20 juillet 2009
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Le second tour de l'élection municipale partielle d'Aix-en-Provence ce dimanche 19 juillet 2009 se solde par une nouvelle victoire à l'arraché de la maire invalidée, Maryse Joissains (UMP). 187 voix la sépare de la coalition PS-Modém-Les Verts-PRG, qui ne recueille que 49,78% des suffrages, avec une participation en hausse de 6 points entre les deux tours.
La faiblesse de l'écart, la probabilité extrême que le candidat socialiste Alexandre Medvedovsky et la singularité de la situation politique aixoise ne peuvent cependant masquer la défaite de la liste coalisée contre la maire sortante, la faillite d'une stratégie politique, qui avait déjà démontré ses limites à plusieurs occasions lors des municipales ordinaires ou partielles de l'année écoulée.
Évacuons dès à présent les éléments qui font de la Ville d'Aix-en-Provence un cas particulier. Les deux candidats têtes de liste cristallisent sur leur figure des oppositions fortes et caricatirales, le côté populiste et un brin vulgaire de la maire UMP dans cette ville si bourgeoise des Bouches-du-Rhône, le côté polissé et boboïsé de l'ancien maire socialiste (toujours tête de liste) d'une ville qui n'a jamais été franchement de gauche et aux basques duquel s'accrochent toujours une rumeur locale et infondée de concussion. La campagne s'est déroulée dans la tension et l'exagération que des personnages de Pagnol n'auraient pas mieux illustré, un tract diffamatoire servira comme pour le scrutin de mars 2008, associé à une expertise de la gestion des procurations, de prétexte pour demander un recours en annulation de l'élection. Sans être monolithique socialement, Aix-en-Provence est une ville de droite, bourgeoise et qui se vit comme telle face à ses voisines populaires d'Arles, Aubagne et Marseille : les représentations jouent donc sûrement à plein dans le scrutin. N'oublions pas non plus l'image déformée qu'offre la vitalité étudiante de la Ville pour rappeler à la fois l'exaspération que suscite dans une partie de la population les mobilisations étudiantes et les blocages de facultés qui ont fleuri ces dernières années, et le fait que les étudiants aixois pour habiter dans les résidences étudiantes ne sont pas inscrits sur les listes électorales de la commune. L'image caricaturale de la maire UMP et de sa politique municipale lui ont coûté le soutien du centre droit : les opposants de Maryse Joissains auront conclu de la triangulaire de mars 2008 que c'était là seul la cause de sa réélection. Or aujourd'hui, l'UMP se retrouve - ne serait-ce que pour un temps - avec une large majorité absolue au conseil municipal et la coalition n'a pas réussi à renverser l'équipe sortante.
En effet, il faudra contester l'idée saugrenue que la gauche ne peut prendre les Villes bourgeoises qu'en s'élargissant au centre et au centre droit ; les camarades d'Eaubonne et de Montmorency dans le Val-d'Oise ont démontré que les divisions de la droite suffisent à réussir des hold-up électoraux, charge ensuite aux équipes municipales de transformer l'essai de la reconduction lors de l'élection suivante en misant sur la légitimité municipale - facteur psychologique puissant dans ces communes - sans jamais renier quoi que ce soit de son identité politique et de son projet.
Le cas d'Aix-en-Provence révèle le caractère particulièrement incohérent de l'identité du Modém - en a-t-il réellement une d'ailleurs, si ce n'est l'attachement à son candidat à l'élection présidentielle dont l'aura est déjà largement écornée après les échecs de Pau et des Européennes ? : en effet, François-Xavier de Peretti, leader local du Modém, n'a pas grand chose à voir avec son voisin écolo-centriste Benhamias qui vibrionne sans succès à Marseille. Nous sommes là en présence d'un représentant on ne peut plus traditionnel de la droite modérée locale, si distante d'un Parti socialiste hégémonique dans les Bouches-du-Rhône, qui pour être lui aussi fort modéré (et plus encore avec le cas Medvedovsky), n'en a pas moins fortement mené des politiques sociales marquées afin de s'assurer historiquement le soutien des catégories populaires, extrêmement majoritaires dans le département.
Le scrutin de 2008 n'était d'ailleurs pas si négatif pour le Parti socialiste et ses alliés de gauche à Aix ; il reccueillait près de 43%, contre 44,3% à l'UMP et 12,8% au Modém. Le constat pouvait être fait dès le lendemain du premier tour de juillet 2009, les opposants à la maire sortante étaient en net recul par rapport à l'année écoulée, toutes catégories confondues. Le choix d'une alliance dès le premier tour entre le Parti socialiste et le Modém - en parfaite incohérence politique et fondé essentiellement sur le réflexe anti-Joissains - a dès le départ divisé la gauche, réduit la dynamique électorale et instillé le doute sur la pertinence du projet municipal des opposants à l'UMP aixoise.
Comme on l'a vu à plusieurs reprises tout frein au plus large rassemblement à gauche (hors des terres où la gauche rassemble 70 à 80% des suffrages et ne connaît pas de réelle opposition de droite) fait perdre des voix à un Parti socialiste qui est - comme le disait l'un de ces spécialistes électoraux - un parti de second tour. Empêcher l'union de la gauche au premier tour par le choix stratégique contestable de l'alliance avec le Modém, puis la restreindre au second par l'impossibilité d'avoir la participation du Front de Gauche local a sans doute coûté des voix à la gauche, atténué la mobilisation électorale et in fine coûté la ville. Notons au passage que la division de la gauche a été nuisible à tous les acteurs de la gauche : le PS qui fait un mauvais score au premier tour en alliance avec le Modém, les Verts qui font également un mauvais score malgré le souvenir encore frai des élections européennes et le Front de Gauche qui également ne tient pas les promesses des sondages locaux... Message à tous ceux qui pensent faire leur miel sur un champ de bataille campé sur un champ de ruines !
Cette conjugaison des contraires - coalition hétéroclite PS-Modém-Les Verts-PRG, avec soutien sans participation du PCF et du PG - n'aura eu pour seul résultat que de mobiliser les fonds de tiroir de l'électorat de droite conservateur, qui s'était déjà fortement mobilisé dès le premier tour de la partielle. Bien que le score de Mme Joissains fut excellent dès le 12 juillet 2009, la cristallisation du second tour a incité les électeurs de l'UMP à faire bloc pour conjurer un danger finalement peu probable, quand l'incohérence politique de la coalition des opposants restreignait sa capacité à mobiliser. Les 6 points d'augmentation de la participation entre les deux tours se sont donc faits largement au profit de la maire UMP.
Dans le Val d'Oise, les municipales de Sannois et Montmagny avaient déjà été perdues par la gauche sur un schéma identique, avec deux sociologies électorales assez différentes.
Concluons enfin par un petit retour sur Hénin-Beaumont pour tempérer les enthousiasmes autour du Front Républicain, et rappeler que localement celui-ci est parfaitement en trompe-l'oeil, l'UMP et le Modém n'existant pas ou peu électoralement dans cette ville du Pas-de-Calais... D'autre part, il se peut que la cristallisation autour de Marine Le Pen ait fini par coûter l'écharpe de maire à Steeve Briois.
Frédéric Faravel
La faiblesse de l'écart, la probabilité extrême que le candidat socialiste Alexandre Medvedovsky et la singularité de la situation politique aixoise ne peuvent cependant masquer la défaite de la liste coalisée contre la maire sortante, la faillite d'une stratégie politique, qui avait déjà démontré ses limites à plusieurs occasions lors des municipales ordinaires ou partielles de l'année écoulée.
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En effet, il faudra contester l'idée saugrenue que la gauche ne peut prendre les Villes bourgeoises qu'en s'élargissant au centre et au centre droit ; les camarades d'Eaubonne et de Montmorency dans le Val-d'Oise ont démontré que les divisions de la droite suffisent à réussir des hold-up électoraux, charge ensuite aux équipes municipales de transformer l'essai de la reconduction lors de l'élection suivante en misant sur la légitimité municipale - facteur psychologique puissant dans ces communes - sans jamais renier quoi que ce soit de son identité politique et de son projet.
Le cas d'Aix-en-Provence révèle le caractère particulièrement incohérent de l'identité du Modém - en a-t-il réellement une d'ailleurs, si ce n'est l'attachement à son candidat à l'élection présidentielle dont l'aura est déjà largement écornée après les échecs de Pau et des Européennes ? : en effet, François-Xavier de Peretti, leader local du Modém, n'a pas grand chose à voir avec son voisin écolo-centriste Benhamias qui vibrionne sans succès à Marseille. Nous sommes là en présence d'un représentant on ne peut plus traditionnel de la droite modérée locale, si distante d'un Parti socialiste hégémonique dans les Bouches-du-Rhône, qui pour être lui aussi fort modéré (et plus encore avec le cas Medvedovsky), n'en a pas moins fortement mené des politiques sociales marquées afin de s'assurer historiquement le soutien des catégories populaires, extrêmement majoritaires dans le département.
Le scrutin de 2008 n'était d'ailleurs pas si négatif pour le Parti socialiste et ses alliés de gauche à Aix ; il reccueillait près de 43%, contre 44,3% à l'UMP et 12,8% au Modém. Le constat pouvait être fait dès le lendemain du premier tour de juillet 2009, les opposants à la maire sortante étaient en net recul par rapport à l'année écoulée, toutes catégories confondues. Le choix d'une alliance dès le premier tour entre le Parti socialiste et le Modém - en parfaite incohérence politique et fondé essentiellement sur le réflexe anti-Joissains - a dès le départ divisé la gauche, réduit la dynamique électorale et instillé le doute sur la pertinence du projet municipal des opposants à l'UMP aixoise.
Comme on l'a vu à plusieurs reprises tout frein au plus large rassemblement à gauche (hors des terres où la gauche rassemble 70 à 80% des suffrages et ne connaît pas de réelle opposition de droite) fait perdre des voix à un Parti socialiste qui est - comme le disait l'un de ces spécialistes électoraux - un parti de second tour. Empêcher l'union de la gauche au premier tour par le choix stratégique contestable de l'alliance avec le Modém, puis la restreindre au second par l'impossibilité d'avoir la participation du Front de Gauche local a sans doute coûté des voix à la gauche, atténué la mobilisation électorale et in fine coûté la ville. Notons au passage que la division de la gauche a été nuisible à tous les acteurs de la gauche : le PS qui fait un mauvais score au premier tour en alliance avec le Modém, les Verts qui font également un mauvais score malgré le souvenir encore frai des élections européennes et le Front de Gauche qui également ne tient pas les promesses des sondages locaux... Message à tous ceux qui pensent faire leur miel sur un champ de bataille campé sur un champ de ruines !
Cette conjugaison des contraires - coalition hétéroclite PS-Modém-Les Verts-PRG, avec soutien sans participation du PCF et du PG - n'aura eu pour seul résultat que de mobiliser les fonds de tiroir de l'électorat de droite conservateur, qui s'était déjà fortement mobilisé dès le premier tour de la partielle. Bien que le score de Mme Joissains fut excellent dès le 12 juillet 2009, la cristallisation du second tour a incité les électeurs de l'UMP à faire bloc pour conjurer un danger finalement peu probable, quand l'incohérence politique de la coalition des opposants restreignait sa capacité à mobiliser. Les 6 points d'augmentation de la participation entre les deux tours se sont donc faits largement au profit de la maire UMP.
Dans le Val d'Oise, les municipales de Sannois et Montmagny avaient déjà été perdues par la gauche sur un schéma identique, avec deux sociologies électorales assez différentes.
Concluons enfin par un petit retour sur Hénin-Beaumont pour tempérer les enthousiasmes autour du Front Républicain, et rappeler que localement celui-ci est parfaitement en trompe-l'oeil, l'UMP et le Modém n'existant pas ou peu électoralement dans cette ville du Pas-de-Calais... D'autre part, il se peut que la cristallisation autour de Marine Le Pen ait fini par coûter l'écharpe de maire à Steeve Briois.
Frédéric Faravel