture de frustration automatique.

L'Europe dispensée de relance ?
Le principal apport du G20 c'est qu'il n'est pas tombé dans la logique d'une opposition entre Relance et Régulation ; il faut savoir cependant garder la tête froide et bien noter que les propositions en termes de régulations sont homéopathiques pour l'instant ; cependant y compris en termes de relance, les fragilités sont assez fortes : outre le fait qu'on identifie mal les 5 000 milliards de dollars annoncés par Gordon Brown et que l'on a du mal à définir l'origine et la destination des 1 100 milliards annoncés par Dominique Strauss-Kahn, les grouvernements conservateurs européens (Angela Merkel et Nicolas Sarkozy au premier chef) ont obtenu à ce que cesse la pression exercée sur eux pour qu'ils développent des plans de relance par l'investissement et la consommation dignes de ce nom.
Face à cette inertie européenne - validé par le G20 -, et notamment française, on peut légitimement s'inquiéter sur le fait que la situation se dégrade bientôt de manière accélérée du fait de la faiblesse des politiques mises en oeuvre ; l'impasse dans laquelle s'enferme Sarkozy va créer beaucoup de dégât et il est logique de s'interroger sur la nécessité pour le Parti socialiste de réviser son propre contre-plan de relance qui en l'état pourrait bientôt lui-même être dépassé par l'aggravation de la situation économique.

L'Europe face à la nécessité de se transformer
L'Europe accumule donc les handicaps - autant dans certains pays le modèle social européen peut jouer comme un amortisseur, autant l'amortissement ne résistera pas longtemps aux faits - ; des plans nationaux faibles, une coordination européenne lâche voire inexistante, une commission européenne atone, et l'impossibilité structurelle de développer une relance européenne d'un niveau comparable à celui mis en oeuvre par le budget fédéral américain. Il n'existe pas de budget européen sérieux, la plus grande source originelle propre de ses recettes était le tarif extérieur commun mais celui-ci est passé en 15 ans de 15 à 3%, il n'alimente plus suffisamment. L'Union européenne s'interdit par ailleurs le recours à l'emprunt et tout travail sur l'harmonisation fiscale et l'affectation de l'impôt sur les sociétés au budget européen a systématiquement été éludé ! Hors il ne s'agit pas seulement de faire face à la crise et de travailler au redémarrage de l'économie : des transformations profondes sont nécessaires au sein de l'Union pour en faire un espace économique et politique non-assymétrique en interne. L'entrée depuis 2004 de 12 nouveaux Etats-membres s'est faite sans l'accompagnement en termes de soutien à la nécessaire transformation de leurs économies, comparable à l'effort financier qui avait été réalisé pour l'Irlande, la Grèce, l'Espagne et le Portugal. On a déshabillé à moitié Pierre pour rhabiller à moitié Paul ; les pays de l'Est de l'Union ont logiquement choisi sur fond de pensée unique néo-libérale le biais de la concurrence fiscale pour développer leur activité ; mais se faisant leurs économies se sont développées sur des bases fragiles qui s'effondrent littéralement aujourd'hui ! L'effort financier nécessaire et indispensable que l'Union européenne a l'impérieuse obligation de mener ne se limite donc pas à la relance de l'économie mais à la reconstruction économique de près de la moitié de ses membres !
En parallèle, on constatera cependant que la Banque Centrale Européenne agit désormais en contradiction majeure avec ses statuts : elle n'est plus simplement aujourd'hui dans la défense de la stabilité des prix et de la monnaie... Le pacte de stabilité et de croissance est clairement ajourné (enfin !) face à la situation désastreuse à laquelle tous les Etats sont confrontés, malgré les rappels à l'ordre de pure forme de la Commission européenne - encore une fois à contre-emploi - sur les déficits budgétaires français et espagnols. Nous devons pousser les feux, profiter de la désorganisation et de la faillite du modèle néo-libéral, qui avait fini par remplacer l'ambition européenne, pour réviser profondément les statuts de la BCE - remettre en cause son indépendance bien sûr mais surtout - afin d'obtenir qu'elle soit autorisée à monétiser les dettes publiques des Etats membres de l'Union (en français : faire marcher la planche à billet !) : c'est une impérieuse nécessité, sans cela, au regard du niveau d'endettement croissant et exponentiel, les Européens ne pourront non seulement faire face au remboursement mais n'auront plus aucune marge de manoeuvre au sortir de la crise, ayant épuisé toutes leurs cartouches pour contrer la dépression.
Cette question remet sur le devant de la scène la nécessité de l'évolution institutionnelle complète ou partielle (zone euro) de l'Union européenne ; certains de nos camarades socialistes s'accordent trop facilement sur le fait que le débat du "oui" et du "non" au projet de TCE serait dépassé par la qualité secondaire de la question institutionnelle qui n'intéresserait pas les électeurs, il faudrait uniquement se concentrer sur "l'Europe par la preuve", or la nécessité absolue d'un pilotage économique renforcé de l'union impose de le soumettre à un véritable gouvernement politique européen : la question du fédéralisme européen reprend donc toute son ampleur, car la coopération intergouvernementale ne pourra instaurer une gouvernance efficace de l'Union ou de la zone euro.

Propriété économique et stratégies d'avenir
Malgré la faiblesse que j'évoquais plus haut des plans de relance européen, les Etats n'en avaient préalablement pas moins déversé plusieurs dizaines de milliars d'euros depuis plusieurs mois sur les entreprises bancaires ou industrielles en perdition. Mais à la différence des Anglo-Saxons, et l'aveuglement frise en France la caricature, ce renflouement des entreprises privées par l'argent du contribuables, cette socialisation répétée des pertes, s'est faite sans réelle prise de garantie, mise en place d'outils de contrôle sérieux ou de prise de participation au capital des sociétés concernées. C'est déjà grave pour les institutions bancaires, dont les dévoiements ont créé toutes les conditions cataclysmiques de cette crise d'un nouveau genre, et dont il faudra imposer comme en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ou en Allemagne les nationaliser, mais c'est pire encore pour des entreprises industrielles stratégiques. Les entreprises de réseaux, dont les investissements de base sont colossaux, ont prouvé qu'elles avaient utilisé leur situation oligopolistique (eau, télécommunication) pour écraser leurs clients sans renouveler correctement les investissements ; il y a donc nécessité d'en reprendre le contrôle et de préparer l'avenir et de rétablir une certaine égalité d'accès. Les constructeurs automobiles ont par la voix de Carlos Ghosn présenté une posture plus cynique encore : non seulement ils demandent le soutien financier de la puissance publique, mais ils exigent le desserrement de ce qu'ils appellent les contraintes écologiques, bref "permettez-nous de construire en masse des voitures polluantes pour nous sortir de la crise sinon nous détruirons de l'emploi". Cette attitude démontre si d'aucun en doutait l'absence complète de la part des dirigeants de ces entreprises de s'attaquer sérieusement aux chantiers du changement climatique et de la révolution énergétique : seule la puissance publique a désormais la capacité de développer une volonté politique nécessaire pour préparer l'avenir dans le domaine des transports et des déplacements. La nationalisation de ces entreprises, la question de la propriété économique est donc aujourd'hui d'actualité par équité vis-à-vis des citoyens-contribuables et pour préparer l'avenir.

Transformer le Parti des socialistes européens
Trois gouvernements socialistes ou travailliste se sont écartés d'une ligne à peu près acceptée selon Poul Nyrup Rassmussen par les députés socialistes européens et leurs partis respectifs : la volonté de réactiver le clivage droite-gauche à l'échelle européenne et le rassemblement derrière une candidature commune de la gauche européenne (donc sociale-démocrate) contre le renouvellement de José Manuel Barroso à la présidence de la commission européenne.
Brown, Zapatero et Socrates ont donc achevé le peu de campagne unitaire que les socialistes européens pouvaient mener à l'occasion des élections des 4 au 7 juin 2009. Cette discordance gouvernementale qui s'explique par un alignement de gouvernements socialistes sur leurs homologues conservateurs doit poser la question de la politisation et de la structuration du PSE.
Le Parti socialiste français doit aujourd'hui cesser d'intérioriser constamment son statut de minoritaire dans le PSE sans jamais chercher à renverser la situation sur le terrain des idées ; de manière tout à fait limitée (c'est vrai) c'est tout de même quelque chose que même chose avait essayé de contre-carrer face à Tony Blair entre 1997 et 1999. Le PS français doit, avec le soutien de la majorité de ses sensibilités, travailler à la constitution d'un groupe politique en partenariat avec d'autres forces à l'intérieur du PSE ou à l'intérieur des partis qui en sont membres, qui aurait pour objet de mener le débat, la bataille culturelle et permettre enfin son évolution politique. Cela ne doit pas nous empêcher de mener avec détermination la lutte électorale pour le scrutin du 7 juin prochain, mais nous savons tous qu'elle se fera désormais en France non sur la base du Manifesto mais sur la base du texte adopté par la convention nationale du PS français et plus encore sur la volonté d'exprimer son opposition à la politique de Sarkozy avec de manière utilitaire la possibilité d'une majorité de gauche au parlement européen.
Mais des rendez-vous nous attendent aux lendemains du 7 juin qui nous sont imposés par les conditions dans lesquelles se déroulent le débat à l'intérieur du PSE à la veille des élections européennes ; profitons justement du fait que nos camarades de l'Est vont devoir réviser de fond en comble leur conversion aux standards du libéralisme suite à la faillite du chemin sur lequel ils ont entraîné leurs économies et leurs sociétés. L'Europe a besoin d'un grand Parti social-démocrate progressiste, le PS français doit en être la cheville ouvrière !
Frédéric Faravel
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