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Ballottés par l'opposition dans les grandes villes, en recul dans les conseils régionaux selon les résultats quasi définitifs de la commission électorale polonaise, les conservateurs de Droit et justice (PiS) cèdent du terrain au terme d'une année laborieuse d'exercice du pouvoir, marquée par une coalition controversée avec l'extrême droite et les populistes.
Avec entre 1% et 3%, les ultracatholiques nationalistes antieuropéens de la Ligue des familles polonaises (LPR) sortent laminés du scrutin. Même leçon pour les populistes antilibéraux de Samoobrona (Autodéfense), dont le meilleur score frise les 8% dans les conseils régionaux, contre 16 % il y a quatre ans. Dans les zones rurales, une partie de son électorat traditionnel aurait été absorbée par le PiS et le Parti paysan. Mateusz Piskorski, député Samoobrona, estime que son parti doit "repenser" sa stratégie. Le débat interne a commencé. Une fraction voudrait voir le parti "s'orienter lisiblement à gauche", note-t-il.
L'affaiblissement de la LPR et de Samoobrona fait le jeu du premier ministre conservateur, Jaroslaw Kaczynski, qui, depuis dimanche, est en mesure d'exercer une pression supplémentaire sur les turbulents leaders de ces deux formations. Roman Giertych (LPR) et Andrzej Lepper (Samoobrona) auraient désormais tout à perdre à quitter la coalition gouvernementale.
UNE ALLIANCE SINGULIÈRE
Mais la principale surprise du scrutin concerne l'apparition d'une nouvelle force de centre-gauche proeuropéenne, représentée par le bloc Gauche et démocrates (LiD). Créée en septembre pour les élections, l'alliance est née d'une entente inattendue entre les 2 partis sociaux-démocrates - l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) et le Parti social-démocrate (SDPL), qui ont gouverné jusqu'en 2005 - et des libéraux issus du mouvement Solidarité regroupés sous la bannière du Parti démocratique (PD, centre libéral).
Singulière puisque reposant sur un compromis entre des milieux post-communistes modérés et une fraction libérale post-Solidarité, par essence anticommuniste, cette alliance vient offrir un contrepoids aux 2 formations de droite qui dominent la scène politique, PiS et son adversaire direct, la Plate-forme civique (PO, centre-droit libéral). Elle unit les forces qui se sont entendues en 1989 pour permettre un passage en douceur à la démocratie, scellant un compromis historique dénoncé avec violence aujourd'hui par les conservateurs au pouvoir.
La LiD a gagné son pari. Elle remplit le vide politique laissé par la gauche qui a été balayée aux élections de 2005, après divers scandales de corruption. Ils ont été 23% à Varsovie à accorder leur suffrage au candidat de centre-gauche Marek Borowski, contre 38% pour Kazimierz Marcinkiewicz (PiS) et 34% pour Hanna Gronkiewicz-Waltz (PO). Dans les conseils régionaux, la LiD a rassemblé 14% des suffrages, derrière la PO et PiS. L'alliance, qui évince Samoobrona à la 3ème place, aurait bénéficié d'un vote sanction contre les conservateurs, mais aussi d'un suffrage proeuropéen.